Denis Diderot

1759

Salon de 1759

2013

Salon de 1759 §

À mon ami M. Grimm §

Voici à peu près ce que vous m’avez demandé. Je souhaite que vous puissiez en tirer parti.

Beaucoup de tableaux, mon ami, beaucoup de mauvais tableaux. J’aime à louer. Je suis heureux quand j’admire. Je ne demandais pas mieux que d’être heureux et d’admirer…

Michel Van Loo §

C’est un portrait du maréchal d’Etrées qui a l’air d’un petit fou ou d’un spadassin déguisé.

C’en est un autre de Madame de Pompadour plus droit et plus froid ; un visage précieux ; une bouche pincée ; de petites mains d’un enfant de treize ans ; un grand panier en éventail ; une robe de satin à fleurs bien imité, mais d’un mauvais choix.

Je n’aime point en peinture les étoffes à fleurs. Elles n’ont ni simplicité ni noblesse. Il faut que les fleurs papillotent avec le fond qui, s’il est blanc surtout, forme comme une multitude de petites lumières éparses. Quelque habile que fût un artiste, il ne ferait jamais un beau tableau d’un parterre, ni un beau vêtement d’une robe à fleurs.

Ce portrait a sept pieds et demi de hauteur, sur cinq pieds et demi de large ; imaginez l’espace que ce panier à guirlandes doit occuper.

Ce portrait et quelques autres qui n’intéressent pas davantage sont de Vanloo.

Restout §

Il y a une Annonciation de Restout. Je ne sais ce que c’est. Un Aman sortant du palais d’Assuerus, irrité de ce que Mardochée ne l’adore pas. Je me rappelle que l’Annonciation est traitée d’une manière sèche, roide et froide ; qu’elle est sans effet ; et qu’on dirait un morceau détaché d’une vieille coupole, qui a souffert et qui n’était pas d’un trop habile homme. Pour le tableau d’Amman, on lit ce que c’est sur le livre, mais on n’en devine rien sur la toile. Si la foule qui s’ouvre devant l’homme fier qui passe, s’inclinait ou se prosternait et qu’on remarquât un seul homme debout, on dirait, voilà Mardochée. Mais le peintre a fait le contraire. Un seul fléchit le genou ; le reste est debout, et l’on cherche en vain le personnage intéressant. Du reste nulle expression ; point de distance entre les plans ; une couleur sombre ; des lumières de nuit. Cet artiste use plus d’huile à sa lampe que sur sa palette.

Une Purification de la Vierge du même. Je ne me la remets pas ; c’est peut-être vous en dire du mal.

Carle Van Loo §

Enfin nous l’avons vu, ce tableau fameux de Jason et Medée. Ô mon ami, la mauvaise chose ! C’est une décoration théâtrale avec toute sa fausseté ; un faste de couleur qu’on ne peut supporter ; un Jason d’une bêtise inconcevable. L’imbécile tire son épée contre une magicienne qui s’envole dans les airs, qui est hors de sa portée et qui laisse à ses pieds ses enfants égorgés. C’est bien cela ? Il fallait lever au ciel des bras désespérés, avoir la tête renversée en arrière ; les cheveux hérissés ; une bouche ouverte qui poussât de longs cris ; des yeux égarés ; et puis une petite Medée, courte, roide, engoncée, surchargée d’étoffes ; une Medée de coulisse ; pas une goutte de sang qui tombe de la pointe de son poignard ou qui coule sur ses bras ; point de désordre ; point de terreur. On regarde, on est ébloui, et l’on reste froid. La draperie qui touche au corps a le mat et les reflets d’une cuirasse ; on dirait d’une plaque de cuivre jaune. Il y a sur le devant un très bel enfant renversé sur les degrés arrosés de son sang ; mais il est sans effet. Ce peintre ne pense ni ne sent. Un char d’une pesanteur énorme. Si c’était un morceau de tapisserie que ce tableau, il faudrait accorder une pension au teinturier. J’aime mieux ses Baigneuses.

C’est un autre tableau oit l’on voit deux femmes nues, au sortir du bain. L’une par devant, à qui l’on présente une chemise, et l’autre par derrière. Celle-ci n’a pas le visage agréable ; je lui trouve le bas des reins plat ; elle est noire ; ses chairs sont molles ; la main droite de l’autre m’a paru sinon estropiée et trop petite, du moins désagréable ; elle a les doigts recourbés. Pourquoi ne les avoir pas étendus ? La figure serait mieux appuyée sur le plat de la main, et cette main aurait été d’un meilleur choix. Il y a de la volupté dans ce tableau, des pieds nus, des cuisses, des tétons, des fesses ; et c’est moins peut-être le talent de l’artiste qui nous arrête que notre vice. La couleur a bien de l’éclat. Les femmes occupées à servir les figures principales sont éteintes avec jugement ; vraies, naturelles et belles, sans causer de distraction.

Collin de Vermont et Jeaurat §

Il y a de Colin de Vermont une mauvaise Adoration des rois.

De Jeaurat, des Chartreux en méditation ; c’est pis encore. Point de silence ; rien de sauvage ; rien qui rappelle la justice divine ; nulle idée ; nulle adoration profonde ; nul recueillement intérieur ; point d’extase ; point de terreur. Cet homme ne s’est pas douté de cela. Si son génie ne lui disait rien que n’allait-il aux Chartreux. Il aurait vu là ce qu’il n’imaginait pas. Mais croyez-vous qu’il eût vu ? S’il y a peu de gens qui sachent regarder un tableau, y a-t-il bien des peintres qui sachent regarder la nature ?

Je ne vous dirai rien de quatre petits tableaux du même. Ce sont des Musulmans qui conversent ; des Femmes du sérail qui travaillent, une Pastorale, un Jardinier avec sa Jardinière. C’est le coloris de Boucher, sans ses grâces, sans son feu, sans sa finesse. Que le costume y soit bien observé, j’y consens ; mais c’est de toutes les parties de la peinture, celle dont je fais le moins de cas.

Nattier §

Voici une Vestale de Natier ; et vous allez imaginer de la jeunesse, de l’innocence, de la candeur, des cheveux épars, une draperie à grands plis, ramenée sur la tête et dérobant une partie du front ; un peu de pâleur ; car la pâleur sied bien à la piété (et à la tendresse). Rien de cela, mais à la place, une coiffure de tête élégante, un ajustement recherché, toute l’afféterie d’une femme du monde à sa toilette, et des yeux pleins de volupté, pour ne rien dire de plus.

Hallé §

Hallé a fait deux pendants des Dangers de l’amour et du vin. Ici des nymphes enivrent un satyre d’une belle brique, bien dure, bien jaunâtre et bien cuite ; et puis à côté de cette figure qui sort du four d’un potier, nul esprit, nulle finesse, point de mouvement, point d’idée ; mais le coloris de Boucher. Cet homme qu’on a très bien nommé le Fontenelle de la peinture, finira par les gâter tous.

Je vois encore sur le livret une Fuite de la Vierge en Égypte ; personne ne saurait sans cela qu’elle est au Salon. Je renvoie ses deux petits pendants au pont Notre Dame.

Vien §

La Piscine miraculeuse de Vien est une grande composition qui n’est pas sans mérite. Le Christ y a l’air benêt comme de coutume ; tout le côté droit est brouillé d’un tas de figures jetées pêle-mêle, sans effet et sans goût. Mais la couleur m’a paru vraie. Au-dessus des malades, il y a un ange qui est très bien en l’air ; derrière le Christ un apôtre en gris de lin que Le Sueur ne dédaignerait pas, mais qu’il revendiquerait peut-être ; et sur le milieu, un malade assis par terre qui fait de l’effet. Il est vrai qu’il est vigoureux et gras. Et que ma Sophie a raison quand elle dit que s’il est malade, il faut que ce soit d’un cor au pied.

Jesus Christ rompant le pain à ses disciples ; St Pierre, à qui Jesus demande, après la pêche, s’il l’aime ; La Musique ; une Résurrection du Lazare sont quatre tableaux du même, dont je ne sens pas le mérite.

Vous rappelez-vous, mon ami, la Résurrection du Rembrant ; ces disciples écartés ; ce Christ en prière ; cette tête enveloppée du linceul, dont on ne voit que le sommet, et ces deux bras effrayants qui sortent du tombeau. Ces gens-ci croient qu’il n’y a qu’à arranger des figures. Ils ne savent pas que le premier point, le point important, c’est de trouver une grande idée. Qu’il faut se promener, méditer, laisser là les pinceaux et demeurer en repos jusqu’à ce que la grande idée soit trouvées.

La Grenée §

Il y a d’un La Grenée une Assomption ; Venus aux forges de Lemnos demandant à Vulcain des armes pour son fils ; un Enlèvement de Cephale par l’Aurore, un Jugement de Paris, un Satyre qui s’amuse du sifflet de Pan et quelques petits tableaux, car les précédents sont grands.

Si j’avais eu à peindre la descente de Venus dans les forges de Lemnos, on aurait vu les forges en feu sous des masses de roches ; Vulcain debout, devant son enclume, les mains appuyées sur son marteau ; la déesse toute nue lui passant la main sous le menton ; ici le travail des Ciclopes suspendu ; quelques-uns regardant leur maître que sa femme séduit, et souriant ironiquement ; d’autres cependant auraient fait étinceler le fer embrasé. Les étincelles dispersées sous les coups auraient écarté les Amours ; dans un coin ces enfants turbulents auraient mis en désordre l’atelier du forgeron ; et qui aurait empêché qu’un des Ciclopes n’en eût saisi un par les ailes pour le baiser ? Le sujet était de poésie et d’imagination, et j’aurais tâché d’en montrer. Au lieu de cela, c’est une grande toile nue, où quelques figures oisives et muettes se perdent. On ne regarde ni Vulcain, ni la déesse. Je ne sais s’il y a des Ciclopes. La seule figure qu’on remarque, c’est un homme placé sur le devant qui soulève une poutre ferrée par le bout.

Et ce Jugement de Paris ? Que vous en dirai-je ? Il semble que le lieu de la scène devait être un paysage écarté, silencieux, désert, mais riche ; que la beauté des déesses devait tenir le spectateur et le juge incertains ; qu’on ne pouvait rencontrer le vrai caractère de Paris que par un coup de génie. M. de La Grenée n’y a pas vu tant de difficulté. Il était bien loin de soupçonner l’effet sublime du lieu de la scène. Son Jeune Satyre qui s’amuse du sifflet de Pan a plus de gorge qu’une jeune fille. Le reste, c’est de la couleur, de la toile et du temps perdus.

Challe §

Je n’ai pas mémoire d’avoir vu ni un Saint Hippolite dans la prison, ni un Domine non sum dignus, ni une Lucrece présentant le poignard à Brutus, ni les autres tableaux de Challe. Vous savez avec quelle dédaigneuse inadvertance on passe sur les compositions médiocres.

Chardin §

Il y a de Chardin un Retour de chasse ; des Pièces de gibier ; un Jeune élève qui dessine vu par le dos ; une Fille qui fait de la tapisserie ; deux petits tableaux de Fruits. C’est toujours la nature et la vérité ; vous prendriez les bouteilles par le goulot, si vous aviez soif ; les pêches et les raisins éveillent l’appétit et appellent la main. J’aimerais bien mieux que ces derniers fussent dans votre cabinet que chez ce vilain Trublet à qui ils appartiennent. Ce Chardin est homme d’esprit ; il entend la théorie de son art ; il peint d’une manière qui lui est propre, et ses tableaux seront un jour recherchés. Il a le faire aussi large dans ses petites figures, que si elles avaient des coudées. La largeur du faire est indépendante de l’étendue de la toile et de la grandeur des objets[ ;] réduisez tant qu’il vous plaira une Sainte Famille de Raphael, et vous n’en détruirez point la largeur du faire.

Aved §

Une belle chose, c’est le Portrait du maréchal de Clermont Tonnerre peint par Aved. Il est debout à côté de sa tente ; en bottines ; avec la veste de buffle à petits parements retroussés, et le ceinturon de cuir. Je voudrais que vous vissiez avec quelle vérité de couleur et quelle simplicité cela est fait. On s’y tromperait. De près la figure paraît un peu longue ; mais c’est un portrait. Si l’homme est ainsi ? D’ailleurs éloignez-vous encore de quelques pas et ce défaut, si c’en est un, n’y sera plus. Il me fâche seulement qu’on soit si bien peigné dans un camp. Il y a là une perruque que Vandick aurait, je crois, un peu ébouriffée. Mais je suis trop difficile.

Latour §

Latour avait peint plusieurs pastels qui sont restés chez lui ; parce qu’on lui refusait les places qu’il demandait.

Bachelier §

Bachelier a fait une grande et mauvaise Résurrection, à la manière de peindre du comte de Caylus. Mr Bachelier, mon ami, croyez-moi, revenez à vos tulipes. Il n’y a ni couleur ni composition, ni expression, ni dessin dans votre tableau. Ce Christ est tout disloqué. C’est un patient dont les membres ont été mal reboutés ; de la manière dont vous avez ouvert ce tombeau, c’est vraiment un miracle qu’il en soit sorti ; et si on le faisait parler d’après son geste, il dirait au spectateur ; Adieu, Messieurs, je suis votre serviteur ; il ne fait pas bon parmi vous, et je m’en vais. Tous ces chercheurs de méthodes nouvelles n’ont point de génie.

Vernet §

Nous avons eu une foule de Marines de Vernet ; les unes locales, les autres idéales ; et dans toutes, c’est la même imagination, le même feu, la même sagesse, le même coloris, les mêmes détails, la même variété. Il faut que cet homme travaille avec une facilité incroyable. Vous connaissez son mérite. Il est tout entier dans quatorze ou quinze tableaux. Les mers se soulèvent ou se tranquillisent toujours à son gré. Le ciel s’obscurcit l’éclair s’allume ; le tonnerre gronde, la tempête s’élève, les vaisseaux s’embrasent, on entend le bruit des flots, les cris de ceux qui périssent, on voit, on voit tout ce qu’il lui plaît.

Mme Vien §

Les morceaux d’histoire naturelle de Mad Vien ont le mérite qu’il y faut désirer, la patience et l’exactitude. Un portefeuille de sa façon instruirait autant qu’un cabinet, plairait davantage, et ne durerait pas moins.

Drouais §

Si vous êtes curieux de visages de plâtre, vous verrez à votre retour les tableaux de Drouais. Mais à quoi tient cette fausseté ? Cela n’est pas dans la nature. Ces gens voient donc d’une façon et font d’une autre.

Deshays §

On loue un Martyre de St André de Deshays. Je n’en saurais que dire, il est placé trop haut pour mes yeux.

Quant à son Hector exposé sur les rives du Scamandre, il est vilain, dégoûtant et hideux. C’est un malfaiteur ignoble qu’on a décroché du gibet.

Il y a du même une Marche de voyageurs dans les montagnes. Je n’ose juger des figures, mais je crois le paysage beau. Il m’a rappelé plusieurs fois. Les arbres, les roches, les eaux font un bel effet. Il y a de la poésie dans la composition, et de la force dans la couleur. Quand on compare ce morceau avec les autres du même, on dirait qu’il n’est pas de lui. Ô la belle solitude [ !] Je l’imagine avec plaisir. Le baron dit que c’est une imitation. Je le croirais bien.

Parrocel §

Agar chassée par Abraham, errante dans le désert, manquant d’eau et de pain et s’éloignant de son fils qui expire. Quel sujet ! La misère, le désespoir, la mort. De par Apollon dieu de la peinture, nous condamnons le Sr Parrocel auteur de cette maussade composition, à lécher sa toile, jusqu’à ce qu’il n’y reste rien, et lui défendons de choisir à l’avenir des sujets qui demandent du génie.

Greuze §

Les Greuze ne sont pas merveilleux cette année. Le faire en est roide, et la couleur fade et blanchâtre. J’en étais tenté autrefois. Je ne m’en soucie plus.

Doyen §

La Mort de Virginie par Doyen est une composition immense où il y a de très belles choses. Le défaut c’est que les figures principales sont petites, et les accessoires grandes. Virginie est manquée ; ce n’est ni Appius ni Claudius ni le père ni la fille qui attachent ; mais des gens du peuple, des soldats et d’autres personnages qui sont aussi du plus beau choix ; et des draperies d’un moelleux, d’une richesse et d’un ton de couleur surprenant. Il y a de lui d’autres morceaux qui sont fort inférieurs à celui-ci.

Sa Fête au dieu des jardins est coloriée vigoureusement ; mais elle dégoûte ; de grosses femmes endormies et enivrées ; des culs monstrueux ; des masses de chair mal arrangées. Cependant de la chaleur, de la poésie et de l’enthousiasme. Cet homme deviendra un grand artiste ou rien. Il faut attendre. Les amateurs disent que sa vanité le perdra ; c’est-à-dire qu’il sent leur médiocrité et qu’il méprise leurs conseils. Vous n’en prendrez pas vous, plus mauvaise opinion.

Boucher §

Avant que de passer à la sculpture ; il ne faut pas que j’oublie une petite Nativité de Boucher. J’avoue que le coloris en est faux ; qu’elle a trop d’éclat ; que l’enfant est de couleur de rose ; qu’il n’y a rien de si ridicule qu’un lit galant en baldaquin dans un sujet pareil ; mais la Vierge est si belle, si amoureuse et si touchante ; il est impossible d’imaginer rien de plus fin, ni de plus espiègle que ce petit saint Jean couché sur le dos, qui tient un épi. Il me prend toujours envie d’imaginer une flèche à la place de cet épi ; et puis des têtes d’anges plus animées, plus gaies, plus vivantes ; le nouveau-né le plus joli. Je ne serais pas fâché d’avoir ce tableau. Toutes les fois que vous viendriez chez moi, vous en diriez du mal, mais vous le regarderiez.

Sculpture, Vassié, Pajou, Mignot §

Je n’ai vu parmi un grand nombre de morceaux de sculpture qu’une Nymphe de grandeur naturelle ; un Buste de Le Moine par un de ses élèves, et le Buste d’une prêtresse de Diane, à ce que je crois.

La Nymphe ne me paraît pas inférieure à la Dormeuse qui rassemblait tout le monde autour d’elle, au dernier Salon. Elle est couchée nonchalamment ; elle tient une coquille d’une main ; elle est accoudée sur son autre bras. La tête a de la jeunesse, des grâces, de la vérité, de la noblesse. Il y a partout une grande mollesse de chair ; et par-ci par-là des vérités de détail qui font croire que cet artiste ne s’épargne pas y les modèles. Mais comment fait-il pour en trouver de beaux.

Oh, le beau buste que celui de Le Moine, mon ami, le beau buste ! Il vit, il pense, il regarde, il voit, il entend, il va parler. Je suis tenté d’aller chez vous et de jeter par les fenêtres ce bloc de terre mort qui y est.

C’est encore une belle chose que ce buste de Diane. On croirait que c’est un morceau réchappé des ruines d’Athenes ou de Rome. Quel visage ! Comme cela est coiffé ! Comme cette draperie de tête est jetée ! Et ces cheveux, et cette plante qui court autour. Que les Anciens sont étonnants !

Nous avons beaucoup d’artistes ; peu de bons ; pas un excellent ; ils choisissent de beaux sujets ; mais la force leur manque ; ils n’ont ni esprit, ni élévation, ni chaleur, ni imagination. Presque tous pèchent par le coloris. Beaucoup de dessin, point d’idée. Tâchez de réchauffer cela et me tenez quitte.

 

Je me suis trompé ; mettez à la place de l’Annonciation de Restout, l’Assomption de La Grenée. N’oubliez pas cette note ; et gardez-vous bien de mettre mon nom à ce papier. Orphée ne fut pas plus mal entre les mains des Bacchantes, que je le serais entre les mains de nos peintres.