1686

Mercure galant, Suite du voyage des Ambassadeurs de Siam en France, novembre 1686 (seconde partie) [tome 16].

2017
Source : Mercure galant, Suite du voyage des Ambassadeurs de Siam en France, novembre 1686 (seconde partie) [tome 16].
Ont participé à cette édition électronique : Nathalie Berton-Blivet (Responsable éditorial), Anne Piéjus (Responsable éditorial), Frédéric Glorieux (Informatique éditoriale) et Vincent Jolivet (Informatique éditoriale).

Mercure galant, Suite du voyage des Ambassadeurs de Siam en France, novembre 1686 (seconde partie) [tome 16]. §

[Opera & ce qu'ils en ont dit] §

Mercure galant, Suite du voyage des Ambassadeurs de Siam en France, novembre 1686 (deuxième partie) [tome 16], p. 28-31

 

Mr de Lully ayant esté les voir le matin de cette mesme journée, ils le prierent de dîner avec eux, si tost qu'ils eurent appris l'estime dont le roy l'honore, & cause de la beauté de son génie pour tout ce qui regarde la Musique. Ils se rendirent à l'Opera, & Mr de Lully les receut à la porte de l'Academie. Comme on représentoit celuy d'Acis & de Galatée dans lequel il n'y a point de Machines, on leur dit pendant la représentation, Que ces sortes de Spectacles estoient ordinairement plus grands que celuy qu'ils voyoient, parce que celuy là avoit esté fait représenter dans un lieu où il n'y avoit point de Sale, & qu'on leur expliqua mesme la Feste pour laquelle ce Divertissement avoit esté fait. Le premier Ambassadeur dit Que le Spectacle dont il estoit témoin, & ce qu'on luy disoit des autres Operas luy faisoit concevoir de grandes choses de ce qu'il ne voyoit pas, s'il estoit vray pourtant que l'on pust rien faire de plus beau en ce genre-là. Il marqua pendant la représentation qu'il en comprenoit le Sujet, & dit des choses fort galantes là-dessus. Ce qu'il dit à Madamoiselle Rochois, qu'il alla voir après l'Opera à l'Hostel des Ambassadeurs, fait bien connoistre qu'il l'avoit compris. Il la fit asseoir, & luy dit Qu'ils ne pouvoient faire trop d'honneur à la Fille du Dieu de la Mer, & qu'ils avoient besoin d'elle, afin qu'elle calmast les flots à leur retour, & leur fist faire une Navigation heureuse.

[Promenade des Ambassadeurs sur le Canal avec sa description] §

Mercure galant, Suite du voyage des Ambassadeurs de Siam en France, novembre 1686 (deuxième partie) [tome 16], p. 105-106

 

Après avoir consideré ce Bassin I, ils monterent dans la Galere qui est sur le Canal. Toutes les Gondoles & tous les autres Bâtimens les accompagnèrent avec tous leurs ornemens, & agrez, & ces Bastimens estoient remplis de Timbales, de Trompetes, & de divers autres instrumens qui ne cessèrent point de joüer tant que les Ambassadeurs furent sur le Canal. [...]

[Description de l'Orangerie] §

Mercure galant, Suite du voyage des Ambassadeurs de Siam en France, novembre 1686 (deuxième partie) [tome 16], p. 130-131

[...] On y peut alors joüir d'une agreable fraîcheur, & y prendre toutes sortes de divertissemens que peut fournir le Theatre, sans estre incommodé de la chaleur. On pourroit mesme y joüer des Opera a plus d'un endroit en mesme temps, sans que ceux qui les représenteroient, s'incommodassent les uns les autres. C'est ce qui fit dire au premier Ambassadeur, que la magnificence du Roy estoit grande, d'avoir fait un si superbe Bâtiment pour servir de Maison à des Orangers. Il ajoûta qu'il y avoit bien des Roys qui n'en avoient pas de si belles. [...]

[Les Ambassadeurs voyent le Roy en allant à la Chapelle & entendent ensuite la Messe de Sa Majesté] §

Mercure galant, Suite du voyage des Ambassadeurs de Siam en France, novembre 1686 (deuxième partie) [tome 16], p. 319, 321-322

 

Le jour qu'ils allèrent à la Messe du Roy, on les plaça pour voir passer Sa Majesté dans la première pièce de l'Appartement de Marbre [...]

 

Après que les Ambassadeurs eurent veu passer ce Prince, qui estoit accompagné d'une fort nombreuse Cour, entre deux rangs formez par les Cent Suisses de la Garde, dont les Tambours & les Fifres se faisoient entendre ; ils furent conduits à la Tribune; & lorsqu'ils eurent commencé à examniner la Chapelle, on leur dit, qu'elle ne servoit à Sa Majesté qu'en attendant qu'on eust achevé d'en bâtir une plus belle, à laquelle Elle faisoit travailler. L'ambassadeur répondit, Qu'il ne doutoit point qu'un Roy aussi pieux que l'est ce Monarque ne logeat encore mieux son Dieu que luy-mesme. Comme il estoit ce jour-là Dimanche, ils virent présenter le Pain bénit au Roy, & demandèrent qu'on leur expliquât ce que c'estoit que cette Cérémonie, & pour quoy on présentoit ce Pain. Ils écoutèrent la Musique avec attention, & parurent y prendre beaucoup de plaisir. [...]