Georges Casella

Ernest Gaubert

1906

La nouvelle littérature, 1895-1905

2016
Georges Casella et Ernest Gaubert, La Nouvelle Littérature, 1895-1905 : Écoles et manifestes. — La critique. — La poésie. — Le roman. — Le théâtre. — Les jeunes en province. — Dictionnaire bio-bibliographique, — Documents, 2e édition, Paris, Bibliothèque internationale d’édition, E. Sansot et Cie, 1906, 307 p. Source : Internet Archive.
Ont participé à cette édition électronique : François Bompaire (Stylage sémantique) et Stella Louis (Numérisation et encodage TEI).

Introduction §

{p. 5}Même réduit aux proportions qu’il présente ici, un ouvrage sur la nouvelle littérature, fait à la fois de critique, de documents et de prophétie, ne laisse point que d’être un travail difficile, considérable et dangereux. Difficile car retrouver les dates de publications à tirage restreint, ces publications elles-mêmes, parmi l’amas de papier imprimé par la génération des « petites revues et des plaquettes », n’est point une tâche aisée ; les auteurs n’ayant pas gardé le plus souvent la mémoire des dates, des formats, ou nous ayant à ce sujet fourni des renseignements erronés qu’il nous a fallu rectifier à grand’peine. Considérable, car la liste est longue de ceux qui entre dix-huit et trente-six ans on écrit des pages intéressantes, ont participé au mouvement littéraire de ce temps, si fécond {p. 6}en cénacles, si fertile en personnalités curieuses ; dangereux enfin, parce que, malgré deux ans de recherches, nous avons commis des oublis inévitables et surtout parce qu’ayant combattu, nous aussi, dans les rangs de cette jeunesse, nous n’avons pourtant pas hésité à mettre de côté toute camaraderie, toute confraternité, pour présenter un tableau sincère et précis de cette « jeune littérature » dont on parle tant et qu’on connaît si peu.

Notre livre ne témoigne d’aucun parti-pris. Pour en avoir approché, nous n’ignorons rien des défauts ordinaires aux cénacles dont chacun, tour à tour ou parallèlement, prétend refléter l’âme française et contenir son évolution définitive. Nous n’avons pas voulu faire de la réclame à telle ou telle marque au détriment de telle autre. Nous avons la conscience de n’être demeurés étrangers à aucun effort littéraire. Pareils au peuple qui demeure pour nous, à jamais, l’initiateur de la beauté classique, nous n’hésiterons pas à dresser des autels à un dieu inconnu, à reconnaître des beautés en dehors de celles qui s’élevèrent, selon nos particulières théories d’art. Mais qu’on ne nous blâme point, en une époque de confusion et d’anarchie, d’avoir réservé {p. 7}nos meilleures louanges à ceux qui gardent fidèlement le sens de la tradition nationale : clarté, sobriété, mesure, méthode ; à ceux qui n’ont pas vêtu la déesse d’ornements étrangers, qui ne l’ont pas éloignée du grand chemin tranquille où passèrent, indifférents aux soucis de la politique éphémère et aux modes qui se fanent, les classiques.

Cela ne veut pas dire que nous n’ayons pas souci de vérité humaine. Au contraire. L’art compris en dehors de la vie ne peut guère que délasser quelques esprits subtils et précieux. Cependant n’oublions jamais que l’art s’écarte également de l’instinct et de la prédication. Il est autre chose que la vie et autre chose qu’un enseignement. Il est seulement une source d’émotions spéciales à la fois différentes des émotions de la vie et de celles de la philosophie ou de la morale. Notre temps a mêlé tous les genres, a rompu toutes les barrières, dépassé toutes les limites que l’expérience et l’observation de vingt siècles avaient mises entre les divers modes de l’expression artistique. Le roman et la poésie ont voulu être de la peinture, de la musique, de la sociologie, etc… À ces croisements multipliés et peu raisonnables s’est abâtardie la sève littéraire d’un pays {p. 8}qui reste cependant encore le premier, dans le domaine littéraire et idéologique. À ceux qui, dédaigneux des fortunes passagères, ont entrepris de renouveler, par une application plus stricte de la tradition ; la vieille vigueur française, nous réserverons notre approbation. Sans doute, ils ont été amenés par leurs théories à dédaigner certaines beautés, à s’interdire certaines façons de séduire, mais est-ce vraiment un mal dans un moment de production si intense ? D’autre part nous ne voudrions pas qu’on nous crut capables de confondre banalité et simplicité, pastiche et tradition, impuissance et classicisme. Il nous répugnerait autant de louanger un médiocre imitateur, un plat versificateur, que de méconnaître un tempérament original égaré dans des recherches malheureuses de style ou de pensées ?…

Ce livre sur des jeunes hommes est écrit par des jeunes. À nous deux, nous avons à peine l’âge de M. Frapié que l’Académie Goncourt appelle encore un jeune. On nous pardonnera donc parfois la vivacité de nos jugements, notre ardente confiance. Rien que l’amour des lettres nous a soutenus. Depuis déjà sept ans nous avons tous deux participé à bien des groupements et des manifestations. {p. 9}Notre espoir en une renaissance nationale s’en est fortifié. Sans pouvoir peut-être donner la côte de chacune, nous présentons ici les forces de la littérature de ce soir. Nous avons voulu ce tableau aussi complet que possible — l’expérience nous ayant appris que ce ne sont pas toujours « les petits prodiges » qui réalisent les œuvres les plus caractéristiques.

Il ne nous appartenait pas de proscrire personne en dehors de quels bas producteurs à scandale !… ou de quelques niais prétentieux !

On trouvera bien des noms inconnus au cours de cet ouvrage. Nous espérons qu’on s’y attendait. Il n’y avait pas lieu de tomber dans cette erreur qui fait appeler « jeunes » des écrivains illustres et âgés de plus de cinquante ans.

Nous avons, volontairement omis encore ceux dont la notoriété eût exigé des développements incompatibles avec notre format.

Nous avons eu le souci d’apprendre quelque chose à nos lecteurs. Surtout, nous désirerions que chaque fois qu’un succès signalera au public un nom nouveau, on pût chercher ici des notes sur ses débuts. Ce serait notre meilleure récompense que d’avoir deviné ceux qui seront l’honneur de la littérature de demain. Ce soin néanmoins ne nous a pas {p. 10}fait négliger la gloire des jeunes maîtres ou des écrivains déjà notoires. C’est à ceux-là que nous recommandons les nouveaux venus ·

Nous avons joint à notre travail un dictionnaire bibliographique, conçu selon une méthode que M. Ad. van Bever a popularisée et qui nous paraît excellente.

Enfin, il nous faut remercier MM. les éditeurs Eugène Fasquelle, Calmann-Lévy, Pierre Valdagne, Alfred Vallette, E. Sansot, G. Moreau (de la Maison Larousse) pour l’empressement avec lequel ils nous ont fait tenir les renseignements ou les volumes qui nous étaient utiles. Nous remercions également les directeurs des journaux et revues qui ont annoncé cet ouvrage.

Georges Casella et Ernest Gaubert.

 

P. S. — Il est difficile de démêler, même pour nous, la part de chacun dans cet ouvrage, signé dans l’ordre alphabétique, cependant M. Ernest Gaubert a donné plus particulièrement ses soins aux chapitres des Écoles et Manifestes, à une partie de la Critique, à la Poésie, au Régionalisme, à la documentation bibliographique, M. Georges Casella à la Critique, au Roman et au Théâtre.

Première partie. Écoles et manifestes §

Les influences §

NATURISME, HUMANISME, RENAISSANCE CLASSIQUE. ANARCHIE ET RÉACTION. — NIETZSCHE ET MALLARMÉ. — BARRÈS ET ZOLA. — LE PONCIF SOCIAL. — POÉSIE SCIENTIFIQUE.

{p. 13}La confusion est générale. Elle a gagné le domaine littéraire après l’action politique. À en croire les industriels, les économistes, les coloniaux, les commerçants, les agriculteurs, ils auraient les mêmes motifs de gémir et d’accuser l’anarchie universelle, destructrice des réserves morales du passé, de ses méthodes et de ses espoirs. On ne doit donc plus s’étonner de cette confusion des genres, cause première de notre décadence générale, {p. 14}Encore ne faudrait-il point nous abuser sur les mots. Actuellement, il est impossible d’affirmer ce que présage la confusion dont on se plaint : décadence ou rénovation. Est-ce une société qui meurt, est-ce une société qui va naître ?… Avons-nous des précurseurs ou bien voyons-nous les dernières lueurs de l’esprit français ?

La situation géographique de notre patrie, ses ressources intellectuelles, la force de nos atavismes, le bon sens indéfectible de la race permettent, néanmoins, les espérances les plus vastes. Il est difficile de prophétiser, il est plus consolant d’espérer. Constatons seulement, — puisqu’il est indéniable, — le malaise d’aujourd’hui.

L’anarchie littéraire a été préparée par ceux-là mêmes qui sont, depuis, revenus aux méthodes sévères d’un art classique. Par réaction contre les pastiches, contre la pâle littérature des auteurs officiels, la jeunesse symboliste brisa les barrières, voulut aérer le palais des Muses. Quinze ans plus tard, on assiste à ce spectacle curieux, d’anciens libertaires, — nous parlerons au sens littéraire, — redevenus les gardiens de la tradition, tandis que le public commence à admettre des innovations désormais caduques.

Comme toujours, l’Université consacre les réformes, à l’heure même où elles sont généralement abandonnées. Mais ce n’est point dans les livres quelle inspire, que le lettré cherchera le tableau de la nouvelle {p. 15}littérature dont le caractère le plus apparent est une sorte d’inquiétude, un état de crainte permanente, de regrets, une tendance à revenir en arrière. Dans le désarroi universel des énergies, on ignore le but poursuivi, on redoute l’émotion pour rechercher la sensation et, depuis qu’on ne cesse de nous répéter qu’il faut aller vers la Vie, qu’il faut vivre, la quantité des œuvres artificielles n’a cessé d’augmenter. La nuance a détrôné la couleur, l’écriture a détrôné le style, les thèses et les systèmes ont chassé la vie. Aucune époque ne fut aussi pauvre en romans et en comédie de mœurs. Dans la hâte de tout savoir et de tout comprendre, on aboutit à l’abâtardissement unanime des genres.

Et si même, — comme on le prétend à tort, — on ne lisait plus en France, il faudrait avouer que la faute en remonte aux écrivains.

M. René Boylesve déclare (Gil Blas, 23 août 1904) :

« La tendance la plus nette qui m’apparaisse est celle qui aboutit à tout confondre ; la politique avec le sentiment ; la raison avec la passion ; les pouvoirs entre eux ; l’oppression avec la liberté, l’art avec la science ; la littérature avec la peinture, avec la musique, avec la morale, avec la philosophie, avec la sociologie, voire avec la carrière littéraire !

« Après 1870, Flaubert attribuait notre décadence au même vice, déjà ; il appelait cette confusion “fausseté” et il en voyait la cause dans un reste de romantisme, à savoir :

« “La prédominance de l’inspiration sur la règle.” Je {p. 16}ne veux pas discourir sur cette opinion qui ne me paraît pas dénuée de bon sens ; je me borne à constater d’une part : que le plus grand nom et le plus original que l’art du roman ait produit avec chance de durée, depuis Flaubert, est Maupassant, qui reçut de son maître la règle et ne s’en cacha point ; et, d’autre part, que jamais plus qu’aujourd’hui on ne poussa plus loin l’aversion d’une discipline, ni la croyance à l’inspiration individuelle. C’est que former son talent compte aujourd’hui pour peu de chose ; c’est un génie qu’il faut être d’emblée, et le préjugé court qu’un génie est nécessairement un esprit indompté, tumultueux, semblable aux éléments déchaînés, de préférence un peu fou…

« Ce que je regrette aujourd’hui, c’est qu’aucune voix ne soit assez forte ou assez autorisée pour rétablir un peu d’ordre dans la confusion générale, remettre la littérature à sa place, et dans la littérature, apprendre, sans pédanterie et avec le ton persuasif d’une belle foi d’artiste, à discerner la beauté propre à chaque genre. »

De cette confusion, la responsabilité se répand de Victor Hugo à M. Jules Lemaître et aux Parnassiens. Lorsque l’auteur des Contemporains déclare préférer à Bossuet « cette littérature de la seconde moitié du xixe siècle, si intelligente, si inquiète, si folle, si morose, si détraquée, si subtile » et l’aimer « jusque dans ses affectations », le trop intelligent critique justifie les erreurs qu’il condamnera bientôt.

Louis Blanc écrivait en février 1839 dans la Revue du Progrès : « On a essayé de faire frémir à la fois {p. 17}toutes les cordes de l’âme humaine, faute de pouvoir en faire résonner assez puissamment une seule », et envisageant l’avenir littéraire, il prévoyait les désastres du romantisme. Aussi lorsqu’en 1897, à propos de M. F. Gregh, le rapporteur des prix à l’Académie, M. Gaston Boissier, constate que « plus personne ne se contente de son métier et ne peut s’empêcher d’empiéter sur celui des autres » il ne fait que confirmer la réalisation des craintes soulevées, cinquante ans plus tôt, par l’auteur de l’Histoire de la Révolution.

Dans une étude de la Revue des Deux Mondes, M. René Doumic (Le Bilan d’une génération, 1902) développa avec des conclusions identiques une thèse semblable :

« Réputé jadis pour son bon sens un peu court, et pour la lucidité de son esprit étroit, le Français se découvrit tout à coup une intelligence indéfiniment compréhensive. Nulle idée ne lui paraissait plus vraie ou fausse mais vraie et fausse tour à tour ou tout ensemble. Entre le bien et le mal, il n’apercevait plus d’opposition irréductible. Nulle part aucune distinction tranchée, mais seulement des nuances imperceptibles se résolvant l’une dans l’autre par une série de dégradations continues. Nulle assertion qui ne dût être aussitôt corrigée par l’assertion contraire. Une rhétorique nouvelle enseignait à ménager d’habiles transitions, en sorte que la fin de chaque phrase en détruisit le commencement. Entraîné d’un pôle à l’autre et sans cesse emporté dans un mouvement de pendule, l’esprit devenait incapable de se fixer, {p. 18}c’est-à-dire de choisir, de conclure et de se décider. Il fallait tout comprendre, partant tout admettre. Un seul état d’esprit paraissait intolérable ; c’est ce qu’on appelait entre initiés “l’horrible certitude”. L’origine de ce mouvement remonte à Renan dont l’influence a si lourdement pesé sur cette génération pénétrée de son esprit. Il se plaisait alors à donner par les propos frivoles de sa vieillesse un démenti à une vie consacrée tout entière à la recherche laborieuse de la vérité. Pour sa part, il continuait de rester fermement attaché aux principes de la critique rationaliste et d’avoir la même foi inébranlable dans l’avenir de la science ; aux autres, il recommandait une philosophie de doute universel, d’indifférence sceptique, d’insouciance. De la philosophie, la contagion s’étendait à toute la littérature, roman, poésie, théâtre, et aux genres mêmes dont la définition répugne le plus au dilettantisme, tels que la critique. Il n’était plus question pour le Critique ni de juger ni de classer, mais de raconter les aventures de sa sensibilité à travers les livres. Où donc aurait-il pris le droit d’émettre un avis d’une valeur générale, réduit qu’il était à noter des impressions incertaines, changeantes, dépendant de mille causes variables, du caprice de son humeur et de l’air du temps ? Bien peu ont résisté à cet entraînement, au risque de s’entendre reprocher leur épaisseur d’esprit… »

La négation des vérités platoniciennes ne laissa subsister que le culte de la forme. On sait à quel fanatisme les Parnassiens le poussèrent, se condamnant ainsi à la perfection stérile ou la mort.

L’art classique ce fut le tourment de l’Unité, l’art parnassien ce fut l’absorbant souci du pittoresque {p. 19}ou de l’éclat, la dernière fusée au ciel romantique, et par un de ces retours, plus fréquents qu’on ne croit en littérature, l’acheminement à cette uniformité dans le pittoresque qui n’était que l’exagération de l’unité classique, brisée par les disciples de Hugo.

Le naturalisme, avec sa passion absorbante du frisson nouveau, échouait bientôt à la même erreur, se traînait entre les deux pôles du bizarre et du vulgaire, sans parvenir à nous révéler la vie ; car toutes ces écoles avaient oublié que pour traduire la vie, il faut la porter en soi d’abord, ensuite, par une connaissance précise de sa langue et de son métier, la révéler le plus simplement possible. La méthode classique subordonnait les détails à l’ensemble ; les romantiques, les parnassiens, les symbolistes, les naturalistes, — comme tous les artistes, — s’hypnotisèrent dans la contemplation du détail original. « L’harmonie des couleurs est d’un effet plus puissant que leur opposition brusque, mais c’est un effet plus difficile à obtenir. (Louis Blanc) » L’affaiblissement général de la culture « humaniste » masqua longtemps cette vérité générale aux yeux du public français1.

Ce manque de culture générale sera le principal {p. 20}défaut des jeunes écoles. Elles aussi prônaient la domination de l’inspiration sur la règle. Cependant, elles contribuèrent à réintégrer quelques vérités oubliées.

Ce que le symbolisme avait voulu, M. Henri de Régnier l’a dit excellemment (Poètes d’Aujourd’hui, Mercure de France, août 1900).

« Le poète cherchera moins à dire qu’à suggérer. Le lecteur aura moins à comprendre qu’à deviner. La poésie semble donc résigner son vieux pouvoir oratoire dont elle s’est servie si longtemps. Elle n’exige plus, elle suggère. Elle ne chante plus, elle incante. De vocale, si l’on peut dire, elle devient musicale.

« Ce désir d’être plus suggestive que péremptoire est, je crois bien, l’invention capitale de la poésie d’aujourd’hui. C’est à cela qu’elle doit la plupart de ses qualités et de ses défauts. Cela explique ce qu’elle a acquis de vague, d’incertain et de mystérieux2.

« Le Symbole est le couronnement d’une série d’opérations intellectuelles qui commencent au mot même, passent par l’image et la métamorphose, comprennent l’emblème et l’allégorie. Il est la plus parfaite, et la plus complète figuration de l’idée. C’est cette figuration expressive {p. 21}de l’idée par le Symbole que les Poètes d’aujourd’hui tentèrent et réussirent plus d’une fois. Ce très haut et très difficile désir artistique est tout à leur honneur. Par là, ils se rattachent à ce qu’il y a de plus essentiel en poésie. La visée est ambitieuse peut-être, mais il n’est point interdit de chercher haut, et même, si parfois la corde de l’arc se rompt, il est des buts qu’il est déjà méritoire d’avoir envisagé, même en pensée…

« Les Poètes récents ont considéré autrement les Mythes et les Légendes. Ils en cherchèrent la signification permanente et le sens idéal ; où les uns virent des contes et des fables, les autres virent des symboles. Un Mythe est sur la grève du temps, comme une de ces coquilles où l’on entend le bruit de la mer humaine. Un Mythe est la conque sonore d’une idée… »

Le symbolisme nous a donné, en outre d’une réforme poétique, une intelligence plus claire du rythme3 et des moyens d’expressions de l’art. Entre la perfection vide du Parnasse et les obscénités des sous-Zola, il a arrêté la pensée des élites sur un art {p. 22}souvent agaçant, souvent puéril, parfois condamnable, mais intéressant presque toujours, à coup sûr nouveau. Le symbolisme a augmenté la sensibilité esthétique de notre époque et, sans lui, le mouvement de renaissance latine ne se serait pas produit ou serait resté une simple continuation du lyrisme parnassien. Pour le rythme, l’expression, les naturistes eux-mêmes lui sont redevables encore.

Après avoir vaincu, le symbolisme devait connaître la défaite :

« Une nouvelle génération qui vient, rêve à son tour un art à sa convenance et à l’empreinte de son esprit. Son travail est commencé ; de nouvelles tendances se manifestent ; des réputations s’esquissent qui grandiront à leur tour. Que sera demain cette littérature de tout à l’heure ? Il est difficile de le dire. Tout ce qu’on peut affirmer, c’est qu’une belle activité apparaît parmi les jeunes gens. On fait beaucoup de vers en France à l’heure actuelle. Le meilleur moyen de savoir ce que veulent les poètes de demain est encore de savoir ce qu’ils reprochent à la Poésie qui est déjà pour eux la Poésie d’hier. Or, le reproche général que l’on fait au symbolisme et qui les résume tous en un mot : c’est d’avoir négligé la Vie. Nous avons rêvé : ils veulent vivre et dire ce qu’ils ont vécu, directement, simplement, intimement, lyriquement. Ils ne veulent pas chanter l’homme en ses symboles, ils veulent l’exprimer en ses pensées, en ses sensations, en ses sentiments. C’est le vœu des meilleurs d’entre les nouveaux venus, des Fernand Gregh, des Charles Guérin ou des Francis Jammes4… »

{p. 23}M. Saint-Georges de Bouhélier réagissait brusquement et préparait un manifeste tumultueux. Le Naturisme groupait MM. Maurice Le Blond. Eugène Montfort, Andriès de Rosas, Michel Abadie, Albert Fleury, Jean Viollis, Joachim Gasquet, Louis Lumet. Une ère de polémiques brutales, s’ouvrit alors. Le nouveau groupe publiait les Documents sur le Naturisme (11 nos), puis la Revue Naturiste (2 séries). Au début, il fut soutenu partiellement par la revue toulousaine l’Effort5.

M. Maurice Le Blond (Essai sur le Naturisme), en fut le théoricien.

« Nos aînés ont préconisé le culte de l’irréel, l’art du songe, la recherche du frisson nouveau. Ils ont aimé les fleurs vénéneuses, les ténèbres et les fantômes et ils furent d’incohérents spiritualistes. Pour nous, l’au-delà ne nous émeut pas, nous croyons en un panthéisme gigantesque et radieux. Ah ! comme ces gens nous semblent fades et puérils, avec leurs petits sadismes, leurs petites crises d’ascétisme. Et les âmes-sœurs, les vierges-cygnes qui constituaient dans leur tour d’ivoire toute la compagnie de nos Jules Bois, sont des amantes peu fécondes… en art surtout. Oui, comme cet art nous paraît suranné alors que les plus jeunes hommes tendent {p. 24}à se passionner pour des Édens charnels, quand la matière divinisée semble reconquérir des croyants et à l’aube, semble-t-il, d’une renaissance païenne.

« “Dans l’étreinte universelle, nous voulons rajeunir notre individu. Nous revenons vers la Nature. Nous recherchons l’émotion saine et divine. Nous nous moquons de l’art pour l’Art et de ces questions si vaines et stériles…”

« Paganisme, Chrétienté, Génie national, auxquels nous devrons ajouter le mouvement scientifique (qui remontant aux époques immémoriales de Prométhée et de l’inventeur de la charrue, pour aboutir à Képler et Ampère, modifie tous les jours la nature par ses nobles découvertes), voilà les quatre grandes traditions que doivent rénover pour une définitive synthèse, les jeunes et candides esprits, soucieux d’une œuvre humaine, conforme à la nature6.

« “La mission de l’art est de reconstruire des archétypes ; des paysages il fait des paradis et il ressuscite le Dieu Mort qui gît en chacun des hommes. Le poète ne crée rien. Et c’est l’eurythmie de la Nature qui détermine les rythmes de son harmonie.”

{p. 25}« Il ne faut point qu’un poète fasse retentir dans les dures trompettes mugissantes, les bruissements doux de l’eau, des printemps, des fleurs. Mais le poète est lui-même cette pompeuse trompette qu’embouchent, tour à tour, les eaux et les fleurs.

« “Toute chose est balancée et sonne selon un rythme. Ce n’est pas le poète qui crée le rythme, mais c’est le rythme essentiel des choses qui scande et dirige le poète.”

« Si, comme nous l’avons vu, le poète est prédestiné, le poème aussi a ses lois, et il doit être consubstantiel à l’objet qu’il célèbre : car un hymne est un élément de la nature. Sa grâce est l’effet de son eurythmie. Il lui est docile comme une fleur et non moins qu’une étoile, les rocs. — Ah ! qui dira les lois de l’hydraulique, l’attraction et la répulsion, par quoi se nécessitent tel chant, et cette églogue, et cette puissante statue ?”… Un hymne comme un autre a ses lois. Le paysage le polarise et il subit les attractions7.

« Ainsi le poème est nécessaire et supérieur à la nature, puisqu’il s’affranchit des visions contingentes et triomphe {p. 26}de la mort. Il devient, à la fois, emblème, allégorie, symbole et réalité. Il ne se préoccupe que des types généraux. Il n’est point subjectif, proportionnée à la vision individuelle et étroite d’un seul, mais impersonnel. La rose chantée par le poète surpasse en grâce toute rose, elle est la rose véritable et réelle, et les merveilles de toutes les autres s’y cristallisent et y chantent. La théorie de l’Art-Miroir, préconisée par Émile Zola, se trouve ici outrepassée. L’art n’est plus, comme l’a promulgué le chef du naturalisme, la Nature vue à travers un tempérament, c’est la Nature elle-même qui se volatilise, se transverbe ou s’immobilise, selon que le musicien, le poète ou le peintre l’envisage. Ce n’est plus l’Art-Miroir qu’il faudrait dire, mais le Poète-Protée, qui revêt, tour à tour, et selon ce qu’il veut chanter, une forme nouvelle et une apparence imprévue.

« Cette théorie universelle et frémissante, comme un tressaillement du vieux Pan, aura, en morale et en sociologie, d’importantes et prochaines conséquences. Mais c’est surtout dans la tragédie et dans le roman, qu’il faut en attendre d’immédiates réalisations. Sans futiles artifices, elle présentera une œuvre d’harmonie et de simplicité. Car dans le moindre frisson où se pâment les blés et les cœurs, le poète percevra une loi éternelle ; de la réalité il déduira le paradis et sur ce banal fait divers, que nous apporte le gris papier du jour, il bâtira une éclatante épopée… »

M. Jean Viollis objectait :

« Si M. de Bouhélier voulait strictement s’en tenir à sa théorie, il rendrait, par le fait même, impossible tout roman et tout théâtre. Elle m’apparaît cette théorie (la théorie naturiste) bien plutôt comme une lumineuse méthode d’interpréter la vie quotidienne, de {p. 27}s’intéresser avec une égale allégresse aux successives représentations de l’heure et du jour — que comme un moyen de fixer dans leur détail la multiplicité des réalités vivantes… Où donc M. de Bouhélier trouverait-il les éléments d’un roman ? Tout au plus, pourra-t-il trouver des thèmes à méditations ; or, un roman ne fut et ne sera jamais, que je sache, une suite de méditations présentées en chapitres et groupées selon un certain plan d’unité dans leur ensemble. »

En réalité c’était une révolte de la sensibilité contre la discipline8. Venant après les excès du symbolisme, le naturisme parut en progrès ; en vérité, considéré dans le sens de l’évolution logique de la littérature française, il n’était pas moins dangereux. M. de Bouhélier déclarait :

« Pour moi, si je chante la lumière, le précieux printemps ou les belles campagnes, je ne le fais jamais que dans l’extase. Car toute chose étant Dieu demande une grande ferveur.

« Que mes poèmes soient des prières ! que tous mes écrits soient des odes ! Voilà toute mon aspiration. J’essaye de la réaliser. La forte patience de l’esprit me soutient. Je sais que seul un juste ouvrage peut posséder l’éternité Je m’applique à ce dur travail obstinément. »

Ce style singulier et immodeste, ce panthéisme cessèrent rapidement d’être à la mode. En préface {p. 28}des Chants de la Vie Ardente M. de Bouhélier renonce à l’empire. « Je ne demande qu’à être compté comme un franc et probe ouvrier9… »

Parallèlement au naturisme s’était formé à Toulouse le groupe de l’Effort, par la fusion des Essais de jeunes avec Les Pages d’art. Le premier numéro parut en mars 1896. Il indiquait comme collaborateurs : G. Bidache, J.-R. de Brousse, Élie Clavel, Cœlio, E. Delbousquet, Fortuné, A. Demeure de Beaumont, Charles Guérin, Marc Lafargue, André et Maurice Magre, Raymond Marival, Jacques Nervat, G. Picard, Pierre Pouvillon, Sybaris, Gabriel Tallet, Verdier, J. Viollis. Plus tard à ces noms s’ajoutèrent R. A. Fleury, Léon Lafage, Jean Vignaud, G. Frejaville, François Perilhou, F. Pradel, etc…

Ils ne dédaignaient pas les grands mots :

« Nous ne sommes pas une coterie, nous n’organiserons pas des congrès, nous ne nous estomaquerons pas d’éloges réciproques, nous ne nous offrirons pas de mutuelles frairies, nous n’avons pas de grand homme de neige à pousser au soleil de la renommée, nous ne tenterons pas de restaurer sur des tréteaux de baladins les tables saintes de Cana, dans la secrète espérance d’y voir {p. 29}surgir entre la poire et le fromage quelque nouveau messie qui nous ferait participer, sur le vain Thabor de la gloire humaine, au resplendissement de son éventuelle divinité.

« Non ! nous voulons simplement dire ce qu’il nous paraît beau et nécessaire de dire. Et s’il nous arrive dans l’exubérance de notre jeune foi de prendre à notre insu des postures d’apôtres, l’on voudra bien nous pardonner, considérant que nos exagérations ne servant pas notre propre gloire ne peuvent provenir d’un hypocrite calcul mais plutôt d’un débordement de nos bonnes volontés. Oh ! nous savons que l’habileté suprême de Tartuffe est de crier au Tartuffe quand il voit passer un juste ; mais cela même ne nous décourage pas. Quant au ridicule, il ne peut effleurer que des âmes incapables de comprendre qu’il n’y a pas puritanisme, mais élémentaire probité à réagir contre le libertinage quand il se change en dégradation. Bien loin de nous tenir pour présomptueux, nul doute que les honnêtes gens ne tiennent à encourager notre tentative d’édification personnelle et sociale.

« Constituons donc une jeunesse intègre et résolue ! Préparons-nous à bien tenir coup aux chocs qu’un avenir évidemment prochain nous réserve. Première génération adulte d’esprits formés par un socialisme dégagé des brumes utopiques et pénétré de claire science, il faut que nous portions témoignage par notre moralité meilleure, notre intellectualité plus nourrie, notre sensibilité toujours aussi vive mais mieux disciplinée des bienfaits que peut conférer à l’homme l’adhésion ardente et méthodique à une théorie rationaliste de l’Univers, de l’individu et de la Société10 » (15 mai 1903).

{p. 30}En 1898, l’Effort avait organisé un referendum sur le sens énergique chez la Jeunesse.

Mais le groupe toulousain comme le groupe naturiste n’était uni que par les liens factices d’une haine commune envers le Symbolisme. Lorsque le Symbolisme abdiqua lui-même, l’erreur de ces jeunes hommes apparut et, seuls, ceux d’entre eux que désignait leur tempérament, continuèrent à écrire.

L’ère des manifestes semblait définitivement close, lorsque dans le Figaro du 12 décembre 1903, en réponse à un article de M. Claveau, M. F. Gregh prononçait le mot d’humanisme. Ce n’est pas une philosophie, « c’est avant tout une esthétique et même essentiellement une poétique11 ». Dans Gil Blas (19 février 1905) M. Fernand Gregh précise :

— Oui, le nom rajeuni d’humanisme me paraît convenir, précisément, parce que, les nouveaux poètes veulent réaliser un art humain. Il ne s’agit pas, comprenez-moi bien, de fonder une école, mais d’exprimer une idée en une formule commode, et qui soit le moins inadéquate possible. D’ailleurs, qu’on les appelle, si l’on préfère renaissants classiques, ou même naturistes, ce qui importe, c’est moins un nom, que de réunir des individus faits pour se comprendre, s’aimer…

Cette école en suscita, par antithèse, une autre. MM. Adolphe Lacuzon, Cubelier de Beynac et Adolphe {p. 31}Boschot et quelques amis signaient à la Revue Bleue (16 janvier 1904) le manifeste de l’Intégralisme.

« Le rôle de la poésie est d’agrandir la conscience humaine au-delà même des vérités contrôlées : la poésie réalisée est la forme transcendante du savoir. La poésie, phénomène subjectif, est la volupté de la connaissance. Intégralisme s’explique ainsi : exprimer la vie en fonction de la vie universelle. »

En réalité ce n’était pas, comme on l’a cru, une poésie scientifique, mais une sorte d’intégration, et non de synthèse, l’aboutissement de l’harmonie universelle. Enfin de compte, les théories exprimées par M. A. Lacuzon, en termes moins solennels, se ramènent aux formules classiques de l’Hermès d’André Chénier12.

{p. 32}Le 15 avril 1903, La Renaissance latine publiait sous le titre « La Renaissance classique » la préface que M. Louis Bertrand destinait aux Chants séculaires de Joachim Gasquet. Avec plus de fougue que de mesure, avec plus d’enthousiasme que de sens critique, l’auteur du Sang des races, glorifiait le culte de la Tradition, de la terre et des morts, l’Âme, la Race, l’Épée. On s’étonna. Pourtant ce que M. Bertrand venait de crier, dix écrivains l’avait clamé en vain, au cours de ces dernières années. MM. Xavier de Ricard (Le Fédéralisme, 1875), Auguste Fourès, Péladan, Maurice Barrès, Charles Maurras, Amouretti, Jean Carrère, avec des talents inégaux sans doute s’étaient fait les champions de cette thèse. Ce qu’ils vantaient n’était pas à proprement parler une renaissance classique, mais une renaissance latine, le retour à la discipline, à l’harmonie, mais aussi le culte de l’inspiration personnelle, du lyrisme conforme aux aspirations de la race, le dédain des abstractions factices, du subjectisme vulgaire, du document spécial — en un mot les soucis classiques de l’âme, de {p. 33}l’idée, de la race, de l’essentiel humain et de la vérité générale, augmentés d’une préoccupation de lyrisme facilement romantique13 — et aussi des conceptions politiques divergentes.

Ce genre un peu spécial de classicisme qui n’est ni celui de Bossuet, ni celui de Racine, ni celui de Fromentin, a son origine dans l’œuvre du plus grand poète européen : Frédéric Mistral. C’est de là qu’elle s’est infiltrée jusqu’à nous. Mireille, le Poème du Rhône, Les Îles d’Or ont eu leur retentissement aussi bien sur M. Charles Maurras que sur M. Joséphin Péladan.

Car il y a deux sens au mot classique, ainsi que l’a marqué Sainte-Beuve :

« Le mot classicus se trouve employé dans Aulu-Gelle et appliqué aux écrivains ; un écrivain de valeur et de marque, classicus assiduusque scriptor, un écrivain qui compte, qui a du bien au soleil… Un vrai classique, comme j’aimerais à l’entendre définir, c’est un auteur qui a enrichi l’esprit humain, qui en a réellement augmenté le trésor, qui lui a fait faire un pas de plus, qui a découvert quelque vérité morale non équivoque ou ressaisi quelque passion éternelle… qui a rendu sa pensée, {p. 34}ou son observation, sous une forme n’importe laquelle, mais large et grande, fine et sensée, saine et belle en soi, qui a parlé à tous dans un style à lui, et qui se trouve celui de tout le monde, dans un style nouveau sans néologisme, nouveau et antique, aisément contemporain de tous les âges. Un tel classique a pu être un moment révolutionnaire, il a pu le paraître du moins, mais il ne l’est pas… il n’a renversé ce qui le gênait que pour rétablir l’équilibre “au profit de l’ordre et du beau”… »

C’est aussi :

« Les écrivains d’un ordre moyen, justes, sensés, élégants, toujours nets, d’une passion noble et d’une force légèrement voilée… écrivains modérés et accomplis… Cette théorie dont Scaliger a donné le premier signal chez les modernes est la théorie latine à proprement parler et elle a été aussi pendant longtemps la théorie française… Le chef-d’œuvre que cette théorie aimait à citer c’est Athalie. »

En somme, c’est ici la théorie de l’unité soutenue par Buffon dans le Discours sur le style, et Sainte-Beuve conclut :

« Il n’y a pas de recettes pour faire des classiques : ce point doit être enfin reconnu évident.

« Croire qu’en imitant certaines qualités de pureté, de sobriété, de correction et d’élégance, indépendamment du caractère même et de la flamme, on deviendra classique, c’est croire qu’après Racine père, il y a lieu à des Racine fils, rôle estimable et triste, ce qui est le pire en poésie. Il y a plus : il n’est pas bon de paraître trop vite et d’emblée classique à ses contemporains ; on a {p. 35}grande chance alors de ne pas rester tel pour la postérité. Fontanes, en son temps, paraissait un classique pur à ses amis ; voyez quelle pâle couleur cela fait à vingt-cinq ans de distance. Combien de ces classiques précoces qui ne tiennent pas et qui ne le sont que pour un temps ! On se retourne un matin, et l’on est tout étonné de ne plus les retrouver debout derrière soi. Il n’y en a eu, disait gaiement Mme de Sévigné, que pour un déjeuner de soleil. En fait de classiques, les plus imprévus sont encore les meilleurs et les plus grands : demandez-le plutôt à ces mâles génies vraiment nés immortels et perpétuellement florissants. Le moins classique, en apparence, des quatre grands poètes de Louis XIV était Molière ; on l’applaudissait alors bien plus qu’on ne l’estimait ; on le goûtait sans savoir son prix. Le moins classique après lui semblait la Fontaine ; et voyez après deux siècles ce qui, pour tous deux, en est advenu. Bien avant Boileau, même avant Racine, ne sont-ils pas aujourd’hui unanimement reconnus les plus féconds et les plus riches pour les traits d’une morale universelle ? »

Néanmoins, malgré les erreurs qu’elle comporte, la théorie de M. Louis Bertrand semble prévaloir. Sainte-Beuve d’ailleurs l’eût approuvée puisqu’il déclare : « L’important, aujourd’hui, est de maintenir l’idée et le culte (du classicisme). »

La tâche a été rendue facile par les influences subies.

M. Stéphane Mallarmé, sur lequel on s’est si généralement mépris fut le théoricien d’un classicisme rigoureux, et ceux qui l’écoutèrent savent quelle clairvoyance saine, quel sens infiniment averti de la {p. 36}mesure et des limites de l’art, il possédait. Un temps, M. Maurice Barrès agit dans le même sens. « Le culte du moi » aboutissant au culte du souvenir et de la patrie, fut essentiellement classique. L’artifice des phrases ne doit pas nous induire en erreur. Le barrésisme est un développement de l’unité intellectuelle et morale du français. Épanouissement de la sensibilité dans les limites que nous tracent l’exemple du passé, les forces du présent, la logique du devenir humain et national.

Ce qui fut mauvais et contraire à notre génie propre dans les influences reçues de l’étranger, une influence étrangère le neutralisa. Frédéric Nietzsche fit contrepoids à Tolstoï. Avec Zarathoustra, c’était, mêlée aux inquiétudes modernes, toute la lumière d’Hellas qui venait à nous, ses méthodes, son âme, ses erreurs, sa volupté précise. Au troupeau stupide, il opposa le conducteur de troupeau ; à l’adoration naturaliste de l’éphémère, il opposa le culte de l’inactuel ; à l’observation hésitante et méticuleuse du détail, la vision lyrique, la prescience du prophète. Il nous apprit surtout à discipliner les forces et les élans de la cité intérieure. Sa morale fut haute comme son esthétique, elles étaient humaines dans le sens que la Grèce antique donnait à cette épithète, surhumaines par rapport à nous. Ses disciples eurent l’ivresse de la plastique idéale. À la religion de la pitié il substitua celle de l’énergie, du désir de dominer « La vertu qui donne ».

{p. 37}Par Nietzsche, nous revenions au grand lyrisme du Prométhée, de l’Ecclésiaste, d’Hésiode, aussi quelque peu à la déclamation et aux subtilités des philosophes Alexandrins. Il réveilla « la pitié pour les dieux souffrants et voilés », source des forces dominatrices de nous-mêmes et des autres. Zarathoustra a contribué à annihiler chez nous la lourde hypocrisie sentimentale et germanique. Par là, son influence fut conforme aux aspirations françaises. Hugues Rebell le découvrit, M. Robert de Bonnières et surtout l’infatigable Henri Albert assurèrent une victoire nouvelle de la raison.

Cependant Charles Maurras, nourri de Taine et d’Auguste Comte devait aboutir aux mêmes conclusions. Une affaire judiciaire et politique, après avoir bouleversé le pays, marqua une division nouvelle des esprits. Le romantisme de Zola se heurta aux partisans de la vérité française. La préface de M. Louis Bertrand consacre la victoire du goût français sur les enthousiasmes étrangers14.

Mais, il ne faudrait point croire que cette victoire soit définitive ou complète. La confusion règne toujours. Les tentatives d’écoles ou de cénacles que nous avons signalées et qui sont caractéristiques, d’autres qu’il nous plaît d’oublier et qui sont le fait d’ambitions {p. 38}passagères ou basses n’ont point réussi à grouper la jeunesse d’aujourd’hui, encore moins à la diriger. Aux collaborateurs de l’Action Française d’un côté, à M. Marc Sangnier et ses amis du Sillon d’un autre, s’opposent les jeunes rédacteurs de la Petite République, de l’Aurore, des Pages Libres, en politique et en littérature. Il n’y a plus de revue qui soit l’organe d’un groupement d’idées littéraires. Il n’y a que quelques cénacles d’amateurs ou de camarades sans opinions directrices. Aux anciennes querelles d’écoles, a succédé une fusillade de partisans isolés. C’est par cet état seul de la littérature actuelle qu’il faut expliquer le succès qui accueille les femmes de plus en plus nombreuses et qui écrivent.

Deux courants généraux, trop généraux semblent pourtant avoir entraîné un certain nombre d’énergies.

 

L’Art social a vite dégénéré en un poncif social, c’est-à-dire socialiste, car, jusqu’à présent, les pièces socialistes ont été les seules pièces sociales. Un insuccès complet fut la récompense de ces tentatives, souvent intéressantes. Toute œuvre d’art est sociale, par cela seul qu’elle est vivante ; toute œuvre tendancieuse, si elle l’est entièrement et clairement, est artificielle. Ces vérités évidentes demeurent encore incomplètement admises.

 

Le Régionalisme attire davantage les jeunes hommes. À ce jour, il n’y a pas de théorie précise {p. 39}du régionalisme ou, du moins, il y en a mille ; c’est un groupement d’opposition qui convient au caractère français et qui obtiendra d’importants succès de détail. Nous doutons qu’il réussisse absolument ; pour cela il devrait avoir un credo ; ce serait la dispersion de ses adeptes.

 

L’Art social et le Régionalisme ne sont que, par accident, de la littérature. Nous manquons d’une foi neuve et profonde, d’une tendance qui entraîne et divise les écrivains. L’art comme la vie a besoin de luttes pour s’exalter et s’accroître. Une foi confessionnelle, morale, politique ou esthétique est nécessaire. Sans elle, il n’y a que la sincérité individuelle qui est insuffisante. Certes, un grand nombre de nos meilleurs écrivains se rallie à la foi française, mais un nombre important de jeunes gens s’en éloigne. Cependant, le salut semble résider là. Par une culture raisonnée et profonde des énergies françaises, un écrivain peut se former entièrement et admirablement. Il serait temps d’abandonner nos petites psychologies, nos petites formules, nos petites pitiés et nos grands mots, et notre vague humanitarisme. Il y a une âme française d’aujourd’hui aussi enthousiaste, aussi franche, aussi vive qu’autrefois ; elle sourit davantage, mais elle ne souffre pas moins ; c’est la princesse au bois, qui ne dort plus, mais qui s’amuse dans l’attente du Prince Charmant. L’oisiveté et l’attente sont dangereuses. Qu’il {p. 40}vienne, le maître de la pensée et du verbe, la jeune âme française lui obéira et le suivra. On a dit à tort que nous manquions de critiques, non, nous manquons davantage d’œuvres vivantes. En effet, par une erreur singulière des écrivains, à l’instant où l’amour semble de plus en plus vaincu par l’argent, la littérature est à peu près totalement sexuelle. À l’heure où les modes d’existence tendent à se diversifier, tous les écrivains dédaignent l’observation des mœurs, dans le roman et au théâtre, pour rabâcher éternellement les mêmes aventures de romanesque sentimental, de fantaisie vieillotte ou les mêmes évocations de rétrospective passionnelle. Le mépris des idées, la confusion des intentions nous mènent plus sûrement à l’uniformité. Depuis que chacun fait ou veut chercher du nouveau, toutes les œuvres se ressemblent. Le nouveau, c’est dans la culture de notre tradition que nous le trouverons, si nous sommes dignes de le trouver, mais dans une culture intelligente, active, féconde.

Il faut savoir regarder, comprendre et sentir pour être un écrivain, mais cela ne suffit pas. Un observateur qui ne sait pas son métier d’écrivain, un écrivain qui n’a ni sensibilité, ni rectitude de vision sont des artistes incomplets. Malheureusement ce sont eux qui dominent…

Et il y a ces graves symptômes.

1º L’ignorance encyclopédique des jeunes écrivains, leur manque de culture générale.

{p. 41}2º Le goût de la barbarie qui s’affirme. Une partie du public en est venue à préférer l’ébauche au travail achevé, à aimer les œuvres informes, mal composées, sous prétexte qu’elles sont plus proches de la vérité.

M. Remy de Gourmont disait autrefois : « L’instinct abolit le génie… » Nous pourrions ajouter : « la France est un pays de tradition, d’élégance, de méthode… Elle a préparé la victoire d’un art aux lignes parfaitement délimitées… » Gardons-nous de l’oublier. Notre industrie et notre commerce sont morts, pour avoir oublié que notre industrie et notre commerce étaient commerce et industrie de luxe. Ne visons pas à la quantité. Toutes les productions françaises sont au-dessus de l’utilité immédiate. N’imitons pas les grossiers bariolages anglo-saxons. Nous sommes des latins !…

Deuxième partie. L’évolution des genres §

Chapitre I. La critique §

{p. 45}« La ressource des amours-propres offensés c’est une définition meurtrière de la critique. Pour eux, c’est l’infécondité et c’est l’Envie… Elle ne voit pas que les défauts dans les œuvres, elle y voit et fait voir aussi les beautés, souvent inaperçues autant que les défauts ; et, pour elle, ce n’est pas tout encore. Quand il n’y a ni beautés, ni défauts dans une œuvre, qu’au lieu de médiocre, elle est nulle, quand l’artiste n’a pas su lutter avec les difficultés de son sujet et qu’il a été accablé et anéanti par {p. 46}elles, la critique refait à sa manière… elle devient inventive, elle crée15… »

Notre époque, où manquent trop les esprits d’ensemble, dans le mépris où l’on tient les idées générales, nous donne, chaque jour, une définition nouvelle de la critique.

Celle que nous avons citée nous paraît la plus française, la plus conforme à l’initiative, à la clarté, à l’intelligence qui sont caractéristiques de la race. Malheureusement, la plupart de nos contemporains n’ont retenu que les méthodes analytiques comme propres à la critique.

Réduire le critique à n’être plus que le conseiller dogmatique, ou que le prophète enthousiaste, ou que le libelliste, ou même que le simple metteur en pages de documents, c’est, nous semble-t-il, comprendre imparfaitement ce rôle de critique. Et chose plus grave, c’est diminuer l’intérêt qui s’attache à ses jugements.

La fatuité naïve et l’orgueil inhérent à tous ceux qui composent d’imagination, leur font regarder la critique comme une besogne inférieure. Le critique ne crée pas16, disent-ils. Mais par ces temps d’imitation et d’industrialisme, par ces temps de bibelots littéraires, de précocité, de truquage et d’ignorance, {p. 47}il se pourrait bien que les critiques intelligentes survécussent aux productions qui les motivèrent. La plupart des ouvrages de nos critiques d’aujourd’hui peuvent se relire et se relisent encore avec plaisir. De combien de romans ou de pièces, pourriez-vous en dire autant ?…

Toutefois, nous serions mal venus à ne pas constater le désarroi apparent de la critique et son influence inefficace sur l’élite. De cette faiblesse, les causes se découvrent facilement :

1º Le critique s’est laissé gagner par la confusion générale des lettres. Le critique qui, par définition doit être un esprit clair, méthodique, ami des dissociations d’idées, partisan de la différenciation, oublie, tout comme les autres, les limites propres au genre qu’il a choisi :

2º Accablé par la quantité d’œuvres qu’il doit examiner, il n’a plus la lucidité nécessaire, le temps et la place de développer ses idées, d’examiner l’ensemble d’un roman ou d’une comédie. Presque toujours, il se borne à des remarques de détail, à des conseils vagues ou bien à une condamnation non motivée. Dès lors, moins précise, moins complète, la critique est devenue moins intéressante pour le public d’élite.

Par un singulier raisonnement, on a contribué à discréditer la critique en la mêlant, dans les journaux quotidiens, aux réclames commerciales ou aux informations. Il convient d’insister.

{p. 48}On se plaint généralement, parmi les jeunes, que les journaux « ne parlent pas assez » des livres nouveaux. Ils « en parlent trop » au contraire. La faute en est aux auteurs qui confondent le succès moral et la vente d’un livre. Il faudrait s’entendre une bonne fois.

Inversement à l’opinion générale la vente d’un livre est en raison directe de son succès moral. Sans doute le snobisme, les duels, la curiosité des collégiens et des jeunes femmes, les relations mondaines ou politiques ne sont pas sans influer sur la vente d’un livre. Ces succès sont éphémères et ne portent que sur un seul titre, non sur un auteur. La plupart du temps d’ailleurs, le lecteur qui acheta le roman sur la foi d’une publicité de scandale se déclare volé et les éditeurs sont obligés, en mettant en vente le volume qui suit, à des frais plus grands pour un résultat moindre.

Depuis dix ans, les quotidiens ont pris l’habitude d’accepter, contre argent, l’insertion d’articles de complaisance en faveur des livres nouveaux. Dès à présent, ce mode de réclame n’obtient que des résultats en désaccord avec la dépense faite. Ce mal d’ailleurs existait déjà il y a soixante ans17. Il n’a fait que s’accroître. L’heure est proche où les éditeurs se contenteront d’annoncer le titre ou de publier une {p. 49}sèche analyse de leurs ouvrages. Ce sera plus franc et plus habile. Les « prière d’insérer », les éloges de camarade ne trompent personne et il y a plus d’auteurs qui maudissent leurs panégyristes outranciers que de vrais méconnus gémissant du silence des critiques.

Ce débordement de publicité nous le devons à l’invasion des amateurs. Ce n’est plus l’œuvre qui crée la personnalité de l’auteur, c’est la personnalité de l’auteur qui étaye un mauvais livre !…

D’ailleurs ce n’est point le devoir d’un critique de faire vendre un ouvrage. Certainement lorsqu’il signale les beautés, il incite ses lecteurs à connaître davantage le livre ou la pièce qui les renferme. Mais le plus souvent le critique s’adresse à celui qui a lu le livre et écouté la pièce, et c’est à ce spectateur, à ce lecteur qu’il doit donner de nouvelles raisons d’aimer ou de dédaigner l’ouvrage que tous les deux, connaissent de façon inégale.

Le devoir du critique est de s’adresser directement à l’auteur et de lui signaler ses défauts ou d’encourager ses qualités. Il ne transformera en aucune façon la « manière » de cet auteur pour peu qu’elle soit personnelle, et l’auteur continuera à entretenir avec soin ses qualités et surtout ses défauts qui constituent sa « marque »18. Non, il ne s’attirera {p. 50}même pas la reconnaissance de celui qu’il conseilla — au contraire — mais il aura mis en garde une génération neuve contre les travers des aînés, travers que les jeunes sont le plus portés à chérir. Le critique peut être l’éducateur d’une jeunesse intelligente (Sainte-Beuve a, de la sorte, dirigé les débuts des romantiques). Voilà son rôle. Nous ne le considérons différemment que parce que nous avons pensé que la critique pourrait rentrer en lutte avec la réclame déguisée — et nous avons tort. La critique peut entrer en lutte avec la littérature industrielle, mais avec la littérature seule ; se mesurer avec une publicité scandaleuse, c’est se diminuer, s’abaisser, s’anéantir. Les rares lecteurs qui s’inspireront des études sévères ne se soucieront plus des entrefilets tintamarresques des quotidiens19. S’y trompe-t-on d’ailleurs ?… En vérité, s’ils poussent à l’achat d’un livre, c’est parce qu’ils vantent le côté érotique de ce livre — et c’est contre la pornographie {p. 51}dont on fait un appât que le critique probe doit s’élever. Qu’il songe que Barrès et Victorien du Saussay n’ont pas la même clientèle, ne peuvent pas l’avoir et que l’un ne saurait faire tort à l’autre, et qu’il agisse pour le renom de notre pays dont la grandeur littéraire est la plus belle gloire. Il créera ainsi deux catégories : dans l’une se rangeront les écrivains laborieux, décidés à la hautaine médiocrité, dans l’autre, les commerçants de lettres, patrons d’« usines littéraires » assimilés à des spéculateurs malhonnêtes. Et le public ne saurait les confondre. Ainsi, l’aristocratie de l’intelligence sera sauvegardée et c’est la vraie tâche du critique et non pas d’enrichir les écrivains.

La critique ne s’adresse qu’aux élites et sa portée est nulle sur le grand public et cela est si vrai que pour les gros lancements de romans populaires les éditeurs ont renoncé à l’article payé d’apparence critique pour revenir aux affiches. La littérature et la critique industrielles n’ont de portée que sur cette classe d’esprit qui a les goûts de la plèbe et les prétentions de l’aristocratie. Il y a là une bassesse de cœur qui se satisfait de bas écrits mais qui exige qu’on les lui vante à l’égal des chefs-d’œuvre. Il y a des gens qui achètent un livre et un journal comme une boîte de thé ou un phonographe ; ils veulent qu’on leur donne une prime avec la marchandise et qu’elle soit le produit à la mode. Ni les arts, ni les lettres ne descendront jamais à ce public. Le bon sens {p. 52}des esprits droits, le bon goût des délicats ne restent pas les dupes des manœuvres commerciales d’un faux-artiste. Pourquoi les vrais écrivains leur envieraient-ils ces succès. Après l’article de M. Jules Lemaître, la vente de M. Georges Ohnet n’a pas baissé mais on s’est moins vanté de lire les Batailles de la Vie.

Des écrivains, dignes de ce nom20, reprochent aux quotidiens d’avoir donné au public le dédain de la littérature. Il y a erreur. Ici, précisons, à nouveau. Le public des journaux appelle littérature, une sorte de lyrisme en prose. Ce que les directeurs refusent, ce que les lecteurs maudissent c’est surtout un certain ton poétique, une sorte de littérature fragmentaire, vaguement impressionniste dont l’Écho de Paris et le Journal, il y a sept à huit ans, saturaient leurs acheteurs. Mais qu’on apporte une œuvre vivante, même bien écrite, elle intéressera le public d’un journal à un sou.

La littérature seule n’a pas de prise sur des gens qui lisent, en hâte, dans la fièvre de leurs courses ou les intervalles du service, au restaurant. Pour ce public, on a développé la critique anecdotique et la littérature de documents. L’étude « des milieux spéciaux » menace de tout submerger. C’est le dernier héritage du naturalisme « qui a réduit la fiction au {p. 53}minimum, j’en infère que les écrivains ne se sentaient déjà plus capables d’inventer, ni leurs lecteurs de croire21… »

Si la critique n’a que peu de place dans les quotidiens, par contre elle déborde les revues. Et généralement elle y est intéressante, simplement parce qu’elle a la place de s’étendre et que c’est un mode qui ne souffre guère la sécheresse — ou alors il faut beaucoup d’esprit et de méchanceté. Dans les revues, elle est devenue un refuge, c’est le seul genre d’articles qu’on accepte d’un débutant — qui peut ainsi y apprendre des faits, y gagner des idées, en un mot, y faire un apprentissage utile et s’y dresser aux méthodes.

Nous manquons de critiques, a-t-on dit, alors que nous n’avons guère que cela, mais presque tous manquent de liberté, emprisonnés entre la crainte de déplaire et leurs préjugés politiques ou moraux. Mais, il semble bien qu’il en a toujours été ainsi.

En résumé, la confusion des genres qui a atteint la critique elle-même, la hâte résultante des ambitions plus vives, la multiplicité des livres nouveaux, la place plus restreinte qu’on lui accorde dans les journaux et l’abus des éloges payés, ont provoqué une crise de la critique plus apparente que réelle. Trop dogmatique, réduite à une seule note, l’éloge {p. 54}ou le blâme, la critique a moins d’intérêt pour le public. Pour reprendre son autorité, il lui suffirait d’être plus sincère et plus audacieuse. Qu’elle n’attende pas qu’on lui rende sa place, qu’elle la réclame et qu’elle la prenne. Être sincère, c’est aujourd’hui, plus que jamais le moyen d’être fort22. Nous allons voir que cette audace a reçu sa récompense. D’ailleurs quel est l’écrivain de valeur qui s’indignera d’une critique loyale, seul le commerçant peut se plaindre d’atteinte portée à ses affaires. Mais celui-là ne nous préoccupe point.

Il y aurait une distinction à faire entre les critiques qui sont aussi romanciers ou poètes et les critiques qui se vouent exclusivement à juger les œuvres d’autrui. Nous nous étendrons davantage sur ces derniers.

 

M. Remy de Gourmont. — Essentiellement combative à ses débuts, la critique symboliste a fait ses preuves. L’emphase brusque et mélancolique de Bernard Lazare, les paradoxes de morale dionysienne de Hugues Rebell, l’érudition appliquée et impartiale de Robert de Souza, la virulence orfévrée de Laurent Tailhade, l’impertinence amusée et la finesse {p. 55}de Mme Rachilde, la subtilité de M. Gustave Kahn, le nietzscheïsme spirituel de M. André Gide, la netteté et l’émotion contenue de M. Henri de Régnier, les théories guelfes de M. Georges Polti, ont assuré au Mercure de France, et à l’Ermitage, après la Vogue de Gustave Kahn et la Revue Indépendante d’Édouard Dujardin, une place importante dans le mouvement des idées.

M. Remy de Gourmont s’est placé à part. Il s’est fait le défenseur de la liberté des mœurs et de celle du style. Il est l’homme de la cité des livres. Parce qu’il craint de tomber dans la sensiblerie, il manque, parfois de sensibilité, mais il est d’autre part, un des rares hommes qui sachent raisonner aujourd’hui. À son propos quand on a parlé de l’influence nietzschéenne, il a fait remarquer très justement que Nietzsche n’aurait pas eu tant de succès, si sa pensée n’avait été pensée par des esprits orientés déjà comme le sien, si Zarathoustra n’avait été la traduction de la pensée d’une génération… L’anarchisme souriant, la logique rigoureuse, le bon goût sceptique de M. Remy de Gourmont contre-balancent bien des sectarismes. Il est comme la synthèse de la libre recherche. Son Problème du Style, ses Épilogues, qu’ont une force durable, sa Culture des Idées, son Esthétique de la Langue Française ont des grâces saines, un aspect de vérité riante qu’on n’a pas coutume de rencontrer en de tels sujets. M. Remy de Gourmont prend à tâche de nous faire aimer tout ce {p. 56}avec quoi les pédants nous brouillèrent. Son érudition de bon aloi et sans lourdeur sait être aimable avec ironie. Il craint de croire et, pourtant, il parle des poètes avec passion. Ses Livres des Masques — trop élogieux sans doute ; il le fallait alors — sont un document autant pour leur date que par l’habileté de la forme. La critique ici nous découvre des beautés souvent inaperçues. M. Remy de Gourmont est au-dessus des questions politiques qu’il méprise et son atavisme de noblesse terrienne lui donne quelque impertinence à cet égard. C’est l’homme qui dans la déroute des aristocraties est demeuré fidèle à celle de l’art, obstinément. Son éthique est celle de la Préface de Mlle Maupin ; l’art jamais ne doit être utilitaire.

Dans un sens différent, MM. Maurras et Ernest-Charles s’opposent à M. Remy de Gourmont.

 

M. Charles Maurras. — En général, depuis dix ans, l’effort de la critique tend à ruiner l’influence romantique dans le livre et au théâtre, soit au profit d’un art social, soit au profit d’une renaissance classique, ou si vous le voulez d’une renaissance latine.

L’idée latine devenue par infiltration, après la défaite méridionale du xiiie siècle et par la Renaissance et par suite aussi de l’influence royale, l’idée française de la force, de la tradition et de la clarté n’a pas trouvé de champion plus fidèle que M. Maurras.

Obéissant à un instinct d’avide curiosité qu’il soumet à une discipline intransigeante, aux bienfaits {p. 57}d’une méthode rigoureuse, M. Charles Maurras demeure un guide sévère et peu soucieux de paraître aimable. Il n’admet pas que le littérateur, dans un but d’art pur, se libère des soucis moraux et politiques de son époque. Il a lié à ses dogmes classiques l’idée monarchique. Il en est le défenseur spirituel et acharné. Avec les dons de dissociation qui l’apparentent à Voltaire dont il a la causticité et dont il emploie les sophismes, M. Charles Maurras se manifeste surtout logicien intelligent. Il avait donc le droit de s’inquiéter de l’avenir, de l’intelligence.

Mais l’intelligence aujourd’hui n’est plus libre. L’argent l’asservit. L’intérêt de l’homme qui pense peut être d’avoir beaucoup d’or, mais l’intérêt de la pensée est de se rattacher à une patrie libre, telle que la peut seule maintenir l’héréditaire vertu du sang. Dans cette patrie libre, la pensée réclame pareillement de l’ordre, celui que le sang peut fonder et maintenir. Quand donc, l’homme qui pense aura sacrifié les commodités et les plaisirs qu’il pourrait acheter à la passion de l’ordre et de la patrie, non seulement il aura bien mérité de ses dieux, mais il sera honoré devant les autres hommes, il aura relevé son titre et sa condition. L’estime ainsi gagnée rejaillira sur quiconque tient une plume. Devenue le génie sauveur de la cité, l’intelligence se sera sauvée elle-même de l’abîme où descend notre art déconsidéré.

M. Maurras s’écrie :

{p. 58}« Le patriciat dans l’ordre des faits, mais une barbarie vraiment démocratique dans la pensée, voilà le partage des temps prochains : le rêveur, le spéculatif pourront s’y maintenir au prix de leur dignité ou de leur bien-être ; les places, le succès ou la gloire récompenseront la souplesse de l’histrion : plus que jamais, dans une mesure inconnue aux âges de fer, la pauvreté, la solitude, expieront la fierté du héros et du saint, jeûner, les bras croisés au-dessus du banquet, ou, pour ronger les os, se rouler au niveau des chiens. »

Et pour sauver l’intelligence, il faut d’abord que l’intelligence veuille briser ses chaînes, qu’elle revienne à appuyer le triomphe de l’Épée, l’âme du sang et la race. Il faut choisir entre la Raison ou la Révolution, entre le classique et le romantique, entre la Tradition ou l’Esclavage…

Historien des Amants de Venise, le styliste d’Anthinea, le critique de la Gazette de France et de la Revue Encyclopédique, a réussi à créer un mouvement et à faire partager sa haine du romantisme. Il a donné, s’il ne l’a pas créé, une vive impulsion au mouvement fédéraliste. Le plus véhément remueur d’idées d’aujourd’hui, M. Charles Maurras, est un des derniers esprits vraiment français. En lui, il y a une âme passionnée pour la gloire de la Terre Natale et il est un des écrivains les plus purs de notre littérature.

 

M. J. Ernest-Charles. — Lui aussi n’aime pas les romantiques, mais jusqu’à présent il s’est gardé de tout didactisme et il serait bien difficile de reconnaître {p. 59}un dogme précis dans ses critiques. Il abhorre l’immoralité et la sensualité, il a écrit sur Paul Adam, Pierre Louÿs et Mirbeau des pages injustes. Et d’autre part, influencé par ses sympathies politiques, il a fait un éloge de M. Michel Corday. Adversaire du fatras, de l’obscurité, de l’érudition puérilement étalée, il confond dans une même réprobation M. Jean Moréas et M. Gaston Deschamps. Il y a beaucoup d’erreur dans sa critique, parce que M. Ernest-Charles y apporte les méthodes de la polémique politique par où il débuta, mais il est de bonne foi et son ambition est courageuse et noble. Ce qui l’étonnera le plus c’est qu’en fin de compte, il procède comme M. Brunetière, en prenant le contre-pied des idées du critique de la Revue des Deux Mondes ; il songe trop à l’utilité morale de l’art. Ceci n’empêche pas que M. Ernest-Charles ne soit un des critiques les plus probes de ce temps et l’un des rares qui ait étudié les choses dont il discute. Écoutons-le fulminer contre les productions industrielles :

« L’industrialisme exaspéré, viciant même des écrivains dignes de ce nom, est une des causes qui nuisent à l’influence, dans le monde, de notre littérature contemporaine, l’une des plus grandes si je ne me trompe, et je revendique l’honneur de l’avoir marqué l’un des premiers. »

M. Ernest-Charles eût pu dire le premier. Accordons-lui ce qui est un honneur, en effet : c’est grâce à M. Ernest-Charles et à ceux qui le suivirent, que {p. 60}la foule (?) des lecteurs ne se prend plus aux articles tintamarresques des quotidiens.

M. Ernest-Charles manie une ironie terrible et il est difficile de penser qu’il la manie sans méchanceté. Voici quelques jugements de M. Ernest-Charles :

— Il ne saurait être superflu de se demander encore si ce n’est pas précisément parce qu’il mourut fou qu’il est bien prouvé que Nietzsche fut véritablement un homme de génie.

— (Marmontel.) Ah ! voici le véritable homme de lettres de tous les temps et de notre temps. Je ne lui connais guère qu’une supériorité sur nos contemporains les plus notoires et les moins estimés ; c’est qu’il est mort. Cela le rend bien sympathique.

— (L’Académie Goncourt). Des hasards comiques ont réuni dans la plus disparate et la plus folle des académies quelques écrivains de mérites très différents et· quelques écrivailleurs sans idées et sans style qui ont été jusqu’ici les contempteurs de toutes les académies.

— Tous les illettrés savent et au besoin prouveraient que le cardinal Perraud représente la littérature française à Autun.

— Quant à Pierre Veber, je le crois capable de tout.

— M. André Lichtenberger est égal à lui-même dans tous les sujets qu’il traite ; c’est probablement le seul reproche qu’on puisse lui adresser.

— (Henry Bordeaux). Écrivain de bon ton, de si bon ton, il écrit un style pur, immaculé, virginal, que ne pollue aucun contact, un style propre, repassé, glacé, qui, en souvenir de Bourget, se fait blanchir à Londres — ou à Genève…

{p. 61}M. Ernest-Charles éprouve du plaisir en écrivant de semblables choses et malgré nous, nous en éprouvons à les lire ! Sévère, mais parfois juste. Et remarquez qu’il y a dans ses Samedis littéraires quelques pages louangeuses. Mais, lorsque M. Ernest-Charles louange, il badine en même temps, afin qu’on ne le prenne pas trop au sérieux.

Mais où M. Ernest-Charles est admirable c’est lorsqu’il parle de la langue française et lorsqu’il découvre une œuvre étrangère proclamant la précellence de notre langue, lorsqu’il combat le style trop hâtif. Ce radical est nationaliste à sa manière. Il a beaucoup des préoccupations de M. Maurras ; comme lui, il regrette l’abaissement moral des littérateurs, cet amour de l’or qui les pousse au-devant de leur propre servitude. Il a eu, à l’égard de M. Willy dont les procédés de réclame outrancière lui ont fait oublier les admirables qualités, des façons violentes d’apôtre chassant les marchands du temple.

M. Ernest-Charles est le critique qui convient aux époques où l’on gouverne avec la gauche radicale. C’est le bourgeois éclairé, qui garde trop de confiance dans les vertus des classes dirigeantes. Il a loué Waldeck-Rousseau. Il aime la précision, la clarté, l’ouvrage bien fait. Il est curieux, intelligent, un peu trop géométrique. Son style est concis et son accent vif. On garde mémoire de ses jugements.

 

M. André Beaunier est l’auteur d’un recueil d’études {p. 62}sur la Poésie Nouvelle : en réalité une apologie du symbolisme. Normalien, rédacteur au Figaro, M. A. Beaunier est aisé dans ses essais. Il ne doute pas ; il n’affirme pas non plus de façon indiscrète. C’est un virtuose aimable, sans être superficiel, spirituel, parfois un peu sec. Il a la phrase agile de Voltaire ; un grand goût de nouveauté l’anime : il est excessivement habile à défendre ses admirations. C’est un avocat retors, persuasif. Critique épris de modernisme, il excelle à justifier ses amitiés. Il est regrettable qu’il ne continue point à écrire d’autres pages rapides, intelligentes, brillantes, simples comme celles des Notes sur la Russie, des Bonshommes de Paris et de la Poésie Nouvelle.

 

MM. Marius-Ary Leblond : Ils sont en opposition avec le mouvement de renaissance néo-classique qui triomphe. Bien qu’ils aient donné sur Leconte de Lisle des chapitres de critique très profonde, ils demeurent influencés des Goncourt.

Dans le discours qu’il prononça le 2 mars 1894, au banquet Goncourt, M. Georges Clemenceau, plus ingénieusement que justement, voulut ramener « le chevalier de Marie-Antoinette » jusqu’à la théorie de l’humanité, de la pitié. « Il a tendu sa main fière à la fille Élisa et ne la peut plus retirer… » MM. Marius-Ary Leblond comme l’auteur du Grand-Pan ont voulu mêler à l’aristocratie — un peu affectée — du style, la démocratie des idées ; ils ont oublié les {p. 63}pages amères des Goncourt et de Leconte de Lisle contre la Commune. Eux aussi ont voulu être « des travailleurs de la République de beauté sociale… » Avec une ténacité pleine de conviction, éclairée sinon impartiale « ils ont étudié la Société française sous la troisième République. Ils ont examiné l’évolution des types et des classes sociales à travers les œuvres de ce temps ».

Tel qu’il est, ce précis d’Histoire contemporaine, dans sa spécialité nettement circonscrite, est une œuvre séduisante. En analystes consciencieux, Marius-Ary Leblond ont observé la méthode méticuleuse de la science expérimentale, sans faire abstraction de leur personnalité qui se révèle par une critique souvent nuancée d’ironie, mais toujours courtoise. Pour appliquer cette ironie, ils ont cru pouvoir se départir de leur respect envers la foule. Comprenne qui pourra ! Un exemple : Ils citent un livre de M. Henry Bérenger, la Proie, qu’ils déclarent un roman remarquable, et ils en donnent un extrait qui commence ainsi : « Lieutenant de dragons et vicomte, il monte à cheval et descend du xve siècle. » Le lecteur avisé songe aussitôt que si M. Bérenger a de l’esprit, il le doit à Rochefort. Ils saluent la disparition des aristocraties comme un gage de bonheur. Ils sont socialistes mais pensent-ils qu’il y ait dans la cité future une place pour les écrivains souvent précieux, toujours élégants, parfois compliqués qu’ils ont voulu être ?

 

{p. 64}M. Eugène Montfort. — Rien ne laissait prévoir, il y a six ans, le critique délicat, original, nerveux, sobre que s’est révélé M. Eugène Montfort dans les Marges. Souriant, indulgent et précis, il a développé logiquement les tendances hésitantes de notre époque. Il a marqué ce que pouvait être le bon goût et ce qu’on devait aimer avec mesure et dans quelle mesure.

 

M. Marcel Boulenger. — Il est critique, d’un didactisme imperturbable, d’un dandysme qui est sûr de lui jusqu’à l’exaspération. Ce seigneur de lettres qui a l’horreur des grands mots et de l’enthousiasme, a des scrupules de professeur. À tout prix, il veut museler la licence syntaxique de nos écrivains. Il renvoie tous nos faux jeunes maîtres à l’école. Il rogne, il ligote, il emprisonne. Il a du chirurgien dans la façon de vous palper une œuvre. Il effraie. Mais c’est un critique qui sait ce dont il parle, qui connaît sa langue et l’histoire de sa langue, qui a du bon sens, et une conscience très haute de sa beauté, de son influence civilisatrice, et qui se lamente à regarder l’anarchie actuelle, la décadence prochaine.

 

M. Camille Mauclair. — Il « a touché à tout et l’on peut dire qu’il n’est pas de beautés ni d’idées qu’il n’ait goûtées et comprises, ni de façon de sentir ou de penser auxquelles, il ne se soit prêté pour {p. 65}nous en donner ensuite… sa notation propre et toujours intéressante23… »

Il est critique littéraire et critique d’art. Un de ses livres les plus complets, L’Art en silence, contient sur l’Esthétique de Stéphane Mallarmé, des pages d’une intelligence singulière, sa dernière « Étude », De Watteau à Whistler a soulevé une curiosité générale. L’œuvre vaste de M. Mauclair échappe au cadre de cette étude. Elle a reflété trop de beautés diverses pour que son évolution s’en puisse résumer succinctement. On dira cependant que la confusion actuelle qui règne dans les esprits n’a pas été sans écho dans l’œuvre de M. Mauclair.

 

M. Maurice Le Blond. — « Le romantisme avec tout ce qu’il contient de faux et d’outré sévit encore dans nos intelligences… il corrompt et brûle le sang de notre race… L’art de demain se distinguera sur tout par l’absence presque totale de ces techniques prétentieuses et subtiles… Les prochaines réformes littéraires aboutirent à un effort simpliste24. »

Et comme les autres, M. Maurice Le Blond bat en brèche le romantisme pour aboutir à une apologie de Zola « romantique ». La lucidité un peu vide de sa critique, son ardente bonne volonté, des {p. 66}facultés d’enthousiasme intelligent, un style clair, vivant n’ont pas empêché M. Maurice Le Blond de louer précisément ceux-là qu’il condamnait en principe ; de M. Retté à Émile Zola, il a admiré des romantiques. Il n’a pas voulu voir que Coupeau, que l’abbé Froment, que Mgr Rougon sortaient en ligne droite des Misérables, qu’ils étaient aussi faux, aussi vulgairement symboliques que Fantine, Jean Valjean, aussi loin de l’humanité que les Burgraves qui parlent par antithèses chez le grand Hugo. M. Maurice Le Blond qui est un esprit juste s’est laissé gâter par le vent des tendances sociales qui souffle sur les jeunes têtes. Mais, comme il est clairvoyant et soucieux de beauté, il comprendra sans doute en quelle maritorne mafflue, il risquerait de couronner la déesse immortelle qu’il a suivie d’abord.

 

M. Gabriel Trarieux. — Critique sévère, nuancée, combative. La Lanterne de Diogène est un recueil d’études d’apparence achevée. Avec un réel souci d’art plus vivant, plus humain — un peu didactique — M. Trarieux représente une tendance d’art caractéristique. Sa conférence sur La mission du Drame atteint une réelle hauteur de pensée — malgré quelques concessions aux erreurs de l’art démocratique.

 

M. Edmond Pilon — a étudié tour à tour les figures curieuses du passe et du présent. Ses Portraits français intéressent surtout par le style gracieux et {p. 67}sûr, mais ses monographies de contemporains, bien que s’abstenant volontairement de dénigrer, n’en dénotent pas moins une clairvoyance peu commune, et, parce qu’il sourit souvent, il ne faudrait point conclure à l’indulgence aveugle de ce critique.

 

C’est parmi ce passé vivant où M. de Régnier a entraîné tant de jeunes gens, vers les deux siècles héroïques et galants, que nous retrouverons Fernand Caussy, esthéticien méticuleux, trop méticuleux mais qui, sur Sénac de Meilhan, le Prince de Ligne et Choderlos de Laclos écrivit des pages sérieuses.

M. Pierre de Bouchaud, maintenant, aux marbres de Versailles, préfère les marbres d’Italie, mais tour à tour ils eurent son admiration et provoquèrent ses livres concis et lyriques où la critique d’art et d’histoire se fleurit de poésie. Les travaux de M. André Lebey s’apparentent mieux à l’histoire. M. Léon Bocquet, pieusement, en poète et en compatriote, a conté la vie et analysé l’œuvre d’Albert Samain. M. Émile Magne après Bertrand de Born étudie Scarron et son milieu. Les Sentiments, de M. Gilbert de Voisins rappellent les Prétextes d’André Gide. C’est la même critique incisive, d’une sensibilité peut-être artificielle, mais adroitement nuancée. Pour arriver à comprendre ainsi les œuvres et en jouir, une patiente et complète éducation artistique était nécessaire. M. Adrien Mithouard, excellent {p. 68}poète, auteur du Tourment de l’Unité, prêche le retour à la simplicité en art. M. Jean Viollis s’est exercé, sous son nom et sous divers pseudonymes, à une critique violente, un peu étroite, critique de combat, souvent dogmatique, parfois purement scolastique. M. Alphonse Séché tantôt seul, tantôt avec M. Jules Bertaut, agence d’habiles monographies dramatiques. M. Jules Bertaut à la Revue Hebdomadaire fait preuve d’une conscience sans défaillance, d’un jugement sain dont on nous avait déshabitués. Hier ses Chroniqueurs et Polémistes l’ont placé au premier rang et décèlent une sensibilité ironique et spirituelle. De M. Philéas Lebesgue, poète et critique, on consultera avec fruit l’Au-delà des Grammaires. Les concises et précises études de M. Jean de Gourmont valent qu’on s’y intéresse.

M. Georges Polti est peut-être le seul qui garde le souci des idées générales dans la critique dramatique. On a trop oublié ses 36 Situations dramatiques qu’on a tant pillé. Nul n’a plus que M. G. Polti, — avec une éducation très complète de l’intelligence scénique, — le sens de la continuité, de l’influence et des ressorts d’une idée dramatique, idée que le ciel, la race, la terre ont créée. M. Gabriel Boissy défend avec une activité inlassable la renaissance du théâtre héroïque et tragique, la valeur moralisatrice de l’idéal latin et fonde même des théâtres pour y mettre en œuvre ses théories. L’héroïsme tragique avait déjà trouvé un défenseur dans {p. 69}M. Paul-Louis Garnier dont on connaît les premiers enthousiasmes philosophiques et littéraires.

L’esprit traditionniste royaliste, l’idéal classique de M. Maurras avait mis en M. Georges Grappe ses espoirs les meilleurs. Il semble qu’il les réalisera en talent, sinon en idées.

Érudits et Bibliophiles §

M. Ad. van Bever a donné des éditions critiques de Jodelle, d’Agrippa d’Aubigné. Il a publié des morceaux choisis des conteurs libertins, les œuvres galantes des conteurs italiens. Son érudition est sûre, mais surtout curieuse, sa critique minutieuse. Il a contribué à créer une méthode bibliographique dont l’usage s’est généralisé. Les notices dont il a précédé ses rééditions suffisent à prouver que sa sensibilité n’est pas moindre que sa conscience d’érudit et qu’en plus de la patience, de la subtilité, de la méthode, il possède aussi les qualités du créateur. Il le faut d’ailleurs pour évoquer l’âme du passé et la faire revivre hors de la poussière des documents.

M. A. van Bever a donné en outre (avec M. Paul Léautaud) une anthologie les Poètes d’Aujourd’hui (1880-1900). Son exemple fut suivi par M. A.-M. Gossez qui donna les Poètes du Nord, sur le même plan.

Rappelons encore les travaux de M. de Gourmont {p. 70}et les noms de MM. Dauze, l’habile et savant directeur de la Revue biblio-iconographique, Georges Vicaire, Champion, Pierre Dufay, G. de Dubor, Paul d’Estrées, Henri d’Alméras, Fernand Caussy, Paul-Louis Hervier ; Virgile Josz et Georges Riat sont morts d’hier.

 

M. Casimir Stryenski, qui s’est dévoué à la mémoire de Stendhal, M. Roger Boutet de Monvel (Les Variétés) historien autant qu’essayiste, M. Jean Mélia, devraient être compris dans cette étude, mais nous retrouverons ailleurs tous ces noms et d’autres — car les limites de l’essai sont vagues et le domaine de l’érudition se subdivise en tant de districts qu’il nous serait impossible de les connaître tous.

Journalistes §

Tout le monde fait du journalisme, peu ou prou, et malgré les justes récriminations des artistes, il se fait encore beaucoup de critique dans les journaux. Dans les uns, elle a revêtu la forme de l’interview, pour les autres, ils ont conservé leurs critiques attitrés. Ces derniers ne brillent pas en général par un souci fort apparent de découvrir des talents ignorés ou de guider le goût du public. M. Gaston Deschamps très certainement apporte dans ses feuilletons du Temps une sincérité visible, mais malgré toute sa bonne foi, nous devons avouer qu’il apparaît {p. 71}comme très mal renseigné et d’une timidité qui confine à l’injustice.

 

M. Marcel Ballot (Figaro) se manifeste assez hostile aux débutants, cependant il a de l’érudition un esprit clair, et néanmoins subtil, et il a osé des vues originales qu’on n’a pas assez remarquées. Le Journal des Débats avec MM. A. Albalat, Chaumeix, et Chantavoine — qui ont de l’érudition, du goût, des mérites convenables, de l’esprit, — possède M. Henri Bidou dont la causticité et la finesse valent qu’on s’y arrête, M. Louis Lumet (Petite République), dont la bienveillance n’exclut point la perspicacité et qui sait se libérer du sectarisme particulier aux journaux politiques. M. Charles Foleÿ (Écho de Paris), plus intéressé par les travaux de philosophie et d’histoire que par les romans, M. Léon Blum (Humanité), M. H. Lapauze (Le Gaulois), érudit et curieux, suffisent à démontrer que la critique des quotidiens conserve encore une influence et des mérites. Tous ceux que nous venons de nommer sont d’autre part trop connus, pour qu’il soit utile d’insister et leur âge comme leur notoriété les place en dehors du cadre de cet ouvrage.

Une mention spéciale doit être faite en faveur de M. Léon Bailby, l’ancien directeur de la Presse, qui s’est fait suivre à l’Intransigeant par MM. Henry d’Alméras, Louis Paillard, H. de Bruchard, Flem, Paul-Louis Hervier, F. Méténier, E. Beaudu, Ch. Méré, {p. 72}E. Casanova, D. H. Asselin, Doury, et de qui l’on connaît la bienveillance éclairée pour les débutants de valeur et dont le journal a toujours été ouvert aux tentatives nouvelles. En dehors de la critique directe, MM. Paul Acker et Albert Flament, se sont fait un nom.

 

M. Albert Flament, chroniqueur d’impressions quotidiennes, s’est instauré l’historien, le moraliste et le juge des fêtes, des livres et des âmes de ce temps. Sous le masque de six à sept pseudonymes, il rit et sourit des mœurs actuelles, mondaines, politiques et littéraires…

M. Paul Acker s’est soigneusement gardé dans ses Petites Confessions de tout dogmatisme et semble avoir voulu seulement passer pour un reporter. Mais il y a « la manière » et la sienne pleine de rouerie n’est point la plus indulgente bien qu’on en ait dit. Il excelle à tirer les aveux les plus sincères de ses interviewés. Il a, de plus, un souci très judicieux et très passionné de notre langue.

Citons aussi, M. Maurice Reclus qui se signala à l’Humanité Nouvelle.

Critiques d’Art §

M. Joséphin Péladan se place en avant de nos critiques d’art. Nul n’a plus sûrement que lui ni avec plus de franchise développé, une critique précise, basée sur des principes immuables, sur une {p. 73}connaissance approfondie des chefs-d’œuvre éternels. L’homme qui a écrit la Dernière leçon de Léonard de Vinci, s’élève bien au-dessus de tous les nomenclateurs de salons qu’on décore du titre de critiques d’art — mais, ici, nous sortirions des limites prescrites à ce travail.

Cependant nous ne négligerons pas M. Achille Segard : Il avait publié deux volumes d’études à la fois sévères et fines, avait l’un des premiers remis à la mode les analyses biographiques et critiques. Son Itinéraire fantaisiste et surtout Les Volupteux et les Hommes d’Action ne doivent pas rester ignorés. Il abandonne la critique littéraire pour la critique d’art où il parvient à rester un honnête homme, ce qui, de nos jours, est malaisé. En effet, la critique d’art est le métier le plus envahi. Les illustres prédécesseurs ayant laissé à notre génération que l’ignorance domine, un nombre suffisant de clichés conventionnels, une troupe habile maniant ces mêmes clichés, a institué la critique payée, payée par des toiles de peintres et des croquis. Dès que ces jeunes hommes possèdent une collection, les voici prêts à crier que tel peintre a du génie pour le lancer et augmenter la valeur des toiles qu’ils conservent. C’est la spéculation la plus ouvertement effectuée.

Il y a, toutefois de bons critiques d’art, parmi lesquels, certains pour échapper à ce reproche et conserver leur franc-parler, refusent les « souvenirs » et les « cadeaux. » Georges Lecomte, Charles {p. 74}Morice, Frantz Jourdain, Camille Mauclair, Gabriel Mourey, Marius-Ary Leblond, Tristan Leclère (Klingsor), Pierre Hepp, J.-L. Vaudoyer, René Jean, Ch. Ponsonnailhe, etc.

Traducteurs §

C’est parmi les critiques qu’il faut ranger encore les jeunes écrivains qui ont influencé, en nous traduisant les maîtres étrangers, l’évolution des lettres. M. Henri Albert s’est infatigablement dévoué à l’œuvre de Nietzsche, etc., et il a su faire œuvre personnelle en de nombreux essais. MM. Louis Fabulet et Robert d’Humières à celle de Kipling, M. H. D. Davray à celle de Wilde, de Wells, de Stevenson. M. Maurice Strauss à celle de Meredith, M. Semenoff à celle de Gorki, Μ. B. Kosakiewiecz à celle de Sienkiewicz, M. Philéas Lebesgue (traducteur d’auteurs portugais). M. Jacques de Coussanges, etc.

Histoire et critique historique §

On rencontre rarement des historiens parmi les jeunes hommes. Pourtant la génération dont nous avons tracé les débuts, manifesta de bonne heure son goût pour les études précises. Il n’entrait point dans le cadre de notre ouvrage d’apprécier les méthodes ou les travaux. Nous nous sommes bornés à les mentionner.

{p. 75}M. Jacques Boulenger. — Avec un soin scrupuleux servi par un sens psychologique très averti ouvre les Comptes de Louise de Savoie et s’intéresse aux Protestants de Nîmes après l’édit de Nantes. M. André Lebey s’applique à la biographie exacte du Connétable de Bourbon, à l’histoire de Napoléon III ou aux avatars du Condotierre Castruccio Castracani ; M. Henri d’Alméras s’adonne aux romans de l’histoire (Émilie de Sainte Amaranthe, Cagliostro, Fabre d’Églantine, Les Dévotes de Robespierre, Le Marquis de Sade).

La question de l’évasion de Louis XVII hors du temple suscite une nuée d’historiens parmi lesquels MM. Otto Friedrichs, Henri Provins, et Ad. Lanne se font spécialement remarquer.

Citons aussi, MM. Georges Riat, Georges Toudouze, Boussac, Philéas Lebesgue, etc.

MM. G. Lenôtre, Frantz Funk-Brentano et G. H. Gausseron, Édouard Gachot ; Fr.Lolliée, Bord, Vte de Reiset, Cte Fleury, etc., n’appartiennent plus à notre génération, surtout à cause de leur notoriété qui les place hors pair25.

Éloquence §

{p. 76}Nous aurions peu de noms ou trop à citer en dehors de J. Paul Boncour, de Moro Giafferi, G. Félix-Marchand, avocats et conférenciers littéraire et politique et nous ne voulons pas nommer les jeunes parlementaires pour n’être soupçonnés ni de flagorneries, ni de complaisance à l’égard d’un parti.

Philosophie §

Enfin, outre les thèses de doctorat ou d’agrégation nous ne connaissons pas de travaux philosophiques se rapportant à la période que nous étudions en dehors des études de MM. Jules de Gaultier et P. Lasserre sur Nietzsche, de M. Brewster sur l’Âme Païenne, et des travaux de MM. Édouard Dujardin, Gaston Danville, Remy de Gourmont.

Critique sociale ou économique §

Voyages. — À l’écart des professionnels théoriciens de la politique socialiste ou des anarchistes universitaires, nous devons nommer M. Henri Dagan dont l’intelligence large, éclairée, précise, le sens esthétique, l’enthousiasme sans sectarisme ont groupé autour de l’Œuvre Nouvelle quelques libres esprits. Nul n’a moins que lui de superstitions politiques {p. 77}et son essai sur la Condition du peuple au xxe siècle s’éloigne des banalités optimistes du journalisme et du Parlement. Ce n’est pas lui qui chassera les poètes de la cité future, car il les goûte avec discernement et tient compte de leur pensée, sans pour cela que sa méthode ou son érudition puissent être mises en défaut.

Citons aussi Les Pages Libres de MM. Maurice Kahu et Guieysse, Les Cahiers de la Quinzaine de M. Péguy qui ont révélé des talents ignorés.

M. Robert d’Humières nous a fait un tableau de l’Île et l’Empire de Grande-Bretagne. M. René Puaux, qui est un poète, s’est fait en France le défenseur de l’indépendance finlandaise et nous lui sommes redevables de traductions et d’études sur la littérature de ce grand-duché.

M. Henri Mazel avec la Synergie Sociale s’est affirmé de façon telle qu’il sort, par sa notoriété, des limites de notre travail.

Conclusion §

Impressionniste et analytique, la critique nouvelle n’a pas de credo définitif ; cependant il semble qu’on pourrait obtenir d’elle une majorité sur le programme suivant : Retour à la raison, à la méthode, à la clarté, à la simplicité, Respect des traditions morphologiques de la langue, Guerre à l’esprit romantique. M. Paul Reboux a résumé ces tendances :

{p. 78}« Notre devoir, à nous qui écrivons, est de ne point contribuer, sous le prétexte de nouveauté, à des écarts de goût qui faussent les jugements et troublent les intelligences.

« Conservons, pour modèle unique, la vie, et pour unique aspiration la vérité. Tout ce qui touche à la vie peut se traduire en beauté. Il n’est pas une seule œuvre d’art qui ne prenne au foyer de la vie sa clarté première.

« Soyons simples, soyons clairs, ne raffinons ni notre esprit ni notre sensibilité ; ne nous appliquons jamais à éprouver ce que les autres n’éprouvent point, car nos ouvrages échapperaient à la compréhension, et une œuvre d’art est destinée à être saisie pour être aimée.

« Ne nous efforçons pas. Que rien ne révèle en nos écrits les difficultés que nous pûmes éprouver en les composant. Un artiste bien doué ne doit souffrir que pendant la gestation. Mais il doit créer avec facilité, pour que sa création porte les marques de l’ordre, de l’harmonie et de l’aisance, sans lesquels il n’est point de chef-d’œuvre.

« Et surtout cachons notre art au lieu de l’exhiber en formules pompeuses et, vides. Ne croyons pas qu’il suffise d’être un novateur pour mériter des louanges. Prenons garde de substituer à ce que nous détruirions des esthétiques falotes et des productions éphémères ! »

Ces paroles sont excellentes, mais prenons garde {p. 79}cependant qu’elles ne nous rendent injustes. Il ne faut pas confondre simplicité et banalité, tradition et routine, médiocrité et classicisme. N’oublions pas que c’est au nom de la simplicité et de la clarté que les pédants ont nié la beauté vraiment traditionnelle.

La critique de tous les temps a toujours justifié quelque peu sa réputation d’inintelligence et de routine, surtout lorsqu’elle était faite par des pédagogues. Aujourd’hui que les écrivains s’en mêlent qu’elle évite avec la ceinture dorée, son ancienne renommée.

À propos d’un hémistiche de Bérénice, Voltaire écrit : c’est une Expression heureuse et neuve dont Racine enrichit la langue, et que par conséquent on critiqua d’abord26. D’autre part, ceux qui ont ri de certaines expressions non moins heureuses apportées par les symbolistes ou les naturistes ignoraient souvent qu’on en pouvait trouver exemple chez les classiques (Cf. Voir des odeurs (Buffon, Le chien). — Entendre le silence (id.) — Que de fois le professeur qui chicanait un jeune poète sur ses audaces démontrait seulement qu’il ignorait l’usage des tropes de rhétorique, et que ce qu’il considérait comme une faute n’était qu’une « figure de mot ».

Tout l’art du critique doit tendre à distinguer ce qui est conforme au génie d’une langue et non à {p. 80}suivre le goût public ou la mode. L’art d’un Richepin est plus contraire que celui de Paul Claudel à l’âme de la race. — « Celui qui n’a égard en écrivant qu’au goût de son siècle, songe à sa personne plus qu’à ses écrits, dit La Bruyère. Il faut toujours tendre à la perfection, et alors cette justice qui nous est refusée par nos contemporains, la postérité sait nous la rendre… »

Certes, nous croyons défendre aussi la pensée classique et la tradition française, de clarté, de sobriété et de mesure, ce qui ne veut pas dire que nous louerons les pâles épigones et les imitateurs et les plagiaires27. La beauté est fière, claire et nue, mais elle a ses caprices, ne l’oublions pas et ne la confondons pas avec cette quadragénaire qui la singe et qui n’ayant plus la force de courir les chemins nouveaux blâme sa rivale et tous ceux qui n’imitent pas sa marche chancelante.

Chapitre II. La poésie lyrique §

{p. 81}Il est difficile de classer les poètes. Ils répugnent à tout ordre. Nous n’avons pas même la ressource de les diviser suivant qu’ils pratiquent le vers libre ou la prosodie traditionnelle, en effet beaucoup de poètes ont usé alternativement de ces deux métriques. Cependant on doit avouer que la défaveur du vers libre est allée en augmentant, de 1895 à 1905. En ce moment, il y a un arrêt. Quelques jeunes hommes groupés à nouveau autour de M. René Ghil ou de M. Paul Fort dans les revues Les Écrits pour l’Art et Vers et Prose, tentent d’infuser un sang nouveau au vers libre dont M. Gustave Kahn se dit l’inventeur. Nous adopterons les dénominations générales des groupes, tout en prévenant le lecteur de leur élasticité. Nous ne les considérons guère que comme un simple artifice de typographie.

I. — Naturistes et Toulousains §

{p. 82}M. Saint-Georges de Bouhélier. — Églé ou les Concerts Champêtres, Les Chants de la Vie ardente célèbrent avec l’héroïsme des hommes, la force des saisons, le tourbillonnement des énergies naturelles. De Bouhélier est une âme violente et troublée qui n’a soif que d’harmonie, M. Montfort le déclare :

« … Son amour du rythme devait l’empêcher de s’accommoder du vers libre, dont la cadence plus composée, est imprécise encore. Il est revenu au vers classique pour ses strophes bien sonnantes et assurées. Et à juste titre il s’est peu servi de la rime, qui depuis les excès des Parnassiens, est devenue à nos oreilles tellement insupportable, qu’une rime riche maintenant nous paraît plutôt une faute de goût et un manque de beauté qu’une preuve d’art ou de sentiment. »

Son âme, qui s’apparente parfois à celle des poétesses ultra-romantiques, se complaît dans des décors de nature idéalisée suivant le cœur de Mme de Staël. Il mêle à ses expansions lyriques des didactismes agréables, des leçons de morale antique :

Tire un plaisir secret de l’amour et des larmes,
                    De ses molles beautés
Découvre sous chacun quelques-uns de ces charmes
                    Qui font la volupté…
………………………………………………………
{p. 83}Sache-le, tu bâtis, sainte et spirituelle,
                    Ta maison dans le vent,
Toute blanche, elle est faite avec un bloc puissant
Non de plâtre et de chaux, mais de chair et de sang
                    Et de vie éternelle !…
………………………………………………………
Pan m’a dit : « Sois la voix de la terre et du monde.
Vois, la forêt, pour toi, comme un luth retentit. »
J’ai répondu : « Seigneur ! Seigneur Dieu ! me voici ! »
Depuis, l’esprit de Pan souffle au sommet des monts !

Or, j’ai chanté vos lois, ô laboureurs profonds !
J’ai dit par quels bienfaits jaillissent les forêts,
Les rochers, les grains noirs, le seigle et les genêts
Du flanc mystérieux des antiques sillons !

M. Michel Abadie« de qui l’œuvre illustre en nos rêves demeure inconnue28 », est tour à tour grandiloquent, emphatique, pathétique et fastueux, comme on disait jadis, mais il vaut mieux que les lourdes louanges de ses amis ne tendent à le laisser croire.

Ce matin, le Dieu d’ombre et de douceur m’a dit…
Je greffe avec des chants sur les tendresses mortes,
La tendresse des soirs où vivent les parfums,
Et quand sonnent mes pas, les vergers un à un,
Ouvrent pour m’appeler la candeur de leurs portes.

Les baisers de ma bouche ont la force des fleuves,
Et vers mon cœur qui bat dans l’herbe des ravins,
Le froment de la plaine élève un chœur divin
             Doux comme un bruit de harpes neuves,

M. Albert Fleury a une sensibilité menue, frêle, exquise, influencée parfois de Verlaine. Il a {p. 84}dit le charme enveloppant et imprécis des soirs. Sa poésie est douce, intime, aisée.

 

M. Pierre Camo, de sa terre natale a retenu le sens des couleurs, des parfums, l’harmonie voluptueuse des paysages. Nonchalant et régulier, son vers éminemment plastique, rappelle parfois Samain et Heredia.

Dans son jardin, aimé des vents et des arômes,
Où mûrissent, au feu des soleils automnaux
La figue liquoreuse et les citrons royaux,
Béatrice de Manissès vit loin des hommes.

Sa demeure est auprès d’une vieux platane blanc
Et d’un petit ruisseau bordé de lauriers rose ;
Un lévrier d’Espagne à sa porte repose
Pour défendre l’entrée aux visiteurs troublants.

Béatrice promène une âme romanesque
Dans un luxe d’objets arabes et persans,
De tapis à ramage et de plats reluisants
Dans le goût somptueux des hispano-mauresques…

Béatrice de Manissès, à sa fenêtre,
Parait avec l’aurore et le chant des oiseaux,
Pour voir le jour venir sans changements nouveaux
Et monotonément passer et disparaître.

À l’horizon d’azur que rien ne vient changer,
Elle aperçoit la ville aux murailles de briques,
Avec les aqueducs gonflés d’eaux pacifiques,
Et la tour sarrasine, et les bois d’orangers ;

Plus loin, la même mer baigne les mêmes rives,
Et Béatrice songe en regardant par là
À l’amant qui partit du port de Malaga
Sur un vaisseau chargé d’oranges et d’olives.

{p. 85}Maurice Magre est un poète, il n’est, peut-être, que cela, mais combien parmi ceux qui croient être davantage ne sont pas même cela. Car, Maurice Magre est instinctivement un poète. Il ne pouvait pas ne pas l’être et, précisément, les défauts dont on lui tient rigueur, et que nous signalerons (surtout son manque de mesure), témoignent en faveur de l’intensité lyrique de ses dons.

Son inspiration la plus personnelle lui vient de son amour sincère des humbles, de son intelligence clairvoyante de la poésie quotidienne et surtout d’une grande simplicité d’émotion. Par là, il a mené la muse parmi des chemins neufs, dans les laboratoires et les usines, et lui a dicté des paroles durables (Le Poème de la Jeunesse ; la Chanson des Hommes).

Et nous avons aussi promené notre effort,
Sur les sombres sillons, parmi les champs immenses,
Nous avons labouré devant les granges d’or,
Rêvé les nuits d’hiver aux lenteurs des semences,
Scruté, les matins gris, au fond des cieux voilés,
Le voyage inconnu que font les pluies nouvelles,
Nous avons fait monter de la terre éternelle,
Le blé divin, le pain dont vit l’humanité…
(La Grande Plainte).
Avec ma part de ciel je créais des contours
Le vent de mes poumons animait les bouteilles.
(L’Adieu du Verrier).
Les enfants pour fêter ton culte renaissant
Répandaient des parfums, se couronnaient de branches
Et la tête des rois tomba, sans que leur sang
                 Tâcha ta robe blanche.
(Ode à la République).

{p. 86}Mais il y a aussi dans son œuvre de l’humanitairie, du wertherisme. Il y a de l’anarchie de cabinet particulier, du réalisme d’hôtel meublé, de la philosophie de loge de comédienne.

Souvent tout un poème séduisant dès l’abord, ne résiste pas à une seconde lecture, on aperçoit cette originalité qui est à l’art original ce qu’une toilette de café-concert est à une toilette de bon goût. Et ces défauts sont encore plus apparents dans le théâtre actuel de Maurice Magre, toute son œuvre présente ainsi l’aspect du camp de Wallenstein. Il y a des troupes d’élite et des archers déguenillés, des bohémiens, des juifs, des singes et des filles. Mais elle est aussi, la Muse de Magre, comme Carmen, souvent en loques et pieds nus, bêtement sentimentale, et cependant lorsqu’elle danse avec du cuivre imitant l’or dans ses cheveux, elle domine les amants et les conduit jusqu’à la mort. Et lorsqu’elle laisse à découvert sa gorge brune et nue, qui donc songerait à ses vêtements disparates ou à son geste incorrect. Elle a toutes les grâces, toutes les audaces et toutes les fiertés, elle est la princesse errante, Peau d’Âne sur les routes. Et surtout à certains jours, sa voix est si pure et son cœur si profond qu’on reconnaît en elle, le sang des grands poètes, la voix des meneurs d’hommes. Dans ces instants, elle est bien une incarnation messianique ; ses paroles sont inédites et telles que les premiers lyriques de notre race les voudraient avoir dites.

 

{p. 87}M. Marc Lafargue. — Dans l’Âge d’or dénote une intelligence clairvoyante, un lyrisme un peu froid, légèrement artificiel. Ses qualités de critique très vives ne sont pas sans nuire à son enthousiasme. Mais il a des dons précieux d’émotion contenue, un amour trop raisonné de la nature.

Recueillons-nous au sein de cette immensité.
Dans la nuit de cristal où les astres gravitent,
Regarde sur le ciel, dans les ombres limpides
Les grands monts s’ériger avec sérénité.

Au cœur mystérieux des noires sapinières,
Les pâtres, comme nous, dans leurs beaux yeux profonds
Mirent le mouvement des astres sur les monts,
Assis au seuil fumeux des cabanes de pierres.

L’azur silencieux est comme un sombre éther.
L’air frais de la montagne a fait trembler ta chair.
Mets ton châle sur tes épaules grelottantes.

Il est doux de s’aimer dans la nuit. Vois le ciel
Immense et vois les lys dans les ombres brillantes
Et la pâle clarté des glaciers éternels.

M. Henri Muchart. — Dans la Revue Périgourdine, M. Henry Cellerier écrit sur ce poète (août 1903).

« Parcourons la table des Balcons sur la Mer : chaque titre évoque une couleur ou une forme nettes. Ouvrons le livre : chaque mot — plus exactement, chaque épithète — vise à la détermination d’un détail réaliste :

Dans un angle, le bloc d’argent de la cascade
Avec le jour blafard qui tombe du ciel bleu
Se mêlent aux changeants et chauds reflets du feu,
Comme un couchant fondu dans l’éclat des nuits noires.

{p. 88}« Il faut bien le reconnaître, cette strophe, qui a la dureté anguleuse d’un beau marbre bigarré, éblouit l’œil plus qu’elle ne parle directement à l’esprit ou au cœur. Muchart a rendu admirablement le pittoresque de son pays ; il ne l’a pas pénétré de cette pointe spirituelle dont palpitent les œuvres françaises. C’est un “barbare” qui ignore ou dédaigne les jeux de la pensée et les effusions du sentiment, pour s’adonner à la griserie des sens… »

M. Emmanuel Delbousquet se souvient de René Ghil, de H. de Régnier, de Leconte de Lisle ; l’âme ardente, éclatante et sonore de sa province est en lui. M. Marc Lafargue a dit à son propos : « Delbousquet est Gascon, Toulouse est pour lui son centre intellectuel ; sa patrie c’est le pays qui va de la Garonne à l’Océan et aux Pyrénées. Ramiers et jardins de l’Âgenais, dunes de l’Océan, neiges du Béarn, voilà ses frontières. Passé la Gironde au nord, tout lui est étranger. Être bizarre, direz-vous, étroit, peu français, sans humanité. C’est une erreur. Nul n’est plus français. Il l’est à travers sa province. C’est elle, cette terre, qui met de l’ordre dans son esprit. Il reprend par sa belle vie le sens de la tradition ; il s’éprend naturellement de Racine et de Chénier ; il écrit d’admirables églogues d’une pureté classique ; il devient enfin, tous les jours, plus vigoureusement organisé. »

{p. 89}L’heure de volupté s’écoule, insaisissable,
Comme l’eau qu’illumine un long rayon du soir,
Et mon âme, sachant que tout est périssable,
Comprend la vanité même du désespoir…

Le chant du rossignol module sa tristesse
Et lui donne l’extase ardente du sanglot ;
Car tous les bruits du soir ont accru son ivresse :
Chants, feuillages froissés, vent sonore sur l’eau.
La voix pure, au lointain, des beaux pêcheurs de sable,
Redit aux longs échos du fleuve un air ancien
Au rythme d’or, tandis qu’ils tirent sur les câbles,
Dans la limpidité du soir Languedocien,

M. Jean Viollis débuta par la Guirlande des Jours, poèmes qui présagent le délicat et délicieux conteur que M. Jean Lorrain signala dans un article retentissant.

 

M. Jean Vignaud (L’Accueil) a su trouver des accents d’une tendresse lyrique émouvante et d’une harmonie sobre.

 

Mme et M. Nervat (J. Nervat et Marie Caussé) publiaient vers ce temps Les Cantiques du Cantique, dont Henri de Régnier disait qu’ils contiennent de fort jolis vers où alternent deux voix, l’une plus grave, l’autre plus tendre. Ce sont des vers d’amour. « Deux destins se sont rencontrés et unis pour les bons comme pour les mauvais jours. C’est pendant de longues fiançailles que ces vers ont jailli de deux âmes qui se sont penchées l’une vers l’autre pour se pénétrer », dit la préface, « et, comme des enfants qui ont trouvé un beau papillon le montrent à tout {p. 90}venant, au bout de l’épingle avec laquelle ils l’ont transpercé, elles ont fixé dans l’ombre, avec le rythme, le beau papillon de leur amour et fervemment, le portent à la clarté ». Aimons-en donc le vol double et les délicates diaprures, d’autant mieux que ces gracieuses strophes, nées de circonstances sympathiques, ont des qualités intrinsèques de simplicité et d’harmonie.

Depuis, ils ont composé les Rêves unis (1905).

 

Au groupe Toulousain, on rattache encore :

MM. Gustave Fréjaville (Près de Toi), Léon Lafage, Fernand Pradel, Georges Bidache, M. Touny-Lérys (Chansons Dolentes et Indolentes), M. Joseph-Marie Bosc, poète de la nature, très ému, très doux, très souple dont les vers sont pleins de parfums et d’eaux chantantes (Du Printemps aux Automnes), Roger Frêne (Paysages de l’Âme et de la Terre), Daniel Thaly (La Cité du Sud), Georges Gaudion (Des Petits Pas sur le sable) et Louis Estève.

II. — Symbolistes §

Autour de la Revue Blanche, de l’Ermitage, du Mercure de France, de Vers et Prose, un certain nombre de poètes gardent toujours cette étiquette de symbolistes. — Nous avons même des néo-symbolistes. — Cependant il est difficile de classer M. Francis Jammes et M. Charles Guérin sous ce vocable.

 

{p. 91}M. Paul Fort. — « Ce poète est une perpétuelle vibration », estime M. Remy de Gourmont. En effet nul n’a l’émotion plus facile et plus intense que le créateur des Ballades françaises : « c’est une manière de sentir autant qu’une manière de dire ».

« Voici le frère de Jules Laforgue, a écrit le meilleur commentateur de son œuvre, M. Pierre Louÿs  : — un grand poète, un écrivain dont chaque ligne émeut, à la fois parce qu’elle est belle et parce qu’elle est profondément vraie, sincère et douée de vie… Les Ballades françaises, ajoute-t-il, sont de petits poèmes en vers polymorphes ou en alexandrins familiers, mais qui se plient à la forme normale de la prose, et qui exigent (ceci n’est point négligeable) non pas la diction du vers, mais celle de la prose rythmée. Le seul retour, parfois, de la rime et de l’assonance distingue ce style de la prose lyrique.

« Il n’y a pas à s’y tromper, c’est bien un style nouveau. Sans doute M. Péladan (Queste du Graal) et M. Mendès (Lieder) avaient tenté quelque chose d’approchant, l’un avec une richesse de vocabulaire, l’autre avec une virtuosité de syntaxe, qui espacent aisément les rivaux…

« On trouve, d’ailleurs, des ancêtres aux méthodes les plus personnelles, et celle-ci serait mauvaise si elle était sans famille.

« M. Paul Fort l’a fait sienne par la valeur théorique qu’il lui a donnée, par l’importance qu’elle affecte dans son œuvre et mieux encore par les développements {p. 92}infiniment variés dont il a démontré qu’elle était susceptible.

« Désormais, il existe un style intermédiaire entre la prose et le vers français, un style complet qui semble unir les qualités contraires de ses deux aînés… »

M. André Gide, poète, critique, philosophe, moraliste, passe auprès de certains pour le fondateur du naturisme. En tous cas, il fut, avec le Bataille de la Chambre Blanche, l’initiateur d’une sensibilité nouvelle. Nietzschéen, il a subi à l’excès l’influence de Humain, trop Humain. Subtil, il se refuse aux argumentations des pédagogues, il répudie l’instinct dans l’art et semble l’estimer néanmoins. Ses vers ont une personnalité étrange.

 

M. Charles Guérin, avec le Cœur solitaire, le Semeur de Cendres et l’Homme intérieur a écrit la plus parfaite des œuvres de sensibilité qui, depuis Samain, Verlaine et Musset, ait gémi, près de nos cœurs. Cris d’angoisse, de doute, de sensualité inquiète, de religieuse souffrance, dans des rythmes d’une fluidité racinienne, d’une limpidité de source. M. Charles Guérin renouvelle les images traditionnelles.

La ligne qui suspend à l’épaule ton sein
Emprunte aux purs coteaux nocturnes leur dessin.

Nul n’a mieux que lui traduit le mystère des cœurs torturés. Il se cherche sans cesse, s’accuse, s’épouvante et se désole de ne pouvoir trouver l’apaisement de l’esprit…

{p. 93}Ô morts ! il ne faut pas envier ce vivant
Qui gémit comme un pin rebroussé par le vent.
Alors que vous goûtez enfin, à jamais calmes
L’incorruptible paix sous les fleurs et les palmes !
Cet homme, cet enfant qui se jette à genoux
Pour être, ô bienheureux défunts ! plus près de vous !

Ce rêveur âprement s’enracine à la terre !
L’insatiable feu des voluptés l’altère,
Il ouvre son cœur vide à, la gloire ; il attend
Comme une église où va tonner l’orgue éclatant :
Il espère, il a soif d’aimer, il aime, il doute
Et, buttant la fatigue, il traîne sur sa route
L’effroi des jours qu’il faut pour atteindre en marchant
Le bas du ciel rougi par le soleil couchant.

Dans « l’éternel duel qui se livre en lui, entre les ardeurs d’une chair païenne et les élévations d’une âme catholique » (H. Bordeaux), M. Charles Guérin a su composer des poèmes simples, puissants, émouvants et clairs…

Le soir léger avec sa brume claire et bleue
Meurt comme un mot d’amour aux lèvres de l’été…
………………………………………………………
Le vaste clair de lune enchante ma douleur…

Il a célébré, par un inoubliable poème, Francis Jammes.

Reviendrai-je dormir dans ta chambre d’enfant,
Reviendrai-je, les cils caressés par le vent,
Attendre la première étoile sous l’auvent,
Et respirer dans ton coffret en bois de rose,
Parmi l’amas jauni des vieilles lettres closes,
L’amour qui seul survit dans la cendre des choses ?
{p. 94}Jammes, quand on se met à ta fenêtre, on voit
Des villas et des champs, l’horizon et les neiges ;
En mai tu lis des vers dehors, à demi-voix,
L’azur du ciel remplit les chéneaux de ton toit…
Demeure harmonieuse, ami, vous reverrai-je ?

M. Charles-Henry Hirsch avant de nous narrer les exploits de le Tigre et Coquelicot et les aventures d’Eva Tumarches, se complaisait aux évocations de la légende. Il aima Ivelaine, Priscilla, Oriane, les princesses fabuleuses aux yeux doux, les sorcières, les chevaliers, les nuits d’enchantement, les palais de songe, l’Orient miraculeux aux fruits de pierreries. M. de Régnier le louait pour « son Art est à la fois souple et transparent… M. Hirsch a puisé dans une eau mélodieuse avec une coupe de pur cristal ».

Violaine !… comme elle est morte épouvantée !…

Elle allait son chemin, par les choses fêtée.
Elle cueillait ses jours en souriant, sans voir
Qu’un peu d’elle mourait avec eux, chaque soir.
Elle pleurait parfois sans savoir. Elle aimait
Parce qu’il faut aimer, comme les fleurs de mai
Ont une âme pour la donner à ceux qui passent.
Toute candeur, elle ignorait même sa grâce.
Sa bonté rayonnait sans qu’elle sût le bien :
Quand ses mains pour le pauvre avaient rompu le pain,
Le pain semblait plus blanc…
                                                    Ah, tu l’aurais aimée !

Par sa présence, la douleur était calmée.
Ses yeux devinaient la souffrance pour guérir.
Les mourants espéraient, au moment de mourir,
Tant son regard versait de douceur infinie
Sur le silence lourd des chambres d’agonie.

{p. 95}M. Tristan Klingsor (Squelettes fleuris, Schehérazade). —

« Ce sont de merveilleux filigranes qui ramagent des satins passés. — L’imagination de M. Klingsor est joliment vieillotte. Son art est achevé, délicat original : Nous avons les chansons de M. Klingsor comme nous avons les ballades de M. Fort.

« M. Klingsor est un orfèvre et un musicien, mieux même un orfèvre musicien, car il parfait des harmonies avec les nuances des mots ; nul plus sûrement que lui ne sait équilibrer les rythmes impairs.

« L’éloge que je fais de M. Klingsor est pareil à une de ses chansons : il est court, mais je ne vois point qu’on y puisse rien ôter29. »

M. Édouard Ducoté (Aventures, Renaissance, le Chemin des Ombres heureuses, la Prairie en fleurs), est un poète et un moraliste en même temps. La sagesse voluptueuse, pacifique et souriante de l’Hellas parle aux chemins des ombres, mais malgré son scepticisme doux, il a connu le doute et la douleur et la voix qui conseillait tout à l’heure le renoncement évoque aussi la tendresse et la passion.

 

M. André Lebey traduisit les poésies de Sappho et se laissa gagner à toutes les formes successives que voulurent revêtir pour lui plaire, les Muses. Il {p. 96}possède des dons très réels d’évocateur, mais il y a encore beaucoup de morale et de philosophie dans ses vers, avec une mélancolie incurable. Le mot, carpe diem, de l’insouciance helladique n’a pu chasser de son cœur les regrets et les craintes d’une hérédité catholique.

 

M. Francis Jammes a vu l’enthousiasme déborder autour de lui : « Il est d’une sincérité presque déconcertante… » déclare M. Remy de Gourmont à propos des balbutiements effacés et simulés de ce poète qui a les dons les plus rares sans doute mais qui a généralisé la niaiserie, une sorte de sensibilité puérile et vieillotte. Non, M. Francis Jammes n’a rien de commun avec la jeunesse d’aujourd’hui, il n’a pas d’âme, pas de syntaxe, pas d’ardeur. Le Triomphe de la Vie qui débute par un délicieux poème : Jean de Noarrieu finit par une pitrerie qui nous a suffisamment renseignés sur M. Jammes. Ce sera un jour l’étonnement des bibliophiles que cet humouriste ait pu passer pour un grand poète ; sa prose vaut mieux.

 

M. Henry Bataille (Le Beau voyage, la Chambre blanche) rayonne d’une sensibilité tremblante et mesurée. Son naturisme précéda celui de M. Bouhélier. Né sur le sol albigeois, au pied de « l’Aric poudreux où montent les bergers » où fréquentent les perdreaux rauques dans le vent fiévreux, il a réalisé une poésie vivante et vibrante, douloureuse et forte. {p. 97}Maurice Magre saluait ainsi le premier recueil de M. Bataille (1898) :

« Un petit livre tout blanc, tout tremblant, tout balbutiant » dit M. Marcel Schwob dans sa préface. Ce sont des vers simples et doux, de délicieux paysages de campagnes, de pénétrantes impressions de pluie sur les champs où de petites maisons grises, avec une sorte de résignation devant les choses. Mais ce que la Chambre blanche contient de précieux, ce sont les pièces où la note doucement sentimentale s’élève jusqu’à la beauté du sentiment pur :

J’accueille quand il veut le souvenir qui passe
Je lui dis : « Mets-toi là… je reviendrai te voir… »
Je sais toute ma vie qu’il est bien à sa place,
Mais j’oublie quelquefois de revenir le voir.
Ils sont ainsi beaucoup dans la vieille demeure.
Ils se sont résignés à ce qu’on les oublie,
Et si je ne viens pas ce soir ni tout à l’heure,
Ne demandez pas à mon cœur plus qu’à la vie.

Tout le livre est comme la révélation d’une âme, une âme qui vibre et souffre à tous les contacts de la vie. L’on sent dans tous ces vers cette compréhension spontanée et inquiète de la nature que l’on trouve chez tous les grands poètes, chez Musset comme chez Verlaine.

M. Henry Bataille est un poète du vers-libre. Comme M. Vielé-Griffin il demeure obstinément fidèle à cette formule à laquelle, il doit des effets heureux et des notations nouvelles.

 

{p. 98}Parmi les néo-symbolistes :

 

M. Tancrède de Visan, avec ses Paysages Introspectifs que précédait une curieuse et savante préface sur le symbolisme, a essayé de renouer la chaîne que les naturistes avaient rompue. Il y a apporté des dons de penseur plus que de poète.

 

M. Olivier de la Fayette nous a favorablement surpris par son Rêve des Jours où les deux muses, la traditionnelle et la symboliste font entendre tour à tour leurs rythmes. Une fraîcheur exquise, un lyrisme ému, une grande habileté au jeu des rythmes impairs nous font prévoir en M. O. de la Fayette l’un des bons poètes de notre temps.

 

M. Henri Ghéon publiait, en 1898 et 1899, Chansons d’aube et la Solitude de l’été. Il s’est tu depuis. Il convient de le regretter, car les premiers vers balbutiés et puissants de M. Ghéon, leur panthéisme, bien qu’ils fussent souvent de rythme trop incertain décelaient un tempérament.

Citerons-nous encore M. Achille Segard (le Départ à l’Aventure), M. Henri Degron (Poèmes de Chevreuse), Charles Chanvin, etc.

C’est aux symbolistes encore qu’il faudrait rattacher M. Edmond Pilon pour ses premiers vers (la Maison d’Exil) et M. Edmond Jaloux, M. John-Antoine Nau, dont les vers ont d’étranges couleurs, M. Valentin Mandelstamm, Gabriel de Lautrec, etc.

III. — Indépendants §

{p. 99}M. Georges Pioch, le violent et succulent auteur de la Légende blasphémée, Instants de Ville, Toi, la Bonté d’aimer a su trouver des accents ardents, souvent amples, parfois forcés, toujours éloquents.

 

M. Paul Hubert (Verbes Mauves, Aux Tournants de la Route), a la vision des garrigues en flamme et des vignobles d’or sous le soleil de midi, sous le poudroiement du crépuscule. Ses lumineuses évocations du pays natal ont la sincérité, l’éclat, le parfum.

 

M. Henry Bauquier, critique des poètes, est un poète païen.

 

M. Fernand Hauser (La Maison des Souvenirs, Le Château des Rêves) fut un poète délicat et quelque peu précieux, avant de devenir l’infatigable journaliste que l’on connaît.

 

M. André Tudesq, dans la Vie, tout en demeurant fidèle à la technique parnassienne, donne pourtant une inquiétude hasardeuse, une fièvre bien d’aujourd’hui à la muse antique, aux formules immobiles de la tradition.

 

M. Pol Lœwengard fait précéder ses Fastes de Babylone d’une lettre de l’auteur sémite à Maurice Barrès, nationaliste. Il ranime le nationalisme {p. 100}juif, sinon le rêve sioniste d’Éphraïm le Hongrois. Exilé, loin de la colline crayeuse de Moriah, où rien ne subsiste du temple de Schlemô le Sage, parmi l’uniforme laideur de nos villes grises d’Occident, il reprend la lyre des Nabis d’Israël. Suivant le rite voulu par « sa Terre et ses Morts », il exalte les voluptés ensoleillées de la Judée sanglante des Rois et des Prophètes. Malgré l’abus fréquent de la couleur et le trop de « Princesses de luxure », venues davantage de Jean Lombard que d’Ézéchiel, il faut lui reconnaître un emportement, une fougue trop rares désormais.

 

C’est parmi les Indépendants30 que nous citerons trois des meilleurs poètes.

 

M. André Rivoire a pour lui la tendresse presque féminine et les états d’âme extrêmement nuancés de les Heures pensives, le Songe de l’Amour, les Cendres des Heures :

Regarde, la pitié des choses nous accueille,
Et, comme nous dolente, en ce pâle décor,
La sensibilité d’un lac frisonne encore
Le long des bois flétris qui meurent feuille à feuille.
Un peu de vent tressaille aux pentes des coteaux :
Il fait froid. Dans le gris du ciel qui s’y reflète
Ainsi qu’un arbre mort qui mire son squelette,
Veux-tu que nous penchions notre aube sur cette eau ?

{p. 101}Il a dit avec un charme nuancé les caresses :

Nous ne mêlerons pas nos deux enchantements,
Et nous ne serons pas ensemble des amants
Trop enivrés tous deux pour songer l’un à l’autre ;
Mais le plaisir de l’un tour à tour sera nôtre ;
Nos corps épuiseront le bonheur de savoir
Tour à tour seulement donner ou recevoir.
Des cris silencieux empliront nos deux bouches ;
Mais nous ne serons pas emportés ni farouches ;
Nous saurons nous contraindre à l’effleurant baiser
Qui domine sa hâte et craint, parfois, d’oser,
Et, tardif à dessein, prolonge en ses paresses
L’espoir toujours accrû des prochaines caresses.
Nos mains lentes auront des caprices rôdeurs ;
Nous nous posséderons de contours et d’odeurs,
Et, plus que des amants, nous serons les complices
Du même effort d’extase et des mêmes délices.

M. André Dumas (Paysages) possède un talent très délicat et très sûr, sobre, en demi-teintes, une âme d’automne finement mélancolique.

Novembre, dans le parc jaunissant, se précise.
Les sentiers sont déserts. Seule, une femme assise
Sur un vieux banc de bois que la mousse a verdi
Rêve languissamment dans le soir attiédi.
Chaque feuille qui tombe avec un lent bruit d’aile
A l’air d’éparpiller un peu d’ombre autour d’elle,
Et la tiédeur du parc, le charme agonisant
De l’automne et la paix de la nuit qui descend
Lui versent tant de trouble et de mélancolie
Que, perdue en un rêve indicible, elle oublie…
Le soir qui la remplit d’une molle torpeur
S’incline lentement, par degrés, et, de peur
D’interrompre le cours de son extase douce,
On dirait qu’il s’applique à tomber sans secousse.
{p. 102}Et l’ombre cependant s’étend sur le jardin
Les dernières clartés se fondent, puis soudain,
Comme pour mieux marquer la fin du crépuscule,
Une brise s’éveille, et frissonne, et circule,
Bruissante, à travers le parc silencieux.
Et la pâle rêveuse alors, rouvrant ses yeux
Qu’avait clos la langueur exquise de l’automne
Voit que la nuit s’est faite autour d’elle, et s’étonne.

M. Henri Barbusse est ainsi jugé par M. Mendès :

« C’est plutôt un poème, ce livre, un long poème, qu’une succession de pièces, tant s’y déroule visiblement l’histoire intime et lointaine d’une seule rêverie. Les Pleureuses viennent l’une après l’autre ; tous leurs yeux n’ont pas les mêmes larmes, mais c’est le même convoi, qu’elles suivent, le convoi, dirait-on d’une âme morte avant de naître… C’est bien une âme, oui, plutôt même qu’un cœur, qui se désole en ce poème, tant tous les sentiments, l’amour, les désespoirs, et les haines aussi, s’y font rêve… Les Pleureuses pleurent en des limbes, de souvenance où se serait reflété le futur. Et en cette brume de douceur, de pâleur, de langueur, rien qui ne s’estompe, ne se disperse, ne s’évanouisse, sans disparaître délicieusement… Pas de plainte qui ne soit l’écho d’une plainte qui fut un écho. Et c’est le lointain au-delà du lointain… »

IV. — L’Humanisme §

{p. 103}M. Fernand Gregh ne créa point une école à proprement parler. À la poésie éclatante et souvent vide du Parnasse, fluide, ésotérique du symbolisme le grave et douloureux et puissant poète qui évoquait, en d’admirables pages lyriques, le devoir que nous tracent les aïeux, M. Gregh a voulu opposer la poésie humaine.

— Cette poésie humaine, caractéristique des tendances de la jeunesse, de l’écrivain qui le premier avait voulu concilier les rythmes nouveaux avec l’expression de la vie, M. Fernand Gregh l’a appelée la poésie humaniste. Le mot est heureux, on a cru voir dans le manifeste de M. Gregh (Figaro, 12 décembre 1902) une tentative d’embrigadement qui n’était pas dans la pensée du poète. La Maison de l’Enfance, la Beauté de Vivre, les Clartés Humaines, l’Or des Minutes, réalisent heureusement le noble programme de l’auteur. (En même temps que des artistes, soyons des hommes… Nous ne sommes ni mystiques, ni sceptiques…).

… Substance universelle ou Raison souveraine,
Vaste inconnue où tient mon sort, qui que tu sois,
Force qui m’auras fait naître et mourir, — reçois
Dans l’humble vérité de cette heure sereine,
Reçois en mon esprit, silencieux autel
Où tremble ta lueur auguste qui dévie,
Au mystère où bientôt aboutira ma vie
Le consentement grave et tendre d’un mortel…
{p. 104}… Rien ne pourra remplir cette âme aride et triste !
Toute la gloire et tout l’amour sont superflus :
Toujours elle voudra quelque chose de plus,
Et, comme un grand feu mort qui brusquement rougeoie,
Son désir renaîtra des cendres de sa joie !…

On sent qu’il n’y a pas dans les idées énoncées par M. Gregh, un simple appel de chef d’école, il y a une grande et douloureuse émotion d’art et de vie. Répudiant les didactismes étroits, les subjectivités banales, M. Fernand Gregh gravit la colline qui domine la cité d’aujourd’hui sur laquelle s’éploie l’aurore. Et songeant au destin des hommes, aux joies éphémères de l’amour et de l’orgueil, il entame le chant Lucrécien avec un cœur blessé, mais toujours confiant dans la Bonté et la Beauté de Vivre.

Des hommes ont meurtri d’un refus volontaire
                   Ton cœur nu qui s’offrait,
Ton cœur qui, ne pouvant demeurer solitaire,
                   Se reprend à regret.

Peut-être avaient-ils droit de le haïr ? Peut-être
                   Est-il aussi trop nu ?
Il blessait leur tristesse en laissant trop paraître
                   Son orgueil ingénu.

— Mais la vie après tout n’en est pas moins la vie.
                   Et, dans l’éternité,
La mort n’en mettra pas moins d’accord leur envie
                   Avec ta vanité.

Peuvent-ils empêcher d’ailleurs qu’un cher poème
                   T’enlève ton souci,
Et que, si plein d’erreurs sans doute et de torts même,
                   Tu sois heureux ainsi ?

{p. 105}Et n’as-tu pas, le soir, toute la paix possible
                   Dans ta vieille maison ?…
Et puis ne sens-tu pas, d’une force invincible,
                   Que ton âme a raison ?

V. — Les Parnassiens §

Les Parnassiens d’aujourd’hui ne ressemblent pas tout à fait à ceux d’hier. Ils ont conservé la métrique rigoureuse de Leconte de Lisle, mais ils ont élargi leur âme et leur sensibilité. M. Sébastien-Charles Leconte représente ce nouveau Parnasse avec éclat.

 

M. S.-Ch. Leconte est aussi un intégraliste. L’art parfait, la noblesse idéologique des Bijoux de Marguerite et du Sang de la Sirène sont dignes des plus nobles poètes de France :

Mais le sang a voilé mes yeux, et rien ne luit
Dans ces antres de pourpre, où l’éternelle nuit
         Du Sort à jamais se prolonge.
Antigone sévère et douce, je te suis,
Devinant ta beauté sans la voir, car je suis,
         L’Œdipe étrange de mon songe.

Car je suis l’exilé de ma cité : le seuil
Des palais de mon rêve à mon terrestre orgueil
         Jeta le dernier anathème ;
Je suis l’Aveugle-Roi de mon propre Destin,
Le quêteur de l’énigme humaine, le lointain
         Et sombre ancêtre de moi-même.

{p. 106}Je suis très las, ô Femme ! Asseyons-nous auprès
De la source qui chante en ses vasques de grès,
         Au plus profond de la cépée :
Là, désireux de faire immortels l’odieux
Forfait de ma victoire et la haine des Dieux,
         Du fer de l’inutile épée,

J’inscrirai nos deux noms dans le calcaire, et pour
Qu’à jamais favorable à notre grave amour
         Soit l’infernale souveraine,
Je dédierai, sur un simple autel de gazon,
Et le glaive héroïque et la fauve toison
         À la déesse souterraine.

M. Albert Lantoine dont Rodenbach disait à propos de son Eliscuah ! qu’il se résume en des parfums, sur des blessures a une imagination curieuse, tourmentée, voluptueuse et précise : certains de ses poèmes : La Courtisane, Merodac le Fou, la Lapidation méritent de devenir classiques.

Le prophète demande à l’Iahvé cruel
Le mot qui fait mourir et le mot qui délivre
Mais mes amants repus soulèvent leur poing ivre
Vers le proclamateur du devoir criminel !

Eh ! bien oui ! La Luxure et la Mort sont jumelles !
C’est vrai ! Toute douleur se tait sous mon amour ;
Et parfois la vie âpre et la laideur du jour
S’éteignent pour qui dort au creux de mes mamelles.

Sur mon ventre splendide offert pour le plaisir
Comme un panier rempli de raisins et de pommes,
Vieillards blancs ! guerriers bruns ! et vous blonds jeunes hommes !

Venez rêver ! venez aimer ! — venez mourir !

{p. 107}M. Albert Lantoine se rattache aussi à l’Intégralisme. En réalité les Intégralistes continuent Leconte de Lisle et Vigny. Ils ne le disent pas, mais on sent qu’ils ont conscience de continuer la vraie pensée de ces deux maîtres. D’ailleurs, à mieux réfléchir, nous ne croyons pas que les Parnassiens aient bien compris ou voulu comprendre Leconte de Lisle. Pour eux, Leconte de Lisle fut « une forme de vers », pour MM. Lantoine, Leconte, Lacuzon et ses amis, il est une âme.

VI. — L’Intégralisme §

M. Adolphe Lacuzon déclarait (1902) dans la préface d’Éternité :

« Le don du Poète est une condition psychique supérieure, comme l’héroïsme.

« Son existence ne correspond, chez l’individu, à aucun signe extérieur, et jamais ne justifia ces singularités d’attitude auxquelles la légende est si complaisante et les farceurs si fort enclins. L’homme à qui l’a dévolu le destin n’est pas un visionnaire halluciné qui butte aux réverbères comme aux arbres de la route. Il ne va point par la ville et la campagne, une main sur son cœur et les yeux au ciel. C’est un être comme chacun de nous, et les notions de l’existence sont en lui pareilles à celles de tous les mortels. Mais s’il est une particularité à laquelle il se {p. 108}doive pourtant reconnaître, c’est à sa bonté, qui n’est autre que son amour de la vérité, c’est-à-dire de la sagesse, suivant l’acception antique : Σοφία. Il n’est pas non plus le rêvasseur ignorant, amant de la lune, dont parle quelquefois la chronique ; le chercheur de rimes dont l’ingénuité confine à la niaiserie. Homo sum, et nihil humani a me alienum puto. C’est à lui, tout le premier, qu’il faut appliquer cette devise. “Il doit tout savoir, et plus encore, s’écrie le bon Banville, car sans une science profonde, solide et universelle, c’est en vain qu’il chercherait le mot propre et la justesse de l’expression !” »

Le poème qui prétend réaliser ou essaie de réaliser cette esthétique nous attire surtout par la réelle beauté des images. M. Lacuzon est, en tous cas, un artiste puissant, et, s’il n’avait autant l’air de s’en rendre compte à travers son œuvre, on admirerait celle-ci sans restrictions.

… Je vois s’enfler la voile au fond de l’estuaire,
Puis, derrière, au lointain, du côté de la plaine,
Surgir, fondre et passer, l’ouragan pour haleine.
Dans l’éclaboussement du sang crépusculaire.

Et droits sur leurs chevaux cabrés qu’un rut enlève,
Tes grands conquérants noirs, au profil surhumain,
Qui déployant leur geste avec l’éclair d’un glaive
Engouffrent dans la nuit leurs cavaliers d’airain !

Les origines du monde sont ainsi expliquées en cinquante pages… Une impression vraiment profonde naît parfois de l’animation des tableaux évoqués ; {p. 109}mais l’émotion n’y a aucune part. En résumé, Éternité est un poème largement écrit, dans une langue précise, imagée et sonore.

 

M. Adolphe Boschot débuta par une polémique (au sujet de la prosodie) avec M. Sully-Prudhomme. C’est encore un musicien et un critique musical. Tant de talents ne nuisent point à ses poèmes. On lui reproche ordinairement d’avoir voulu faire la fusion entre des tempéraments dissemblables, et ses Poèmes dialogues gardent trace d’un certain opportunisme, mais leur grâce chantante, leurs images imprécises charment souvent.

Un matin de printemps, nous courûmes les bois
Où les bourgeons ouvraient au jour toutes leurs lèvres.
Nous allions, nous allions, comme si notre Rêve
Nous avait entraînés en nous prenant les doigts.

De la fraîcheur glissait tout autour de nos mains,
De la douceur semblait murmurer sur nos lèvres,
Et j’enlaçais, — car l’aube est encore du rêve, —
Nos souvenirs d’amour dans l’odeur des jasmins.

M. Léon Vannoz : son vers est harmonieux, sa poésie assez peu impulsive, a souvent des allures didactiques ou d’un lyrisme conventionnel, mais sa langue est sûre, le rythme précis et il y a de la noblesse dans sa pensée et dans sa philosophie optimiste :

Une vaste espérance oppresse la nature…
La Psyché renaîtra sous une forme pure…

{p. 110}M. Cubélier de Beynac : lui aussi est didactique et conventionnel, c’est d’ailleurs le reproche qu’on doit faire à tous les intégralistes. Ils sont trop appliqués. D’autre part, ils ont conscience de leur devoir et une belle attitude hautaine. M. Cubelier de Beynac a de beaux élans et des strophes lapidaires.

L’Homme terrifié d’être seul en ces aubes
Peuple de dieux l’horreur muette de la Nuit.

Pétrone avait dit :

Primum in orbe terror fecit deos,

ou encore :

L’espoir comme un fanal aux portes de la Mort.

Au fond ces poètes réalisent ce qu’avait rêvé Louis Bouilhet et ce que Leconte de Lisle avait tenté sur la fin de sa vie. Nous ne savons pas si le temps est avec eux, mais ils le confondraient avec l’espace. Et puis qu’importe… puisqu’ils ont du talent.

VII. — L’École romane §

Les poètes qui la composèrent sont célèbres aujourd’hui pour la plupart, MM. Moréas, Ernest Reynaud, Charles Maurras. Si MM. du Plessys, Raymond de La Tailhède et Lionel des Rieux le sont moins c’est qu’ils sont plus jeunes et qu’ils n’ont {p. 111}rien fait pour capter une notoriété plus grande et dont ils sont dignes.

L’archaïsme têtu, la pureté formelle, l’inspiration grave et ardente de la Tour d’ivoire et de la Couronne des Jours de M. Ernest Raynaud ont placé l’auteur de ces recueils parmi les meilleurs31.

 

M. Raymond de La Tailhède s’est toujours tenu à l’écart, jalousement. Ses vers sonnent profond :

Ta plaie est moins saignante encore que ton cœur,
Archer qui ne vois point quelle flèche est maligne !
Mêle le suc du lierre à celui de la vigne.
Quel baume épuiserait sa bouillante fureur ?

Hélène, aux murs troyens, blanche fille du cygne,
Attend l’arc d’Héraclès pour nommer son vainqueur,
Héros, presse tes pas et retiens ta douleur :
Aux oreilles des dieux toute plainte est indigne.

Fais trêve à ton sommeil engourdi de poison :
Celui qui de tes maux porte la guérison,
Le blond Néoptolème en ton antre se glisse.

Tu le suivras : la rame a bondi sur la mer ;
Mais avant qu’à tes pieds manque le sable amer.
Brûle au feu de l’Amour les sarcasmes d’Ulysse.

M. Lionel des Rieux, est parfois dur dans sa versification et l’on regrette souvent qu’il se soit enfermé dans une cuirasse qui gêne son élan. Cependant {p. 112}il a un sentiment très exalté de la beauté pure, un culte généreux de la tradition, l’intelligence des lignes harmonieuses. Les Amours de Lyristès, le Chœur des Muses rayonnent par de nobles strophes.

VIII. — La Renaissance latine §

En 1901, M. Louis Bertrand signalait ainsi les Élévations Poétiques de M. Paul Souchon :

« … Comme la langue de Lamartine encore (car le parallèle s’impose d’un bout à l’autre), la langue de M. Paul Souchon est d’une extrême simplicité, sauf en de rares passages où l’auteur se souvient trop d’avoir traversé les petits cénacles parisiens et où il se consume en de laborieuses et minuscules inventions verbales. En plein triomphe de la périphrase, le poète du Lac osa écrire ces vers d’une simplicité héroïque :

Regarde, je viens seul m’asseoir sur cette pierre
                 Où tu la vis s’asseoir !

« M. Paul Souchon est coutumier de hardiesses toutes semblables. Les beaux vers ingénus abondent dans son recueil. Et cependant ils ne sont ni lâchés ni faciles. Je ne connais pas de poète contemporain, si ce n’est Emmanuel Signoret, qui rencontre aussi souvent la forme stricte et définitive d’une pensée poétique.

{p. 113}« Mais ce qui paraît absolument neuf chez lui, c’est son dessein de faire entrer dans la poésie tous les thèmes de la vie moderne et, pour tout dire, de réconcilier l’art et la vie. Je sais qu’une foule de jeunes gens se piquent précisément de cela. Au rebours des romantiques, ils acceptent, disent-ils la vie moderne tout entière, et c’est elle qu’ils vont chanter. Mais il ne suffit pas de regarder les choses et la vie, il faut encore les voir d’un œil purifié de toute littérature. Comme disait le vieux peintre David à ses élèves : « Mes amis, il faut être bien humbles devant la naturel » Nos jeunes gens n’ont point cette humilité ! La mémoire alourdie de formules apprises, ils sont comme les pseudo-classiques de 1830, — les Casimir Delavigne et les Baour-Lormian, — qui traitaient des sujets romantiques dans le style et avec les habitudes d’esprit du xviiie siècle. M. Paul Souchon a échappé à cette erreur. Il ne prend point d’attitudes triomphales devant la nature. Il ne la considère point dédaigneusement, en rhéteur uniquement curieux des mots. Il est humble et docile devant elle. »

M. Paul Souchon est digne des éloges de M. Bertrand. Venu des bords latins de cette terre provençale où flottent encore parmi l’harmonieux souvenir d’Hellas, ces images de beauté et ces méthodes précises qu’y apportèrent les colons phocéens et les architectes des camps proconsulaires, il reste fidèle au nombre, à la sonorité, à l’intégrité de la forme. Chez lui comme chez tous les poètes nés autour du {p. 114}Rhône, il faut noter aussi l’influence des grands lyriques provençaux, Mistral et Aubanel, ces chantres des déesses protectrices de la terre et instigatrices du désir. L’auteur de Nerto et des Isclo d’or, celui de La Migrano ont pesé sur la vision de Paul Souchon. Nous doutons qu’il veuille répudier un tel parrainage conforme à l’enseignement de sa race. Que de fois en ses vers M. Souchon pleura comme Ovide le lumineux mirage des villes d’or enfuies et de sa jeunesse errante parmi ces paysages de cinabre que Cézanne exalta par des toiles immortelles. M. Paul Souchon fut l’ami de ce grand et déjà oublié Emmanuel Signoret dont les dons lyriques promettaient une œuvre importante.

Nous en rappellerons ces strophes de l’Hymne à Jupiter :

Vide sur leurs cités ton carquois insondable
                        Apollon furieux ;
Toi qui vis sur ma bouche et t’assieds à ma table
Lève sur eux l’égide ô Pallas formidable !
Toi leur père et le mien, brise sur eux tes cieux.

Toi qui naquis du temps, père tu fus le nombre !
                        Pour l’homme châtié
Te voiles-tu de foudre et son cœur devient sombre ;
Tes fils sans ton appui sculptent en vain dans l’ombre
Pandore qui fléchit au poids de la pitié !

Toi qu’abreuvas le lait de la chèvre Amalthée
                        Monarque impérieux !
Quand au sommet des monts tu clouas Prométhée,
Ta prunelle de pleurs fut longtemps humectée
Et ton cœur s’enivra d’un nectar douloureux

{p. 115}M. Joachim Gasquet lui aussi reçut l’investiture classique des mains de M. Bertrand, cependant ses premiers vers portent l’éclatant stigmate romantique L’arbre et les Vents parmi l’échevèlement d’images tumultueuses se ressent de Hugo.

Bientôt cependant par-delà le maître des Chants du crépuscule et de la Légende des siècles, M. Joachim Gasquet écouta les voix des créateurs de la grâce et de la force française. Il avait rejeté très vite le sentimentalisme comme un vêtement étranger ; le mysticisme païen que le catholicisme nous a conservé, il ne s’en débarrasse point. Son naturisme exalté, sa philosophie passionnée s’accommodaient de l’enseignement des mystiques. Lui qui avait paru un instant à l’avant-garde des poètes individualistes qui mêlent anarchie et socialisme, esprit dionysien et solidarité sociale dans le plus réjouissant amalgame, s’excepta bien vite de cette erreur pour revenir au large chemin rectiligne de la tradition. Il brûla avec éclat ce qu’il adorait. Les Chants séculaires glorifient les meneurs d’hommes, aussi bien l’Impérator que le légionnaire, le consul farouche que le dieu aux yeux de femme, vainqueur de l’Inde.

Le cœur de l’homme fort est plus beau que les cieux !

La dure tyrannie lui parut créer à l’artiste des loisirs meilleurs que la condescendance des sociétés républicaines. Ce poète sera du retour des Princes. M. Maurras reconnut en lui un frère intellectuel. {p. 116}Parmi les plus caractéristiques de maintenant son effort déjà notoire le place audacieusement des premiers.

 

M. Léo Larguier séduit dès l’abord. Dans la Maison du Poète et les Isolements, le métal des vers sonne avec une ampleur de vibration dont nous étions déshabitués depuis longtemps. Au tronc millénaire du laurier latin jaillit une branche vigoureuse et sereine. Entre des évocations de légende et d’histoire s’élancent de purs cantiques d’amour.

Ce classique qui se voudrait impeccable et implacable, a été néanmoins touché par la mélancolie de René, par le mal d’Olympia, par l’ennui Baudelairien. Sa santé cependant résiste à ces maîtres. De petits tableaux de genre qui rappellent Heine, de larges apostrophes qui rappellent Ronsard nous avertissent que ce n’était là que l’abandon partiel d’un instant. Sur sa secrète douleur, sur sa passion profonde, le poète a poussé les volets. Il ne sait plus rien des contingences actuelles. Entre ses dieux et sa maîtresse nue, il chante avec orgueil ; mais souvent aussi il raille, il sourit, il conseille. L’éternel bon sens de sa race l’empêche de se croire la dupe de ses songes. Son lyrisme se pose sur des bases inébranlables, mais il dévoile aussi un cœur avide, pris d’un forcené besoin de tendresse et qui, s’il ne se désespère pas de savoir la {p. 117}mort victorieuse de la beauté, se plaît au jeu divin des rythmes qui masquent mal son humanité chancelante.

« Il pleut, cet homme seul en proie à cette étude
Est noble de travail et beau de solitude.
Tout bruit vient expirer à ses carreaux voilés,
Avec le souvenir de ses jours en allés,
Il vit là. Nul souci sur son cœur n’a de prise ;
Il rêve en se levant à Virgile, à la brise
D’un matin printanier par l’averse trempé
Qui descendait joyeux les pentes de Tempé,
L’imagination l’exile dans l’histoire.
Il peut faire blanchir le vol d’une victoire
Sur l’horizon marin des promontoires bleus.
À la corne d’un bois il a surpris les dieux
Sylvestres épiant le sommeil des meunières
Dont la gorge s’enflait sous les vertes lumières
Que tamisait un arbre au bord courant des eaux.
Son livre est un musée où vivent des tableaux ;
J’y sais des coins de ciel sanglant sur Salamine,
Une ornière fangeuse où la trace divine
Des sylvains est marquée ; une montagne, un champ
Des palais sur un port doré par le couchant ;
Quelques bandes de fer et de bronze bardées ;
Le corps chaud d’ambre blond des papesses fardées,
Des filles près d’un puits ; et j’y sais un jardin
Où lui-même s’est mis contre le fût d’un pin
Qui dans le noir fouillis de sa maîtresse branche,
Retient comme un grand nid la pleine lune blanche.
………………………………………………………
Mon Despax, croyez-vous que ce soit le bonheur ?
Je ne veux pas parler, ô mon ami, j’ai peur
D’éveiller les soucis et tout ce qui me guette,
Mais sachez que le cœur du paisible poète
Est un morne désert par l’ouragan noyé,
Labouré, noir de sang et du vent balayé,
{p. 118}Et que dans la maison où j’ai posé des pommes
Pour parfumer un peu les livres que j’aimais
La paix que je voudrais ne s’arrête jamais,
Et que je suis, ce soir, le plus pauvre des hommes.

M. Louis Le Cardonnel, lui, est un poète catholique. Soucieux même de conformer sa vie à ses chants, il a revêtu la robe sacerdotale. Il penche sa douceur de poète sur des agonisants et du même ton dont aux matins crayeux de ses vingt ans, il célébra la femme, prophétise aujourd’hui la gloire du Crucifié et prononce les paroles déliant sur terre et dans le ciel les âmes des pêcheurs. Ses Poèmes dans un temps de doutes et de blasphèmes ont la rafraîchissante sérénité de l’âme affranchie du doute et n’est-ce pas assez pour leur accorder un accent unique qui les classe en dehors de toute la poésie contemporaine ?

Mystique, du même mysticisme qui enivrait les initiés d’Éleusis et les phallophores du cortège dionysien, M. Louis Payen, dans À l’Ombre du portique et les Voiles blanches, s’incline au passage des immortelles nues. Séculaire amant des amantes passées et des olympiennes en fuite, il guette à l’orée des bois nocturnes, la tunique virginale de Sélené courbée sur le sommeil d’Endymia ou encore la nudité cabrée de l’Aphrodite qui se lamente de la mort d’Adonis. Il a dit les mots symboliques d’Artémis à Actéon :

{p. 119}                                    « Insensé, que fais-tu ?
Ton geste sacrilège a tué le bonheur.
J’aurais dû pour toujours, hélas ! rester sacrée
Et voilée de désir aux brumes de ton cœur.
Souveraine d’orgueil, dans ma nuit ignorée,
J’entends monter vers moi les prières des hommes,
Je devance leur marche, impalpable fantôme,
Et je guide leurs pas au seuil des cieux fermés.
Je suis la volupté qu’ils n’atteindront jamais,
Tous les espoirs, toutes les joies et tous les rêves,
Tout l’amour que pour eux filent les heures brèves…
Mais nul ne doit cueillir la fleur de ma beauté,
Car ma lèvre cruelle a le goût de la mort.
Malheureux ! je maudis et redoute ton sort…
Viens, regarde mes yeux : jamais plus les étoiles
N’auront pour tes regards de regards accueillants ;
Viens, touche mes deux mains : jamais tes doigts tremblants
Du lointain idéal n’écarteront les voiles ;
Que ta bouche goûte ma bouche ! jamais plus
L’amour n’aura pour toi de fruits inattendus,
Et le rêve sacré qu’on ne doit pas cueillir
N’effacera jamais tes regrets inutiles.
Les cieux seront muets et le monde stérile ;
Ton geste sacrilège a tué le désir ! »

M. Eugène Vaillé chante à la Gloire de la Luxure en rythmes libres et souvent heureux, et de lui il faut attendre de plus complètes manifestations.

 

M. Charles Derennes avec l’Enivrante Angoisse s’annonce d’une habileté dont la précocité effraie. La sûreté de la langue et du rythme est presque absolue. Il semble avoir dérobé à chaque maître son secret pour en composer de longues laisses de vers d’une harmonieuse souplesse sans monotonie. Il publiait {p. 120}hier la Tempête qui a noblement réalisé tous les espoirs et qui compte des poèmes définitifs.

 

M. Émile Despax a donné, avec la Maison des Glycines, un des plus beaux recueils de poèmes parus depuis longtemps, et c’est celui-là même que l’on jugea indigne du prix Sully-Prudhomme ! Il y a dans la poésie de M. Despax une douleur tendre et voluptueuse, une souffrance cachée et hautaine, un cœur ardent qui se répand, s’exalte. Les premiers vers de ce jeune homme égalaient les Noces corinthiennes, les derniers sont personnels et parfaits.

L’inspiration païenne et néo-classique de MM. Souchon, Larguier, Gasquet leur vient de leur atavisme latin. Le paganisme de Albert Erlande lui vient de l’étude. Hélène, le Jasmin se ressentent plus des lakistes et de Shelley que d’un mouvement intérieur spontané. M. Erlande est un poète dont on doit attendre beaucoup.

 

M. Louis Mercier est un poète traditionnel ; il célèbre la terre, les fruits, les herbes, les saisons, en des vers qui sont parmi les plus sincères que l’on fait aujourd’hui.

Quand nous sentant, un soir, trop seuls dans la maison,
Le besoin nous prendra de pleurer sans raison,
Et que, malgré le feu, nous aurons froid peut-être,
Ô mon Âme, en voyant, dehors par la fenêtre,
Tomber la neige immense autour de la maison.

{p. 121}Alors nous emplirons nos coupes cristallines
Du vin des souvenirs mûris sur les collines
Et nous évoquerons le jour cher et lointain
Où nos pieds s’embaumaient aux arômes du thym,
Lorsque nous descendions en chantant les collines.

Et voici qu’en buvant, le soir, nos vins vermeils
Nous croirons retrouver les beaux, les vieux soleils
Qui luisaient aux coteaux ardents de la jeunesse…
— Et nous nous sentirons envahis d’une ivresse
Triste et joyeuse au souvenir des vieux soleils !

M. Charles Vellay, qui débuta par des vers symboliques, aboutit à l’esthétique classique.

IX. — Les groupes provinciaux §

On trouvera, plus loin, l’énumération de ces divers groupements poétiques. Cependant, il faut mentionner hors pair :

Les Poètes du Beffroi. — Autour de la revue le Beffroi, dirigée d’abord par MM. A.-M. Gossez et Léon Bocquet puis par M. Bocquet seul, se sont réunis tous les jeunes poètes du Nord, Henri Delisle, poète élégiaque et civique (Heures, pour la Cité), Floris Delattre (Les Rythmes de Douceur), qui se souvient de Rodenbach, Roger Allard (La Divine Aventure), Théo Varlet, poète moderniste très curieux, Jules Mouquet (Nocturnes Solitaires), Pierre Turpin, grand poète inconnu, l’admirable et vibrant auteur de la Lumière Natale, M. Léon Deubel, {p. 122}poète à l’âme ardente, hésitante et blessée, qui, après des essais de rythmes bizarres est revenu au large chemin clair de la tradition, M. Edgard Malfère (Le Vaisseau solitaire), etc.

 

M. Léon Bocquet (Flandre) a célébré le sol natal et le ciel gris et tragique des villes d’usine. Ce qu’un Souchon ou un Gasquet ont fait pour le Midi Français, Léon Bocquet l’a tenté pour la région de Lille ; ce n’est pas toutefois, qu’il ne regrette le ciel de perle et les nets profils d’Athènes. Il annonce La Lumière d’Hellas.

Tous ces poètes ont subi, plus ou moins profondément l’influence de Rodenbach, de Verhaeren ou plus encore d’Albert Samain. On pourrait diviser la France en régions poétiques et en région d’influence poétiques. Verlaine, Rodenbach, Samain et Baudelaire régneraient au nord de la Seine et tout autant en Picardie et Artois qu’en Lorraine.

 

L’École de Nancy. — Le groupe lorrain comprend un grand poète : Charles Guérin dont nous avons déjà parlé et il comprend aussi de bons poètes. M. René d’Avril (Promenades dans l’Âme), un peu compliqué, un peu diffus, mais plein de trouvailles heureuses, M. Paul Briquel dont les Soirs d’Automne avaient quelque mélancolie artificielle, dont les Joies Humaines tressaillent d’une force mal dirigée mais réelle et qui promettent un poète vigoureux.

X. — Les femmes et la poésie §

{p. 123}La revanche des Amazones se précipite. Il en vient de partout. Du monde et même du demi et même du nouveau monde. Il n’y a plus de frontières et il n’y a pas d’âge. Comme la plupart sont jeunes et jolies, parfois titrées, souvent riches, vous devinez les louanges ! D’autant qu’elles acceptent encore moins que les poètes hommes, les reproches des critiques. L’irritabilité foncière du poète se complique de vanité féminine et d’orgueil. On avait un salon, on a un éditeur ; on avait son jour, on a son critique. Ce qui est plus étonnant que ce gymkhana littéraire, c’est qu’elles ont souvent du talent.

Un phénomène s’est produit : l’explosion de la sincérité féminine. Jusqu’à présent les femmes avaient considéré la passion, la vie, la morale, au point de vue imposé par le mâle. Désormais, elles se placent au point de vue de la femme. Nietzsche l’avait prévu. Mme Rachilde donna l’exemple. On la suivit dix ans plus tard. Avec la sincérité des femmes est née une sorte de lyrisme un peu court, savoureux, audacieux, agaçant, d’une sensualité précise et détaillée…

 

Mme Mathieu de Noailles publia, en 1901, le Cœur innombrable. L’un de nous écrivit alors le premier article de louanges en l’honneur du nouveau poète. Depuis… ç’a été une avalanche, un délire irraisonné {p. 124}et irraisonnable, qui a éloigné de Mme de Noailles, beaucoup de ses plus sincères admirateurs. L’auteur de la Domination est un exemple à prendre. Victime du snobisme, elle n’obtiendra pas les hommages auxquels elle a droit, car beaucoup craindront — à la louer autant qu’il convient — d’être, eux aussi, taxés de snobisme. M. R. de Montesquiou déclare :

« Bittô n’est pas chrétienne. Pas une seule fois elle ne prononce le nom de Dieu. Mais bien qu’elle les nomme souvent, Junon, Éros, Priapos, les dieux ne sont pour elle que de poétiques mythes. Sa déesse, la seule qu’elle invoque avec foi, c’est la Nature. Quand nous nous exclamons : “Seigneur !” elle s’écrie : “Nature !” Elle n’aime, elle n’adore que Gaïa, la Terre.

« Son art maintenant. Il est, comme elle, vêtu à l’antique. À l’ancienne quelquefois, notamment dans cette charmante pièce Le Pays, qui résonne comme d’un accent de la Pléiade. Partout ailleurs, son vers résonne d’un timbre qu’il emprunte à cette épigraphe de Taine : “l’antiquité est la jeunesse du monde”. — On dirait une transposition de la poésie grecque, avec parfois une attitude de Chénier, une intonation de Keats. Ses strophes sont des frises de vases où jouent des bergers tendres et tristes, vivants et rêveurs, rieurs et sérieux. Elles sont enguirlandées de mélisse et de réglisse, de cityses et de citrons, de résine et de menthe dont elle excelle à pénétrer, à saturer ses poèmes, comme des sachets {p. 125}avec un sens de l’olfactif qui aromatise le terme et donne à l’expression quelque chose d’odorant qui ne se rencontre avec cette intensité que dans le style de d’Annunzio. »

Servie par une culture très classique et un sensualisme très païen, elle sait le prix de l’heure qui s’enfuit. La nature lui a montré, dans ses fleurs qui se fanent les champs que l’hiver flétrira, le ciel changeant et ses beautés instables, elle lui a montré l’ombre prochaine et lui a murmuré l’éternel « carpe diem ! » C’est la poésie de l’amour et de la mort, c’est la pensée amère qui secoue Iphigénie à l’évocation des ténèbres inférieures ! La mort, mais elle est dans chacun des poèmes de Mme de Noailles, c’est la hantise baudelairienne, mais il semble que Mme de Noailles l’accepte autant comme un encouragement que comme une crainte. Elle sourit, enivrée encore de l’amour, au fantôme funèbre et elle se retourne vers la vie, plus ardente, plus exaltée. Le culte de la nature mène à la sensualité la plus vive. L’Église l’a compris qui identifiait le faune à ses démons. Mme de Noailles ne s’en épouvante point :

Pauvre faune qui va mourir
Reflète-moi dans tes prunelles
Et fais danser mon souvenir
Entre les ombres éternelles.

Va et dis à ces morts pensifs
À qui mes jeux auraient su plaire
Que je rêve d’eux sous les ifs
Où je passe petite et claire…

{p. 126}Tu leur diras que je m’endors
Mes bras nus pliés sous ma tête,
Que ma chair est comme de l’or
Autour des veines violettes.

— Dis-leur comme ils sont doux à voir
Mes cheveux bleus comme des prunes,
Mes pieds pareils à deux miroirs
Et mes deux yeux couleur de lune.

Et dis-leur que dans les soirs sourds
Couchée au bord frais des fontaines,
J’eus le désir de leurs amours
Et j’ai pressé leurs ombres vaines.

Elle dira à la nature :

« Voyez de quel désir, de quel amour charnel,
De quel besoin jaloux et vif, de quelle force,
Je respire le goût des champs et des écorces !
— Je vivrai désormais près de vous, contre vous,
Laissant l’herbe couvrir mes mains et mes genoux,
Et me vêtir ainsi qu’une fontaine en marbre ;
Mon âme s’emplira de guêpes comme un arbre,
D’échos comme une grotte et d’azur comme l’eau ;
Je sentirai sur moi l’ombre de vos bouleaux ;
Et quand le jour viendra d’aller dans votre terre,
Se mêler au fécond et végétal mystère,
Faites que mon cœur soit une baie d’alisier,
Un grain de genièvre, une rose au rosier,
Une grappe à la vigne, une épine à la ronce,
Une corolle ouverte où l’abeille s’enfonce… »

Elle vaincra l’inquiétude du néant :

Ô Mort de t’avoir crainte un jour, je me repens…
Lance-moi ton lacet, des flèches et ton sable
Et que je jette en toi la douleur et l’ardeur
De ma raison malade et de mon mauvais cœur…

{p. 127}car, malgré tout son désir, la joie demeure insaisissable et le plaisir amer.

Le rude et lourd baiser dont parlent les chansons,
Ne guérit pas le mal dont vous étiez atteinte…
Mon sein est puéril, mais mon cœur est farouche
Damétas le sait bien à l’heure de l’accord
Car la flûte est moins vive et chaude sous sa bouche
Que ne l’est mon baiser qui s’appuie et qui mord…

Mme Henri de Régnier jusqu’ici n’a pas signé ses beaux vers, graves et profonds. Il faut le regretter.

 

Mlle Renée Vivien, avec une culture classique aussi profonde que celle de Mme de Noailles, mais avec un luxe moindre d’épithète, et un vocabulaire plus restreint marque un talent très vif dans ses Évocations, Cendres et Poussières, la Vénus des Aveugles. Sur un thème unique, la beauté des fleurs et des femmes, l’horreur de la brutalité et de la souillure, l’amitié saphique, la douceur de l’exil, de la nuit et du départ, les joies de l’orgueil, la jalousie, elle éparpille les ressources d’une imagination disciplinée, d’une sensualité obéissante et contenue :

                                         … Ton visage est pareil
À des roses d’hiver recouvertes de cendre,
Et ton lit nuptial ignore le soleil,
Ta chevelure ondoie au reflux des marées
Comme l’algue marine et les sombres coraux
Et tes lèvres désespérées
Boivent la paix des eaux…

{p. 128}Ô langueur de Lesbos ! charme de Mitylène
Apprends-nous le vers d’or que ton râle étouffa…
Les fleurs ont parfumé tes étranges mains creuses
De ton corps monte ainsi qu’une légère haleine
La blanche volupté des vierges amoureuses…

MIle Paule Riversdale. — Elle suit la route où fleurissent les violettes de Mlle Renée Vivien. La même inspiration, des qualités moindres, mais réelles et qui font espérer : (Échos et Reflets).

Ma bouche a possédé ta bouche féminine
Et mon être a frémi sous tes baisers d’amant,
Car je suis l’Être double et mon âme androgyne
Adore en toi la vierge et le Prince Charmant…

Mme Lucie Delarue-Mardrus : Dès ses premiers vers M. Gasquet écrivait d’elle : (À Propos d’Occident).

« Celle-ci, je la devine parée de modernité, mais, sous les plis égaux de ses grandes robes, portant une âme en feu comme la mer où Midi brûle. C’est :

« … Carmen blême de tragédie
« Intime, les deux yeux dévorés d’incendie,
« Tout le sanglot, tout le sursaut, tous les frissons,
« Et le vent furieux rebroussant les moissons…

ou plutôt, s’il est vrai que ce cœur tout entier batte entre les pages blanches de cet unique livre, écoutez-en jaillir

Comme un rythme incessant la vie universelle.

{p. 129}« L’âme en démence a mal de se sentir pareille aux farouches marées. La grande voix de la mer se dresse dans l’espace comme une trombe de lumière et à pleine voix aussi, la poëtesse entonne alors l’hymne marin selon « l’incorruptible rite ».

« L’âme fidèle, inguérissable du mal de ne pouvoir se taire, a retrouvé l’amie éternelle :

Toute seule devant ton flot pendant des heures,
Je voudrais promener mon silence anxieux
Et puisqu’il n’est jamais de larmes dans mes yeux
M’écouter longuement pleurer lorsque tu pleures
Ou bien, parmi la nuit, le fracas et le vent,
À l’heure où la tempête est à son apogée,
Crier en toi, sauvage, affolée, enragée,
Les cheveux dénoués et les poings en avant.

« Et viennent les Paroles, meurtrières, désabusées, terribles et profondes, religieuses, décisives, mystérieuses, dont on ne parle pas, qu’il faut murmurer bouche à bouche avec l’Être ou le Néant.

« Baudelaire l’avait prophétisé : “Au vent qui soufflera demain, nul ne tend l’oreille ; et pourtant l’héroïsme de la vie moderne, nous entoure et nous presse. Nos sentiments vrais nous étouffent assez pour que nous les connaissions. Ce ne sont ni les sujets ni les couleurs qui manquent aux épopées. Celui-là sera le peintre, le vrai peintre, qui saura arracher à la vie actuelle son côté épique, et nous faire voir et comprendre combien nous sommes grands et poëtiques dans nos cravates et nos bottes {p. 130}vernies. Paissent les vrais chercheurs nous donner l’année prochaine cette joie singulière de célébrer l’avènement du neuf !”

« Les vrais chercheurs, ô caprice ! c’est, cette fois, pour ouvrir le siècle neuf, une femme de vingt ans. »

Depuis elle a donné Ferveur et Horizons. Peu de poètes ont atteint comme elle aux limites exaspérées du songe et de la sensation. Son fatalisme orgueilleux, l’étrange et mystérieuse sensualité de ses strophes noyées d’ombre et de soleil, saisissent d’une émotion presque physique. Elle a encore la sens des attitudes plastiques.

Ma chèvre, je tiendrai dans mes mains, si je peux
                  Ta tête brusque et familière,
Pour regarder changer de tout près dans tes yeux
                  Cette pupille de sorcière.

J’aurai blessant mes pieds, tes piétinants sabots
                  Je te tiendrai par les oreilles ;
Dans la lutte, nos deux vigueurs seront pareilles
                  Et nos mouvements seront beaux.

Et, parmi le soleil où, toi blanche et moi nue
                  Nous irons nous heurtant du front
Ma tête bien nattée et ta tête cornue
                  L’une à l’autre se sculpteront.

Mlle Nicolette Hennique a une vision très particulière de la mythologie, elle ne s’embarrasse guère ni des noms, ni des rites, — elle n’hésite guère devant le néologisme ou l’archaïsme et pourtant elle a su créer des poèmes étranges, agaçants d’abord, {p. 131}mais dont on ne saurait nier le charme. Elle est habile aux jeux du rythme, le manie avec dextérité et lui donne des souplesses insoupçonnées. Il y a dans Des Héros et des Dieux du meilleur et du pire

LE REPOS DE CÉRÈS

La terre se contracte, et sans bruit, sans parfum,
Calaïs fait tomber au ras des routes nues
Les feuilles qui, naguère écloses par les nues,
Vêtaient si clairement d’ombre l’été défunt.

Le paysage est brut, semble morne de vivre
En l’air jaunâtre et gris de cette aube… Pleuvoir !
Où pleut-il, ô Zéphyre ? Et l’on commence à voir
Sur l’herbe des talus étinceler le givre…

Une troupe d’oiseaux jaillit de l’horizon ;
Puis une autre : elle forme un triangle… Puis d’autres,
Vers ce champ terminal où furent des épeautres,
S’abattent d’un jet lourd, pêle-mêle, à foison…

Le bétail, désormais, va rester aux étables,
Et la herse qui fait les glèbes végétables,
La charrue et le roule attendront sous l’auvent
Que le froid ait cessé de galoper le vent…
Il cessera ; fuyez la crainte ; patience !
À la bonne Cérès gardez votre fiance,
Votre aide heureuse, vos espoirs, un cœur pareil :
Car toujours du même or et toujours de soleil,
Lasse de nous donner avec la sève blonde
Le pain quotidien dont se nourrit le monde,
Elle repose au cœur de la bise profonde.

Mme Catulle Mendès n’a pas imité l’art de son mari ; au contraire. Elle se rapproche davantage des poètes qui ont succédé au Parnasse.

{p. 132}Son émotion profonde s’exprime en vers nuancés, frissonnants : (Les Charmes).

J’ignore de vos yeux le regard qui fait mal,
Vos bras impérieux enlacent ma faiblesse,
Vous savez d’une voix de fougue et de mollesse
Faire du flot de rêve un grand flot baptismal.

Vous me jurez votre bonheur initial,
Et que de moi vous vient la force et la noblesse
Du génie, et qu’en vous mon seul sourire laisse
Comme un dépôt sacré tout l’espoir nuptial.

Vous parlez de mourir de mon ingratitude ;
Vous aimez à me voir souffrir d’inquiétude ;
Vous m’offrez tous les vœux qui vous sont adressés.

Silencieusement j’écoute le poème…
Heureuse et douloureuse, ô mon amant, je sais ;
Vous pensez à l’amour, et c’est moi qui vous aime.

Mme Hélène de Zuylen de Nyevelt, pourrait se réclamer des théories de M. Lœwengard. Le déroulement ensoleillé des images bibliques, la faveur jalouse qui parle au cœur des nabis d’Israël est en elle. Son vers est clair, net, d’un beau dessin, d’un rythme subtil et ses strophes précises.

 

Mme Valentine de Saint-Point, descendante de Lamartine, porte la confirmation de ce glorieux atavisme au sein de ses Poèmes du Vent et de la Mer pleins de strophes d’un lyrisme éclatant, précis, audacieux.

 

Mme Lucie Félix Faure-Goyau (La Vie nuancée), témoigne de ce récent mouvement néo-chrétien {p. 133}auquel nous devons M. Louis Le Cardonnel. Avec un lyrisme moindre, plus de sécheresse, une sorte de virilité mystique à laquelle les femmes ne sont pas accoutumées, elle émeut notre raison, élève notre cœur. Au milieu du concert orphique et aphrodisiaque des autres poétesses, elle se place résolument sous l’égide du stoïcisme catholique.

Ah ! comme tout s’attriste à plaisir dans mon rêve !
Là, contre la maison, s’allonge le soleil.
Chaque rose inclinée en mon cœur tient conseil,
Et feuille à feuille meurt dans l’ombre qui se lève…

La petite pendule a réveillé les heures
Et fait en son tic-tac battre l’éternité !
— Notre cœur autrefois de même en vérité ? —
Prononces-tu mon nom le soir lorsque tu pleures ?

Minuit, dans le satin de tentures vieil or,
Répand les flots de lune et nimbe la fenêtre.
Il fait soudain grand’nuit tout au fond de mon être !
Pourrais-je donc ce soir te regretter encor ?….

Mlle Jane Dortzal, au privilège de son illustre beauté, ajoute la renommée plus durable de ses poèmes : (Vers l’infini).

 

Mme Fernand Gregh s’est à peine affirmée par de trop rares publications de vers en de jeunes revues. Mais on sent et espère en elle un poète voluptueux et tendre qui comptera parmi les meilleurs.

 

Mme Marie Dauguet nous fut présentée par M. Remy de Gourmont : c’est un poète naturiste subtil et simple à la fois.

 

{p. 134}Mme Marie Weyrich se souvient de Baudelaire dans ses Jardins du Soir, Mme Cécile Périn a de la grâce et de la force. Mme Pierre de Bouchaud (Cardeline) est plus connue pour ses romans. Le poète seul mériterait déjà longuement notre attention.

Chaque jour le nombre des poétesses augmente. La poésie descend à être un sport mondain. Nous avons signalé les vrais talents, — nous en avons oublié peut-être, mais on comprendra aussi qu’il ne nous était pas possible de tenir compte ici de relations mondaines ou politiques. La critique n’a d’égard qu’au talent32.

Chapitre III. Le roman §

{p. 135}Pour une partie du public français, le roman constitue l’unique production littéraire de notre temps. Après avoir été, durant trois siècles33, le genre inférieur, le roman a tout envahi. Rien ne lui est étranger. Devenu comme les langues d’Ésope, ce qu’il y a de meilleur ou de pire, il a eu toutes les audaces, toutes les prétentions ; il a véhiculé jusqu’au grand public les hypothèses de la science et les lieux-communs de l’histoire. On assure qu’il a dépassé sa {p. 136}prospérité et que la décadence approche. Il semble, en effet que, depuis quelques mois, les éditeurs réduisent la publication des romans et nous ne connaissons plus les tirages énormes dont Zola, Droz ou Daudet tirèrent fortune.

Quo Vadis et Aphrodite ont été les derniers succès de librairie. De cette déchéance les causes sont les mêmes que pour la critique ou le théâtre et se compliquent encore de ce que nous appellerons l’invasion des primaires. En effet, s’il est une forme littéraire, un genre qui ne doive pas être instructif, documentaire ou social, c’est le roman. La définition même du genre l’écarte des ambitions morales ou politiques. Hélas ! on en est venu à décorer du titre de roman des œuvres sans intrigue, entièrement lyriques ou entièrement documentaires ; alors que ce genre paraît entièrement destiné à des récits d’aventures ou à des peintures de mœurs ! Mais l’accroissement de l’amateurisme, les plagiats naturalistes, le reportage d’actualité, la réclame éhontée des industriels, la confusion universelle des genres, l’invasion de l’esprit primaire34 n’ont pas peu contribué à rabaisser le roman français.

La mise en vente demeure considérable35. Il est {p. 137}difficile de démêler les tendances générales de ces œuvres disparates dont les meilleures ne sont point les plus connues. Il semble cependant qu’on veuille {p. 138}réagir contre le pessimisme naturaliste, contre le romantisme et qu’on oppose, à l’idéalisme minutieux et subtil des slaves, une sorte d’idéalisme latin. On peut noter avec la vogue du roman historique un retour au roman héroïque. Le roman symboliste achève son éphémère, brillante et curieuse floraison. Le roman dit moderne mêle à la peinture des mœurs quelques prétentions de philosophie, d’ironie ou même de polémique.

I. — Le roman provincial §

Il se pourrait que les études provinciales sauvassent le roman de la médiocrité où il tombe. Pour peu qu’on revienne aux belles et saines traditions de l’époque où l’on saluait l’apparition du Bouscassié et de la Fête Votive de saint Bartholomée-Porte-Glaive de Cladel, où l’on aimait véritablement le sol que l’on décrivait, le roman retrouvera une beauté simple, sans procédés et pourra éveiller en nous la curiosité de notre France que nous connaissons mal. Jacquou le Croquant fut considéré comme un chef-d’œuvre, il y a cinq ans, lorsqu’il nous apporta toute la chaude saveur d’une province, lorsqu’il nous conta la vie d’un paysan qu’aucune influence n’avait détourné, arraché à sa terre et à ses morts. Ce livre de M. Eugène Le Roy, dont le premier roman le Moulin du Frau passa inaperçu, mettait en scène des individus {p. 139}« semblables à ces personnes aux manières simples qui sans tant de politesse, montrent leur âme à nu ». C’était un repos, après tant de portraits parisiens compliqués ou qui veulent paraître compliqués. Jacquou le Croquant se relevait d’un accent âpre, d’un bouillonnement de révolte qui marquait quelque chose de nouveau, après les idylles de Ferdinand Fabre. Ce roman venait directement du grand mouvement fédéraliste ou félibréen. Par des termes du terroir, il renouvelait la langue victorieuse d’oïl. Certes le vrai roman provincial, seule la langue originelle le pourrait traduire et on connaît l’extraordinaire éclat, la couleur puissante du Valet de Ferme de Batisto Bonnet (traduct. Alphonse Daudet) du Bagatouni de Valère Bernard (trad. Paul Souchon) ou du Courandier d’Hugues Lapaire, cependant fidèle à la fois à la tradition terrienne et à la suprématie française. M. Eugène Le Roy composait des œuvres auxquelles rien n’est comparable, par la sincérité ou le style.

Inimitable, d’une harmonie uniforme qui confine à la monotonie, d’une exactitude faite de sobriété et de minutie, M. René Boylesve apportait au roman provincial (Mlle Cloque, la Becquée, l’Enfant à la Balustrade) le style de la Princesse de Clèves, des dons d’analyse subtils et nombreux, une grâce souriante, une élégance faite d’ironie et d’émotion contenue, et surtout un cœur intelligent et indulgent.

 

{p. 140}M. Emmanuel Delbousquet n’a pas suivi la coutume des jeunes provinciaux qui viennent gâcher à Paris leur talent naturel, en écrivant des études de grande ville pour lesquelles l’expérience fait défaut, M. Emmanuel Delbousquet a peint, avec un coloris, une puissance d’évocation digne de Villiers de l’Isle-Adam, de hautes fresques tragiques sur l’horizon des landes de Gascogne, son pays. Ce sont presque des romans lyriques que l’Écarteur et Le Mazareilh.

 

M. Pierre de Querlon, a donné à son dernier livre, Céline, fille des champs, le cadre des campagnes riches. Son talent le désignait pour rendre les émotions simples des paysans et les descriptions paraissent avoir dans Céline plus d’ampleur que dans les Joues d’Hélène et la Liaison fâcheuse.

 

La Vertu du Sol de Marcel Mielvaque est un des livres importants de ces dernières années tant par la fidélité des détails sur la vie d’une nouvelle Mme Bovary dans un pays de vignobles et de petites propriétés que par les idées qui se dégagent de cette intrigue et font de ce livre plus et moins qu’un roman, une sorte de manuel de sociologie et psychologie régionaliste d’une force et d’une portée considérables.

 

Le Servage d’Édouard Ducoté nous a appris que ce poète était aussi un observateur cruel. Cette vie d’enfant désenchanté et brutalisé, cette éducation {p. 141}sentimentale d’une âme timide dans un milieu hostile est mieux observées.

 

Le Résultat d’un Huis-Clos de Paul Mathiex, les Armures de cendres de Jean Poujade, la Toile d’araignée de A. Vidal (nouvelles) renferment des pages curieuses.

 

Citons encore M. Edmond Jaloux avec les Sangsues, M. Antonin Lavergne avec M. le Maire, et Tantoune qui nous rappellent toute la cautèle hypocrite de la Province. Les nouvelles du pays bourguignon (Le Choix d’une Maîtresse) de M. Pierre Vernou, savoureuses et chaudes d’une langue forte et simple, digne de Maupassant, les délicates, nerveuses, spirituelles, franches et colorées compositions de Léon Lafage qui est peut-être notre meilleur « nouvelliste ».

En résumé, le roman provincial peut sembler supérieur au roman parisien en ce qu’il n’emploie aucune habileté nécessaire pour atteindre le grand public. Le succès d’un roman provincial est toujours de bon aloi puisqu’il ne résulte que du charme que l’on éprouve à lire une copie de la saine réalité. Ce succès reste à la louange de l’auteur qui aura dédaigné les procédés trompeurs, et du public qui aura aimé la beauté véritable.

II. — Le roman social §

{p. 142}M. Camille Mauclair a dit des Rosny qu’ils étaient les seuls romanciers sociologues. En effet, ils semblent avoir été les véritables précurseurs de cette forme de roman qui tenta depuis les débutants, épris d’idées humanitaires. Le Bilatéral, Les Âmes perdues, L’Impérieuse Bonté et surtout Sous le Fardeau furent les véritables romans sociaux. Alors que Germinal était surtout une épopée en prose sans tendances définies, les livres de J.-H. Rosny s’inquiétaient de l’humanité tout entière, avec ses instincts et ses gestes inutiles. La théorie de l’évolution lente chère aux Rosny, devait pourtant plaire aux socialistes, et une sorte de fatalisme dominateur qui se dégage de leurs œuvres, un esprit de discussion trop subtil éloignaient d’eux le peuple. J.-H. Rosny pensent que ce n’est pas par le peuple que peut se faire une évolution progressive, mais par la bourgeoisie. Cette théorie logique ne pouvait les rendre sympathiques au gros public36.

 

André Couvreur, dans les Dangers sociaux, s’est fait éducateur et moraliste. Il a procédé par antithèses violentes, ce qui est le défaut des romans à thèse en général. Dans la conception de son œuvre, André Couvreur, s’éloigne de la vérité : au {p. 143}contraire, l’exécution est d’une sûreté inattaquable ; et l’on voit dans ses livres grouiller des foules véritables avec leurs instincts collectifs, éternels et changeants. Nous n’éprouvons, à vrai dire que des sentiments excessifs, mais avec quelle intensité !… Maintenant, quelle part de sincérité devons-nous trouver dans une œuvre dont les détails n’existent que pour la démonstration d’une idée ?… Nous ne pouvons pas plus discerner cette sincérité que dans les Rougon-Macquart où l’intrigue définie démontrait un principe. Pourtant, sa croyance profonde en l’avenir social nous éclaire sur la conscience d’André Couvreur. Chacun de ses livres est un bienfait, et les défauts que nous y rencontrons sont peut-être à ses yeux les qualités les plus fortes, parce qu’ils sont des moyens, parfois volontairement naïfs, de mettre en relief les tares qu’il combat. C’est pourquoi André Couvreur est éducateur et moraliste. Ce que fait Brieux, au théâtre, Couvreur l’a tenté par le livre.

 

M. Michel Corday est aussi un fervent de Brieux. Les livres sont d’une audace louable. Il a fait preuve dans Demi-fous d’un plus grand souci de la phrase. M. Michel Corday est aussi un moraliste.

 

M. Camille Mauclair est un curieux. Les Mères Sociales sont une attaque contre la morale de la famille. Lui aussi M. Mauclair indique le remède. Car il ne serait pas un sociologue s’il ne fournissait un moyen de transformer la société.

{p. 144}« On a souvent reproché à M. Mauclair d’avoir laissé sa prime intellectualité s’étioler dans l’ombre instable de Barrès. Pourtant il ne semble pas que la philosophie spéculative de celui-ci ait détourné de sa voie naturelle l’esprit inquiet et combatif du jeune disciple. Il apparaît, au contraire, que cette influence — subie non sans orgueil naguère — dota le poète des Sonatines d’Automne d’une excellente méthode de raisonnement. Ici, nulle trace de dilettantisme barrésien. Aussi bien en dédiant cette œuvre à J.-H. Rosny, M. Camille Mauclair a entendu s’honorer d’une évidente filiation. Le soleil rosnyen luit pour tout le monde, et bien avant les Mères Sociales, plus d’un écrivain altruiste y a réchauffé sa vacillante inspiration37. »

Malgré M. Camille Mauclair, M. André Couvreur et malgré les efforts de M. Michel Corday, le roman social paraît être en défaveur. Pourquoi ?… Il y a moyen d’étudier les questions les plus graves sans être ennuyeux.

On peut considérer comme un roman social (social à la façon de M. Mirbeau à qui le livre est dédié, c’est-à-dire satirique), Héros d’Afrique de Ch.-Henry Hirsch, mais M. Hirsch satisfait d’avoir des paysages à décrire et une peuplade nègre à imaginer, s’est laissé aller à écrire un délicieux roman d’aventures, avec de l’énergie de-ci de-là, et une idée directrice, noble et généreuse.

{p. 145}Enfin M. Georges Pioch (L’Impuissance d’Hercule), M. Jean Vignaud (Les Amis du Peuple), Jean Viollis (La Récompense), Louis Lumet (La Fièvre, le Chaos), avec un style ardent et clair, des dons de composition et d’évocation très particuliers, Henry de Bruchard (La Fausse Gloire), etc., avec des préoccupations différentes allaient au peuple et nous contaient ses misères, et la vie de ceux qui le dirigent ou espèrent le diriger. Les livres de M. Lumet sont certainement, parmi les œuvres de jeunes, les plus réussies dans ce genre.

III. — Le roman historique §

Plus que l’exemple de la Thaïs d’Anatole France, de Salammbô ou du Roman de la Momie, le succès imprévu d’Aphrodite a décidé depuis dix ans la renaissance du roman historique. Certes les œuvres ne manquaient pas avant celle de M. Pierre Louÿs qui évoquaient les fastes du passé, mais M. Pierre Louÿs a apporté du nouveau qu’on a beaucoup imité : ce que M. Remy de Gourmont appelle : le romanesque sensuel38. Ni le sobre et clair épisode du Vieux de la Montagne de Mme Judith Gautier, ni les rutilantes fresques de M. Léon Cahun qui égale Élémir Bourges ne respiraient cette atmosphère de mort et de volupté {p. 146}qui flotte autour des amies de Chrysis. Il manquait, pour plaire à notre époque, dans les ouvrages précédents, ce symbolisme clair, cette nervosité, cette inquiétude et cette ironie qu’on trouve à chaque page d’Aphrodite. Nous voulons retrouver sous la khlamyde dorienne ou l’armure espagnole, des âmes et des cœurs d’aujourd’hui. Trop froids ou d’une énergie trop haute nous paraissaient des héros de Mme Gautier, descendants directs des créations de Chateaubriand. Dans Salammbô nous n’admirions guère que la prodigieuse maîtrise du styliste et l’art achevé de la composition. Depuis Démétrios, les personnages du roman historique restent nos contemporains. La psychologie rétrospective, nous n’y croyons guère.

Mais il ne faudrait pas rapprocher le succès d’Aphrodite de celui de Quo Vadis. Ce dernier roman nous rappelle seulement que, si nous relisions Alexandre Dumas, nous y goûterions quelque plaisir et que nous avons tort de négliger les romans historiques des éditeurs catholiques. Ils sont pour la plupart, plus agréablement faux, plus ingénieusement compliqués, plus féconds en maximes banales, en mots historiques controuvés et en détails pathétiques que la traduction du polonais Sienkiewicz39.

Les seuls romans qui essaient de rendre la manière de vivre d’une époque parmi son décor propre {p. 147}sont ceux de M. Maurice Maindron (Saint-Cendre, Blancador l’Avantageux, M. de Clérambon). À l’attrait du pittoresque, au charme d’une langue riche et forte, ils ajoutent tout l’intérêt que leur vaut l’érudition sérieuse de leur auteur. Mais, bien que les épisodes en soient plaisants, les détails fort audacieux, ces livres ne sont guère dans le goût de l’heure et leur saveur est un peu forte pour les faiblesses d’à présent. Pour le public, il convient de le regretter. Mieux peut-être que notre affirmation, ce seul fait qu’ils n’ont pas suscité d’imitateurs, indique l’indifférence malheureuse où « les jeunes » de ce temps tiennent les recherches de M. Maurice Maindron. Par contre le ton à la fois ironique et moralisateur, la nonchalance sensuelle de M. Pierre Louÿs, son style lucide, d’une si insaisissable fluidité lui ont valu une suite nombreuse. De la Chimère de M. Louis Dumont à la Dernière Journée de Sappho de M. Gabriel Faure et au Péplos vert de M. Maurice Waleffe pour ne compter que les ouvrages où subsiste un souci d’art, la liste est longue des romans qui se souviennent d’Aphrodite. Μme Jane de la Vaudère et Félicien Champsaur le peuvent dire40.

Nous savons bien que dans cette reconnaissance du roman historique, il faudrait peut-être faire hommage à MM. J.-H. Rosny de l’influence qui leur est due. {p. 148}Cette renaissance, ils l’avaient prévue, eux qui furent — en un temps de naturalisme vulgaire — les seuls et derniers apôtres du romanesque et les créateurs du roman préhistorique.

Des tentatives parallèles de celles de M. Louÿs ou différentes au contraire nous ont donné toute une série de volumes dont on louera probablement encore, après même que la mode aura tourné, l’écriture. Ce sont les contes de Marcel Schwob, si pleins d’une atmosphère étrange de crypte souterraine, de fards milésiens, de jeunes corps amoureux, si ruisselants d’eaux, de miroirs, de gemmes, rappelant à la fois les encens du temple, les toiles de Rochegrosse et Gustave Moreau et cette angoisse qui flotte sur les ruines solitaires au crépuscule : les contes de Jean Lorrain, avec leurs gnomes, leurs fées, leurs éphèbes équivoques, leurs princesses d’ivoire et d’ivresse, leur frisson d’inconnu, leur ombre nostalgique et peuplée de fantômes luxurieux. C’est après les reconstitutions de Jean Moréas (les Contes de la Vieille France), la Messaline, de Jarry, d’une si subtile orfèvrerie de mots et de syntaxe précieuse ; la Nichina d’Hugues Rebell, plaidoyer contre la morale moderne, à la façon de Louÿs, mais avec en plus la truculence exaspérée du verbe et une brutalité énorme, les sobres et délicats romans de Pierre de Querlon : La Maison de la Petite Livia. — Les Amours de Leucippe et Clitophon41; {p. 149}les contes de M. A. Ferdinand Hérold et ceux où M. Remy de Gourmont a mis une perversité souriante et une morale anarchiste.

Si dans le xviie siècle, où moissonne M. Henri de Régnier de si riches épis et compose des gerbes lourdes de froment français sont situés Le Bon Plaisir, La Double Maîtresse, les Aventures de M. de Bréot, le xviiie siècle a trouvé dans M. Eugène Demolder, un peintre qui après avoir étudié la Hollande de Rembrandt (La Route d’Émeraude), excelle à reproduire le règne des élégances de Versailles dans un livre (Le Jardinier de la Pompadour) digne d’un Pierre de Nolhac qui serait romancier.

Si le Couvre-Feu de M. Constantin Photiadès se réclame à la fois de Mme de la Fayette et de M. Henri de Régnier, la Philosophie Galante de M. de Valcourt, par Paul Dollfus, serre davantage encore le style et la morale des mémoires galants. Reconstitutions et pastiches nous entraînent par-delà les âges, de Sparte (L’Amant légal du comte A. du Bois) à Mitylène (Sapho de Nonce Casanova) avec de longs détours dans la légende.

IV. — La fantaisie et le conte moral §

C’est encore M. Pierre Louÿs qui a suscité la renaissance du roman fantaisiste. (Les Aventures du roi Pausole). Estimant que rien n’était mieux dans la tradition des lettres françaises, M. Pierre Louÿs osa {p. 150}publier en feuilleton un roman hors du temps et de la réalité. L’exemple fut suivi : le roman poétique nous est revenu, avec Pour l’amour du laurier de M. Gilbert de Voisins au style original et d’une belle pureté et qui rappelle, sans détruire la personnalité de l’auteur, le Diable amoureux de Cazotte, les Centaures de M. André Lichtenberger, Merveilles et moralités de Édouard Ducoté où persiste comme un écho de la sagesse antique, comme un reflet de la grâce légère de Lucien de Samosate.

 

Le Mariage de Don Quichotte, de P.-J. Toulet, unit la philosophie voluptueuse de Crébillon à l’esprit picaresque.

 

Le conte moral et le roman allégorique né du Gulliver de Swift et du Candide de Voltaire ont eu des continuateurs avec Pantalonie de Camille de Sainte-Croix, les Lettres de Malaisie, de Paul Adam, les romans demi-fantaisistes de M. Delacour (l’Évangile de Jacques Clément, le Roy, le Pape rouge). Le rire amer de Villiers de l’Isle Adam et le tragique de Barbey d’Aurevilly persistent ici.

 

Les Contes des yeux fermés, d’Alphonse Séché, sont des rêves. Mais, ce ne sont pas des rêves racontés comme nous en connaissons tant ; ici, il y a quelque chose de plus en originalité, quelque chose de moins en littérature. C’est, en quelque sorte, de la photographie de rêves. On ne peut imaginer rien de plus curieux et de plus étrange. Jamais, jusqu’ici, {p. 151}on n’était arrivé à nous donner à ce point l’exacte impression de cette hallucination. Nous avions, en les lisant, l’illusion complète du rêve pendant le rêve. Le procédé littéraire est presque tout scientifique, on devine à quelles observations, à quels efforts l’auteur s’est astreint pour arriver à bien connaître le mécanisme du rêve, pour s’en rendre maître et réussir à nous donner ces contes saisissants de vérité. Sans conteste, ce livre est unique en son genre.

 

Après les romans scientifiques des frères Rosny (les Xipéhuz, Un autre Monde, le Cataclysme, etc.), qui bien avant Wells avait instauré cette forme romanesque, les écrivains n’ont pas hésité à nous mener hors de l’espace et de la réalité. C’est beaucoup Wells qui a causé cette renaissance passagère et nos romanciers ne semblent avoir retenu de l’auteur de la Guerre des Mondes que ses procédés d’invention, que son amour de fantastique. Il y avait une autre préoccupation dans l’œuvre scientifique des Rosny qui examinait surtout l’angoisse des hommes devant les problèmes inconnus42. L’Orient Vierge de Mauclair est mieux qu’un roman fantastique parce qu’il est influencé des Rosny et les Contes dans la Nuit de Frédéric Boutet ont une tenue philosophique. Il faut citer à part la Morte irritée de François de Nion et {p. 152}Le Réveil de l’Âme de J. de Taillenay qui développait l’idée de la survivance des morts, l’étrange voyage de Julius Pingouin que M. Boutet nous conta et qui sont à la fois de l’Edgar Poë et du Mark Twain, les contes de Bernard Lazare, La tourmente d’Or, d’Albert Leune, l’Eldorado de Paul Brulat, enfin cet extraordinaire Parfum de Volupté de Gaston Danville. Tous ces romans se réclament à la fois du conte moral, du merveilleux scientifique, du roman d’aventures.

V. — Le roman militaire §

On a voulu beaucoup prouver et le roman militaire est en général le roman antimilitariste. Dès lors on devine ses défauts et ses erreurs. Nous ne parlerons pas des volumes à scandale ou des histoires de filles à soldats dont on ignore déjà la vogue récente. Que nous importent les duels, les mises à la retraite ou les procès qui actionnaient la vente de récits dont nous ne nions pas la sincérité, mais dont nous constatons le style (!).

La Grande Muette a fait beaucoup trop parler d’elle et encore plus écrire à son sujet. L’officier romancier est une nouvelle catégorie qui affirme à nouveau la confusion des genres, des méthodes et des devoirs dont nous souffrons. Dans la Société française sous la troisième république MM. Marius-Ary Leblond {p. 153}ont étudié l’officier à travers le Roman moderne. Nous avons peu d’études impartiales sur l’armée. Cependant la Rouille du Sabre de M. Eugène Morel doit figurer hors-pair, par sa sobriété, son impartialité, son style. L’existence monotone dans une garnison provinciale y revêt une apparence exacte, vivante, navrante. Citons La Caserne de M. Albert Lantoine, d’un style si étrange et si coloré, Un An de Caserne, de Louis Lamarque.

VI. — Le roman symboliste §

Il naquit antérieurement à l’époque qui nous occupe ici, mais ces meilleures œuvres sont récentes :

 

Les Chevaux de Diomède, ce très absurde, très exquis et très profond roman de M. R. de Gourmont, L’Ornement de la Solitude d’A. Fontainas, Les Pierres qui pleurent de Henry Bourgerel, Les Contes de Poupée de A. van Bever, Les Reflets du Miroir de Gaston Danville, La Possession43 et La Vierge aux Tulipes, {p. 154}de Ch.-Henry Hirsch, le premier qui fait revivre Salomé dans le décor breton est plein de contraste saisissant de la légende et du réalisme, le second qui procède ouvertement par symboles : la petite Antge représente la campagne hollandaise, simple, pure, Loyé Gladys, la cité d’Amsterdam, la volupté fausse et perverse ; le héros, partagé entre ces héroïnes revient à la simplicité.

 

Mme Rachilde dont la réputation de perversité repose sur une équivoque n’a écrit que des romans symboliques. Ceux qui crurent s’offrir des voluptés inédites sous couvert de littérature ont été trompés. {p. 155}Exquisément, avec un geste gamin, tendre et peureux, avec l’horreur de divulguer à la foule une pensée hautaine, elle composa d’imagination des histoires d’amour qui symbolisaient des conflits d’idée. L’Eliante Donalger de la Jongleuse n’est qu’une des faces multiples de l’imagination. Comme les deux frères de Hors Nature n’expriment que le conflit de la Vie et du Rêve. Scholl disait « La boue de Paris fait des taches noires sur les pantalons blancs et des taches blanches sur les pantalons noirs… » Ceux qui n’ont fait que lire les titres des romans de Rachilde lui ont créé à tort une réputation de romancier naturaliste44.

VII. — Les humoristes §

{p. 156}M. Gabriel de Lautrec (Mercure de France, mars 1900) a défini ainsi l’humour :

« Le premier humoriste en date fut Socrate, après le Serpent. Car on dira que l’humour peut être parfois son propre jeu, et parfois au contraire l’expression amusante d’une sérieuse pensée. Nul ne discute si Socrate est un merveilleux théoricien. Mais il faut lui savoir gré, connaissant la sagesse humaine, d’avoir compris que l’ironie est maîtresse du monde. Ses dialogues ont l’air d’une gageure contre le lecteur…

« Il représente un état d’âme un peu maladif et tourmenté, comme tous les états d’âme modernes, aux multiples inspirations. Il ne faut pas oublier qu’il a pris naissance sous des cieux brumeux et moroses, où le rire est parfois un effort. Aussi tous les procédés, même les plus énergiques, sont approuvés qui secouent la tristesse et le sommeil. — L’humoriste, s’il est nécessaire, agitera le squelette d’ivoire au festin de Trimalcion. Le macabre est entré, semble-t-il, depuis peu dans la littérature, mais s’y est fait vite un nom honorable. Il n’est pas d’effet plus sûr que de gambader sur un cercueil…

« C’est une tournure d’esprit vers toutes les impressions. C’est une disposition égale et soudaine à la tristesse comme à la joie ; mais la joie est souvent {p. 157}mélancolique et la tristesse s’échappe en des gestes bouffons et rassurants. Des recherches subtiles de pensée fatiguent presque le lecteur. Des naïvetés profondes le désarment. Le même écrivain flétrira rigoureusement les cruautés banales de l’existence, puis se complaira avec indulgence et sans arrière-pensée aux joies faciles de chaque jour. Certes, il n’est pas aisé de noter les qualités essentielles qui font qu’un auteur est un humoriste, car cette fantaisie diverse est chez les uns cruelle, chez les autres triste, bouffonne chez celui-là, correcte et discrète chez celui-ci… »

Les humouristes sont les plus connus peut-être des écrivains contemporains. Quelle vogue n’ont pas obtenue les œuvres de Courteline que Mendès compare à Molière ! Tristan Bernard avec ses comédies et les merveilleuses et émerveillantes histoires de ses Amants et Voleurs, un Mari pacifique, Les Mémoires d’un jeune homme rangé, M. Franc-Nohain, poète de genre comme les petits maîtres hollandais furent peintres de genre ; l’inimitable et cocasse et divin Franc-Nohain, le Thackeray et l’Addison français, le poète de Flûtes, la Chanson des Trains et des Gares, La cuisinière bourgeoise ; le conteur d’Au Pays de l’instar, l’historiographe du fonctionnaire de la IIIe République et du gendarme, M. Franc-Nohain qui n’a pas la place qu’il mérite et qui dans une époque où l’on cherche ceux qui instruisent n’est pas compris. Il n’amuse pas, il enseigne. Écoutez-le. Dans les humoristes nous classerons aussi le romancier {p. 158}de l’Inimitable, de ce douloureux, amer, Holocauste, ce livre où la sottise du temps n’a voulu voir que des portraits alors qu’on eût dû y écouter l’aveu qui sanglote et le cœur qui se martyrise lui-même. M. Ernest La Jeunesse, tour à tour trop prôné et trop dédaigné, dont le talent d’assimilation s’est calomnié par trop d’habileté et qui a écrit Cinq ans chez les sauvages et Demi-Volupté. « Il a lu des livres, beaucoup de livres ; et, miracle ! tous ces livres ne l’ont pas troublé. Il voit, à travers eux, l’âme de leurs auteurs avec une netteté qui effraie un peu, et déroute, par la complication, par la disposition variée de mille détails. Ce sont des visions parfois géantes, avec des raccourcis de perspective, et une farouche précision d’ironie ; certains ont comme un faux air d’apocalypse ; M. La Jeunesse est le saint Jean de l’ironie. La clarté de sa critique n’y gagne pas toujours ; telles visions sont confuses, quoique précises. M. La Jeunesse entasse, avec un tact assez subtil mais avec un art consommé d’architecte, les petits détails sur les jugements spéciaux ; le tout est solide, mais écrase le lecteur par son abondance et sa multiplicité. M. La Jeunesse veut être personnel, il y réussit ; mais il tombe parfois dans une originalité assez disparate45. »

Parmi les humoristes, aussi, M. Frédéric Boutet. Les victimes grimacent et l’Homme sauvage. Parmi les humoristes encore le moraliste Claude Berton {p. 159}(Au coin d’un bois, La conversion d’Angèle) et Μ. P.-J. Toulet (Tendres ménages, Mon amie Nane). Citons encore Curnonsky, le collaborateur de Willy, Armory (En Débauches), il ne faudrait pas non plus oublier Penses-tu réussir et Aimienne de Jean de Tinan, trop tôt disparu, et dont l’ironie sentimentale ne fut pas sans influence sur ses amis. M. Henri Austruy avec l’Eupantophone et l’Ère Petit paon inaugure une ironie mi-scientifique, mi-philosophique fort curieuse et attachante.

VIII. — Le roman lyrique §

C’est de tous les genres le plus mal défini… Jocelyn, les chansons de Bilitis, et le Visage Émerveillé sont des romans lyriques qui ne se ressemblent guère. Néanmoins nous grouperons sous ce nom Le Visage Émerveillé de la Comtesse Mathieu de Noailles dont M. Henry Ghéon écrit : (Ermitage, 1904, octobre). « Rien de plus souple, de plus brisé, de plus subtil et de plus strict que la prose de la petite nonne imaginaire du Visage Émerveillé. On s’aperçoit que la sonorité intéresse infiniment moins Madame de Noailles que la saveur des mots et que le rythme. Pour ce qui est du rythme, voici une révélation ! elle corrobore tout ce que j’ai dit de l’Ombre des jours. Il faut le proclamer, Madame de Noailles écrit ses plus beaux poèmes en prose. Car, n’allons pas reprocher à ces libres fictions {p. 160}qu’elle nomme romans, pour “faire comme tout le monde”, leur étrangeté, leur invraisemblance, leur “à-priorisme” absolu. Je le répète, ses romans sont ses vrais poèmes. Mettons que dans les vers il y ait une trouvaille par strophe ; dans sa prose il y en a une par mot : une trouvaille “poétique”. D’une simple fantaisie comme le Visage Émerveillé, les plus beaux de ses vers s’éclipsent. »

 

La Mère et l’Enfant, La Bonne Madeleine et la Pauvre Marie de Charles-Louis Philippe, d’un lyrisme intime si touchant, si grave, si douloureux ; Chair de M. Eugène Montfort, Sylvie du même. Les trois petits romans fort surfaits de M. Francis Jammes (Clara d’Ellebeuse, Almaïde d’Entremont, Pomme d’Anis) et son Roman du Lièvre appartiennent en partie au roman lyrique. Ils ont un charme de vieillesse mélancolique, la grâce fanée des anciennes étoffes, l’attrait d’une masure perdue et dont les toiles brillent à la rosée, dans un massif lointain de platanes et de cèdres… Leur lyrisme hésitant et vif tout ensemble, leur mélange d’ingénuité et de réalisme, leur manque absolu de mesure et de goût leur ont valu une vogue éphémère. Ils méritaient plus et moins.

 

La Terre Éternelle de Paul-Louis Garnier est par essence le roman lyrique. Un souffle soutenu, une incroyable richesse d’images, un délire verbal qui se continue sans interruption marquent ce poème en prose. Nous citons :

{p. 161}« Au-delà de la rude clarté des landes rouges, au-delà des peuples d’oliviers, vers les confins de la mer bleue, jaillissait dans la splendeur géante et lourde qui couronnait l’entassement de ses âges, Marseille ! Mon cœur chantait dans le bruit lumineux des houles. L’Océan lointain des toits et des murailles de la ville luisait comme un pays héroïque et fabuleux. À voir ainsi grandir dans l’heure ardente le tumulte de ces forces de vie, on eût dit une symphonie éclatante et cuivrée ! Mais j’écoutais déjà venir des clameurs confuses, et quand je pénétrai dans tes murs, je reçus en moi la lumière de ta beauté, ô ville radieuse et violente, intarissable source de naissances et de joies, femelle aux seins de soleil et d’amour, aux entrailles ivres et palpitantes et torturées de remous passionnées, ville au sexe de feu ! »

Et cette ardeur se perpétue durant trois cents pages, témoignage de qualités lyriques peu communes.

IX. — Le roman artistique §

C’est une forme nouvelle intermédiaire entre le poème et le roman. M. Gabriel Faure dans une lettre au Gil Blas en définit la formule et énumère les principales réalisations. Nous citons :

« Notre collaborateur Jules Bois vient de recevoir la lettre suivante de M. Gabriel Faure, que nous publions bien volontiers, car ce jeune et brillant {p. 162}écrivain, auteur de la Dernière journée de Sapho, de l’Amour sous les lauriers roses, donne lui-même des exemples charmants de ce « roman artistique » dont il nous apporte ici une brève esquisse :

Mon cher confrère,

J’ai suivi très soigneusement les feuilletons que vous avez consacrés à la vie littéraire contemporaine, et je viens de lire, avec un intérêt tout particulier vos deux articles sur le roman. J’approuve presque toutes vos idées ; et, si je vous adresse ce mot, ce n’est point pour m’inscrire en faux contre vos conclusions, mais pour vous signaler une omission que, j’en suis sûr, vous aurez à cœur de réparer.

Vous n’avez pas dit un mot du roman que j’appellerais volontiers « artistique », et dont le Lys Rouge me semble le parfait et fort illustre modèle. Certes, j’admire autant que vous les autres formes du roman (psychologique, social, historique, etc.), et je n’en méconnais point le très grand intérêt. Mais, à côté de ces œuvres, qui veulent soutenir une thèse, combattre des idées, en un mot exercer une action, ne croyez-vous pas qu’il y a place pour le roman d’art, lequel ne songe qu’à divertir le lecteur, à lui faire passer une heure agréable, en lui racontant, dans la meilleure langue possible, une histoire, véridique ou non, dont tout l’intérêt est dans le beau décor d’art ou de nature qui l’enveloppent ? Vous allez me reprocher de prêcher pour mon saint ; mais, vraiment, de quoi parlerait-on, si ce n’est de ce que l’on connaît, et que défendrait-on, sinon ce que l’on aime ?

Un genre littéraire ou s’illustrèrent des hommes comme Flaubert, Anatole France, Barrès et d’Annunzio, auquel nous devons des œuvres comme Bruges-la-Morte, le Passé Vivant et Domination — je cite au hasard celles qui ire viennent à la mémoire — me semble avoir droit d’entrée dans votre citée littéraire. Et je m’étonne même que celui qui écrivit les nobles vers de Hippolyte couronné et tant de belles proses, ne lui ait pas réservé une place d’honneur.

{p. 163}Ajoutons à ces noms ceux d’Albert Erlande (Jolie Personne, Le Paradis des Vierges sages), de Mme Valentine de Saint-Point (Un Amour). — Jules Garat (La Sonate de Hændel). — Alexandre Macedonski (Le Calvaire de Feu). Une Femme m’apparut de Mlle Vivien, L’Être Double de Μlle Riversdale, Le Cher Sujet de P. Jaudon, peuvent se classer ici.

X. — Le roman exotique §

Nous connaissons mal notre littérature coloniale, et nous ignorons à quel point elle est abondante. L’Anthologie que préparent Marius-Ary Leblond comblera, espérons-le, cette lacune. Ne serait-il pas excellent de distribuer ce livre dans les écoles ? Nulle œuvre ne saurait mieux exalter notre patriotisme : car c’est une des formes les plus belles du génie français que cet instinct colonisateur qui fut toujours chez nous une qualité non seulement essentielle, mais primordiale. L’étude de la littérature et de l’art des siècles écoulés le prouve d’une manière éclatante. Et ce sera sans doute le sujet de l’ouvrage qu’annoncent les Leblond : la Révélation de l’exotisme, où ils prétendent notamment établir que le romantisme fut beaucoup moins inspiré de l’Allemagne que provoqué par un désir d’expansion orientaliste.

Dans leur Anthologie, Marius-Ary Leblond rendent {p. 164}un pieux hommage à leurs devanciers. Ils vantent particulièrement Fromentin, dont les livres sur l’Afrique sont des chefs d’œuvres, et Pierre Loti qu’ils admirent bien qu’ils aient une vision opposée à la sienne, et moins fatale. Parmi les plus récentes productions, ils mettent au premier rang, le Sang des Races de Louis Bertrand qui est à leur avis, la plus substantielle composition sur les mœurs algériennes.

Pierre Loti, avec le Mariage de Loti, Ramuntcho, Madame Chrysanthème, Azyadé, le Roman d’un spahi, Vers Ispahan, est un des maîtres de l’exotisme.

Il faut aussi classer ici M. Félix Dubois, auteur de Tombouctou la Mystérieuse.

La place que mérite M. Victor Barrucand dans la littérature exotique est considérable non seulement par son roman occidental Avec le Feu, mais parce qu’il dirige l’Akbar où il traite avec une grande force de dialectique les questions de l’assimilation des races en Algérie et de la pénétration française au Maroc. C’est dans l’Akbar que par les soins de Victor Barrucand parurent les notes d’Isabelle Eberhardt, cette femme étrange dont la vie est un roman palpitant, qui vécut en Algérie sous le costume arabe et trouva la mort dans la catastrophe d’Aïn-Sefra. Ces notes forment un volume, Dans l’ombre chaude de l’Islam ou dans une zouïya marocaine, Isabelle Eberhardt est mise en scène. Beaucoup d’artistes exotiques connurent cette « vagabonde au grand cœur ». {p. 165}M. Arnaud, le poète des Feux dans la Brousse, M. Marival, auteur de Chair d’Ambre (1900) et de Le Çof (1902) à propos des incidents de l’affaire Margueritte, et le critique M. Mahaut, et le peintre des déserts, Maxime Noiré.

En dehors de ce groupe, citons M. Jean Rodes, auteur d’Heures d’Égypte (Ollendorff) et d’Adolescents (Mercure de France), le premier Français civil entré à Figuig et qui fut correspondant du Matin pour la guerre russo-japonaise ; M. Chazeray, qui écrivit L’Oued-Mehlhouf et une sorte de composition lyrique intitulée Le Potier d’argile. Sorte d’Erckmann-Chatrian algérien, il composa, soit sous son nom, soit sous celui de Père Robin, une foule de contes et de dialogues pleins de finesse, de bonne humeur, d’ironie et de verve ; et enfin, M. Louis Bertrand, dont on n’oublie pas les solides et forts romans : Le Gardien de la Mort, La Cina, Le Rival de don Juan, Pepete le bien-aimé. « Celui-ci se défend énergiquement de faire de l’exotisme et prétend rechercher à travers la complexité algérienne le type et la mentalité persistantes de la race latine dont il voudrait l’unification morale. Mais ceci n’est qu’une direction intellectuelle qui ne peut altérer en rien le talent du pittoresque romancier. »

Mme Myriam Harry qui est le seul romancier exotique qui rappelle Loti, dans Passage de Bédouins et Petites Épouses a publié récemment un roman d’une rare puissance, la Conquête de Jérusalem.

{p. 166}Et il ne faut pas oublier M. Paul Vigné d’Octon qui essaya — sans doute pour réagir contre l’exotisme de Paul Bonnetain qui n’était guère qu’une amplification du roman naturaliste — de mêler quelque lyrisme à ses nombreux volumes mi-pathologiques, mi-psychologiques : Chair Noire, Au Pays des Fétiches, Fauves Amours, l’Amour et la Mort, Martyrs Lointains, Terre de Mort, le Journal d’un Marin, etc., ni Francis Jammes, dont l’exotisme est spécial et touchant, ni André Gide qui a décrit Biskra et le désert, ni Claude Farrère dont les troublantes Fumées d’opium vont révéler le nom, et dont les Civilisés sont une œuvre des plus fortes et des plus personnelles, ni Paul Claudel enfin, qui rapporta de Chine des notes qui formeront une œuvre remarquable telle que nous devons l’attendre de l’auteur de la Connaissance de l’Est46.

Quand nous aurons cité sans ordre, Jacques et Marie Nervat auteurs de Célina Landrot (mœurs calédoniennes), Georges Ducrocq auteur de Pauvre et Douce Corée, Paul Reboux, l’évocateur de la Maison de Danses, nous reviendrons à Marius-Ary Leblond qui semblent s’être consacrés au roman colonial.

En effet les auteurs de l’Anthologie, nés aux colonies méritent une large place.

{p. 167}Leur dernier livre, les Sortilèges, est, certes, leur œuvre la plus complète. Il ne faut pas l’envisager comme un ensemble de nouvelles, mais comme une étude divisée des quatre grandes races coloniales, présentée chacune dans un petit roman dont l’intrigue est caractéristique des mœurs quotidiennes. Chacune de ces parties présente un caractère qui est la synthèse d’une race : Moutousami, Talata, Compère et Cafrine. Le portrait de Compère n’est pas loin d’être un chef-d’œuvre. Le Chinois, pris seul, est ici dessiné avec une habileté saisissante. Après la mélancolique destinée de l’Indien, les dramatiques irrésolutions de la Malgache, passionnée de jalousie, l’histoire de Compère est tragique, celle de Cafrine est joyeuse ; elles symbolisent l’esprit chinois et l’esprit cafre. L’optimisme, la joie saine et franche, c’est ce que Marius-Ary Leblond veulent réaliser dans le roman contemporain qu’ils ont raison de trouver trop triste. Les livres modernes poussent au découragement, à la lassitude, ils décrivent avec complaisance l’universelle neurasthénie. Le Zézère, la Sarabande ou les Sortilèges, font évoluer dans un décor de lumière des êtres heureux de vivre, même au fort des plus réelles souffrances sociales ou amoureuses.

Le fatalisme, qui plane sur les Sortilèges, ne traduit que l’instinct même du Chinois, du Malgache, du Cafre ou de l’Indien, qui se replient sur eux-mêmes en présence des races étrangères. Il est le {p. 168}malaise, la faiblesse ethnique contre quoi notre influence peut réagir. Il n’a rien de commun avec le fatalisme de Pierre Loti, qui n’exprime que sa propre résignation, individuelle, devant la mort ? Pourquoi s’est-on désintéressé de l’exotisme ? Les Leblond pensent qu’il faut en chercher la source dans l’attitude des Naturalistes absorbés à réagir contre le clinquant oriental des fictions romantiques. Cantonnés dans les études de mœurs parisiennes ou provinciales, « ils ne veulent pas percevoir tout ce que l’exotisme a de social et d’altruiste en ce qu’il est une solidarité par la sensibilité avec les autres races, dites inférieures de l’univers ».

L’œuvre colonisatrice ne devient-elle pas admirable lorsqu’elle s’efforce à faire pénétrer le génie français dans les pays indigènes ? Ce génie, le plus large et le plus complexe, n’est-il pas le plus adaptable ? Wells et Novicow se plaisent à le constater. Wells prévoit même — M. Gabriel Tarde l’avait prévu avant lui, — au cours de ses Anticipations, le moment où la France aura conquis sur les pays européens la plus complète suprématie intellectuelle. Or, c’est de ces sortes de victoires que découlent la grandeur morale et l’importance géographique d’une nation. Comment cette influence ne s’étendrait-elle pas aux races coloniales qui sont, les unes, très profondément françaises, les autres prêtes à le devenir ? Les Leblond affirment que l’assimilation de ces races {p. 169}aux mœurs européennes est parfaitement réalisable et logique : le tout est d’employer à la faire pratiquement l’énergie dont on use pour attaquer les tentatives maladroites.

Le Français voyage peu. Il se désintéresse d’un extérieur inconnu. En dehors d’un cercle de villes où il a coutume de retrouver ses habitudes, il lui déplaît de s’aventurer. Nous nous félicitons de rencontrer des voyageurs comme MM. Georges de La Salle, Pierre Mille, Raymond Recouly, Giffard, Villetard de Laguérie, Ludovic Naudeau, Jean Rodes, qui rapportent les documents les plus précieux pour notre curiosité. Une des grandes nécessités de la colonisation est de forcer la France à prendre conscience de la complexité de l’univers. M. Maurice Barrès distingue une dissemblance entre deux races européennes (Au service de l’Allemagne), et conseille aux Français de rester en Alsace pour imposer notre esprit et nos mœurs. Ne pensez-vous pas que cet esprit s’imposera à plus forte raison sur des races hésitantes, puisqu’il apportera les germes d’une civilisation ? À rester chez soi, à jouir de la fortune d’un pays, on laisse son cerveau s’ankyloser. L’exercice est nécessaire à l’intelligence comme aux muscles. La France est comme un cœur trop lourd, gonflé d’un sang riche qu’il faut laisser circuler librement par des artères nouvelles.

XI. — Romans de femmes §

{p. 170}Le vieux pêcheur des Noces Corinthiennes n’a pas tout à fait tort de s’écrier :

« La femme est avide et fertile en paroles ! »

Ne faut-il pas rechercher l’origine de l’envahissement des lettres par les femmes dans une décadence passagère de roman, venue

1º De l’industrialisme ;

2º De l’abus des descriptions mondaines, légères, élégantes, ironiques, etc.

La force étant absente des romans actuels, les femmes devaient être tentées d’en écrire. Elles y réussirent tout aussi bien que la plupart des écrivains à la mode, et elles hâteront peut-être la rénovation du roman en ceci qu’elles en écriront elles-mêmes d’excellents, et qu’elles obligeront les romanciers à chercher une autre forme plus énergique et plus puissante. D’ailleurs, les femmes ont de tout temps envahi la littérature. Voici, à titre de document, les noms des principales femmes de lettres de 1800 à 1900 :

« Mme de Genlis. — Mme de Stael. — Mme Cottin. — Mme de Montolieu. — Mme Sophie Gay. — Mme de Duras. — Mme d’Hautpoul. — Mme de Krudener. —  {p. 171}Mme Georgette Ducrest. — Mme de Souza. — La Contemporaine. — Mme la duchesse d’Abrantès. — George Sand. — Mlle Hortense Allart. — Mme Mélanie Valdor. — Mme Jenny Bastide. — Mme Dupin — Mlle Émile de Girardin. — Mme H. Armand. — Mme Charles Reybaud. — Mme Ancelot. — Mme Desbordes-Valmore. — Mme Ulliac-Tremadeure. — Mme Élisa Volart. — Mme Amable Tastu. — Mme la comtesse Merlin. — Mme d’Aboville. — Mme la comtesse Dash. — Mme Jane Dubuisson. — Mme Eugénie Éva. — Mme Sophie Panier. — Mme Hermance Lesguillon. — Mme Sophie Crombach. — Mme Alida de Savignac. — Mme Aurélie de Soubiran. — Mme Edmond Adam. — (Juliette Lambert). — Mme Urbain Rattazi, (princesse Marie de Solms). — Mme Clémence Badère. — Mme Roger de Beauvoir. — Mme Gustave Haller. — Mme Gyp (comtesse de Martel). — Mme Rachilde. — Mme Henry Gréville. — Mme Daniel Lesueur (Jeanne Loiseau). — Mme Marie Lafon. — Mme la comtesse Rostopchine. — Mme J. de la Vaudère. — Mme Marni. — Mme Judith Gautier. — Mme de Peyrebrune. — Mme V. Laya. — Mme Gabrielle Réval. — Mme Bentzon. — Mme Marc de Montifaud. — Mme Caro. — Mme Camille Perl, etc.47 »

Que de noms oubliés déjà figurent dans cette énumération si incomplète. Nous ne pourrons étudier {p. 172}chacune des romancières nouvelles. Elles forment une majorité dans les lettres nous ne nommerons encore que les principales.

« Ce qui fait, — dit Stendhal — que les femmes, quand elles se font auteurs, atteignent rarement au sublime, c’est que jamais elles n’osent être franches qu’à demi : être franches serait, pour elles, comme sortir sans fichu. » Ceci n’est plus vrai de nos jours. Mme Rachilde, la première, osa être sincère. On l’a suivie. Le succès actuel de la littérature féminine n’est dû qu’à la franchise — on aurait dit jadis l’impudeur — avec laquelle les femmes se représentent. Lorsque les psychologues s’attardaient à dépeindre une héroïne légère ou perverse, on se révoltait contre ce parti pris, ce manque d’indulgence… Certes Stendhal exagérait volontiers son dédain pour les femmes artistes, et les pensées réunies par les soins de M. Jules Bertaut sont à ce sujet un document curieux. Mais quand il déclare : « La fidélité des femmes dans le mariage lorsqu’il n’y a pas d’amour, est probablement une chose contre nature » ou « la seule chose que je voie à blâmer dans la pudeur, c’est de conduire à l’habitude de mentir… » il exprime la thèse que développent le plus complaisamment nos femmes de lettres.

Nous avons déjà cité Mme Rachilde, la comtesse de Noailles Mme Nervat. Les femmes qui écrivent ont une tendance à se raconter ou à faire croire qu’elle se racontent que la littérature objective n’est pas faite {p. 173}par les femmes. Leur incurable romantisme, que M. Maurras leur reproche tant, les en éloigne. La Nouvelle Espérance et la Domination de Mme de Noailles affectent l’allure de confessions.

 

Mme Claude Ferval (baronne de Pierrebourg) a tenté le roman philosophique dans Le plus Fort. Elle l’a tenté avec succès. Ce livre, bien qu’écrit un peu lourdement, mérite de retenir l’attention. Il ne manque pas de puissance, et la lutte psychologique qu’il étudie est d’un éternel intérêt. Le dernier roman de Μme Claude Ferval : Vie de château, « est des plus hardis » avec son héros dont l’honneur « conjugal » ne devient chatouilleux qu’après fortune faite48.

 

Mme Marcelle Tinayre, qui écrivit Hellé et l’Aventure de François Barbazange, tient surtout sa réputation du succès de la Maison du Péché.

 

Mme de Régnier (Gérard d’Houville) est l’auteur de deux romans, l’Inconstante et Esclave.

L’inconstante, — Gillette — est un caractère parce qu’elle n’en a pas. Elle est, au fond, très séduisante, très femme, et elle constitue un type gracieux, bien observé, qui n’est pas loin d’être parfait. On sent exister Gillette dans l’Inconstante, on voit moins les autres personnages. {p. 174}Défaut féminin. Les femmes ne peuvent guère mettre en relief plus d’un personnage. Elles composent leurs romans avec maladresse. Celui-ci n’est pas tout à fait sans harmonie, mais il y a des longueurs. Le chapitre où les deux femmes, à la campagne, se confient leurs amours est trop étendu et trop en dehors du sujet. L’histoire rétrospective de Gillette ne paraît pas non plus à sa place. Mais l’écriture est souple, large, cadencée, prenante. Elle fait prévoir ce second livre, où l’on voit la femme sous un autre aspect, ce livre plus profond et plus humain, plus douloureux aussi, Esclave.

Esclave est un des meilleurs livres publiés récemment. Il a le mérite d’une grande audace et d’une véritable originalité. Il est écrit dans un style limpide, imagé qui apparente Mme de Régnier aux plus purs écrivains classiques. À force de s’exclamer que l’opinion est favorablement disposée envers les femmes du monde, on se croit obligé de diminuer leurs œuvres en les plaisantant. Certes, on aurait tort de considérer Esclave comme un roman, mais c’est une nouvelle qui, un peu moins développée, eût été parfaite. Les livres parfaits se comptent ou plutôt ils ne se comptent guère… Écoutons les femmes disserter sur l’amour et chérissons ces silhouettes gracieuses que dessine Mme de Régnier : elles portent au visage le reflet d’une âme véritable.

 

Mlle Judith Cladel a débuté par les Confessions d’une Amante {p. 175}qui sont à rapprocher des meilleures pages de Mme Marni.

 

Mme Colette Willy dont on sait la collaboration aux œuvres de son mari a réuni en volume les plus exquis dialogues de Bêtes. Ce livre pourrait bien être un chef-d’œuvre.

Les bêtes, dans ces dialogues, s’expriment en un langage délicieux et coloré. Qu’elles paressent quand le dîner est en retard, ou qu’elles songent devant le premier feu, qu’elles s’effarent pendant le voyage ou qu’elles échangent de puériles sentimentalités, elles disent les choses les plus exquises et les plus émouvantes. Je ne sais pourquoi nous eûmes envie d’étudier ce livre avec le plus grand sérieux. Mon Dieu ! peut-être parce qu’il s’en dégage une philosophie douce, une mélancolie pénétrante et parce que certaines pages sont admirables. Voici comment Toby-Chien voit sa maîtresse : « Elle s’assied dans le mouillé, regarde en avant d’elle comme si elle dormait ; ou bien se couche à plat ventre, siffle, et suit une fourmi dans l’herbe ; ou arrache une poignée de serpolet et la respire ; ou appelle les mésanges et les geais, qui ne viennent jamais d’ailleurs. Elle porte un arrosoir lourd qu’elle verse en mille fils d’argent glacé, qui me donnent le frisson, sur les roses ou dans le creux de ces petites auges de pierre, au fond du bois. Tout de suite je m’y penche pour voir la tête du bullbringé venir à ma rencontre, et pour y boire l’image {p. 176}des feuilles… Quelquefois, accroupie, acharnée, elle gratte la terre, peine, sue, et je m’anime tout autour, dans la joie d’une besogne utile qui m’est si familière… Qui m’expliquera le peu de fermeté de ses desseins ? Voilà qu’elle tombe sur son derrière, brandissant une herbe à racine chevelue, et s’écrie : “Je la tiens, la rosse !” »

 

Mme Claude Lemaître (Le Cant, L’Aubaine, Cadet Oui-Oui) garde, en ce temps de confessions réalistes, une sentimentalité nuancée, délicate, un art très sincère d’analyse et de composition.

 

Mme Georgette Leblanc, a pris une excellente place dans la littérature féminine, dès son premier livre. Le Choix de la Vie c’est la simple histoire de la rencontre de deux femmes : l’une élégante et lettrée, l’autre un peu primitive, jolie, naïve et malheureuse. Transformée, « civilisée », cette jeune paysanne reprend conscience d’elle-même et devenue « indulgente » pour la beauté des autres, admiratrice même de cette beauté et par conséquent délivrée du souci d’être mal jugée, indépendante enfin, armée d’une conception de l’honneur plus personnelle et plus fière que celle qui lui était imposée, elle connaît des bonheurs insoupçonnés, une quiétude profonde et douce.

On peut reprocher à Mme Georgette Leblanc d’avoir choisi une héroïne trop banale et chez qui il ne pouvait être intéressant d’éveiller une personnalité. Mais Mme Georgette Leblanc répondra sans doute {p. 177}que, comme Jean-Jacques Rousseau le pensait pour les hommes, « toutes les femmes sont nées naturellement bonnes », que les conventions seules les ont habituées à de la méfiance ou à de l’envie, et qu’une tendresse continue doit faire renaître tous les bons instincts qui sommeillent en elles. Elle répondra aussi que le fait d’être sans caractère constitue un « caractère » spécial, et que tous les personnages sont intéressants lorsqu’ils dégagent de la beauté.

 

Mlle Yvonne Vernon, auteur d’un émouvant, enthousiaste, lumineux et harmonieux recueil d’impressions (Terres de Lumière), a repris le roman provincial dans Claire Maret. Minutieusement, avec un don d’analyse très pénétrant qui la fait originale parmi les femmes qui écrivent, elle sait se garder du lyrisme inopportun et noter les seuls détails caractéristiques.

 

Les rares souplesses lyriques, le don d’images nettes, qui sont représentatives de Mlle Renée Vivien poète, revivent dans La Dame à la Louve et Une Femme m’apparut avec son mépris pour la force virile et sa même piété pour la Vénus de Mytilène. L’Impossible sincérité de Mme Hélène de Zuylen de Nyevelt marque un poète douloureux et humble devant l’éternel mystère des âmes étrangères l’une à l’autre. Il faut mettre hors de pair, Hiésous de Pierre Nahor (Émilie Lerou). Mlle Paule Riversdale a donné l’Être Double. On n’a pas assez remarqué l’Inaccessible, un inquiétant aveu sur le mystère de la {p. 178}volupté et l’énigme des sens ? C’est peut-être le plus féminin des romans modernes, le plus amèrement sincère, l’appel le plus désespéré qu’a jeté Mme Bertrand de Jarzé.

Nous n’avons pas prétendu citer ici toutes les femmes romancières, si nous nous souvenons de Mme J. H. Caruchet, dont l’Ensemencée prouvait une observation aiguë et nerveuse, de Mme Danielle d’Athez qui écrivit d’aimables romans, que de femmes oubliées au cours de cette étude qui ont peut-être du talent et certainement du génie.

XII. — Le roman de la vie contemporaine et le roman psychologique. Les romanciers §

Dans cette brève revue des genres où nous avons omis le roman psychologique et le roman de la vie moderne, « le roman » sans sous-titre, nous avons oublié de nombreux auteurs. D’autres n’ont pas été suffisamment caractérisés qui cultivèrent plusieurs genres. Nous allons essayer de définir les principaux de ces écrivains. Il est évident que nous ne mentionnons point ceux dont la réputation est antérieure aux limites de notre travail.

 

René Boylesve. Romancier et conteur léger, il débuta par des pastiches, des « Novelle ». Il a été un des premiers à ne plus écrire des pages psychologiques, {p. 179}mais il a animé ses personnages d’une mimique — un peu compliquée — et telle qu’il est facile pour le lecteur de déduire, à cause d’elle, le caractère de ces personnages. Les livres de M. René Boylesve, comme la Becquée, le Parfum des Îles Borromées, Mademoiselle Cloque, Le Bel Avenir ou l’Enfant à la Balustrade, survivront sans doute. On a souvent dit que M. Boylesve présentait ses héros à la façon de Balzac et qu’on les voyait trop bien pour les oublier. Dans son dernier livre, l’Enfant à la Balustrade qui n’est qu’un recueil de sensations enfantines, on peut s’étonner de l’ironie savante dont fait preuve un jeune observateur aux jugements si rapides et si exacts. Le héros n’écrit-il pas : « Cette pudeur soudaine à prononcer un nom est une nuance sentimentale que les enfants saisissent très bien, etc… » (p. 189). M. Boylesve a pressenti la critique qui devait lui être faite.

Très érudit, très curieux, tout en esquissant des portraits typiques, en racontant une intrigue quelconque — volontairement banale et qui bouleverse des existences — M. Boylesve a symbolisé les angoisses d’un enfant devant la vie, son désir d’un idéal, et son cri douloureux et puéril vers la statue qui domine les foules, est la conclusion nécessaire, profonde et ne prouvant rien.

 

Camille Mauclair. Après avoir tenté les formes les plus audacieuses et jusqu’au lyrisme dans l’Orient Vierge {p. 180}et aux contes philosophiques et légendaires (Les Clefs d’Or), M. Camille Mauclair a écrit les Mères Sociales qui est un excellent livre — et que l’Académie Goncourt n’a pas couronné. — L’intelligence de M. Camille Mauclair le pousse à soutenir des thèses, à développer un sujet par arguments plutôt qu’à le raconter49. Il est trop rapidement séduit par les Idées, voilà ce qui explique le chemin accompli depuis Éleusis. De la cité intérieure il est allé à la cité future. Dès le Soleil des Morts, on pouvait prévoir l’évolution finale de cette intelligence souple, riche, subtile. D’où ses contradictions plus apparentes que réelles. Il aboutit au socialisme. Lui-même ne peut affirmer qu’il s’y maintiendra. N’importe, M. Camille Mauclair peut se vanter d’être un des plus dévoués « serviteurs de la Beauté » et pour parler avec Nietzsche, il demeure plus « inactuel » qu’il ne pense.

 

Robert Scheffer est de la génération symboliste. Si nous l’avons rangé parmi les jeunes, c’est que comme Camille Mauclair et René Boylesve, il est resté l’homme des jeunes revues et l’ami de la jeunesse. C’est là une qualité, et nous ne leur en faisons pas reproche. Leurs noms sont assez estimés aujourd’hui pour qu’ils n’aient plus besoin de solliciter {p. 181}la jeunesse. C’est donc une belle sympathie qui les attire vers les générations nouvelles.

Robert Scheffer est un écrivain compliqué. Il n’a jamais été simple. Il a beaucoup de talent et il en aurait plus encore s’il n’obéissait pas à son style. Ses livres n’émeuvent pas. Ils dépeignent, avec élégance, des choses factices. Le Péché Mutuel et Mme Larme sont des tours de force. Robert Scheffer est un déformateur prestigieux. Cependant sa dernière œuvre, les Frissonnantes, est un recueil de nouvelles fortes, harmonieuses, vivantes et colorées. Néanmoins Grève d’Amour et Le Prince Narcisse nous paraissent caractériser mieux ses goûts et sa manière discrète, souriante, voluptueuse, affable et compliquée. C’est du dix-huitième siècle avec une pointe de « chinoiserie ».

 

André Couvreur. Lorsque Bourget fait parler ses héros, il nous explique selon la méthode psychologique, par des déductions les paroles prononcées. Mais toutes les déductions sont réfutables. Les personnages de Couvreur nous sont présentés différemment. Nous les connaissons soudain par une description rapide qui saisit les traits principaux du visage, l’aspect sain ou maladif des individus, et qui est la commentaire d’un diagnostic. Dès lors, nous devinerons leurs instincts, et leurs gestes nous avertiront de leurs pensées. Ils sont esclaves d’un tempérament. Cette littérature est trop directement influencée {p. 182}de Moreau de Tours, et plus près de nous, de Raymond, Dejerine ou Grasset. M. André Couvreur, dans les Dangers Sociaux, a fait souvent œuvre de conférencier. Il le fait d’ailleurs avec autorité, et son style, qui semble s’être allégé ces temps derniers, n’a jamais manqué de force. Son dernier livre, Caresco surhomme, est une débauche d’imagination. Cela reste un peu vague comme portée.

 

Henry Bordeaux : Il est déjà officiel et célèbre. On lui a reproché sa monotonie qui n’était qu’un excès d’harmonie. Après le Pays Natal, il a montré par le Lac Noir qu’il pouvait, tout comme un autre, prétendre à la couleur. C’est un écrivain honnête dans tous, les secs. Il a le respect de la tradition morale et littéraire. On peut d’abord ne pas apprécier toute la force contenue de son talent. Il vous oblige à le relire. Il a quelques-uns des dons de Fromentin, avec moins de chaleur. Le critique est notoire. M. Henry Bordeaux est un des maîtres de ce soir.

 

Paul Brulat : M. d’Alméras nous a raconté les débuts de M. Paul Brulat, Cette existence, assez tumultueuse, est bien celle que devait vivre l’auteur de l’Eldorado.

Malheureusement engagé dans la débâcle romantique et dans l’erreur naturaliste, M. Brulat est capable d’une œuvre supérieure à la Gangue, cette réalisation de la préface de Lucrèce Borgia. {p. 183}Saurait-on reprocher à M. Paul Brulat d’avoir été souvent d’une sincérité trop crue dans ses peintures ?… M. Paul Brulat est un artiste violent. Il ne sait se contenir, et il nous a révélé dans l’Eldorado l’évolution de ses croyances sociales. M. Paul Brulat fut un peu anarchiste. Il se rit aujourd’hui des rêves utopiques qui proclament l’égalité de tous les hommes, et, certes, c’est une idée bizarre et poignante que celle de ce vaisseau abandonné en mer, livré aux vagues furieuses d‘un orage, et dont les passagers deviennent égaux devant la mort. Toutes les morales disparaissent. Les mauvais instincts seuls font agir les hommes. La force brutale terrifie et domine en despote. Le bateau devient une île où se meut un monde primitif. Et c’est un symbole énorme, exagéré, d’un stupéfiant relief.

 

Ceux-ci sont déjà en dehors de la « jeunesse littéraire ». Ce sont des cadets, sinon des aînés. Celui qui devait indiquer une voie nouvelle et qui disparut trop vite est :

 

Jean de Tinan. « Ce fut un vrai jeune homme que ce Jean de Tinan qu’une mort prématurée enleva aux lettres sans qu’il ait eu le temps de leur donner l’œuvre que promettait son talent précoce en espérances qui, déjà se réalisaient… … Il ne partageait des contemporains d’Hernani ni leur exaltation, ni leur intolérance, ni leur truculence, {p. 184}ni leur mélancolie. Il n’était ni satanique, ni byronien, ni moyenâgeux, ni clair de lune… Jean de Tinan, au contraire, aimait la vie quoi qu’on ait pu dire d’elle, et bien résolu à ne point la prendre sur sa mauvaise réputation et à l’éprouver par lui-même, en jeune homme, quitte ensuite à la juger en homme50 », cet amour de la vie le poussa à réagir contre le romantisme. Il fut le créateur d’une sorte d’ironie sentimentale et d’un style trop rapide, mais si exact à évoquer les éphémères de l’âme et de Paris. Penses-tu, Réussir et l’inachevée Aimienne ont eu des imitateurs ! Il aurait fait école…

 

Pierre de Querlon : « mort si prématurément le 7 juin 1904 à l’âge de vingt-quatre ans, laissa la matière de trois volumes… Vivre peu, vivre bien, intensément, se condenser en un art très pur de fond et de forme, très humain, mais aussi élégant que possible (car il n’avait pas le temps de commettre des fautes de goût), telle était la religion de cet écrivain charmant. Et près de lui, la main sur son épaule on devine la petite Livia, une silhouette légère, aussi vivante, aussi souple, aussi naturellement danseuse qu’il était naturellement poète. On la voit comme la fille de son cerveau ; elle sort de sa petite maison où demeure un escabeau mystérieux, siège toujours vacant offert aux haltes funèbres de la {p. 185}trahison… ou de la mort. La grande traîtresse est en effet venue s’asseoir au foyer de la petite Muse, la folle du logis qui dansait s’est couchée sous des linges blancs, fleur gisant dans la neige, et le poète n’est plus. Ils sont partis pour le pays de l’éternel hiver… ou de la gloire, cet éternel printemps51. »

M. Pierre de Querlon s’est complu à observer l’humanité par le gros bout d’une lorgnette. Et il a ri des gestes diminués, des pensées diminuées, des décors diminués. Doucement ironique, il copia le paysage japonais qu’il aperçut. Il le fit avec talent, avec beaucoup de talent, se joua des phrases jolies qui donnent aux sentiments profonds des allures d’écoliers en maraude, et nous conta une petite histoire qui n’avait l’air de rien, et qui était toute la vie.

M. Pierre de Querlon était d’une originalité précoce.

 

J. A. Coulangheon. M. Jules Claretie a dit de lui dans le Temps : « J’avais vu couronner ce jeune homme au Concours Général. J’avais lu ses premiers vers (Mme Bartet les possède). Il avait écrit une excellente étude des mœurs des petites villes, Les Jeux de la Préfecture. Il rêvait de faire, comme on dit, du théâtre, et ses premiers essais annonçaient un observateur, des succès futurs. Beaucoup de mélancolie, une sensibilité douloureuse, des traits à {p. 186}la Flaubert, un pessimisme attendri caractérisaient ce jeune homme. Anatole France lui dédiait une des nouvelles de son dernier volume, Riquet, celle qui vient après Crainquebille. La jeune littérature perd une force. » J. A. Coulangheon — qui a subi l’influence d’Anatole France, — laissa trois volumes, l’Inversion sentimentale, Les Jeux de la Préfecture et Le Béguin de Gô. Ce dernier parut neuf jours avant sa mort. C’était un esprit fin, ironique, assez âpre parfois et saturé de littérature. Ses ouvrages sont pleins de talent, et il n’est pas douteux que bientôt sa personnalité se fût affranchie et qu’il eut donné des œuvres très remarquables.

 

Jean-Louis Talon est mort le 14 mai 1904 au Sanatorium de Dienne (Calvados). Un livre lui valut une réputation, La Marquesita. C’est un roman d’une puissance étrange d’évocation. Toute l’Espagne moderne avec son aspect bigarré, ses joies bruyantes et populaires, ses haines tragiques, revit ici. M. Ernest La Jeunesse, en termes émus a salué la disparition d’un bon romancier poète.

 

G. Binet-Valmer : Il fut le fondateur d’une excellente revue : La Renaissance Latine, qui essaya de reprendre, hélas ! en vain le grand programme de Castelar, au point de vue éthique, littéraire et politique. Il a donné deux romans que l’élite a fort vantés, Le Sphinx de Plâtre, et le Gamin Tendre. Ce {p. 187}dernier obtint à la fois la faveur publique et l’attention des philosophes, comme M. Tarde, des universitaires, comme M. Faguet. Depuis deux ans M. Binet-Valmer n’a rien publié. Il n’imite pas la hâte dangereuse des jeunes gens. Souhaitons que son prochain livre, les Métèques, soit une belle œuvre. Il récompensera son attitude sans concession, sa dignité d’écrivain, à une époque veule, lâche et désordonnée.

 

Marcel Boulenger : Il suffit de se reporter au chapitre La Critique pour connaître les théories d’art de M. Marcel Boulenger. M. Marcel Boulenger est un heureux. La chance lui a vite souri. Le succès est venu à lui, — et c’est justice.

M. Marcel Boulenger est un « jeune », et bien que ce qualificatif ait été jusqu’alors employé pour désigner les inconnus quelque vieux qu’ils fussent, M. Marcel Boulenger a trente ans. Il a publié quatre romans délicieux où ne se trouve nulle métaphysique compacte — ce qui dénote de la modestie — et qui ont le rare mérite d’être écrits en français. M. Marcel Boulenger, qui connaît notre belle langue et l’étudie tous les jours, ne s’est jamais montré critique tendre à l’égard des solécismes d’autrui. Peut-être eut-il tort : il est des romanciers qui doivent ne pas trop songer à la forme, mais achever leur œuvre, si énorme qu’elle puisse être. Cependant il faut féliciter M. Marcel Boulenger de se soucier du style assez pour nous donner des livres parfaits à ce point de {p. 188}vue et qui permet d’en présager d’autres semblables. La différence entre Le Page et Couplées est frappante. Les fâcheuses assonances qui émaillaient ce livre-là ont disparu dans ce livre ci, et la tournure des phrases est maintenant plus aisée et plus alerte.

 

Saint-Georges de Bouhélier : on sait que M. Saint-Georges de Bouhélier est le dernier chef d’école et qu’il compte de fervents disciples. L’école naturiste a produit d’excellents artistes, parmi lesquels MM. Maurice Le Blond et Eugène Montfort. M. Saint-Georges de Bouhélier débuta fort jeune et causa une révolution dans les lettres. Son audace, sa franchise et peut-être aussi son orgueil, lui valurent de nombreux ennemis, mais il faut reconnaître que le chef des naturistes répondit chaque fois aux attaques par de nouvelles œuvres, et il faut louer cet écrivain tenace et laborieux. Ses romans, un peu confus, ont de l’intérêt, de l’émotion, de la sincérité. Lucie, fille perdue et criminelle, est le meilleur.

 

Charles-Louis-Philippe : avec une large pitié fraternelle, un cœur infiniment troublé, une sensibilité riche d’images neuves et de perpétuelles associations d’idées et de mots originales, se faisait l’historien des âmes craintives, des existences perdues et désemparées : Bubu de Montparnasse, le Père Perdrix, Marie Donadieu : Il faut le citer.

{p. 189}« — Ah ! petite Margot, tu es charmante et douce. Tu as l’une des âmes les plus belles, parmi les femmes que j’ai rencontrées. Tu ris avec ta petite bouche et tes jolies dents. Tu embrasses les hommes comme du bon pain. Tu fais tout ce que l’on veut. On peut te dire des paroles touchantes, car tu as l’air de les sentir. Tu as des petits seins fermes et ronds qui me font penser aux seins de mes petites amies d’autrefois qui avaient seize ans. Tu es si petite que l’on ne te prend pas au sérieux. Petite Margot ! petite Margot ! Petit jouet, petite femme, voici quelle sera ta destinée.

« Et j’ai pensé à toi avec de la pitié. Tu es semblable à la brebis qu’un boucher mène à l’abattoir et qui, ne sachant pas où elle va, est heureuse de marcher. Petite Margot, ton boucher est un gros boucher rébarbatif qui s’appelle : la Société. Il attache des petites femmes à sa grosse corde et les conduit à la mort. Il leur tond leur pauvre laine chaude, il les soulève, il les couche et il les tue. Et quelque jour, sur une table de dissection, des carabins, en ricanant, ouvrent leur ancien corps vivant de petites Margot de quarante sous… »

Marius-Ary Leblond : Dira-t-on les frères Leblond comme on dit les frères Rosny ou les frères Margueritte, comme on a dit les frères Goncourt ? Ce sont surtout des romanciers coloniaux et ils sont en passe de compter parmi les meilleurs romanciers coloniaux {p. 190}français. Nous les étudions plus spécialement dans le chapitre réservé à l’exotisme. L’Académie Goncourt ne leur a pas donné son prix, malgré l’opinion de l’élite qu’une enquête nous a fait connaître, enquête qui leur valut l’unanimité des suffrages et qui permit à M. J.-F. Raffaelli d’écrire cette belle page :

« Je me suis enivré à la lecture du Zézère, des frères Marius-Ary Leblond, et de leur Sarabande. Le premier de ces livres me semble un petit chef-d’œuvre !

« J’ai beaucoup réfléchi sur le Beau et j’ai cru pouvoir conclure que toute beauté se codifie sous la forme d’un rythme : nous avons du génie si nous avons, à quelque moment, créé un rythme, en art, en littérature, en morale, en tout. — Et si ce rythme est en harmonie avec le rythme des mondes qui s’évitent, c’est-à-dire avec l’ordre éternel.

« Les Marius-Ary Leblond, créoles, nous ont apporté un rythme inconnu chez nous. Ce sont des créateurs. Leur forme, la couleur de leurs sentences, le mouvement de leurs phrases nous laissent dans l’esprit un rythme nouveau qui est un progrès acquis par nous et que nous leur devons.

« Mon vieil ami Edmond de Goncourt, à la mémoire duquel je garde tant d’affectueux respect, aurait aimé se retrouver physiquement dans le plus grand des frères Leblond et retrouver son frère dans le plus jeune. »

{p. 191}Charles-Henry Hirsch : Nous avons vu M. Hirsch, romancier symboliste. Nul ne pouvait croire qu’il atteindrait au succès près du grand public. Or, il a publié Eva Tumarche, La Demoiselle de Comédie, Le Tigre et Coquelicot, Pantins et Ficelles, des romans réalistes et ironiques qui apportaient du nouveau. Il a vu les milieux dits excentriques avec le regard d’un Nietzschéen, et il nous les a présentés simplement avec un humour ingénu, bien français et bien personnel. Ça ne paraissait pas littéraire tout d’abord, et puis on s’aperçut que c’était de la littérature très habile et très complexe. Dans un quotidien du matin qui fut jadis littéraire, M. Charles-Henry Hirsch reste un des derniers littérateurs.

 

André Lebey. Le précoce enfant des lettres, des Premières Luttes est surtout un historien, du moins il semble, après son Essai sur Laurent de Médicis et son Connétable de Bourbon, qu’il doive se consacrer surtout à l’histoire. Ce n’est pas que ses romans n’aient de fort remarquables qualités, l’Âge où l’on s’ennuie et les Pigeons d’Argile sont des livres qui ne pouvaient passer inaperçus. La critique a été unanime à reconnaître leur originalité, et l’harmonie de leur style. Mais précisément parce que M. André Lebey apporte dans l’histoire ses qualités de romancier et qu’il sait « présenter » ses personnages et les faire se mouvoir dans des décors habilement reconstitués, c’est parce que c’est {p. 192}un merveilleux évocateur que nous souhaitons qu’il se consacre exclusivement à l’histoire.

 

Eugène Demolder après cette éblouissante, ardente et puissante évocation de la Hollande de Rembrandt, la Route d’Émeraude nous a donné un roman excellent, le Jardinier de la Pompadour.

M. Eugène Demolder a décrit des coins de province d’un réalisme archaïque et délicieux. Tiennette Lampalaire, la tante Monneau, et le pittoresque Agathon Piedfin sont d’extraordinaires silhouettes.

Certaines pages sont troublantes et la crudité des phrases paysannes n’est pas déguisée, mais quels savoureux Noëls M. Demolder a dénichés dans les chansons de jadis ! Et puis la fin est d’une mélancolie poignante… M. Demolder nous fait presque regretter que nos pères aient fait la Révolution puisqu’ils ont détruit tant de croyances légères et de mœurs précieuses, comme ils ont tué nos amis Jasmin et Martine… Il faut lire le Jardinier de la Pompadour, on revit toute l’ancienne élégance et tout le charme du passé.

 

Pierre Villetard : On avait aimé le premier livre de M. Pierre Villetard, M. et Mme Bille, on s’étonne aujourd’hui de ne pas l’avoir assez remarqué. La Maison des sourires montre tout à fait ses belles qualités que l’on avait seulement devinées, Le livre {p. 193}de M. Pierre Villetard est d’une enveloppante suggestion. Il s’en dégage une volupté spéciale, un peu mystérieuse. Pas d’audaces blâmables… Un très bon livre, d’un style harmonieux et souple encore que dominé par quelques influences. Mais nous verrons bientôt M. Pierre Villetard, romancier personnel, nous donner l’œuvre que nous sommes en droit d’attendre et qui le classera parmi nos meilleurs écrivains.

 

A. Gilbert de Voisins : C’est un des stylistes les plus précis de la jeune génération. Sa phrase, un peu complexe, se balance avec une harmonie particulière. M. A. Gilbert de Voisins est surtout un artiste. La partie psychologique de la Petite Angoisse paraît faible à côté des évocations savantes de Pour l’amour du Laurier. M. A. Gilbert de Voisins est un peintre, un « descriptif », c’est aussi un ironiste. Sa dernière œuvre est, dit Rachilde, « un tour de force ». C’est peut-être là son défaut. La littérature de M. A. Gilbert de Voisins est encore trop de la Littérature, mais les admirables qualités qu’elles décèlent nous font espérer l’œuvre digne de l’écrivain que M. A. Gilbert de Voisins doit être.

 

P.-J. Toulet : P.-J. Toulet est l’un de nos écrivains les plus spirituels. Il anime des fantoches de telle sorte que nous les voyons évoluer et qu’il semble que chacun d’eux ait été par instants notre compagnon {p. 194}de route. Nane est une délicate et futile compagne. On n’ignore pas que c’est un jouet et on lui donne quand même Un peu de son cœur, et voici que l’on se prend à souffrir et qu’on raille cette souffrance pour avoir l’air « bien parisien ». Soyons Parisiens à l’exemple de P.-J. Toulet et nous pourrons soutenir ce vieux renom d’esprit particulier et de finesse qui nous a valu la complaisante admiration des deux mondes. Rachilde affirme que vouloir citer les jolis mots de P.-J. Toulet, c’est vouloir recopier ses livres. Conseillons donc au public de lire, aux heures de lassitude, Tendres Ménages ou Mon Amie Nane de P.-J. Toulet. Ils y puiseront une douce philosophie, et lorsqu’ils auront compris que la femme est une enfant capricieuse et encombrante, ils réfléchiront aux dangers du sentimentalisme, ils penseront que l’ironie est seule consolante — et ils partiront, hélas ! à la recherche de la troublante Nane, parce que Toulet en la raillant l’a dotée de l’inconstance, de la souplesse, du mensonge, de la niaiserie et de la grâce qui sont les grands charmes féminins.

 

M. Albert Boissière (Une Garce, Les Trois Fleurons de La Couronne, M. Duplessis veuf) continue la grande tradition de Maupassant et de Flaubert. C’est un naturaliste non pas attiédi mais discipliné. Il y a de l’humour, de la vie, de la couleur et de la force dans ses romans.

 

{p. 195}M. André Beaunier a publié Les Trois Legrand et cet inoubliable Roi Tobol. C’est un normalien qui se défend d’être sensible.

 

M. Paul Reboux, avec Maison de Danses, roman de couleur précise et de composition habile. M. Albert Erlande, avec la Tendresse52 et Jolie Personne, Valentin Mandelstamm, avec l’Amoral, Suzannah, Mémoires d’un Grand de la Terre, et surtout Jim Blackwood Jockey, Delbousquet, avec le Mazareilh, Georges Pioch, avec l’Impuissance d’Hercule ont pris une belle place dans la littérature nouvelle.

Il va sans dire que, si nous ne nous sommes pas attardés aux noms de M. Georges Lecomte, G. Eekhoud, Hugues Rebell, Beaubourg, etc., c’est que {p. 196}nous considérons que leur réputation, venue au lendemain de l’enquête de Jules Huret, est déjà trop lointaine pour que nous considérions leurs talents comme représentatifs de l’esprit contemporain. Nous les avons groupés néanmoins dans le classement que nous avons fait et qui est peut-être trop libre et trop rapide à notre gré.

 

M. Paul Léautaud ne peut se réclamer que de quatre devanciers : Jérôme Cardan, Jean-Jacques Rousseau, Restif de la Bretonne et Stendhal. Il est surtout plus près des Mémoires de M. Nicolas et on dirait qu’il a voulu refaire à l’envers La Vie de mon Père. M. Léautaud a fait crier au scandale et au chef-d’œuvre. À juger sainement, il semblerait que, dans un temps où les femmes s’obstinent à vouloir être sincères, l’auteur du Petit Ami n’ait pas voulu leur laisser le monopole de la franchise. Cette franchise dans Le Petit Ami et dans In Memoriam est complète sinon excessive. C’est une confession qu’on devine absolue et sans retour, parce qu’on sent que l’auteur s’y intéresse. Un style négligé avec correction et intention y, traduit des aveux tels que le xviiie siècle les eût aimés, mais que notre époque d’hypocrisie romantique les goûtera difficilement. À de telles audaces naturelles correspond une grande aristocratie d’intelligence.

 

Nous citerons encore La Souillure de Louis Payen, étude âprement sincère et délicieuse tour à {p. 197}tour, Le Consolateur de M. Henry Ghéon si simplement étrange et d’un style si nu et si net, le Détroit de Jean Madeline, et de M. Charles Régismanset, un roman qui vaudrait par son audace tranquille d’être rapproché du Petit Ami. La femme à l’Enfant de M. Régismanset envisage l’enfant au point de vue de l’émoi instinctivement sexuel. Ce n’est point un livre obscène ou curieux, c’est une œuvre troublante et douce. Pas même le regard de Stendhal amoureux de sa mère Henriette Beyle « alors qu’elle saute par-dessus le lit de son fils pour atteindre plus vite le sien » ou de sa tante Mme Camille Gagnon dont il avait entrevu, alors qu’elle descendait de voiture, « la peau blanche à deux doigts au-dessus du genou ». M. Régismanset a composé un roman plus subtil, plus équivoque et plus profond.

 

M. Albert-Émile Sorel paraissait continuer les théories naturalistes dans Pour l’Enfant, mais depuis semble vouloir revenir au roman psychologique.

 

En 1903, l’Académie Goncourt donna son prix à M. John-Antoine Nau, romancier bizarre, original, dont la Revue Blanche avait donné quelques nouvelles exotiques, pour sa Force Ennemie, étude de psycho-physiologie morbide. Depuis, il a publié le Prêteur d’Amour, singulière confession de faiblesse et d’ardeur, création d’un type nouveau de névrosé, alors qu’on devait croire qu’il n’y avait rien à découvrir en ce domaine.

 

{p. 198}M. Henri Malo nous amuse avec Ces Messieurs du Cabinet, très curieuses révélations sur l’entourage immédiat d’un ministre, M. G. de la Rochefoucauld dont l’Amant et le Médecin a dû son succès autant à sa valeur propre qu’à la notoriété historique et mondaine de son auteur. On lit les romans honnêtes, un peu gris, mais si émouvants et si tendres et d’une composition si habile de M. Jacques des Gachons ; les pamphlets sous forme romanesque de M. Fernand Kolney ; cette admirable Initiation au Péché et à l’Amour d’Édouard Dujardin, l’auteur trop oublié des Lauriers sont coupés, petit livre qui donnait la vraie formule du roman moderne et qui n’a pas d’analogue dans notre littérature. Margot d’Été et Chonchon de Charles Merki, Terre Promise d’Eugène Morel.

 

M. Marcel Batilliat : romancier mystique et sensuel, d’une sensualité débordante, vibrante, mortelle et musicale. De la tendresse, de la névrose, du sadisme parmi l’écho d’un orchestre wagnérien. Chair-Mystique, la Beauté, Versailles aux Fantômes, la Joie sont des romans d’une intrigue simplifiée, mais d’une volupté absorbante et complexe. M. Gourmont a parlé de « religiosité sexuelle… » Le style de Chair-Mystique, gâté de néologisme, est allé en s’épurant.

 

M. Claude Anet a écrit Les Bergeries. M. Romain Rolland est l’auteur de Jean Christophe, une {p. 199}œuvre inégale et puissante encore inachevée mais qui annonce « quelqu’un » qui pourrait bien être celui qu’on attend.

 

N. B. — Nous n’ignorons pas qu’il nous eut été possible d’obtenir peut-être un classement de la plupart des écrivains d’aujourd’hui en tenant compte de leurs goûts ou des influences subies. Malicieusement observerait-on — d’autant plus qu’ils sont jeunes — que beaucoup parmi ceux dont nous avons parlé ont souvent beaucoup lu et beaucoup trop retenu. Ce classement serait possible qui diviserait ainsi les romanciers ; par exemple : La Suite de Mérimée, la Suite de Stendhal, l’École de Gérard de Nerval, les Lecteurs de Restif de la Bretonne, La suite de Flaubert, etc… De pareilles divisions ont l’avantage de manifester autant l’érudition et la perspicacité du critique que le manque d’originalité des auteurs. Notre âge nous interdisait de tels procédés qui peuvent amuser un Aristarque moins jeune et plus désabusé que nous…

XIII. — Primes et prix §

Depuis quelques années, les primes d’encouragement se sont multipliées en faveur des jeunes littérateurs. Il n’y avait autrefois que les fondations académiques. Maintenant les journaux et les cercles leur font concurrence. Certes l’Académie Française paraissait {p. 200}mieux désignée pour connaître des talents nouveaux que certains groupements mondains ou politiques, et nous devons constater pourtant que le public attache plus d’intérêt à ces couronnes récentes qu’à celles que distribue l’institut. Cela tient d’abord à l’importance des sommes et surtout à ce que l’Académie consacre des réputations et ne les établit pas. L’Académie Goncourt, en outre, n’a pas tenu compte de certains scrupules. Jusqu’à présent les prix n’osaient aller aux ouvrages entachés d’érotisme. La liberté des mœurs de nos personnages ne pouvait être admise quai Conti.

Sur les trois lauréats de l’Académie Goncourt (MM. J.-A. Nau, L. Frapié, Claude Farrère), deux surtout méritaient leur gloire et on ne peut qu’applaudir l’indépendance qui présida à ces jugements.

Un jury de femmes réuni par la maison Hachette, au Journal La Vie Heureuse, attribua cinq mille francs à La Conquête de Jérusalem de Mme Myriam-Harry (1904) et pareille somme en 1905 au Jean-Christophe de M. Romain Rolland. Après nous avoir prouvé qu’elles ont du talent, les femmes prouvent qu’elles ont de l’intelligence, peu de parti-pris et beaucoup de jugement.

La Société des Gens de Lettres a été moins heureuse dans ses attributions du Prix Sully-Prudhomme. Elle semble avoir délibérément choisi des médiocres.

Divers autres prix, comme celui de la Presse{p. 201}M. Reboux par sa Maison des Danses) témoignent d’une impartialité moins rare qu’on ne croirait chez nos contemporains.

L’Académie Française, fidèle à sa mission, n’a pas refusé l’exequatur aux meilleurs poètes et romanciers d’aujourd’hui : MM. Gregh, Guérin, Larguier, Rivoire, Le Cardonnel, Mme de Noailles, Émile Despax, etc.

Chapitre IV. Littérature dramatique §

{p. 202}Il n’y a pas beaucoup de littérature dans les pièces qui se jouent chaque soir à Paris et il y a peu de jeunes auteurs joués, ce qui explique la brièveté de ce chapitre.

Sur l’art dramatique d’aujourd’hui, il n’y a qu’un cri : le théâtre français est en décadence53. Ici, se vérifie, une fois de plus, la vérité des paroles de M. Charles Maurras. Les auteurs dramatiques vont au succès c’est-à-dire à l’argent en flattant le mauvais goût public et en l’exagérant, et, comme le théâtre rapporte infiniment plus d’argent que le roman, il est descendu plus bas. Les auteurs dramatiques ont même inventé une expression : Ce n’est pas du théâtre pour dire « voilà une pièce littéraire, {p. 203}originale, morale, qui ne fera pas d’argent », et une autre expression, « C’est du théâtre » pour dire « voilà une pièce banale, faite avec des ficelles qui ont déjà servi et dont on est sûr, évocatrice d’émotions mille fois soulevées, d’une morale sans élévation, d’une gaieté vulgaire, d’une langue prétentieuse ou peu sûre, mais cette pièce ira à la centième ».

Durant les deux siècles qui dominent notre littérature et la littérature de l’Europe la supériorité française s’établit au théâtre par la comédie de mœurs et la tragédie. Plus tard, mais avec une autorité moindre, le drame romantique fit sonner le pur métal de ses tirades éclatantes et déplacées. Depuis, nous en sommes tombés à la comédie de sentiment, au tragique larmoyant et bavard qui de La Chaussée, lequel savait au moins le français, s’abaisse encore jusqu’à Brieux, nous sommes tombés au vaudeville morne, à la farce niaise, à des compromis entre le music-hall, la maison close et le vaudeville qui n’ont même plus l’intérêt de chacun de ces genres si l’on peut dire. Nous avons eu les pièces à terreur, les pièces à surprises macabres, de la parade italienne de Ruzzante nous descendons au drame chirurgical, l’ancienne scène à effet du mélodrame servie, seule, avec beaucoup d’épices et sans sauce. Du tragique olympien d’Eschyle au tragique de M. Méténier. Et qu’on nous entende, ce n’est pas le fond de ces pièces que nous condamnons, c’est le procédé, le style, la composition, {p. 204}leur caractère de faits divers qui les situe en dehors même des productions françaises. La tragédie a évolué entre M. Rostand et M. Méténier54. La comédie entre M. Bisson et M. Grenet-Dancour.

I. — Le drame romantique §

« Jonglerie des mots, néant brutal du sens », c’est un universitaire qui juge ainsi M. Richepin (Jean) ; qu’eût-il dit de M. Jacques Richepin ? Tout le monde est d’accord, le drame romantique est sans pouvoir sur le public et ses derniers bourreaux, à quelques exceptions près, ne savent même plus l’art des beaux vers inutiles. Le succès même de l’Aiglon ou Cyrano ne doivent plus nous faire illusion. C’est la dernière lueur avant l’ombre définitive, le dernier surgeon, la dernière poussée de sève au tronc de l’arbre mort. L’esthétique caduque du romantisme ne s’anime plus, même au contact des jeunes énergies. La Cavalière, Cadet-Roussel, Falstaff, Derceto n’auraient même pas l’excuse des rythmes sonores. Malgré M. Catulle Mendès qui prône encore un théâtre de rêve, mâtiné de Marivaux, de Tabarin et d’Eschyle, le public, qui accepta tant de médiocres mélos, n’accepte plus les personnages chaponnés de Shakespeare. Ni pantalonnade, ni bonbons à la cantharide. Pourtant il ne faut pas {p. 205}tout condamner impitoyablement. Quelques jeunes hommes autour de M. Maurice Magre ont organisé le théâtre des Poètes qui ne joua guère que des drames romantiques — un peu différents de ceux de M. Richepin et meilleurs. Grâce à une versification moins vaine, ils obtinrent certains effets heureux.

 

« Les Poètes » jouèrent l’Or de M. Magre, Imperia de M. J. Valmy-Baysse, La Peur d’Aimer de G. Fréjaville, Louis XVII de G. Fauchois, Le Matamore d’Arnyvelde. Le théâtre de Maurice Magre continue le romantisme wagnérien, les autres pièces, toutes historiques — on le remarquera — ont des orientations différentes. L’lmpéria de J. Valmy-Baysse tente une synthèse de la Renaissance Italienne, et se rapproche également du romantisme et du symbolisme. Le Louis XVII de Fauchois et l’Exode du même sont des pièces décidément bien mal écrites. Les deux autres marivaudages peuvent plaire à M. Mendès. L’entreprise de M. Magre a échoué mais elle a fait connaître des auteurs qui, malgré leur erreur initiale, comptent au nombre des réformateurs. M. Valmy-Baysse, auteur d’agréables poèmes, et dont on doit attendre de bonnes pièces a organisé au Théâtre-Trianon des récitations de poèmes précédées de conférences. MM. Payen et Vuillermoz l’avaient précédé par une initiative semblable.

Un double courant nous éloigne du romantisme :

I. La Renaissance du théâtre idéaliste et de la {p. 206}tragédie, due à la renaissance du théâtre de plein air.

II. L’avènement de la tragédie moderne, la réalisation du tragique quotidien rêvé par les Goncourt55.

II. — La tragédie §

Elle a été surtout mise en valeur par le théâtre de plein air dont M. Paul Mariéton a, le premier, assuré et préparé le développement. D’autre part c’est aux Symbolistes (au théâtre d’Art de M. P. Fort et aux chefs-d’œuvre de Maeterlinck), à la longue persévérance, l’intelligence extrême de M. J. Péladan qu’il faut faire honneur de la renaissance idéaliste qui nous a mené à la tragédie. C’est parmi les essais incomplets du théâtre symboliste et les tragédies d’hier, qu’il faut chercher des indications sur notre avenir dramatique.

 

La Victoire de Saint-Georges de Bouhélier, Phyllis et le Dieu Nouveau de Paul Souchon, L’Hydre de Charles Méré, Dionysos de J. Gasquet nous montrent ce que sera ce théâtre historique, idéaliste, idéologique, {p. 207}vivant conflit de sentiments éternels, différent néanmoins du théâtre classique.

M. Gabriel Boissy écrit :

« … D’une succession de faits, un fait majeur s’impose : les lettres françaises, sommeillantes ou vagissantes depuis l’époque romantique, entrent aujourd’hui en effervescence ; un nouvel âge se prépare par les efforts convergents d’un groupe nombreux d’esprits toujours jeunes ou de jeunes esprits. En eux seuls l’on sent cet idéal supérieur, ce besoin impérieux qui les unit malgré toutes les dissemblances de manière, malgré les rivalités individuelles et les pousse à une action commune et presque inconsciente pour constituer et imposer un Art grandiose et nouveau. Cet Art a choisi, comme principale expression, l’expression théâtrale et dans cette expression plus spécialement, la forme tragique56.

« … Je rappellerai seulement les nombreuses représentations méridionales : à Orange, sous l’impulsion initiale de M. Paul Mariéton, puis de Mme Caristie-Martel et de M. Silvain ; à Nîmes, à Cauterets, par les efforts de MM. le Dr Meillon et Labruyère ; je signalerai aussi les théâtres régionaux fondés par {p. 208}MM. Pottecher à Bussang (Alsace) ; Anatole le Braz, en Bretagne ; Gabriel Nigond, en Berry ; et enfin les tentatives de MM. Georges Dumesnil en Dauphiné ; P. Corneille, à la Motte-Sainte-Heraye (Poitou) ; Cloarec, à Ploujean ; Léon Le Clerc et R. de la Villehervé, en Normandie et le Théâtre Antique de la Nature d’Albert Darmont à Champigny la Bataille.

« … Parallèlement à ces réalisations, un grand nombre d’études, les unes théoriques, les autres critiques, ont été publiées ; des conférences ont été faites : ainsi s’est peu à peu étendue et essayée la Volonté novatrice qui, bientôt, régnera. L’une de ses dernières et non des moindres manifestations a été la série de spectacles donnée par le théâtre de l’Œuvre. L’Œuvre s’était consacrée jusqu’ici au drame scandinave, drame idéologique, puissant mais froid, profond mais inesthétique. Avec une intelligence dont il faut le louer, M. Lugné-Poë s’est employé, puisque les lieux officiels ou boulevardiers restent ignares, dans le sens nouveau. Tandis que les autres théâtres s’obstinent aux banalités et aux redites, en un mois M. Lugné-Poë a offert à Paris trois œuvres de manières différentes, de nature éminemment originales, mais toutes trois exubérantes de la jeune et régénératrice sève : la foi en l’idéalité des formes parallèles à l’idéalisme des pensées.

« … Par ses poèmes, par ses nouvelles tragédies, M. Joachim Gasquet s’est imposé comme l’un des plus personnels et des plus hauts poètes de l’actuelle {p. 209}Renaissance. À la tête de cette nouvelle et hautaine phalange, parce qu’il fut le premier et reste le plus original, marche l’auteur de la Prométhéide, d’Œdipe et le Sphinx, de Sémiramis et de Babylone, M. Péladan. Bien qu’il soit très italien, M. d’Annunzio a tant emprunté à la France qu’il participe, par les Victoires mutilées, à notre effort, accompagné d’une multitude d’autres poètes supérieurs ou remarquables : MM. Catulle Mendès, avec sa Médée (d’ap. Euripide) ; Jean Moréas avec Iphigénie et Ajax (d’ap. Euripide et Sophocle) ; Suarès, avec la Tragédie d’Elektre et d’Oreste (publiée aux cahiers de la quinzaine) : Albert Samain, avec Polyphème, Mécislas Golberg avec un Prométhée repentant : Ricciotto Canudo avec le Délire de Clytemnestre et le Bûcher d’Hercule ; Jules Bois avec Hippolyte couronné (que reprend l’Odéon) ; Louis Bertrand avec une Sophonisbe ; Gabriel Nigond avec Samson et Dalila et même M. Rivollet, adaptateur qui sait avec art réduire les belles œuvres : dans un ordre quelque peu différent, mais parallèle, voici MM. Édouard Schuré, le maître du Théâtre de l’âme ; Élémir Bourges avec la Nef ; André Gide avec le Roi Candaule et Saül, Maurice Magre, Valmy-Baysse, Gabriel Trarieux, Ernest Gaubert qui prépare une Électre, René Fauchois, Olivier de La Fayette, Arnyvelde, d’autres que j’oublie, d’autres que j’ignore, d’autres enfin, qui attendent l’heure où se manifester… »

Dans le prologue de Dionysos J. Gasquet se réclame {p. 210}de l’enseignement orphique et affirme son intention de renouer le drame philosophique et religieux. Au contraire M. Paul Souchon en avant-dire de Phyllis nous fait présenter son désir de créer une tragédie moderne. Ces tendances dissemblables, M. de Bouhélier, confusément, il est vrai, les avait pressenties et les mêlait en sa Tragédie du Nouveau Christ et dans la Victoire, œuvres inégales, manquées, énorme effort égaré dans le vide mais qui dénote une ardeur considérable, un tempérament audacieux.

En dehors de ce courant, il faut noter diverses tentatives qui n’ont pas trouvé l’impressario intelligent ou aventureux. Les cuirs de Bœufs et Compère Renart de M. Georges Polti, l’auteur des 36 situations dramatiques qu’on a tant pillées depuis.

III. — Théâtre satirique et philosophique §

C’est le théâtre dit injouable, parce qu’il paraît trop plein de pensées ou de paroles neuves et éternelles aux frivolités de notre public. Nous ne partageons pas pourtant l’opinion des gens de théâtre qui condamnent à l’avance la réalisation sur la scène de ces œuvres. Les drames de Shakespeare et de Wagner au point de vue métier — comme on entend ce mot aujourd’hui — présentaient des difficultés autrement ardues.

{p. 211}M. Paul Claudel défie l’analyse : M. André Gide le juge ainsi : « M. Claudel a-t-il songé peut-être à cet étrange et beau titre, à “l’Arbre de la Croix” ? — Il se dresse à l’extrémité de ses drames. Il forme centre du quinconce. On est tout stupéfait, de quelque côté et par quelque chemin qu’on y vienne, de se retrouver à son pied. Ces chemins mènent tous à Rome. Mais ces chemins sont étrangement beaux. — Nous connaissions depuis longtemps déjà Tête d’Or et La Ville ; une version très différente, de ce dernier drame avait paru plus récemment dans Le Mercure ; L’Échange avait paru dans L’Ermitage, l’an passé ; La jeune Fille Violaine et Le Repos du Septième Jour, inédits encore, malgré d’admirables parties, sont moins bons. — Réunis d’un coup en volume, ces cinq drames manifestent un travail et une puissance d’invention considérables. — Aucune analyse, si détaillée soit-elle, ne peut donner aucune idée de ces cinq drames ; ils ne rappellent quoi que ce soit, et l’on est étonné qu’ils existent ; ils semblent palpiter et vivre, avec des organes nouveaux, agiter des bras inconnus, respirer avec des branchies, penser avec les sens, et sentir avec les objets ; — mais ils vivent pourtant ; ils vivent d’une vie rouge et violente, pour étonner, rebuter et exaspérer le grand nombre, pour enthousiasmer quelques-uns. »

 

La Dame à la Faux de M. Saint-Pol-Roux, constitue un drame étrange, éloquent, le plus complet {p. 212}chaos des métamorphoses, au-delà et au-dessus des formules admises, en plein ciel d’émotion de pensée que M. Degron admirait :

« La Dame à la Faulx, c’est la Mort, — la “Vendangeuse aux doigts d’Octobre”. Bravée, menacée, elle prend sa revanche, mettant son plaisir âpre à torturer ceux qui s’approche d’elle. Laide d’abord, belle ensuite, elle est l’attirante… Et c’est ainsi que Magnus, l’homme — la Beauté, la Perfection, la Vie — tombe à ses pieds, tranché par son coup de faulx, après avoir donné tous les baisers d’amour à sa vierge aimée, à Divine, pâle fleur de lis qui meurt, elle aussi, peut-être parce qu’elle ressemblait trop à l’Aurore !

Depuis l’Aube des temps je plane sur la vie,
Tel un oiseau de proie aux serres de démon.
L’humanité, qui va sous mon signe asservie,
J’en saccage à mon gré les troupeaux de limon.

Mon appétit sans borne a pour gueules les tombes
Dont les fines et mobiles dents sont des vers.
Il me faut chaque jour d’énormes hécatombes,
Je mange tous les soirs un morceau d’univers…

« Voici la Dame à la Faulx qui parle :

« Enfin, écoutez l’amante, Divine, soupirer à son amant :

                                  Maître,
        N’es-tu pas ma raison d’être ?…
Prends-moi devant les hommes, prends-moi devant Dieu !
Couche-moi sur l’enfer, couche-moi sur les cieux !
Je suis l’esclave entière à ton service
Et qui sera selon ta chair et qui sera selon ton âme ;
Et mon âme et ma chair veulent ce que tu veux,
{p. 213}Que tu daignes m’aimer saintement à genoux
Ou traîner dans la boue l’or ingénu de mes cheveux !
Cherches-tu la sagesse ? cherches-tu le vice ?
                        Commande !
Je me ferai ton ange ou me ferai ta chienne,
                         Et, tienne,
Je consens à souffrir et consens à mourir
Dans l’holocauste heureux de mon être asservi,
Si la souffrance de mon âme doit t’orner de joie,
Si la mort de ma chair doit te garder la vie !

« Que vous dirai-je de plus ?… Les côtés admirables du livre ? Cortège de la folie, Mort de Divine. Entrée de la Dame dans le palais de Magnus, la Mort de Magnus ; Beautés poignantes, Scènes d’angoisse et d’amour, qui vous ravissent et vous bouleversent, hurlantes d’humanités !… »

Le Roi Bombance de M. F. T. Marinetti, a la truculence de couleurs, d’odeurs et de sens d’une kermesse flamande. C’est tour à tour la Fête du Village de Téniers, l’Enfer de Dante et le fouillis archaïque, sinistre, mélancolique et profond d’une composition d’Albert Durer et le rire énorme de Rabelais. Satire des éternels retours de l’appétit populaire, satire des vices, des désirs de la foule, satire des meneurs d’homme, le Roi Bombance grouille d’une vie innombrable et puissante. Les dons fougueux du poète de Destruction et de la Conquête des Étoiles s’y épanchent avec une libéralité sans mesure, mais quel amphithéâtre suffirait à un tel déroulement symbolique et précis des passions de l’estomac universel.

 

{p. 214}M. Ricciotto Canudo est difficile à classer. Ses idées très originales, son lyrisme philosophique transportés au théâtre (Le Délire de Clytemnestre), sont à retenir. Il veut représenter l’idéal méditerranéen avec plus de souci de pensée que d’action dramatique !

L’Antonia de M. Éd. Dujardin, les Flaireurs de Van Lerberghe, Madame la Mort de Rachilde datent, en dehors de notre étude.

On déclare également injouables : le Saül de M. Gide qui n’a pas été joué et le Roi Candaule qui le fut. De la première de ces pièces on peut affirmer qu’elle est un chef-d’œuvre ; de la seconde qu’elle plut à un public d’élite, malgré les erreurs de l’interprétation. Théâtre moral, parfaitement possible devant un vrai public, d’un intérêt plus soutenu qu’on ne peut l’avouer, Saül et le Roi Candaule seront jouées régulièrement quelque jour et lors, on s’étonnera de l’inintelligence de notre critique actuelle. Les tragédies morales de M. Édouard Ducoté (Circé, le Barbier du Roi Midas, etc…), s’apparentent à celles de M. André Gide. Elles ont des qualités parallèles de clarté, de style net, de grâce, de pensée souriante. Celles de M. H. Ghéon (Le Pain, l’Eau de Vie) sont plus âpres. Citons encore l’Hypathie, Pigmalion et Daphné de M. Gabriel Trarieux, Les Amazones, les Amants d’Arles de M. Henri Mazel, ce défenseur obstiné de la gloire latine.

IV. — Le drame social §

{p. 215}Il y a eu, vers 1896-1899, toute une poussée vers le théâtre social57. L’insuccès devait rapidement éteindre les ardeurs de la jeunesse. « L’avenir du théâtre est là », déclarait M. Maurice Le Blond. « Non seulement je crois qu’un auteur peut évoquer une synthèse intense des luttes sociales du temps présent, mais j’estime encore qu’il le doit, affirmait M. Viollis. » Les faits ont démenti cette belle assurance.

M. Antoine produisit la Guerre au Village de M. G. Trarieux. Nous eûmes encore le Domaine de M. Lucien Besnard et l’Affaire Grisel du même, le Chemin des Ruines de Jean Thorel, les tentatives de M. Lucien Gleize, de Mme Marni pour aboutir au théâtre de M. Jean Jullien (la Poigne et l’Oasis) et à la Clairière ou aux Oiseaux de Passage de MM. Donnay et Descaves.

Ce qui manqua surtout à l’épanouissement du drame social, ce fut une scène et un public. Antoine seul ose de temps à autre quelque tentative de ce genre. En dehors de cet acteur, il n’y a plus que le Cercle « des Escholiers » et « l’Œuvre » ? C’est peu pour tant d’ambitions. Récemment M. Pottecher, {p. 216}devant des auditeurs sincères et vraiment populaires, a essayé à Bussang le pouvoir de la comédie sociale. Il n’a qu’à continuer.

V. — La comédie de mœurs et de caractère §

Le bilan est simple58. L’Indiscret de M. Edmond Sée, Maman Colibri d’Henry Bataille, les Affaires sont les Affaires, de M. Mirbeau, les Ventres Dorés, de M. Émile Fabre… et puis, une peinture de mœurs factices, de mœurs irréelles, qui nous valent, de par le monde, la réputation d’un peuple uniquement préoccupe de problèmes sexuels et surtout d’adultère.

Pourtant la génération qui suit ces deux maîtres, Becque et G. de Porto-Riche nous a donné MM. Edmond Sée, André Picard, Henri Bataille. Les deux premiers n’ont pas fourni encore toute leur mesure, mais comptent déjà, le dernier a écrit peut-être les seules comédies de ce temps qui ont chance de survivre avec celles de M. Émile Fabre.

 

M. Henry Bataille. Il débuta par Ton Sang qui qui posait un problème éternel et moderne et la Lépreuse, évocation de légende et de sentiment. Dans toutes les pièces qui suivront il unira le poète au {p. 217}psychologue, le rêve à la vérité la plus stricte et par là il sera plus vrai que tant d’autres. Sa sensibilité subtile éclaire son observation. Il y voit avec son cœur ; sa vérité n’est pas celle du statisticien ni celle du photographe ; sa préoccupation du détail ne nuit pas aux effets de l’ensemble, le Masque, Maman Colibri, la Marche Nuptiale réalisent le théâtre d’aujourd’hui le plus intense, le plus sobre, le plus vrai que nous ayons eu depuis Amoureuse, depuis Porto-Riche et depuis Jules Renard.

 

M. Émile Fabre : C’est un Balzacien. Sa vérité est plus extérieure que celle de M. Bataille. Il n’est point poète. Il est tragique, puissant, pessimiste. De son Timon d’Athènes aux Ventres Dorés, c’est de la peinture de caractère, intense et amère. Il est revenu aux procédés classiques. Chez lui, rien qui ne concoure à l’action ou à la pure intelligence des caractères. C’est un Balzacien dont le style est plus net et plus simple.

VI. — Comédie fantaisiste conte dramatique §

M. Franc-Nohain par Vingt mille âmes se révélait peintre exact et assuré des mœurs provinciales ; par La Fiancée du Scaphandrier, Papa les P’tits Bateaux, Aux temps des Croisades, etc…, il renouvelait la fantaisie et la poussait aux limites où elle atteint à la fois la comédie d’observation et la satire {p. 218}philosophique. M. Alfred Jarry avec Ubu-Roi créait une formidable caricature du bourgeois qui atteignait aux cauchemars rabelaisiens et aux imaginations de Swift. M. Roger Le Brun, dans Le Bonheur des Hommes essayait le drame moderne le plus simple et le plus émouvant, parce qu’éternel, la révolte du sang et l’orgueil du sacrifice. On sait quel délicieux conte dramatique nous a présenté M. André Rivoire avec Il était une Bergère et le comique de MM. Edmond Guiraud, Pierre Soulaine mérite qu’on s’y arrête.

La confusion n’est pas moindre au théâtre que dans le roman ou la poésie. Ici, encore, bien qu’elle ait survécu dans les journaux, la critique dramatique doit accepter une part de responsabilité dans la décadence de notre théâtre. À force de complaisances — d’autant que certains critiques sont aussi des auteurs — elle a diminué elle-même son autorité et nous avons pu juger, lors d’un incident récent, le cas que les directeurs faisaient d’elle.

Cependant il semblerait ici, comme partout, qu’il y eut un retour vers la simplicité et la vérité. M. Édouard Schuré déclare :

« Or, parmi les temples nécessaires, il n’en est pas que notre temps appelle d’un plus impérieux désir que le théâtre.

« Le théâtre, ce miroir de la vie, est un mouleur formidable de l’âme des foules et même de l’âme de l’élite. Car il agit sur l’être humain tout entier : {p. 219}sens, âme, esprit ; et il agit par un exemple, par une action éloquente, aussi réelle et plus intense que la vie. Son influence est capitale dans le bien comme dans le mal. S’il n’est pas une école de beauté, de vérité et de renaissance, il devient fatalement une école de laideur, de mensonge et de mort. Qu’il soit l’esclave du luxe, de la frivolité et de la spéculation industrielle, comme dans notre société aveulie, et le théâtre ne sera guère autre chose que le reflet chatoyant et trompeur des vices, des ignorances et des lâchetés d’une époque. Mais placez à son centre l’âme consciente avec tous ses pouvoirs, faites rayonner à son foyer incandescent la divine Psyché, déployez ses ailes — et le théâtre sera le miroir de la vie meilleure, l’éducateur du peuple, l’initiateur qui conduit l’homme à travers la forêt de la vie et les mirages du rêve au sommet des plus hautes vérités. Le théâtre actuel est l’image docile et passive de l’histoire et de la société ambiante. Le théâtre de l’avenir remoulera l’homme et la société à son image. Car il sera le temple de l’idée, le foyer ardent de l’Âme consciente, libre et créatrice. »

Sans doute. Mais il y a place pour deux théâtres, Corneille et Molière, la peinture du meilleur et du pire. Toute renaissance se résumera ici : Tragédie59, {p. 220}tragédie élargie aux ressources et aux embellissements du théâtre de plein air : comédie de mœurs. Il n’y a place sur la scène que pour le poète et l’observateur. D’ailleurs le music-hall n’empiétera pas sur le théâtre ; il a une place importante à prendre dans le domaine de la beauté, mais elle est surtout artistique et non littéraire.

Chapitre V. Le mouvement régionaliste.
Les jeunes en province §

{p. 221}La littérature provinciale n’était pas jusqu’à ces dernières années la littérature de la province. Les jeunes hommes que leur situation de fortune, leur emploi, leur famille forçaient à habiter, loin de Paris, malgré leur goût pour les lettres n’avaient d’yeux que pour le boulevard de la capitale. L’homme qui se refusait aux gloires fiévreuses de la ville unique, apparaissait comme une exception. On l’eut même volontiers taxé de folie. D’ailleurs ses compatriotes étaient les premiers à faire payer, par le mépris, au jeune provincial son outrecuidance d’écrire et de se vouloir faire imprimer. La Province recevait sa littérature toute faite de Paris avec les chapeaux, les robes, les catalogues de nouveautés et les ministères.

Le Félibrige au même temps qu’il apportait l’idée d’une renaissance latine commença le premier à secouer cet esclavage. Mais, ici, il ne s’agissait que d’une tentative particulariste. Le génie de Mistral, {p. 222}d’Aubanel, de Roumanille, de Félix Gras fut salué par les Parisiens avec un mélange de déférence et d’ironie. Les départements continuaient à acclamer, sans critique, toutes les mauvaises pièces en tournée et à admirer les fonctionnaires de passage.

La politique devait modifier peu à peu cette passivité et la faire tourner en une sorte d’attitude agressive et souvent injuste. À partir de 1890, ce fut la Province qui dirigea la politique et peu à peu le Midi domina. Pour les nécessités électorales, les journaux provinciaux s’étaient fondés. Rapidement, ils acquirent une influence énorme, un tirage inconnu de la plupart des organes parisiens. La Dépêche du Nord, Le Lyon-Républicain, la Petite Gironde, Le Petit Troyen, Le Petit Ardennais, L’Éclair de Montpellier, Le Nouvelliste de Lyon, La Dépêche de Toulouse, Le Phare de la Loire, Le Petit Marseillais, etc.

L’esprit local, les manies urbaines, flattées et affichées ne se cachèrent plus. La Province osa être elle-même en politique, plus lentement elle essaie de l’être en littérature.

En 1875. M. Louis Xavier de Ricard publia Le Fédéralisme. Avec Auguste Fourès, Jourdanne et quelques autres, ils glorifiaient leurs atavismes, le culte de la terre. Ils revinrent à célébrer la pensée et la politique albigeoise, à l’heure où la Bretagne s’affirmait plus bretonnante et la Provence, plus provençale. M. Maurice Barrès et M. Charles Maurras devaient, quinze ans plus tard, entraîner dans le régionalisme {p. 223}toute une jeunesse inquiète, et qui, lasse du renanisme sceptique, cherchait un appui, se cherchait elle-même ses origines, ses racines, les moyens de se développer et de grandir.

La manie des petites revues, de Paris gagna la province. Rien ne pouvait être plus favorable à une renaissance de l’esprit provincial.

Ce furent :

À Montpellier Chimère (Coll. Paul Redonnel, Charles Brun, J. Loubet) et La France d’Oc.

À Toulouse, L’Effort (1896), fusion des Essais de Jeunes et des Pages d’Art (Voir les Écoles et les Manifestes). En 1901, La Revue Provinciale lui succéda (Ch. Bellet, Roger Frêne). Dans cette même ville, le groupe catholique (Armand Praviel, Pierre Fons, Joseph Aubès) fondait L’Âme Latine. Ce périodique très vivant préconisa le retour au classicisme littéraire et à la tradition nationale catholique et monarchiste. Depuis peu Poésie de MM. Estève, Gaudion, Touny-Lérys.

À Aix-en-Provence paraissent Les Gerbes, revue de tendances opposées à celles que défendirent dans cette même ville, Les Mois Dorés et Le Pays de France de Joachim Gasquet et Marie Demolins.

À Marseille, Méditerranéenne (de E. Jaloux), La Revue Phocéenne (de A. Patrickios), La Revue Impressionniste.

À Lyon, MM. Louis Payen, Émile Vuillermoz, Paul Lœwengard, Louis Raynaud, Michel Puy, {p. 224}M. Brisac composaient Germinal (1899-1901) ; — La Terre Nouvelle (1900-1901) de M. Aurenche, et La Revue Jeune de M. José Colb eurent un destin éphémère — et ont eu pour leur succéder La Houle (Henry Béraud, etc…) et Athéna.

À Béziers, Jean de la Hire, Pierre Hortala, Marc Varenne, Ernest Gaubert fondaient en janvier 1898 L’Aube Méridionale (1898-1900). En octobre 1898, elle émigrait à Montpellier où paraissait déjà La Coupe (1895-1898), de Richard Wémau, Louis Payen, Loubet, etc… L’Aube méridionale organisa le premier congrès des Poètes60 ; — L’Aube Méridionale publiait (avril 1899), un numéro spécial des Jeunes Poètes du Midi. Le Titan, de MM. H. Rigal et M. Labarre, lui succéda en 1901. Actuellement MM. Lacrie et Pontier font paraître à Montpellier L’Action méridionale.

À Lille, M. Léon Bocquet, l’auteur de Flandre, recueil de poèmes inspirés par le décor natal, a groupé autour du Beffroi une importante pléiade de poètes : MM. Roger Allard, J. Mouquet, Th. Varlet, F. Éon, Léon Deubel, Floris Delattre, etc…

À Nancy se publie la Grange lorraine, qui mêle en ses sommaires au nom de M. Charles Guérin, l’admirable et délicat poète du Cœur solitaire et de l’Homme intérieur, les noms de MM. Paul Briquel, {p. 225}René d’Avril, etc. Dans cette même ville paraît encore la Lorraine artiste.

À Reims, la Revue littéraire de Paris et de Champagne, sous la direction de M. J. René Aubert organise des conférences, des expositions de peinture. Cette revue, rapidement accrue, présente le tableau le plus complet du mouvement provincial (coll. F. Fagus, H. Bauquier, F. Clerget, H. Delahaye, Jules Romain, M. Golberg, etc…).

À Troyes, la Brise.

À Strasbourg, la Revue Alsacienne Illustrée de M. Buchez.

À Colmar, la Revue d’Alsace.

À Dijon, la Gerbe.

À Toulouse encore, la Revue des Pyrénées et Occitania.

À Rennes, l’Hermine de Louis Tiercelin et la Jeune Bretagne.

À Carcassonne, la Revue Méridionale de MM. Rouquet et A. Mir.

À Nîmes, la Revue du Midi.

À Abbeville, la France Littéraire.

À Valenciennes, M. Florian Parmentier dirige l’Essor Septentrional.

À Metz, l’Austrasie.

Au Havre, la Province de MM. de la Villehervé et A.-M. Gossez inaugure la publication en fascicules des Provinces poétiques, anthologie complète de toute la production de ces dernières années. {p. 226}M. Émile Magne collaborait à Brive à la Brise.

À Saint-Étienne, la Revue forézienne de MM. Fournier-Lefort, Louis de Romeuf, Olivier de la Fayette, le poète du Rêve des Jours.

À Blois, la Vie Blésoise de M. Hubert-Fillay61.

La Revue périgourdine de M. Cellerier, la Clavellina (Perpignan) de MM. Saisset, Orliac, etc., Gallia (Gaillac) de M. Touny-Lérys, l’Ardèche littéraire de M. Jean Volane, etc., ont brillé d’un éclat trop bref. N’importe, elles méritent de ne pas être oubliées62.

À Nîmes, M. Paul Guiraud un romancier estimé et M. P. Jouve rédigent la Chronique mondaine.

Voici, à titre d’exemple, le programme d’une ces jeunes revues63 : celle-ci « prétend refléter l’âme nouvelle de la jeunesse, ses préoccupations sociales sans s’inféoder à aucune politique, son souci d’art national, simple, vigoureux, méthodique, suivant le sens de l’esprit latin. Elle défendra, en art, la simplicité vigoureuse des classiques et réagira contre le romantisme. Enfin elle estime l’action au-dessus de l’art purement formel ».

On le voit ce n’est point d’une ambition vulgaire ! mais les hauts projets conviennent à notre âge. Ces {p. 227}périodiques, ces groupements ont eu une influence heureuse sur la jeunesse de ce temps. Presque tous sont affiliés à la Fédération régionaliste française. Beaucoup de ces écrivains, d’ailleurs, sont aussi affiliés au Félibrige et, bien qu’ayant écrit en français, ont souvent aussi écrit en langue d’oc. Parfois, comme M. Delbousquet, ils apportent par un choix d’expressions locales plus de couleur à la langue nationale. Sans distinction d’esthétique et de pensée politique, tous ces jeunes hommes sont mus par un même amour envers leur pays, par un même désir de donner une vie propre à leur province. Ils ne pensent pas pouvoir mieux honorer leur région qu’en lui dédiant leurs poèmes, qu’en décrivant ses aspects et ses mœurs dans leurs romans. Heureuse réaction contre le snobisme imitateur des romans boulevardiers !…

La littérature provinciale s’est enrichie d’énergies nouvelles. Par un échange incessant d’idées et de collaboration entre ces divers groupements et Paris s’est créé un minimum de pensées communes qui suffit à rallier toutes ces revues autour du drapeau de la décentralisation. Certes, il ne faudrait pas croire à une entente parfaite, à un succès définitif64, {p. 228}à une unanime ambition, non ; mais leurs conférences, les récitations de poèmes organisées par elles dans les théâtres municipaux des grandes cités provinciales, par leurs enquêtes, par les livres qu’elles ont éditées, par la facilité qu’elles donnent à des jeunes gens de se faire connaître, ces revues ont acquis une influence. Isolé jadis dans un milieu réfractaire aux idéologies comme aux lettres, le provincial qui pense et qui s’hypnotisait dans l’adoration de Paris et le désir de quitter au plus vite le sol natal a dès à présent la facilité de s’affilier à un des groupements que nous venons de nommer et où il trouvera toutes sortes d’avantages moraux et des raisons plus grandes d’aimer les arts et d’aimer aussi sa région. Les jeunes revues provinciales ont eu une influence littéraire autant que morale. Par cela même qu’elles propageaient le culte du pays natal, le goût de l’action, la recherche des méthodes naturelles d’évolution, elles éloignaient la jeunesse d’un art obscur, subtil où elle avait failli se perdre — (après y avoir d’ailleurs au début connu des beautés nouvelles). — Ici, nous n’avons qu’à constater cette floraison des provinces nouvelles. Elle nous assure encore que la sève n’est point tarie qui animait, jusqu’à l’héroïsme et la beauté, la France65.

{p. 229}Paris possède aussi ses revues régionalistes (Revue Septentrionale, La Province, etc.) Cf. Revue Universelle Larousse, nº du 1er sept. 1905 (À Travers la France) mais surtout l’Action Régionaliste (de Charles-Brun, secrét. Paul Redonnel) qui est l’organe officiel d’un groupement actif que préside M. L.-Xavier de Ricard et auquel M. Charles-Brun a su donner une importance chaque jour plus grande. La Fédération Régionaliste Française organise des congrès, des tournées de conférence, des réunions amicales.

Elle veut agir dans le triple domaine de l’économie politique, de la littérature et des arts.

MM. Paul Boncour, J. Plantadis, J. Beaurepaire-Froment (l’actif rédacteur en chef de La Tradition), Mihoura, A. Daudé-Baucel (secrétaire de l’Union Coopérative), Angot des Rotours, Émile Magne — et bien d’autres, aidés d’aînés illustres, prennent la parole dans ses réunions périodiques. La Fédération Régionaliste Française, si elle n’a encore réalisé qu’une faible partie de son vaste programme, a du moins préparé un terrain d’entente entre un grand nombre de jeunes écrivains et cela seul lui eut mérité déjà d’être signalée ici.

Le lecteur a déjà rencontré la plupart des noms {p. 230}cités ici, au cours de cet ouvrage. Presque tous ces jeunes hommes sont des poètes. M. A. Grimaud a réuni leurs vers dans une anthologie : La Race et le Terroir (1905, Cahors). Généralement ils ont gardé le culte de la tradition française et se complaisent à célébrer leur région. Entre autres nous citerons ce sonnet de M. Pierre Fons, le poète de l’Heure Amoureuse et Funéraire.

À LA CITÉ DE CARCASSONNE

De la tour de Justice à la tour du Trésaut,
Le soir apaise enfin l’horizon solitaire ;
D’implacables destins ont désolé ces terres,
Mais leur fière beauté garde encor des vassaux.

Seul le soleil, tentant quelque suprême assaut,
Ensanglante à présent la Lice et Saint-Nazaire ;
Où les cerviers du Nord tous en vain s’écrasèrent,
Des femmes lentement rêvent près des berceaux…

Douce monte une nuit orientale et chaude…
Montfort, ton œuvre est morte et sa cendre est à l’Aude,
Les midis à leur tour ont chassé tes effrois…

Et, — la lune courbée en profil de tartane, —
Tout le ciel étoilé tend un blason d’orfrois
Qui figure l’orgueil de la Terre occitane !

Ce fragment du Poème à la Servante de Pierre Hortala.

— Or j’ai fait desceller pour toi la tombe ancienne
Où dorment les aïeux, où ma place m’attend,
Et descendre moi-même au fond, pieusement,
Ton cercueil de bois blanc sur les bières de chêne,
{p. 231}Et j’ai pleuré……………………………
Puis, un jour, par hasard j’ai connu ton histoire,
Pastoure qui chantais dans les seigles d’été,
J’ai compris ton amour maternel, ta bonté,
L’énigme de tes yeux qui hantait ma mémoire,
Servante dont les doigts noueux étaient câlins…
Je me sens aujourd’hui, sacrilège, ô servante,
Dors, l’orgueil d’un poème est indigne de toi…
Ô pays, le printemps va fleurir tes sous-bois :
Les tourdelles déjà grapillent dans le lierre ;
Plateaux et vous, blés noir, qu’un aïeul cultiva
Terre dont j’ai compris la pauvreté hautaine
C’est peut-être, en mon cœur, elle, qui réveilla
L’atavisme endormi de ma race lointaine,
L’orgueil des champs, l’orgueil des fruits, l’orgueil du sol
Et dans le dernier fils des aïeux cévenols !…

Et nous rappellerons les strophes du mélancolique évocateur des Landes de Gascogne, Marc Varenne dont les trop rares vers publiés apportaient dans la nostalgique évocation du sol natal une note personnelle.

Et nous regrettons de ne pouvoir, étant donné le plan de cet ouvrage, signaler les poètes occitans ou bretons. Nous en connaissons comme Joseph d’Arbaud, Jaffrennou, Prosper Estieu, Antoine Perbosc, Charloun Rieu qui sont parmi les plus grands66.

Chapitre VI. Conclusions §

{p. 232}Avant de conclure, nous ne croyons pouvoir mieux faire que citer les principaux passages de la préface dont Alfred de Musset fit précéder la première édition de ses comédies et qu’il supprima dans les autres :

« Goethe dit quelque part, dans son roman de Wilhelm Meister, « qu’un ouvrage d’imagination doit être parfait, ou ne pas exister ». Si cette maxime sévère était suivie, combien peu d’ouvrages existeraient, à commencer par Wilhelm Meister lui-même !

« Cependant, en dépit de cet arrêt qu’il avait prononcé, le patriarche allemand fut le premier à donner, dans les arts, l’exemple d’une tolérance vraiment admirable. Non-seulement il s’étudiait à inspirer à ses amis un respect profond pour les œuvres des grands hommes, mais il voulait toujours qu’au lieu de se rebuter des défauts d’une production médiocre, on cherchât dans un livre, dans une {p. 233}gravure, dans le plus faible et le plus pâle essai, une étincelle de vie….

« Bien que, dans notre siècle, les livres ne soient guère que des objets de distraction, de pures superfluités, où l’agréable, ce bouffon suranné, oublie innocemment son confrère l’utile, il me semble que si je me trouvais chargé, pour une production quelconque, du difficile métier de critique, au moment où je poserais le livre pour prendre la plume, la figure vénérable de Goethe m’apparaîtrait avec sa dignité homérique et son antique bonhomie. En effet, tout homme qui écrit un livre est mû par trois raisons : premièrement, l’amour-propre, autrement dit, le désir de la gloire ; secondement, le besoin de s’occuper, et, en troisième lieu, l’intérêt pécuniaire. Selon l’âge et les circonstances, ces trois mobiles varient et prennent dans l’esprit de l’auteur la première ou la dernière place ; mais ils n’en subsistent pas moins.

« Si le désir de la gloire est le premier mobile d’un artiste, c’est un noble désir, qui ne trouve place que dans une noble organisation.

« Quelque mépris, quelque disgrâce qu’il puisse encourir, il n’en est pas moins vrai que l’artiste pauvre et ignoré vaut souvent mieux que les conquérants du monde, et qu’il y a de plus nobles cœurs sous les mansardes où l’on ne trouve que trois chaises, un lit, une table et une grisette, que dans les gémonies dorées et les abreuvoirs de l’ambition domestique.

{p. 234}« Si le besoin d’argent fait travailler pour vivre, il me semble que le triste spectacle du talent aux prises avec la faim doit tirer des larmes des yeux les plus secs.

« Si enfin un artiste obéit au mobile qu’on peut appeler le besoin naturel du travail, peut-être mérite-t-il plus que jamais l’indulgence : il n’obéit alors ni à l’ambition ni à la misère, mais il obéit à son cœur ; on pourrait croire qu’il obéit à Dieu…

« Bien que j’aie médit de la critique, je suis loin de lui contester ses droits, qu’elle a raison de maintenir, et qu’elle a même solidement établis. Tout le monde sent qu’il y aurait un parfait ridicule à venir dire aux gens : Voilà un livre que je vous offre : vous pouvez le lire et non le juger. La seule chose qu’on puisse raisonnablement demander au public, c’est de juger avec indulgence.

« On m’a reproché, par exemple, d’imiter et de m’inspirer de certains hommes et de certaines œuvres. Je réponds franchement qu’au lieu de me le reprocher on aurait dû m’en louer. Il n’en a pas été de tous les temps comme il en est du nôtre, où le plus obscur écolier jette une main de papier à la tête du lecteur, en ayant soin de l’avertir que c’est tout simplement un chef-d’œuvre. Autrefois il y avait des maîtres dans les arts, et on ne pensait pas se faire tort, quand on avait vingt-deux ans, en imitant et en étudiant les maîtres. Il y avait alors, parmi les jeunes artistes, d’immenses et respectables familles, et des milliers de mains travaillaient sans relâche à suivre les mouvements {p. 235}de la main d’un seul homme. Voler une pensée, un mot, doit être regardé comme un crime en littérature. En dépit de toutes les subtilités du monde et du bien qu’on prend où on le trouve, un plagiat n’en est pas moins un plagiat, comme un chat est un chat. Mais s’inspirer d’un maître est une action non seulement permise, mais louable, et je ne suis pas de ceux qui font un reproche à notre grand peintre Ingres de penser à Raphaël, comme Raphaël pensait à la Vierge. Oter aux jeunes gens la permission de s’inspirer, c’est refuser au génie la plus belle feuille de sa couronne, l’enthousiasme ; c’est ôter à la chanson du pâtre des montagnes le plus doux charme de son refrain, l’écho de la vallée…

« Il m’a toujours semblé qu’il y avait autant de noblesse à encourager un jeune homme, qu’il y a quelquefois de lâcheté et de bassesse à étouffer l’herbe qui pousse, surtout quand les attaques partent de gens à qui la conscience de leur talent devrait, du moins, inspirer quelque dignité et le mépris de la jalousie. »

Nous avons tenu à donner ces fragments dont la finesse et la vérité sont aujourd’hui trop oubliés des critiques et des auteurs. A. de Musset a raison entièrement et par ce qui touche à l’imagination, il pourrait voir qu’on n’a jamais plus imité qu’aujourd’hui et que ce temps passionné pour la recherche fiévreuse du nouveau n’a trouvé vraiment que cela, « l’imitation de seconde main ». — On copie ce qui n’était déjà qu’une imitation ! Châteaubriand disait :

{p. 236}« … Dans ce siècle de lumières, l’ignorance est grande. On commence par écrire sans avoir rien lu, et l’on continue ainsi toute sa vie. Les véritables gens de lettres gémissent envoyant cette nuée de jeunes auteurs qui auraient peut-être du talent s’ils avaient quelques études. Il faudrait se souvenir que Boileau lisait toujours dans l’original et que Racine savait par cœur le Sophocle et l’Euripide grecs. Dieu nous ramène au siècle des pédants ! Trente Vadius ne feront jamais autant de mal aux lettres qu’un écolier en bonnet de docteur… » (Itinéraire de Paris à Jérusalem).

Que dirait-il aujourd’hui où le succès de quelques médiocres sans culture encourage les jeunes écrivains à mépriser la lecture ! Nous avons même eu cet exemple d’un écrivain qui se vantait de ne pas lire67  !…

À ce manque de culture générale on devra tout d’abord attribuer la confusion dont on se plaint, unanimement. En ce sens, les groupements eurent leur utilité. Les symbolistes entre autres se distinguaient par une culture sérieuse, des connaissances littéraires supérieures à celles des écrivains qui les raillaient. Nous ne voulons nommer personne, mais nous conseillons à un lecteur oisif d’établir une petite statistique, après enquête, des auteurs lettrés et de ceux qui croient découvrir le monde, avant de savoir marcher. Les plus froides compositions, les plus artificielles {p. 237}compilations des lettrés sans âme, n’avaient jamais atteint la médiocrité de certains vagissements d’âmes sans lettres, que nous avons vu acclamer récemment !…

Louis Blanc voulait voir dans la Révolution et depuis lors dans la Société française, deux mouvements : l’un dérivant de Voltaire, l’autre dérivant de Rousseau. Cette théorie, quoique légèrement factice, aurait en littérature la qualité de tout éclaircir. Si l’on personnifie, en Voltaire, la Raison critique, indépendante, saine, la logique et l’ironie, l’esprit de réforme contenu dans le culte du goût, de tradition légitime et de nécessité, le respect de la langue, il deviendra facile d’identifier Rousseau à cet esprit de révolte, d’instinct brutal, de mépris pour la forme, de lyrisme hors de propos, d’orgueil maladroit qui semble nous dominer aujourd’hui. Le Romantisme est né de Rousseau, la Renaissance classique peut se réclamer de Voltaire. Ajoutez au lyrisme de Rousseau, tout le génie de Châteaubriand qui, lui, a fait le xixe siècle littéraire. Faites aboutir Voltaire à Mérimée, vous aurez le dessin général de ces deux tendances — s’il se peut dire.

Malheureusement pour le génie français, la victoire est trop souvent restée au Genevois. On essaie de réagir. Pour dominer et réduire l’instinct, c’est-à-dire la Révolution, il fallait revenir à l’école du passé. Depuis qu’il est à nouveau question de Renaissance Latine ou Grecque, on a oublié ceux qui {p. 238}les premiers l’avaient préconisée comme le remède sauveur, la panacée infaillible des lettres françaises. Qu’on y songe cependant, ce n’est point seulement un programme littéraire, c’est encore une politique et une sociologie. Castelar, aux Cortès, le lendemain de l’incident des Carolines et dans sa célèbre prosopopée à Rome en développe les moyens et le but. Pour la France, M. de Tourtoulon, Maffre de Baugé et d’autres que nous avons nommés déjà dans une autre partie de cet ouvrage précisèrent la doctrine fédéraliste qui devait présider à l’avènement de la raison latine, victorieuse de l’instinct Révolutionnaire : M. Jean Carrère s’écrie :

« Peut-être que demain l’âme hellène, venue à nous par les flots qui baignent Marseille, réveillant au passage les mânes assoupis des vieux consuls d’Arles, et définitivement épanouie dans la maison blanche de Maillane, aux pieds du Parnasse resplendissant des Alpilles, va remplir de nouveau l’Europe rajeunie pour la plus grande joie du monde et le relèvement des nobles esprits » (Revue Encyclopédique, 31 juillet 1897).

Cette première renaissance latine se voulait essentiellement méridionale, ne l’oublions point. Celle de M. Louis Bertrand est plus générale :

« Cependant nous devons tenir compte de ce qui est. Nous ne pouvons, du jour au lendemain, faire table rase du présent, où d’ailleurs le bon grain foisonne à côté de l’ivraie. Nous ne renierons donc aucun des excellents ouvriers qui nous ont précédés. {p. 239}Bien plus, nous ne lancerons l’anathème contre personne, pas même contre ceux qui nous ont le plus égarés, sachant, hélas ! combien l’erreur est séduisante et facile. Nous ne rejetterons rien des vraies richesses, ni des conquêtes définitives de nos devanciers. Seulement nous prétendons mettre leurs fautes à profit. Nous nous défierons de leur exotisme autant que de leur cosmopolitisme, pour en avoir été empoisonnés jusqu’aux moelles. Nous repousserons les philtres de la sirène étrangère, et nous n’imiterons pas l’imprudent Ulysse, qui but dans la coupe de l’enchanteresse l’oubli de la patrie et du foyer domestique… Nous prendrons pour modèle l’humble effort de l’arbre qui, tout entier concentré dans l’élaboration des sèves, envoie ses racines les plus profondes comme ses branches les plus hautes à la poursuite de toutes les nourritures qui fructifieront sous son écorce. Et ainsi, attentifs à ne rien mutiler de ce qui vit autour de nous et qui peut servir à notre vie propre, nous pourrons atteindre à une compréhension plus large et plus personnelle des choses, comme à un art plus plastique, plus directement modelé sur la nature vivante ; et après tant de courses vagabondes hors des frontières, tant d’excursions dans tous les domaines défendus, y compris ceux de la chimère et de la folie, nous pourrons enfin nous rasseoir chez nous et inaugurer un mouvement qui sera vraiment un retour à la tradition française comme à la réalité humaine. »

{p. 240}C’est sur ces mots que nous voudrions finir. Ils sont assez nobles pour satisfaire tous les esprits libres. Ce faisant, nous n’aurions point conclu cependant.

En présentant ici l’effort de la jeune littérature au cours de ces dix dernières années, nous avons voulu éviter surtout, avant tout, de faire œuvre de polémistes. Les tendances générales nous semblent être : Le retour à la simplicité, à la tradition française qui compte autant avec l’avenir qu’avec le passé, au respect des formes syntaxiques ; l’abandon presque complet du vers-libre qui a pourtant donné de beaux poèmes ; le dédain des émotions factices ; le souci du fait social sans toutefois lui laisser la prédominance ; la Renaissance de la critique. De tous les genres, le théâtre nous paraît celui qui s’est le plus abaissé parce qu’il est celui que l’argent a le plus rapidement vaincu.

Nous avons essayé d’être aussi concis et aussi complets que possible. Nous avons voulu faire de ce livre surtout un document. Certes nous n’ignorons pas qu’il comporte des lacunes involontaires. Nous les comblerons. Mais, si tel qu’il est, il parvient à révéler des noms nouveaux à nos lecteurs, à piquer la curiosité du public, à l’inciter à connaître mieux cette Nouvelle littérature dont on lui parle tant et qu’il ignore, nous serons largement payés de nos peines.

Fin.

Troisième partie. Dictionnaire §

Dictionnaire bibliographique des principaux écrivains de la nouvelle littérature §

{p. 243}N. B. — Malgré notre insistance, un certain nombre d’auteurs ont omis de nous donner les renseignements demandés, et, pour d’autres, nous n’avons pu réussir à les trouver nous-mêmes. En outre, ce travail de biobibliographie a été déjà fait pour un certain nombre d’écrivains. Il devenait superflu de refaire ou de reprendre cette tâche, qui a été d’ailleurs menée à bien par MM. Ad. van Bever A.-M. Gossez, A. Grimaud, l’éditeur Sansot, etc…

{p. 244}Les travaux généraux qui existent déjà sont :

 

I. — Les Poètes d’Aujourd’hui par Ad. Van Bever et Paul Léautaud (12e éd.) « Société du Mercure de France » 1905, in-18 (Morceaux choisis accompagnés de notes biographiques et d’un essai de bibliographie). Ce volume contient trente-trois noms :

Henri Barbusse.

Henri Bataille.

Tristan Corbière.

A. Fontainas.

Paul Fort.

R. Ghil.

F. Gregh.

Charles Guérin

A. F. Hérold.

Francis Jammes.

Gustave Kahn.

Jules Laforgue.

Raymond de la Tailhède.

Pierre Louÿs.

Maurice Maeterlinck.

Maurice Magre.

Stéphane Mallarmé.

Camille Mauclair.

Stuart Merrill.

Ephraïm Mikhaël.

Robert de Montesquiou.

Jean Moréas.

Pierre Quillard.

Henri de Régnier.

Ad. Retté.

Art. Rimbaud.

Rodenbach.

Albert Samain.

E. Signoret.

L. Tailhade.

Paul Valéry.

Verlaine.

F. Vielé-Griffin.

 

II. — A.-M. Gossez : Poètes du Nord, 1880-1902. Morceaux choisis accompagnés d’un essai bio-biblio-iconographie, Ollendorff, 1902 (2e édition), in-18. Ce recueil contient 31 noms.

{p. 245}Aug. Angellier.

Léon Bocquet.

Jules Breton.

G. CHarpentier.

R. M. Clerfeyt.

J. Dagnaux.

F. Delattre.

H. Delisle.

A. Dorchain.

Ch. Droulers.

Édouard Dubus.

Édouard Ducoté.

F. de France.

René Ghil.

André de Guerne.

G. Houbron.

A. Lacuzon.

A. Lantoine.

Ph. Lebesgue.

J. Leclercq.

S. Ch. Leconte.

Henri Malo.

P. A. Massy

G. Mouquet.

H. Potez.

P. N. Roinard.

Albert Samain.

Achille Segard.

P. Turpin.

Th. Varlet.

 

III. — Remy de Gourmont : Le Livre des Masques, deux volumes. Société du Mercure de France 1896-1898, in-18. Gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui (les masques dessinés par Vallotton).

Tome I (30 masques) : Maurice Maeterlinck, Émile Verhaeren, Henri de Régnier, Francis Vielé-Griffin, Mallarmé, Albert Samain, Pierre Quillard, A. F. Hérold, A. Retté, Villiers de l’Isle-Adam, Laurent Tailhade, Jules Renard, Louis Dumur, Georges Eekhoud, Paul Adam, Lautréamont, t. Corbière, {p. 246}A. Rimbaud, F. Poictevin, Pierre Louÿs, Rachilde, J. K. Huysmans, Jules Laforgue, Jean Moréas, Stuart Merrill, Saint-Pol-Roux, Robert de Montesquiou, Gustave Kahn, Verlaine.

Tome II (23 masques) : Francis Jammes, Paul Fort, Hugues Rebell, F. Fénéon, Léon Bloy, Jean Lorrain, Éd. Dujardin, Maurice Barrès, Camille Mauclair, Victor Charbonnel, Alfred Vallette, Max. Elskamp, Henri Mazel, Marcel Schwob, Paul Claudel, René Ghil, André Fontainas, J. Rictus, Henri Bataille, Ephraïm Mikhaël, G. A. Aurier, les Goncourt, E. Hello.

 

IV. — André Beaunier : La Poésie Nouvelle. Société du Mercure de France, 1902, in-18 (onze études) : Arthur Rimbaud, Jules Laforgue, Gustave Κahn, Jean Moréas, Émile Verhaeren, Henri de Régnier, Maurice Maeterlinck, Stuart Merrill, Francis Jammes, Paul Fort, Max Elskamp.

 

V. — Vigié-Lecocq. La Poésie Contemporaine (1884-1896). Société du Mercure de France, 1897.

 

VI. — Les biographies qui forment la collection Les Célébrités d’aujourd’hui, librairie E. Sansot et Cie, sont accompagnées de bibliographies dues pour la plupart à la patience intelligente de M. Ad. van Bever. Ce sont des documents d’une sûreté absolue :

{p. 247}Ont paru format in-18 (illustrations et autographes)

Paul Adam, par Marcel Batilliat.

Octave Mirbeau, par Edmond Pilon.

Remy de Gourmont, par Pierre de Querlon.

Frédéric Nietzsche, par Henri Albert.

Maurice Donnay, par Roger Le Brun.

Jules Lemaître, par E. Sansot-Orland.

Judith Gautier, par Remy de Gourmont.

Camille Lemonnier, par L. Bazalgette.

Émile Faguet, par Alphonse Séché.

Anatole France, par Roger Le Brun.

Henri de Régnier, par Paul Léautaud.

Alfred Capus, par Édouard Quet.

Willy, par Henry Albert.

Paul Bourget, par Georges Grappe.

Péladan, par René-Georges Aubrun.

Pierre Louÿs, par Ernest Gaubert.

M. Maeterlinck, par Ad. van Bever.

Marcel Prévost, par Jules Bertaut.

F. Brunetière, par L.-R. Richard.

F. de Curel, par Roger Le Brun.

Jean Lorrain, par Ernest Gaubert

Jean Moréas, par Jean de Gourmont.

Paul et Victor Margueritte, par Ed. Pilon.

Henry Houssaye, par E. Sonolet.

Camille Mauclair, par G.-Jean Aubry.

Édouard Rod, par Firmin Roz.

Henri Bordeaux, par Amédée Britsch.

François Coppée, par Ernest Gaubert.

 

{p. 248}VII. — Albert Grimaud. La Race et le Terroir. Anthologie des Poètes du Clocher. Mouvement Littéraire Provincial. Cahors, Petite Bibliothèque Provinciale, 1903. 1 fort vol. in-8º. (Ce recueil renferme des fragments et des notices concernant environ 120 poètes, nouveaux pour la plupart).

Bibliographie générale §

{p. 249}N. B. — Nous ne mentionnons point, en détail, nous bornant à y renvoyer le lecteur, les articles des critiques suivants :

 

Μme Rachilde. Les Romans. Au Mercure de France (1896-1906).

Charles Maurras. Chronique Littéraire La Gazette de France, et Littérature, Revue Encyclopédique (1896-1900).

André Beaunier. Les Livres. Revue bleue (1898 1900).

Henry Bordeaux. Les Écrivains et les Mœurs. 2 vol. 1900 et 1901, Plon-Nourrit, in-18.

J. Ernest-Charles. La Vie Littéraire. Revue bleue (1902-1906).

Georges Casella. Chronique Littéraire. Revue illustrée (1903-1906).

Ernest Gaubert. Parizska kronika. Moderni Revue. Prague (1899-1900).

Henry Ghéon, Critique des livres. Ermitage (1896-1906).

 

{p. 250}Catulle Mendès. Rapport à M. le Ministre de l’instruction publique sur le mouvement poétique français de 1867 à 1900. Paris, Fasquelle, 1903, in-8º.

 

Index :

Les Livres68 : Anonyme. Les Petites Revues. Essai de bibliographie. Préface de R. de Gourmont. Soc. du Mercure de France, 1900, in-8º. — Victor Charbonnel : Les Mystiques dans la Littérature Présente. Soc. du Mercure de France, 1897. — Remy de Gourmont. Promenades Littéraires. Promenades Philosophiques, 2 vol. Soc. du Mercure de France, 1904, 1905. — Lucien Muhlfeld. Le monde où l’on imprime, Perrin, 1897. — G. Pellissier. Études de Littérature Contemporaine, Perrin, 1898. — Charles Maurras. L’Avenir de l’Intelligence, Fontemoing, 1905. — Robert de Souza : La Poésie Populaire et le Lyrisme sentimental. Mercure de France, 1899. — J. Ernest-Charles : Les Samedis Littéraires, Perrin, (1re et 2e série), 1903, 1904. Sansot et Cie (3e et 4e série), 1905-1906. — Camille Mauclair : L’Art en Silence. Ollendorff. — A. Mockel : Propos de Littérature. Art Indépendant, 1894. — Emmanuel Sl. Z. Lesehradu. Ideje a Profily, Prague, Weinfurt, 1903, in-16. — E. Sl. Z. Lesehradu. Moderni lyrika Fran-couzska (1860-190). Makladem, J. Otty, Prague, 1902, in-12.

Périodiques :

{p. 251}Ernest Gaubert et Georges Casella. La Nouvelle Littérature. Revue Illustrée, 15 avril, 1er mai 1903 : (Portraits de MM. Ch. Guérin, Louis Payen, Maurice Magre, Marcel Boulenger, Binet Valmer, Ad. van Bever, St G. de Bouhélier, Léo Larguier, les frères Leblond, Mmes Myriam Harry, Lucie Delarue-Mardrus, Nicolette Hennique, Yvonne Vernon ; Une réunion d’artistes au Mercure de France ; Les rédacteurs de l’Ermitage, etc.). — Ernest Gaubert. Liternarni mladez ne Francii. Moderni-Zivot, 1902. — Ernest Gaubert : Nejmladsi Dorost Francouské Literatury. Moderni-Revue, Prague, Duben, 1899 : — Ernest Gaubert. La Jeune Littérature Provinciale. Revue Universelle Larousse, 1er septembre 1905. — Louis Dumur : De Nykomma iden Franska litteraturen « Ord och Bild » octobre 1898. Stokholm — X… Convivium, nº spécial de Moderni-Revue, Prague, 1900 (traductions de jeunes poètes français).

Ad. van Bever : Notes pour servir à l’histoire de la Poésie contemporaine : Les origines du Symbolisme (publié en français), Flegrea (Naples), 5 et 20 mars 1901. — R. de Gourmont : La Poésie française contemporaine et l’influence étrangère (publié en français) Flegrea (Naples), 20 octobre 1900. — G. Kahn : Les Origines du Symbolisme, Revue Blanche, 1er novembre 1901 (article assez curieux, mais rempli d’erreurs). — A. Mockel : Lettres françaises {p. 252}en Belgique, Revue Encyclopédique, 24 juillet 1897.

A. Retté. L’État présent de la Littérature. Mercure de France 1er novembre 1905. — Ph. Berthelot : Symbolisme, Grande Encyclopédie, 741e livraison. — F. Vielé-Griffin : La poétique nouvelle, Mercure de France, avril 1895. — F. Vielé-Griffin : Le Mouvement poétique, Mercure de France, avril 1898. — F. Vielé-Griffin : La Désespérance du Parnasse, Mercure de France, mars 1899. — F. Vielé-Griffin : Causerie sur le vers libre et la Tradition, Ermitage, août 1899. — E. Vigié-Lecocq : L’Amour dans la poésie contemporaine, Mercure de France, janvier 1897. — E. Reynaud. L’École Romane Française, Mercure de France, mai 1895. — Henri Ghéon, Les Lettres d’Angèle. L’Ermitage, 1899. — André Gide, Les Lettres à Angèle, id., id.

Les Hommes d’Aujourd’hui, notices biographiques de quatre pages in-4º. Léon Vanier, 1896-1898.

Dictionnaire bibliographique §

{p. 253}Abadie (Michel), né le 10 septembre 1866 à Ayzac-Ost (Hautes-Pyrénées).

Œuvres. — Pécats dé Youenesso, 1887 (h. c.). — Le Mendieur d’azur, 1888 (h. c.). — Sanglots d’Extase, Léon Vanier, 1891. — Le Pain qu’on pleure, biblioth. de l’Association, 1895. — Les Voix de la Montagne, « La Plume », 1897. — L’Hymen de la Forêt, 1898 (h. c.). — L’Angélus des Sentes, bibl. de l’Association, 1901.

À consulter. — Jean Dayros, Michel Abadie et Signoret. Ermitage, 1896, tome 1, page 171.

Collaboration. — La Plume, La Revue Naturiste, La Revue Sentimentale, La Revue Provinciale.

À consulter. — C. Mendès, Rapport à M. le Ministre de l’instruction Publique sur la Poésie française de 1867 à 1900. E. Fasquelle, 1903, in-8º. — Anthologie des Instituteurs poètes. F. Clerget.

 

Acker (Paul), né à Saverne (Alsace), en septembre 1875.

Œuvres. — Dispensé de l’article 23, roman, Simonis Empis, in-18, 1898. — Humour et Humouristes, essais, Simonis Empis, in-18, 1899. — Un Amant de Cœur, roman, Simonis Empis, in-18, 1903. — Petites Confessions (2 vol.), in-18, Fontemoing, 1903, 1904. — La Petite Madame de Thianges, roman. Calmann-Lévy, 1906.

Collaboration. — Écho de Paris, Gaulois, Revue Bleue, Renaissance Latine, L’Art du Théâtre.

 

Albert (Henri), né à Niederbronn (Alsace) le 16 nov. 1869.

Œuvres : traductions et commentaires de l’œuvre de Frédéric Nietzsche. — Les Dangers du Moralisme, in-18. Édition du Centaure, 1897. — Frédéric Nietzsche, essai bibliographique, in-18, Sansot et Cie·, 1903.

Collaboration : Le Centaure (fondat). — Mercure de France·Renaissance Latine. Le Messager d’Alsace-Lorraine. — Le Journal des Débats. Litterarisches Écho. Pan. —    Neue deutsche Runschau.

 

{p. 254}Allard (Roger-Charles Félix), né à Paris le 22 janvier 1885.

Œuvres. — La Féerie des Heures, poèmes, J. Tallandier, Paris, 1903, in-8º carré. — La Divine Aventure, poèmes, Le Beffroi, Lille, 1905, in-18. — Les Noces de Léda, épisode, Le Beffroi, Lille, 1905, in-8º.

Collaboration. — Le Progrès du Nord, le Recueil du Nord, le Beffroi, etc…

À consulter. — Léon Bocquet. Un Poète nouveau, Le Beffroi, mars 1903.

 

Aubry (Jean-G.), né à Paris le 13 août 1882.

Œuvres. — Les Mains d’ombre et de Lumière, librair. artist. Le Havre, pet, in-8·, 1902. — Essai sur Jules Tellier avec préf. de F. de Miomandre, in-18 carré. Sansot et Cie 1904. — Camille Mauclair, bio-bibliogr. Sansot et Cie, 1905, in-18.

Collaboration. — La Plume, La Province, Anthologie Revue, Art Décoratif, Les Arts de la Vie, etc.

 

Austruy (Henri), né à Âgen le 5 juillet 1871.

Œuvres. — L’Eupantophone, roman. Flammarion, 1905, in-18. — L’Ère Petitpaon, roman. L. Michaud, 1906, in-18.

Collaboration. — Nouvelle Revue (crit. dram. contes et nouvelles). — Revue Hebdomadaire.

 

Barbusse (Henri), né le 17 mai 1874 à Asnières (Seine).

Les œuvres. — Pleureuses, poésies, Fasquelle, 1895, in-18. — Les Suppliants, roman, Fasquelle, 1904, in-18.

À consulter, — F. Coppée : Mon franc-parler, 4e série, Paris, Lemerre, 1896. — A. Van Bever et Paul Léautaud : Poètes d’Aujourd’hui, Anthologie et notice bio-bibliographiques. Soc. du Mercure de France, 1900, in-18. — H. Chantavoine : Poètes et poésies, Journal des Débats, 21 novembre 1895. — G. Mendès : Henri Barbusse, Écho de Paris, 30 avril 1895. — L. Muhlfeld : Chronique de la littérature, Revue blanche, 1er juin 1895. — P. Quillard : Henri Barbusse, Mercure de France, août 1895.

 

{p. 255}Bataille (Henri de Bataille, Henry), né à Nîmes, le 4 avril 1872.

Œuvres. — La Belle au Bois-Dormant, féerie lyrique, en 3 actes, en collaboration avec M. Robert d’Humières (non publiée) représentée sur la scène du Théâtre de l’Œuvre en 1894. — La Chambre blanche, poésies. Paris, Soc. du Mercure de France, 1895, in-18. — Ton Sang, précédé de La Lépreuse, théâtre, Paris, Soc. du Mercure de France, 1897, in-18, — L’Enchantement, comédie dramatique en 4 actes, jouée à l’Odéon en 1900. — Têtes et Pensées (Portraits de Tristan Bernard, Alfred Capus, Jules Case, Maurice Donnay, Paul Fort, André Gide, Gustave Kahn, Jean Lorrain, Pierre Louÿs, Octave Mirebeau, Robert de Montesquiou, Catulle Mendès, Lucien Muhlfeld, André Picard, Henri de Régnier, Jules Renard, Georges Rodenbach, Edmond Sée, Jean de Tinan, Pierre Valdagne, Fernand Vandérem, Willy). Paris, Ollendorff, 1901. — Le Masque, comédie en quatre actes (Vaudeville, 1902). — Résurrection, drame en cinq actes, adapté de Léon Tolstoï (Odéon, 14 nov. 1902, Porte Saint-Martin, 25 janvier 1905), Fasquelle, 1905, in-18. — Le Beau Voyage, poésies, avec un portrait de l’auteur par lui-même, Fasquelle, 1904, in-18. — Maman Colibri comédie, en 4 actes (Vaudeville, 1904), Fasquelle, 1905, in-18. (Ce volume contient aussi l’Enchantement). — La Marche Nuptiale, comédie (Vaudeville), 1905, E. Fasquelle, in-18, 1906. (Ce volume contient aussi Le Masque).

À consulter. — A. Van Bever et Paul Léautaud : Poètes d’Aujourd’hui, Mercure de France, 1900. — R. de Gourmont : Le IIe livre des Masques, Paris, Soc. du Mercure de France, 1898. — Ernest Gaubert, Les Récents Poètes mystiques et Païens, Anthologie-Revue, août 1904. — J. Lemaître : Impressions de théâtre, 10e série, Paris, Lecène et Oudin, 1898. — Catulle Mendès : L’Art au Théâtre. — R. de Souza : La Poésie populaire et le lyrisme sentimental, Paris, Soc. du Mercure de France, 1899.

Iconographie : F. Vallotton : Masque, dans le IIe livre des Masques, de R. de Gourmont, Paris, Soc. du Mercure de France, 1898.

 

Batilliat (Marcel), né le 19 novembre 1871, à Lyon.

{p. 256}Œuvres. — Chair mystique, roman, 1897. — La Beauté, roman, 1900. — Versailles aux Fantômes, roman, 1992. — La Joie, roman, 1905. — (Ces quatre vol. aux éditions du Mercure de France, in-18). — Paul Adam, biographie, Sansot et Cie 1903.

En préparation. — Une série de romans sous le titre général : La Règle de l’Action.

Collaboration. — Mercure de France, Femina, La Plume, etc.

À consulter. — E. Ledrain. Chronique. Nouvelle Revue, 2 janvier 1897.

 

Bauquier (Henri), né à Nîmes, en 1873.

Œuvres. — Croquis et Réflexions. Clerget, 1898, in-16. < — Contes Âmers, Clerget, 1900, in-18. — Le Droit du Mari, 1 acte (Théâtre municipal de Montpellier, mars 1900, H.C. in-18, 1900). — Quelques Souvenirs, poésies (h. c.). — Quelques Poètes de l’Hérault, essai de critique. J. Fabre, Béziers, 1900.

 

Bertaut (Jules), né à Bourges (Cher), en 1877.

Œuvres. — Marcel Prévost. Essai. Sansot et Cie, 1904, in-18. — Pensées de Stendhal, choisies et annotées, Sansot et Cie·, 1905, in-18. — Chroniqueurs et Polémistes, Sansot et Cie, 1906, in-18.

Collaboration : Événement, Cri de Paris, Revue Bleue, Nouvelle Revue, Revue Hebdomadaire.

 

Beaunier (André), né à Évreux (Eure), le 22 septembre 1869.

Œuvres. — Les Dupont-Le·Terrier, roman, in-18, 1900. Notes sur la Russie, in-18, 1900. — Bonshommes de Paris, in-18, 1901. — La Poésie Nouvelle, in-18, Soc. du Mercure de France, 1902. — Les trois Legrand, in-18, 1903. — Picrate et Siméon, roman, in-18, 1904, — Le Roi Tobol, roman, in-18, 1905 (Ces trois derniers vol. chez Fasquelle, éd.).

Collaboration. — Figaro, Revue de Paris, Journal des Débats »

 

{p. 257}Bever (Adolphe van), né à Paris le 25 décembre 1871.

Œuvres. — Méditation sentimentale sur Desbordes-Valmore. Bibl. de l’Association, 1807, in-8º. — Contes de Poupées Bibl. de l’Assoc. in-16, carré, 1897. — Poètes d’Aujourd’hui, 1880 — 1900 (en coll. avec P. Léautaud), Soc. du Mercure de France, 1900, in-18. — Un Conteur florentin du xvie siècle. Anton Francesco Grazzini, dit le Lasca (en coll. avec E. Sansot-Orland). Leclerc, 1903, in-8º. — Antonio Francesco Doni (en coll. avec E. Sansot-Orland). Biblioth. Internationale d’édition, 1903, in-18. — Les Poètes Satyriques des xvie et xviie siècles, Sansot et Cie, 1903, in-18. — L’Honnête Dame et le Philosophe, nouvelle trad., trad. de Nicollo Granucci avec notice sur l’auteur (en coll. avec E. Sansot-Orland), Sansot et Cie, 1903, in-18. — Œuvres Galantes des Conteurs Italiens, xive, xve, xvie siècles (en coll. avec E. Sansot-Orland), 2 vol. 1903 et 1904. Soc. du Mercure de France, in-18. — Les Conteurs Libertins du xviiie siècle, 2 vol. Sansot et Cie, 1904 et 1905, in-18. — Maurice Maeterlinck, biographie, Sansot et Cie, 1904, in-18. — Les Gaillardises du sieur de Montgaillard, dauphinois, Sansot et Cie, 1903, in-18. — Œuvres choisies d’Agrippa d’Aubigné (édition critique), Sansot et Cie, 1905, in-18. — Bibliographie d’Agrippa d’Aubigné, etc., Soc. du Protestantisme français, 1905, in-8º. — Œuvres poétiques du sieur de Dalibray, etc., Sansot, 1906, in-18. — Rondeaux galants et satyriques du xviie siècle, Sansot, 1906. — Le Livret de folastries de Pierre de Ronsart, etc., Mercure de France, 1906, in-18. — Un poète ignoré du xvie siècle : Annibal d’Ortigue, « La Renaissance », 1906. in-8º, etc., etc.

(On doit, en outre à M. van Bever, les bibliographies de la plupart des brochures de la collection « Les Célébrités d’Aujourd’hui ».

Collaboration. — Le Progrès artistique, Programmes de l’Œuvre, La Famille, Gil Blas illustré, L’Aube, Lutèce, L’Écho de la Semaine, Samtiden, Flegrea, Mercure de France, Ermitage, Revue Blanche, Viessy, (La Balance) Revue d’Italie, Stuzka. La Plume, Revue de la Renaissance, Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme français, Bulletin du Bibliophile, Revue Biblio-Iconographique, etc., etc. (M. van Bever a en outre contribué à la création du théâtre de « l’Œuvre », fondé le théâtre des Latins et organisé le Salon d’Automne).

{p. 258}À consulter. — X. L’actualité, une représentation de la Mandragore., L’Éclair, 1er avril 1902. — (Eugène Demolder). Les Latins. Art moderne, 2 février 1902. — Jean de la Hire. Ad. van Bever, Gil Blas, 20 mai 1902. — Serge Basset. Le Théâtre des Latins, Figaro, 2 janvier 1902. — Georges Casella. Chronique Littéraire. Revue Illustrée, 1er août 1904.

Iconographie : Mme Ad. van Bever. Miniatures, Société des Artistes Français, 1898. Salon d’Automne, 1904. — G. Mita, Portrait, sanguine, 1897 (app. à M. Ad. B.) — Photographies : Revue Illustrée, 1er août 1904 — 1er mai 1905.

 

Bocquet (Léon), né à Marquillées (Nord) le 11 août 1876.

Œuvres. — Les Sensations, poésies, Paris, Vanier, 1897. — Un Mariage manqué, conte, Paris, Éd. de la Tradition, 1900. Flandre, poésies, Paris, En la maison des Poètes, 1901, — L’imagier André Des Gâchons, illustr. Lille. Le Beffroi, 1903. — La banale histoire, Lille, le Beffroi, 1902. — Albert Samain étude. Mercure de France, préface de Francis Jammes. 1905 in-18. — Les Cygnes Noirs, poésies, id., in-18, 1906.

Collaboration. — Le Beffroi (fond.), Mercure de France, Revue Encyclopédique, Revue Dorée, Ermitage. L’Écho du Nord, etc.

À consulter. — Abbé C. Lecigne : Un jeune poète de chez nous, Léon Bocquet, Arras-Paris. Sueur-Charruey, 1901. — Ch. d’Avone ; Un Livre par semaine, La Croix, 16 février 1898. — A.-M. Gossez : Léon Bocquet, Le Beffroi, mars 1901. — D. de Venancourt : Le Mouvement poétique contemporain., Le Penseur, 10 mai 1901. — H. Potez : Un recueil de poésies septentrionales, Journal de Douai, 19 mai 1901. — M. Th. Cussac : La « Flandre » et son poète dernier venu, Léon Bocquet, Le Progrès du Nord, 26 juillet 1901. — V. Delaporte, Poètes, poèmes et poésie. Les études religieuses, 20 octobre 1901. — Ch. Le Goffic : Le Mouvement littéraire, Revue Universelle, 16 novembre 1901. — A. Lacuzon, Les Poètes et la poésie, La revue septentrionale, décembre 1901. — A.-M. Gossez : Les Poètes du Nord. Anthologie et notices bio-bibliographiques Ollendorff, 1903, in-18.

{p. 259}Iconographie. — Louis de Gonzalès : Léon Bocquet, fusain, appartient au poète.

 

Binet-Valmer (Gustave), né à Genève le 5 juin 1875.

Œuvres. — Le Sphinx de Plâtre, roman. Soc. du Mercure de France, in-18, 1900. — Le Gamin Tendre, id., 1902.

Collaboration. — Revue de Paris. Mercure de France, Renaissance. Latine (fondat.)

 

Boissière (Albert), né à Phiberville le 26 janvier 1866.

Œuvres. — L’Illusoire aventure, poésies, La Plume, 1897, in-16. — Les Magloire, roman. E. Fasquelle, 1899, in-18. — Le Peintre J. L. Rame, Gentil, 1900, in-8º. — Expositions, Gentil, 1900, in-18. — Aquarelles d’Âme, poésies. Maison d’Art, 1901, in-8º. — Une Garce, roman. Fasquelle, 1900, in-18. — Les Trois fleurons de la Couronne, id. 1900. — M. Duplessis veuf, roman. Maison d’Art, 1901, in-18 — Les Chiens de Faïence, roman. E. Fasquelle, 1902, in-18. — Les Tributaires, id., id., 1903. — La Tragique aventure du Mime Properce, id., 1904. — Joies Conjugales, id., id., 1905. — Clara Bill, danseuse, id., id., 1905. — Jolie, id., id., 1906.

Collaboration. — La Vogue, La Plume, Le Matin, Le Journal, Le Figaro, L’Écho de Paris.

À consulter. — Henri Mazel : Le Poète Boissière, La Plume, 1898. — Henri Degron : Albert Boissière, La Vogue, 1900.

 

Boissy (Gabriel), né le 26 février 1879 à Le Lonzac (Corrèze).

En préparation. — L’Esthétique à Ambrosia. — L’Esthétique de l’interprétation théâtrale. — L’Amour dans les Ruines.

Collaboration. — La Chronique, Mercure de France, Les Arts de la Vie, — Revue Théâtrale, L’Europe Artiste, etc…

 

Boschot (Adolphe), né le 4 mai 1871 à Fontenay-sous-Bois (Seine).

Œuvres. — Rênes Bleues. Lacomble, Bruxelles, 1895, in-18. —  {p. 260}Pierre Rovert, roman, Perrin, 1896, in-18. — La Crise Poétique, Perrin, 1897. — Poèmes Dialogués, Perrin, 1901, in-18. — La Réforme Prosodique, (H. C). 1902. (Tirage à part de la Revue de Paris). — Un Romantique au xixe siècle, Hector Berlioz, Perrin, 1906, in-18.

Collaboration. — Revue de Paris. Revue Bleue. Revue d’Art dramatique. Revue Hebdomadaire. Les Poèmes.

À consulter. — Sully-Prudhomme. Testament Poétique. A. Lemerre, in-8º. — Émile Faguet. La Vie Littéraire, Revue Bleue, 18 mai 1901.

 

Bouchaud (Pierre de), né à Chasselay (Rhône), le 24 octobre 1866.

Œuvres. — Claudius Popelin, essai in-8, 1887. — Rythmes et Nombres, poèmes 1895, in-18. — Les Mirages, in-18, 1899. — Le Recueil de Souvenirs, poèmes, 1899, in-8e. — Sur les chemins de la Vie, 1897, in-18. — Vie Manquée, 1896, in-18. — Histoire d’un Baiser, 1898. — La Pastorale dans le Tasse, 1899. — La sculpture à Sienne, 1900. — La Sculpture à Rome, 1900. — Michel-Ange à Rome, 1901. — Raphaël à Rome, 1902. — Benvenuto Cellini, 1903. — Les Successeurs de Donatello, 1904. — Naples, son site, son histoire, sa sculpture, 1905. — Jean de Bologne, 1906. (Tous ces volumes sont édités par A. Lemerre). — Pierre de Nolhac, essai, Bouillon, 1896, in-8º. — Considérations sur quelques écoles poétiques, etc. Bouillon, 1904, in-18. — Étapes Italiennes. Sansot et Cie, in-12, cour. 1905.

Collaboration. — Revue des Revues, Revue Bleue, Mercure de France, etc…

 

Bouhélier (Saint-Georges de), né en 1879.

Œuvres. — L’Hiver en Méditation ou Les Passe-Temps de Clarisse, Société du Mercure de France, in-12, 1897. — Églé ou Les Concerts Champêtres. — La route Noire. — La Tragédie du Nouveau Christ. — Les Chants de la Vie ardente. — Histoire de Lucie, fille perdue et criminelle. — Julia ou Les Relations amoureuses. — Des Passions de l’Amour. Tous ces volumes in-18, E. Fasquelle.

{p. 261}Colllaboration. — Le Journal, Figaro, L’Événement, La Plume, etc…

À consulter. — Laurent Tailhade : La Genèse d’un Héros, Écho de Paris, nov. 1896. — Charles Maurras : St-Georges de B., Revue Encyclopédique, 12 déc. 1896. — Ch. Formentin : Un apôtre, La Presse, 13 janvier 1897. — Maurice Le Blond : Essai sur le Naturisme, Mercure de France, in-16, 1896. — Numéro spécial de La Plume consacré au Naturisme de S.-G. de B., 1er nov. 1897. — Louis Lumet : S-G. de B., Enclos, 1897. — Revue Naturiste, Le Banquet Bouhélier (nº spécial avec le discours de G. Charpentier, 15 mai 1901. — Revista Naturista (nº spécial à S.-G. de B.), 1901. — G. Stiegler : S.-G. de B., Écho de Paris, 22 février 1901. — Catulle Mendès : Rapport sur le Mouvement poétique, Fasquelle, in-8º, 1902. — Maurice Le Blond : Un Poète de la Sensibilité, Revue des Revues, 1905. — E. Montfort : Exposé du Naturisme, La Lutte, Bruxelles, 1898. — F. Sarcey : Chronique, Le Temps, 27 juin et 4 juillet 1898. — M. des Ombiaux : S.-G. de B., Art Moderne, 17 mai 1901.

 

Boulenger (Jacques), né à Paris en septembre 1879.

Œuvres. — Les Protestants à Nîmes au temps de l’Édit de Nantes, Fischbacher, 1903, in-8º. — Réédition de Pantagruel, (de Lyon-Juste. 1533). Champion, 1904, in-8º, en coll. avec P. Barbeau et H. Paty. — Comptes de Louise de Savoie et de Marguerite d’Angoulême (en coll. avec Abel Lefranc). Champion, 1905, in-8º. — Quelques plaquettes sur Rabelais.

Collaboration. — Revue des Études Rabelaisiennes. Revue Critique. La Presse, Revue Sportive (escrime).

 

Boulenger (Marcel), né à Paris en 1878.

Œuvres. — La Femme Baroque, roman Lecène et Oudin, 1898, in-12. — Le Page, Revue Blanche, 1900 in-12. — La Croix de Malte, Revue Blanche, 1903, in-12. — Couplées· Ollendorff, 1903 in-12. — Au pays de Sylvie, nouvelles, 0llendorf, 1904 in-12. — Les Quatre maladies du Style. La Chronique des livres, plaq. in-8, 1904. — La Querelle de l’Orthographe. Sansot et Cie·, 1906, in-12. — Quarante Escrimeurs, plaq.

{p. 262}Collaboration. — Écho de Paris, Petit Bleu, Gil Blas, Auto, Revue Bleue, Femina, Cri de Paris, Chronique des livres, Revue de Paris, etc…

 

Boylesve (René), né à la Haye-Descartes (Indre-et-Loire) 14 avril 1867.

Œuvres. — Le Médecin des Dames de Néans, roman Ollendorff, 1890, in-18. — Les Bains de Bade, roman. Bib. Artis. et litt. (La Plume), 1890 in-16 carré. — Sainte Marie des Fleurs, roman. Ollendorff, 1897, in-18. — Le Parfum des Îles Borromées, Ollendorff, 1898, in-18. — Mademoiselle Cloque, Revue Blanche, 1899, in-18. — La Becquée, id. 1901, in-18. — La Leçon d’Amour dans un parc, id. 1902, in-18. — L’Enfant à la Balustrade, Calmann-Lévy, 1903. — Le Bel Avenir, id. 1905.

Collaboration. — Revue de Paris, Grande Revue, Ermitage, la Cocarde, Renaissance Latine, La Plume, etc…

À consulter. — J. Ernest-Charles. Samedis Littéraires, Sansot et Cie, in-18, 1905 (3  série).

 

Briquel (Paul), né à Lunéville le 9 décembre 1877.

Œuvres. — Soirs d’Automne, poésies. Nancy 1897, in-8. — Le sens de la Vie. Revue Lorraine, Nancy, 1898, in-12. — Variations sur un thème d’Automne (h. c.), 1899. — Les Joies humaines, poésies, Mercure de France, 1899, in-18. — De Messidor à Prairial (en coll. avec René d’Avril), Nancy, Grosjean et Maupin, 1889, in-18. — La Gerbe des Fleurs Noires, poésies, Nancy, 1901. — La conscience du Soir, 1903, (h. c.). Les Divertissements de la Ville et de la Cour (en coll. avec R. d’Avril), Ermitage, 1903, in-12. (En outre M. Paul Briquel a composé plusieurs ouvrages de médecine).

Collaboration. — La Grange Lorraine (fond.), Lorraine Artiste, Revue Lorraine, Mercure de France.

 

Canora (Louis Prunières, dit Jean), né à Paris, le 21 août 1877.

Œuvres. — Molière, moraliste, Soc. positiviste, 1899, n-12. — Scène lyrique en l’honneur d’Auguste Comte. —  {p. 263}La liberté ou le Rêve d’Éraste. — Aventure flamande de sœur Godeliève (tirages à part de la Revue) (Ancienne Revue des Revues), 1900-1004. — Poussier des Mottes, 1 acte et 2 tableaux (Théâtre Cluny, 1905). Dovy, 1905, in-18. — (M. J. Canora a fait aussi de nombreuses conférences dans les U. P. P.

Collaboration. — L’Effort, Revue des Revues, Miroir de modes, Nouvelle Revue, Annales politiques et littéraires, etc…

 

Canudo (Ricciotto) né à Gioja-del-Colle (Apulie) en 1879.

Œuvres. — L’Évolution du Sens de la Vie chez d’Annunzio, Les Arts de la Vie, in-8º, 1904. — César Franck et la jeune École Italienne, esthétique, Nuova Anthologia, 1905. — Traité de Métaphysique contemporaine, I. Le Livre de la Genèse, La IXe Symphonie de Beethoven, Éd. de la Plume, in-12, 1905. — II. Le Livre de l’Évolution (Psychologie musicale des Civilisations), Sansot et Cie, in-18.

Collaboration. — L’Europe Artiste, La Plume (réd. en chef), Le Siècle, Mercure de France, La Grande Revue, Courrier Européen et Revues étrangères.

À consulter. — Charles Méré, Chronique, Le Rappel 13 mai 1905. — René Ghil, La IXe Symphonie, Les Écrits pour l’Art, oct. 1905.

 

Caussy (Fernand).

Œuvres. — Cléanthe ou le désir en Cage, roman. — Morlini, Nouvelles (traduction), Sansot et Cie, in-16, 1904. — Laclos, essai historique et critique. Soc. du Mercure de France, 1905, in-18. — Sénac de Meilhan : Essai sur l’esprit et les mœurs de ce temps (réédition) Sansot et Cie, 1905, in-18.

Collaboration. — Ermitage, Revue Blanche, Revue Bleue, Mercure de France.

 

Casella (Georges), né à Paris, le 20 avril 1881.

Œuvres. — Le Comte Estienne, poème dramatique, Schlaeber, in-18. — Les Petites Heures, poésies, éd. de La Revue Dorée, 1902, in-16 carré. — L’Âme Bourgeoise, 1 acte en prose (Nouveau Théâtre) Revue Dorée, in-18, 1902. — C’est pas chic, 1 acte en prose (Capucines, 5 juin 1905), en {p. 264}collaboration avec André de Fouquières, Sansot et Cie, in-18. — J’attends Zoé, 1 acte en prose (tournée Max. Dearly, Rozenberg, 1905), en collaboration avec André de Fouquières. — Une Nuit, en collaboration avec André de Fouquières (Théâtre Molière 1905), Sansot et Cie, 1906, in-18. — J. H. Rosny, Essai de bio-bibliographique et critique, Sansot et Cie, 1906, in-18.

En préparation. — Les Neiges, petits romans alpestres (ont paru dans l’Auto). — L’Acteur au Miroir, roman. — La Pendeloque, nouvelle suivie des Meurtres impunis, nouvelles. — La Psychologie au Théâtre (a paru dans La Presse). — Pèlerinages, critique documentaire (Rodenbach, Cladel, Mallarmé, Zola, l’Opéra et les bals romantiques, les Hydropathes, Barbey d’Aurevilly, George Sand et Flaubert). — Documents, critique littéraire. — Le Bon Article. Le Subterfuge, en collaboration avec André de Fouquières.

Collaboration. — L’Idée, 1898. — La Vogue, 1900. — La Plume, 1900-1905. — L’Effort de Paris (fond. 1900-1901). — La Revue Dorée (fond. 1901-1903). — La Renaissance Latine (fond. 1903-1904). — L’Œuvre d’Art International, 1902-1903. — La Revue Contemporaine, 1902. — L’Hémicycle, 1902. — La Revue Illustrée (1903-1905). Secrétariat (1905). — Le Journal, 1904-1905. — L’Auto, 1904-1905. — La Presse, 1904-1905. — Le Gil Blas, 1904-1906. — La Suisse, Politisches Volksblatt, juin 1904. — (Genève 1905) Le Courrier du Mexique, Mexico, 1905. — Patria, 1905. — Je sais tout, 1905. — La Petite Revue du Midi, 1904-1905. — Poesia, 1905.

À consulter. — Émile Faguet, Revue Latine, avril 1902. — Charles Maurras, Gazette de France, mars 1902. — Léon Bocquet, Le Beffroi, octobre 1902. — René Jean, Georges Casella, Revue Dorée, juillet 1902. — Albert Erlande, L’Art moderne, Bruxelles, 12 octobre 1902. — E.-A. Eustache, Le Journal de Marseille, 17 août 1902. — M. de Valcombe, l’Hémicycle, juillet 1902. — J.-C. Holl, Le Penseur, septembre 1902. — Paul-Louis Garnier, Revue Blanche, 1er août 1902. — G.Dauchot, L’Idée, 1er octobre 1902. Ernest Gaubert, La Critique internationale, juillet 1902. — Marcel Clavié, L’Œuvre d’Art international, juillet 1902. — Albert Erlande. La Renaissance Latine, juillet 1902. — Harmand de Melin, La Revue Septentrionale, août 1902. — Émile Straus, La Critique, 5 novembre 1902. — Sparklett, l’Écho de Paris, 13 août 1905.

 

{p. 265}Cladel (Judith-Jeanne), née à Paris en…

Œuvres. — Le Volant, 3 actes (L’Œuvre 1895), A Lemerre, 1895, in-18. — Auguste Rodin pris sur la vie. — La Plume, 1903, in-8º. — Confessions d’une Amante, roman, Mercure de France, 1904, in-18 — Maître Mignon, 5 actes, d’après. Balzac, Théâtre du Parc, Bruxelles, 1905.

Collaboration. — La Fraude. Revue Hebdomadaire. — Humanité Nouvelle — La Plume.

 

Claudel (Paul).

Œuvres. — L’Arbre, 1 vol. in-18. Société du Mercure de France. — Agamemnon, tragédie d’Eschyle, traduite en prose), id. — Connaissance de l’Est, petit in-8º, id.

Collaboration. — Mercure de France, l’Ermitage.

À consulter. — André Ruyters : P. C. La Belgique artistique et littéraire nov. 1905. — Remy de Gourmont, IIe Livre des Masques. Mercure de France.

 

Comminges (Marie-Aimery, comte de), né à Toulouse le 25 avril 1862.

Œuvres. — En outre de divers ouvrages traitant de sport hippique (Le Cheval, Dressage et Manèges, L’Équitation des gens pressés). — Les Aventures amoureuses de Jean de Saint-Laxy. Simonis Empis, in-18. — Les Demi-Carrières, roman, id., in-18. — La Comtesse Panier, roman. Simonis Empis, 1902. — L’Élection Sentimentale. Juven, 1905, in-18.

Collaboration. — Gaulois, Écho de Paris, Vie Parisienne, Mercure de France, Express de Paris.

À consulter. — A. Chaumeix. Article. Journal des Débats, 13 mars 1905.

 

Coussanges (Jacques de), né à (?).

Œuvres. — Traduction du suédois de : Le Dernier des Athéniens de V. Rydberg. Per Lamn, 1901. — L’Épopée du roi de Von Heidenstein, id. de la Revue, 1901.

Collaboration. — La Revue (Ancienne Revue des Revues). — Journal des Débats. La Quinzaine. Revue Bleue. — Grande Revue, etc.

 

{p. 266}Curnonsky (Maurice Railland dit), né à Angers, le 12 octobre 1873.

Œuvres. En collaboration avec P.-J. Toulet sous le pseudonyme de « Perdiccas », Le Bréviaire des courtisanes, in-8º, Simonis Empis, 1897. — Le Métier d’amant, Simonis Empis, 1900. — Demi-veuve (dans la Vie parisienne 1903). — En collaboration avec Willy, Chaussettes pour Dames. Garnier, 1905, illust. de Mirande, in-18.

Collaboration. — La Presse. La Vie parisienne. — Le Figaro. Le Rire. Gil Blas (1894). — L’Avenir du Tonkin (1904).

 

Dagan (Henri), né le 15 février 1870 à Apt (Vaucluse).

Œuvres. — Enquête sur l’Antisémitisme, 1899. Stock, in-18. — Les Superstitions politiques et les Phénomènes sociaux, 1901. Stock, in-18. — Kischineff et les prolétaires juifs de Russie, 1903. Les Cahiers de la Quinzaine, in-18. — La Condition du peuple au xxe siècle, 1904, Giard et Bière, in-18.

M. Dagan a fondé la Revue L’Œuvre nouvelle (1903-1906) et les Cahiers de l’Université populaire (1906).

Collaboration. — L’Humanité nouvelle, La Revue de métaphysique et de morale, Revue Bleue, Grande Revue, Nouvelle Revue, Mercure de France, L’Européen, L’Aurore, etc.

 

Danville (Gaston), né à Toul le 18 novembre 1870.

Œuvres. — D’une théorie du crime considéré au point de vue psychophysique, in-8º, Bruxelles, Huyez, 1893. — La Psychologie de l’Amour, Alcan, 1893-1903 (3e édit. revue). — Les Infinis de la chair, A. Lemerre, in-18, 1892. — Contes d’Au-delà, ill. de Labarre, in-16, sol. Mercure de France, 1893. — Les Reflets de Miroir, préface de Bjœrsterne Bjorson, Mercure de France, 1897, in-18. — L’Amour Magicien, Mercure de France, 1902, in-18. — Le Parfum de Volupté, Mercure de France, 1905, in-18.

Collaboration. — Revue Neurologique. — Mercure de France. — Revue Philosophique.

 

{p. 267}Dauguet (Marie), née à La Chaudeau (Haute-Saône).

Œuvres. — À Travers le Voile, poésies Vanier, 1902. — Par l’Amour, poèmes, Mercure de France, 1904.

Collaboration. — Mercure de France. Minerva. La Fronde. Revue Hebdomadaire. La Plume. — Poesia.

À consulter. — P. Quillard. Les Poèmes. Mercure de France, septembre 1900 et octobre 1901. — Remy de Gourmont, Un Poète de la Nature, Mercure de France, mai 1901, etc.

 

Delarue-Mardrus (Lucie Mme).

Œuvres. — Occident, poèmes de la Revue Blanche, 1901, in-8. — Ferveur poèmes. Revue Blanche, 1902, in-8. — Horizons, poèmes Eug. Fasquelle, 1905, in-18.

Collaboration. — Mercure de France, Revue Bleue, La Plume, Ermitage, Fémina etc…

À consulter. — J. Gasquet. Occident. La Vogue, 15 mars 1901.

 

Delbousquet (Emmanuel, Bernard, Philippe, Frédéric), né à Sos en Albret le 27 avril 1874.

Œuvres. — En les Landes, poèmes, bib, de l’Effort, 1896. — Le Mazareilh, roman, Ollendorff, 1902, in-18. — Margot, nouvelle, Toulouse, Société Provinciale d’éditions,1903, in-12. — L’Écarteur, roman. Ollendorff, in-18.

Collaboration. — Les Essais de Jeunes (fond.) L’Effort (fond.) le Midi Fédéral (fond.) Ermitage. Le Télégramme Gil Blas Illustré etc.

À consulter. — Ernest Gaubert, Un romancier Provincial, La Province (Le Havre), 1904. — Émile Pouvillon, Chronique, La Dépêche, 13 juin 1904. — Rémo, Chronique, La Dépêche, 12 oct. 1903. — H. Cellerier, E. Delbousquet, Revue Périgourdine, mars 1905, etc.

 

Delisle (Henri-Louis-Charles Routier), né à Amiens le 8 juillet 1878.

{p. 268}Œuvres. — Chansons Dolentes et joyeuses. Soc. d’éd. litt. 1899, in-18. — Pour la Cité, poèmes, Blois, imp. Cent. 1901, in-8º. — Heures, poèmes. Revue Verlainienne, 1901, in-8º. — (Sous le pseudonyme de Jules Marry, M. Delisle a composé divers recueils satyriques : Les Exploits de M. Dupanloup, On ouvre le Vasistas, etc.).

Collaboration. — Pays de France. La Vie. La Lutte. Le Beffroi, etc…

À consulter. — A.-M. Gossez. Poètes du Nord. Ollendorff, 1902. — Fonsny et Van Dooren, Anthologie des poètes lyriques français, Verviers, 1904.

 

Demolder (Eugène), né à Bruxelles le 16 déc. 1862.

Œuvres. — Impressions d’Art, Vve Mommeu, Bruxelles, 1889. — Contes d’Yperdamme Lacomblez, 1891. — Récits de Nazareth, Vos. Bruxelles, 1893. — James Ensor, essai de critique, Lacomblez, 1893. — Étude Patronymique sur Félicien Rops, Pinse basse, Paris, 1894. — Le Royaume Authentique du grand St-Nicolas. Mercure de France, 1896. — La Légende d’Yperdamme, id. 1896. — Quatuor (nouvelles), id. 1897. — La Mort aux berceaux, Noël, en 1 acte. id. 1899. — La Route d’Émeraude, roman, id. 1899, in-18. — Les Patins de la Reine de Hollande, id. 1901. — Le Cœur des Pauvres, (nouvelles), id., 1901. — L’Agonie d’Albion, id. 1901. — Trois Contemporains critique, Deman-Bruxelles, 1901. — Le Jardinier de la Pompadour, roman. Mercure de France, 1904, in-18. — L’Arche de M. Cheunus, roman. Mercure de France, 1904, pet. in-18. — L’Espagne en Auto. Mercure de France, 1906, in-18.

Collaboration. — Art Moderne. Société Nouvelle. Jeune Belgique. Durendal. Le Thyrse. La Vogue. La Plume. Les Arts de la Vie. — Et Insel (Munich).

 

Derennes (Charles), né le 4 août 1882 à Villeneuve-sur-Lot.

Œuvres. — L’Enivrante Angoisse, poèmes, Ollendorff, 1904, in-18. — L’Amour Fessé, roman, Soc. du Mercure de France,, in-18, 1906. — La Tempête, poésies, Ollendorff, in-18, 1906.

Collaboration. — Renaissance Latine. Mercure de France. Ermitage. — La Plume. Le Journal. — L’Auto. La Revue de Paris.

 

{p. 269}Despax (Émile), né à Dax. (Landes), le 14 sept. 1881.

Œuvres. — Au Seuil de la Lande, poème, Mercure de France, 1902. — La Maison des Glycines, poème, Mercure de France, 1905.

Collaboration. — Mercure de France. — Ermitage. La Plume. — Renaissance Latine.

 

Deubel (Léon-Louis), né le 22 mars 1879, à Belfort.

Œuvres. — La Chanson balbutiante, poèmes, Jacques à. Poligny, 1895, in-16. — Sonnets intérieurs, édition de l’auteur, in-16 carré, 1902. — Vers la Vie, poésies, Le Beffroi, Lille, 1904, in-16-carré. — Sonnets d’Italie, Le Beffroi, 1905 éd. in-32 de luxe). — La Lumière Natale, poésies, Le Beffroi, 1905, in-18 Jésus. — Poèmes, Le Beffroi, in-4º, 1906.

Collaboration. — Gallia. L’Œuvre d’Art international. Nouvelle Revue d’Égypte. Le Beffroi. La Rénovation Esthétique (Secrétariat), etc…

À consulter. — Paul de Vitry (E. Gaubert) : Au fil de l’Heure, l’Hérault, 12 janvier 1902. — Roger Allard : Léon Deubel, Le Progrès du Nord, mai 1904. — Louis Thomas. L. D. Psyché, mars 1906.

 

Ducoté (Édouard), né à Douai le 29 octobre 1870.

Œuvres. — La première étape, Paris, Lemerre, 1894. — Le Septenaire de notre amour, Paris, lib. de l’Art Indépendant, 1895. — Aux Écoutes, Paris, Lib. de l’Art Indépendant, 1895, — Circé, poème, Paris, Collection de l’Ermitage, 1896. — Poèmes divers d’Ausone, Lib, de l’Art Indépendant, 1896. — Aventures, Paris, Soc. du Mercure de France, 1896. — Fables, Paris, Perrin, 1897. — Renaissance, poèmes, Paris, Soc. du Mercure de France, 1898. — Le Chemin des ombres heureuses, poésies, Paris, Soc. du Mercure de France, 1899. — Merveilles et Moralités. Paris, Soc. du Mercure de France, 1900. — Hercule chez Omphale, comédie héroïque en vers, Paris, Petite Collection de l’Ermitage, 1900. — Le Barbier de Midas, comédie en vers, Paris, Petite Collection de l’Ermitage, 1901. — Le Songe d’une nuit de doute, suivi de plusieurs poèmes, Paris, Soc. du Mercure de France, 1902. — La Prairie en Fleurs, poésies (rééd. de Aux Écoutes, Fables Renaissance, Le {p. 270}Chemin des ombres heureuses, etc.), Mercure de France, 1904, in-18. — Le Servage, roman. Calmann-Lévy, 1905.

Collaboration. — Revue de Paris. — Ermitage (direction). — La Plume. — Mercure de France, etc.

À consulter. — A.-M. Gossez, Les Poètes du Nord, Ollendorff, 1902, in-18.

 

Dujardin (Édouard), né le 10 novembre 1861, à Saint-Gervais (Loir-et-Cher).

Œuvres. — Les lauriers sont coupés, roman, précédé des Hantises, contes, et de Trois Poèmes en prose, 1886 (Mercure de France, 1897, in-18). — L’Initiation au péché et à l’amour, roman (Mercure de France, 1890, in-18). — La Comédie des Amours, 1891, vers (Vanier, in-18). — Le Délassement du Guerrier, vers (Mercure de France, 1904, in-18). — La Légende d’Antonia, trois tragédies (Mercure de France, 1901, in-18), jouées au Vaudeville et à la Bodinière, 1891-93. — La Source du Fleuve chrétien. Le Judaïsme, Soc. du Mercure de France, 1906.

Collaboration. — Direction de la Revue Wagnérienne, (1886-88, Revue Indépendante, 1886-88), de La Revue des Idées, 1904.

 

Erlande (Albert-Jacques Brandenburg, dit Albert), né à Marseille le 1er septembre 1878.

Œuvres. — Odes et Poèmes, Mercure de France, in-18, 1899. — Le Cœur Errant, id., 1900. — Fehl Yasmin (en coll. avec G. de Voisins), Floury 1905, in-18. — Hélène, poèmes, Mercure de France, 1902, in-18. — La Tendresse, roman, Ollendorff, 1902, in-18. — Le Jasmin, bibl. de la Renaissance Latine, 1902, in-18. — Le Paradis des Vierges sages, Mercure de France, 1906, in-18). — Jolie personne, roman, Mercure de France, 1905, in-18.

Collaboration. — Mercure de France, Ermitage, Renaissance Latine.

À consulter. — A. Gilbert de Voisins : Tendresse, Renaissance Latine, 15 juin 1902. — Henri Cellerier : Deux poètes, l’Ermitage, avril 1903.

 

{p. 271}Farrère (Claude, Charles Bargone dit).

Œuvres. — Fumées d’Opium, préface de Pierre Louÿs, Ollendorff, in-18, 1904. — Les Civilisés, roman, in-18, Ollendorff, 1905 (Prix Goncourt en 1905).

 

Faure (Gabriel), né à Tournon (Ardèche), le 15 mai 1877.

Œuvres. — Berthe de Provence, drame en vers (1898), in-16, Clerget. — Fleurs rouges, vers (1899), in-16, Clerget. — Polymnie, poème (1899), in-16, Clerget. — Essai sur la liberté de la Presse, in-8º (1900), Giard et Brière. — La dernière journée de Sappho, (1900), in-16, roman au Mercure de France. — La route de volupté, roman (1904), Fasquelle, in-18. — L’Amour sous Les Lauriers-Roses, roman, E. Fasquelle, in-18, 1905.

 

Ferval (Baronne Aimery de Pierrebourg dite Claude) née à Âgen le 15 juin 1856.

Œuvres. — L’Autre Amour, roman Calmann-Lévy, 1905, in-18. — Le Plus Fort, Calmann-Lévy, 1903, in-18. — Vie de Château, Fasquelle, 1904, in-18.

 

Fleury (Albert), né en 1875 en Lyon.

Œuvres. — Paroles vers elle, poésies, lib. de l’art indépendant, 1895. — Sur la Moule, id. 1896. — Impression prises, id. 1898. — Pierrot, poèmes. Soc. du Mercure de France, 1898. — Confidences, id. 1900. — De Porte en Porte, P. V. Stock, 1905.

Collaboration. — La Revue Naturiste, Mercure de France, Revue Blanche, Gallia, La Plume.

 

Fons (Pierre), né le 16 juillet 1880, à Toulouse.

Œuvres. — Songes pâles, poésies (1900) H. C. — La double Guirlande, 1901 (H. C.). — Inscriptions, poésies, 1903 (H. C.). — L’Heure amoureuse et funéraire, poèmes, préface d’Émile Pouvillon. P. V. Stock, 1904, in-8º carré.

Collaboration. — L’Ermitage. La Plume, Revue des Pyrénées, {p. 272}La Chronique des Livres, La Dépêche (de Toulouse), Le Midi-Artiste, L’Âme latine, L’Âme française, etc.

À consulter. — Rémo. Chronique, La Dépêche (de Toulouse), 12 mars 1904. — O. de la Fayette. Les poètes du Mois : Revue Forézienne, juin 1904. — Ernest Gaubert. Les récents Poètes mystiques et païens. Anthologie-Revue, juillet 1904.

 

Gachons (Jacques Peyrot des), né le 31 janvier 1868, à Torcé (Sarthe).

Œuvres. — L’Album et le Livre des Légendes, 1894-1895 (avec son frère André). — Le Prince Naïf, légende, Girard, éditeur, 1894. — Petit voyage de Grèce (Ollendorff, 1892) — Le Pape et l’Empereur, scène d’histoire, 1899 (Ollendorff), — N’y touchez pas, roman, 1900 (Société française d’imprimerie et de librairie). — La Dinette, un acte (Villereille) 1901 ; — Rhodène et Conesculus, conte (édition de l’Hémicycle)·, — Mon amie, roman (Juven), 1902. — Notre Bonheur, roman (Juven), 1903. — La Châtelaine (Juven), 1904. — Rose ou la fiancée de Province, roman (Delagrave). — La maison des dames Renoir, roman (Fontemoing), 1904.

Collaboration. — Le Voltaire, le Soir, le Journal, le Figaro, la Volonté, les Débats, l’Écho de Paris, l’Ermitage, la Plume, l’Hémicycle, la Revue illustrée, la Chronique des Livres, le Magasin pittoresque, l’Art du théâtre, etc.

À consulter. — Ermitage, décembre 1898.

 

Garnier (Paul-Louis), né à Paris le 3 juin 1879.

Œuvres. — Poèmes, 1896, une plq. in-18. — Poèmes, 1897, Le Sceptre de gloire, 1 vol. gr. in-4, édition du Thyrse, L’Été, proses lyriques, 1 vol. in-18, Mercure de France, 1898. — La Jeunesse devant l’action, essai, Bibliothèque de la Plume, 1 plq. in-18. 1899. — L’Héroïsme de César Franck, essai de psychologie musicale, 1 plq. in-18, 1900 Ollendorff. — La Visitation, roman, 1900, 1 vol. in-18 Charles. — La Terre Éternelle, roman philosophique et lyrique, 1900 P. V. Stock, 1 vol. in-18. — Réflexions sur Nietzsche, 1 vol. 1902 Ermitage. — Les Fins de l’Art contemporain, 1 vol. in-18, 1904, Félix Juven. — Le Voyageur solitaire, roman paru dans le Gil Blas, en 1903. — En collaboration {p. 273}avec Léon Frapié, une pièce : Sévérité, Théâtre Antoine, 1906.

Collaboration. — La Petite République, Le Gil Blas, Le Soir, Le Petit Bleu, La Presse, La Nouvelle Revue, La Revue blanche, La Revue Universelle, Le Mercure de Finance, La Revue Franco-Allemande, l’Ermitage, L’Effort, La Revue Socialiste, Revue Dorée, etc., etc.

À consulter. — Études de R. G. Aubrun (dans la Chronique du livre, 1905). — De Camille de Sainte-Croix (Petite République, 1900, Cri du Quartier, 1904). — de Paul d’Armon (Signal, 1900, 1904). — Henri Ghéon (Revue Blanche, Ermitage). — De Paul Boncour (Figaro, 1904), etc., etc.

 

Gasquet (Joachim), né le 31 mars 1873 à Aix-en-Provence.

Œuvres. — L’Enfant, poésies, 1900, Dragon à Aix, in-8º. — L’Arbre et les Vents, poèmes, 1901, F. Juven, in-18. — Les Chants séculaires, poèmes précédés d’une préface de Louis Bertrand, 1903, Ollendorff, in-18. — Dionysos, tragédie antique en vers représentée au théâtre d’Orange le 3 août 1904, Eug. Fasquelle, in-18.

Collaboration. — (Fond.) La Syrinx, 1890. — Les Mois Dorés, 1896. — Le Pays de France, 1898 (à Aix). — La Contemporaine, La Plume, Revue Naturiste, Anthologie-Revue, L’Effort.

 

Gaubert (Ernest-Augustin Gaubert de Valette de Favier), né à Saint-André de Sangonis (Hérault), le 28 janvier 1881.

Œuvres. — Vers les lointains Échos, poésies, 1898, Montpellier, L’Aube-Méridionale (tir. 128 ex. 4 holl.), in-4º pet. — Flore d’Éveil, note de vie. Montpellier. L’Aube Méridionale, 1899, in-16 allongé, (125 ex. vél. 4 holl. fort.) — Les Vendanges de Vénus. La Plume, 1900, frontispice d’Auglay, 200 ex. ord. numér. 2 japon, 10 hollande. — L’Une et l’Autre, 1 acte en prose. (Coll. Serge Raffalovich) joué à la Bodinière 6 avril 1900. — La Reine Latina, poème (h. c.). 1901. — Les Petites Passionnées, roman (ill. de Marcel Châtelaine), 1901, L. Borel, pet. in-8º. — La Poésie tchèque contemporaine, essai. Sansot et Cie, 1903, in-18. — Sylvia {p. 274}ou le roman du nouveau Werther. Sansot et Cie, 1904, pet. in-12, couronne. — Pierre Louÿs, essai, Sansot et Cie, in-18, 1904. — Jean Lorrain, essai, id. 1905. — Vendanges d’Amour, roman, E. Petit, 1905, couv. de Marc Leclerc. — Le Retour de Chérubin, 1 acte en vers. Bouffes-Parisiens, mars 1905. Sansot et Cie, 1906, in-8º. — L’Amante et la Captive, roman, librairie des Publications populaires. Bib. des Auteurs Modernes, 1906, in-18, illustré. — François Coppée, essai Sansot et Cie, 1906, in-18. — Rachilde, essai Sansot et Cie, 1906, in-18.

À paraître. — Moralistes et Poètes, critique. — Geneviève. Anthologie de l’Amour Provençal (en coll. avec Jules Véran). — La Légende d’Erin, tragédie de Julius Zeyer, adaptée du tchèque, en coll. avec J. Kowalski.

Collaboration. — Monde Moderne, Mercure de France, La Plume, l’Ermitage. Le Journal, Le Soleil, L’Intransigeant, La Presse, Gil Blas, Le Petit-Parisien, Midi-Télégraphe, Magasin Pittoresque, Revue des Revues, Courrier Français, Nouvelle Revue, Revue Universelle, Revue Illustrée, Monde Illustré, La Vogue, La Vie de Paris et aux Revues Étrangères. Zycie, Poesia, Moderni-Revue, Lumir, Iride, Panathénées, etc… La Vie (fond.) Aube Méridionale (fond.)

À Consulter. — H. Rigal. E. G., L’Hérault, 5 mars 1902. Dépêche de Toulouse, 14 octobre 1904. — H. Bauquier. Quelques Poètes de l’Hérault, 1 vol. in-16, Fabre, Béziers, 1903. — Laurent Tailhade. Chronique. Le Français, 20 janvier 1901. — Stuart Merrill. Chronique, La Plume, 15 février 1901. — Marc Varenne. Les Vendanges de Vénus. L’Hérault, 13 juin 1900. — Jean de la Hire. Articles divers : Courrier Français, 24 juin 1900, L’Hérault, nov. 1899. La jeune Champagne, février 1904. — Georges Casella : Chronique. Revue Illustrée, 1er juin 1905, 15 mars 1904. — Raoul Ralph. Ernest Gaubert, conférence (Bodinière, 6 avril 1900). — Ernest Gaubert : Peints par Eux-mêmes. Le Tout-Montpellier, 10 juin 1905.

Iconographie. — Gaston Cuguenc : Lithographie, l’Hérault, mars 1900. — G. Cuguenc. Portrait au fusain, 1900. — Charge, 1901. — A. Creiche. Portrait-charge. La Vie Blésoise, sept. 1905. — Photographies. Revue Phocéenne, avril 1930. — Le Titan, février 1901. — Revue Illustrée, 15 mars, 1901. — 15 avril et 1er mai 1905. — Photos, Ouvière, Marseille ; M. Manuel, Paris.

 

{p. 275}Gossez (A.-M., Marius-Alphonse), né à Lille le 27 mars 1878.

Œuvres. — Poètes du Nord, morceaux choisis, Paris, Ollendorff, 1907, in-18º. — Le Saint-Julien de Flaubert (illustré), Lille, Le Beffroi, 1903, in-4º. — Le Département du Nord sous la deuxième République, Lille, Leleu, 1904, in-8º (Thèse de doctorat). — Du Soleil sur la Porte, poèmes. Mercure de France, 1905, in-8º.

Collaboration. — Nouvelle Revue, Revue Littéraire de Paris et de Champagne. Le Beffroi (fond). — La Province (secrétariat). — Revue Provinciale. Ermitage, etc.

À consulter. — Edmond Pilon : Le Groupe Lorrain, La Plume, 1er février 1901. — Gaston Heux : Poètes du Nord, Le Beffroi, décembre 1902. — Émile Ferré : Étrennes aux Poètes, Écho du Nord, 13 janvier 1903. — Pierre Quillard : Les Poèmes, Mercure de France, juin 1901, février 1902 et février 1903. — Octave Uzanne : Poètes de notre heure, La Dépêche de Toulouse, 6 mars 1903. — Ernest Gaubert : La Renaissante Provinciale, Le Midi Mondain, 7-13 mars 1903.

 

Gourmont (Jean de), né à Mesnil-Villemau, le 23 janvier 1877.

Œuvres. — Jean Moréas, essai de critique, Sansot et Cie, 1905, in-18.

En préparation. — La Toison d’or, roman. — Profils de Poètes, etc.

Collaboration. — Mercure de France. Ermitage. Chronique des Livres. Weekly critical Review. Emporium.

 

Grappe (Georges Pierre-François) né à Paris le 1er juillet 1872.

Œuvres. — S. H. Newmann, essai de psychologie religieuse ; Paris, 1902. Béduchaud, éd. in-12. — R. L. Stevenson, l’homme à l’œuvre, Paris, 1904, Sansot, éd. in-18 jésus. — Paul Bourget, Paris, 1904, Sansot éd. « Les Célébrités d’aujourd’hui ». — Les Pierres d’Oxford, in-12, Sansot et {p. 276}Cie, 1906. — Essai sur la Poésie Anglaise, Sansot et Cie, in-18, 1906.

Collaboration. — Revue Bleue, Nouvelle Revue, La Plume, Action Française, Revue Latine, La Vogue, La Renaissance Latine, La Quinzaine, Le Gaulois, Journal des Débats, La Presse, etc.

 

Gregh (Fernand), né à Paris le 14 oct. 1873.

Œuvres. — La Maison de l’Enfance, poésies, Calmann-Lévy, 1897. — La Beauté de Vivre, Calmann-Lévy, 1900. — La Fenêtre Ouverte, critique. E. Fasquelle, 1903. — Les Clartés Humaines, poésies, id. 1901. — Étude sur Victor Hugo, critique, id. 1904. — L’Or des Minutes, poésies, id. 1905.

Collaboration. — Revue de Paris, Mercure de France, Revue des Revues, Revue des Deux Mondes, Le Figaro, Revue Blanche, La Vogue, Les Lettres, etc.

À consulter. — G. Deschamps : La Vie et les Livres, 3e série (article Verlaine), Paris, A. Colin, 1896. — A. Retté, Aspects, critique, La Plume, in-18, 1897. — L. Blum : Les Livres, Revue Blanche, 15 janvier 1897, L’Humanité, 8 juillet 1904. — P. de Bouchaud : Étude, Expresse de Lyon, 21 janvier 1897. — F. Coppée : Littérature, Journal, 3 décembre 1896. — G. Deschamps : La Maison de l’Enfance par M. Fernand Gregh, Temps, 8 novembre 1896. — G. Deschamps : Le Coin des Poètes, Temps, 7 août 1898, 15 avril 1900. — Ph. Gille : Les Livres, Figaro, 26 novembre 1896. — F. Gregh : Lettre, Écho de Paris, 30 août 1896. — G. Lanson : Étude. Revue universitaire, 15 décembre 1896. — Ch. Maurras : Littérature, Revue encyclopédique, 23 janvier 1897. — Ch. Maurras : Revue Littéraire, Revue Encyclopédique, 19 juin 1900. — Éd. Rod : À propos de poésie, Gaulois, 1er janvier 1897. — A. Silvestre : Critique littéraire, Journal, 16 novembre 1896. — F. Weil : Fernand Gregh, L’Art et la Vie, décembre 1896. F. Massau. — Le poète Gregh, Revue Forézienne, sept. 1904. — Marcel Ballot. La Vie Littéraire, Figaro 26 juin 1904. — G. Le Cardonnel et Ch. Vellay. Enquête : Gregh. Gil Blas 19 fév. 1905, — H. Chantavoine. Notes de Littérature, Journal des Débats, 19 février 1905. 14 mai 1900. — P. Reboux Article, Le Soir, 10 juillet 1904. 12 déc. 1904. — H. Barbusse, Les Livres, Femina, 15 juillet.

{p. 277}Iconographie. — Eugène Baraize, Peinture à l’huile, 1896 (app. à M. Gregh). — R. Vogt, Peint. à l’huile, salon de la Soc. Nat. des B.-A. 1905. — Hawkins, Portrait, 1903. (rep. dans l’Œuvre d’art, international). — Anonyme, Portrait au trait, L’Éclair, mai 1897. — Paul Boignères, Caricature, 1897. — Photographies, Revue Illustrée, 15 avril 1905. Je sais tout août, 1905. — Femina, 15 août 1905. — Revue Encyclopédique 1897. — Photo-Gerschel.

 

Guérin (Charles), né à Lunéville le 29 décembre 1873.

Les œuvres. — Fleurs de Neige, poésies, Nancy, Crépin-Leblond, 1893 (sous le pseudonyme d’Hericlas Rügen). — L’Art parjure, poésies, Munich, 1894. — Joies Grises, poésies, Paris, Ollendorff, 1894. — Georges Rodenbach, essai de critique, Nancy, Crépin-Leblond, 1894. — Le Sang des Crépuscules, poésies, Paris, Soc. du Mercure de France, 1895. — Sonnets et un Poème, Paris, Soc. du Mercure de France, 1897. — Le Cœur Solitaire, poésies, Paris, Soc. du Mercure de France, 1898. — L’Éros funèbre, poèmes, Paris, Petite collection de l’Ermitage, 1900. — Le Semeur de Cendres, poèmes, Soc. du Mercure de France, 1902, in-18. — Le Cœur Solitaire, nouv. édition refondue, Soc. du Mercure de France, in-18. — L’Homme Intérieur, poèmes, Soc. du Mercure de France, in-18, 1905.

Collaboration. — Revue des Deux Mondes, L’Effort, Mercure de France, Ermitage, etc.

À consulter. — A. van Bever et P. Léautaud : Les Poètes d’aujourd’hui, Soc. du Mercure de France, Paris, 1905, 10e édition, in-18. — Henry Bordeaux : Les Écrivains et les Mœurs, Paris, Plon et Cie, 1900 in-18 et Revue Hebdomadaire, 12 octobre 1901. — J. Ernest-Charles : Samedis Littéraires, (3e série), Sansot et Cie·, 1903, in-18. — I. Fonsny et J. van Dooren : Poètes lyriques Français, 2e édition. — A. Hermann : Verviers, 1904. — Ernest Gaubert : Charles Guérin. L’Ermitage, 15 janvier 1906. — E. Krantz : Un décadent Lorrain à Nancy, Paris, Berger-Levrault, 1894. — François Coppée : Charles Guérin, Gaulois, 1er juillet 1901. — H. Chantavoine : Poètes et Poésie, Débats, 21 novembre 1895. — G. Deschamps : Le Coin des Poètes, Temps, 7 août 1988. — L. Duchosal : Étude, Journal de Genève, 10 décembre 1896. — R. de Gourmont : Poètes nouveaux. Charles Guérin, {p. 278}La Renaissance, 22 octobre 1899. — Pierre Quillard : Jammes et Guérin, Mercure de France, juillet 1901. — S. : Un Jeune Poète, Débats, 11 juillet 1898. — A. Theuriet : Voyage au pays des poètes, Journal, 15 juillet 1898.

Iconographie. — Jean Veber : Lithographie, dans l’Ermitage de juin 1898.

 

Guiraud (Edmond), né le 22 mars 1879.

Œuvres. — M. et Mme Taste, comédie en acte (La Bodinière, mars 1901. — L’amour s’en mêle, comédie en un acte (Théâtre municipal de Montpellier, 1992). — La Farandole, comédie en un acte (Théâtre municipal de Nîmes), 1904. — L’Ouvrier de la Dernière Heure, (l’Œuvre), 1904. — La Mémoire des Dates, comédie en un acte (Grand Guignol), 1905. — Le Bel Atout, comédie en 3 actes (Trianon), 1905. — Cricri, comédie en un acte, (Eldorado), 1905. — Le Gardien de Square (Théâtre Royal), 1906.

Collaboration. — Chronique Mondaine, Courrier Français, Le Sourire. Petit Méridional, Revue Théâtral, etc.

À consulter. — Péladan : Les Théâtres, La Plume, 15 juin 1905.

 

Harry (Myriam), Mme Émile Perrault, née à Jérusalem en 1875. (A obtenu en 1905 le prix de 5 000 fr. de l’Académie Féminine de La Vie Heureuse).

Œuvres. — Passage de Bédouins, 1889, Calmann-Lévy, in-18. — Petites Épouses, roman, 1903, Calmann-Lévy, in-18. — La Conquête de Jérusalem, roman, 1904, Calmann-Lévy, in-18. — Paradénia. roman, 1906, Calmann-Lévy, in-18.

Collaboration. — Revue de Paris, Revue Bleue, Je sais Tout, L’Énergie Française, etc.

À consulter. — Paul Acker, Mme Myriam Harry. L’Écho de Paris, 1er février 1905.

Iconographie. — Illustration, la Vie Heureuse, Fœmina, Revue Illustrée (1er mai 1905). — Photographies, Reutlinger et Bouffar.

 

{p. 279}Hennique (Nicolette), née en avril 1884 à Paris.

Œuvres. — Des Rêves et des choses, poésies. Revue Blanche, 1900. — Les Douze labeurs Héroïques·, ill. de Bussière, Feroud, 1902. — Des Héros et des Dieux, poésies, E. Fasquelle, 1904.

Collaborations. — Le Gaulois. Revue des Revues. Ermitage. Revue Blanche. Je sais tout, etc.

À consulter. — E. Gaubert et G. Casella : La Jeune Littérature (avec un portrait de Mlle Hennique), Revue illustrée, 15 avril 1905.

 

Hirsch (Charles-Henry), né à Paris le 18 avril 1870.

Œuvres. — Légendes Naïves, poésies, Edmond Girard, 1894, petit in-16 soleil. — Priscilla, poème, Mercure de France, 1895. — Yvelaine, poème, Mercure de France, 1897. — La Possession, roman, id., 1899, in-18. — La Vierge aux Tulipes, id., 1901, in-18. — Héros d’Afrique, Eugène Fasquelle, 1903, in-18. — Éva Tumarches et ses amis, id., 1903. — La Demoiselle de Comédie, id., 1904. — Pantins et Ficelles, Librairie Universelle, 1905, in-18. — Le Tigre et Coquelicot, roman, Librairie Universelle, 1905. — Les Disparates, E. Fasquelle, 1906, in-18.

Collaboration. — La Revue Indépendante (1891). — Les Essais d’Art libre (1891). — La Bataille (1892). — La Marseillaise (1893). — La Société Nouvelle (1895). — L’Ermitage. Le Mercure de France. La Revue Blanche. Le Figaro illustré. Le Journal.

À consulter. — Jean Lorrain. Poussières de Paris, Ollendorff, 1900, in-18. — Henri de Régnier, Les Poèmes, Mercure de France, avril 1897. — Georges Casella, Chroniques, Revue Illustrée. — Ernest Gaubert, Introduction au Légendaire : Aube Méridionale, juillet 1898. — Chronique des Livres, id., juillet 1899. — Sainte-Claire, Charles-Henry Hirsch, Gil Blas, 9 juin 1901.

 

Hortala (Pierre), né en décembre 1881 à St-Gervais-sur-Mare (Hérault).

uvres. — Vers le Soir (H. C.).

{p. 280}Collaboration. — La Plume, L’Aube Méridionale (fondateur), Midi-Mondain, Le Titan, etc…

 

Houville (Marie-Louise-Antoinette de Heredia (Mme Henri de Régnier), en littérature Gérard d’), née à Paris le 20 décembre 1875.

Œuvres. — L’Inconstante, roman, Calmann-Lévy, in-18, 1903. — Esclave, roman, Calmann-Lévy, in-18, 1905.

En préparation. — Un vol. de vers.

Collaboration. — Revue des Deux Mondes, Revue de Paris, Renaissance latine.

À consulter. — L. Blum : Chronique, Gil Blas, 30 mars 1903. — M. Ballot : La Vie Littéraire, Figaro, 13 avril 1903. — Albert-Émile Sorel, Article, Le Gaulois, 23 avril 1903. S. (H. Chantavoine) : Au jour le jour, Journal des Débats, 30 mars 1903. — G. Deschamps : La Vie Littéraire, Le Temps, 19 avril 1903. — Georges Casella : Gérard d’Houville, Revue Illustrée, mai 1905. — Ch. Maurras, L’Avenir de l’intelligence, Fontemoing, 1905. — J. Ernest-Charles, Les Samedis Littéraires, t. II, 1904, Perrin, éd.

 

Hubert (Paul), né en 1872 à Juvignac (Hérault).

Œuvres. — Verbes Mauves, poèmes Clerget, 1898, in-18. — Aux Tournants de la Route, poèmes, maison d’art, 1900, in-16.

Collaboration. — Le Geste, 1898. — La Femme chez Elle, 1901-1902. — Le Monde Moderne, 1904-1905.

À consulter. — Henry Bauquier : Quelques poètes de l’Hérault, Fabre, Béziers, 1903, in-18.

 

Humières (Robert-Aymeric-Eugène, Vte d’), né le 2 mars 1868 au château de Couros, près Aurillac.

Œuvres. — Du Désir aux Destinées, poèmes : Mercure de France, 1903, in-19. — L’Île et l’Empire de Grande Bretagne, id., 1904, in-18. — Nombreuses traductions de Rudyard Kipling. — Pinero, G.-M. Barrie. — Joseph Conrad.

Collaboration. — Mercure de France. — Revue des Revues, etc.

 

{p. 281}Jaloux (Edmond-Adrien-Marie), né à Marseille le 19 juin 1878.

Œuvres. — Une Âme d’Automne, poèmes, Aubertin, Marseille, 1896, in-18. — L’Agonie de l’Amour, roman, Mercure de France, 1897, in-18. — Le Triomphe de la Frivolité, collection de l’« Ermitage », 1900, in-16. — Les Sangsues, roman, Mercure de France, 1904, in-18. — Le Jeune Homme au Masque, roman, id., in-18, 1905.

Μ. E. Jaloux a publié au « Pays de France », Les Femmes et la Vie et à « la Nouvelle Revue » La Fête Nocturne ». Ces deux romans n’ont pas paru en librairie.

Collaboration. — Mercure de France. Ermitage, etc.

À consulter. — Fr. de Miomandre : Edmond Jaloux. Ermitage, 1904.

 

Jammes (Francis), né à Tournay (Hautes-Pyrénées), le 2 décembre 1868.

(Voir pour tous autres renseignements : A. Van Bever et Paul Léautaud : Poètes d’Aujourd’hui, Société du Mercure de France. Paris, 10e édition, in-18 et Remy de Gourmont : Le IIe Livre des Masques. Soc. du Mercure de France, Paris, 1897, in-18.)

Les Œuvres. — Six Sonnets, 1891. — Vers, plaquette, 1892. — Vers, plaquette, 1893. — Vers, plaquette, 1894. — Un Jour, poème dialogué, Paris, Soc. du Mercure de France, 1896. — De l’Angélus de l’Aube à l’Angélus du Soir, poésies, Paris, Soc. du Mercure de France, 1898. — La Jeune fille nue, poème, Paris, Petite collection de l’Ermitage, 1899. — Clara d’Ellébeuse ou l’histoire d’une ancienne jeune fille, Paris, Soc. du Mercure de France, 1899. — Le Poète et l’Oiseau, poésies, Paris, Petite collection de l’Ermitage, 1899. — Le Deuil des Primevères, poèmes, 1898-1900. — Almaïde d’Entremont ou l’Histoire d’une jeune fille Passionnée, 1901. — La Beauté de Vivre, poèmes, 1901. — Le Roman du Lièvre, 1903. — Pomme d’Anis ou l’Histoire d’une jeune fille infirme, 1904. (Ces trois derniers volumes à la Soc. du Mercure de France).

 

Jarry (Alfred), né à Laval (.Mayenne), le 8 septembre 1873.

{p. 282}Œuvres. — Les Minutes de Sable Mémorial. Soc. du Mercure de France, 1894, in-16 carré. — Cæsar-Antéchrist. Mercure de France, 1895, in-16 raisin. — Ubu-Roi. Mercure de France, 1896, pet. in-18. — Petit Almanach du Père Ubu, 1898 (sans nom d’éd.) in-32. — Almanch du Père Ubu pour le xxe siècle, Vollard, éd. 1901, in-4º. — Les Jours et les Nuits, roman. Mercure de France, 1897, in-18. — Gestes et Opinions du docteur Faustroll pataphysicien, 1898, (H. C.). — L’Amour en Visites, nouvelles. P. Fort, (illustré), 1898, in-18. — L’Amour Absolu, roman, fac-similé autographique (H. C.) 1899. — Ubu Enchaîné, précédé de Ubu-Roi. Revue Blanche, 1900, in-18. — Messaline, roman. Revue Blanche, 1901, in-18. — Le Surmâle, roman moderne. Revue Blanche 1902, in-18. (M. Claude Terrasse a mis en musique Ubu-Roi, fac-similé autog. Mercure de France, 1897.)

En préparation. — La Dragonne, roman. — Pantagurel, opéra bouffe (musique de C. Terrasse) — Le Manoir enchanté, (coll. E. DemoIder, musique de C. Terrasse).

Collaborations. — Mercure de France, Revue Blanche, Figaro, Écho de Paris, Essais d’Art Libre, La Plume, Renaissance latine.

 

Klingsor (Tristan Leclère), né en 1874.

Œuvres. — Triptyque de Châtelaine, poésies 1892, Roger à Annonay pet. in-8º. — Triptyque à la Marguerite, poésies, Roger, Annonay, 1894, in-8º. — Filles fleurs, poésies, Soc. du Mercure de France. — 1895, in-18. — Squelettes fleuris, poésies, Mercure de France, 1897, in-18. — La Jalousie du Vizir, conte, Mercure de France, 1899, pet. in-18. — L’Escarpolette, poésies, M. de F., 1890, pet. in-16. — Le Livre d’Esquisses poésies, pet. in-8º, M. de Fr. 1902. — Schéhérazade, poésies. M. de F. 1903, in-18. — Salons (1900-1904), Sansot et Cie, 1904, in-18. — Salons (1905), Sansot et Cie, 1905.

Collaboration. — Direction de la Vogue (1897-1900). — Revue Bleue, Revue Universelle, Revue Illustrée, Nouvelle Revue, Monde Moderne, Mercure de France, la Plume, Album Musical, etc.

À consulter. — Jean Lorrain, Article. Le Journal, 8 juin 1897. — Henri de Régnier, Chronique, Mercure de France, juin 1897. — Charles Guérin, Les poésies. Ermitage, {p. 283}1897. — Robert de Souza, le Lyrisme populaire et sentimental, in-18. Mercure de France, 1900.

 

Kolney (Fernand), Pochon de Colnet, né à Paris le 27 mai 1868.

Œuvres. — Contes Bibliques, (s. d.). — Le Salon de Madame Truphot, roman. Albin Michel, in-16, 1904. — Les Aubes mauvaises, roman, Ambert et Cie, in-18, 1905.

Collaboration. — La Plume, L’Action, Le Mercure de France.

 

La Boissière (Félix Sonier), né le 12 janvier 1865 à Tournon-sur-Rhône.

Œuvres. — Ballades toutes nues, in-18 avec portrait et préface d’Ernest La Jeunesse, Sansot et Cie, 1905.

Collaboration. — Gil Blas, La Chasse illustrée et sportive.

À consulter. — M. Pierre Quillard, Les Poèmes, Mercure de France, 1er janvier 1905. — Adolphe Retté, La Poésie Française, La Revue (ancienne Revue des Revues) 1er janvier 1906.

 

Lacuzon (Adolphe), né à Valenciennes en 1870.

Œuvres. — Éternité, précédé d’un avant-propos, Sur la Poésie, Paris, Lemerre, 1902.

Collaboration. — Nouvelle Revue, Revue Bleue, Les Poèmes, etc.

À consulter. — Les Poètes de l’École Française : La Foi Nouvelle, Paris, Fasquelle, 1902. — H. de Melin : Éternité, La Revue Septentrionale, mars 1902. — Ch. Derville : Article, Gotha Français, 1er mars 1902. — Han Ryner, Éternité, Nouvelle Revue Moderne, mars 1902. — Léon Bocquet : Les Poèmes, Le Beffroi, mars 1902. — P. Marcel : Les Livres, Le Polybiblion, mars 1902. — R. Le Gay : Ad. Lacuzon, L’Univers, 1er mars 1902. — D. de Venancourt : Le Mouvement Littéraire, Le Penseur, mars 1902. — Anonyme, Éternité, Le Lorrain, 3 mars 1902. — Ph. Pagnat ; Éternité, Revue Idéaliste, 15 mars 1902. — H. de Melin : Étude, La Nouvelle Revue, 15 mai 1902. — Manoël de Grandfort : Éternité, {p. 284}La Fronde, 19 mai 1902. — G. Casella : Éternité, La Revue Dorée, 1er juin 1902. — L. Lumet, Chronique, La Petite République, 5 juin 1902. — Octave Uzanne : Article, La Dépêche de Toulouse, 3 juillet 1902.

Iconographie. — Alex. Leleu : Portrait, 1900. — Alex. Leleu : Lithographie, 1901. — Henri Prick : Eau-forte, 1901. — Pierre La Forge : Masque, 1901.

 

Lafage (Léon, pseudonyme A. Le Hêtre), né à St-Vincent, rive d’Olt (Lot), le 5 décembre 1875.

À paraItre. — Thédiragues le Pillarot (contes languedociens). — Par Aventure, roman. — La Princesse Vertumne, Nouvelles.

Collaboration. — Revue Hebdomadaire, Le Journal, l’Intransigeant, Ermitage, La Presse, Petit Parisien, etc.

 

Lafargue (Marc), né le 20 mai 1876.

Œuvres. — Le Jardin d’où l’on voit la vie, poésies, Bib. de l’Effort, 1897. — L’Âge d’or, poèmes, Soc. du Mercure de France, 1903, in-18.

Collaboration. — L’Effort (fond.). — Revue Provinciale. Ermitage.

À consulter. — L. Codet, Marc Lafargue, Revue Provinciale, août 1903. — E. Delbousquet, L’Âge d’or, La Plume, 1903.

 

Lafayette (Olivier, Calemard de), né en 1878 près du Puy-en-Velay.

Œuvres. — Le Rêve des Jours, poèmes, Sansot et Cie, in-18, 1904.

À consulter. — Lucien Bauz, Un Poète de l’Auvergne, Revue Forézienne, mai 1904. — G. Lanson, Chronique, Revue Universitaire, 15 déc. 1904. — Ernest Gaubert, Bibliographie, Anthologie-Revue 1904.

 

Lantoine (Albert), né à Arras le 31 janvier 1869.

Œuvres. — Pierres d’iris, petits poèmes en prose et en vers, Paris, Lemerre, 1889. — Elisçuah, Paris, Bibliothèque {p. 285}Artistique et Littéraire, 1896. — Les Mascouillat, mœurs de province, Paris, Bibliothèque de la Plume, 1898. — La Caserne, Paris, Bibliothèque Artistique et Littéraire, 1899, — Le Livre des Heures, poèmes. L’Humanité Nouvelle, 1903, in-18.

Collaboration. — La Plume. L’Humanité Nouvelle. — Revue Franco-Allemande. Le Chat Noir. Les Écrits pour l’Art, etc…

À consulter. — A.-M. Gossez, Les Poètes du Nord, Anthologie et notices bio-bibliographiques, Ollendorff, 1903, in-18.

 

Lapaire (Hugues), né le 26 août 1869 à Saucoins (Cher).

Œuvres. — L’Armette, Crépin-Leblond, Moulins, 1894. — Au pays de Berri, Lemerre, 1898. — La Bonne Dame de Nohant, Soc. des Public., 1897. — Sainte Soulange, Crépin-Leblond, 1808. — Noëls Berriauds, éd., 1898. — Les Chansons Berriaudes, éd., 1899. — Vielles et Cornemuses, éd, 1901. — Les Mémoires d’un Bouvreuil, Combet, 1901. — Auvent de Galène, Crépin-Leblond, 1903. — Le Patois Berrichon, Crépin-Leblond, 1903. — Le Courrandier, Combet, 1904. — Les Rimoueres d’un Paysan, Sansot et Cie, 1905.

Collaboration. — Magasin Pittoresque. — Revue Bleue. L’Énergie Française.

 

Larguier (Cæsar-Albin-Léo), né à la Grand’ Combe (Gard), le 6 décembre 1878.

Œuvres. — La Maison du Poète, poèmes, Stock, édit. 1903, in-18 carré. — Les Isolements, poèmes, édit. 1905, in-18.

Collaboration. — L’Ermitage. La Revue Bleue. L’Intransigeant. Le Journal.

À consulter. — Cte Stanislas Rzewuski. Un Poète : Léo Larguier. L’Événement, 1901. — Henri Cellerier. Deux Poètes. Ermitage, avril 1902. — Ernest Gaubert et G. Casella. La Jeune Littérature (avec un portrait de Léo Larguier), Revue illustrée, 15 avril 1905. — Ernest Gaubert. La Renaissance Latine. Petit Méridional, 1904.

 

La Rochefoucauld (Gabriel de), né à Paris le 13 septembre 1875.

{p. 286}Œuvres. — L’Amant et le Médecin, roman, Calmann-Lévy, in-18, 1905.

Collaboration. — Le Figaro, le Gaulois, Gil Blas, la Revue.

 

Lavergne (Antonin-Pierre), né à Aniane (Hérault) le 5 juin 1863.

Œuvres. — Paroles d’amour, poésies, A. Lemerre, 1895, in-16. — Jean Coste ou l’Instituteur de Village. Les Cahiers de la Quinzaine, 1901, in-18 et Ollendorff, 1903. — Monsieur le maire, roman Ollendorff, 1905, in-18. — Tantoune, roman, Ollendorff, 1906, in-18.

Collaboration. — La Nouvelle Revue, L’Action, Revue de Paris, Après l’École, Revue des Revues, etc.

 

Léautaud (Paul), né à Paris le 18 janvier 1872.

Œuvres. — Poètes d’aujourd’hui, 1880-1900, morceaux choisis (en collaboration avec Ad. van Bever). Un vol. in-18, Paris, Société du Mercure de France, 1900. — Le Petit ami (ouvrage autobiographique et non roman), un vol. in-18, Paris, Société du Mercure de France, 1903. — Henri de Régnier, Étude biographique et littéraire, dans la collection Les Célébrités d’aujourd’hui, une plaquette, in-18, Paris, Sansot et Cie, 1904.

Collaboration. — Mercure de France, Ermitage.

 

Lebesgue (Philéas-Ernest), né à la Neuville-Vault (Oise), le 26 novembre 1869.

Œuvres. — Décidément, plaquette, vers, librairie Universelle, 1891. — La Tragédie du Grand Ferré, poème dramatique en vers Paris, Chamuel, 1892. — Le Sang de l’Autre, roman Paris, Société d’Éditions littéraires, 1901, in-18, jésus. — Les Folles Verveines, plaquettes vers. Éditions du Beffroi de Lille, 1902. — Le Portugal littéraire d’Aujourd’hui, étude critique Paris, Sansot, 1904, in-18, jésus. — L’Au-delà des Grammaires, critique philosophique {p. 287}Paris, Sansot, 1904, in-18, jésus. — Histoire d’un mort, conte traduit du portugais de Paolo Osorio, Paris, Sansot, 1904, in-12 couronne. — L’Âme du Destin, roman Paris, Sansot, 1905, in-18 jésus. — Le Roman de Ganelon, Sansot, in-18 1906. — Aux Fenêtres de France, Sansot, in-12, 1906.

Collaboration. — Le Beffroi, Mercure de France, La Vogue et diverses revues étrangères Arte, Instituto, etc.

À consulter. — A.-M. Gossez. Poètes du Nord, Paris, Ollendorff, 1902, in-18. — A. Grimaud. La Race et le Terroir, Cahors, Petite Bibliothèque Provinciale, 1903, in-18. — J. Ernest-Charles. Chronique, Gil Blas, 9 février 1905 et Samedis Littéraires (3e série), Sansot et Cie, 1905, in-18. — Remy de Gourmont, Chronique, Revue des Idées, 15 février 1905.

 

Lebey (André), né le 10 août 1877 à Dieppe (Seine-Inférieure).

Œuvres. — Poèmes : Le Cahier rose et noir. — Automnales. — Chansons grises. — Les Colonnes du Temple (Mercure de France). — Sur une route de Cyprès (Occident). — Prose : Essai sur Laurent de Médicis (Perrin). — Le Condottière Castruccio Castracani (Picard). — L’Âge où l’on s’ennuie, Chronique contemporaine (Juven). — Le Connétable de Bourbon (Perrin). — Les Pigeons d’Argile, roman (Juven).

Collaboration. — Mercure de France, Ancien Ermitage, Renaissance Latine, etc…

 

Leblond, Marius, né en 1877 et Ary en 1880 à l’Île de la Réunion.

Œuvres. — Les Vies Parallèles, E. Fasquelle, 1902, in-12. — La Zézère, id., in-18, 1903. — Le Secret des Robes (couv. du P. Laprade), id., 1903. — La Sarabande, id., 1904. — La Société française sous la Troisième République, Alcan, 1904, in-8º. — Les Sortilèges, E. Fasquelle, 1905. — Leconte de Lisle, essai, Soc. du Mercure de France, 1905.

Collaboration. — LeVoltaire, Dépêche de Toulouse, Écho de Paris, La Presse, l’Aurore, Revue des Revues, Mercure de France, Grande Revue, Grande France (fond.), {p. 288}Revue Universelle, Revue des Deux Mondes, Revue Illustrée, Renaissance Latine, etc…

À consulter. — E. Gaubert et G. Casella, La Jeune littérature, Revue Illustrée, 1er mai 1905 (avec un portrait de M.-A. Leblond). — G. Casella, Le Roman et la, Colonisation française, La Presse, juillet 1904.

 

Le Blond (Maurice), né à Niort le 26 février 1877.

Œuvres. — Essai sur le Naturisme, Mercure de France, 1897, in-16. — Émile Zola devant les jeunes, La Plume, 1898, in-18. — Le Théâtre Héroïque et Social, Stock, 1901, in-18. — Georges Clemenceau, étude Sansot et Cie 1906, in-18.

Collaboration. — Revue Naturiste, La Plume, La Presse, L’Aurore, Gil Blas, Revue des Revues, etc…

 

Le Brun (Roger), né à Paris le 29 juin 1877.

Œuvres. — Ermette Zacconi, essai de critique. Anthologie-Revue, Milan, 1895, in-16. — Le Bonheur des Hommes, un acte en prose, Sansot et Cie, 1903, in-18. — Maurice Donnay, essai bio-bibliographique, Sansot et Cie, 1905, in-18. — Anatole France, id., id., 1904, in-18. — François de Curel, id., id., 1905. — Corneille devant trois siècles, in-18, 1906.

Collaboration. — Anthologie-Revue. — Hémicycle. — Revue d’Art dramatique. — Revista Teatrale (Naples). — Rassegna Internationale (Rome). — La Plume. — Revue d’Art dramatique. — Revue illustrée, etc.

 

Leconte (Sébastien Charles), né à Calais le 22 octobre 1865.

Œuvres. — Œuvres définitives : L’Esprit qui passe, Paris, Soc. du Mercure de France, 1897. — Livres d’études : Le Bouclier d’Arès, Paris, Soc. du Mercure de France, 1897. — Salamine, poème, Paris, Rohart-Courtin, s. d. — Salamine, poème, Paris. Soc. du Mercure de France, 1897. — Les Bijoux de Marguerite, Paris, Soc. du Mercure de France, 1899. — La Tentation de l’Homme, poèmes, id., 1903. — Le Sang de Méduse, poèmes, id., in-18, 1905. {p. 289}Collaboration. — Mercure de France. Revue de France, etc.

À consulter. — Armand Silvestre : Critique littéraire, le Journal, 1er janvier 1897. — Gaston Stiégler : M. S.-Ch. Leconte, l’Écho de Paris, 6 juin 1897. — Henri Chantavoine : Un Poète, Journal des Débats, 12 juillet 1897. — A.-M. Gossez : Les Poètes du Nord, Anthologie et notices bio-bibliographiques Ollendorff, 1903, in-18. — Claude de Bressan : Le poète S. Ch. Leconte, brochure in-18, 1904, impr. Cariage, Besançon.

 

Lemaître (Mme Claude), née à Saintes en 1873.

Œuvres. — Ma Sœur Zabette, roman Ollendorff, 1902, in-18. — L’Aubaine, roman Ollendorff, 1903, in-18. — Le Cant, roman, Flammarion, 1904, in-18. — Cadet Oui-Oui, Flammarion, 1906, in-18.

Collaboration. — Gil Blas, Nouvelle Revue, Illustration, Écho de Paris.

 

Lichtenberger (André), né à Strasbourg le 29 nov. 1870.

Œuvres. — Le Socialisme au xviiie siècle, Alcan, 1895, in-8º. — Mon Petit Trott, roman, Plon et Nourrit, 1898, in-18. — Le Socialisme et la Révolution, Alcan, 1899, in-8 . —  La Mort de Corinthe, Plon et Nourrit, 1900, in-18. — Portraits d’Aïeules, Plon et Nourrit, 1903, in-18. — Monsieur de Migurac, Calmann-Lévy, 1903, in-18. — Les Centaures, Calmann-Lévy, 1904, in-18.

Collaboration. — Revue de Paris, Revue des Deux Mondes, Le Temps, Les Débats.

 

Lœwengard (Pol), né à Lyon.

Œuvres. — Les Pourpres Mystiques, poèmes, Mercure de France, 1899, in-18. — Les Fastes de Babylone, poèmes, Sansot et Cie, 1905, in-18.

Collaboration. — Revue Bleue, Anthologie-Revue, etc.

À consulter. — C. Mendès, Rapport sur le mouvement poétique français, E. Fasquelle, 1902. — J. Ernest Charles. Les Poètes, Revue Bleue, juillet 1905.

 

{p. 290}Lumet (Louis), né à Issoudun, 8 janvier 1872.

Œuvres. — Contre ce Temps, brochure, Paris. — Conversation avec Idéa, Paris. — La Fièvre, roman, Stock, 1899, in-18. — Le Théâtre civique, brochure, Ollendorff. — Le Chaos, roman, Stock, 1901, in-8º. — Les Cahiers d’un congréganiste, Fasquelle, 1904, in-18. — L’Art par Tous, conférenees, Gornely, 1904. in-18.

Collaboration. — La Volonté, Le Journal du Peuple, L’Enclos, L’Effort, La Petite République (Chronique littéraire).

À consulter. — Gustave Kahn, Décadents et Symbolistes, Vanier-Messein, 1903, in-18. — J. Ernest-Charles, Les Samedis Littéraires, 1902, Perrin, in-18.

 

Magre (Maurice), né à Toulouse le 2 mars 1877.

Œuvres. — Éveils, poésies (en collaboration avec André Magre), Toulouse, Vialelle et Perry, 1895, in-18. — Le Retour, pièce lyrique en un acte et en vers, Toulouse, Vialelle et Perry, 1896, in-18. — La Chanson des Hommes, Paris, Fasquelle, 1898, in-18. — Le Tocsin, drame en trois actes (Théâtre du Capitole, Toulouse, 22 juillet 1900), éd. du Midi-Artistique, 1902. — Le Poème de la Jeunesse, Paris, Fasquelle, 1901, in-18. — L’Or, drame en 3 actes (Nouveau-Théâtre, rep. des Poètes), 1901, non publié. — Le Dernier Rêve, pièce en 1 acte (Odéon, 1902), Fasquelle, 1902. — L’Histoire merveilleuse de Claire d’Amour, suivie d’autres contes, E. Fasquelle, 1903. — Le Vieil Ami, un acte, (Théâtre Antoine 1904), E. Fasquelle, 1904. — Le Retour de Diane, (Arènes de Nîmes, août 1903), Toulouse, Soc. Provinciale d’Éditions, 1903, in-18. — Les Lèvres et le Secret, poèmes, Fasquelle, 1906, in-18.

Collaboration. — L’Effort, La Nouvelle Revue, La Revue des Revues, Le Mercure de France, La Revue Blanche, La Petite République, L’Action, etc…

À consulter. — H. Bérenger : Chronique, Revue des Revues, 15 octobre 1898. — H. Chantavoine : Poètes et poésie, Débats, 21 novembre 1895. — Ernest Gaubert : Chronique, Dramatique, Revue Universelle, 15 septembre 1903 (avec un portrait) et Les Poètes de la Jeune Fille, Revue des Revues, 15 juin 1904. — Ch. Maurras : Revue Littéraire, Revue Encyclopédique, 14 janvier 1899.

{p. 291}Iconographie. — Vallotton, Masque, Revue des Revues, 15 oct. 1898. — Photos, Revue Universelle, 15 sept. 1903., Revue illustrée, 15 avril 1905.

 

Maindron (Maurice), né à Paris le 7 février 1857.

Œuvres. — Le Tournoi de Vauplassans, roman, Perrin, rééd. Borel. — Saint-Cendre, roman, Revue Blanche, 1899, in-18. — Blancador l’avantageux, roman, Fasquelle, — M. de Clérambon, roman, Fasquelle, 1905. — Le Meilleur parti (Théâtre Antoine, 1905), Fasquelle, 1905.

Collaboration. — Revue de Paris, Nouveau Dictionnaire Larousse, La Revue illustrée, Revue Blanche, etc.

 

Marinetti (F.-T.), né à Alexandrie d’Égypte le 22 décembre 1878.

Œuvres. — La Conquête des Étoiles, poème épique. — La Plume, 1901. — D’Annunzio, Intime. « Verde e Azurro », Milan, 1902. — La Momie sanglante « Verde et Azurro », Milan, 1902. — Destruction, poésie, Vanier-Messein, 1904. — Le Roi Bombance, Mercure de France, 1905, in-18.

Collaboration. — Revue Blanche, La Plume, Renaissance Latine, Revue d’Art Dramatique, Critique Internationale, Anthologie-Revue, Poesia (fond.).

 

Marival (Marie-Louis-Raymond-Vaissié, dit Raymond), né le 10 décembre 1866 à la Capelle-Marival (Lot).

Œuvres. — Chairs d’Ambre, roman, in-16, Soc. du Mercure de France, 1900. — Le Çof, roman de mœurs kabyles, Soc. du Mercure de France, in-16, 1902. — En outre deux romans : Les Fantômes (publié à l’« Effort » janvier-août 1898) et Genulphe et Janufette (en coll. avec Jean Viollis) publié à la Grande France, 1903.

 

Mercier (Louis), né à Coutances (Loire) en 1870.

Œuvres. — L’Enchantée, poésies, Ollendorff, 1897. — Voix de la Terre et du Temps, C. Lévy, 1903, in-18.

Collaboration. — Revue de Paris, Ermitage, etc…

 

{p. 292}Miomandre (Francis de), né à Tours en 1880.

Œuvres. — Les Reflets et les Souvenirs, (poèmes), l’Occident, 1904, in-4 raisin. — Les Hôtes inattendus, éd. de l’idée Libre, 1904, in-4.

Collaboration. — Revue Bleue, Nouvelle Revue, Mercure de France, Art moderne, etc…

 

Mithouard (Adrien), né à Paris en 1864.

Œuvres. — Rigalume, 1888 (C. H.). — Récital mystique, in-18, Lemerre, 1893. — L’Iris exaspéré, Lemerre, in-18, 1895. — Les Impossibles Noces, in-18, biblioth. du Mercure de France, 1896. — Le Pauvre Pécheur, in-18, édit. du Mercure de France, 1899. — Les Frères Marcheurs, in-4, biblioth. de l’Occident, 1902. — Le Tourment de l’Unité, Mercure de France, in-18, 1902. — Le Traité de l’Occident, Perrin, in-16, 1904.

Collaboration. — Mercure de France, Ermitage, L’Occident.

À consulter. — Une suite d’articles de M. Francis de Miomandre parus en 1903 (novembre) dans l’Art moderne.

 

Montfort (Eugène), né à Paris le 7 février 1877, un des promoteurs du mouvement naturiste.

Œuvres. — Sylvie ou les Émois passionnés, Soc. du Mercure de France, in-16, 1896. — Chair, Soc. du Mercure de France, 1898, in-18. — Exposé du Naturisme, Bruxelles, La Lutte, 1898, in-16. — Essai sur l’Amour, Paris, Ollendorff, 1899, in-18 et Stock, 1901, in-18. — Un an de caserne (sous le pseudonyme de Louis Lamarque), Stock, 1901, in-18. — La Beauté moderne, Paris, la Plume, 1902. — Chausey, lib. de l’Art Libre, Bruxelles, 1903, in-16. — Les Cœurs malades, roman, Fasquelle, 1904. — Le Châlet dans la Montagne, Fasquelle, 190b. — La Maîtresse Américaine, in-18, Herbert, 1906.

Collaboration. — Le Livre d’Art, La Revue des Revues, La Revue Naturiste, La Plume, L’Ermitage. Depuis 1904 M. Montfort rédige à lui seul une gazette littéraire : Marges.

À consulter. — Charles Maurras : Chronique, Revue Encyclopédique, 12 déc. 1896. — Edouard Rod : Chronique {p. 293}Le Gaulois, 7 janvier 1898. — Maurice Le Blond : Critique Littéraire, La Plume, 15 juin 1898. — Ernest Lajeunesse : Chronique, Gil Blas, 25 déc. 1898. — René Doumic : Revue Littéraire, Revue des Deux Mondes, 15 janvier 1903. — Henry Lapauze : Carnet du Liseur, Gaulois, 18 juillet 1904.

 

Morel (Eugène), né à Paris en 1869.

Œuvres. — L’Ignorance acquise, Stock, 1889, in-18. — Petits Français, Savine, 1890. — Artificielle, Ollendorff, 1895. — La Rouille du Sabre, G. Havard, 1897. — Dans la Nuit, 5 actes (coll. A. de Lorde), joué aux Escholiers, 1897, Revue Blanche, 1897, in-18. — Loreau est acquitté, un acte en collab. avec A. de Lorde. Comédie Parisienne, 1898 (repris sous le titre : l’Innocent, en 1902 au Théâtre Antoine). Librairie Théâtrale, 1898. — Les Morfondus, Ollendorff, 1898. — Terre Promise, roman, Revue Blanche, 1898. — L’Affaire Boreau, un acte (coll. A. de Lorde), lib. Théâtrale, 1899. — Les Boers, Mercure de France, 1899, petit in-18. — La Prisonnière, Flammarion, 1900. — Projets de Théâtres populaires, 1900. Revue d’Art dramatique. — Teintes du Nord, id., 1900. — Stella, trois actes (avec Jules Case), Renaissance, 1902, Ollendorff, in-18. — La Parfaite Maraîchère, E. Fasquelle, 1904. — La Dernière Torture, un acte, coll. A. de Lorde (Grand Guignol, 1904), E. Fasquelle, in-18.

Collaboration. — La Revue Moderne. — Revue pour les jeunes filles. — Mercure de France. — Revue d’Art dramatique (direction de 1901 à 1903), Nouvelle Revue, etc.

 

Mouquet (Jules-Georges-Édouard), né à Lille le 28 nov. 1878.

Œuvres. — Nocturnes Solitaires, sonnets, in-16 soleil, Paris, en la Maison des Poètes, 1901. — Les Épigrammes de Leonidas de Tarente, Lille, Le Beffroi, in-18, 1905.

Collaboration. — Le Beffroi, l’Hémicycle, la Revue Septentrionale.

 

Muchart (Henry-Joseph-Mathieu), né le 4 mars 1873 à Arles-sur-Tech (Pyrénées-Orientales).

{p. 294}Œuvres. — Les Balcons sur la mer, poèmes, La Plume, 1904, in-18.

Collaboration. — L’Ermitage, L’Effort, La Revue Provinciale.

 

Méré (Charles), né à Marseille le 29 janvier 1883.

Œuvres. — Races de Soleil, roman, 1900. — La Tragédie moderne, étude, préface de Paul Mounet. Éd. de la Chronique, in-16, carré, 1905. — L’Hydre, drame, Lib. Molière, 1906, in-18.

Collaboration. — La Presse, Nouvelle Revue, Mercure de France, Chronique des Livres, Le Rappel, l’Intransigeant, etc.

 

Nau (John-Antoine). Prix Goncourt en 1903.

Œuvres. — Au seuil de l’Espoir, poèmes, Vanier, in-18, 1903. — Force Ennemie, roman, éd. de la Plume, 1903, in-18. — Hiers Bleus, poèmes, Vanier-Messein. 1904, in-18. — Le Journal d’un écrivain de Dostoïewski (traduit en coll. avec M. Bienstock, Fasquelle, in-18, 1901. — Le Prêteur d’Amour, roman, id., 1905.

Collaboration. — Les Écrits pour l’Art, Revue Blanche, La Plume, etc.

 

Nervat (Jacques), né à Périgueux le 3 juillet 1875.

Œuvres. — Cantique des Cantiques, poésies, bibl. de l’« Effort », Toulouse, 1897. in-18. — Le Geste d’Accueil, poèmes, id. in-18, 1900. — Célina Landrot, romans de mœurs calédoniennes, Mercure de France, 1904, in-18. — Les Rêves Unis, poèmes, id., 1905, in-18. — (Tous ces volumes en collaboration avec Mme Marie Nervat.

 

Nervat (Marie Caussé, — Mme Jacques), née à Bordeaux le 26 juillet 1875.

Œuvres. — En outre des livres mentionnés plus haut, Histoire de Jeanine, roman, Delagrave, gr. in-18, 1904. — M. et Mme Nervat ont publié des poèmes à La Revue Provinciale à l’Ermitage, au Mercure de France.

 

{p. 295}Noailles (Princesse Anne, Élisabeth de Bassaraba de Brancovan, (Maison Bibesco) comtesse Mathieu de), née à Paris, le 15 novembre 1876.

Œuvres. — Le Cœur Innombrable, poésie (cour. par l’Ac. Fr.), Calmann-Lévy, in-18, 1901. — L’Ombre des Jours, poèmes, Calmann-Lévy, in-18, 1902. — La Nouvelle Espérance, roman, Calmann-Lévy, in-18, 1903. — Le Visage Emerveillé, roman C. Lévy, in-18, 1904. — La Domination, roman, C. Lévy, 1905, in-18.

Collaboration. — Renaissance Latine, Revue des Deux Mondes, La Plume, etc.

À consulter. — Paul Acker, Petites Confessions, Fontemoing, 1903. — Ch. Maurras, L’Avenir de l’Intelligence, Fontemoing, 1905, in-18. — R. de Montesquiou, Deux Muses, Renaissance Latine, 15 juin 1902. — Ch. Le Goffic. La Comtesse M. de Noailles. Revue Universelle, 1er janvier 1905. — Henri Ghéon. Chronique. L’Ermitage, août 1905. — Pierre Messian. Un grand poète, Revue Forézienne, octobre 1904.

Photographies, — Otto, Henri Manuel.

 

Périlhou (François), né à Lavelanet (Ariège).

Œuvres. — Andrée, comédie en 1 acte en prose, jouée au Théâtre du Capitole à Toulouse le 22 et 23 juillet 1900, Biblioth. de l’Effort, Paris, in-8, 1900. — Les Jeunes, Conférences, Biblioth. de l’Effort, Paris, in-18, 1901.

Collaboration. — L’Âme Latine, Le Midi Fédéral, L’Effort, La Petite République, etc…

 

Payen (Albert-Liénart dit Louis), né à Alais (Gard), le 13 décembre 1875.

Œuvres. — Vers la Vie, 1 acte en prose, Montpellier, La Coupe, 1898. — Tiphaine, épisode dramatique, musique de Neuville, Vienne, Breistcliof, 1898, in-4. — À l’Ombre du Portique, poèmes, chez Ed. Girard, in-16, Soleil, 1900. 1900. — L’Âme des Choses, 1 acte en vers (Théâtre des Poètes, 1903) (non publié). — L’Amour vole, 1 acte en vers joué au Théâtre Victor Hugo, Librairie Molière, 1904, in-18. — La Souillure, roman, Émile Petit, 1905, in-18 — Les Voiles blanches, poésies, Soc. du Mercure de France, 1905, in-18.

{p. 296}À consulter. — Ernest Gaubert et Georges Casella : La Jeune Littérature, Revue Illustrée, 15 avril 1905 (avec un portrait). — Ernest Gaubert : La Souillure, La Plume, 1er août 1905. — Louis Lumet : Chronique Littéraire, La Petite République, 18 déc. 1900. — Stuart Merril, Les Poètes, La Plume, 15 février 1901.

 

Philippe (Charles-Louis), né en 1876.

Œuvres. — Quatre histoires de Pauvre Amour, bibl. de l’Association 1897. — La Bonne Madeleine et la Pauvre Marie, La Plume, 1898. — La Mère et l’Enfant, La Plume, 1900, in-16. — Bubu de Montparnasse, roman, La Revue Blanche, 1901, in-16. — Le Père Perdrix, roman. La Revue Blanche, 1903. E. Fasquelle, 1903, in-18. — Marie Donadieu, roman, Eug. Fasquelle, 1904, in-18.

Collaboration. — L’Enclos, L’Ermitage, La Revue Blanche, Le Canard sauvage, La Renaissance Latine.

 

Pilon (Edmond-Louis), né à Paris le 19 novembre 1874.

Œuvres. — Les Poèmes de mes soirs, Vanier, 1896, in-8º. — La maison d’Exil, poésies, Mercure de France, 1898, pet. in-18. — Octave Mirbeau : Sansot et Cie, 1903, in-18. — Portraits Français, Sansot et Cie, 1904-1906, 2 vol. in-18. — Paul et Victor Margueritte, essai et critique, Sansot et Cie·, 1905. — (Édition avec notes et notices du Centaure de M. de Guérin et des Reliquiæ d’Eugénie de Guérin, 2 pet. in-12, 1905, Sansot et Cie).

Collaboration. — La Volonté, L’Écho de Paris. Le Mercure de France, Nouvelle Revue, Revue Bleue, Ermitage, Courrier Français, Revue dorée, etc.-

À consulter. — C. Mendès, Rapport sur le mouvement poétique Français, Fasquelle, 1902 (Μ. E. Pilon a collaboré avec M. Payen au dictionnaire qui termine ce rapport).

 

Pioch (Georges-Jules-Charles), né à Paris le 10 octobre 1874.

Œuvres. — La Légende blasphémée, poème, Mercure de France, 1897, in-12. — Toi, poème, Mercure de France, 1897, pet. in-12. — Le Jour qu’on aime, poème, Mercure de {p. 297}France, 1898, in-18. — Instants de Ville, poésie. Mercure de France, 1808, in-18. — Le Saint, 1 acte en prose, Revue d’Art dramatique, 1902, in-8º. — La Médaille Militaire, 1 acte en prose, Le Libertaire, 1903. — L’Impuissance d’Hercule, roman, Léon Vanier-Messein, 1904, in-18.

Collaboration. — Le Coq Rouge, Le Livre d’Art, Le Mercure de France, La Revue dorée, La Plume, Musica, Le Libertaire.

À consulter. — Henri de Régnier : Les Poèmes, Mercure de France, avril 1897. — Camille de Sainte-Croix : La Bataille Littéraire. Petite République, 19 juillet 1898. — Ernest Gaubert : Chronique, L’Aube Méridionale, 25 mars 1899. — Louis Lumet : La Semaine Littéraire, Petite République, 6 février 1905. — Catulle Mendès : Rapport sur le mouvement poétique, etc…

 

Polti (Georges), né à Providence (Rhode Island, U. S. A).

Œuvres. — La Théorie des Tempéraments, Carré, 1889. —  Notations de Gestes, Savine, 1892. — Les 36 Situations dramatiques, Mercure de France, 1895. — Les Cuirs de Bœufs, miracle en XII vitraux, Mercure de France, grand, in-16 carré. — Timidité de Shakespeare, Humanité Nouvelle, 1900.

Collaboration. — Mercure de France, Humanité Nouvelle. La Plume, Revue Indépendante, Revue Italienne.

À consulter. — F. Sarcey : Chronique, La France, 28 mai 1892. — P. Ginisty : Les 36 situations dramatiques, Gil Blas, 23 nov. Nombreux articles dans journaux étrangers : A. B. W. Speaker, 29 déc. 1894. — Daily Télegraph, 11 déc. 1894. — Kölnischen Zeitung, 23 sep. 1894. — New-York Herald, 1er janvier 1895, etc.). — H. Barbusse : Article, Grande Revue, 1er mai 1895. — L. Dumur : Littérature dramatique. Mercure de France, juin 1897.

 

Puaux (René), né le 18 août 1878 à Montivilliers (Seine-Inférieure).

Œuvres. — Cyrano de Bergerac (prologue en vers), plaquette non mise dans le commerce, 1898. — La Finlande, {p. 298}avec une préface d’A. France. Stock, in-18, 1901. — La Grille du jardin (poèmes), Plon-Nourrit, 1903, in-16. — Pour ma Finlande, traduit de Juhani Aho avec une introduction sur la littérature finlandaise. Fischbacher, 1903, in-18. — Guérison, roman de Siegfried Trebitsch, traduit de l’allemand (la Plume), 1905, in-18.

 

Querlon (Pierre-Marie-Armand Peyrot des Gachons dit Pierre de), né à Valençay (Indre) le 10 avril 1880.

Œuvres. — L’Activité artistique. La Campagne et le Berry, petits tirages à part de la revue l’Hémicycle (1900-1901). — La Liaison fâcheuse, roman (1902, Mercure de France). — Les Tablettes romaines, — Odes vernales (1902, Ermitage). — Le Bandeau, un acte (1903, Revue d’art dram.). — Les Joues d’Hélène, roman (Mercure, 1903). — La Princesse à l’aventure, conte (avec Ch. Verrier), Ermitage, 1903. — Les Amours de Leucippe et de Clitophon, roman (avec Ch. Verrier), Mercure, 1903.

Œuvres posthumes. — La Maison de la petite Livia, roman, suivi des Tablettes romaines (Mercure 1904). Céline, fille des champs, roman (Mercure, 1904).

À paraître : La Boule de vermeil, nouvelles et fragments (Mercure).

Collaboration. — Mercure de France, Ermitage, Hémicycle, Revue dorée, Revue de Paris, Renaissance Latine, Beffroi, Âme Latine, Weekly Review, Chronique des Livres, Le Magasin pittoresque.

À consulter. — La Boule de vermeil (en préface, étude générale de son frère Jacques des Gachons). — Edmond Pilon, Pierre de Querlon, Anthologie-Revue, 1904.

 

Reboux (Paul), né à Paris le 21 mai 1877.

Œuvres. — Les Matinales, poésies, Lemerre, 1897, in-18. — Les Iris Noirs, poésies, Lemerre, 1898, in-18. — Missel d’Amitié, poésies. Floury, 1900, in-8º. — Josette, roman, Ollendorff, 1903, in-18. — La Maison de Danses, roman (Prix de la Critique), Calmann-Lévy, 1905, in-18.

Collaboration. — Critique littéraire au Soir, Europe Coloniale, Le Journal, Les Lettres, etc.

 

{p. 299}Régismanset (Charles), né à Paris le 22 juillet 1877.

Œuvres. — Sensations coloniales J. André, in-12, 1899. — La Femme à l’Enfant, roman, Sansot et Cie, 1904, in-18. — Reflets, Réflexions, Paysages, poésies, Vanier, 1904.

Collaboration. — Mercure de France.

À consulter. — J. Ernest-Charles, La Vie Littéraire, Revue Bleue, 5 novembre 1904. — Ernest Gaubert, Médaillon : Gil Blas, 10 juillet 1904. — René Ghil. Article, La Balance, Moscou, 1er novembre 1904.

 

Des Rieux (Lionel), né à Neufchâteau (Vosges), le 20 novembre 1870.

Œuvres. — Chante-Pleure, poésies, Vanier 1892. — Espoir dans l’Ombre, poésies, 1893. — Les Prestiges de l’Onde, poésies, Mercure de France, 1894, in-18. — Les Amours de Lyristès, Mercure de France, 1895. — La Toison d’or, Mercure de France, 1896. — Les Colombes d’Aphrodite, Mercure de France, 1897. — Le Choeur des Muses, Mercure de France, 1895. — La Belle Saison, 1905. Fontemoing. — L’Amour au masque, roman (Juven), 1905.

Collaboration. — Ermitage, La Plume, l’Action Française.

À consulter. — Charles Maurras. Articles, Revue Encyclopédique, 15 novembre 1895, 14 août 1897, 5 août 1899. — Enquête sur la Monarchie, Figaro, septembre 1900.

 

Rigal (Henri), né à St-Chinian (Hérault), le 15 février 1883.

Œuvres. — Une Syrinx aux lèvres, poésies, Béziers, 1902. — Sur le Mode Sapphique, poésies, Béziers, 1902.

Collaboration. — L’Ermitage, Le Titan (fondateur), La Revue Provinciale, La Revue dorée, La Revue Forézienne, etc…

À consulter. — Henry Bauquier : Quelques Poètes de l’Hérault, 1 vol., Béziers, J. Fabre, 1903, in-18.

 

Rivoire (André-Paul), né à Vienne (Isère), le 5 mai 1873.

Œuvres. — Les Vierges, poésies, A. Lemerre, 1895, in-18. {p. 300}— Berthe aux grands pieds (conte en vers), A. Lemerre, 1899. — Le Songe de l’Amour, id. 1900. — La Peur de Souffrir, 1 acte en prose (Th. Antoine, déc. 1899), A. Lemerre, 1900. — Le Chemin de l’oubli, A. Lemerre, 1904. — Il était une bergère…, conte en vers (Comédie Française), A. Lemerre, 1905, in-18.

Collaboration. — Revue de Paris (secrétariat et critique), L’Art et la Vie, Renaissance Latine, Revue de l’Art ancien et moderne.

À consulter. — J. Ernest-Charles : La Vie littéraire, Revue Bleue, 31 déc. 1904. — J. de Foville : M. André Rivoire, Les Essais, janvier 1905, etc…

 

Saint-Point (Valentine de).

Œuvres. — Poèmes de la Mer et du Soleil, Paris, Vanier-Messein, 1905, in 18. — Un Amour, roman, Vanier, 1905, in-18.

Collaboration. — Le Siècle, La Plume, La Nouvelle Revue, etc.

À consulter. — A. Tudesq. Les Poèmes de V. de S.-P., La Plume. — Otto Hausser. Chronique, Neue Freie Presse (Vienne), 2 septembre 1906. — Antonio Beltramelli. Article, La Patria (Rome), 6 décembre 1905. — Cajon. Romanul Litterar (Bucarest), août 1905. — René Ghil. Les Poèmes, Écrits pour l’Art, juillet 1905. — Henri Hertz. Les Poètes, La Chronique, août 1905. — Ricciotto Canudo. Article. Il Campo, juillet 1905. — Léo Claretie. Chronique, Le Bon Sens, mai 1906.

 

Scheffer (Robert-Édouard), né à Colmar (Alsace), le 6 février 1865.

Œuvres. — Sommeil, poésies Jouaust, 1891. — Aubes et Mirages, Nouvelle Revue, 1892. — Misère Royale, roman, A. Lemerre, 1893, in-18. — L’Idylle d’un Prince, A. Lemerre, 1894, in-18. — Le Chemin Nuptial, id., 1895. — Le Prince Narcisse, A. Lemerre, 1897. — Grève d’Amour. Revue Blanche, 1898. — Herméros, poèmes, Mercure de France, 1899. — L’Ile aux Baisers, roman, illust. de Foache. Borel, 1900, petit in-8º. — Le Palais de Proserpine, {p. 301}Revue Blanche, 1902, in-18, — Le Péché Mutuel, Mercure de France, 1904, in-18. — Les Frissonnantes, Mercure de France, 1905, in-18. — Les Loisirs de Berthe Livoire, Mercure de France, 1906.

Collaboration. — Nouvelle Revue, Figaro, Le Journal, Mercure de France, La Plume. — Le Damier (fond).

 

Séché (Alphonse), né à Nantes en 1876.

Œuvres. — L’Art Dramatique, et Musical au xxe siècle, Annuaire (3e année), Éd. de la Revue d’Art dramatique, 1903, in-18. — Émile Faguet, essai, E. Sansot et Cie, 1904, in-18, — Les Contes des Yeux Fermés, couverture de Barrère, in-18, Sansot, 1905.

Collaboration. — Revue Bleue, Nouvelle Revue, le Mercure de France, La Revue Illustrée, L’Art du Theâtre, etc.

 

Segard (Achille), né à Roubaix le 4 avril 1872.

Œuvres. — Symbolistes et Décadents, Lille, Taffin-Lefort, 1892. — Georges Rodenbach, Lille, Ducoulombier, 1893. — Hymnes profanes, Paris, Bibl. de la Plume, 1894. — Des tentatives faites pour prévenir et éviter la Révolution Française, Lille, Taffin-Lefort, 1895. — Edmond Picard, Lille, Taffin-Lelort, 1896. — Le Départ à l’Aventure, Paris, Bibl. artistique et littéraire, 1897. — Edmond Picard, nouv. édition, Paris, La Nouvelle Revue Parisienne, 1898. — Itinéraire Fantaisiste, Paris. Ollendorff, 1893, — Voluptueux et Hommes d’Action, Paris, Ollendorff, 1900. — L’Envie, roman, Paris, Bernard, 1901, ill. — L’Infinie Tendresse, poésies, Paris, Ollendorff, 1902.

Collaboration. — Revue Illustrée, Revue dorée, La Plume, La Vie de Paris, Revue Bleue, l’Écho du Nord, etc…

À consulter. — A.-M. Gossez, Les Poètes du Nord, morceaux choisis et bibliographies, Ollendorff, 1902.

 

Souchon (Paul), né le 15 janvier 1874 à Laudun (Gard).

Œuvres. — Élévations Poétiques, poésies, Paris, Edmond Girard, 1898, in-18. — Nouvelles Élévations Poétiques La Plume, 1901, in-18. — Élégies Parisiennes, poèmes, Bibliothèque {p. 302}de l’Effort, 1902, in-18. — La Beauté de Paris, poésies, Soc. du Mercure de France, 1904, in-18. — Phyllis, tragédie en cinq actes et en vers (jouée le 30 mars 1905 aux Bouffes-Parisiens) Société du Mercure de France, 1905, in-18. — Le Dieu nouveau, tragédie jouée le 3 juillet à, Champigny. Mercure de France, in-18, 1906.

En outre M. Souchon a traduit du Provençal de Valère Bernard, Bagatouni, roman, La Plume, in-18, 1902.

Collaboration. — La Presse, La Plume, L’Effort, Le Mercure de France.

 

Toulet (Paul-Jean, dit P.-J.), né à Pau le 5 juin 1867.

Œuvres. — M. du Paur, homme public, roman, Simonis Empis, 1898, in-18. — Le Grand Dieu Pan (roman traduit de l’anglais de A. Machen), La Plume, 1901, in-18. — Le Mariage de Don Quichotte, Juven, 1902, in-18. — Les Tendres ménages, Mercure de France, 1904, in-18. — Mon Amie Nane, Mercure de France, 1905, in-18.

Collaboration. — La Vie Parisienne, Le Soleil, La Renaissance latine, La Revue Illustrée.

 

Tudesq (André), né à Alais le 28 janvier 1883.

Œuvres. — La Vie, poésie, Librairie française, 1905, in-18.

Collaboration. — La Plume, Revue Hebdomadaire, Revue Littéraire de Paris et Champagne, Mercure de France, etc.

 

Valmy-Baysse (Jean), né à St-Médard-en-Jalle (Gironde), le 3 juillet 1874.

Œuvres. — Le Temple, poèmes, 1903, édition de la Nouvelle Revue Moderne, in-16. — La Poésie française chez les Noirs d’Haïti, conférence. Nouvelle Revue Moderne, 1903, in-8º. — Impéria, 4 actes en vers joués au Théâtre des Poètes (salle du Nouveau Théâtre), le 17 mars 1903.

Collaboration. — Nouvelle Revue, La Plume, Le Réveil de Gand, fondateur de la Nouvelle Revue Moderne et de La Vie 1904.

{p. 303}À Consulter. — Émile Faguet, La Semaine dramatique, Le Journal des Débats, 23 mars 1905. — Émile Magne : J. Valmy-Baysse. Nouvelle Revue Moderne, février 1903.

 

Varenne (Marc), né le 4 septembre 1877 à Nérac (Lot-et-Garonne).

Collaboration. — Nouvelle Revue, l’Anthologie Revue, L’Aube Méridionale (fond), La Vie, La Revue de Bordeaux et du Sud-Ouest, Le Petit Méridional, La Revue Illustrée.

 

Vernon (Yvonne), née le 25 octobre 1883 à Paris.

Œuvres. — Terres de Lumière, (impressions de voyage), Ollendorff, in-18, 1904. — Claire Maret, roman, Ollendorff, in-18, 1905.

Collaboration. — Revue Blanche, Mercure de France, La Vie Parisienne, La Renaissance Latine, Le Temps, etc.

À consulter. — E. Gaubert et G. Casella : La Jeune Littérature (avec 1 portrait de Mlle Vernon), 1er mai 1905. — E. Gaubert, Histoire et Voyages, La Plume, 1er août 1905.

 

Vernon (Louis-Chouart, dit Pierre), né à Vernon (Saône-et-Loire), le 17 décembre 1866.

Œuvres. — Le Choix d’une Maîtresse, Bibliothèque indépendante, in-18, 1906.

Collaboration. — Journal, Petit Journal, Petit Parisien, Le Soir, L’Indiscret, Lectures Modernes, Vie Populaire.

 

Vignaud (Jean), né à Saintes le 26 septembre 1875.

Œuvres. — L’Accueil, poème, Ollendorff, 1901, in-18. — Les Amis du Peuple, roman, E. Fasquelle, 1903, in-18.

Collaboration. — Revue d’Art dramatique, L’Effort, Revue de Paris, L’Aurore, Petit Parisien.

 

Viollis (Henri d’Ardennes de Tizac, dit Jean).

Œuvres. — La Guirlande des Jours, poésies, Bibliothèque {p. 304}de l’Effort, Toulouse, 1837. — L’Émoi, roman, Bibl. de l’Effort, Toulouse, 1898 et Paris, Borel, illustrations de A. Calbet, 1898, in-32. — La Récompense, roman, Paris, Borel, illustrations de F. Schmid, 1901, in-16. — Petit-Cœur, roman, Société de Mercure de France, pet. in-18, 1902.

Collaboration. — L’Effort (fondateur), Revue de Paris, Revue des Revues, Mercure de France, la Grande France, la Petite République. (Sous le pseudonyme de Giraut, notes d’actualité, politiques et sociales, (1901-1902) dans l’Effort.)

À consulter. — François Périlhou : Les Jeunes, conférence, Bibl. de l’effort, Paris, 1901.

 

Visan (Tancrède de), né à Lyon le 16 décembre 1868.

Œuvres. — Paysages Introspectifs, poésies, précédées d’un essai sur le Symbolisme Jeune, 1904, in-8º.

Collaboration. — Revue de Philosophie, Chronique des Livres, La Plume, Vers et Prose, Écrits pour l’Art.

 

Vivien (Renée), née en 1877.

Œuvres. — Études et Préludes, poèmes, A. Lemerre, in-18, 1900. — Cendres et Poussières, id., 1902. — Brumes des Fjords, proses, id, 1902. — Évocations, poèmes, id., 1903. — Sapho, traduction, id., 1903. — Du Vert au Violet, proses, id., 1905. — La Vénus des Aveugles, id., 1901, — Les Khitarèdes, traduc., id., 1904. — La Dame à la Loure, nouvelles, id., 1904. — Une Femme m’apparut, roman, id. 1905.

À consulter. — Charles Maurras. — L’Avenir de l’intelligence, Fontemoing, 1905, in-16. — J. Ernest-Charles. Les Samedis littéraires (2e et 3e série), Perrin et Sansot, éd., 1904-1905.

 

Willy (Colette-Claudine-Colette, Mme Henry Gauthier Villars), née à St-Sauveur-en-Puisaye (Yonne).

Œuvres. — Dialogues de Bêtes, Mercure de France, 1904, in-16, carré. — Sept Dialogues de Bêtes (préface de Francis Jammes), Soc. du Mercure de France, 1905, in-18.

{p. 305}Collaboration. — Gil Blas, Recue Illustrée, Renaissance Latine, Mercure de France.

À consulter. — Francis Jammes, Préface pour les Dialogues de Bêtes, Mercure de France, 15 mars 1905. — Jean de la Hire, Willy et Colette, Bibliothèque indépendante, 1895, in-18 (illustrations).

 

Yaki (Paul), né à Toulouse le 4 mars 1883.

Œuvres. — La Belle Paule (en coll. avec Gh. Gallié), 1 acte en vers, Toulouse, Petite Revue Méridionale, 1904, in-18.

Collaboration. — La Flamme, La Vie Toulousaine, La Revue d’Égypte, etc.

 

Zuylen de Nyevelt (Hélène de Rotschild, baronne de), née à Paris en 1868.

Œuvres. — Effeuillements, poèmes, A. Lemerre, in-18, 1903. — Copeaux, nouvelles, id., 1904. — L’Impossible sincérité, roman, Calmann-Lévy, 1905, in-18. — La Mascarade interrompue, 1 acte (adapté de E. Poë), Grand Guignol, juillet 1905.

Collaboration. — Je sais tout, août 1905.

APPENDICE

Gide (Paul-André), né à Paris en novembre 1869.

Œuvres. — Cf. Bibliographie à la suite du Ier Livre des Masques de Remy de Gourmont, Mercure de France, in-18. — Les Nourritures terrestres, Mercure de France, in-18, 1897. — Philoctète, Mercure de France, 1899. — Prométhée mal enchaîné, id. 1899. — Le Roi Candaule, id. 1901. — L’Immoraliste, id. 1902. — Prétextes (critique), id. 1903, in-8º. — Saül suivi du Roi Candaule, id. 1904, in-18.

{p. 306}Collaboration. — La Plume, Mercure de France, L’Ermitage, etc…

 

Hauser (Fernand), né à Toulon (Var), le 18 décembre 1869.

Œuvres. — Les Pauvres Gens, poésies, 1890. — Le Château des Rêves, poésies, 1890. — La Maison des Souvenirs, poésies, 1906. — La Vieillesse de Pierrot, un acte en vers, 1892. — L’Amoureuse Chasteté, roman, 1897. — Le Ressuscité, tragédie, 1901. — Victor Gelu et son Œuvre, critique, 1899. — L’affaire Syveton, ouvrage documentaire, 1905. — La Comédienne, un acte en prose, 1895. — Inceste d’âmes, cinq actes en collaboration avec Jean Laurenty (Théâtre Libre, 1896).

 

Hervier (Paul-Louis), né à Limoges, le 21 juin 1882.

Œuvres. — Le Mort qui renaît (La Presse, juin-juillet 1905). — L’Apparition ou le Trésor de M. Carcasse, (le Bon Journal, Flammarion, éd. 1905).

Collaboration. — La Presse, de 1900 à 1905 — La Patrie, 1900 à 1902. — Cosmopolis, 1902. — Le Petit Bleu, 1902. — Le Soir, 1904. — La Revue Illustrée, 1905. — Le Mois littéraire et pittoresque, 1905. — La Petite Revue du Midi, 1902-1905. — L’Auto (Lovely Rogue), 1904-1905. — Le Monde Moderne, 1905.

 

N. B. — Il nous a été impossible d’utiliser certains renseignements envoyés par tes auteurs eux-mêmes, ces notes étant incomplètes ou trop vagues.

FIN