1709

Mercure galant, octobre 1709 [tome 10].

2017
Source : Mercure galant, octobre 1709 [tome 10].
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Mercure galant, octobre 1709 [tome 10]. §

[Paranymphes des Ubiquistes]* §

Mercure galant, octobre 1709 [tome 10], p. 40-44.

L’apresdinée du même jour on fit les Paranymphes des Ubiquistes dans l’Ecole de Theologie des Peres Cordeliers, qui estoit magnifiquement decorée. Mr Poirier Bachelier de la Licence, étoit l’un des deux qui avoient été choisis par les Ubiquistes pour faire cette Ceremonie, puisque dans cette Licence à cause du grand nombre de Bacheliers qui la composoient, & que les Ubiquistes en font toûjours la plus grande partie, on avoit divisé leurs Paranymphes en deux Séances, & on en avoit chargé deux personnes, au lieu que c’est souvent la même personne qui les fait, & quelquefois le même jour. Mr Poirier les ouvrit par une harangue latine qui fut tres belle ; on y remarqua beaucoup d’érudition, quantité de Passages des Orateurs Romains, & enfin un grand nombre de pensées brillantes convenables au sujet. À la Prose succeda un grand Poëme qu’il recita aussi avec beaucoup de grace. Ce Poëme roula sur une fiction fort ingenieuse. Le Poëte supposoit d’avoir vû en songe plusieurs Divinitez, & sur tout le Dieu des Vers, qui luy avoit fait de tendres reproches sur l’oubli que l’on faisoit de luy dans la Faculté de Theologie. Cette fiction fournit un jeu fort agreable à l’Assemblée. Ce Prelude estant fini, Mr Poirier commença à Paranympher, & Mr l’Abbé de Saint-Aignan fut le premier Paranymphé ; on y détailla toutes les grandeurs de la Maison de Beauvillier ; on y loüa beaucoup tous les grands hommes sortis de cette Maison ; Mr le Duc de Beauvillier sur tout fut tres-celebré, & l’Abbé qui faisoit le sujet de ce Discours qui fut mêlé de Prose & de Vers fut trés loué, & en cette occasion on luy rendit toute la justice qu’il meritoit. Mr l’Abbé de Saint-Aignan répondit avec beaucoup de modestie à toutes les loüanges qu’on luy donna & fit connoistre en même temps par sa réponse qu’il estoit également bon Orateur & bon Theologien. Les autres que Mr Poirier devoit Paranympher le furent ensuite tour à tour, ce qui forma un jeu fort divertissant, soit par les veritez que le Paranymphe disoit & qu’on luy disoit. Une plaisanterie sur tout qu’il fit au sujet du Livre de l’Histoire de la Congregation de Auxiliis, dont l’emprunt donna lieu à une petite supercherie, fit fort rire l’Assemblée, de même que ce qui fut dit sur le Traité de la Priere publique. On donna à la fin des confitures à tout le monde, ce qui se fit aussi les jours suivans. Mr le Sindic y assista, aussi bien que les jours suivans, accompagné de plusieurs Docteurs.

[Livres nouveaux] §

Mercure galant, octobre 1709 [tome 10], p. 157-178.

Il paroist depuis peu un Livre qui n’est pas considerable par sa grosseur, puisqu’il ne contient que 314. Reflexions sur les Défauts d’autruy. On a déja beaucoup écrit sur cette matiere ; mais elle est si ample que l’on peut dire qu’elle est inépuisable, & qu’elle fournira toujours des choses qui paroistront nouvelles. Ainsi ceux qui acheteront ce Livre peuvent estre assurez que dans une Matiere souvent rebatuë, ils trouveront des choses qu’ils n’ont jamais luës dans aucun autre Livre, & ce qui est le plus considerable, dont ils pourront profiter, s’ils le lisent avec toute l’attention que l’on doit apporter à la lecture de ces sortes de Livres, & s’ils y font toutes les reflexions que demandent ces sortes de lectures qui sont bientost faites si on les fait en courant comme l’on fait la pluspart des Livres ; mais qui doivent occuper plus long-temps que la lecture des plus gros Volumes, lors qu’on les lira dans le dessein d’en profiter, de réfléchir sur chaque Maxime, & de se bien mettre dans l’esprit tout le sens de ce qu’elles contiennent, & il est sûr que tout Lecteur qui en usera de la sorte, évitera de tomber dans une infinité de défauts dans lesquels il tombe insensiblement presque tous les jours de sa vie.

Ce Livre se vend chez Esprit Billiot, en la Maison de Denis Thierry, ruë de la Harpe, au coin de la ruë Pierre-Sarazin, à la Ville de Paris.

On a fait une Traduction des Epigrammes d’Owen, qui doit faire beaucoup de plaisir à ceux qui la liront, & comme ce Poëte n’est pas aussi connu qu’il l’auroit dû estre par ses Epigrammes, dont nous n’avons point de Traduction, je crois ne pouvoir vous le faire mieux connoistre qu’en vous raportant les propres paroles dont l’Auteur de la Traduction s’est servi dans son Epitre Dédicatoire à Madame la Marquise de ***

Owen, estoit l’homme de son temps qui avoit le plus d’esprit ; on peut l’apeller le Marcial moderne. Il naquit dans la Ville d’Oxford, si celebre par sa fameuse Université fondée par Alfred ; il vivoit dans le dix-septiéme siecle, sous le Regne de l’infortuné Charles premier. On ne sçait rien de particulier de sa vie, sinon qu’il composa les excellents Ouvrages, dont je donne icy la Traduction, & qui luy attireront l’estime & l’admiration de tout le monde. On y voit qu’il fut cher aux Grands : qu’il n’estoit pas fort riche ; mais qu’il avoit de bonne mœurs, & qu’il avoit autant étudié la Sagesse, que la Poësie. On ne sçauroit lire la sienne, qu’on ne le plaigne du malheur qu’il eut d’estre Protestant. Il déclama fort contre les vices de son siecle, & il ne luy manquoit que d’estre éclairé des veritables lumieres, que Dieu ne communique qu’à ceux qu’il luy plaist. Né dans le sein de l’erreur, qu’un Roy, trop ambitieux & rebelle au Chef de l’Eglise, avoit fait naître, il y est mort malheureusement.

La sagesse & la vivacité qui composent le caractere du bon esprit, accompagnoient toûjours le sien. Il sçut reünir ensemble la solidité, l’agrément & la science. Son stile est aisé, pur, simple, précis & naturel. On luy reproche de n’avoir point suivi l’élocution des Anciens ; mais si la sienne est peu conforme à la leur, on peut dire qu’il leur a ressemblé au moins par l’élevation & par la sublimité de son genie. Le Recueil de ses Vers ne cede en rien à l’Anthologie. On trouve dans Owen une varieté charmante, & un mélange agréable, qui le font aimer de tous les Lecteurs. Son Livre est une espece d’Enciclopedie, qui renferme les plus beaux traits de Morale, d’Erudition, de Politique, de Philosophie, de Jurisprudence, de Medecine, & de Theologie.

L’Epigramme est de ces ouvrages, qui ne laissent point de supposer bien des talens, quoi qu’ils ne soient pas d’une longue haleine. On a vû peu de beaux esprits réüssir dans cette espece de Poëme, & l’Antiquité ne peut fournir que peu d’Auteurs, qui y ayent excellé. Il faut un feu & une justesse dans les pensées & dans les expressions, qui ne se rencontrent pas souvent ensemble. On pardonne les fautes dans les grandes pieces ; mais dans l’Epigramme on n’excuse rien : tout y doit aller directement au cœur ou à l’esprit, qui se sentant agreablement frappez par des saillies vives & ingenieuses, en admirent les beautez, & se rendent malgré eux à ses charmes. La connoissance & l’usage du monde sont necessaires, pour traiter toutes sortes de sujets & pour badiner spirituellement sur les plus delicats. La Satyre qui y regne ordinairement, demande beaucoup de précaution & de prudence. Le goust des hommes est si bizarre, qu’on ne peut se promettre de plaire à tous ; Owen est un de ceux qui peuvent s’en flatter. Le Lecteur le plus scrupuleux sur les mœurs & sur l’esprit, ne verra rien dans ses ouvrages, qui puisse blesser sa delicatesse. Le plus melancolique y trouvera dequoy dissiper son ennuy ; & les plus zelez frondeurs ne trouveront au plus à mordre que sur la Traduction.

J’ay choisi parmi ses Epigrammes celles que j’ay cru convenir le plus à nos mœurs & à nostre goust. J’en ay retranché celles qui ne consistoient qu’en jeux de mots Latins, & qui n’auroient plus eu la même grace en François. Je n’en ay point traduit quelques unes, qui n’avoient pas le même brillant, & la même beauté que les autres ; il est difficile que dans un si grand nombre, il ne s’en trouve de foibles, de communes, & de languissantes. J’ay cru aussi devoir omettre celles qui sont contre la Religion, & celles dont les pensées ne sont pas fort nouvelles quoyque l’expression ne laisse pas de pouvoir leur tenir lieu de nouveauté.

Je n’ay point traduit mot à mot toutes les Epigrammes : On sçait assez qu’une Traduction litterale de Vers en Vers correcte & exacte, est difficile, & même presque impossible. J’ay pris sommairement les pensées d’Owen, en Latin, que j’ay habillées, du mieux que j’ay pû, à la Françoise ; j’en ay racourci quelques unes ; j’en ay augmenté d’autres, & je puis me flater que si je les ai changées quelques fois, en leur donnant plus ou moins d’étenduë, je ne les ai ni affoiblies ni défigurées. J’ay voulu les rendre comme Originales, quoyque copiées. Un Traducteur est moins esclave en Vers qu’en Prose ; il est contraint souvent de secouer le joug de la sujétion, & de se donner carriere, autant que les bornes d’une liberté raisonnable peuvent le permettre. J’ay suivi dans ces Epigrammes, l’ordre que j’y ay trouvé : & pour ne point effaroucher les Dames, qui ne sont point aussi sçavantes que vous, & à qui ces Traductions pourront ne pas déplaire, je ni ay point mis le texte Latin.

J’ay joint aux Epigrammes d’Owen, quelques unes de Buchanan, qui estoit un bel esprit d’Ecosse, presque contemporain d’Owen. Ses Poësies le rendirent celebre, & font encore réverer sa memoire à tous les gens de Lettres. Je vous rends, Madame, un compte fidelle de mon travail, Je seray trop heureux, s’il peut vous plaire ; s’il n’a pas ce bonheur songez du moins que je ne l’ay entrepris, que pour vous faire plaisir, & pour vous montrer combien. Je suis.

La lecture de ces sortes de Livres ne fait pas seulement beaucoup de plaisir quand les Epigrammes sont accompagnées du sel qu’elles doivent avoir ; mais elle doit aussi estre d’une grande utilité, puisque rien n’est plus capable d’engager les hommes à se corriger de beaucoup de leurs défauts.

On doit croire que la Traduction des Epigrammes d’Owen est fidelle, puisque la Langue Latine a esté aussi familiere au Traducteur dés sa plus grande jeunesse, que la Françoise, & qu’il a composé quatre-vingt ouvrages latins tous en Vers & sur differens sujets dont on trouvera peu d’exemples, & dont il vient de donner au public une Traduction de la plus grande partie. La varieté des sujets & la maniere dont ils sont traitez, doit faire juger au Lecteur, que la lecture n’en peut estre que tres-attachante & tres-divertissante.

Ces deux ouvrages sont de Mr le Brun, aussi connu par son merite particulier que par plusieurs autres ouvrages qui luy ont fait honneur dans le monde, & par la qualité de parfaitement honneste-homme. Rien ne l’a jamais porté à écrire que l’heureux genie qu’il a pour les belles Lettres, & quand cela se rencontre dans un Auteur, qui d’ailleurs est fort distingué dans le monde, il s’ensuit toûjours que tous ses ouvrages ont tout ce qu’il faut pour plaire au public.

Le premier de ces Livres se vend chez Pierre Ribou, Quay des Augustins, à la descente du Pont-neuf, à l’Image Saint Louis ; & le second, chez Simon Langlois, ruë S. Etienne d’égrés, au Bon Pasteur.

On vient encore d’en mettre un autre au jour qui a pour titre.

Nouvelle Methode, pour aprendre la Musique, par des démonstrations faciles, suivies d’un grand nombre de Leçons à une & à deux Voix, avec des Tables qui facilitent l’habitude des transpositions, & la connoissance des diferentes mesures. Ouvrage également utile à ceux qui enseignent ou qui aprennent la Musique, par le moyen duquel les personnes qui en on déja quelque teinture, soit pour la voix soit pour Instrumens ; même celles qui sçavent seulement le Plain-Chant, pourront en cas de necessité s’instruire par elle mêmes.

Il paroist que le titre de ce Livre, contient tout ce que l’on en pourroit dire, & en effet il est des plus étendus ; mais quoy qu’il dise beaucoup le Lecteur en aprendra davantage dans la Preface. Tout l’Ouvrage est gravé, & doit avoir coûté infiniment à l’Auteur.

Il se vend chez l’Auteur, ruë du Mouton, prés de la Grêve. Le Prix est de quatre livres en blanc & de cinq livres relié.

Mr Barreme, vient de mettre au jour le premier Tome du nouveau Livre des Changes Estrangers de toutes les principales Villes de l’Europe, où la France à correspondance.

On y trouve tous faits par des Tarifs parfaits, tous les Changes Estrangers, à tous les differens prix du Change qu’ils puissent arriver, tant pour les Traittes que pour les remises, soit pour payer en argent ou en billets, tous les differens Pairs des Places entre-elles suivant tous les temps ; les Agios, les Negociations, les Reductions des Mesures, Poids & Monnoyes pour les Facteurs, &c. le tout par Tarif.

Avec un Traité pour faire par regles tout ce qui est cy-dessus ; chaque Regle accompagnée de son instruction, de son établissement & de sa maxime generale, avec leurs preuves & raisons, suivi de leur application pour connoître les profits & pertes avec seureté, pour les avantages d’une Place à l’autre.

Ce premier Tome traite à fond de tout ce qui est cy dessus pour l’Angleterre, la Hollande & la Flandre avec la France, & dont on répond de la correction parfaite, tout estant recalculé par l’Auteur depuis l’Impression, & le peu d’erreurs échapées estant corrigées de sa main avant qu’il y mette son Paraphe, sans quoy la seureté ne s’y trouveroit pas. L’Avant propos de ce Livre en dit beaucoup davantage.

Il ne se vend qu’à Paris chez la veuve Bessin, sur le Quay de Conti, dans la maison du sieur Barreme.

[Abregé des dernieres Lettres d’Hispahan, écrite par Mr l’Evesque de Babylone] §

Mercure galant, octobre 1709 [tome 10], p. 178-185.

Vous trouverez l’Article suivant digne de vostre curiosité ; c’est un Abregé de ce que portent les dernieres Lettres écrites d’Hispahan, par Mr l’Evêque de Babylone.

Mr Pidou de Saint-Olon, Evêque de Babylone, ayant esté nonobstant son grand âge, jusqu’à l’entrée de l’Armenie Persane pour faire reconnoistre Mr Michel, Envoyé du Roy à la Cour de Perse, & depuis, l’ayant appuyé de ses Conseils & de sa presence à Hispahan, mande de cette Capitale que le 29. Novembre dernier Mr Michel ayant fini glorieusement sa Legation, en estoit parti ; que les Missionnaires, les Francs, Mrs les Scherimannes, riches Armeniens Catholiques, & autres, luy vinrent dire adieu ; que cet Envoyé, aprés avoir fait tirer trois coups de canon pour signal de départ, monta à cheval & conduisit Mr l’Evêque de Babylone à l’ancienne Place publique à l’Eglise des Carmes Déchaux, où ce Prelat ayant pris la Chape & la Mitre, entonna le Te Deum ; qu’il fit ensuite assis, la Mitre en teste, des remercimens à Mr l’Envoyé au nom de tous les Missionnaires & de tous les Francs & Orthodoxes, de tout ce qu’il avoit fait pour la Religion & pour l’Etat, ayant avec la grace de Dieu surmonté par sa constance & sa sagesse beaucoup d’obstacles, de périls & de peines, relevé l’honneur de la Nation en Perse, & rétabli toutes les Missions, en leur obtenant du Sophi d’amples Privileges & de belles Lettres de protection, & jetté les fondemens d’un utile & honorable commerce avec la France par d’avantageuses Capitulations ; qu’enfin la Priere pour son heureux voyage & quelques rafraîchissemens, Mr l’Envoyé prit congé de Mr l’Evêque de Babylone, & partit accompagné d’un Memander ou Conducteur de la Cour qui avoit ordre de le faire honorer par tout ; qu’on avoit donné à Mr l’Envoyé seize Chameaux & vingt-deux Chevaux pour son équipage, qui estoit autant qu’il en avoit demandé ; qu’on avoit continué de luy donner 3 Tomans par jour (qui valent 50 écus) jusqu’au confins de la Perse ; qu’on luy avoit rendu de grands honneurs dans cette Cour, & même plus qu’à aucun dont on se souvienne ; qu’il fut reconduit par plusieurs Francs jusqu’à un Village à trois lieuës d’Hispahan, où il n’arriva qu’au clair de la Lune, n’étant parti de la Maison où le Roy de Perse le logeoit, que l’aprés-dînée ; que plusieurs Religieux de differens Ordres l’accompagnoient, & entr’autres un P. Carme Déchaux, chassé de Bassora par les Turcs, qui ont aussi chassé de Bagdat les Capucins à l’instigation des Schismatiques de Turquie ; qu’un jeune Armenien Catholique de Zulpha ou quartier des Armeniens d’Hispahan, venoit avec Mr l’Envoyé, pour apprendre en France la Chirurgie (qui sert beaucoup aux Missionnaires de Turquie & de Perse) que le sieur Beauregard d’Aix en Provence, Orfévre, estoit demeuré à Hispahan pour y exercer son métier ; que le Sophi avoit deffendu à ses Sujets qui ne sont pas de sa Religion de porter le sabre à Hispahan ; des souliers à la Persienne, & à eux & aux autres de sortir en temps de pluye & de nuage, qui sont rares à Hispahan, & aux Chrestiens de sonner leurs cloches, qu’on laisse aux seuls Missionnaires ou Francs (ce qui est un effet de la protection du Roy, & de la legation de Mr Michel son Envoyé) & que le Sophi n’ayant point répandu de sang depuis qu’il regne, s’est contenté de releguer un Eunuque son grand Ecuyer, qu’il vouloit faire décapiter pour prévarication, & de confisquer ses biens montant à quatre-vingt mille Tomans.

[Article du grand Caire, qui doit toucher beaucoup le Lecteur] §

Mercure galant, octobre 1709 [tome 10], p. 224-251.

Le Pere François Clement de Semur, de la Province de Lyon, ayant eu un ordre du Pere general des Recollects, se rendit à Marseille pour remplir sa Mission qui l’appelloit dans la Terre Sainte. Il n’y fut pas plutost arrivé qu’on le destina à la Cure d’Alexandrie d’Egypte ; il exerça trois mois cet emploi chez le Consul de la Nation Françoise, & il reçut ensuite un ordre pour aller servir en la même qualité chez le Consul au grand Caire. Il y servit avec édification durant deux mois, mais au bout de ce temps-là quelques Marchands l’ayant accusé d’avoir esté chez des femmes chrestiennes, pour leur porter les aumônes qu’on trouve le Dimanche, ils accompagnerent leur recit de quelques circonstances qui attaquoient l’honneur & la réputation du Pere Clement. Ce Religieux outré de l’injustice qu’on luy faisoit & s’imaginant qu’on le renvoyeroit en France, où l’on ne le regarderoit plus que comme un homme d’une réputation tout-à-fait flétrie, s’enfuit au Chasteau que les Turcs occupent ; dés que le bruit de son évasion se fut répandu parmi les Chrestiens, Mr le Consul luy écrivit la Lettre du monde la plus tendre & la plus touchante pour l’obliger à revenir ; & il en reçut la réponse suivante le jour même de son évasion. Monsieur, je vous remercie de tout mon cœur ; laissez-moy faire, les choses iront bien, mais ne vous mêlez de rien, vous serez consolé : on m’a deshonoré ; je me suis deshonoré moy-même, à l’exterieur ; car ab intus, les choses ne sont pas ainsi ; il est juste que je repare tout, mais le temps n’est pas encore propre, ne dites rien. On découvre dans ce billet les veritables sentimens du Pere Clement, & on y voit que ce Religieux n’avoit jamais eu le dessein de renoncer sa foy, & qu’il n’étoit entré dans sa foiblesse aucune idée d’honneur, de richesse, & de plaisir qui ont esté un écueil funeste pour tant de Chrestiens, quelque coupable qu’il s’avouë dans la priere qu’il fit en mourant. En effet, il laissa en partant un billet qui étoit rempli de plaintes sur l’injustice qu’il croyoit qu’on luy avoir faite, & qu’il finit en disant que son sang crieroit contre ses calomniateurs jusqu’à l’Occident. Enfin il n’eut pas plutost reçu la lettre du Consul qu’il ne pensa qu’à reparer glorieusement sa faute & à ramener à la Foy Catholique un jeune François qui l’avoit abandonnée, & pour le retour duquel les Turcs ont crû dans la suite que le Pere Clement avoit feint de se retirer parmi eux : mais ce jeune libertin au lieu de profiter des exhortations du Religieux alla le dénoncer au Bacha, qui le manda aussi tost pour s’éclaircir avec luy. Le Pere Clement avoüa tout, & declara sans hesiter qu’il estoit né Chrestien, & qu’il professeroit sa Religion jusqu’au dernier soupir de sa vie. Sur cela le Bacha le renvoya, & ayant ordonné qu’on tâchast de le gagner à force de caresses, il le fit revenir quelques jours aprés, & il fit apporter en même temps son ancien habit de Recollect & le fit mettre dans un lieu d’où il pust estre apperçu du Pere, qui en effet l’ayant d’abord apperçu, à mesure qu’il entra dans la Salle du Bacha, il s’y jetta à l’instant, l’embrassant, le baisant, & fondant en larmes. Ces demonstrations ayant convaincu le Bacha que le Pere n’estoit nullement disposé à embrasser le Mahometisme, il envoya querir l’Officier des Janissaires qui le luy avoit amené, & en le luy rendant, il s’éleva fort contre-luy de luy avoir presenté un homme Chrestien, comme s’il eut eu dessein de prendre le Turban. L’Officier picqué des reproches du Bacha, & ne voulant pas avoir le démenti de l’avance qu’il avoit faite, mit toutes choses en usage pendant trois semaines qu’il l’eut en sa garde pour l’obliger à renoncer sa foy ; tantost il luy faisoit essuyer les plus indignes traitemens, & les plus cruels supplices, tantost il entreprenoit de le séduire par les plaisirs les plus delicats & les plus sensuels ; enfin il en vint à ce point qu’il le fit circoncire par force & par une violence extrême. Dans une occasion où on luy avoit mis un Turban sur la teste, il le prit & le foula aux pieds en presence d’une multitude de Turcs qui le regardoient, & qui indignez de cette action furent sur le point de l’assommer. L’Officier le fit remettre dans un cachot, où le Consul ayant trouvé le moyen de faire penetrer une Lettre où il luy offroit ses services pour le retirer de l’estat où il estoit, ce saint Martyr le remercia, & le pria de lui laisser expier sa faute ; ajoûtant que pour toute grace il le supplioit que par son credit il empêchast qu’on ne le fist mourir à petit feu, comme on l’en menaçoit tous les jours. Enfin au bout de trois semaines on le fit sortir d’un cachot d’où l’on s’attendoit de ne voir sortir qu’un spectre, à cause de l’infection du lieu, des mauvais traitemens qu’il y avoit essuyez, & plus que cela, à cause de l’operation de la circoncision, dont la playe n’avoit point esté soignée : mais quel fut l’étonnement des Chrestiens & des Turcs lorsqu’ils le virent sortir de ce lieu d’infection avec un visage resplendissant & tout rayonnant d’une lumiere extraordinaire ; tout le monde s’écria alors, qu’il y avoit en cela quelque chose de surnaturel, comme cela estoit effectivement : en cet estat il fut mené au grand Divan, où le Bacha, & le Cady l’interrogerent, & sur ce qu’il répondit toujours avec constance que la Religion Chrestienne estoit l’unique veritable, & qu’il la confesseroit jusqu’au dernier moment de sa vie, l’Officier des Janissaires, qui l’avoit en garde dit tout haut, qu’il falloit chercher un supplice qui pust durer quatre ou cinq jours, & qu’il s’offroit pendant ce temps-là à chaque quart d’heure de luy couper un morceau de son corps. Le Cady, repliqua que ce n’estoit pas à luy à juger les Criminels, & fit reconduire le Pere en prison encore pour trois jours, avec ordre qu’on lui demandât soir & matin s’il vouloit se faire Mahometan, aprés quoy on le rameneroit au Divan, pour le juger suivant sa déclaration. Le terme expiré, on le ramena ; c’estoit un 27e. May, jour de l’Ascension, & il y parut aussi lumineux & rayonnant que la premiere fois, & même davantage, selon ce que portent quelques Lettres. Arrivé au Divan, & avant même qu’on l’interrogeast, il s’écria de toute sa force : Je suis Chrestien, & je vous remercie, ô Jesus, de la grace que vous me faites de pouvoir vous confesser devant les ennemis de vostre saint Nom, que j’avois si mal édifiez ; faites que la mort que je vais souffrir pour vostre sainte Foy, serve à leur confusion, & à la conversion d’un Pays, où tant de saints Solitaires ont eu le bonheur de vous servir. En achevant ces paroles on le tira du Divan, par ordre du Cady, qui l’avoit condamné à avoir la teste tranchée, & on le conduisit au Carameïdan. Le Bacha qui avoit fait tout ce qu’il avoit pû pour le sauver, chargea encore le Vaivode (c’est le grand Prevost des Turcs) d’empêcher que le corps ne tombât entre les mains de la populace, qui l’eut brûlé, car parmy les Turcs, c’est une insulte pour la Nation, dont les sujets reçoivent ce traitement. Le Jugement portoit qu’il seroit executé dans la grande Place ; mais à cause de la multitude innombrable de monde qui l’attendoit, le Vaivode en fit faire l’execution dans le Carameïdan. Lorsqu’il y fut arrivé il se mit à genoux, & aprés qu’on luy eut lié les mains derriere le dos, sa priere estant finie, & ayant répondu trois fois consecutives aux questions qui luy furent faites, s’il estoit Turc ou Chrestien, qu’il estoit prest de mourir pour la Religion de Jesus-Christ, l’Executeur fit voler sa teste d’un seul coup à dix pas de là, sans luy avoir bandé les yeux auparavant. Son corps fut en même temps enlevé par ordre du Vaivode, & on trouva en le dépoüillant la Priere qui suit écrite dans un papier qu’il avoit mis sur son cœur, & qu’on crut qu’il avoit dite en allant au supplice. La voici mot pour mot. Je me confesseray à vous, Seigneur, puisque vostre justice permet que je ne puisse en ce dernier jour de ma vie, reconnoistre aux pieds d’un de nos Freres l’énormité des pechez dont j’ay eu le malheur de vous offenser. (On doit remarquer qu’il avoit demandé pendant plus de trois semaines un Prestre pour luy declarer ses pechez, sans que les Turcs eussent voulu consentir qu’aucun entrast dans la prison, & luy parlast.) Vous m’aviez fait naître, ô mon Dieu, de parens qui n’avoient rien oublié pour m’inspirer vostre sainte crainte. Vous m’aviez appellé à vous dés le matin, & separé de ce monde pour me preserver de la corruption ; combien de fois, ô Seigneur, m’avez-vous fait sentir vos saintes graces dans les bons exemples de mes Freres ; dans les livres composez à vostre honneur & dans les saintes exhortations de mes Superieurs ; fortifié de ces secours divins, j’aurois pensé comme un autre Pierre que je ne vous renierois jamais, quand j’en devrois perdre la vie ; mais, ô foiblesse humaine, une imagination sans fondement, une terreur d’estre deshonoré, m’a fait commettre le plus grand de tous les crimes. Je vous renie, ô Seigneur, & je vous renie à la face de mes Freres, de ma Nation, & de toutes les Nations Chrestiennes : à la face des ennemis de vôtre Nom, qui en triomphent, & en prennent occasion de se confirmer dans leurs erreurs, & dans leur infidélité envers vous ; qui auroit crû que moy, ô mon Dieu, qu’aprés avoir merité vôtre reprobation & vostre abandonnement ; & qu’au milieu de mes égaremens, il vous plust de tourner les yeux vers moy & de me rappeller à vous, & que vous ne souffrez pas que j’acheve totalement mon crime ! Je sens, Seigneur, la force de ces regards ; je vois la grandeur de ma faute : soûtenez-moy afin que je sorte de ces miserables lieux où je me suis perdu ; que je pleure amerement ; que je lave de mes larmes cette tache, dont j’ay couvert le saint nom dont vous m’aviez honoré ; le saint habit dont j’avois eu l’honneur d’estre revêtu, mon troupeau, ma patrie ; & puisqu’ils ont esté témoins de ma desertion, qu’ils sçachent mon retour vers vous ; que j’efface ces scandales ; que je leur sois un sujet de croire plus fermement en vous ; que si quelqu’un d’eux, ô mon Dieu, a imité dans son cœur la publicité de mon crime, qu’il puisse profiter de mes larmes & de mon repentir ; que mon sang dont je vais le sceller puisse, ô mon Dieu, satisfaire vostre justice pour tous les pechez que j’ay commis contre vostre sainte Majesté ; mais sur tout pour cet abandonnement de vostre sainte Foy, dont j’ay flétri mon caractere de Prestre & de Religieux. Vous les sçavez tous, ô mon Dieu, ces pechez, puisque rien ne vous est inconnu. Vous sçavez aussi que mon desir seroit de satisfaire en ce dernier moment à vos saints Commandemens, & de les confesser, non-seulement à un de vos saints Prestres, mais devant toutes les Nations de la terre, pour en obtenir de vous plus aisément le pardon. Recevez, ô mon Dieu, cette disposition de mon cœur ; recevez cette vie qu’il vous a plû me donner : recevez mon ame pleine de repentir de mes égaremens de toutes mes fautes, & sur tout de la derniere de ma vie ; qu’il vous plaise aujourd’huy me recevoir en vostre saint Paradis ; vous le donnâtes, Seigneur, à celuy qui vous pria à l’arbre de la Croix de luy faire misericorde ; je vous ay mille fois plus offensé que luy : mais je sçay que cette misericorde est infinie ; Jesus misericordieux, Jesus qui avez promis de ne point rejetter ceux qui reviendront à vous, me voilà prosterné au pied du Thrône d’où vous m’allez juger dans un moment ; ne m’imputez pas ô doux Jesus, les ignorances, & les foiblesses de ma jeunesse ; n’entrez pas avec moy en jugement ; pardonnez-moy selon la grandeur de vostre misericorde ; pardonnez à ceux qui sont la cause innocente de ma chûte, comme je leur pardonne de tout mon cœur : oüy, mon Dieu, j’espere en vostre misericorde, & que si je n’ay pas esté assez heureux de répandre mon sang pour l’honneur de vostre saint Nom, comme je l’aurois dû faire mille fois plûtost que de le nier ; vous voudrez bien au moins le recevoir en satisfaction de mon égarement ; je vous le presente Seigneur, ce sang, jusques à la derniere goutte, je le répand de tout mon cœur ; qu’il entraîne avec luy toutes les soüillûres de mon ame. Recevez là, Seigneur, dans vos saintes mains, & que reünie à vous, elle vous glorifie durant toute l’Eternité. Amen. La veille de sa mort ce bienheureux Religieux passa la nuit en prieres, & on l’entendit sanglotter durant plusieurs heures, demandant à haute voix pardon à Dieu de son infidélité, le conjurant de la luy pardonner. Le même jour ce saint Religieux reçût du Superieur des Peres Capucins, qui avoit eu la liberté de le voir, l’absolution de ses pechez, aprés une Confession qu’il n’eut pas le temps de continuer ; & c’est sans doute ce qu’il veut dire dans sa Priere par ces mots : Je me confesserai à vous, Seigneur, puisque, &c. c’est-à-dire puisque je n’ay pas eu le temps de déclarer tous mes pechez. Il declara à ce Pere Capucin que la Lettre de Mr le Consul avoit fort contribué à le rappeller à son devoir, & il le chargea de demander en son nom à tous les Religieux, & à tous les François, pardon du mauvais exemple qu’il leur avoit donné, & de ne point travailler à luy ôter la satisfaction de réparer sa faute en répandant son sang pour J.C. Il faut remarquer enfin que quoy qu’il eut esté résolu au Divan, de le faire mourir le 13. May cela fut differé jusqu’au 27. jour de l’Ascension, dans le même temps, selon un calcul exact, qu’on lisoit l’Evangile de l’Ascension de J.C. dans le Ciel. On a chanté le Te Deum, dans toutes les Eglises Chrestiennes d’Egypte, pour cette mort glorieuse, & Mr le Consul, en a reçû des complimens de toutes parts. L’Eglise Grecque jeûna pendant trois jours lors de la désertion du Pere Clement ; les Cophtes (c’est-à-dire les Jacobites) n’en témoignerent pas moins de douleur, & ils ont fait les uns & les autres aussi bien que les Armeniens, des réjoüissances sur le triomphe de ce genereux Religieux, qui durent encore à present.

Air nouveau §

Mercure galant, octobre 1709 [tome 10], p. 357-359.Il est probable que M. Daubicourt soit Gautier d'Aubicourt dont le rédacteur affirme qu'il envoye souvent de ses Ouvrages.

Nous attendons aussi à tous momens une grande quantité de vin qui vient de quelques Provinces de France, où les vendanges ont esté tres-abondantes ; c’est pourquoy la Chanson que je vous envoye conviendra bien à la suite de cet Article.

AIR NOUVEAU.

Avis pour placer les Figures : l’Air qui commence par, Si vous voulez, Iris, doit regarder la page 358.
Si vous voulez, Iris, qu’une couleur vermeille
Releve vos appas,
Ne buvez dans tous vos repas
Que de cette liqueur que nous fournit la Treille ;
Quelques verres de vin
Soit de Bourgogne ou de Champagne
Enluminent le teint tin tin relintintin,
Mieux que le vermillon d’Espagne.
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Enigme §

Mercure galant, octobre 1709 [tome 10], p. 359-363.

Cette Chanson est de l’Auteur de l’Enigme de la Tabatiere, qui estoit le veritable mot de celle du mois dernier. Ceux qui l’ont trouvé sont Mrs le Chevalier de la Trourie ; le jeune Vauclin ; d’Aspe ; Pennavalli ; d’Artigle ; d’Auzembert ; le Solitaire du Marais ; le grand Chantre, & sa Linotte, du quartier Saint Jacques ; les deux Jaloux ; le Devineur, de la ruë Saint Marc ; le Chercheur d’Aventure, de la foire Saint Denis ; l’Unique, de la ruë de la Huchette ; le Misantrope, du quartier Saint Antoine ; l’Amant transi, de la ruë Saint Honoré ; l’Amant opiniastre, de la ruë Saint Denis ; l’Adolescent, de la même ruë ; & le Grand preneur de Tabac, du quartier du Palais Royal. Mlles de la Gibliniere ; de Plessac ; d’Argental ; de Livron ; la jeune Muse renaissante G.O. l’Amante du Tabac ; la plus jeune des belles Dames de la ruë des Bernardins ; la Bergere Climene & son Berger Tircis ; la Solitaire, de la ruë aux Féves ; les Sœurs Musiciennes, de la même ruë ; la belle Pagode ; la Curieuse de belles Tabatieres ; l’Antipode du Tabac ; l’Aventuriere du quartier Saint Martin ; la Belle qui n’ose sortir, n’ayant que des habits de la Chine, & la jeune Aman de la ruë de la Huchette.

L’Enigme qui suit m’a esté envoyée par un bel esprit de Saint Brieu.

ENIGME.

On ne sçauroit nombrer mes freres & mes sœurs,
Tant il s’en trouve dans le monde.
Je procure aux Mortels mille & mille douceurs,
Que je porte sur terre, & j’apporte sur l’onde.
***
Quoy que sensible à la froidure,
Pendant l’Hyver je suis tout nû :
Et par ma bizarre nature
J’attends pour me vêtir que le chaud soit venu.
***
Ma livrée est pour l’un un titre respectable,
Et pour l’autre ignominieux :
Le Cordon en est honorable ;
Le Bonnet en est odieux.
***
Jamais tant que je vis je ne chante & ne dance ;
Mais le caprice de mon sort
Veut que quelquefois en cadence
Je chante & dance aprés ma mort.

Air nouveau §

Mercure galant, octobre 1709 [tome 10], p. 363-364.

Je vous envoye une Chanson nouvelle. Les paroles ont esté Notées par une personne dont la Musique a toûjours eu le bonheur de vous plaire.

AIR NOUVEAU.

Avis pour placer les Figures : l’Air qui commence par, Pourquoy soupirer, doit regarder la page 364.
Pourquoy soupirer sans cesse,
Pourquoy tant de langueur : pourquoy tant de tristesse,
De voir finir la saison des beaux jours :
Il ne m’importe guere
Qu’ils soient longs ou qu’ils soient courts,
Pourvû que je les passe auprés de ma Bergere.
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