1708

Mercure galant, novembre 1708 [tome 12].

2017
Source : Mercure galant, novembre 1708 [tome 12].
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Mercure galant, novembre 1708 [tome 12]. §

[Premier Article des Morts] §

Mercure galant, novembre 1708 [tome 12], p. 56-94.

 

Quoy qu’il ne s’agisse que d’une mort dans l’Article suivant, il doit paroître tres curieux, & particulierement aux Personnes sçavantes, à cause du grand nombre d’Ouvrages d’érudition dont il y est parlé, & je crois qu’il se trouve peu d’Auteurs qui ayent autant écrit que le Pere qui fait le sujet de cet Article.

L’Italie vient de perdre un de ses plus grands ornemens par la mort du Pere Paul Casati, Jesuite, arrivée à Parme depuis quelques mois. Il avoit prés de 92. ans, étant né à Plaisance en 1617. Il entra, étant encore fort jeune, dans la Compagnie de Jesus. Il enseigna les Mathematiques à Rome avec beaucoup de succés, dans un âge où les hommes ordinaires ont à peine l’esprit assez formé pour en commencer l’étude. Quelque tems aprés il y eut une Chaire de Theologie, & il la remplissoit avec reputation lorsque le Pere Gosvin Niket, son General le nomma avec un autre Pere de sa Compagnie, pour aller en Suéde deguisé, conferer avec la Reine Christine que la grace commençoit à toucher, & que les instructions du Pere Casati déterminerent enfin, même au prix de sa Couronne, à quiter les erreurs où sa Naissance l’avoit engagée. Ce pieux Jesuite aprés un succés si considerable, revint en Italie en 1652. où malgré l’atachement qu’il avoit pour les Sciences, & le progrés qu’y faisoient ceux qui les cultivoient sous luy, ses Superieurs l’employerent dans le Gouvernement de la Compagnie, persuadez qu’elle tireroit de grands avantages de son administration. Il a esté pendant plusieurs années Recteur du College de Parme, de la Maison Professe, & de plusieurs Colleges de la Province de Venise, & dans toutes les Maisons qu’il a gouvernées, le temps de son administration a toujours paru trop court à ceux qui avoient le bonheur d’estre sous sa conduite, & on peut dire de luy que si son exemple inspiroit la vertu, ses manieres le faisoient aimer. Le Pere Casati malgré les embaras du gouvernement, trouva toujours assez de temps pour cultiver le goust qu’il avoit pour les Sciences, & comme l’on en trouve assez pour ce que l’on aime, ce Pere aprés avoir donné aux emplois qui luy estoient confiez, le temps necessaire pour y réüssir, s’en menagea assez pour composer un grand nombre d’ouvrages qui l’ont fait connoistre à toute l’Europe pour un grand Philosophe, un Mathematicien, un Theologien, & un Auteur du premier ordre. À l’âge de 88. ans, & ayant perdu la veuë, il s’attacha à l’étude de l’Optique, & il composa un Ouvrage sur cette science, dont le succés a esté grand. Il a publié plusieurs Ouvrages Latins & Italiens. Il fit imprimer à Genes dans la premiere de ces Langues en 1649. un Traité qui avoit pour titre, le Vuide proscrit ; à Rome en 1655. un autre Traité intitulé, la Terre soulevée avec des machines. Ce sçavant Phisicien y fixe la mesure & la pesanteur de la Terre. En 1684. il fit imprimer à Lyon chez Mr Anisson un Traité divisé en huit Livres sur la Mechanique, & il le dédia au Roy, qui en accepta la dédicace avec des termes pleins d’estime pour l’Auteur. Neuf ans auparavant il avoit publié à Parme des Problêmes de Geometrie qui luy firent beaucoup d’honneur ; & 12. ans aprés il fit imprimer à Venise des Dissertations Phisiques sur le feu, & il en publia la derniere en 1695. Ses Dissertations Hydrostatiques parurent la même année. En 1703. il publia à Plaisance ses disputes Theologiques sur les Anges, & en 1705. à Parme ses Dissertations sur l’Optique. Voila les titres des Ouvrages qu’il a donnez en Langue Latine. Ceux qu’il a mis au jour en Langue Italienne, sont la construction & l’usage du Compas de Proportion, imprimé à Bologne en 1664. la Trompette parlante à Parme en 1673. & dans le même livre, les cendres de l’Olimpe jettées au vent en 1667. Il y combat l’opinion vulgaire de ceux qui croyent qu’il y a une si grande tranquilité sur le sommet de l’Olimpe que le moindre souffle de vent ne s’y fait point sentir ; il y détruit aussi la fable qui porte que les cendres du Sacrifice annuel y demeuroient l’année entiere sur l’Autel, exposées à l’air sans estre dissipées. Le Pere Casati estoit un grand Orateur ; il en donna des preuves dans l’Oraison Funebre de Dom Paul Conti, Duc de Pauli qu’il prononça à la mort de ce Prince, & qui fut imprimée en Italien à Parme en 1666. Ce Pere estoit d’une des plus illustres Maisons de Plaisance, & quoyque sa naissance fust tres-distinguée, on peut dire que c’est le moindre avantage dont la nature l’avoit favorisé. Il avoit une si grande devotion pour Jesus-Christ, que toutes les fois qu’on parloit de sa Passion, ou qu’il l’entendoit lire, il répandoit des larmes. Il dirigeoit grand nombre de consciences, & le Duc de Parme le consideroit beaucoup.

Mr de Bourzeis qui promettoit beaucoup quoyque dans un âge peu avancé, & d’une des meilleures familles de Riom en Auvergne, est mort à Paris universellement regretté de tous ceux qui le connoissoient, à cause du progrés qu’il faisoit dans les Sciences. Le chagrin qu’on a eu de sa mort a esté d’autant plus sensible à ceux qui se souviennent encore du celebre Abbé de Bourzeis de l’Academie Françoise, son grand oncle, si connû sous le Ministere du Cardinal de Richelieu, qu’il estoit le seul qui restoit de cette famille, & que par sa mort elle se trouve entierement éteinte. Il estoit neveu à la mode de Bretagne de Mr de Bessat Maistre des Comptes, aussi neveu de Mr l’Abbé de Bourzeis & l’heritier de ses vertus ainsi que de son amour pour les belles-Lettres. C’est de feu Mr l’Abbé de Bourzeis que Mr de Bessat a aujourd’huy un excellent Manuscrit que les Sçavans souhaitent fort qu’il donne au Public : ce sont les Notes Grecques que feu Mr Nicole a écrites de sa main sur le Texte Grec de la Cassandre de Lycophron, le plus tenebreux & le plus sçavant Poëte de l’Antiquité. Ces Notes sont accompagnées d’une glose interlinaire, & du Commentaire d’Isaac Tzetzés. Si la Cassandre de Lycophron estoit un peu plus intelligible, elle pourroit passer pour un des plus beaux Ouvrages de l’Antiquité.

Mr l’Abbé de Bourzeis Oncle de celui dont je vous aprens la mort, fut un des plus beaux esprits de son temps. Il a donné au Public un Discours adressé à feu Mr le Prince Edoüard, Electeur Palatin, pour l’exhorter à entrer dans la Communion de l’Eglise Catholique. Cette piece est une des plus solides qui ayent esté faites en ce genre. L’éloquence & la doctrine y regnent par tout. Ce Discours est un Traité de Religion des plus solides. Il a aussi donné au Public un volume de Sermons prêchez dans plusieurs Chaires de Paris, ainsi qu’un autre Ouvrage dans lequel il donne l’avantage à la Langue Latine sur la Langue Françoise en matiere d’Inscriptions. Feu Mr Charpentier aussi de l’Academie Françoise, & zelé Partisan de sa Langue, luy répondit dans son Ouvrage de l’Excellence de la Langue Françoise. Mre Amable de Bourzeis estoit Abbé de Saint Martin de Cores, Abbaye que feu Mr l’Abbé Gallois a possedée long-temps. Cet Abbé fut mêlé dans les affaires qui partagerent les Theologiens sur les matieres de la Grace, vers le milieu du dernier Siecle ; il fit même un voyage à Rome sur ce sujet. Le deffunt qui donne lieu à cet article, estoit destiné à des emplois de Magistrature, & le progrés surprenant qu’il avoit fait dans les études ausquelles il s’estoit déja appliqué, donnoit de grandes esperances qu’il soûtiendroit la reputation du nom de Bourzeis si celebre parmi les gens de Lettres.

Quoyque le siecle où nous vivons & quelques-uns de ceux qui l’ont precedé, ne soient plus si fertiles en Saints que l’estoient ceux de l’Eglise naissante ; cependant on en voit de temps en temps, & Dieu se plaist à montrer au monde en la personne de quelques particuliers, des hommes d’une vertu éminente & d’une vie plus angelique qu’humaine, sois pour réveiller la pieté des autres hommes, soit pour leur faire connoistre que le bras de sa misericorde n’est pas raccourci. Mre Joseph de Sainte-Colombe, Prestre, d’une des plus anciennes Maisons de Dauphiné, estoit de ce nombre. Il est mort depuis quelque temps en odeur de sainteté dans l’Hospital de Bourg en Bresse, dont, par un excés d’humilité rare parmi les gens de sa naissance, il s’estoit bien voulu faire Aumônier. Il estoit fils d’un pere & d’une mere tous deux morts en odeur de sainteté, & qui s’estoient plus à élever leur fils dans la pratique la plus rigoureuse des vertus chrestiennes. Feu Mr de Sainte Colombe son pere, dont la famille est à present établie en Lorraine, aprés avoir eu le caractere d’Envoyé de Mr le Duc de Lorraine à la Cour de Vienne, & mort Gouverneur de Chastel en Lorraine, Gouvernement que le Roy, qui connoissoit son merite, luy avoit donné. Feu Mr de Sainte-Colombe, oncle de celuy dont je vous apprens la mort, fut honoré de la qualité de Ministre d’Etat de feu Mr le Duc de Lorraine, & une de ses tantes avoit épousé un Ministre d’Etat de Mr le Duc de Savoye. Cette famille a donné aux Armées de France & aux Troupes de Lorraine des Generaux d’une grande reputation, & à l’Eglise des Prelats d’une vertu éminente. Le pieux Ecclesiastique qui vient de payer le tribut qu’il devoit à la nature, né dans une famille si illustre, ne s’enorgüeillit pas des avantages de sa naissance ; il donna au contraire par tout où il se trouva des marques d’une humilité fort édifiante ; le bruit de ses vertus & de sa pieté l’ayant fait connoistre à Paris, plus qu’il n’eut souhaité, & sa réputation y croissant tous les jours, chacun le vouloit consulter pour profiter des leçons de pieté qu’il donnoit à ceux qui estoient admis dans sa familiarité. Ce serviteur de Dieu prévoyant que le concours de monde qui venoit à lui de toutes parts, troubleroit le recüeillement & la solitude où il vouloit vivre, pensa à quitter cette grande Ville, où il avoit refusé des établissemens considerables, & des dignitez dans l’Eglise, convenables à sa naissance ; aprés avoir donc distribué aux pauvres tout ce qu’il possedoit à Paris, il se retira en Provence, où il ne demeura pas long-temps sans que l’éclat de ses vertus l’y fissent reverer comme un homme extraordinaire & un saint favorisé des dons les plus marquez de la grace : il se retira encore d’un lieu où il trouvoit qu’il estoit trop consideré, & il prit la route de Lyon dans le dessein de s’aller confiner dans quelque retraite, où il ne pust estre découvert de personne ; & où il pust se cacher à tout le monde. Il passa quelques jours dans cette derniere Ville, dans la pratique des plus grandes mortifications & de la priere la plus ardente pour découvrir s’il pouvoit ce que Dieu vouloit faire de luy ; enfin éclairé d’une lumiere surnaturelle & poussé par une secrette impulsion de l’esprit de Dieu, il prit le chemin de Bourg, où il arriva au mois d’Octobre de l’an 1700. Il logea d’abord dans la maison d’un Boulanger, & le jour suivant il alla dire la Messe dans la Chapelle de l’Hospital, durant laquelle (ainsi qu’il l’a plusieurs fois avoüé) il sentit de grandes douceurs & de vives consolations. Ce fut pendant cette Messe qu’il demanda ardemment à Dieu de luy faire connoistre sa volonté dans quelques jours, & il crut la découvrir ensuite dans la priere que Mrs les Recteurs luy firent de vouloir bien accepter l’employ d’Aumônier de cet Hôpital, où il n’y en avoit point eu depuis trois siecles. Ces Mrs furent déterminez à luy faire cette demande aprés avoir ouï une de ses Messes, où ils furent frappez à la vûë d’un homme qui paroissoit un ange dans un corps mortel. Mr de Sainte-Colombe entra donc dans l’exercice de cet employ sous la condition qu’il exigea qu’on ne luy donneroit qu’un petit reduit pour estre à couvert des injures du temps, & c’est où il a santifié les sept ou huit dernieres années de sa vie dans l’exercice de la charité la plus vive & la plus ardente. Mr l’Evêque de Poitiers qui estoit alors grand Vicaire de Lyon & Mr de Marillac Doyen de Lyon, & qui avoit le même employ, ont souvent dit que c’estoit un tresor que tout le monde voudroit posseder. Il estoit entré dans la carriere des Sciences par la belle Philosophie & la plus profonde Theologie. Il estoit excellent Physicien, & il estoit tres-versé dans la Morale. Il sçavoit parfaitement l’Histoire Ecclesiastique & la Profane, ainsi que le Droit Civil & Canonique. Il avoit particulierement étudié Saint Augustin, & il en sçavoit les principaux passages dont il s’estoit souvent servi avec succés contre les Novateurs. Mais il sçavoit encore mieux l’Ecriture ; il avoit étudié toute sa vie ce divin Livre ; il en sçavoit tous les termes & il en penetroit tous les sens ; il avoit pris par humilité & pour se cacher, le nom de Jourdan, & c’est sous ce nom qu’il a esté connu pendant les dernieres années de sa vie. Lorsqu’il sentit les approches de la mort il demanda avec instance d’estre enterré comme un pauvre & sans aucune ceremonie, dans la Chapelle de l’Hospital ; mais on ne pût refuser au peuple de Bourg de le porter à l’Eglise Collegiale de Nôtre-Dame, où il fut inhumé avec beaucoup de pompe, & quinze jours aprés le P. Poisson Cordelier de la Reguliere Observance du Convent de Bayeux, & qui est à present dans le Convent de Meaux en Brie, prononça l’Oraison funebre, qui a esté ensuite imprimée à Bourg en Bresse.

Mr du Rochet qui commandoit ci-devant le second Bataillon du Regiment de Dauphiné est mort à Auxerre où il tomba malade en allant à la Cour, dans le dessein de rentrer dans le service, que ses incommoditez l’avoient obligé de quitter. Il estoit de Bouleine dans le Comtat Venaissin, & d’une ancienne famille du pays. Il avoit donné en plusieurs occasions des marques de sa valeur & de sa conduite, & il s’étoit attiré l’estime de tous les Generaux sous lesquels il avoit servi. Il laisse des freres & des sœurs. Son frere aîné a long-temps porté les armes, & Mr le Prieur du Rochet son frere, se fait estimer dans l’estat ecclesiastique par la pureté de ses mœurs & par la regularité de sa conduite. Il avoit une sœur mariée à Mr Valerien, Gentilhomme du Languedoc, & établi au Pont Saint-Esprit, dont elle a eu plusieurs enfans, entr’autres Mr Valerien Capitaine dans le Regiment de Dauphiné, & Mr le Chevalier Valerien. Feu Mr du Rochet estoit fort ami de Mr de Julien Lieutenant general des Armées du Roy ; ils estoient compatriotes & alliez, & Mr de Julien luy avoit ménagé de l’employ lorsqu’il avoit voulu rentrer dans le service. Il estoit aussi fort lié avec Mr l’Archevêque de Barcelonne, qui fait son sejour à Avignon depuis la guerre de Catalogne. Son érudition & le goust qu’il avoit pour les belles Lettres l’avoient rendu cher au Prelat dont je viens de parler, & qui cultive le sien pour les plus hautes sciences, pendant le loisir que son sejour à Avignon luy donne, par le commerce de tous les gens d’esprit répandus dans le Comtat. Sa maison leur est ouverte en tout temps, & l’amour des belles Lettres les y fait recevoir favorablement.

Mre N… de Guyon Auditeur de Rotte à Avignon y est mort dans un âge assez avancé, & dans la reputation d’un des plus sçavans hommes dans les matieres Ecclesiastiques. Il étoit d’une des meilleures & des plus anciennes Familles du Comtat Venaissin. Il laisse plusieurs Enfans de Dame N… de Crochant son épouse qui est aussi d’une des plus considerables Familles de cette Province. Elle est sœur de Mr l’Abbé de Crochant Prevost de l’Eglise d’Orange & de Mr le Chevalier de Crochant, distingué par sa valeur. Mr de Guyon a eu la consolation de voir établir toute sa Famille avant de mourir. Son fils aîné est un Gentilhomme tres-estimé à Avignon, & qui s’y est allié à une Famille trés considerable. Il en a un autre à Rome qui s’y est attaché à la Jurisprudence Canonique avec un si grand succés qu’il y est consulté de toutes parts, sur ce qu’il y a de plus épineux sur le droit Canon.

Mr l’Abbé de Guyon Coadjuteur de Mr le Prevost d’Orange son Oncle, est aussi fils de feu Mr Guyon : il a esté élevé dans le Seminaire de Saint Sulpice de cette Ville, & il a fait une partie de ses Exercices dans le College de Navarre. Mr de Guyon laisse encore plusieurs autres Enfans, dont l’un est Pere de la Doctrine Chrétienne, & un autre Capucin, tous deux trés-estimez par leur pieté & par leur doctrine. Il laisse aussi plusieurs filles, dont quelques-unes sont Religieuses, & une autre mariée à Mr de Manti d’une Maison trés-qualifiée du Comtat, & établie à Avignon La Maison de Guyon de même que celle de Crochant ont donné il y a long-temps des Chevaliers à l’Ordre de Malte ; celle de Guyon estoit déja connuë à Avignon dans le temps que les Papes y transfererent le Saint Siege. Les Auditeurs de la Rotte sont les premiers Magistrats de la Cour Ecclesiastique de cette Ville, & ils y sont, ce que sont les Conseillers dans les autres Parlemens du Royaume. Mr de Guyon s’y estoit fait une grande reputation par l’étenduë de ses lumieres & par son exacte probité.

Dame N.… de Mignot, veuve en premieres nôces de Mre N… de Moyria, Comte de Marilla ; & en seconde des Mre N… Bouvard de Roussillon, Seigneur de Beauretour, est morte à Belley où elle demeuroit depuis quelques années. Elle estoit âgée de prés de 70. ans, & elle avoit passé le temps de son veuvage dans l’exercice des vertus chrétiennes. Elle estoit sœur de feu Mr Mignot, Lieutenant General de Ville-Franche en Beaujolois, & tante de Mr Mignot qui exerce aujourd’huy la même Charge avec beaucoup de reputation. Mr le Comte de Mailla, Chef d’une des plus grandes maisons de Bugey, l’avoit épousée en secondes nôces ; il en eut trois fils & une fille. L’aîné des fils aprés avoir esté long-temps Capitaine dans le Regiment de Champagne, & dans le Bataillon que Mr le Chevalier de Moyria son oncle commandoit, a épousé à Bezieres une Demoiselle d’une maison tres considerable de la même Ville ; ses deux autres fils sont Religieux, l’un Jesuite & l’autre Chartreux. Le premier est dans les Missions des Indes depuis quelques années, & l’on aprend qu’il y fait de tres grands progrés. Il y alla aprés avoir enseigné les Humanitez en divers Colleges de sa Compagnie avec beaucoup d’aplaudissement ; l’autre est Procureur de la grande Chartreuse, & chargé de la plus grande partie des affaires de cette maison. Le feu Pere General des Chartreux, & celuy qui l’est aujourd’huy l’ont toujours honoré d’une confiance tres-particuliere, & il est un des Religieux les plus estimez de cet Ordre. La fille est morte depuis quelques années Religieuse dans l’Abbaye Royale de Nostre Dame de Bons à Belley. Elle a fait du bruit autrefois par sa beauté. Feu Mr le Comte de Mailla avoit épousé en premieres nôces une Demoiselle de la maison du Faur, en Dauphiné, dont il a eu Mr le Comte de Mailla d’aujourd’huy. La Dame qui donne lieu à cet article, n’a point eu d’enfans de feu Mr de Beauretour, son second mary, qui estoit aussi d’une tres-ancienne famille du Bugey. La famille de Mr Mignot dans le Beaujolois est tres-ancienne, & elle a produit plusieurs personnes celebres par leur merite, & par le progrés qu’elles ont fait dans la Jurisprudence.

[Bouts-rimez, sur le mot de Vendôme] §

Mercure galant, novembre 1708 [tome 12], p. 169-173.

 

Les Bouts-rimez sont si difficiles à remplir, qu’on voit peu d’ouvrages de ce genre, où le naturel se rencontre. Si un Sonnet, qui est l’ouvrage dont on se sert ordinairement pour cette sorte de Poësie, est si difficile, lorsque l’on veut éviter que les rimes paroissent forcées, un ouvrage presque une fois plus long qu’un Sonnet ; & tout sur une même rime, doit paroistre infiniment plus difficile, les Sonnets ayant plusieurs rimes differentes. Cependant Mr l’Abbé de Poissy vient de remplir vingt-&-un Vers sur la même rime, au lieu qu’il n’en auroit eu que quatre à remplir sur une même rime, s’il n’avoit esté question que d’un Sonnet, & ce qu’il y a de surprenant, est qu’il a remply ces rimes sur la champ en presence d’une illustre Assemblée, qui luy en fit la proposition. Il semble que le nom de Mr de Vendôme qui se trouve dans le premier Vers de cet ouvrage ait échauffé son génie, & luy ait donné lieu de se tirer d’affaires, si bien, & si promptement ; Voicy ces bouts rimez.

Je pretens pour le grand… Vendôme
Epuiser les rimes en … ôme
En Grec que ne suis-je un … Jerôme
En éloquence un … Chrysostôme
Que n’ay-je l’esprit de … Brantôme
Ce Prince auroit un ample … Tôme
Mais je suis prés d’eux un … Atôme
Qui sçait peu le sens d’un … Idiôme
Je ne connois point un … Amôme
Je connois bien mieux un … Symptôme
Que ceux que l’on voit à S… Côme
Si je vivois comme un … Pacôme
Du Pape j’aurois un … Diplôme
J’explique tres-bien un … Axiôme
Sans estre fort bon … Astronôme
Que n’ay-je le pouvoir d’un … Gnôme
Vendôme auroit un brillant … Dôme
Plus celebre que l’ … Hypodrôme
Des Soldats il est … Oeconôme
Sa valeur n’est point un … Phantôme
Icy finit son .… Epitôme.

Madrigal §

Mercure galant, novembre 1708 [tome 12], p. 173-175.

 

Voicy un autre Impromptu. Il est de Mr Moreau de Mautour ; c’est un Madrigal sur le mot de favoriser qu’une Dame reprit à un Cavalier qui l’avoit priée de le favoriser d’une prise de tabac.

MADRIGAL.

L’Amour ainsi que la fortune
A toûjours eu ses favoris,
Et la maxime en est commune ;
Mais pourquoy s’étonner, si pour l’aimable Iris,
Qui de ses faveurs est avare,
Favoriser paroist un terme un peu barbare
Elle en ignore tout le prix.
Il faudroit pour le bien comprendre
Qu’elle eust un cœur sensible & tendre,
Que par malheur elle n’a pas.
Ses yeux, sa main, sa bouche & mille autres apas,
Que la Nature en elle a pris soin de répandre,
Pourroient bien-tost luy faire entendre,
Si son cœur de l’amour suivoit les douces loix,
Ce que favoriser, veut dire en bon françois.

Air nouveau §

Mercure galant, novembre 1708 [tome 12], p. 175-176.

Je crois ne pouvoir mieux placer qu’icy la Chanson suivante, dont l’air & les paroles sont de Mr Thibault.

AIR NOUVEAU.

Avis pour placer les Figures : l’Air qui commence par, Malgré tous mes sermens, doit regarder la page 176.
Malgré tous mes sermens mon cœur enfin soupire ;
Mais on se rit de mon martyre :
On méprise mes feux, & je soupire en vain.
Helas, charmans ruisseaux, que vostre doux murmure
Seroit propre à charmer les peines que j’endure,
Si vous rouliez des flots de vin.
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[Second Article des Morts] §

Mercure galant, novembre 1708 [tome 12], p. 176-177; 188-193.

 

On a beau lire & chanter, rien n’empesche les aproches de la mort. Elle va toûjours son chemin, & ses triomphes sont si frequens & en si grand nombre, qu’à peine ay-je placé cinq ou six articles dans les Lettres que je vous envoye, que je dois recommencer à vous parler des personnes decedées depuis ma Lettre precedente.

Dame N.… Doremieulx Abbesse de Neufchastel est morte dans de grands sentimens de pieté ; elle estoit issuë d’une ancienne Maison originaire de Dauphiné, & alliée aux plus anciennes de la Province. Cette Abbesse est morte dans son Abbaïe, & au milieu de ses Filles dont elle a esté fort regrettée, n’ayant esté à leur teste que tres-peu de temps ; mais on peut dire, que ses jours ont esté bien remplis, puisque pendant une fort courte administration, elle a fait beaucoup de bien à sa Maison dont elle a achevé la plus grande partie des Bâtimens qu’elle avoit trouvez à son arrivée dans un fort mauvais état. Elle avoit fait des progrés étonnans dans les Sciences humaines ; outre la connoissance exacte qu’elle avoit de la Langue Latine, elle sçavoit assez les Langues Orientales pour pouvoir lire dans sa source la Sainte Ecriture ; elle avoit lû ce divin Livre avec une attention extraordinaire ; & elle s’en estoit fait un usage si familier que personne n’en penetroit mieux le sens : elle a même laissé des Remarques sur les parties les plus difficiles de ce Livre ; sçavoir, sur les Pseaumes & sur l’Apocalypse, & ceux qui les ont lûës y trouvent beaucoup de justesse, & une grande étenduë de lumieres. Cette Dame estoit en Relation avec les personnes les plus sçavantes de ce temps, & même sa réputation estoit connuë dans les Païs Etrangers, le Sçavant Mr Vitringa luy a souvent donné dans ses Lettres des marques de l’estime qu’il avoit pour elle.

Me la Comtesse de Serillac de la Maison du Prat, mourut d’une fausse couche au commencement du mois dernier au Chasteau de Courteille dans le Païs du Maine âgée seulement de dix-huit à dix-neuf ans. Elle estoit aussi parfaite que sa beauté estoit accomplie, puis qu’outre la régularité de ses traits, la délicatesse & la vivacité de son teint, elle avoit une taille aisée & majestueuse, & un esprit sublime & infiniment au-dessus de son âge, qu’elle perfectionnoit tous les jours par la lecture des bons livres : elle avoit une voix charmante, une adresse & une application merveilleuse pour toutes sortes d’ouvrages : il y avoit à peine deux ans qu’elle avoit épousé Mr le Comte de Serillac, chef de l’illustre & ancienne Maison de Faudoas Barbazan, dont elle n’a laissé qu’une fille. Elle étoit connuë d’un grand nombre de personnes de distinction, qui l’ont extrêmement regrettée. Un fameux Poëte a commencé un ouvrage à la gloire de cette illustre Défunte, intitulé. Dispute des Dieux, entre Mercure, Apollon, Minerve, Venus, & autres Divinitez, pour sçavoir qui a le plus de part à ce Chef-d’œuvre de la Nature.

[Cantade, à la gloire de Me l’Abbesse de Chelles, & de Mr le Maréchal de Villars] §

Mercure galant, novembre 1708 [tome 12], p. 288-292.

 

Vous me demandez une Cantade, dont les Vers sont de Mr Danchet, & la Musique de Mr de Lalloüette. Je me suis informé à quelle occasion cette Cantade avoit esté faite, & j’ay sçu que la Tragedie de Polieucte ayant esté representée par les Pensionnaires de l’Abbaye de Chelles, suivant un usage établi en plusieurs Convents de representer des Pieces Saintes, parce que cet amusement aide beaucoup à former les jeunes Demoiselles. Ce fut à la fin de cette Tragedie que cette Cantade fut chantée par d’excellentes voix. Comme elle est à la gloire de Me l’Abbesse de Chelles, & de Mr le Maréchal de Villars son frere, on ne l’avoit point avertie que cette Cantade devoit estre chantée, ce qui surprit agreablement toute l’Assemblée, & luy fit beaucoup de plaisir. Cette galanterie avoit esté imaginée par le frere d’une des Actrices. Voici la Cantade que vous souhaitez.

Fuyez, coupables Jeux, enfans de la molesse,
Vains Spectacles, qui dans les cœurs
Nourrissez de folles ardeurs,
Tout inspire icy la sagesse.
  Celle qui dans ces lieux
S’occupe à former pour les Cieux
Une Troupe jeune & timide
Par d’utiles amusemens
Luy trace les leçons d’une vertu solide
Et des plus nobles sentimens,
  Quel bonheur de vivre
  Sous ces sages loix !
  Quel bonheur de suivre
  Son aimable voix.
  L’amour qu’elle inspire
  Fait que son empire
  Plaist à tous les cœurs ;
  Le devoir austere
  N’a que des douceurs,
  La vertu pour plaire
  Se pare de fleurs.
  Quel bonheur de vivre, &c.
***
C’est le destin du sang dont elle a pris naissance,
En faisant obéïr de pouvoir être aimé ;
Tel est ce guerrier renommé
Dont le bras triomphant soûtien nôtre puissance.
Eclatante Trompette
Répondez à nos voix
Qu’ici tout repete
Ses brillants exploits
Sa valeur étonne
Les plus fiers Guerriers,
Toûjours il moissonne
De nouveaux lauriers.
Eclatante Trompette, &c.
Le Dieu de la Thrace
Témoin de ses coups
De sa noble audace
Peut estre jaloux.
Eclatante Trompette, &c.

[Suite des affaires de Lille, & de la Citadelle] §

Mercure galant, novembre 1708 [tome 12], p. 308-314.

 

Dans les Journaux que je vous ay envoyez dans deux de mes Lettres, de ce qui s’est passé pendant le Siege de Lille, & particulierement des actions des braves qui s’y sont distinguez, je ne vous ay point parlé de Mr le Chevalier du Dognon, Capitaine dans le Regiment de Touraine. Ce Chevalier qui commandoit au Tenaillon de la droite, l’a deffendu pendant trente-sept jours, & il y a soûtenu quatre assauts, avec toute la valeur & toute la fermeté possible. Mr le Maréchal de Boufflers ne pouvant trop admirer son zéle pour le Service, & son intrepidité, il luy envoya aprés le deuxiéme assaut, un Brevet de Lieutenant Colonel, avec les plus beaux éloges que l’on puisse donner à un Officier qui s’est extrêmement distingué. Les Ennemis, aprés le quatriéme assaut soûtenu par ce Chevalier, se logerent sur la breche de ce Tenaillon, tant de fois deffendu si vigoureusement ; mais ce Chevalier y fit faire aussitôt des coupures, pour les empêcher de s’étendre ; & il y auroit fait une plus longue résistance, si Mr le Maréchal de Bouflers, content de ses services, ne l’eût fait venir auprés de luy, où il ne fut pas moins exposé, puisque ce Maréchal n’avoit point d’autre apartement que les remparts & les breches, où on luy servoit souvent à dîner. Mr du Dognon s’étant attiré l’admiration des Bourgeois & des Ennemis même, pendant tout le temps qu’il a servi, tant dans le Tenaillon, qu’auprés de la personne de Mr le Maréchal de Bouflers, les Alliez, dans le temps de la Capitulation, demanderent ce qu’étoit devenu l’Officier qui commandoit dans le Tenaillon de la droite, & ils furent surpris d’apprendre qu’il se portoit bien, aprés avoir essuyé autant de feu & de périls qu’il avoit fait ; & ils dirent hautement, qu’ils n’avoient jamais vû d’Officier plus brave, & qui eût fait voir plus d’experience dans le métier de la guerre.

L’Article de Lille de ma derniere Lettre, finit par la prise de cette Place ; & je dois ajoûter à cet Article, qu’il y avoit trois bréches, derriere l’une desquelles on n’avoit pû faire aucun retranchement, parce que la Riviere bat au dedans de la Ville, au pied du rempart ; de maniere que Mr le Maréchal de Bouflers ayant beaucoup à craindre de ce côté-là, & les Ennemis ayant resolu de donner trois assauts en même temps aux trois bréches, il avoit crû devoir capituler, tant par cette raison, que parce qu’il en avoit beaucoup d’autres, dont je vous ay fait un détail le mois passé.

Ce Maréchal s’étoit tellement fait aimer des Bourgeois, que dans le temps qu’il faisoit voiturer dans la Citadelle toutes les choses necessaires pour sa deffense, plusieurs Particuliers luy offrirent tout ce qui étoit en leur pouvoir, & même leur bourse ; mais il ne prit que peu d’argent. Quant au reste, il fit entrer dans la Citadelle, avec abondance, toutes les choses dont il pouvoit avoir besoin pendant un long Siége ; & il est aisé de croire que rien ne luy manque, & que rien ne luy manquera, puisqu’aprés son entré dans la Citadelle, les vivres ont encore esté pendant quelque temps à un prix raisonnable dans la Ville ; ce qui fait voir que ce Maréchal en auroit pû encore tirer davantage de la Ville, s’il en avoit eu besoin.

La consternation a esté au delà de tout ce que l’on peut s’imaginer parmi les Habitans, aprés la prise de la Ville, & les Troupes alliées ayant commis d’abord toutes sortes d’excés, ces Habitans n’ont pû se contraindre, & il n’est pas vray que les Magistrats ayent assisté en Robes de ceremonie, au Te Deum que les Alliez firent chanter aprés la réduction de la Place, ainsi que tous leurs imprimez publics ont publié : au contraire, ils refuserent de s’y trouver ; de sorte qu’on fut obligé de le faire chanter par l’Aumônier du Prince Eugene, assisté de quelques autres Aumôniers de l’Armée.

[Article des Enigmes] §

Mercure galant, novembre 1708 [tome 12], p. 349-353.

 

Pendant qu’on cherchera à developer les desseins de Mr le Maréchal de Barvick, vous pourrez lire les noms de ceux qui ont developé le veritable mot de la derniere Enigme, qui étoit, le Miroir. Ce sont, Mrs le Chevalier Drony, de la ruë de Bourtibourg ; Clerfeüille, de la Truaudiere ; de Clairon ; de Haute-Maison ; Mouset ; le Pedagogue Chrétien, de la ruë Bourtibourg ; la Communauté des Precepteurs du College des Quatre Nations ; l’Ami fidele du charmant Loulou de la ruë Coquilliere ; M.L.B.D.M.B. les bons Amis du Village de Clamare, prés de Meudon ; le Mechanicien de Cour-Cheverny, en Sologne ; les Nouvellistes associez, & le Sage malgré luy. Mlles, de Bus ; Passerau ; de la Ferriere ; Coquelin ; de la Lanne ; de Belle-val, de la ruë Saint Antoine ; la jeune Muse renaissante G.O ; la Solitaire de la ruë aux Feves ; la plus jeune des belles Dames de la ruë des Bernardins ; l’Amante d’Alexandre ; les belles Vandangeuses ; la tendre Hospitaliere ; la plus Belle du Quartier du Palais ; & la nouvelle Sapho.

Je vous envoye une Enigme nouvelle.

ENIGME.

Je suis d’une haute naissance ;
Mais petit, d’un tein bazané,
Tirant beaucoup sur le tanné ;
Sans pareil, & sans ressemblance,
Si ce n’est qu’on me prît pour un vray herisson,
De tres petite & basse mine,
Ou bien pour un fagot d’épine,
Piquant, & froid comme un glaçon.
***
Quand j’étois encore en ma place,
Personne n’osoit m’aprocher,
Ni m’offenser, ni me toucher,
Tant je faisois laide grimace :
Mais quand de mon Palais chassé par les destins,
Je tombe sans robe par terre,
Tout le monde me fait la guerre,
Et m’écrase dans les festins.
***
Je represente ainsi l’image
De ces esprits rudes & fiers,
Qui n’écoutent pas volontiers
Ceux qui sont d’un plus bas étage,
Et qui n’ont jamais sçû ce que c’est d’estre humains,
Que quand la Fortune trop lasse,
Par une subite disgrace
Vient à s’échaper de leurs mains.
***
De même, étant sur le pinacle,
Bien enfermé dans mon donjon,
Pour me faire devenir bon ;
Il te faudroit faire un miracle
Mais si ma chûte, helas ! tu peux attendre un peu ;
Tu feras de moy ton delice,
Quand j’auray souffert le suplice
Du glaive tranchant & du feu.

Air nouveau §

Mercure galant, novembre 1708 [tome 12], p. 353-354.

Je vous envoye un Air nouveau, dont les paroles ont esté mises en chant par Mr le Camus.

AIR NOUVEAU.

Avis pour placer les Figures : [l’Air] qui commence par, Que je suis miserable, doit regarder la page 353.
Que je suis miserable,
De n’avoir à donner qu’un cœur à vos apas !
Mille cœurs ne suffiroient pas,
Pour vous aimer autant que vous êtes aimable.
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[Justice renduë à Mr Baratet, Maire perpetuel de Villeneuve d’Agenois] §

Mercure galant, novembre 1708 [tome 12], p. 354.

 

Vous me demandez le nom de l’Auteur du Poëme qui est au commencement de ma Lettre du mois d’Aoust, & vous avez raison de dire que je devois rendre justice à l’Auteur d’un si bel Ouvrage, mais son nom ne m’étoit pas encore connu lors que je vous l’ay envoyé, & je ne viens que d’apprendre qu’il est de Mr Baratet, Maire perpetuel de Villeneuve d’Agenois.