1705

Mercure galant, octobre 1705 [tome 10].

2017
Source : Mercure galant, octobre 1705 [tome 10].
Ont participé à cette édition électronique : Nathalie Berton-Blivet (Responsable éditorial), Anne Piéjus (Responsable éditorial), Frédéric Glorieux (Informatique éditoriale) et Vincent Jolivet (Informatique éditoriale).

Mercure galant, octobre 1705 [tome 10]. §

[Service fait pour Me d’Alençon, Abbesse de Ste Hoïlde] §

Mercure galant, octobre 1705 [tome 10], p. 52-56.

Me Coquet, nouvelle Abbesse de Sainte Hoïlde en Barrois, de l’Ordre de S. Bernard & de la filiation de Clairvaux, fit faire le mois de Septembre dernier, un magnifique Service pour Dame Marguerite d’Alençon, à qui elle a succedé en la dignité d’Abbesse. La principale noblesse du Barrois y assista, avec tous les Officiers de la Chambre des Comptes de Bar-le-Duc, dont Mr d’Alençon, frere de la deffunte, est President, & Conseiller d’Etat de S.A.R. Monsieur le Duc de Lorraine. Me d’Alençon avoit succedé il y a environ dix-sept ans à Me de Vaubecourt-d’Haussonville, sœur de feu Mr le Comte de Vaubecourt, de Mr l’Evêque de Montauban & de Me la Comtesse d’Estin. Me Coquet qui a succedé à Me d’Alençon, est Parisienne, & fille de feu Mr Coquet Maître d’Hostel du Roy, & frere du Controlleur general de la Maison de Sa Majesté. La mere de cette Abbesse qui vit encore, a épousé en secondes noces Mre François d’Oluc de Ville-Evrat, qui a l’honneur d’estre allié à Mr le Duc de Luxembourg.

Le Service fut tres-solemnel, & tout ce qu’il y a de considerable dans la Ville de Bar-le-Duc y assista ; le Clergé fut tres-nombreux. La Messe fut chantée à deux Chœurs par les Religieuses, parmy lesquelles il y a de tres-belles voix. La nouvelle Abbesse donna dans cette occasion des marques du zele & de la veneration qu’elle conserve pour la memoire de feuë Me d’Alençon, à qui elle vient de succeder, & qui l’avoit fait élire il y a quelques années Prieure de cette Abbaye, connoissant parfaitement ses talens pour la conduite d’une Communauté.

[Articles de Litterature] §

Mercure galant, octobre 1705 [tome 10], p. 102-110.

Les Articles suivans vous feront connoistre les éditions qui ont esté faites de plusieurs Livres nouveaux qui n’ont pas esté imprimez à Paris.

On debite un livre de pieté en Angleterre, sous le titre d’Habitude de la vertu, & de l’obéïssance requise par l’Evangile pour estre en état de salut ; & un autre, sous le titre de Pensées par rapport à une vie vertueuse & chrestienne.

Mr Toland a fait imprimer une Relation des Cours de Prusse & de Hannower, dédiée à un Ministre d’Etat en Hollande.

Mr Cupperus fait imprimer à Amsterdam des Dissertations sur les Monumens antiques ; l’on y voit des élephans representez. On dit que ce dessein sera bien executé.

Mr Buddæus, connu de tous les Sçavans, vient de faire paroistre un Recüeil de douze Dissertations imprimées à Hall en Saxe in 8°. sous le titre de Selecta juris naturæ & Gentium.

On a imprimé à Anvers une Réponse à l’Histoire de la Congregation de Auxiliis du Pere Serri Dominicain, sous ce titre : Historiæ controversiarum de Auxiliis divinæ gratiæ sub Summis Pontificibus Sixtô V°, Clemente VIII°, & Paulô V°. quibus demonstrantur ac refelluntur errores & imposturæ innumeræ quæ in Historiâ Congregationum de Auxiliis, editâ sub nomine Augustini le Blanc, notatæ sunt ; & refutantur acta omnia earumdem Congregationum, quæ sub nomine Fratris Thomæ Lemos prodierunt. Authore Theodorô Eleutheriô Theologô.

On a fait à Metz, chez Brice Antoine, une édition nouvelle des Lettres Pastorales de Mr Fléchier, Evêque de Nismes, aux Fidéles de son Diocese. Ce Prelat y décrit d’une maniere bien touchante & apostolique, les desordres des Fanatiques des Cevennes. L’orage avoit long-temps, dit-il, grondé sur les montagnes ; nous en estions aussi menacez dans la plaine. La mort funeste, mais bienheureuse d’un Abbé (Mr du Cheylar) qui s’estoit dévoüé dés sa jeunesse aux Missions Evangeliques, fut le premier coup qui servit comme de signal pour la revolte generale de vos Paroisses. Vous vistes alors, mes tres-chers Freres, parmy ces peuples nouvellement réünis, des mouvemens qui nous firent craindre pour la Religion, pour eux, pour vous-mêmes. Ils écouterent la voix trompeuse des seducteurs ; le souffle du démon leur parut une inspiration du Saint Esprit ; ils apprirent à leurs enfans l’art de trembler & de dire des choses vaines. Il se forma dans leurs assemblées des conspirations & des complots d’iniquité, au milieu même de leurs prieres. Vos Eglises devinrent desertes ; la parole de Dieu estant negligée, l’ignorance se trouva jointe à la malice ; les cœurs s’endurcirent de plus en plus ; les lumieres de la Foy s’éteignirent ; la Religion se perdit, & la fureur enfin prit la place de la raison.

Déja dans les Dioceses voisins cette secte meurtriere faisoit couler le sang des Prestres, perçant les uns de mille coups, brûlant les autres à petit feu, égorgeant quelques-uns presque à la vûë des Autels où ils venoient d’offrir le saint sacrifice ; & pour comble d’impieté écorchant ces testes sacrées, qui portoient la Couronne venerable du royal Sacerdoce, coupant ces doigts consacrez par les onctions ou par l’attouchement des saints Mysteres, & déchirant les lévres encore teintes du Sang de l’Agneau sans tache pour avoir le plaisir de les dégrader inhumainement, & de leur oster, avec la vie, tout ce qui pouvoit avoir servi à exercer les fonctions de leur Prestrise. Il anime les Fidéles à soûtenir en patience les tribulations presentes, & à ne se point laisser abatre par de vaines frayeurs, ou par des tristesses selon la chair. Il leur donne pour motif de consolation, l’exemple des premiers Chrestiens ; & aprés les avoir encouragez à soûtenir la persecution avec force, il justifie la prudence de leur retraite. L’Eglise, dit-il, a crû, que comme il y a une generosité Chrestienne qui brave quelquefois les perils, il y a aussi une prudence Evangelique qui les évite.

On a joint aux Lettres de Mr l’Evêque Nismes, une Lettre de M. Pr. Fr. elle est adressée aux Religionnaires revoltez des Cevennes, & conçûë dans les sentimens d’une charité Chrêtienne, & avec les expressions d’une éloquence pathetique. Les Religionnaires trouveront dans ces deux ouvrages, dequoy se confondre ou se convertir.

[Prieres faites pour la santé de Mr l’Evesque de Vannes] §

Mercure galant, octobre 1705 [tome 10], p. 172-174.

Le bruit s’estoit répandu à Rennes, au mois de Septembre dernier, que Mr l’Evêque de Vannes estoit mort de la petite Verole ; ce Prelat en aïant esté attaqué à l’âge de 51. an, & ce mal l’ayant mis à l’extrêmité, le Chapitre de sa Cathedrale a fait pour sa conservation, pendant trois jours consecutifs, des Prieres publiques & des Processions, où tout le peuple a assisté, en faisant voir par ses soupirs & par ses larmes combien luy eust esté sensible la perte d’un Prelat si vigilant & si éclairé. Son Diocese a suivi l’exemple de l’Eglise Cathedrale & toutes les maisons Religieuses ont fait des vœux pour le retour de sa santé. Leurs prieres ont esté exaucées, & le Ciel leur a rendu leur Pasteur ; & si la tristesse s’estoit tout d’un coup emparée de tous les cœurs de ses Diocesains, leur joie n’est pas maintenant moins generale ses domestiques mêmes ont fait chanter à leurs frais une Messe solemnelle en Musique, avec le Te Deum à la fin, dans l’Eglise Paroissiale du Miné de Vannes, pour rendre graces au Seigneur de la convalescence d’un Maître qui possede leur cœur.

Air nouveau §

Mercure galant, octobre 1705 [tome 10], p. 225-226.

Les paroles de la Chanson suivante sont de Mr de la Terrasse, & l’Air est de Mr du Bousset.

AIR NOUVEAU.

Avis pour placer les Figures : l’air qui commence par, Je ne veux plus qu’Amour triomphe de mon cœur, doit regarder la page 225.
Je ne veux plus qu’amour triomphe de mon cœur,
Le Dieu Bacchus sur luy remporte la Victoire.
Laquais verse du Vin pour celebrer sa gloire.
Ah ! qu’il est doux de suivre un si charmant vainqueur !
La bouteille sera desormais ma maistresse ;
Et mon cœur ne veut plus conserver de tendresse,
Que pour cette agreable & divine liqueur.
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Enigme §

Mercure galant, octobre 1705 [tome 10], p. 372-375.

Le mot de l’Enigme du mois dernier estoit la Bougie. Mr Thouroude, Peintre l’a expliqué par les Vers suivans :

Quand je vais, vers la fin du jour,
Assurer de mon cœur mon aimable Silvie ;
Eclairé que je suis du flambeau de l’Amour,
Mercure, je n’ay pas besoin de ta Bougie.

Ce mot a aussi esté trouvé par Mrs Bouffanges, Medecin : De Sauge, du Croissant : Besse, Albigeois : Jean-Battiste-Seraphin-Joseph Marotin, Sr de Martineau, de la ruë S. Honoré, proche S. Roch : Vesel, Allemand ; Mr & Me le Bas : L’Heureux Esclave du cœur non partagé, de la ruë Guisarde : Le Grand Ecuyer de la Caffrerie : Tamiriste : L’Agreable dans les Compagnies : Le troisiéme Roy de Pologne : & Canelle, de la ruë d’Enfer. Me la Presidente de l’Election de Chaumont, à Magni : Mlles Luce, proche les Bâtons Royaux, ruë S. Honoré : Catin Toffier, de la ruë S. Martin : L’Agreable Catin ; de chez Mr de Bretaucourt : La Charmante de Laborie, du Perigord : La belle Chantraine : L’aimable & spirituelle Mlle B. de la ruë de Bretagne, au Marais, & son fidele Amant, de la ruë S. Martin : La chere mere de Manon : & la belle Brune, de la ruë Garanciere. Mr de Montour le fils, & sa poulette de la ruë de Poitou. Mrs Regnoust, Clerc de Mr Buglet Procureur, & Jean de Paris, Clerc de Mr Millu aussi Procureur.

L’Enigme que je vous envoye, est de Mr Thouroude ; mais quoiqu’elle me paroisse assez juste, je croy qu’elle sera difficile à deviner.

ENIGME.

Je suis un corps piramidal,
Composé de plus d’une piece,
Qui quoique de semblable espece,
En grandeur neanmoins n’ont rien que d’inégal.
***
Un même lien les assemble,
Sans pourtant les laisser s’approcher de trop prés ;
Ordre qu’il faut garder, en les mettant ensemble :
Autrement l’on n’en peut esperer de succés.
***
Lorsque pour mon usage on vient me bastonner,
Aux coups que je reçois, je répons à merveille.
Vous qui cherchez le nom que l’on me doit donner ;
Sçachez que je ne puis contenter que l’oreille.

Air nouveau §

Mercure galant, octobre 1705 [tome 10], p. 375-376.

La Chanson qui suit est de la composition de Mr Charles.

AIR NOUVEAU.

Avis pour placer les Figures : l’air qui commence par, Que la Rape au Tabac s’accorde, doit regarder la page 376.
Que la rape au tabac s’accorde,
Sans avoir ni tuyau, ni corde,
Mieux que l’Orgue & le Violon.
Cet instrument surpasse la Musique,
Il ne cherche jamais son ton ;
Et quand il cherche, c’est du bon,
Du bon tabac de Martynique.
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[Affaires d’italie] §

Mercure galant, octobre 1705 [tome 10], p. 377-389.

Les trois Lettres que vous allez lire, vous apprendront la suite des affaires d’Italie.

Au Camp de Tornio, ce 13. Octobre.

L’Armée des Ennemis décampa de Tréviglio le 9. de ce mois, & vint camper à Caravaggio. Monsieur de Vendosme en fut averti le 10. au matin, s’estant contenté d’observer leur marche, & ayant appris qu’ils marchoient du costé de Crême, fit décamper le 11. l’Armée de Rivolta pour les suivre, aprés avoir ordonné à tous les équipages de l’Armée de passer l’Adda sur nostre Pont, pour se rendre à Lodi. On estoit averti que les Ennemis avoient resolu de tenter un passage sur l’Adda entre Lodi & Pizzighittone ; ce qui a obligé son Altesse de faire descendre une partie des Troupes qui estoient sur le haut de l’Adda, & d’y envoyer encore deux Brigades d’Infanterie avec force Canon. Les deux Armées sont campées de maniere à ne rien craindre l’une de l’autre à cause du terrain coupé par la grande quantité de Navilles impraticables. S.A. doit aller ce soir à Lodi pour s’aboucher avec Monsieur le Prince de Vaudemont. Je suis, &c.

Au Camp de Gombeto, ce 16. Octobre.

Le 13. à l’entrée de la nuit toute l’Armée décampa de Tornio, & passa l’Adda sur le Pont de Lodi ; l’Artillerie & les deux Brigades dont je vous ay parlé dans ma derniere, en avoient déja esté détachez ; & elle marcha si diligemment toute la nuit, que le lendemain sur les dix heures elle repassa toute entiere l’Adda sur le Pont de Pizzighittone, & elle arriva le soir de bonne heure au Camp de Gombeto, à une mille du Village & du Pont de Montandin, où estoit le quartier de Monsieur le Prince Eugene. Aujourd’huy Monsieur de Vendôme a fait attaquer la teste du Pont & la partie du Village qui est en deçà du Serio ; nous avons emporté tout cela avec assez de facilité, & avec tres-peu de perte. Les Ennemis y ont perdu au moins trois cents hommes ; nous y avons fait cent prisonniers, avec quatre Officiers. Ce poste est si avantageux, qu’il met en sûreté tout le Crémonois ; & si Monsieur le Prince Eugene l’avoit pû garder, il auroit pû prendre Castel-Leone & reprendre les quatorze Navilles, sans que son Altesse y eust pû donner du secours. Et c’est l’importance de ce Poste qui a déterminé Monsieur de Vendôme à faire cette belle marche de prés de trente milles, & à en dérober la connoissance au Prince Eugene, par le stratageme que je vais vous raconter. Son Altesse ayant donné ordre à l’Armée de marcher, ainsi que je viens de dire, fit rester une centaine de Tambours avec toutes les Gardes d’environ cinq cents chevaux, avec ordre de battre la Diane à l’ordinaire à la teste du Camp, & la retraite à l’heure ordinaire ; de sorte que le Prince Eugene n’en fut averti que le soir, dans le temps que toutes les Gardes du Camp se retirerent. Cela est d’autant plus désavantageux à ce Prince, qu’il ne peut plus retourner sur l’Adda, où on le suivroit & où il ne pourroit subsister faute de fourrages ; & l’on ne doute point à present qu’il ne prenne le party de passer le Serio à Crême pour se retirer du costé de Soncino, & le long de l’Oglio. Je suis, &c.

Au Camp de Tizango, ce 21. Octobre.

MONSIEUR,

J’eus l’honneur de vous informer par ma derniere, de l’action qui s’est passée à la teste du Pont de Montandin le 16. de ce mois. Les Ennemis en décamperent le lendemain pour venir passer le Serio à Crême. Monsieur de Vendôme ne l’eut pas plûtost appris, qu’il fit marcher l’Armée le même jour ; & le lendemain nous nous trouvâmes devant & à la teste du Pont de Crême, dans le temps que les Ennemis commençoient à passer. Leur logement estoit déja marqué au Village de saint Bernardin, & vray-semblablement ils l’avoient choisi pour leur quartier general ; mais l’arrivée de nostre Armée a entierement déconcerté tous leurs projets. Nous trouvâmes leur Armée sous les rempars de Crême ; & rien ne la separoit de la nostre que la largeur du Serio. Son Altesse fit mettre sur les bords de cette riviere, des Grenadiers & six pieces de Canon, qui firent jusqu’à la nuit un feu continuel sur les Ennemis ; la plus grande partie de leurs chariots fut renversée, & on n’a jamais tant vû de desordre, qu’il y en avoit parmy eux. Leur Armée décampa hier, & ils ont passé le Serio vis-à-vis Gabian. Leur Infanterie a passé dans l’eau jusqu’à la ceinture, n’ayant pas eu le temps de faire un Pont, de crainte que nostre Armée ne vinst les en empescher, & ils sont venus camper à Fontanella. Son Altesse a décampé ce matin, & est venuë mettre la gauche de son Armée icy, & a fait étendre sa droite jusqu’à l’Oglio, le long du principal Canal qui forme les quatorze Navilles, que nous avons à nostre droite ; laissant derriere nous, Soncino que l’on va assieger. De sorte que si Monsieur le Prince Eugene le veut secourir, il faudra qu’il livre une Bataille, & qu’il nous passe sur le corps ; ce qui ne luy est pas facile à faire. Voilà ce qu’il y a de nouveau ; je continuëray de vous mander ce qui se passera dans la suite : mais de la maniere que les choses sont disposées, on ne doute point que l’Armée des Ennemis ne soit contrainte de repasser l’Oglio, estant du tout impossible qu’elle puisse subsister en deçà. Je suis &c.

J’ay préferé ces relations à celles qui ont esté renduës publiques, parce que je ne doute point qu’elles ne soient tombées entre vos mains ; ainsi le party que j’ay pris sera cause que vous sçaurez beaucoup plus de circonstances de ces actions éclatantes, puisqu’il n’y a point de relations qui ne contiennent des faits qui ne se trouvent pas dans les autres. Monsieur de Vendosme s’est trouvé à tout en personne ; il n’est pas seulement l’ame de tout ce qui se fait dans son Armée, par les ordres qu’il donne : mais ce Prince a aussi part à l’execution de tout ce qui s’y fait de considerable. Par ses dernieres expeditions, il a mis à couvert le Crémonois, le bas Oglio, les 14. Navilles & Castel-Leone, où il y a un magasin de douze mille sacs de grain ; & les Ennemis avant attaqué Castiglione, où il y a un autre magasin de quinze mille sacs de bled, gardé par 300. Venitiens, le Gouverneur de cette Place envoya demander du secours à Monsieur de Vendosme, qui lui envoya un détachement, qui battit les Ennemis & les mit en fuite. Il a donné beaucoup de loüanges, dans ce qu’il a écrit au Roy touchant ces dernieres actions, à Mrs les Comtes de Chemeraut & Albergotti, à Mylord Galmoy, à Mr le Chevalier de Luxembourg, à Mr le Marquis de Broglio, à Mr de Carolle, à Mr le Prince Pio, à Mr le Chevalier Spinola, & à Mr le Comte de Muret.

À peine eut-on appris icy toutes les expeditions faites par Monsieur de Vendosme, que l’on vit paroistre la lettre suivante ; elle est écrite par ce Prince.

Au Camp devant Soncino, le 21. Octobre.

Les ennemis remonterent hier le Serio jusqu’à six milles au dessus de Crême, & le passerent la nuit à Vidalsco. Je les en aurois bien empêché si j’avois voulu ; mais comme le Serio est presque réduit à rien en ce lieu-là, & qu’on le passe en bataille, je n’ay pas voulu hazarder un combat, dans le temps qu’il me vient un secours considerable de Piémont & des quatorze Navilles. Je me suis rendu icy diligemment avec l’Armée, pour n’estre pas prévenu par le Prince Eugene, qui n’est qu’à neuf milles de Soncino. Nous avons investi cette Place, & nous avons appuyé la droite à l’Oglio, & la gauche à Tizzingue, la laissant toûjours derriere nous. Je vais la faire attaquer incessamment ; & j’espere que nous en serons bientost maîtres.

Ce Prince ne s’est pas trompé, & à peine sa lettre eut-elle paru icy, qu’on y apprit qu’il estoit maistre de Soncino. Je vous en diray davantage à la fin de ma lettre, lorsque j’auray appris les particularitez de cette prise. Cependant voici ce qui s’est passé à celle de Diest.