Louis Moréri

1717

Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1717) [graphies originales]

2018
Louis Moréri, « Moliere (Jean Baptiste Poquelin) », in Le Grand Dictionaire historique, ou Le Mélange curieux de l’histoire sacrée et profane…, dixieme édition, t. III, Amsterdam, La Haye, Utrecht, P. Brunel, R et G. Wettstein, David Mortier, Pierre de Coup, Adrien Moetjens, L. et H. Van Dole, Guillaume Vande Water, 1717, p. 530. Source : Internet Archive.
Ont participé à cette édition électronique : Eric Thiébaud (Stylage sémantique) et Wordpro (Numérisation et encodage TEI).
{p. 530}

MOLIERE (Jean-Baptiste Poquelin) Poëte Comique, étoit de Paris, & ses Pieces de Théatre lui ont acquis une reputation, qui surpasse tout ce qu’on pourroit dire de lui. Le nom de sa Famille étoit Poquelin. Son pere avoit une Charge dans la Maison du Roi. On l’avoit élevé avec assez de soin, & il avoit fait beaucoup de progrès dans les belles Lettres & dans le Droit. Son inclination le porta au Théatre, où il se distingua et où il tomba malade, en représentant son Malade Imaginaire, en 1672. Il mourut peu de jours après. Divers Auteurs parlent de lui. Je me contenterai de rapporter ici ce que celui qui a fait les Réflexions sur la Poëtique, a dit de ce célebre Poëte Comque. « Mais personne, dit-il, n’a aussi porté le ridicule de la Comedie plus haut parmi nous, que Moliere. Car les autres Poëtes Comiques n’ont que les valets pour plaisans de leur Théatre, & les plaisans du Théatre de Moliere, sont des Marquis & des gens de qualité. Les autres n’ont joüé dans la Comedie, que la Vie Bourgeoise & commune , & Moliere a joüé tout Paris & la Cour. Il est le seul parmi nous, qui ait decouvert ces traits de la nature qui la distinguent & qui la font connoître. Les beautez des portraits qu’il a fait, sont si naturelles, qu’elles se font sentir aux personnes les plus grossieres, & le talent qu’il avoit de plaisanter étoit renforcé de la moitié par celui qu’il avoit de contrefaire. Son Misanthrope est à mon sens le caractere le plus achevé & le plus singulier qui ait jamais paru sur le Théatre. Mais l’ordonnance de ses Comedies est toujours défectueuse en quelque chose, & ses dénouemens ne sont point heureux. » Il ne faut pas confondre ce Poëte avec un autre Moliere, qui vivoit en 1620. & qui a composé diverses Pieces de Théatre, la Polyxene, des Epîtres, &c.