2018

« Les recueils facétieux augmentés des XVI-XVIIe siècles, une piste d’étude pour leurs publics »

Sorbonne Université, Labex OBVIL, license cc.

Romain Weber

2018

« Les recueils facétieux augmentés des XVI-XVIIe siècles, une piste d’étude pour leurs publics » §

Rares traces de lectures et de lecteurs anciens §

Nous n’avons conservé, en France, que bien peu de traces directes des publics du livre d’Ancien Régime et à fortiori des recueils facétieux 1 . Une chose est sûre pourtant, ces recueils naissent et se développent comme divertissement humaniste, dans l’entourage de cours princières ou royales aux XVe et début XVIe siècle 2 . D’abord sous forme de manuscrits, richement enluminés puis, ils entrent dans l’économie du livre imprimé de luxe. Une nouvelle ère s’ouvre à partir des années 1550. Le recueil facétieux est surtout imprimé sur petit, voire très petit format, parfois de piètre qualité. On peut imaginer pour lui un élargissement considérable de sa diffusion à cette occasion. Qu’en est-il de son public ? Comment le cerner ?

J’ai tenté de le traquer en croisant trois types d’informations : d’un côté les traces laissées par ceux qui ont possédé ou qui ont eu en main les ouvrages, de l’autre les indications de lectorat que les auteurs ont pu disséminer dans leurs textes et enfin, les choix de publics que peuvent révéler des données éditoriales, entre lesquelles les modifications (matérielles ou textuelles) qu’ont subi les recueils lors de leurs rééditions. Je m’attarderai davantage sur cette voie, qui me semble n’avoir pas encore été explorée, en examinant la manière dont certains éditeurs 3 ont transformé la portée de ces textes et avec elle leur public, par des modifications à contresens de l’original.

Ces trois types d’informations me semblent intéressantes à confronter. Pour cela, je me suis restreint à deux recueils facétieux : La Nouvelle fabrique de Philippe d’Alcripe, publiée en 1579 et Les Heures perdues de R. D. M. (René de Menou), publié en 1615. Vous allez comprendre pourquoi ce choix.

Lecteurs et possesseurs §

J’ai donc commencé par recueillir les différents types de données disponibles sur les anciens possesseurs ou anciens lecteurs de mes deux textes : les marques de possession que l’on peut trouver sur les exemplaires, les mentions de ces textes dans des catalogues de vente de bibliothèques privées, les mentions de leur lecture dispersées dans d’autres textes, etc. Au total, du XVIe au XIXe siècle, ce sont 67 noms (pseudonymes, astéronymes…) repérés en rapport avec le texte d’Alcripe et 66 avec celui de Menou, 19 étant communs aux deux. Ce chiffre pourrait être augmenté par une étude plus systématique de ces catalogues du XVIIe au XIXe siècle. À cela, on pourrait ajouter les 19 éditeurs ayant apposé leur nom sur les pages de titre de nos deux recueils, mais ceux-ci, s’ils sont bien des lecteurs, ne sont pas des publics comme les autres, puisque sous leur nom se cachent des entreprises commerciales qu’il est difficile de qualifier socialement 4 .

Malheureusement, le recensement des marques de propriété (ex-libris, ex-dono, armes…) ou des mentions de provenances pose aujourd’hui problème. Elles n’ont en effet que rarement été notées par les bibliothèques publiques qui se sont peu, pour cela, dotées d’outils et de protocoles de description et encore moins d’interrogation. Petit à petit, des bases de données voient le jour, mais elles sont balbutiantes 5 . Il faut donc, aujourd’hui encore, examiner le volume ou le fichier numérisé de chaque exemplaire pour obtenir ce type d’information, ce qui limite considérablement les recherches et les essais de statistiques.

Et lorsque l’on trouve des armes ou des ex-libris à la plume, ils ne sont pas toujours lisibles ou ne renvoient pas à un individu identifiable : par exemple, le « mtr G. V. Bellegarde » de l’exemplaire de l’édition Larjot de Menou se trouvant à la BM de Lyon demeure pour moi inexploitable. Il y en a tout de même de lisibles qui révèlent un souci de propriété et de constitution de collection intéressant : par exemple celui de Pierre-Daniel Huet, connu pour son Traité de l’origine des romans, celui de Guyon de Sardiere ou de Robert Samuel Turner qui s’est intéressé particulièrement aux Heures perdues de Menou puisqu’il a été en possession de trois éditions différentes de ce texte.

Du XVIe au XIXe siècle, j’ai donc collecté 114 noms ayant possédé, lu, édité ou commenté ces deux textes. J’ai par ailleurs écarté des dizaines de références de possesseurs des éditions modernes d’Alcripe (Jannet, 1853) et de Menou (Liseux, 1881) que l’on rencontre très fréquemment dans les catalogues de ventes de la seconde moitié du XIXe siècle. La liste de ces noms et leurs références se trouvent consultables en annexe.

Premières constatations, le nombre de traces d’Alcripe est équivalent à celui de Menou, un cinquième renvoyant à la fois à Alcripe et à Menou. On peut en conclure qu’il y a un public commun non négligeable pour ces deux textes et que leur rapprochement est pertinent aussi pour ce public ancien, même si par leur date de publication, leur aspect matériel et leur style, nous avons bien affaire à deux types de publications très différentes.

Ensuite, les traces de public de ces deux textes sont essentiellement masculines. Leur lecture n’était pas impossible aux femmes puisque deux exemplaires de Menou et un d’Alcripe se retrouvent dans des bibliothèques féminines (voir liste ci-dessous). Cette absence du public féminin n’est pour une part pas spécifique à nos deux textes, les femmes ne possédant semble-t-il en bien propre que rarement une bibliothèque assez étoffée pour donner lieu à un catalogue de vente publique. Sur plus de 200 catalogues consultés, une dizaine seulement ont appartenu à des femmes d’ancien régime, leur taille étant souvent très réduite. Mais on peut penser que cela tient également aux textes eux-mêmes. À la langue archaïsante d’Alcripe rendant sa lecture peu aisée à un public non érudit ou à leur esprit : la gauloiserie du texte de Menou ou certaines blagues potentiellement porteuses de misogynie chez Alcripe.

La répartition sociologique de ces 114 noms reflète autant qu’on puisse en juger l’appartenance à une classe sociale élevée ou à des milieux lettrés : des nobles (un certain nombre sans titre spécifié, des barons, des comtes, des ducs, des marquis, des princes, un roi et un fils de roi), de hauts dignitaires religieux (un archevêque, un évêque), des érudits membres de sociétés savantes bibliophiles ou d’académiques (de provinces, française, des sciences, des belles-lettres, ou membres de l’institut…), des bibliothécaires, des médecins, des juristes, un trésorier général du sceau de France, un secrétaire du roi, cinq Légions d’honneur…

On trouve également la présence de ces textes hors de France, dans des bibliothèques privées et publiques, en Allemagne, en Angleterre, en Belgique (francophone à Bruxelles et néerlandophone, à Tournai et Gand), au Danemark, en Écosse, en Espagne, aux États-Unis et en Suisse.

Cela ne nous dit rien sur le « grand public » susceptible de lire nos deux recueils, mais cela nous renseigne au moins sur le goût prononcé de ce public noble et cultivé pour les recueils facétieux. Ce public est par ailleurs confirmé au XVIIe siècle (pour lequel j’ai trouvé peu de sources) par l’étude de H.-J. Martin et M. Lecocq dans Livres et lecteurs à Grenoble 6 . L’étude des livres de compte du libraire Nicolas détaille quels titres celui-ci a vendus à Grenoble dans les années 1650. Je n’y trouve malheureusement pas recensés ces deux volumes, mais tout de même des mentions d’achat de 10 recueils facétieux qui leurs sont parfois liés par des emprunts textuels ou de titre comme c’est le cas des Contes aux heures perdües d’Antoine d’Ouville. Sauf exception intéressante d’un marchand potier qui a un remords et rend le texte, ces achats sont le fait d’un public provincial, mais socialement proche de celui que nous avons vu : un pasteur, un apothicaire, M. Bertrand conseiller du roi et trésorier au bureau des finances, un garde des Sceaux, le secrétaire de Mgr de la Berchère, plusieurs avocats… 7

Les traces d’éditeurs §

Autre source d’information : l’éditeur. Celui-ci est le seul « public » qui a assurément lu ces textes et dont nous pouvons espérer encore aujourd’hui obtenir des informations. C’est un lecteur expérimenté et très particulier, puisque professionnel, qui se fait passeur vers d’autres lecteurs. Il doit, s’il veut vendre sa production, connaître les goûts de son public, ses attentes 8 . La question est alors de trouver et d’interpréter les traces matérielles ou textuelles de cette lecture. Ces dernières peuvent se présenter sous forme de pièces liminaires, mais également sous forme de remaniements ou d’augmentations que celui-ci a fait subir au texte lors d’une réédition non autorisée par l’auteur. Ce sont surtout ces ajouts, qu’il a jugés compatibles avec le texte initial, pour un public visé, que je voudrais explorer.

Il faut noter enfin que la forme du recueil facétieux est propice à ces augmentations. Ces recueils sont en effet des collections d’histoires n’ayant aucun rapport entre elles. Leur unité, quand il y en a une, provient d’une esthétique, de thématiques, d’un narrateur… Des éléments ténus donc, permettant à l’éditeur d’enlever ou d’ajouter des histoires puisées dans des recueils antérieurs ou de composer des recueils complets par simple réemploi. Le résultat, des publications purement éditoriales aux motivations surtout commerciales : un marché, un public.

Évaluer la compatibilité des ajouts n’est ensuite possible qu’avec des recueils à forte personnalité, d’où mes deux exemples que je pourrais qualifier de textes « à thèse » et qui ont justement connu plusieurs éditions transformées 9 .

La Nouvelle fabrique augmentée §

Le premier texte que j’étudie, la Nouvelle fabrique des excellents traicts de verité, a pour auteur Philippe le Picard alias Philippe d’Alcripe, qui fut moine à l’abbaye de Mortemer, près de Rouen, dans la forêt de Lyons. Son texte est entièrement centré sur cette région et ses habitants : les animaux, le petit peuple des campagnes (indigent, paysan, artisan), peu de nobles et quasiment pas de bourgeois. Beaucoup d’histoires sont presque sans protagonistes humains, ce qui veut dire sans moquerie : Alcripe ne veut « point enseigner le méchant » comme il l’écrit. 10 Peu de conflits entre personnages, donc d’échappatoire par la ruse 11 , ruses et conflits étant pourtant deux éléments moteurs du genre narratif facétieux. Affleure parfois une pointe de contestation sociale 12 , d’ironie envers la noblesse 13 ou d’invective contre les devins de son temps 14 , le tout étant soutenu par un narrateur qui se présente par petites touches comme un pauvre moine 15 qui a mis par écrit les « joyeuses histoires, & plaisants contes » d’une assemblée de « plusieurs touillautz [bons compagnons] mes bons amis […] faisant chere, lye » 16 au cabaret de la Mère Gillette.

À chaque fois, un événement extraordinaire fait irruption dans le quotidien, sans magie, mais parfois accompagné d’une pointe de merveilleux et surtout par des hasards extravagants ou la transgression imaginaire des lois de la physique. Ces mensonges volontairement exhibés sont appuyés, en exergue, par cette citation biblique « Omnis homo mendax » : tout homme est menteur. Ils permettent à Alcripe d’inverser une des grandes thématiques de la tradition comique : ces histoires sont véritables. Ce qu’il soutient par cette affirmation : « Pourquoy ne puis-je pas, […] aussi bien dire verité en pensant mentir, comme plusieurs affermant verité & mentent plus puant que vieux diables. » 17 . Partout on a l’impression de lire de fausses histoires facétieuses, tragiques ou prodigieuses, ici un canard ou un conte traditionnel détourné, accompagnés chacun de leur moralité parodique. Autant d’éléments foncièrement originaux. Ainsi, propose-t-il un nouveau genre d’histoires comiques et une nouvelle forme de rire, dont le faux manifeste laisse comprendre, en creux, une vérité du quotidien parfois difficile à dire 18 . Il se dégage de ce texte une poésie de pays de cocagne, d’absurde rationnel et de dureté quotidienne pour les petites gens tout à fait particulière.

Signatures des pièces liminaires et narrataires §

Le texte possède 14 pièces liminaires qui nous parlent et se répondent. En plus du narrateur, on y trouve des initiales (G. L. B. V. D. L.) et 4 signatures. Certaines connues, celles de maître D. Duthot et de frère Charles Duthot. D’après Françoise Joukovsky 19 , la famille Duthot est un vieux nom de la noblesse normande. Charles étant comme Alcripe moine à l’abbaye et Denis, maître ès arts, résidant à Paris lors de la publication du recueil. Deux autres signatures demeurent inconnues, l’une « Eust. Bodin » apposée sous un poème de D. Duthot (omis par l’édition de Fr. Joukovsky) et l’autre « Leonardi Reinoudi » sur un poème latin. Les narrataires du texte sont parfois très traditionnellement des dames indéterminées, interpellées lors de blagues grivoises, mais aussi, ce qui est original un « frere Guillebert » ou des « peres & freres » de l’entourage d’Alcripe dans l’abbaye (voir ci-dessus note 14).

Le premier éditeur Jean de Lastre §

Une fois ces éléments posés, il m’a paru intéressant d’étudier l’insertion du texte dans le catalogue de Jean de Lastre (ou de l’Astre), éditeur de la première édition dont l’existence longtemps douteuse est maintenant confirmée 20 . Pour ce qui nous est parvenu, 56 ouvrages publiés sur 9 ans et seulement 4 textes de plus de 100 pages 21 . Ce sont surtout un grand nombre de brochures politiques 22 , des occasionnels relatant des prodiges 23 , des prophéties 24 et quelques facéties en vers 25 . Presque que du petit, du pas cher et en réédition. La Nouvelle fabrique, avec ses 250 pages est unique, car il s’agit du seul recueil narratif original de ce catalogue. C’est de plus une parodie de beaucoup de ces textes publiés par Jean de Lastre. Comment penser, avec Michel Simonin 26 , qu’elle procède du même projet éditorial que les textes parodiés et les auteurs vilipendés ? Pour comprendre ce décalage on peut envisager une publication hors de tout projet éditorial de Jean de Lastre et à la charge complète de son auteur 27 . On peut imaginer que réalisant des livres de piètre qualité, de Lastre aura proposé des conditions financières intéressantes à Alcripe. Mais pourquoi aller chercher ce petit éditeur parisien, alors que Rouen est à l’époque un grand centre du livre ? Probablement parce que les relations avec l’éditeur n’ont pas été assurées par le moine Alcripe lui-même, mais par des intermédiaires parisiens comme son ami Denis Duthot qui signent plusieurs pièces liminaires. Il s’est agi surtout d’éloigner le texte du marché local normand afin de limiter les critiques de l’activité d’écriture d’Alcripe, dont on retrouve des traces jusque dans le registre des morts de son abbaye 28 . Et puis, le Picard meurt deux ans plus tard, en 1581 après des années de grave maladie, ce qui explique qu’il ne s’est pas chargé personnellement de la publication et que toutes les rééditions qui suivront (excepté celle cachée de Du Moulinet) n’auront plus ce scrupule et pourront être publiées à Rouen, région exclusive du texte.

On peut donc penser que, dans la 2ᵈᵉ moitié du XVIe siècle, après avoir acquis une forme matérielle lui permettant une large diffusion, le recueil facétieux a élargi son lectorat potentiel. Mais dans le cas de La nouvelle fabrique, celui-ci ne se manifeste pas sans contradiction pour l’auteur comme pour l’éditeur. Car Jean de Lastre, s’il a eu à écouler des exemplaires, a dû trouver un public apte à savourer les invectives et les détournements des brochures prodigieuses ou prophétiques dont il a fait son fonds de commerce.

Quant à Alcripe, le public que je décèle dans son texte me semble double. L’un qui doit goûter les éléments très littéraires, les parodies et l’ample dispositif paratextuel mis en place (ses signatures nobles, son latin, ses nombreuses références antiques, la forme sonnet employée…) Et l’autre, plus « populaire » qui doit se reconnaître dans son narrateur pauvre, la mise en scène du petit peuple des campagnes et de son univers. Corroboré par certains marqueurs, comme la référence prédominante à la vie quotidienne laborieuse, le caractère d’utilité ou d’intérêt pratique du texte (aspect ludique, descriptions de gestes techniques, listes de plantes, d’animaux, de maladies ou d’outils), une présentation matérielle médiocre, l’usage exclusif du français mâtiné d’éventuels régionalismes 29 , présence de moralités, même si elles se présentent sous forme parodique 30 ou du motif de cocagne et d’éléments du merveilleux traditionnel (animaux surnaturels, fées). J’entrevois donc le cas rare d’une œuvre entremêlant deux instances tournées vers deux publics : un discours sur le livre, élitiste, et un discours du livre, populaire.

La semi-édition Millot-du Moulinet 1612 §

Pour faire parler les rééditions modifiées, je commencerai par les Facecieux devis et plaisans contes du Sr du Moulinet paru en 1612. 31 Car ce texte est bien une réédition de la Nouvelle fabrique qui ne dit pas son nom. Diminuée, puisqu’on n’y trouve que 44 histoires 32 sur 100 et augmentée de 55 histoires prises à divers recueils 33 .

Du Moulinet ne semble pas être un pseudonyme, mais bien un auteur en vogue à l’époque 34 . Pour cette réédition renouvelée d’Alcripe, il écarte beaucoup de récits d’animaux ou de campagne et garde la dextérité surnaturelle 35 , l’absurde ou l’étrange 36 , le comique grivois 37 ou scatologique 38 et tout ce qu’il a pu de personnages citadins bourgeois et nobles. Il supprime les pièces liminaires, les moralités parodiques, la présence du narrateur et de son petit monde 39 et les éléments de contestation sociale. Il francise, modernise 40 le langage, raccourcit les énumérations facétieuses 41 et réécrit ici 42 une introduction ou insère là une longue parenthèse grivoise 43 .

Les histoires ajoutées, puisées dans d’autres recueils, portent beaucoup sur la misogynie, la tromperie, la moquerie envers les paysans. Elles recentrent le texte sur les conflits interpersonnels et le défigurent ainsi totalement.

Avec ce volume, nous changeons de catégorie d’imprimé : il est plus grand et mieux imprimé que les éditions précédentes, donc orienté vers un public plus fortuné. Il possède une jolie page de titre gravée sur cuivre qui annonce un auteur et un privilège. Sa forme matérielle, le choix des histoires et leurs modifications laissent voir également une réorientation vers un nouveau public : plus parisien, plus grivois, qui ne recherche pas une œuvre, mais une compilation pratique d’histoires pour rire.

L’édition d’Adrien Larchevesque §

La Nouvelle fabrique est rééditée anonymement vers 1730 par un médecin et érudit rouennais : Adrien Larchevesque 44 . Il n’est pas éditeur et ne semble avoir publié que ce texte-là. Peut-être a-t-il été sensible à l’arrière-plan normand du texte 45  ? Il adopte un système de graphies mixtes 46 , laissant des éléments datés qu’il éclaire parfois de notes de langue 47 . Son édition est « augmentée » de pièces liminaires 48 nouvelles et de 11 histoires manifestement de sa main 49 . Elles respectent assez bien le monde de la campagne, l’absurde, les moralités parodiques, mais le comique verbal a disparu, comme le « fantastique » et le narrateur proche petit peuple ou certains éléments critiques contre les puissants. On y trouve enfin deux improbables moqueries envers des paysans 50 et un éloge de Nostradamus ! Pourtant, Larchevesque affirme que ses histoires sont « dans le meme goût » 51 que l’original avec lequel il ne voit pas de contradiction.

Chose intéressante, il précise le lectorat habituel de ces facéties et celui qu’il veut toucher : « on a cru que ces faceties dont le genre ne manque point encor d’amateurs même du premier rang, pouroient trouver leur place parmi les délassemens des personnes occupées d’affaires sérieuses. » 52 Ces textes, nous dit-il, sont donc « encore » appréciés d’« amateurs du premier rang ». Mais cet « encore » laisse penser que l’engouement est en déclin. Le public visé par Larchevesque lui ressemble. Il goûte ces bonnes blagues et leur saveur ancienne ou régionale, mais de moins en moins ouvertement. Il ne signe d’ailleurs pas son édition. Le comique verbal à la Rabelais n’a plus vraiment bonne presse au XVIIIe siècle et Alcripe (circonstance atténuante ?) est présenté comme un ivrogne : « L’amour des dons de Baccus l’avoit rendu tout perclus de goute ». 53

Alcripe censuré par les trois rééditions §

Ce désamour progressif semble nourri d’une gêne croissante vis-à-vis de termes perçus comme grossiers. On trouve chez Alcripe, par exemple, quelques occurrences du mot « couille », spécialité rabelaisienne, ayant pu être perçu dès le XVIe siècle comme inconvenant. 54 Ainsi, chez Du Moulinet, « couille » est changée en « couillon » semble-t-il plus acceptable et « con » en « chose ». Les pages de l’unique exemplaire conservé de l’édition Aubert 1580 où se trouvent des histoires pouvant être considérées comme grivoises ont été arrachées par un lecteur qui a gardé l’anonymat 55 . Par la suite, ces termes seront abrégés par des astérisques : partiellement au XVIIIe siècle chez Larchevesque où on les devine encore, puis totalement au XIXe 56 . Cette problématique ne touchera que le texte d’Alcripe, celui de Menou voilant toujours sa grivoiserie sous le jeu de mots ou la métaphore, comme la plupart des textes facétieux de la période. 57

Désaveu du texte aux XVIIIe et XIXe siècles. §

Autre élément pouvant participer à ce désamour, le monde très populaire et campagnard probablement loin des préoccupations de ce public noble, citadin et cultivé qui a pu être blessé par les marques d’irrévérences ou d’inconvenance. Les premières rares traces de la Nouvelle fabrique, très proches chronologiquement de sa publication, sont positives ou neutres : les Duthot louent le texte dans leurs pièces liminaires ; La Croix du Maine 58 qui a perçu sa dimension ironique ou moqueuse le décrit finement et sans jugement dans sa Bibliothèque ; Du Moulinet s’enorgueillit dans son « Au lecteur » de l’excellence des contes qu’il a choisis.

Il faut ensuite attendre le XVIIIe siècle pour trouver d’autres témoignages et voir s’amorcer alors une lente descente aux enfers du texte : la Monnoye 59 , Lenglet du Fresnoy 60 , le marquis de Paulmy 61 , le Journal de Litterature 62 , Emmanuel Viollet le Duc 63 sont unanimes : ce ne sont que fades plaisanteries et grossièretés. Le texte est réédité en 1853 par Gratet-Duplessis 64 avec l’ajout de trois opuscules gothiques 65 pour leur vague « ressemblance ». Gratet-Duplessis amplifie donc lui aussi le texte et déforme sa signification. Enfin sa réédition est anonyme (signée « X. ») ; une telle « bouffonnerie » qui se ressent de la grossière simplicité de son époque ne semble pas avouable. Ce n’est qu’après sa mort survenue l’année même que son nom est associé à la publication dans les prospectus de son éditeur, Pierre Jannet.

Par chance, ces mêmes prospectus nous renseignent sur le public visé 66 . Pour sa collection, Jannet espère amener « un public nouveau » à la littérature ancienne, « la rareté native et le prix exorbitant de ces publications les rendaient inabordables pour le plus grand nombre ». Il propose pour cela des documents propres à faciliter l’étude « des mœurs, de la littérature et de l’histoire du passé » « à la portée de tous par la modicité de leur prix ». Il s’agit donc là d’une démarche volontaire proposant des textes à un prix modique pour élargir un public qui n’a manifestement pas encore évolué. Mais cette modicité — 4 fr dépasse tout de même le salaire quotidien moyen d’un ouvrier masculin de l’industrie 67 — est surtout à considérer au regard des volumes anciens. Le libraire Techener propose l’édition peu rare de Larchevesque à 36 fr en 1843 et 45 fr en 1853 68 . Il faut noter enfin que les motivations affichées de Pierre Jannet restent l’étude et non le divertissement, ce qui ne permet pas de considérer qu’il se tourne véritablement vers le « grand public ».

Menou, Les heures perdues de R. D. M. augmentées §

Les heures perdues de R. D. M. cavalier françois est le second texte à forte personnalité qui est en ce sens complémentaire de La Nouvelle fabrique. Il paraît anonymement en 1615 et connaît au moins 10 éditions au XVIIe siècle et 4 entre les XIX et XXe siècle 69 . On sait maintenant que sous les initiales R. D. M. se cache René de Menou 70 , descendant d’une vieille famille noble 71 , conseiller d’Henri IV et de Louis XIII. Nous sommes donc loin du monde du pauvre moine de l’abbaye de Mortemer. Les heures perdues est un recueil de 27 histoires facétieuses illustrées généralement, en introduction, par un petit essai de longueur variable 72 . Il semble s’inspirer parfois des essais de Montaigne 73 ou des Erreurs populaires de Laurent Joubert, médecin d’Henri IV, dont il cite une bonne partie des termes de matrones servant à juger de la virginité d’une femme 74 .

Menou aime le comique verbal, les onomatopées et les longues métaphores grivoises. La plupart de ses propos tournent autour de la recherche du plaisir amoureux 75 , mais exploité sous l’angle neuf des souffrances qu’engendre son non-assouvissement, de la liberté sexuelle et des inégalités homme / femme en ce domaine. Ils sont accompagnés d’une critique de la jalousie, de l’obsession du cocuage et du pucelage 76 tout à fait originale. Menou parle de la maltraitance subie par les femmes 77 , des mariages non consentis 78 , des vœux forcés des religieuses. La condition des femmes, leur manque d’éducation ou les pressions sociales qu’elles subissent 79 l’intéressent également au plus haut point. J’en ferais presque un des premiers féministes modernes, car dégagé de la très rhétorique querelle des femmes qui resurgit à ce moment-là pour cause de régence 80 . Les personnages mis en scène sont de la meilleure société : cavaliers, princesses, galants de la cour… 81 Le tiers état n’y jouant que des rôles secondaires de servantes ou de vieilles matrones. Enfin, le texte a un ton de galanterie que l’on ne retrouve dans aucun autre recueil. Il est rempli de civilité, courtoisie, bienséance, rire, assiduité, grâces 82 … Le souci de l’autre, le respect y sont essentiels et les femmes centrales, ce qui tranche avec la sociabilité de la tradition narrative comique. Nous avons donc affaire à un texte riche dont Gabriel-André Pérouse avait dès les années soixante-dix repéré la grande finesse d’analyse psychologique et une conception du genre recueil présentant « les plus frappantes originalités » 83 .

Premières éditions §

Cette fois-ci, étudier l’insertion du texte dans le catalogue de son éditeur original pose problème, car deux candidates sont possibles à ce titre, toutes les deux soignées, de même date et de même format : 1615, in-12°. L’une sans nom ni lieu, l’autre à Lyon par Claude Larjot avec privilège. Il peut être tentant de considérer l’édition Larjot privilégiée comme l’originale et l’anonyme comme une contrefaçon, mais Menou peut avoir fait éditer à son compte et pour son entourage l’édition sans nom puis, au vu du succès, l’avoir réédité avec protection chez Larjot (imprimeur ordinaire du roi à Lyon) pour une plus grande diffusion.

Le catalogue de Larjot est surtout fait de petites pièces de type occasionnel (entrées solennelles, oraisons funèbres) et d’actes royaux. Pour le reste, on y trouve quelques textes religieux, quelques classiques latins, une réédition du dictionnaire de Nicot, mais pour ainsi dire pas de littérature si ce n’est deux recueils facétieux de la plume de Louis Garon (La Sage-Folie, fontaine d’allegresse, 1628 et Le chasse-ennuy, 1631). Rien donc exprimant une politique éditoriale et permettant d’entrevoir un public spécifique.

Éditions augmentées et fortune du texte §

Le recueil a connu très vite des éditions augmentées en 1620, 1629 et 1662, chacune d’elle présentant deux histoires supplémentaires 84 que tout indique comme apocryphes : beaucoup plus petites (entre 2 et 5 pages quand les originales en font plutôt 8-15), ce sont des narrations non accompagnées d’essai. On n’y trouve ni comique verbal, ni galanteries, ni nobles personnages. Seules 2 histoires sur 4 parlent d’amour : une demoiselle couche avec son porcher et un mari avec sa chambrière. Une troisième nous enseigne qu’il ne faut jamais confier de secret à une femme… Une histoire est copiée de Des Periers, l’autre adaptée de Mellin de Saint Gelais. Bref, nous sommes aux antipodes du texte initial. Des histoires non originales, qui tentent de faire rire de la douleur, du dépit ou de la grossièreté des protagonistes : tout ce que Menou a pris soin de déconstruire dans la tradition du recueil comique — un rire machiste ou socialement marqué — est rétabli. L’ajout ne défigure pourtant pas le texte aux yeux de ces éditeurs pirates qui le donnent à chaque fois en page de titre pour « augmenté par l’auteur ».

Enfin, 4 histoires vont passer, plus ou moins amputées, dans le Tombeau de la melancolie 85 et dans les Contes d’Antoine d’Ouville 86 . Par là, elles seront rééditées jusqu’au XIXe siècle 87 dans des compilations où elles côtoieront le tout-venant de la tradition comique et sa doxa sexiste ou sa morale du plus malin auquel s’oppose justement le texte original. Ces recueils ne sont pas à trois sous. Joliment imprimés, avec parfois un frontispice gravé et des illustrations 88 , s’adressent à un public aisé, même si l’on sait que des textes pouvaient toucher un public plus large que leurs seuls propriétaires.

Certains d’entre eux nous parlent de leur public dans leurs pièces liminaires. À part une mention exceptionnelle de « Gens de toutes conditions », ils prétendent plutôt servir de divertissement dans « les meilleures compagnies », « les Cours, les Cercles, & les Ruelles », etc. 89 Le texte de Menou acquiert donc très vite et pour longtemps, par ses rééditions pirates comme par les recueils qui l’ont pillé, le statut de pur divertissement pour public aisé.

Les critiques du texte §

Plus de 200 ans sans publication entre 1662 et 1881 n’ont pas aidé à lui trouver des lecteurs. Une trace pourtant dans La Promenade en neuf Dialogues 90 du philosophe La Mothe le Vayer. Sans le citer, on y retrouve les propos de Menou s’opposant à l’idée qu’une femme est assez savante lorsqu’elle sait « discerner le pourpoint d’avec les chausses de leurs maris » 91 . Il s’agit là d’un propos issu de la partie essai du texte et non d’une narration, confirmant une lecture conforme à la proposition initiale de Menou que Molière adaptera dans Les Femmes sçavantes 92 . Nous sommes bien là dans une pensée solide, hardie et tout à la fois comique.

Quelques mentions anciennes subsistent tout de même, jamais malveillantes : Les heures perdues sont qualifiées de « Nouvelles galantes et histoires agréables » en 1740 ou simplement de « Nouvel. galantes » en 1741 93 , de « Livre plaisant » par l’abbé R. Duclos en 1790, de contes « nouveaux et assez piquants » par Emmanuel Viollet le Duc 94 qui a pourtant la dent dure avec la Nouvelle fabrique. Enfin, on trouve une note très favorable de Nodier 95 en 1844, une autre de Jules Gay en 1864 et d’Alcide Bonneau à qui l’on doit la première édition moderne de 1881. Aucune critique négative, donc, Menou n’a pas subi le purgatoire d’Alcripe. Il semble avoir été protégé par le voile de ses métaphores, sa galanterie et probablement une plus grande cohérence entre son public et celui de ses éditeurs.

Conclusion §

Cette enquête montre que le recueil narratif facétieux a eu pour public principal l’élite de la société française, population qui a continué à lire et à acquérir ce type de textes jusqu’au XIXe siècle. Les clients du libraire Nicolas, les propos des éditeurs dans leurs paratextes, la présence de sections « facéties » dans les catalogues de ventes de bibliothèques privées (à partir des années 1750), les éditions soignées publiées tout au long du XVIIe siècle sont là pour nous rappeler que c’est un même monde qui a pu goûter à la fois la facétie et la préciosité.

Et c’est également ce public que dessinent les éléments internes de ces textes. Menou, en effet, ne converse qu’avec la meilleure société, voire l’entourage immédiat de princesses et de princes parisiens, ce qui le fait renouer avec l’origine des recueils narratifs français. Pour Philippe le Picard la situation est plus complexe : le texte d’un côté, le paratexte de l’autre. Si son paratexte dessine également un public cultivé (bien qu’indépendant du monde de la cour), il est étrangement couplé à un texte très fortement tourné vers les joies et les peines du petit peuple de la campagne rouennaise. Comment imaginer qu’il ne se soit pas également adressé au monde qu’il décrit et qu’il revendique par la voix de son pauvre moine de narrateur ? Les premières éditions (de Lastre, Aubert, Costé-Mallard) publiées en très petits volumes donc bon marché (mal imprimés pour les deux derniers), viennent corroborer en tout cas l’orientation du plus « grand public » possible, sachant qu’il n’y a pas d’édition spécifiquement populaire avant la littérature de colportage 96 . Mais Alcripe demeure unique sur cette question.

Je suis également tenté de voir pour chacun de ces deux textes « à thèse » deux publics potentiellement visés par leur auteur, mais qui ne se distinguent pas socialement. L’un fin lecteur, ouvert aux pensées hardies, sensible à la parodie et aux réflexions génériques, capable de rompre l’os pour en sucer la substantifique moelle et l’autre à la recherche de simple divertissement. Car ces deux auteurs prennent le risque d’inscrire leur pensée critique à l’intérieur d’un genre qu’ils savent aux antipodes de leurs propos. J’imagine volontiers qu’ils ont chacun espéré diffuser leurs idées auprès d’un public relativement large grâce à cette forme de divertissement et, pourquoi pas, infléchir un genre qu’ils affectionnent. On peut donc imaginer dès leur écriture une double lecture possible de ces deux textes, impliquant un double lectorat.

Cette lecture de simple divertissement est confirmée par les rééditions augmentées-déformées puis la dispersion par petits bouts dans d’autres recueils. Les éditeurs d’Alcripe et de Menou semblent ici converger pour satisfaire un même public, majoritaire semble-t-il, qui ne s’intéresse ni aux « thèses » ni à la cohérence de ces œuvres exigeantes, mais cherche un usage pragmatique de ces textes : renouveler son répertoire d’histoires drôles pour rire dans les bonnes compagnies. On voit se dessiner au cours du XVIIe siècle un mouvement général, qui en matière de recueils facétieux, va proposer majoritairement de purs produits éditoriaux sans contenus originaux. Nous avons là la trace d’un public et probablement d’un mode d’usage de ces textes que les éditeurs ont exploité abondamment et qui va faire perdre progressivement au genre son statut de texte littéraire.

À cela s’ajoute une lente évolution sous l’influence de ce que Norbert Elias a appelé la « civilisation des mœurs ». Du Moulinet en rajoute sur la grivoiserie qui manque à Alcripe, mais voile un vocabulaire trop rabelaisien au goût de son public. Le texte se rapproche ainsi sous cet aspect-là de celui de Menou et de beaucoup d’autres de cette période 97 . Les condamnations de Théophile en 1623, des Nouveaux contes de La Fontaine en 1675 ou la naissance du livre de colportage qui vulgarise cette littérature 98 y sont probablement pour quelque chose. Il devient de plus en plus difficile pour le public noble, fortuné ou érudit de dire le plaisir qu’il prend à ces textes qui sont recherchés moins pour leur drôlerie, devenue grossière, que par curiosité intellectuelle, par goût d’antiquaire pour des ouvrages rares qui vont rester confinés dans la sphère privée. Ainsi, il faudra attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour que nos deux textes soient réédités, une fois du bout des doigts pour Alcripe et 4 fois pour Menou, qui sera même adapté en français moderne et vendu au prix modique de 25 centimes en 1918 99 . Après une longue période de silence, les situations s’inversent : Alcripe tant décrié retrouve un public dans la seconde moitié du XXe siècle qui se diversifie jusqu’aux publications pour la jeunesse 100 alors que Menou tombe quasiment dans l’oubli.

Annexe : les traces de lectures ou de possession d’Alcripe et de Menou par ordre chronologique. §

Antoine du Verdier seigneur de Vauprivas, conseiller du roi, erudit, bibliographe 101 , François Grudé, sieur de La Croix du Maine, bibliographe 102 , Nicolas du (ou le) Moulinet sieur du Parc, écrivain et comédien 103 , Antoine Le Métel d’Ouville, géographe, ingénieur du roi, écrivain et traducteur 104 , De La Bussiere 105 , Pierre-Daniel Huet, évêque d’Avranches, académicien 106 , François de La Mothe le Vayer, philosophe, précepteur de la famille royale, académicien 107 , Hans Mule, juriste et numismate danois 108 , Nicolas Lenglet du Fresnoy, historien et érudit 109 , Bernard de La Monnoye, critique et académicien 110 , Étienne François Geoffroy, professeur au Collège de France et doyen de la Faculté de médecine de Paris 111 , Adrien Larchevesque, médecin et érudit rouennais 112 , monsieur Bourret, intendant de la Principauté de Neuf-Chastel & de Vallengin 113 , Jeanne Baptiste d’Albert de Luynes comtesse de Verrue 114 , M. Carpentier sieur des Tournelles, conseiller-auditeur de la chambre des comptes de Paris 115 , Bellanger, trésorier général du sceau de France 116 , M. Tassin 117 , Jean-Louis Barré, auditeur des comptes et conseiller du roi 118 , Pierre-Jean Burette, médecin, académie des inscriptions et belles-lettres 119 , Jean-Baptiste Glucq de Saint-Port, industriel, conseiller au Grand Conseil et secrétaire du roi 120 , Edme-François Gersaint, antiquaire, marchand d’art et historien de l’art 121 , Anne-Bénigne-Fare-Thérèse de Beringhen marquise de Vassé 122 , Jean-Louis Henri Orry de Fulvy, industriel, conseiller d’état et intendant des finances 123 , Louis Coquelet, auteur de textes facétieux 124 , Louis de Gaud de Mérode de Montmorency Prince d’Isenghien 125 , Michel de la Cour Damonville, écuyer, avocat au parlement 126 , Francisco Pascual Chiva, beneficiado (chanoine) de la cathédrale de Valencia 127 , Geoffroy-Macé Camus de Pontcarré, premier président du parlement de Normandie 128 , Jeanne Antoinette Poisson Marquise de Pompadour 129 , Jean-Baptiste Denis Guyon de Sardiere 130 , Charles de Saint-Albin, archevêque duc de Cambray 131 , M. L. D. D. L. V. (duc de La Vallière) 132 , Karl Philipp comte de Cobenzl ministre plénipotentiaire de Marie-Thérèse d’Autriche à Bruxelles 133 , Guillaume Claude Delaleu, notaire et secrétaire du roi 134 , M. Le Sage 135 , Charles Chardin, libraire et collectionneur 136 , M. Lambert, chevalier de l’ordre Royal et militaire de Saint-Louis 137 , Pierre de Schaepmeester avocat au conseil de Flandre 138 , Guillaume-François Debure duc de la Vallière 139 , Le Tort de Chessimont, directeur général des poudres et des salpêtres de France 140 , Antoine-René de Voyer marquis de Paulmy 141 , Pierre-Antoine-François Dincourt d’Hangard 142 , le citoyen M. *** (probablement Simon-Pierre Mérard de Saint-Just, écrivain, maître d’hôtel du comte de Provence, futur Louis XVIII) 143 , L’abbé R. Duclos 144 , M. Duquesnoy 145 , M. ** 146 , Louis duc de Condé 147 , le comte de Mirabeau 148 , Richard François Philippe Brunck 149 , John Dunlop 150 , M. *** 151 , Jean-Baptiste de Roquefort 152 , James Perry Esq. (« Esq. » est l’abrégé de « Esquire », noblesse non titrée) 153 , Aimé-Martin 154 , Charles Nodier, chevalier de la légion d’honneur, bibliothécaire du roi, Académie française 155 , le Comte D* F* 156 , Gottlieb Hulsmann 157 , Gabriel-Antoine-Joseph Hécart 158 , Pierre Duputel 159 , François Victor Massena prince d’Essling 160 , Ad. Audenet 161 , le comte de St-Maurice 162 , M. G. de Pixerécourt 163 , M. Crozet 164 , Deville et Dufour 165 , MM. de W. et M. 166 , M. J. G. 167 , Jérôme Bignon 168 , bibliothèque de l’abbaye de Stavelot ? 169 , M. de L****** 170 , Isidore-Justin Taylor 171 , Emmanuel Viollet le Duc 172 , John Hugh Smyth Pigott, Esq. 173 , M. G. B. 174 , M. Ch. B*** de V. 175 , M. de Monmerqué 176 , Louis-Philippe et le comte de Toulouse (fils de Louis XIV et de la M. de Montespan) 177 , Gabriel Peignot 178 , Le baron Walckenaer 179 , M. L. T. 180 , Dr Wilhelm Ludwig Holland 181 , Gratet-Duplessis 182 , le comte P. de M… 183 , Louis du Bois et Julien Travers 184 , Ferdinand Denis, Pierre Pinçon et Guillaume-François de Martonne 185 , M. Bergeret 186 , Alcide Bonneau, le duc d’Aumale 187 , Théodore de Valenzi 188 , Philippe le Bas 189 , Auguste Alexandre Veinant 190 , Armand-Bernard Cigongne 191 , Dr A. Warmon 192 , Robert Samuel Turner 193 , le comte Henry de Chapponay 194 , Jules Gay 195 , Charles Nisard 196 , M. Chedeau 197 , Jules Auvillain 198 , M. E... 199 , M. Yemeniz 200 , Victor Luzarche 201 , le baron Jérôme Pichon 202 , El. Huillard 203 , le marquis de M. 204 , le baron P. de la Villestreux 205 , le comte Octave de Béhague 206 , M. Doublet marquis du Persan 207 , le comte d’Es...... 208 , la bibliothèque du château de *** 209 , Charles Defrémery 210 , Eugène Lebigre 211 , le baron de *** 212 , le comte de Lignerolles 213 .