Lindley Murray

1824

Du danger des spectacles

Édition de Doranne Lecercle
2018
Source : Lindley Murray, Du danger des spectacles, Paris, Imprimerie de Lachevardiere Fils, 1824.
Ont participé à cette édition électronique : François Lecercle (Responsable d’édition) et Clotilde Thouret (Responsable d’édition).

[FRONTISPICE] §

DU DANGER des SPECTACLES
ou
opinion de quelques pieux et eminents personnages,
touchant la tendance pernicieuse des representa-
tions dramatiques et autres amusements mondains,
accompagnees de reflexions
par

LINDLEY MURRAY
traduit de l'anglais
PARIS
Imprimerie de Lachevardiere Fils,
successor de cellot
rue du Colombier, n. 30
1824.

{p. 1}

INTRODUCTION. §

Dans ce siècle où le plaisir est une affaire si importante, que tous les raffinements de la civilisation semblent n’avoir que ce seul but, on ne manquera pas, peut-être, de taxer d’insensée et de présomptueuse une entreprise qui a pour objet d’appeler l’attention du public sur les écrits de certains personnages qui se sont prononcés contre les représentations théâtrales, lesquelles attirent de nos jours une si prodigieuse affluence et sont l’objet d’un si étrange empressement. Mais nous vivons dans un temps où une discussion libre et un examen de bonne foi de toutes les opinions ne manquent pas d’être accueillis, lorsqu’ils sont présentés avec la décence convenable. Nous osons donc espérer qu’on voudra bien parcourir avec attention ces pages où nous avons présenté l’opinion de plusieurs écrivains illustres et moraux, touchant les plaisirs de la scène. De même qu’il est beau quelquefois d’attaquer avec une vertueuse liberté, des opinions et des préjugés qui ont pour eux l’autorité des temps et un vieux respect, fils de l’habitude ; de même que le résultat de ces attaques, {p. 2}inscrites dans les bornes de la modération et de la charité chrétienne, a souvent été la destruction de l’erreur et le triomphe de la vérité ; c’est ainsi qu’il est d’une importance égale, sinon plus grande encore, d’examiner avec les yeux de l’impartialité plusieurs des usages et des plaisirs de la société, que l’empire d’une longue indulgence semble avoir consacrés.

La nécessité de cet examen est d’une importance d’autant plus grande, que c’est d’après nos actes, comme d’après nos principes, que nous devons être jugés. On ne peut, d’ailleurs, mettre en doute que nos passions, notre corruption naturelle et l’amour du monde que nous portons dans le cœur, tout concourt à nous communiquer un invincible attachement pour tous ces amusements mondains que l’habitude et l’exemple rendent innocents à nos yeux.

Encouragé par ces considérations, nous avons publié cet essai, dans lequel nous avons réuni ce qu’ont pensé quelques écrivains vertueux au sujet de ces plaisirs que semble aujourd’hui sanctionner une approbation presque universelle. Sans doute, nous sommes loin d’avoir discuté le sujet dans toute son étendue ; nous nous sommes contenté d’en mettre un léger aperçu sous les yeux du lecteur : mais, quelque bornées que soient les limites que nous nous sommes imposées, nous ne doutons pas {p. 3}que ce petit nombre de pages n’appelle la plus sérieuse attention. Nous soumettons cet essai au public, dans l’espérance que si nos lecteurs demeurent convaincus de la vérité de nos arguments, aucune considération, aucune habitude antérieure ne pourra prévaloir sur la voix de la conscience, et sur cette paix de l’âme, ce trésor le plus précieux de tous, et qui est bien au-dessus de tous les vains plaisirs du monde et de tous ses frivoles amusements.

{p. 4}

DU DANGER DES SPECTACLES. §

EXTRAIT DES PENSEES DE PASCAL. §

« Rien n’est plus capable de nous faire entrer dans la connaissance de la misère des hommes que de considérer la cause véritable de l’agitation perpétuelle dans laquelle ils passent toute leur vie. L’âme est jetée dans le corps pour y faire un séjour de peu de durée ; elle sait que ce n’est qu’un passage à un voyage éternel, et qu’elle n’a que le peu de temps que dure la vie pour s’y préparer : les nécessités de la nature lui en ravissent une très grande partie ; il ne lui en reste que très peu dont elle puisse disposer ; mais ce peu qui lui reste l’incommode si fort et l’embarrasse si étrangement, qu’elle ne songe qu’à le perdre. Ce lui est une peine insupportable d’être obligée de vivre avec soi et de penser à soi ; ainsi, tout son soin est de s’oublier soi-même et de {p. 5}laisser couler ce temps, si court et si précieux, sans réflexion, en s’occupant de choses qui l’empêchent d’y penser. C’est l’origine de toutes les occupations tumultuaires des hommes, et de tout ce qu’on appelle divertissement ou passe-temps, dans lesquels on n’a en effet pour but que d’y laisser passer le temps sans le sentir, ou plutôt sans se sentir soi-même, et d’éviter, en perdant cette partie de la vie, l’amertume et le dégoût intérieur qui accompagneraient nécessairement l’attention que l’on ferait sur soi-même durant ce temps-là. L’âme ne trouve rien en elle qui la contente ; elle n’y voit rien qui ne l’afflige quand elle y pense ; c’est ce qui la contraint de se répandre au dehors, et de chercher, dans l’application aux choses extérieures, à perdre le souvenir de son état véritable : sa joie consiste dans cet oubli, et il suffit, pour la rendre misérable, de l’obliger de se voir et d’être avec soi.

« Les hommes n’ayant pu guérir l’ignorance, la misère et la mort, se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser : c’est tout ce qu’ils ont pu inventer pour se consoler de tant de maux. Mais c’est une consolation bien misérable, puisqu’elle va, non pas à guérir le mal, mais à le cacher simplement pour un peu de temps ; et qu’en le cachant, elle fait qu’on ne pense pas à le guérir véritablement. Ainsi, par un étrange renversement de la nature de l’homme, il se trouve que l’ennui, qui est son mal le plus sensible, est, en quelque sorte, son plus grand bien, parce qu’il peut contribuer, plus que toutes choses, à lui faire chercher sa véritable {p. 6}guérison, et que le divertissement, qu’il regarde comme son plus grand bien, est en effet son plus grand mal, parce qu’il l’éloigne, plus que toutes choses, de chercher le remède à ses maux. Et l’un et l’autre est une preuve admirable de la misère et de la corruption de l’homme, et en même temps de sa grandeur, puisque l’homme ne s’ennuie de tout, et ne cherche cette multitude d’occupations, que parce qu’il a l’idée du bonheur qu’il a perdu, lequel ne trouvant pas en soi, il le cherche inutilement dans les choses extérieures, sans se pouvoir jamais contenter, parce qu’il n’est ni dans nous ni dans les créatures, mais en Dieu seul. Il est vrai que c’est une des merveilles de la religion chrétienne de réconcilier l’homme avec soi-même en le réconciliant avec Dieu, de lui rendre la vue de soi-même supportable : aussi n’est-ce pas en arrêtant l’homme dans lui-même qu’elle produit tous ces effets merveilleux ; ce n’est qu’en le portant jusqu’à Dieu, et en le soutenant dans le sentiment de ses misères, par l’espérance d’une autre vie qui l’en doit entièrement délivrer. "

OPINION DU PRINCE DE CONTI SUR LES PIECES DE THEATRE. §

« Le besoin de distraction n’est pas aussi nécessaire à l’homme qu’on se l’imagine communément ; c’est bien moins une loi de la nécessité que le résultat {p. 7}de l’empire de l’habitude et de l’imagination. Les hommes de peine, employés à des travaux rudes et journaliers, ne sentent d’autre besoin que celui du repos. Ceux qui se livrent aux travaux de l’esprit ont besoin de relâcher la tension de leurs facultés intellectuelles ; mais, pour se dissiper, ils n’ont nullement besoin de se distraire par des lectures ou des spectacles qui absorbent leur attention. C’est se moquer étrangement que de soutenir qu’il est nécessaire, pour se délasser et se distraire, d’assister à un spectacle de trois heures et de se remplir l’esprit d’extravagances ; ceux qui sentent de semblables besoins doivent considérer cette disposition, non comme l’effet d’une faiblesse naturelle, mais comme un vice de l’habitude, qu’il est instant de corriger en y appliquant le remède d’une occupation sérieuse.

« Lorsque l’âme s’abandonne à de faux plaisirs, elle perd bientôt le goût des jouissances spirituelles, et ne trouve bientôt plus que dégoût et qu’ennui dans la parole de Dieu.

« Lorsque une fois l’on s’est accoutumé à se nourrir des vaines jouissances du monde, le goût des choses spirituelles s’amortit et s’éteint insensiblement, et bientôt on arrive à une complète ignorance des choses divines. Parmi tous les plaisirs du monde qui concourent à produire cet effet pernicieux, on doit ranger en première ligne les spectacles et les romans, car il n’y a rien de plus opposé à la vérité que ces productions futiles ; et l’esprit de Dieu étant un esprit de vérité, rejette tout ce qui tient aux vanités du monde.

{p. 8}

« Non seulement les romans et les pièces de théâtre éloignent l’âme de tous les actes de religion et de piété, mais encore ils tendent, en quelque manière, à nous inspirer une profonde aversion pour toutes les actions ordinaires et sérieuses.

« Comme la galanterie et les aventures extravagantes sont le sujet le plus ordinaire de ces productions, comme d’ailleurs le style qu’on y emploie est loin de ressembler au style des affaires sérieuses, il s’ensuit que nous y puisons insensiblement des sentiments extraordinaires et romanesques ; bientôt la tête n’est pleine que de héros et d’héroïnes. Les femmes, voyant les adorations qu’on ne cesse d’y prodiguer à leur sexe, se pénètrent tellement de ces idées nouvelles, s’enfoncent tellement dans cette nouvelle atmosphère, que bientôt elles prennent en dégoût les affaires de leur famille et les choses de la vie commune : lorsqu’elles rentrent chez elles, l’esprit plein de ces brillantes extravagances, tout leur déplaît, et surtout leurs maris qui, occupés de leurs affaires, ne sont pas toujours d’humeur à leur prodiguer ces complaisances ridicules dont elles sont les objets dans tous les romans, dans toutes les pièces de théâtre et dans tous les ouvrages où une vie idéale est substituée à la vie véritable.

« Ceux-là se trompent étrangement qui s’imaginent que les ouvrages de ce genre ne font sur eux aucune impression funeste, parce qu’ils n’y réveillent aucun désir coupable. Il y a des degrés dans la corruption ; et l’on conviendra qu’il est extrêmement fatal à l’âme de briser les remparts qui {p. 9}la protégeaient contre les attaques de la tentation.

« Ce n’est pas lorsque la chute devient visible qu’elle a commencé à s’opérer : les chutes de l’âme sont lentes, elles se préparent longuement, elles procèdent par progressions insensibles, et souvent il arrive que nous ne succombons aux tentations que parce que nous avons négligé de nous prémunir contre elles dans des occurrences qui ne nous semblaient que de peu d’importance ; car il est certain "que celui qui méprise les petites choses tombera peu à peu".

« Et qu’on ne s’imagine pas que, de ce que l’on ne va pas au spectacle pour former ses sentiments, mais bien pour se divertir, il s’ensuive que les maximes coupables dont les pièces de théâtre abondent ne peuvent être funestes ; ces maximes ne manquent pas de faire impression, bien que nous ne nous en apercevions pas. Par exemple, qu’est-ce qui produit en France cette fureur brutale appelée duel ? C’est l’opinion où l’on est que la chimère de l’honneur est un bien tellement précieux, qu’il faut l’acheter à tout prix, fût-ce même au prix de l’existence. Si, en parlant des duellistes, on les qualifiait, comme ils le méritent, de fous et de furieux ; si l’idole fantastique qu’ils appellent l’honneur n’était représentée que comme une chimère et une extravagance, si on avait soin de ne peindre la vengeance que sous les couleurs d’une action lâche et cruelle, nul doute que l’on n’accoutumât les hommes à moins de susceptibilité ; mais ce qui contribue à exaspérer les esprits et à les rendre enclins à la vengeance, c’est l’opinion accréditée {p. 10}qu’il y a de la lâcheté à supporter un affront. Or, on ne peut nier que cette opinion ne soit accréditée en grande partie par les pièces de théâtre, qui sont pleines de ces maximes funestes. L’âme, transportée par ces productions fatales, et, pour ainsi dire, hors d’elle-même, ne réfléchit plus ; loin de combattre ces principes vicieux, elle s’y abandonne sans résistance, se complaît dans les émotions qu’elle y puise, et se trouve naturellement disposée à agir en conformité des principes coupables qu’elle a puisés.

« Dieu ne nous impute pas à crime la froideur qui procède de l’absence de sa grâce ou de l’enveloppe grossière de nos sens ; mais nous sommes coupables à ses yeux si ce refroidissement provient de notre négligence et des distractions frivoles auxquelles nous nous sommes livrés. Sa volonté est que le don de son amour soit à nos yeux le plus précieux de tous les dons, et qu’en conséquence nous en alimentions sans cesse la céleste flamme. C’est ce qu’il a voulu signifier dans les commandements qu’il a donnés aux ministres de l’ancienne loi, lorsqu’il leur recommande d’entretenir le feu sur l’autel, et de lui donner tous les matins de nouveaux aliments. Cet autel, c’est le cœur de l’homme, dont tout chrétien est le prêtre : comme tels, notre devoir est de veiller à ce que le feu de la charité ne s’éteigne pas sur l’autel de notre cœur, et pour cela, nous devons sans cesse lui fournir des aliments nouveaux ; ces aliments ne sont autre chose que la méditation et la contemplation des choses divines, ainsi que les exercices pieux. Or, {p. 11}ceux qui fréquentent les spectacles doivent confesser, s’il leur reste quelque étincelle de piété, que leur tendance est d’amortir et d’assoupir bientôt entièrement l’esprit de dévotion religieuse. Que ces personnes se persuadent donc bien qu’elles sont hautement coupables aux yeux de Dieu, pour avoir fait si peu de cas de sa grâce, qu’au lieu d’en nourrir la flamme sacrée, elles n’ont pas craint de la laisser mourir par des distractions criminelles. Qu’elles sachent que la diminution ou la perte de leur amour pour Dieu leur sera imputée à crime ; et en effet, si c’est un péché que de prodiguer au jeu ou dans les frivolités du luxe les biens de la terre et les richesses mondaines, combien plus coupables sont ceux qui dissipent les richesses de la grâce, et ce précieux trésor dont parle l’Ecriture, trésor si précieux en effet, que nous devons l’acheter aux prix de tous les autres biens et de tous les plaisirs de cette vie imparfaite et passagère ! »

EXTRAIT DES OUVRAGES DE HALE1. §

« Ne nous livrons point trop aux plaisirs. Un exercice modéré est nécessaire, surtout aux personnes sédentaires ; mais qu’il ne soit pas trop fréquent {p. 12}ni trop long. Quant à la boisson, au jeu et au spectacle, outre qu’ils ont une influence pernicieuse et corrompent la jeunesse, il faudrait encore les éviter, n’eussent-ils d’autre défaut que de faire perdre beaucoup de temps, d’habituer les hommes à l’oisiveté et aux pensées frivoles, et d’allumer les passions, non seulement dans le moment même où l’on se livre à ces plaisirs funestes, mais longtemps encore après qu’on les a goûtés.»

***

Clarke, dans son Essai sur l’étude, dit, en parlant du théâtre et des romans :

« Parce que j’en ai vu, je les juge généralement écrits avec peu de décence et de manière à préconiser la vanité et le vice plutôt qu’à les discréditer. Ils ont une forte tendance à corrompre et à vicier l’esprit par des plaisanteries immorales, ou en donnant des idées fausses sur l’amour, l’honneur et tout ce qui a rapport à la conduite de la vie. »

***

Tillotson, archevêque de Cantorbéry sous le règne de Guillaume III, dit, à propos des représentations théâtrales : « On ne saurait les tolérer. Il ne faudrait pas en permettre l’usage à un peuple civilisé, à plus forte raison à une nation chrétienne. Ce sont des écoles de vice et d’adultère. {p. 13}Les maximes impies qu’elles renferment tendent à inoculer de mauvais principes aux hommes et à affaiblir en eux ce respect et cette crainte religieuse que la Divinité et les choses divines doivent inspirer ; le libertinage qu’on y rencontre à chaque pas est éminemment propre à infecter l’esprit des hommes, et à les disposer à la débauche et à la dissolution. »

***

Rollin, recteur de l’université de Paris, zélé défenseur de l’éducation morale et religieuse de la jeunesse, cite avec éloge le passage suivant, extrait des Pensées et maximes de La Rochefoucauld :

« Tous les grands divertissements sont dangereux pour la vie chrétienne, mais, entre tous ceux que le monde a inventés, il n’y en a point qui soit plus à craindre que la comédie. C’est une peinture si naturelle et si délicate des passions, qu’elle les anime et les fait naître dans notre cœur, et surtout celle de l’amour, principalement lorsqu’on se représente qu’il est chaste et fort honnête ; car, plus il paraît innocent aux âmes innocentes, plus elles sont capables d’en être touchées. »

{p. 14}

EXTRAIT DES OUVRAGES DE WILLIAM LAW, MINISTRE DE L’EGLISE ANGLICANE. §

« On peut juger avec certitude de l’esprit et du caractère des hommes par le genre de leurs plaisirs et de leurs amusements. Rien ne nous plaît ou ne nous affecte que ce qui est conforme à notre nature, que ce qui répond à quelques-unes des cordes de notre sensibilité intérieure. Si nous n’avions pas au dedans de nous des dispositions naturelles de tendresse et de pitié, l’aspect du malheur ne saurait nous émouvoir ; de même, si nous n’avions pas intérieurement des semences actives des passions qui sont mises en jeu sur la scène, si nous n’avions pas les principes d’une corruption intérieure qui se trouve flattée par la représentation des égarements coupables du cœur humain, les plaisirs de la scène nous seraient aussi insignifiants que le serait un tableau pour un aveugle. Si donc nous trouvons du plaisir dans des discours impurs, dans d’impudiques amours, dans des passions violentes, dans des maximes d’immoralité, il n’en faut point douter, c’est qu’il y a quelque chose dans notre nature qui répond à tous ces principes de vice.

« Vous reconnaissez que Dieu vous ordonne la pureté dans la conversation, qu’il vous défend les discours insensés et les plaisanteries indécentes aussi sévèrement qu’il vous défend de prendre son nom en vain : vous savez qu’il vous a été recommandé de ne laisser échapper de votre bouche aucune {p. 15}parole impure ; et néanmoins vous allez dans un lieu où vous n’entendez qu’un langage impur et profane ; les hommes que vous voyez ne vous entretiennent que d’objets grossiers et immoraux ; ces hommes sont chargés de revêtir toutes ces obscénités de toute la magie du langage, afin de vous en faire avaler le poison, et ils poussent si loin cet art funeste, qu’il n’est point de mauvaise compagnie qui pût vous être aussi fatale ! En agir ainsi, n’est-ce donc point se rendre coupable au plus haut chef, et violer, dans ce qu’ils ont de plus clair, les préceptes de l’Ecriture ?

« Je ne sache pas de parole du Sauveur des hommes qui s’applique plus rigoureusement à des chrétiens et qui touche de si près à leur salut, que celle-ci : “Bienheureux ceux dont le cœur est pur, parce qu’ils verront Dieu.” Eh bien ! prenons la scène sous son point de vue le plus avantageux : voyons-la, par exemple, dans une de nos tragédies les plus applaudies. Les passions extravagantes des amants que des obstacles séparent, l’expression désordonnée de l’amoureux délire des héros, les joies et les tourments de l’amour, les descriptions enflammées et les actions immorales, les amoureux transports des acteurs, toutes choses qui entrent pour beaucoup dans la composition de nos tragédies les plus sages et les plus décentes, tout cela, je le demande, est-il compatible avec une religion qui fait une obligation de la pureté du cœur ?

« Nos opinions peuvent être influencées par les préjugés, par la force de l’éducation, l’autorité du grand nombre, l’habitude, la mode, l’exemple de {p. 16}grands personnages, etc. ; il est de même de nos actes : nous sommes sujets à agir contre les plus simples règles de la raison et du bon sens, et à nous rendre même coupables d’actes complètement opposés à la pureté de notre religion sainte. »

« Toutes les personnes qui entrent dans ces lieux profanes, et qui contribuent de leur bourse à les soutenir, quelque modique que soit d’ailleurs la somme, doivent se considérer comme ayant contribué, autant qu’il a été en elles, au succès de ces instruments de corruption, et se sont en conséquence rendues complices de l’exercice public et patent de l’impureté et de la profanation. Et, en effet, quand nous encourageons une entreprise honorable, soit par notre approbation, soit par notre bourse, soit par notre présence, nous sommes en droit de nous approprier une grande partie des mérites de l’entreprise : parce que nous contribuons à son succès, nous nous considérons comme les co-opérateurs de tout ce qu’elle a produit de bien et de digne de louange. Un homme ne doit pas penser qu’il n’a aucune part dans un acte de charité publique, parce qu’il n’est que l’un des dix mille individus qui y ont contribué : s’il a obéi à un sentiment de charité religieuse, et s’il en est résulté d’heureux et vastes effets, sa conscience lui dit qu’il participe à tout le bien auquel il a contribué. Maintenant, je le demande, que devons-nous penser d’un acte qui a pour but d’encourager le mal, soit par notre approbation, soit par notre bourse, soit par notre présence ? Nous ne devons pas considérer dans quelle proportion nous prenons part à cet {p. 17}acte, et si nous contribuons plus ou moins que des milliers d’autres individus ; nous devons regarder la chose en elle-même, et nous considérer comme coupables de tout le mal attaché à cet acte ou provenant de cet acte.

« La classe supérieure de la nation a de grands avantages sur tout le reste ; sa richesse et son éducation lui donnent un degré de supériorité qui fait attendre d’elle des qualités et des vertus plus grandes : d’où vient cependant que l’immoralité et l’irréligion font autant de ravages parmi les personnes de cette classe que parmi les classes les plus abruties et les plus grossières ? C’est parce que les raffinements de leur vie sensuelle, l’espèce de leurs plaisirs et de leurs amusements, et l’usage qu’ils font du temps, contribuent autant à éteindre en eux les lumières de la religion et de la morale que peuvent le faire l’ignorance et la grossièreté sur les classes moins favorisées. Tout genre de vie qui contribue à obscurcir les lumières de l’esprit, à donner un emploi faux et une direction vicieuse à notre intelligence, à ne nous meubler la tête que de pensées frivoles, à allumer l’incendie de nos passions, à élever, en un mot, une barrière entre nous et l’esprit de Dieu, est dans tous les cas une cause certaine et une voie sûre de destruction, soit qu’il faille l’attribuer à une sensualité stupide, à une ignorance grossière, ou au coupable raffinement de nos plaisirs. S’il était donné à un mortel d’avoir la puissance d’un apôtre, l’éloquence d’un ange, quel meilleur usage pourrait-il faire de ces célestes dons, que de les employer à arracher les {p. 18}hommes à ces amusements dangereux que la fortune, la corruption et un excès de civilisation, ont malheureusement introduits parmi nous. Nous les appelons des plaisirs, et nous oublions qu’ils consomment l’œuvre de l’idolâtrie et de l’infidélité, qu’ils communiquent aux hommes un tel aveuglement et une telle dureté de cœur, que, non seulement ces insensés vivent sans la sagesse, mais encore n’en sentent pas le besoin, et, dans leur stupide indifférence, dépensent leur vie, ce trésor si précieux, sans donner même un seul coup d’œil d’attention à la scène terrible de la mort, au jugement, à l’éternité. »

EXTRAIT DE L’OUVRAGE D’HANNAH MORE2, INTITULE : ESSAI SUR LE SYSTEME MODERNE DE L’EDUCATION DES FEMMES. §

« Quant à ces jeunes personnes aimables et naturellement portées au bien, qui se plaignent de la rigueur avec laquelle on leur interdit les plaisirs du monde, et qui s’écrient que cette rigueur n’est point dans l’Evangile, qu’elles me permettent de leur demander, avec la plus affectueuse sollicitude, {p. 19}comment, dans leur conscience, elles peuvent concilier leur présence aux spectacles qu’elles fréquentent, avec ces préceptes de l’Evangile : “Soyez économe du temps ! Veillez et priez. Veillez, car vous ne savez pas l’heure où le Seigneur viendra vous visiter ! Abstenez-vous de toute apparence du mal ! détachez vos affections des choses du monde."

« J’oserai leur indiquer un signe certain au moyen duquel elles pourront décider, d’une manière positive, de l’innocence et de la légitimité de semblables amusements, pourvu, je le répète, qu’elles soient sincères dans leur examen et franches dans leur aveu. Je me contenterai de leur dire : Lorsque vous êtes de retour du spectacle, trouvez-vous que vous pouvez vous retirer en vous-mêmes et converser avec votre propre cœur ? trouvez-vous que l’amour de Dieu opère dans votre âme avec une égale force ? pouvez-vous dominer vos pensées, et fixer votre imagination errante et vagabonde ? pouvez-vous jeter en vous-mêmes un regard sérieux et scrutateur. Je ne vous demanderai pas si vous pouvez accomplir tous ces devoirs parfaitement et sans distractions (car, qui jamais peut atteindre à une telle perfection), mais si vous pouvez les remplir avec le même degré de gravité, dire vos prières avec la même ferveur, et vous détacher du monde avec autant d’abnégation qu’en aucun autre moment ; enfin, je vous demanderai si vous pouvez vous endormir avec la conscience d’avoir évité, durant la soirée qui vient de s’écouler, cette tentation que, le matin même, vous avez conjuré le {p. 20}Seigneur d’éloigner de vous. S’il en est ainsi, tout est bien, et la paix de votre cœur n’a pas été troublée, et sa pureté n’a pas été altérée.

« Si ce moyen était mis en usage avec bonne foi et candeur, si l’on s’appliquait à faire sur son propre cœur cette fidèle épreuve, si l’on s’accoutumait à se livrer à cet examen consciencieux, avouons-le, nos salles de spectacles, et ces salons brillants qui offrent à la beauté un théâtre plus choisi, mais non moins dangereux, ne verraient pas, chaque soir, une affluence jusqu’alors inouïe dans les annales du plaisir. »

EXTRAIT DE L’OUVRAGE DE WILLIAM WILBERFORCE, INTITULE : LE CHRISTIANISME DES GENS DU MONDE3. §

« Je n’ignore pas que je vais aborder une question délicate ; mais, éloigner cette question, ce serait me rendre coupable d’une lâche déférence aux opinions et aux mœurs du siècle. Il y a longtemps qu’on discute la légitimité des représentations théâtrales ; qu’il me soit permis d’observer que la {p. 21}discussion eût été bientôt terminée, si l’on fût parti de l’amour de Dieu, comme du point principal. Si nous avions pour la gloire et le service de Dieu seulement la moitié de la sensibilité et du zèle que nous témoignons à nos amis ou à nos partisans politiques, trouverions-nous quelque plaisir dans des lieux où la débauche enflammée par les fumées du vin, guidée par la licence, vient puiser des impressions conformes à son état et à ses goûts ; ces lieux qu’on a osé appeler des écoles de morale, et du voisinage desquels s’empressent de se retirer la morale, la modestie, la décence, tandis que la débauche et le libertinage s’empressent de s’y rendre, et y établissent leur résidence de prédilection ; ces lieux où le saint nom de Dieu est journellement blasphémé, où l’on applaudit des gestes et des paroles qui ne seraient pas tolérés dans une société quelconque, mais qui peuvent hardiment dépasser toutes les limites les plus reculées assignées à la licence dans nos cercles, sans franchir les limites tout autrement larges de la décence théâtrale ; ces lieux enfin où la morale qu’on débite n’est pas celle que doit chérir et respecter tout chrétien, mais celle à l’extirpation de laquelle doivent tendre ses efforts de tous les jours ; non celle que nous recommandent les saintes Ecritures, mais celle qu’elles condamnent comme fausse et criminelle, fondée sur l’orgueil, l’ambition et la faveur. »

{p. 22}

CONCLUSION. §

Il doit être évident, pour tout homme sage et dégagé de préjugés, que l’opinion de ces personnages éclairés et vertueux, touchant l’influence pernicieuse des frivoles amusements de la scène commande l’attention la plus sérieuse et les plus graves réflexions. Nous ne doutons pas que quelques-uns de nos lecteurs ne reconnaissent la solidité et ne se rendent à l’évidence de leurs raisonnements.

En résumé, nous appelons l’attention du lecteur sur les points suivants, qui sont la conséquence naturelle de ce qu’il vient de lire. D’abord, on ne peut se refuser à reconnaître que les ouvrages dramatiques ne renferment un grand nombre de sentiments profanes, impurs et irréligieux, sentiments d’autant plus dangereux qu’ils sont revêtus des noms les plus doux et embellis par une action intéressante et le développement des caractères les plus attachants. L’élégance de la scène, la pompe de décorations, le charme de la musique, le jeu des acteurs, la gaieté et la splendeur du spectacle, s’emparent des sens et de l’imagination au point d’enivrer l’esprit, d’éloigner de lui toute réflexion sage, et de l’agiter tellement qu’il ne puisse plus retirer aucun avantage des instructions morales et religieuses. En outre, ces représentations, qui nous {p. 23}passionnent et fascinent nos yeux et notre entendement, ont pour résultat ordinaire de faire perdre à notre cœur sa pureté primitive, en ébranlant nos meilleurs sentiments et en affaiblissant peu à peu notre éloignement pour les choses que la morale réprouve. Ces plaisirs dangereux amollissent notre vertu, la détruisent insensiblement, et ouvrent notre âme à tout le cortège du vice et du dérèglement. C’est aux puissances inférieures de notre nature qu’ils ont coutume de s’adresser, c’est à nos sens, à notre imagination, à nos passions ; ils accoutument notre âme aux émotions fortes et factices, de manière à nous blaser en peu de temps, et à nous donner bientôt un profond éloignement pour des lectures et des compositions d’un goût plus pur et plus sévère, surtout pour les saintes Ecritures et pour tous les livres religieux, dont la lecture forme l’un des plus importants devoirs de la vie, et contribue à notre bonheur en ce monde et en l’autre. Les personnes qui fréquentent les spectacles ne vont pas y chercher, et n’y trouvent pas en effet, des impressions graves et sérieuses ; tout au contraire, leurs âmes s’y énervent et n’y puisent que des sentiments frivoles ou romanesques. N’oublions pas, d’ailleurs, combien de temps se perd dans ces frivoles amusements ; on en perd dans les préparatifs du départ, on en perd pendant la représentation ; et, après le retour, la langueur dont ces plaisirs funestes ont pénétré nos sens, nous fait perdre bien du temps encore, le temps, ce trésor le plus précieux de tous, et nous détourne conséquemment de nos occupations les plus importantes. De là des habitudes {p. 24}d’indolence et de dissipation que nous contractons à notre insu. Ajoutez que les représentations théâtrales offrent au monde des tableaux flatteurs et mensongers, et présentent, à la jeunesse surtout, une peinture attrayante du bonheur et de la vie humaine, peinture qui ne se réalise que rarement, ou même jamais. De là une aversion profonde et une complète indifférence pour les affaires et les devoirs de la vie commune ; et ces jeunes cœurs, trompés dans leur attente, s’inquiètent, se tourmentent et soupirent après une félicité imaginaire. Cependant, il est de la plus haute importance de préserver purs et sans tache, les mœurs et les principes de la génération naissante. Nous devons empêcher qu’elle ne se laisse guider par son imagination et ses passions ; nous devons enfin jeter dans son cœur des semences de modestie, d’humilité, de modération, et lui inspirer, de bonne heure, du respect pour la piété et la vertu. Or, la religion et la vertu ne peuvent se conserver pures et intactes que par une vigilance redoublée et non interrompue. Ce n’est qu’en évitant la tentation que nous pouvons éviter le mal, et, dans ce but, nous devons, chaque jour, prier l’Eternel de nous prêter le secours de sa grâce pour vaincre ce formidable ennemi. D’un autre côté, plusieurs hommes illustres et vertueux se sont publiquement prononcés contre la tendance pernicieuse de ces vains amusements du monde ; et un grand nombre de personnages graves et respectables, convaincus des dangers de ces funestes plaisirs, ont cru de leur devoir d’essayer d’en détourner les hommes par tous les {p. 25}moyens en leur pouvoir. N’oublions pas surtout que le christianisme nous apprend que nous ne sommes sur cette terre que des étrangers et des voyageurs, aspirant à une céleste patrie, et nous ordonne de ne point aimer le monde, de ne point nous conformer à ses coutumes et à ses mœurs, de dépouiller le vieil homme pour revêtir l’homme nouveau, l’homme spirituel, et de veiller constamment et avec une austère vigilance, sur les convoitises de la chair, sur les plaisirs des yeux et sur les vanités de la vie. Si donc les dangers qui résultent des plaisirs de la scène sont tels que nous venons de les exposer, et cette vérité ne saurait être niée, nous ne pouvons hésiter à reconnaître que ces considérations sont de la plus sérieuse importance, et que c’est pour nous un devoir rigoureux de ne point exposer à l’influence de semblables tentations, et notre vertu et nos principes ; tentations les plus dangereuses de toutes, parce qu’elles sont les plus attrayantes, les moins soupçonnées, et que, conséquemment, elles ne trouvent en nous aucune résistance.

Quels avantages pourraient compenser de tels dangers ? Tous les plaisirs, tout l’attrait que ces amusements frivoles peuvent présenter à leurs plus fougueux partisans, sont une triste compensation pour la corruption, l’extravagance et les maux sans nombre dont ils contribuent à propager les semences et à infecter la vie humaine.

Il convient donc à des êtres raisonnables, à des chrétiens qui ont contracté l’obligation de renoncer aux vanités et aux pompes de ce monde dont la {p. 26}figure passe, selon l’apôtre, et qui aspirent à un monde meilleur et à une vie immortelle, de revêtir la dignité de notre nature et d’agir conformément à l’importance de notre destination. Après quelques années passagères et fugitives, une autre scène nous attend, scène imposante et terrible, où les vains plaisirs et les frivoles passe-temps, auxquels nous ajoutons aujourd’hui tant de prix, nous apparaîtront enfin ce qu’ils sont, dans leur triste et hideuse réalité, c’est-à-dire, l’abus le plus déplorable du temps et des facultés précieuses qui nous ont été départies par l’Eternel pour travailler à l’importante affaire de notre salut. En cet instant solennel, c’est la grande affaire de la religion, c’est une vie pieuse et morale, vouée tout entière à l’amour et au service de Dieu, qui paraîtront d’un inestimable prix et seules dignes de fixer l’ambition d’un être raisonnable. Heureux, alors, heureux ceux qui auront su être sages à temps, qui, renonçant à des plaisirs captieux et funestes pendant ce court passage qu’on appelle la vie, auront persévéré, avec l’aide de Dieu, dans l’accomplissement des divers devoirs qui leur ont été assignés, qui n’auront cessé de rendre à l’auteur de tout bien de dignes et pieuses actions de grâces pour les bénédictions non méritées que, dans sa bonté paternelle, il a daigné répandre sur eux ! C’est dans ces sublimes occupations que nous pouvons trouver les plus nobles plaisirs. Elles suffiront pour remplir nos cœurs, pour occuper notre temps, et ne laisseront, au-dedans de nous, aucun besoin de ces plaisirs frivoles et funestes. Voulons-nous trouver les sources {p. 27}abondantes d’une innocente joie et du véritable contentement, aussi bien que les moyens d’étendre les limites de notre intelligence et la science de notre propre cœur ? ce n’est pas dans ces amusements factices et dangereux que nous les rencontrerons ; c’est dans le spectacle et les scènes de la nature, dans ses admirables productions, dans les travaux utiles des arts, dans le tableau fidèle de la vie humaine, dans la peinture des objets intéressants, dans le charme des relations sociales et de la vie domestique, dans des actes de charité et de bienfaisance, enfin, dans le témoignage honorable et délicieux d’une conscience pure.

Nous engageons tous ceux qui ont des doutes sur les représentations dramatiques et sur le danger qu’il peut y avoir à s’y livrer, enfin nous engageons tous ceux qui parcourent ces lignes, à accorder à cet important sujet toute l’attention et toutes les réflexions que son importance exige. Nous engageons spécialement ceux qui sont convaincus de la nature dangereuse et de la tendance funeste de ces amusements mondains, à rejeter avec une vertueuse horreur toutes les sollicitations du plaisir et tous les raisonnements fallacieux qui ne sont que trop souvent employés pour justifier ces horribles sources de perdition. Il est surtout un argument spécieux contre lequel ils doivent se tenir en garde : on leur dira qu’on peut profiter à l’école du théâtre, et y puiser des principes de religion et de morale ; on leur parlera encore du mérite littéraire et de la connaissance du cœur humain qu’on trouve dans plusieurs de ces œuvres dramatiques, comme si {p. 28}ces avantages devaient compenser les blessures profondes et souvent mortelles que font ces représentations dangereuses, à l’innocence, à la pureté et à la religion ; pour nous, convaincus que la corruption s’appelle toujours la corruption, et que ce serait acheter trop chèrement les plaisirs d’une composition savante, ainsi que l’élégance et le goût littéraire, que de l’acheter au prix de notre innocence, prenons la résolution ferme et invariable de combattre le mal, de quelque masque qu’il se couvre, de quelques formes attrayantes qu’il se revête. Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour affaiblir par notre influence et notre exemple, le pouvoir destructif de ces instruments de dissipation, de vice et de corruption.