PAGE ACCUEIL

Storytelling, journée d’études du 16 mai 2014, partie 2

28 Mai 2015

Storytelling, journée d’études du 16 mai 2014, partie 2

 

Face au storytelling : selon quels critères définir la « fiction littéraire » ?
Journée d'études du 16 mai 2014, organisée par Danielle Perrot-Corpet (Paris-Sorbonne, CRLC), deuxième partie.

  • Vincent MESSAGE (Université Paris 8, « Littérature, histoires, esthétique ») « Du récit de soi à l'âge du capitalisme narratif »

  • Neli DOBREVA (Université Paris 1/FMSH) « Le devenir « mutant » de la littérature vs le Storytelling des événements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis »

  • Marie-Jeanne ZENETTI (Université Lyon 2, « Passages XX-XXI ») : « La stratégie du grain de sable : quelques techniques de contre-narration »

  • Débat entre Françoise LAVOCAT (Université Paris 3-Sorbonne- Nouvelle/Institut Universitaire de France) et Yves CITTON (Université Stendhal- Grenoble 3/UMR LIRE) à partir notamment de leurs textes :
    Françoise Lavocat, « Du récit au “storytelling” : enjeux pour la fiction », Lendemains, n° 149, 2013, p. 14-28.
    Yves Citton, « Contre-fictions en médiocratie », Fixxions, n° 6, 2013.

 

À l’heure où « l’art de raconter des histoires » devient aussi, et à grande échelle, le moyen par excellence de vendre ou de gouverner, la question de la spécificité de la fiction littéraire doit être posée à nouveaux frais : dans le « bain narratif » qui semble devenu la condition la plus générale de notre expérience quotidienne du monde, peut-on distinguer un récit/une fiction qui soit spécifiquement littéraire ? Si oui, la littérarité d’un récit/d’une fiction tient-elle à des traits formels ou seulement à l’usage (« littéraire » ou stratégique) qui en est fait ?

Qu’est-ce que le storytelling, dans son sens restreint de « stratégie de communication narrative », emprunte exactement à cet « art de conter » (« storytelling » dans l’acception traditionnelle du terme anglais) dont relève peu ou prou (fût-ce pour s’en défendre) la fiction littéraire? Que reste-t-il en propre, à la fiction littéraire, d’irréductiblement autre et irrécupérable par cette « machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits » qui donne son sous-titre au best-seller de Christian Salmon Storytelling (La Découverte, 2007) ?

La charge passionnelle qui entoure le débat lancé en France par le livre de Salmon ne doit pas être éludée ici par l’effort de la réflexion théorique, mais au contraire prise en compte comme l’indice d’une portée éthique et politique de la « littérature », notion qui, dans sa nature même de construction historique et d’instrument axiologique, se trouve mise en demeure de définition, par la force des frictions en tout genre qui l’accolent et l’opposent aux entreprises du storytelling.