1690

Relation de la bataille de Fleurus, juillet 1690 [tome 8].

2017
Source : Relation de la bataille de Fleurus, juillet 1690 [tome 8].
Ont participé à cette édition électronique : Nathalie Berton-Blivet (Responsable éditorial), Anne Piéjus (Responsable éditorial), Frédéric Glorieux (Informatique éditoriale) et Vincent Jolivet (Informatique éditoriale).

Relation de la bataille de Fleurus, juillet 1690 [tome 8]. §

[Vers sur la Bataille de Fleurus]* §

Relation de la bataille de Fleurus, juillet 1690 [tome 8], p. 66-76. I

Je finis par quelques pieces de Poësie qui ont esté faites sur cette Victoire.

AU ROY,
SONNET.

Que de prosperitez l’une à l’autre enchaisnées
Nous asseurent, Grand Roy, de la faveur des Cieux,
Et que de tant d’Estats les complot, furieux
Combattent vainement contre nos destinées !
***
 Du sang des Ennemis tes Armes fortunées
De la Sambre ont grossi le cours imperieux,
La terreur que répand ton Nom victorieux,
Va soumettre à tes Loix leurs Villes consternées.
***
 La Victoire nous suit sur l’Empire des Eaux,
Ta Flotte a foudroyé leurs superbes Vaisseaux,
De leur triste débris on voit la Mer converce.
***
L’infidelle Albion fremit à nostre abord ;
L’injuste Usurpateur sent approcher sa perte,
Et l’Aigle épouvantée attend le mesme sort.

le Clerc de l’Academie Françoise.

MADRIGAL.

Fiers Ennemis, il faut vous rendre,
La Terre & la Mer sont pour nous.
Sur quel autre Element pourriez-vous vous défendre ?
Dieu qui soutient Loüis, est le Maître de tous.

Mlle de Soudery.

AUTRE.

Rois, qui contre Loüis armez toute la Terre,
Pour détruire un pouvoir dont vous estes jaloux,
Tremblez, c’est Luxembourg qui lance son tonnerre,
Et Valdee vous dira ce que pesent ses coups.

AUTRE.

 LOUIS est toûjours glorieux
Tant de Princes liguez pour luy faire la guerre
Ne sçauroient arrester son bras victorieux,
 Il sera Maistre de la Terre.
Tous leurs projets sont vains, leur orgueil est soûmis,
 Et cette éclatante Victoire
Qu’il vient de remporter sur ses fiers Ennemis,
Fait voir que leurs efforts ne servant qu’à sa gloire.

AUTRE.

De cent Princes liguez renverser les complots,
Faire tout trembler sur les flots ;
Attaquant le Piedmont, triompher dans la Flandre,
Sont des faits jusqu’icy tout à fait inoüis ;
La moitié suffiroit pour passer Alexandre,
Mois le tout, quoy que grand, n’est pas trop pour Loüis.

A Mr le Duc du Maine.

Jeune & vaillant Heros, dont le noble courage
Marque si bien le sang dont vous estes venu,
Et que le fier Lion n’a que trop reconnu,
Exposez moins toujours dans l’horreur du carnage.
Prince, l’on vous a veu dans le beau Champ de Mars,
 Affronter les plus grands hazards ;
 Moderez l’ardeur qui vous presse,
Dans la peur de tomber sous le poids de vos coups,
Les Ennemis tremblent pour eux sans cesse,
 Mais nous tremblons aussi pour vous.
 Quand par un coup fatal des Parques,
 Un Gouverneur tombe à vostre costé,
Et qu’un cheval sous vous d’un autre est emporté,
 Ce sont de trop certaines marques
Du dangereux peril où vous avez esté.
 Vous devez calmer nos allarmes,
Vous n’en serez pas moins terrible aux Ennemis ;
 Au pouvoir de vos armes
  Ils sont déja soûmis.
 Vous partagez une grande Victoire
 Dans le plus fameux des Combats,
 Vous aurez toûjours mesmes bras,
Et vous avez paru si charmant à la gloire,
 Qu’elle suivra par tout vos pas.

Diereville.

AUX HOLLANDOIS,
sur la défaite du Prince
de Waldec.

 Hé bien, Messieurs les Hollandois,
Eprouvez-vous assez de LOUIS le tonnerre ?
Vous le fuyez sur Mer, il vous défait sur Terre,
 Par tout il vous donne des loix
Vous estes mal servis, c’est un malheur étrange,
Le Prince de VValdec en combattant pour vous,
 Est un second Prince d’Orange,
 Dans les Combats il fuit les coups.
 On ne perd point avec eux de Batailles,
La fuite fait toûjours le plus grand de leurs soins,
Ces Heros n’ont jamais le cœur d’être témoins
 De si terribles funerailles.
 Quand pour des gens comme vous on combat,
 Le courage aisément s’abbat,
 Peut-on se piquer de bravoure ?
 Si l’on mouroit dans ce noble transport,
 On enrageroit d’estre mors,
 Le meilleur est de sçavoir courre.
 Reconnoissez vostre néant,
Loüis a mis bien bas vostre Haute-Puissance ;
 Venez implorer sa clemence,
 Il est aussi-bon que puissant.

Le mesme.

A Mr LE MARECHAL,
Duc de Luxembourg.

Une Victoire solemnelle
Ramene la joye à la Cour,
Et cette action immortelle
Pour nostre bonheur renouvelle
Tous nos Heros en Luxembourg.
***
 Cette victoire entiere & pleine
Conserve la France aujourd’huy.
Honneur à ce grand Capitaine
Condé son Cousin, & Turenne,
N’ont jamais mieux vaincu que luy.
***
Je voudrois, fameux Luxembourg,
Vous faire une Lettre aussi nette
Que celle que vous avez faite
Au Roy sur le cu d’un tambour.
Tout le monde est pour vous gazette,
Et l’on ne parle que de vous.
Vostre salutaire Victoire
Vous comble d’immortelle gloire :
Ce coup est un des plus grands coups
Qu’on puisse lire dans l’histoire,
Vos Ancestres vous cedent tous.
On admire vostre vaillance,
Vostre esprit, & vostre prudence :
Vous estes par vostre grand cœur
Nostre Heros Liberateur,
Et moy, je suis avec toute la France
Vostre tres-humble Serviteur.
Celuy qui commande tes Gardes,
Nostre vieil Amy Villevrard,
Qui toûjours quand tu te hazardes
Se montre intrepide & gaillard,
Te peut dire quel est Liniere,
Quelle est sa vie, & sa maniere.

MADRIGAL.

Tu viens de combattre en Soldat,
Tu viens de vaincre en Capitaine.
Tu fais plus, Luxembourg ; par ce fameux Combat
Tu consoles Louis de la mort de Turenne.

Boyer, de l’Academie Françoise.

AUTRE.

Luxembourg, un chacun t’éleve,
A ta valeur tout à cedé ;
Ainsi l’on te voit de Condé
L’illustre & digne Eleve.

l’Abbé Martinet.