Guillaume Bertoux

1806

Histoire poëtique tirée des poëtes françois ; avec un dictionnaire poétique (6e éd.)

2017
Bertoux, Guillaume (Abbé), Histoire poëtique tirée des poëtes françois ; avec un Dictionnaire poétique, par De la Croix [1771], VIe édition, revue et corrigée, Paris, Savoye, An XIV — 1806, 259 p. Source : Google Livres.
Ont participé à cette édition électronique : Éric Thiébaud (OCR, Stylage sémantique ) et Diego Pellizzari (Encodage TEI).

Avertissement. §

« J’ai toujours souhaité, dit Monsieur Rollin, que l’on travaillât à une Histoire de la Fable, qui pût être mise entre les mains de tout le monde, et qui fût faite exprès pour les jeunes gens… On pourroit en donner une, renfermée en un seul Tome, où l’on rapporteroit les faits les plus considérables et les plus connus, et qui peuvent le plus contribuer à l’intelligence des Auteurs. Il seroit bon d’éviter ce qui n’a rapport qu’à l’érudition ; ce qui rendroit l’étude de la Fable plus difficile et moins agréable. Mais avant tout, il faudroit écarter, avec une sévérité inflexible, tout ce qui pourroit nuire à la pureté des mœurs, et n’y laisser non-seulement aucune histoire, mais aucune expression qui pût blesser, le moins du monde, des oreilles chastes et chrétiennes ».

C’est sur ce plan que l’on a travaillé ; et pour le remplir plus sûrement, on a puisé l’utile dans les meilleures sources, et l’agréable dans les poëtes François.

Le langage de la Fable est celui de la Poésie ; on ne doit point les séparer : c’est même un double service à rendre aux jeunes gens, que de leur apprendre à bien connoître la Mythologie, et de meubler leur mémoire des endroits de nos Poëtes où cette connoissance est mise en pratique. Ils ne doivent plus se transporter dans des tems obscurs et incertains, et pénétrer jusqu’aux siècles les plus reculés, pour se former une idée des choses qu’ils apprennent : elles semblent se mettre d’elles-mêmes en action, et se passer sous leurs yeux. Ils connoissent les Auteurs que l’on cite, et vivent, pour ainsi dire, avec eux. Les livres qui traitent de la Fable, existoient, pour la plupart, au moment où M.  Rollin écrivoit. Il en parle avec éloge, et n’en souhaite pas moins l’ouvrage dont il trace le plan, et qui paroît être exécuté dans ce volume.

On n’avoit pas cru devoir prévenir une observation qui tombe sur le choix des vers, et qui a fait demander : « Pourquoi ne s’est-on pas imposé la loi de ne puiser que dans nos meilleurs Poëtes » ? Il est facile de répondre à ce reproche, si c’en est un. Nos meilleurs Poëtes n’ont pas traité tous les sujets de la Fable ; et, à leur défaut, il a fallu nécessairement avoir recours à d’autres. On n’a pas dit qu’on se proposoit de donner des modèles de poésie, mais « de meubler la mémoire, des endroits de nos Poëtes où la connoissance de la Mythologie étoit mise en pratique »  ; ce qui avoir paru suffisant pour excuser un défaut qu’il n’étoit pas possible d’éviter.

Origine de la Mythologie. §

La Mythologie n’est point autre chose que la connoissance de la Fable ou de l’Histoire poétique.

La Fable doit son origine à l’altération de l’Histoire sacrée et profane, à l’erreur, à l’ignorance, au penchant pour le merveilleux, et sur-tout aux passions qui, après avoir affoibli l’idée d’un Dieu créateur, ne laissèrent plus juger des choses que par les sens. Bientôt on vit les hommes adorer le Soleil et la Lune, parce qu’aucun autre objet ne leur parut plus digne de fixer le principe de religion gravé dans tous les cœurs par l’Auteur de la nature.

Ce premier égarement fut suivi d’une idolâtrie plus marquée, et, dans un sens, moins excusable. Vers l’an du monde 2700, Ninus, fils de Bélus, empereur des Assyriens, fit élever au milieu de Babylone la statue de son père, et ordonna à tous ses sujets de lui rendre le culte qui est dû à la divinité. A l’exemple des Assyriens, les nations voisines adorèrent ceux de leurs rois, de leurs guerriers, de leurs grands hommes, qui avoient paru s’élever au-dessus de l’humanité. Saturne, Jupiter, Neptune, Hercule, et plusieurs autres, furent mis au rang des dieux, du consentement unanime de tous les peuples.

Bientôt une foule d’idoles
Usurpa l’encens des mortels ;
Dieux sans force, ornemens frivoles
De leurs ridicules autels.
Amoureux de son esclavage,
Le monde offrit un fol hommage
Aux monstres les plus odieux :
L’insecte eut des demeures saintes ;
Et par ses desirs et ses craintes.
L’homme aveugle compta ses dieux.
Lamotte.

Les Grecs, qui passoient pour les plus sages et les plus savans, apprirent aux autres à mettre de la différence entre les dieux dont le nombre s’étoit prodigieusement augmenté ; et l’on connût alors les dieux du premier ordre, les dieux du second ordre, et les demi-dieux.

Les premiers étoient placés au ciel, ou tenoient le premier rang sur la terre, dans la mer et aux enfers ; comme Saturne, Cybèle, Jupiter, Junon, Apollon, Diane, Bacchus, Mercure, Vénus, Mars, Neptune, Amphitrite, Pluton, Proserpine, etc. Les seconds étoient placés sur la terre, dans la mer et aux enfers, mais n’y tenoient qu’un rang très-inférieur aux premiers, dont ils dépendoient même, pour la plupart : tels étoient le dieu Pan ; les déesses Flore, Palès et Pomone ; les Nymphes, les Tritons, etc. et tous les dieux des fleuves, des rivières, des bois, des campagnes, des villes, des carrefours, des rues, des maisons, etc. Les demi-dieux étoient les héros qui descendoient de quelque dieu, soit du côté paternel (soit du côté maternel, ou dont le père ou la mère avoir cet avantage ; comme Persée, Hercule, Thésée, Castor et Pollux, Jason, Orphée, Cadmus, Achille, etc.

On rendoit encore les honneurs divins aux vices et aux vertus, que l’on transformoit en dieux ou en déesses : on bâtissoit des temples et l’on faisoit des sacrifices en l’honneur de l’Envie, de la Fraude, de la Calomnie, de la Discorde :, de la Fureur, de la Guerre, etc. ; de la Fidélité, de la Justice, de la Piété, de la Vérité, de la Liberté, de la Paix, etc.

Les malheurs de la ville de Thèbes, l’expédition des Argonautes ou l’enlèvement de la toison d’or, la guerre de Troie et tous les héros qui s’y sont distingués, forment encore une partie considérable de la Mythologie.

Il est certain que les poëtes ont infiniment contribué à étendre la Fable, à la perfectionner ; et qu’ Homère pourroit être appellé le père des Dieux, comme celui des poëtes.

Oui, c’est toi, peintre inestimable,
Trompette d’Achille et d’Hector,
Par qui de l’heureux siècle d’or
L’homme entend le langage aimable.
Et voit, dans la variété
Des portraits menteurs de la Fable,
Les rayons de la vérité.

Il voit l’Arbitre du tonnerre
Réglant le sort par ses arrêts :
Il voit sous les yeux de Cérès
Croître les trésors de la terre :
Il reconnoît le dieu des mers,
A ces sons qui calment la guerre
Qu’Eole excitoit dans les airs.

Si dans un combat homicide
Le devoir engage ses jours,
Pallas, volant à son secours
Vient le couvrir de son Egide :
S’il se voue au maintien des loix,
C’est Thémis qui lui sert de guide,
Et qui l’assiste en ses emplois.

Plus heureux si son cœur n’aspire
Qu’aux douceurs de la liberté,
Astrée est la divinité
Qui lui fait chérir son empire :
S’il s’élève au sacré vallon,
Son enthousiasme est la lyre
Qu’il reçoit des mains d’Apollon.

Ainsi consacrant le système
De la sublime fiction,
Homère, nouvel Amphion,
Change, par la vertu suprême
De ses accords doux et savans,
Nos destins, nos passions même.
En êtres réels et vivans.

Ce n’est plus l’homme qui, pour plaire,
Etale ses dons ingénus ;
Ce sont les Graces, c’est Vénus
Sa divinité tutélaire :
La sagesse qui brille en lui,
C’est Minerve dont l’œil l’éclaire,
Et dont le bras lui sert d’appui.

L’ardente et fougueuse Bellone
Arme son courage aveuglé :
Les frayeurs dont il est troublé,
Sont le flambeau de Tisiphone :
Sa colère est Mars en fureur ;
Et ses remords sont la Gorgone
Dont l’aspect le glace d’horreur.
Rousseau.

C’est au langage de la Fable que la poésie est redevable des qualités qui la distinguent : lui seul l’embellit, l’élève, et lui donne ces charmes propres à orner tous les sujets qu’elle veut traiter :

Là, pour nous enchanter, tout est mis en usage :
Tout prend un corps, une ame, un esprit, un visage,
Chaque vertu devient une divinité :
Minerve est la Prudence, et Vénus la Beauté :
Ce n’est plus la vapeur qui produit le tonnerre,
C’est Jupiter armé pour effrayer la terre ;
Un orage terrible aux yeux des matelots,
C’est Neptune en courroux qui gourmande les flots.
Echo n’est plus un son qui dans l’air retentisse,
C’est une Nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse.
Ainsi, dans cet amas de nobles fictions,
Le poëte s’égaye en mille inventions,
Orne, élève, embellit, agrandit toutes choses,
Et trouve sous sa main des fleurs toujours écloses.
Boileau.

Les Poëtes ne méritent ce titre honorable qu’autant qu’ils suivent les différens sentiers tracés par la Fable : s’ils s’en écartent, ils ne sont plus que de froids versificateurs. Quel agrément, quel intérêt pourroit se trouver dans un sujet dénué des graces de la Fable, que l’on appelle communément les graces de la poésie ?

Qu’Enée et ses vaisseaux, par le vent écartés,
Soient aux bords Africains d’un orage emportés,
Ce n’est qu’une aventure ordinaire et commune,
Qu’un coup peu surprenant des traits de la Fortune.
Mais que Junon, constante en son aversion.
Poursuive sur les flots le reste d’Ilion ;
Qu’Eole, en sa faveur les chassant d’Italie,
Ouvre aux vents mutinés les prisons d’Eolie ;
Que Neptune en courroux, s’élevant sur la mer,
D’un mot calme les flots, mette la paix dans l’air,
Délivre les vaisseaux, des Syrtes les arrache ;
C’est-là ce qui surprend, frappe, saisit, attache.

Sans tous ces ornemens, le vers tombe en langueur,
La poésie est morte, on rampe sans vigueur :
Le poëte n’est plus qu’un orateur timide,
Qu’un froid historien d’une fable insipide.
Boileau.
Otez Pan et sa flûte, adieu les pâturages ;
Otez Pomone et Flore, adieu les jardinages :
Des roses et des lis le plus superbe éclat,
Sans la Fable, en nos vers n’aura rien que de plat.
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……………………………………………………
Qu’aura de beau la guerre, à moins qu’on y crayonne
Ici le char de Mars, là celui de Bellone ;
Que la victoire vole, et que les grands exploits
Soient portés en tous lieux par la Nymphe à cent voix ?
Pierre Corneille.

Tous les sujets ne sont point susceptibles de ces ornemens. II faut se conformer aux règles qui en prescrivent un usage prudent et modéré. Quand on dit, en général, que les vrais poëtes sont ceux qui ne parlent que le langage de la Fable :

Ce n’est pas que j’approuve en un sujet chrétien,
Un auteur follement idolâtre et payen ;
Mais dans une profane et riante peinture,
De n’oser de la Fable employer la figure ;
De chasser les Tritons de l’empire des eaux,
D’ôter à Pan sa flûte, aux Parques leurs ciseaux,
D’empêcher que Caron dans la fatale barque,
Ainsi que le berger, ne passe le monarque.
C’est d’un scrupule vain s’alarmer sottement,
Et vouloir aux lecteurs plaire sans agrément.
Boileau.

Première partie de la Fable.
Les Dieux du premier ordre. §

Tous les poëtes remontent jusqu’au Chaos, et conviennent que c’étoit une masse informe, dans laquelle le ciel, la terre, la mer, et tous les élémens se trouvoient confondus.

Avant que l’air, les eaux et la lumière,
Ensevelis dans la masse première,
Fussent éclos, par un ordre immortel,
Des vastes flancs de l’abîme éternel.
Tout n’étoit rien. La nature enchaînée,
Oisive et morte, avant que d’être née,
Sans mouvement, sans forme, sans vigueur,
N’étoit qu’un corps abattu de langueur,
Un sombre amas de principes stériles,
De l’existence élémens immobiles.
Dans ce chaos (ainsi par nos aïeux
Fut appelé ce désordre odieux)
En pleine paix sur son trône affermie,
Régna long-tems la Discorde ennemie,
Jusques au jour pompeux et florissant,
Qui donna l’être à l’univers naissant ;
Quand l’harmonie, architecte du monde,
Développant dans cette nuit profonde,
Les élémens pêle-mêle diffus,
Vint débrouiller leur mélange confus,
Et variant leurs formes assorties,
De ce grand tout animer les parties.
Le ciel reçut, en son vaste contour,
Les yeux brillans de la nuit et du jour :
L’air moins subtil assembla les nuages,
Poussa les vents, excita les orages :
L’eau vagabonde en ses flots inconstans
Mit à couvert ses muets habitans :
La terre enfin, cette tendre nourrice,
De tous nos biens sage modératrice,
Inépuisable en principes féconds,
Fut arrondie, et tourna sur ses gonds,
Pour recevoir la céleste influence
Des doux présens que son sein nous dispense.
Rousseau.

De ce Cahos est sorti le Destin, divinité allégorique, représentée tenant sous ses pieds le globe de la terre, et dans ses mains une urne dans laquelle est renfermé le sort des hommes. On croyoit ses arrêts irrévocables : son pouvoir étoit si grand, que tous les autres dieux lui étoient subordonnés. On l’appelloit indifféremment le Sort ou le Destin. On prétend encore qu’il avoit un livre où les destinées des hommes étoient écrites.

Le Destin marque ici l’instant de leur naissance,
L’abaissement des uns, des autres la puissance,
Les divers changemens attachés â leur sort,
Leurs vices, leurs vertus, leur fortune, et leur mort.
Voltaire.

Quelquefois on représente le Destin dans un temple ou dans un palais fermé par cent portes d’airain, et environné de remparts qui en, défendent l’entrée. M.  Dorat décrit ainsi le temple du Destin :

Loin, de la sphère où grondent les orages,
Loin des soleils, par-delà cous les deux,
S’est élevé cet édifice affreux
Qui se soutient sur le gouffre des âges.
D’un triple airain tous les murs sont couverts,
Et, sur leurs gonds quand les portes mugissent,
Du temple alors les bases retentissent ;
Le bruit pénètre et s’entend aux enfers.
Les vœux secrets, les prières, la plainte,
Et notre encens détrempé de nos pleurs,
Viennent, hélas ! comme autant de vapeurs,
Se dissiper autour de cette enceinte,
Là tout est sourd à l’accent des douleurs.
Multipliés en échos formidables,
Nos cris en vain montent jusqu’à ce lieu ;
Ces cris perçans et ces voix lamentables
N’arrivent point aux oreilles du dieu.
A ses regards un bronze incorruptible
Offre en un point l’avenir ramassé.
L’urne des Sorts est dans sa main terrible :
L’axe des tems pour lui seul est fixé.
Sous une voûte où l’acier étincelle,
Est enfoncé le trône du Destin ;
Triste barrière et limite éternelle,
Inaccessible à tout l’effort humain,
Morne, immobile, et dans soi recueillie.
C’est de ce lieu que la Nécessité,
Toujours sévère, et toujours obéie,
Lève sur nous son sceptre ensanglanté,
Ouvre l’abîme où disparoît la vie,
D’un bras de fer courbe le front des rois,
Tient sous ses pieds la terre assujétie,
Et dit au Tems : « Exécute mes lois ».

Les poëtes enseignent que le Tems est chargé d’exécuter les ordres du Destin :

Le tems, d’une aîle prompte, et d’un vol insensible
Fuit, et revient sans cesse à ce palais terrible ;
Et de-là sur la terre il verse à plaines mains
Et les biens et les maux destinés aux humains.
Sur un autel de fer, un livre inexplicable
Contient de l’avenir l’histoire irrévocable.
Voltaire.

Le Ciel. §

Le Ciel passoit pour le père et le plus ancien des dieux. Il fut détrôné par Saturne, l’un de ses fils ; mais il ne perdit rien de son autorité, à en juger par ces vers où la supériorité de son pouvoir est très-bien exprimée. Jupiter parle ainsi aux autres dieux :

Suivez-moi donc : venez, troupe choisie,
Goûter en paix la céleste ambroisie,
Loin d’une terre importune à nos yeux ;
Et chez le Ciel, père commun des dieux,
Allons chercher dans un plus noble étage
Notre demeure et notre vrai partage.

A ce discours chacun fait éclater
Son allégresse ; et, sans plus consulter,
Tout ce grand chœur, qu’un même zèle anime
A se joindre à son auteur sublime,
Part, vole, arrive ; et, semblable à l’éclair,
Ayant franchi les vastes champs de l’air,
Au firmament, demeure pacifique
Du dieu des Cieux, reprend sa place antique.
Le Ciel les voit inclinés devant lui ;
Et d’un souris, garant de son appui,
Rendant le calme à leur ame incertaine :
Je sais, dit-il, quel motif vous amène.
Et je consens à régler entre vous
Le grand partage où vous aspirez tous.
………………………………………………
En vous donnant de si pompeux domaines,
Ne croyez pas que j’adopte vos haines,
Ni que je veuille, au gré de vos chagrins,
Abandonner la Terre à ses destins.
Aux dieux créés les passions permises
Sont devant moi tremblantes et soumises.
Le Ciel, auteur de tant d’êtres semés,
N’obéit point aux sens qu’il a formés.
Rousseau.

Saturne. §

Le Ciel avoir deux fils, Titan et Saturne Le premier céda son droit d’aînesse à son frère, à condition qu’il n’éleveroit aucun enfant mâle. Cybèle, épouse de Saturne, affligée de voir dévorer tous les fils qu’elle mettoit au monde, ayant eu d’une seule couche Jupiter et Junon, cacha Jupiter, et ne montra à Saturne que Junon. Titan en fut informé, et déclara la guerre à son frère qui refusoit de lui rendre l’empire du Monde. Saturne fut vaincu et mis aux fers. Jupiter le tira de sa prison, et défit les Titans qui prétendoient remettre leur père sur le trône.

Saturne est le même que le Tems, divinité allégorique, représentée sous la figure d’un Vieillard, avec des attributs propres à marquer la rapidité, la vicissitude du tems qui détruit tout ; comme les aîles, la faulx, le sablier, l’aviron, et le serpent qui forme un cercle en se mordant la queue :

Ce vieillard qui, d’un vol agile,
Fuie sans jamais être arrêté,
Le Tems, cette image mobile
De l’immobile éternité,
A peine du sein des ténèbres
Fait éclore les faits célèbres,
Qu’il les replonge dam la nuit :
Auteur de tout ce qui doit être,
Il détruit tout ce qu’il fait naître,
A mesure qu’il le produit.
Rousseau.

Saturne ayant lu dans le livre du Destin, que Jupiter envahiroit son royaume, voulût prévenir ce malheur. Il déclara la guerre à son fils, et lui tendit des embûches où il croyoit le faire périr. Jupiter, après avoir vaincu Saturne, le chassa honteusement du ciel. Le dieu exilé se réfugia dans cette partie de l’Italie où Rome fut bâtie : il y reçut un bon accueil de la part de Janus, roi de cette contrée, qui fut lui-même honoré dans la suite comme un dieu. On lui éleva à Rome un temple dont les portes étoient fermées pendant la paix, et ouvertes pendant la guerre. On prétend que Saturne lui donna, par reconnoissance, toutes les vertus d’un bon roi, avec le talent de ne point oublier le passé, et de lire dans l’avenir : c’est pourquoi Janus est toujours représenté avec deux visages, et quelquefois avec quatre. On dit encore que Saturne lui enseigna l’agriculture, et la manière de policer les peuples ; ce qui fit donner à son règne le nom d’Age d’or.

Avant que de régner dans les deux pour jamais,
Tu soumis ces climats à ta loi souveraine,
Tu te fis un empire à force de bienfaits.
Dans un profond repos tu commandois sans peine
                 A des cœurs satisfaits.
            Ramène un tems si doux, ramène
De ce siècle innocent les tranquilles attraits.
Fontenelle.

Les quatre Ages ont cependant chez les poëtes, un rapport plus immédiat au règne de Saturne.

L’Age d’or est le plus célèbre, parce qu’il prête davantage aux charmes de la poésie, et parce qu’il est plus agréable de peindre le bonheur des hommes, que les maux dont ils ont été la proie. Cet âge est proprement le règne de Saturne : on vivoit alors dans l’innocence ; et la terre produisent d’elle-même, sans avoir besoin d’être cultivée :

La Terre féconde et parée,
Marioit l’Automne au Printems :
L’ardent Phœbus, le froid Borée,
Respectoient l’honneur de ses champs ;
Par-tout, les dons brillans de Flore
Sous ses pas s’empressoient d’éclore,
Au gré du Zéphyre amoureux :
Les moissons, inondant les plaines,
N’étoient, ni le fruit de nos peines,
Ni le prix tardif de nos vœux.

Mais, pour le bonheur de la vie,
C’étoit peu que tant de faveurs,
Trésors bien plus dignes d’envie,
Les vertus habitoient les cœurs.
Pères, enfants, époux sensibles,
Nos devoirs, depuis si pénibles,
Faisoient nos plaisirs les plus doux ;
Et l’égalité naturelle,
Mère de l’amitié fidelle,
Sous ses loix nous unissoient tous.
Lamotte.

L’Age d’argent marque le tems où Saturne, chassé du ciel, se réfugia dans l’Italie, et y enseigna l’agriculture ; la terre devenant moins féconde à proportion que les hommes s’écartoient de leur première innocence :

Pourquoi fuis-tu, chère innocence ?
Quel destin t’enlève aux mortels ?
Avec la paix et l’abondance,
Disparaissent les saints autels ;
Déjà Phœbus brûle la terre :
Borée à son tour la resserre ;
Son sein épuise nos travaux :
Sourde à nos vœux, qu’elle dédaigne,
Il faut que le soc la contraigne
De livrer ses biens à la faulx.
Lamotte.

L’Age d’airain est le tems qui suivit le règne de Saturne : les hommes, devenus méchans, virent tous les vices remplacer leurs vertus :

Aux cris de l’Audace rébelle
Accourt la Guerre au front d’airain ;
La rage en ses yeux étincelle,
Et le fer brille dans sa main ;
Par le faux honneur qui la guide,
Bientôt, dans son art parricide.
S’instruisent les peuples entiers ;
Dans le sang on cherche la gloire !
Et, sous le beau nom de Victoire, le meurtre usurpe des lauriers.
Lamotte.

L’Age de fer est le tems où la terre, souillée par des crimes, ne produisoit plus rien :

Fureur, trahison mercenaire,
L’or vous enfante ; j’en frémis !
Le frère meurt des coups du frère,
Le père, de la main du fils !
L’honneur fuit, l’intérêt l’immole ;
Des loix que par-tout l’on viole,
Il vend le silence, ou l’appui :
Et le crime seroit paisible,
Sans le remords incorruptible
Qui s’élève encor contre lui.
Lamotte.

Les poëtes feignent que, pendant l’Age d’or, tous les dieux habitoient la terre, et contribuoient à rendre les hommes heureux, en leur donnant des exemples de vertus :

Pendant la courte durée
De cet Age radieux,
Qui vit la terre honorée
De la présence des Dieux,
L’homme instruit par l’habitude,
Marchant avec certitude
Dans leurs sentiers lumineux,
Imitoit sans autre étude,
Ce qu’il admiroit en eux.
Rousseau.

Quelque brillantes que soient les peintures de l’Age d’or, on sent qu’elles ne sont que d’agréables mensonges :

Mais, sous tes saintes loix, croirai-je
Que l’homme ait eu le privilège
De fixer jadis ses plaisirs ?
Ou ce règne si favorable
N’est-il qu’un phantôme agréable,
Né de nos impuissans désirs ?
Lamotte.

Cybèle. §

Cybèle, épouse du Ciel, mère de Saturne, étoit la déesse de la terre, et la mère de tous les dieux ; c’est pourquoi on l’appelle la grande mère. On lui attribue la fécondité de terre :

J’y vois de toutes parts, prodigue en ses largesses,
Cybèle à pleines mains répandre ses richesses ;
De ses bienfaits nouveaux ces arbres sont parés.
D’une herbe verdoyante elle couvre nos prés.
Rousseau.

On la représente avec un disque et une clef à la main, un habit parsemé de fleurs, une couronne composée de tours, et montée sur un char traîné par des lions.

Il ne faut point la confondre avec une autre Cybèle, fille du Ciel et de la terre, épouse de Saturne, et plus connue sous le nom de Rhée ou de Vesta :

Les humains vertueux, sous le sceptre de Rhée,
Virent du siècle d’or la trop courte durée.
Gresset.

On suppose que cette seconde Cybèle régna sur la terre avec Saturne ; et on, lui attribue souvent le bonheur dont les hommes jouissoient pendant l’Age d’or :

Et si l’aimable Cybèle
Sur cette terre infidèle
Daignoit redescendre encor,
Pour faire vivre avec elle
Les vertus de l’Age d’or.
Rousseau.

Numa Pompilius, second roi des Romains, avoit consacré à Cybèle, sous le nom de Vesta, un feu perpétuel, dont le soin étoit confié à de jeunes vierges appellées Vestales. On ne pouvoit rallumer ce feu qu’avec celui du ciel, ou avec les rayons du soleil : s’il s’éteignoit par la faute des Vestales, elles étoient condamnées à être enterrées vives. Elles avoient à Rome de très-beaux privilèges, et on leur rendoit de grands honneurs. On les choisissoit ordinairement parmi les familles les plus distinguées.

Jupiter. §

Jupiter, fils de Saturne et de Cybèle, étoit appelé le Père des Dieux et des Hommes. Il fut élevé secrettement, dans l’isle de Crète, par les Corybantes qui dansoient en frappant sur des bassins d’airain, pour empêcher que Saturne n’entendit les cris de cet enfant. Il fut alaité par la chèvre Amalthée, qu’il changea dans la suite en constellation, et la plaça au ciel. Les Nymphes qui avoient pris soin de son enfance, eurent une des cornes de cette chèvre : elle leur produisoit tout ce qu’elles vouloient. C’est ce que l’on appelle la corne d’Abondance.

Aussi-tôt que Jupiter fut en âge de se signaler, il remit son père sur le trône, l’en chassa peu de tems après et se rendit maître du ciel et de la terre. Il épousa Junon, sa sœur ; partagea avec ses frères l’empire du Monde, donna celui des Eaux à Neptune, celui des Enfers à Pluton, et se réserva celui du Ciel avec un droit sur tout l’Univers :

        Les dieux ont partagé le monde,
        Et leur pouvoir est différent :
        Mais ton vaste empire comprend.
        Les cieux, l’enfer, la terre et l’onde :
        Les dieux ont partagé le monde,
Mais, tu réunis tout sous un pouvoir plus grand.
Fontenelle.

Les Titans, ou les Géans, fils de la Terre et de Titan, entreprirent de rétablir leur père sur le trône, et d’en chasser Jupiter. Ils s’assemblèrent dans les champs de Thessalie, où ils mirent plusieurs montagnes les unes sur les autres afin d’escalader le ciel :

Comme la rébellion,
Dont la fameuse folie
Fit voir à la Thessalie
Olympe sur Pélion.
Malherbe.

Les plus célèbres de ces Géans étoient Egéon ou Briarée. Il avoit cent bras et cinquante têtes. Encelade lançoit de gros rochers : Typhus, Typhoé, ou Typhon, étoit d’une taille énorme. Othus et Ephialtes, nommés communément les Aloïdes, remplaçoient leur père Aloéüs, qui étoit trop vieux pour avoir part à l’entreprise. Dans leur enfance, ils croissoient de neuf pouces chaque mois :

        Les Titans furieux
        Menacent les voûtes des cieux :
Ils entassent des monts la masse épouvantable.
        Déjà leur foule impitoyable
        Approche de ces lieux.
Voltaire.
Déjà de tous côtés s’avançoient les approches :
Ici couroit Mimas ; là Typhon se battoit ;
Et là suoit Euryre à détacher les roches
                Qu’Encelade jettoit.
Malherbe.

Tous les Dieux effrayés quittèrent le ciel, excepté Bacchus, et se sauvèrent en Egypte où ils prirent pour se cacher, différentes formes d’animaux, d’arbres et de plantes. Les Egyptiens prétendoient sans doute, par ce trait de fable dont ils sont les inventeurs, justifier la stupide confiance avec laquelle ils adoroient jusqu’aux légumes qui croissoient dans leurs jardins.

Jupiter, qui s’étoit déjà rendu maître du tonnerre, foudroya les Titans, et les écrasa sous les montagnes qu’ils avoient rassemblées, et qui retombèrent sur eux :

Le haut Olympe en ses antres humides
Vit bouillonner le sang des Aloïdes :
Sous Pélion Mimas fut abîmé ;
Et dans le creux de son gouffre enflammé,
Le mont voisin de l’amante d’Althée,
Mugit encor des soupirs de Typhée.
Rousseau.

L’Olympe, le mont Ossa, et Pélion, qui sont dans la Thessalie, furent les montagnes principales dont les Titans se servirent pour escalader le ciel. Les poëtes ont prétendu que Typhoé étoit enseveli sous l’Ethna, montagne de Sicile, qui vomit des tourbillons de feu et de matières enflammées :

Typhé, enchaîne dans ce gouffre
D’où partent la flamme et le soufre
Que vomit l’effroyable Ethna,
Jadis, de sa prison profonde,
Donna des secousses au monde,
Dont le dieu des morts s’étonna.
Lamotte.

Quinault célèbre ainsi la victoire de Jupiter sur les Géans :

Ils sont ensevelis sous la masse pesante
Des monts qu’ils entassoient pour attaquer les cieux :
Nous avons vu tomber leur chef audacieux
                Sous une montagne brûlante ;
Jupiter l’a contraint de vomir à nos yeux
Les restes enflammés de sa rage mourante.
                Jupiter est victorieux,
Et tout cède à l’effort de sa main foudroyante.

Jupiter, n’ayant plus d’ennemis à com battre, s’occupa du soin de créer des hommes. Prométhée, fils de Japet et de Climène, voulant imiter le plus grand des dieux, fit des statues de terre, et, pour les animer, monta au ciel par le secours de Pallas, et vola du feu au char du Soleil :

Faisons de leur repos rougir les Immortels.

         Du feu des cieux je me suis rendu maître ;
              C’est par moi que l’homme va naître,
         C’est à moi seul qu’il devra des autels.
              Esprits soumis à mon empire,
Que ce peuple impuissant s’anime par vos feux,
              Qu’aujourd’hui l’argile respire,
              Soyez aussi prompts que mes vœux.
Lamotte.

Jupiter, pour punir cette orgueilleuse au dace, ordonna à Vulcain d’enchaîner Prométhée sur le mont Caucase, où un vautour mangeroit son foie, qui renaîtroit toujours pour éterniser ce tourment. Dans la suite des tems, Hercule tua le vautour, et détacha du rocher Prométhée.

Les dieux indignés que Jupiter prétendît seul avoir le droit de créer des hommes, firent fabriquer, par Vulcain, une femme qu’ils appellèrent Pandore ; et, pour la rendre parfaite, chacun lui fit son présent. Vénus lui donna la beauté ; Pallas, la sagesse ; Mercure, l’éloquence, etc. Jupiter, feignant de vouloir aussi combler Pandore de ses dons, lui fit présent d’une boîte, avec ordre de la porter à Epiméthée, frère de Prométhée. Cette boîte fut ouverte ; et tous les maux, qui y étoient renfermés, se répandirent sur la terre :

Ignores-tu donc encore
Que tous les fléaux tirés
De la boîte de Pandore,
Se sont du monde emparés ?
Que l’ordre de la nature
Soumet la pourpre et la bure
Aux mêmes sujets de pleurs ?
Et que, tout fiers que nous sommes,
Nous naissons tous foibles hommes,
Tributaires des douleurs ?
Rousseau.

L’Espérance seule resta au fond de cette boîte, devenue célèbre sous le nom de la Boîte de Pandore. Rousseau a renfermé dans ces vers, tout ce que l’on peut dire et savoir de mieux sur ce sujet :

D’où peut venir ce mélange adultère
D’adversités, dont l’influence altère
Les plus beaux dons de la terre et des cieux ?
L’antiquité nous mit devant les yeux
De ce torrent la source emblématique,
En nous peignant cette femme mystique,
Fille des dieux, chef-d’œuvre de Vulcain,
A qui le ciel, prodiguant par leur main
Tous les présens dont l’Olympe s’honore,
Fît mériter le beau nom de Pandore.
L’urne fatale, où les afflictions,
Les durs travaux, les malédictions,
Jusqu’à ce tems des humains ignorées,
Avoient été par les dieux resserrées,
Pour le malheur des mortels douloureux.
Fut confiée à des soins dangereux.
Fatal désir de voir et de connoître !
Elle l’ouvrit ; et la terre en vit naître,
Dans un instant, tous les fléaux divers
Qui depuis lors inondent l’Univers.
Quelle que soit, ou vraie, ou figurée,
De ce revers l’histoire aventurée,
N’en doutons point, la curiosité
Fut le canal de notre adversité.
Rousseau.

Les métamorphoses de Jupiter sont souvent célébrées par les Poëtes. Il se changea en satyre pour surprendre Antiope, dont il eut Zéthus et Amphion ; en pluie d’or, pour pénétrer dans la tour d’airain où étoit en fermée Danaé, fille d’Acris, roi d’Argos, qui fut la mère de Persée :

Dans cette tour inaccessible
Où tu sus t’introduire en or ;
Si tu vis Danaé sensible,
Tu ne fus pas heureux encor.
Lamotte.

Jupiter se métamorphosa en taureau pour enlever Europe, fille d’Agénor, roi de Phénicie, et sœur de Cadmus ; passa la mer à la nâge, en portant cette princesse sur son dos, et la conduisit dans cette partie de l’univers à laquelle elle donna son nom :

            Par quel enchantement
Ce fier taureau fend-il le sein de l’onde ?
    Ah ! malgré son déguisement
    L’on connoît le maître du monde.
La Grange-Chancel.

Il prit la figure d’un cygne pour tromper Leda, épouse de Tyndare, roi d’Æbalie, et mère de Castor, de Pollux, d’Hélène et de Clytemnestre, que l’on appelle souvent les Tyndarides :

Satyre, aigle, serpent, cygne aux brillantes aîles,
            Ou taureau traversant les flots :
Cent fois il a daigné, sous cent formes nouvelles,
                Peupler le monde de héros.
Lamotte.

Sous la forme d’un aigle, il enleva Ganimède, fils de Tros, roi de Troie, et le porta au ciel, pour en faire son échanson, à la place d’Hébé, fille de Junon, et déesse de la Jeunesse, qui fut privée de la charge de verser le nectar, parce qu’elle s’étoit laissée tomber, et avoit fait rire tous les dieux. Il n’y avoit point au ciel d’autre table que celle de Jupiter ; on y servoit l’ambroisie, mets exquis, dont il suffisoit de goûter une fois pour devenir immortel ; et le nectar, boisson ordinaire des dieux, dont la privation étoit leur plus grand supplice. Lamotte dit, en parlant aux Graces :

Malgré l’appareil délectable,
Jusqu’à la céleste table
L’ennui s’introduiroit sans vous ;
Au goût de la troupe choisie,
Vous assaisonnez l’ambroisie.
Et rendez le nectar plus doux.

Jupiter prit la forme de Diane pour tromper Calysto, l’une des nymphes de cette déesse. Il en eut Arcas, Junon le changea en ours avec Calysto. Jupiter les plaça au ciel : on les appelle la grande Ourse, et Boote, ou la petite Ourse. Alcmène fut aussi trompée par Jupiter, qui avoit pris la figure d’Amphitrion son époux :

Passe encore de le voir de ce sublime étage,
        Dans celui des hommes venir,
………………………………………………
……………………………………………….
Si, dans les changemens où son humeur l’engage,
A la nature humaine il s’en vouloir tenir :
        Mais de voir Jupiter taureau,
        Serpent, cygne, ou quelqu’autre chose ;
        Je ne trouve point cela beau,
Et ne m’étonne pas si par fois on en cause.
Molière.

Les poëtes n’en attribuent pas moins à Jupiter les idées sublimes qui conviennent à une divinité suprême. Tantôt ils le regardent comme le maître absolu de l’univers ; et tantôt ils lui donnent une puissance souveraine, même sur tous les autres dieux :

Et Jupiter assis sur le trône des airs,
Ce dieu qui d’un clin d’œil ébranle l’univers,
Et dont les autres dieux ne sont que l’humble escorte,
Leur imposa silence, et parla de la sorte.
Rousseau.
        Muses ! donnez au maître du tonnerre
        Le premier rang dans vos nobles chansons ;
Il est tout, il remplit les deux, l’onde, la terre,
Il dispense à nos champs les jours et les moissons.
Gresset.

Jupiter est ordinairement représenté la foudre à la main, et porté sur un aigle. Le chêne lui étoit consacré, parce qu’il avoit appris aux hommes à se nourrir de gland. Les Egyptiens l’appelloient Jupiter Ammon, et l’adoroient sous la forme d’un bélier, prétendant qu’il avoit pris cette figure pour combattre les géans. Ses noms varioient avec ceux des lieux où on lui rendoit un culte plus particulier. On le nommoit communément le Père et le Roi des Hommes et des Dieux, le Souverain de l’Univers, le maître du Tonnerre, etc. On disoit qu’il demeuroit avec toute sa cour sur le sommet de l’Olympe, montagne célèbre, placée entre la Thessalie et la Macédoine ; de-là vient que les poëtes appellent le Ciel, l’Olympe, quand ils le considèrent comme la demeure des dieux.

Junon. §

Junon, fille de Saturne et de Cybèle, sœur et épouse de Jupiter, étoit la reine des dieux, et la déesse qui présidoit aux royaumes. Elle eut trois enfans ; Hébé, déesse de la Jeunesse ; Mars, dieu de la Guerre ; et Vulcain, que Jupiter précipita du ciel, à cause de sa difformité. Junon étoit d’un caractère impérieux, jaloux et vindicatif. S’étant brouillée avec Jupiter, elle se retira dans l’isle de Samos, où on lui rendit, dans la suite, un culte particulier ; ce qui la fît appeller Samienne. Jupiter ordonna de conduire à Samos un char sur. lequel étoit une statue parée magnifiquement, et de crier à haute voix, que c’étoit Platée, fille d’Asope, qu’il alloit épouser. Junon sortit en fureur, et brisa la statue. Voyant que c’étoit un jeu, elle en prit occasion de se raccommoder avec son époux ; mais sa jalousie ne fit qu’augmenter. Elle chargea Argus d’observer toutes les démarches de Jupiter, et de lui en rendre compte. Elle lui confia la garde, d’Io, fille d’Inachus, roi de la Carie.

            Dans ce solitaire séjour
Vous êtes sous ma garde, et Junon vous y laisse ;
        Mes yeux veilleront tour-à-tour
        Et vous observeront sans cesse.
Quinault.

Cet espion avoit cent yeux, dont cinquante étoient toujours ouverts, quand les cinquante autres dormoient. Mercure vint à bout de l’endormir au son de la flûte et le tua, pour délivrer Jupiter d’un surveillant si incommode. Junon métamorphosa Argus en paon, et prit cet oiseau sous sa protection. Ces vers caractérisent bien l’orgueil de cette déesse impérieuse :

Moi, l’épouse et la sœur du maître du tonnerre !
Moi, la reine des dieux, du ciel et de la terre !
Ah ! périsse ma gloire ; et faisons voir à tous,
Que ces dieux si puissans ne sont rien près de nous.
Qu’ils viennent à mes dons comparer leurs largesses ?
Je veux lui prodiguer mes grandeurs, mes richesses :
Je veux que son pouvoir dans les terrestres lieux,
Soit égal au pouvoir de Junon dans les cieux.
Rousseau.

Sa vengeance fut toujours implacable. Elle ne cessa point de persécuter Hercule. Jamais elle ne pardonna à Paris, fils de Priam, roi de Troie, de ne lui avoir pas donné la pomme d’or, sur le mont Ida, lorsqu’elle disputa le prix de la beauté avec Vénus et Pallas. Son ressentiment fut même une des causes principales de la ruine de Troie. Lysipe, Ipponoé et Cyrianesse, fille de Prétus et de Sténobée, se vantèrent d’être plus belles que Junon. Aussi-tôt la déesse les frappa d’un genre de folie, qui leur fit croire qu’elles étoient changées en vaches :

Des filles de Prétus les fureurs sont connues :
Leurs vains mugissemens insultèrent les nues,
Mais leur délire ardent, leurs stupides fureurs
N’ont jamais de la Crète égalé les horreurs.
Gresset.

Junon président aux mariages ; on l’invoquoit alors par des vœux et on lui faisoit de grands sacrifices :

O toi qui de l’hymen défend les sacrés nœuds,
            O Junon ! puissante déesse !
            Reçois notre encens et nos vœux,
Et que jusqu’à ton trône ils s’élèvent sans cesse.
Lamotte.

Elle présidoit aussi aux accouchemens ; et alors on l’invoquoit sous le nom de Lucine :

Hâtez-vous, ô chaste Lucine,
Jamais plus illustre origine
Ne fut digne de vos faveurs.
Rousseau.

Junon est représentée superbement vêtue, montée sur un char traîné par deux paons, ou assise tenant un sceptre à la main, et toujours un paon placé auprès d’elle. Quelquefois on y ajoute un arc-en-ciel, parce que Junon aima tendrement Iris, qui étoit sa messagère, comme Mercure étoit le messager de Jupiter :

En ce moment, Iris, plus vîte que Borée,
Messagère des dieux, fend la plaine azurée.
Lamotte.

Junon, voulant la récompenser de ce qu’elle lui annonçoit toujours d’heureuses nouvelles, la changea en arc, et la plaça au ciel : c’est ce que nous appelons l’Arc-en~ciel, et quelquefois l’Iris.

Apollon. §

Apollon, fils de Jupiter et de Latone, frère de Diane, naquit dans l’isle de Délos, que Neptune fit sortir des eaux, et rendit stable, sans égard pour Junon qui persécutoit Latone, au point de ne lui laisser aucun endroit sur la terre où elle pût s’arrêter. Esculape, fils d’Apollon, et dieu de la Médecine qu’il avoit apprise du Centaure Chiron, ayant rendu la vie à Hypolite, fils de Thésée, fut foudroyé par Jupiter. Apollon vengea la mort de son fils, en tuant les Cyclopes qui avoient fourni des foudres à Jupiter : cette action le fit chasser du ciel. Il se retira chez Admète, roi de la Thessalie, dont il garda les troupeaux ; ce qui l’a fait honorer comme le Dieu des Bergers. Cette contrée devint un séjour délicieux, par les soins qu’Apollon prenoit de former les mœurs de ses habitans, qui menoient tous une vie champêtre :

Ainsi, tant que d’Admète il fut l’heureux pasteur,
Des champs Thessaliens il fit tout le bonheur.
Lamotte.

En jouant an palet avec son ami Hyacinte, il eut le malheur de le tuer. Il le métamorphosa en une fleur qui porte le même nom, et regretta long-temps cet ami fidèle :

Du souverain des vers tels étoient les accords,
Quand l’heureux Eurotas, arrêté sur les bords,
Instruisit les échos à redire la plainte
Que Phébus adressoit à l’ombre d’Hyacinthe.
Gresset.

Contraint de se soustraire aux poursuites des parens d’Hyacinte, il se retira dans la Troade, où il rencontra Neptune, que Jupiter avoir aussi privé de la divinité pour quelque tems. Ils allèrent ensemble offrir leurs services à Laomédon, qui bâtissoit la ville de Troie. Ce roi ayant refusé de remplir les conditions dont il étoit convenu, Neptune s’en vengea, en inondant les travaux ; et Apollon, en ravageant le pays par la peste. Cependant Jupiter, oubliant son ressentiment, rappela au ciel Apollon, et lui confia le soin d’éclairer le monde. En cette qualité, il porte le nom de Phébus, ou de Père du jour, et on le représente conduisant le char du Soleil, qui est tiré pat quatre chevaux fougueux, dont voici les noms ; Ethon, Pyroïs, Eoüs, et Phlégon :

O dieu de la clarté ! vous réglez la mesure
            Des jours, des saisons et des ans.
C’est vous qui produisez dans les fertiles champs
            Les fruits, les fleurs et la verdure ;
                        Et toute la nature
               N’est riche que de vos présens.
             La nuit, l’horreur et l’épouvante
S’emparent du séjour que vous abandonnez ; ‘
            Tout brille, tout rit, tout enchante,
                Dans les lieux où vous revenez.
Quinault.

Ephatus, fils de Jupiter et d’Io, jouant un jour avec Phaéton, eut une querelle avec lui ; et, pour l’humilier, il lui contesta sa naissance. Phaéton lui répondit :

            Vos yeux sont fermés par l’envie ;
            Malgré vous, ils seront ouverts ;
J’espère que le dieu qui m’a donné la vie.
M’avouera pour son fils aux yeux de l’univers.
Quinault.

Plein d’impatience de l’emporter sur son rival, il va trouver Climène sa mère, qui le confirme dans son projet :

Mon dessein sera beau, dussé-je y succomber ;
                    Quelle gloire si je l’achève !
Il est beau qu’un mortel jusques aux cieux s’élève,
                    Il est beau même d’en tomber.
Quinault.

En conséquence de cette résolution téméraire, Phaéton monte au palais du Soleil, par le secours de Minerve. Apollon, appercevant son fils, se dépouille de ses rayons, et jure, par le Styx, de lui accorder tout ce qu’il demandera, comme un gage de la tendresse paternelle. Phaéton demande et obtient la grace de conduire le char du Soleil, pendant un jour. A peine est-il sur l’horizon, que les chevaux, ne reconnoissant point la main qui les conduisoit ordinairement, prennent le mors aux dents. Tantôt le Soleil embrase le ciel ; tantôt il s’approche si près de la terre, qu’il lui fait craindre une combustion prochaine :

Roi des dieux ! armez-vous ; il n’est plus tenu d’attendre :
             Tout l’empire qui suit vos lois
Bientôt ne sera plus qu’un vain monceau de cendre ;
Les fleuves vont tarir ; les villes et les bois,
Les monts les plus glacés, tout s’embrase à la fois ;
              Les cieux ne peuvent s’en défendre…
Quinault.

Jupiter, surpris de ce désordre, foudroie Phaéton, et le précipite dans le Pô, fleuve d’Italie, que les Poëtes appellent communément l’Eridan. Climène auroit dû prévenir le malheur de son fils, que Protée lui avoit prédit :

Le sort de Phaéton se découvre à mes yeux.
              Dieux ! je frémis ! que vois-je ? ô dieux !
Tremblez pour votre fils, ambitieuse mère !
              Où vas-tu, jeune téméraire ?
Tu dois trouver la mort dans la gloire où tu cours.
              En vain le dieu qui nous éclaire,
En pâlissant pour toi, se déclare ton père :
              Il doit servir à terminer tes jours.
Quinault.

Cygnus, ami de Phaéton, fut si touché de cette mort, que Jupiter le métamorphosa en cygne. Lampétuse, Lampétie et Phaéthuse, appellées communément les Héliades, pleurèrent la mort de Phaéton leur frère avec tant de sincérité, que, pour les récompenser, Jupiter les changea en peuplier, et leurs larmes en ambre.

Apollon est plus particulièrement honoré comme le dieu de la Poésie, de la Musique et des Beaux-Arts. On le représente sous la figure d’un jeune homme ; une longue chevelure blonde lui couvre les épaules : il porte une couronne de laurier sur la tête, tient une lyre à la main ; et auprès de lui sont tous les instrumens propres à désigner les arts. Il est le dieu des poëtes : lui seul les inspire ; et l’enthousiasme poétique n’est point autre chose que la vertu qu’inspire sa présence :

Mais quel souffle divin m’enflâme ?
D’où naît cette soudaine horreur ?
Un dieu vient échauffer mon ame
D’une prophétique fureur.
Loin d’ici, profane vulgaire,
Apollon m’inspire et m’éclaire ;
C’est lui, je le vois, je le sens.
Mon cœur cède à sa violence :
Mortels, respectez sa présence,
Prêtez l’oreille à mes accens.
Rousseau.

Le dieu de la poésie est en même tems le chef ou le maître des Muses, avec lesquelles il habite le Mont sacré : cette demeure est appellée le Parnasse, l’Hélicon, le Piérius ou le Pinde, parce que toutes ces montagnes sont consacrées à Apollon et aux Muses. On l’appelle encore le sacré Vallon, et on dit que les poëtes viennent y rêver, s’y promener, y implorer les secours dont ils ont besoin pour réussir. Ce Vallon est arrosé par le Permesse, fleuve qui prend sa source au mont Hélicon ; par les eaux de Castalie, qui étoit une Nymphe qu’Apollon métamorphosa en fontaine ; et par l’Hippocrène, fontaine plus merveilleuse encore, que Pégase fit saillir d’un coup de pied. Toutes ces eaux ont la vertu d’inspirer le génie de la poésie à ceux qui en boivent :

Je fréquentois alors les sources d’Hippocrène,
D’où, selon mes désirs, les vers contoient sans peine ;
Eloigné, dès long-tems, de ces bords enchantés,
J’ai presque du Permesse oublié les beautés ;
Et l’Hélicon, jadis mon séjour ordinaire,
Aujourd’hui me paroît une terre étrangère.
Campistron.

Pégase est un cheval aîlé, qui naquit du sang de Méduse, lorsque Persée coupa la tête à cette Gorgone. On dit communément qu’Apollon et les Muses permettent aux bons poëtes de se servir de Pégase, comme d’un cheval à leurs ordres. Lamotte a tracé dans ses vers le tableau de tout ce qu’on vient de dire :

Quelle est cette fureur soudaine !
Le mont sacré m’est dévoilé,
Et je vois jaillir l’Hippocrène
Sous le pied du cheval aîlé.
Un dieu, car j’en crois cette flâme
Que son aspect verse en mon ame,
Dicte ses loix aux chastes Sœurs ;
L’immortel laurier le couronne,
Et sous ses doigts savans résonne
Sa lyre, maîtresse des cœurs.

Apollon étoit encore le dieu des oracles. On alloit le consulter à Delphes, ville de la Phocide, qui passoit pour être le milieu de la terre ; à Délos, isle de la mer Egée, lieu de la naissance d’Apollon et de Diane ; à Claras, ville d’Ionie ; à Ténédos, isle de la mer Egée ; à Cyrrha, ville de la Phocide, située au pied du Parnasse ; à Patare, et dans une infinité d’autres lieux où on avoit consacré des temples en l’honneur d’Apollon. Les oracles de Delphes étoient les plus célèbres. La prêtresse qui les rendoit s’appelloit Pythonisse, parce que le trépied sacré, sur lequel elle se plaçoit, étoit couvert de la peau de Python, serpent horrible, né du limon de la terre, après le déluge de Deucalion, et qu’Apollon tua, parce qu’il désoloit les campagnes :

Chez les Filles de Mémoire
Allez apprendre l’histoire
De ce serpent abhorré,
Dont l’haleine détestée
De sa vapeur empestée,
Souilla leur séjour sacré.

Lorsque la terrestre masse
Du déluge eut bu les eaux,
Il effraya le Parnasse
Par des prodiges nouveaux.
Le ciel vit ce monstre impie,
Né de la fange croupie
Au pied du mont Pélion,
Souffler son infecte rage
Contre le naissant ouvrage
Des mains de Deucalion.

Mais le bras sûr et terrible
Du dieu qui donne le jour,
Lava dans son sang horrible
L’honneur du docte séjour.
Bientôt de la Thessalie,
Par sa dépouille ennoblie,
Les champs en furent baignés ;
Et du Céphise rapide
Son corps affreux et livide
Grossit les flots indignés.
Rousseau.

Dans les autres temples, c’étoient des prêtres ou des prêtresses qui rendoient les oracles ; ils se plaçoient sur un trépied, invoquoient Apollon par des hurlemens horribles ; ils entroient en fureur, et donnoient leurs réponses en vers d’une voix que l’on avoir souvent peine à entendre ; rarement ils les écrivoient.

Ou tel que d’Apollon le ministre terrible,
Impatient du dieu dont le souffle invincible
                 Agite tous ses sens,
Le regard furieux, la tête échevelée,
Du temple fait mugir la demeure ébranlée
                 Par ses cris impuissans.
Rousseau.

Il y avoit auprès de Dodone, ville d’Epire, une forêt consacrée à Jupiter, dont les arbres rendoient des oracles ; on l’appelloit la forêt de Dodone :

            Arbres sacrés, rameaux mystérieux,
Trônes célèbres, par qui l’avenir se révèle,
Temple que la nature élève jusqu’aux cieux,
A qui le printems donne une beauté nouvelle,
                Chênes divins, parlez tous ;
                Dodone, répondez-nous.
Lamotte.

Daphné fille du fleuve Pénée, évitant les poursuites d’Apollon, fut métamorphosée en laurier. Ce dieu s’en fit une couronne qu’il porta toujours, et voulut que le laurier lui fût consacré, qu’il servît de prix aux talens, et fût la récompense des poëtes :

Aux plus savans auteurs, comme aux plus grands guerriers,
Apollon se promet qu’un nom, et des lauriers.
Boileau.

Le satyre Marsyas, enflé des succès qu’il avoit eus en mettant en musique les hymnes composés en l’honneur des dieux, osa défier Apollon, et prétendit chanter mieux que lui. Apollon l’écorcha vif, et le changea en un fleuve de sang. Il donna des oreilles d’âne à Midas, roi de Phrygie, qui avoir décidé en faveur de Marsyas, Ce n’étoit point la première fois que ce prince étoit la dupe de son ignorance. Il avoir demandé à Bacchus que tout ce qu’il toucheroit se changeât en or. Il s’en repentit bientôt ; car il ne pouvoit toucher aucun aliment, sans le changer en or.

Les Muses. §

Les Muses étoient filles de Jupiter et de Mnémosyne, ou la déesse de Mémoire. Elles étoient au nombre de neuf : Calliope, Clio, Erato, Melpomène, Thalie, Euterpe, Polymnie, Terpsichore, et Uranie :

Dans son rapide essor, Uranie à nos yeux
Dévoile la nature et les secrets des dieux.

Des empires divers Clio chante la gloire,
Des rois, des conquérans assure la mémoire.

Calliope, accordant la lyre avec la voix,
Eternise en ses vers d’héroïques exploits.

D’un spectacle agréable employant l’artifice,
Thalie, en badinant, sait démasquer le vice.

Melpomène avec pompe étalant ses douleurs,
Nous charme, en nous forçant de répandre des pleurs ;

Erato des Amours célèbre les conquêtes,
Se couronne de myrte et préside à leurs fêtes.

Euterpe a de la flûte animé les doux sons,
Aux plaisirs innocens consacre ses chansons.

Polymnie a du geste enseigné le langage,
Et l’art de s’exprimer des yeux et du visage.

Terpsichore, excitée au bruit des instrumens,
Joint à des pas légers de justes mouvemens.

De l’esprit d’Apollon une vive étincelle,
Des filles de mémoire anime les concerts :
        Et chef de leur troupe immortelle,
Il rassemble en lui seul tous les talens divers,
Danchet.

Les Muses partageoient les honneurs que l’on rendoit à Apollon : on les désigne souvent sous les noms de neuf Sœurs, de doctes Fées, de Déesses du sacré vallon, de chastes Filles de mémoire, de Sœurs d’Apollon, etc.

Déjà pour l’immortelle fête
Les neuf Sœurs ont paré leur tête
Des fleurs qui bravent les hivers ;
Et ces filles de Mnémosyne,
Déjà sur la lyre divine
Préludent leurs plus doux concerts.
Lamotte.

Elles inspirent les poëtes que l’on appelle les nourrissons des Muses, ou leurs favoris, et les forment au vrai goût de la poésie. Elles seules peuvent assurer la gloire des héros par des vers dignes d’immortaliser leurs exploits :

Non, non, sans le secours des filles de mémoire,
Vous vous flattez en vain, partisans de la gloire,
D’assurer à vos noms un heureux souvenir.
Si la main des neuf Sœurs ne pare vos trophées,
                   Vos vertus étouffées
N’éclaireront jamais les yeux de l’avenir.

Vous arrosez le champ de ces nymphes sublimes ;
Mais vous savez aussi que vos faits magnanimes
Ont besoin des lauriers cueillis dans leur vallon :
Ne cherchons point ailleurs la cause sympathique
                   De l’alliance antique
Des favoris de Mars avec ceux d’Apollon.
Rousseau.

Les neuf Muses, prises en général, président également aux sciences, aux beaux-arts et à la poésie ; mais chacune a un emploi distingué, et un genre qui lui est propre.

Calliope préside à l’éloquence et à la poésie héroïque : on la représente avec un air majestueux, couronnée de lauriers, et parée de guirlandes de fleurs. Elle tient dans la main droite une trompette, et un livre dans la gauche. Auprès d’elle sont les poëmes d’ Homère et de Virgile, l’Iliade, l’Odyssée, et l’Enéide :

De la superbe Calliope
La trompette frappe les airs.
Que vois-je ? elle me développe
Les secrets du vaste univers.
Les Cieux, les mers, le noir Cocyte,
L’Elysée où la paix habite,
A son gré s’offrent à mes yeux.
Sa voix enfante les miracles,
Et pour triompher des obstacles,
Dispose du pouvoir des dieux.
Lamotte.

Melpomène est la déesse de la tragédie : on, la représente avec un air sérieux ; elle est chaussée d’un cothurne, et superbement vécue. Elle tient d’une main des sceptres et des couronnes, et de l’autre un poignard : les anciens lui donnoient pour attributs une massue, et un masque tragique, bien différent de celui de la Comédie : il avoit un caractère plus noble, et une expression propre à la douleur :

Melpomène, les yeux en larmes,
Des cris touchans vient me frapper.
Quel art me fait trouver des charmes
Aux pleurs que je sens m’échapper ?
La pitié la suit gémissante,
La terreur toujours menaçante
La soutient d’un air éperdu.
Quel infortuné faut-il plaindre ?
Ciel ! quel est le sang qui doit teindre
Le fer qu’elle tient suspendu ?
Lamotte.

Thalie préside à la comédie. On la représente couronnée de lierre, chaussée de brodequins, tenant un masque d’une main, et de l’autre un bâton recourbé, qui est la houlette, ou le bâton pastoral des anciens :

Mais tes ris, aimable Thalie,

Me détournent de ces horreurs ;

D’un siècle en proie à la folie

Tu peins les ridicules mœurs.

Imposteurs, avares, prodigues,

Tout craint tes naïves intrigues ;

On s’entend, on se voit agir.

Tu blesses, tu plais tout ensemble,

Et d’un masque qui nous ressemble

Ton art nous fait rire et rougir.

Lamotte.

Polymnie préside à la rhétorique, et à l’art du geste et de la déclamation dont elle est l’auteur : on la représente vêtue de blanc, et couronnée de perles. Elle a la main droite en action pour haranguer, et tient un sceptre dans la gauche : les anciens la représentoient avec l’index de la main droite sur la bouche, sans aucun attribut :

De tous nos mouvemens es-tu donc la maîtresse ?
               Tiens-tu notre cœur dans tes mains ?
Tu feins le désespoir, la haine, la tendresse ;
               Et je sens tout ce que tu feins.

A tes gestes choisis une vue attentive
               De tes desseins suivroit le cours ;
Et dans ton action, aussi juste que vive,
               On entend déjà tes discours.
Lamotte.

Erato préside à la poésie lyrique. On la représente avec un air enjoué. Elle est couronnée de myrte et de roses. Elle tient une lyre d’une main, et de l’autre une sorte d’archet. Elle a auprès d’elle un petit Cupidon allé, qui porte un arc et un carquois :

Quelle Muse de fleurs nouvelles
Qu’assemble un choix ingénieux,
Fait des guirlandes immortelles,
Ornement des rois et des dieux ?
Elle chante, au gré de son zèle,
Le fils enjoué de Sémèle
Ou l’aveugle fils de Vénus ;
Et quelquefois dans les alarmes,
Elle ose, pour le dieu des armes,
Négliger l’Amour et Bacchus.
Lamotte.

Euterpe inventa la flûte. Elle préside à la musique et à la poésie pastorale. On la représente couronnée de fleurs, et tenant à la main un livre de musique. Elle a auprès d’elle des flûtes et des hautbois.

Qu’entends-je ? Euterpe au pied d’un hêtre,
Chantant les troupeaux, les jardins,
Du son d’une flûte champêtre
Réveille les échos voisins.
Deux bergers que sa voix enchante,
Des biens tranquilles qu’elle chante
Viennent étudier le prix ;
Et tous deux osent après elle,
Sur une musette fidelle,
Redire ce qu’ils ont appris.
Lamotte.

Uranie préside à l’astronomie. On la représente couronnée d’étoiles, avec une robe couleur d’azur. Elle soutient un globe céleste d’une main, et tient de l’autre une baguette avec laquelle elle paroît démontrer ce qui est tracé sur le globe. Autour d’elle sont des instrumens de mathématiques :

Uranie aux célestes voûtes
Elevant ses hardis regards,
Parcourt les inégales routes
Que tiennent les astres épars,
Prévoit quel corps dans leur carrière
Doit nous dérober leur lumière,
Et nous en prédit les instans ;
Sait leur distance, leur mesure,
Et tous les rangs que la nature
Leur a prescrits dans tous les tems.
Lamotte.

Clio préside à l’histoire. On la représente couronnée de laurier, tenant de la main droite une trompette, et un livre dans la gauche :

Mais la déesse de mémoire,
Favorable aux noms éclatans,
Soulève l’équitable histoire
Contre l’iniquité du tems ;
Et, dans le registre des âges,
Consacrant les nobles images
Que la gloire lui vient offrir,
Sans cesse en cet auguste livre
Notre souvenir voit revivre
Ce que nos yeux ont vu périr.
Rousseau.

Terpsicore préside à la danse. On la représente couronnée de fleurs, avec une harpe entre les mains, et des instrumens de musique autour d’elle :

Non, ce n’est point assez de vos charmans concerts,
        Une muse vous manque encore.
Croyez-vous réunir les suffrages divers,
            Sans le secours de Terpsichore ?
C’est en vain qu’aujourd’hui des chants mélodieux
        Sur la scène appellent les graces ;
Si la danse n’amuse et ne charme les yeux,
L’ennui suit les plaisirs, et vole sur leurs traces.
Fuselier.

Diane. §

Diane, sœur d’Apollon, fille de Jupiter et de Latone, est distinguée par les poëtes, sous trois rapports différens ; ce qui lui a fait donner le nom de triple Hécate. On l’appelle la Lune ou Phébé dans le ciel ; Diane sur la terre ; Hécate dans les enfers. Les trois fonctions qui lui sont propres, se trouvent bien détaillées dans ces vers :

Brillant astre des nuits, vous réparez l’absence
        Du dieu qui nous donne le jour ;
        Votre char, lorsqu’il fait son tour,
Impose à l’univers un auguste silence,
Et tous les feux du ciel composent votre cour.
En descendant des cieux, vous venez sur la terre
        Régner dans les vastes forêts ;
Votre noble loisir sait imiter la guerre :
Les monstres dans vos jeux succombent sous vos traits.
Jusque dans les enfers votre pouvoir éclate ;
Les mânes en tremblant écoutent votre voix,
        Au redoutable nom d’Hécate,
Le sévère Pluton rompt lui-même ses loix.
Fontenelle.

Les poëtes confondent presque toujours Hécate avec Proserpine : elle n’avoit cependant point d’autre pouvoir aux enfers que celui de retenir pendant cent ans, sur les bords du Styx, les ombres de ceux qui n’avoient point été inhumés.

Diane étoit la déesse des chasseurs. Elle habitoit les bois et les forêts avec une troupe de Nymphes qu’elle occupoit toujours à la chasse : on la représente chaussée d’un cothurne, tenant un arc d’une main, et de l’autre une flèche. Elle porte un croissant sur le haut du front, et un carquois sur les épaules : elle est quelquefois montée sur un chat traîné par des biches. On lui donne un port majestueux, et un air de modestie mêlée de fierté.

Non, cette majesté n’est point d’une mortelle ;
Nous la reconnoissons, c’est Diane, c’est elle ;
Voilà ses yeux, ses traits, sa modeste fierté :
Dans son air, dans son port, tout est divinité.
Rousseau.

On l’appelle ordinairement la chaste Diane, parce qu’elle ne voulut jamais se marier, et qu’elle changea en cerf le chasseur Actéon qui avoit eu la témérité de la regarder dans le bain. On dit cependant qu’elle aima le berger Endymion ; mais elle n’est plus alors la déesse de la chasse :

                Dans cette cour charmante
                La déesse qui vous conduit,
Brille comme, au milieu des astres de la nuit,
Du jeune Endymion on voit briller l’amante.
Rousseau.

Jupiter ayant trouvé ce berger dans l’appartement de Junon, le condamna à un sommeil de trente ans. Endymion étoit endormi dans un vallon que la lune éclairoit souvent ; c’est ce qui semble avoir donné lieu à cette fable. La sévérité de Diane est bien moins incertaine : elle chassa de sa compagnie la nymphe Calysto, qui s’étoit laissée surprendre par Jupiter. Aréthuse, étant poursuivie par le chasseur Alphée, Diane changea la Nymphe en fontaine, pour la tirer du danger : et le chasseur en fleuve, pour le punir de sa témérité.

La déesse tira une vengeance plus cruelle d’Altée, épouse d’Œnée, roi de Calydon. Cette reine avoit prétendu que ses filles croient plus belles que Diane :

Et toi, fille du dieu qui lance le tonnerre,
Diane, qui toujours m’a déclaré la guerre.
Si mon orgueil a pu si long-tems t’irriter,
Par mon abaissement je vais te contenter.
La Grange-Chancel.

D’autres disent que le roi avoit oublié Diane dans ses sacrifices : quoi qu’il en soit, la déesse irritée envoyé dans les plaines de Calydon un sanglier monstrueux, qui porte par-tout une désolation cruelle :

Méléagre, embrasé d’un généreux courroux,
Cherche à vaincre ou périr pour le salut de tous ;
Et, le frappant au cœur d’une atteinte mortelle,
Il le rend pour jamais à la nuit éternelle.
La Grange-Chancel.

Méléagre, vainqueur du sanglier, en of frit la hure à Atalante, princesse d’Arcadie, qui avoit eu la gloire de combattre le monstre à la tête de plusieurs princes Grecs, et de lui porter le premier coup. Les oncles de Méléagre, jaloux de la préférence qu’il donnoit à la princesse, voulurent s’y opposer. Méléagre les tua, et épousa Atalante. Altée, dans un accès de fureur, prétendant venger la mort de ses frères, mit au feu le flambeau qu’elle ayoit reçu des Parques :

Je vis de l’Achéron les filles inflexibles,
Les Parques, aux mortels si fières, si terribles,
S’approcher de mon lit, et pour comble d’horreur,
Par ces mots effrayans augmenter ma terreur :
Reine, malgré Diane et toute sa puissance,
Nous te venons d’un fils annoncer la naissance ;
Eteins, et de nos mains prends ce flambeau fatal,
Ses jours sont attachés à ce don infernal ;
Il te donne sur eux un empire suprême ;
Jamais le feu sans toi ne le peut consumer ;
Jamais autre, que toi ne le peut allumer ;
Mais tremble, et quelque jour garde-toi de toi-même,
La Grange-Chancel.

Méléagre sent tout-à-coup un feu qui lui dévore les entrailles. Près d’expirer, il s’écrie :

Je reconnois Diane, et son courroux vengeur !
Le poison qui me ronge, augmente sa fureur.
Je brûle, et je ressens dans mes veines ardentes,
Couler, au lieu de sang, des flammes dévorantes.
La Grange-Chancel.

Altée s’applaudit d’abord de la cruelle vengeance qu’elle tire de son fils :

Dans ce funeste état c’est moi qui l’ai réduit ;
Le flambeau de ses jours étoit en ma puissance ;
Le feu l’a consumé, j’ai pressé ma vengeance ;
De son ingratitude il a reçu le prix.
Danchet.

Cependant, revenue à elle-même, et voyant le cadavre brûlant de son fils, elle se tua de désespoir.

Diane fit transférer à Patras la statue qu’on lui avoir élevée à Calidon, où elle étoit honorée sous le nom de Lapria. Elle avoit un autel en Tauride, sur lequel on immoloit les étrangers qui faisoient naufrage sur ces côtes. On lui avoit bâti un temple magnifique à Magnésie, ville de Lydie, où elle étoit adorée sous le nom de Diane Leucophryne ; on l’invoquoit aussi à Athènes sous ce-même nom. Mais le temple qu’elle avoit à Ephése, ville d’Ionie, étoit le plus célèbre et le plus beau. C’étoit une des sept merveilles du monde. On avoit été deux cents vingt ans à le bâtir : toutes les provinces de l’Asie y avoient contribué pendant deux cents ans. On admiroit les tableaux excellens, les belles statues qui décoroient ce temple, et sur-tout cent vingt-sept colonnes qui étoient des monumens de la magnificence d’autant de rois. Erostrate, Ephésien, voulant faire parler de lui, et ne pouvant point ou ne voulant point s’immortaliser par quelque belle action, brûla ce temple, le jour même qu’Alexandre le Grand naquit en Macédoine ; ce fut le sixième jour de Juillet, l’an du monde mil six cent quatre-vingt-dix-huit.

Les six autres merveilles du monde étoient :

Le Colosse de Rhodes : statue d’airain, qui représentoit un homme d’une grandeur prodigieuse, placée debout sur deux tours qui défendoient l’entrée du port de l’isle de Rhodes : les plus grands mâts des vaisseaux passoient librement entre les jambes de cette statue. Elle avoir cent cinq pieds de haut. Uni marchand Juif en acheta les débris, et en chargea neuf cents chameaux.

Le Mausolée, ou le tombeau de Mausole, roi de Carie. Son épouse Artémise ne pouvoit se consoler de la mort de ce prince :

Ainsi, quand Mausole fut mort,
Artémise accusa le sort,
De pleurs se noya le visage.
Et dit aux astres innocens,
Tout ce que fait dire la rage
Quand elle est maîtresse des sens.
Malherbe.

Pour adoucir sa douleur, elle fit bâtir ce tombeau avec des soins et des frais immenses, et le rendit si magnifique, qu’il mérita d’être mis au nombre des sept merveilles du monde : de-là vient le nom de mausolées que l’on donne aux monumens élevés à la gloire des grands hommes, et aux représentations des tombeaux dans les pompes funèbres.

Le Jupiter Olympien : c’étoit la statue de ce dieu, placée dans le temple qu’il avoit à Olympie, ville célèbre située entre le mont Ossa et le mont Olympe. Cette statue étoit l’ouvrage de Phydias, sculpteur, qui mérita l’admiration de toute l’antiquité. La statue étoit d’or et d’ivoire : elle représentoit le dieu assis sur un trône d’or enrichi de pierres précieuses ; il portoit sur sa tête une couronne qui imitoit la forme de l’olivier : la chaussure et le manteau étoient aussi d’or ; le dieu tenoit de la main droite une victoire d’or et d’ivoire, et de la gauche un sceptre surmonté d’un aigle.

Le temple pouvoit passer lui-même pour une merveille ; il étoit orné de tout ce que la peinture et la sculpture pouvoient offrir de plus rare et de plus précieux ; les plus beaux marbres, le bronze, l’or et l’ivoire, décoroient l’intérieur de ce bâtiment dont l’architecture étoit admirable.

On dit que Phidias pria le dieu de lui marquer par quelque signe, si son travail lui étoit agréable, et qu’aussi-tôt la foudre frappa le pavé du temple, dans un endroit que l’on montroit, et où l’on avoit placé une urne de bronze.

Le Phare d’Alexandrie : ce superbe édifice, ouvrage de Sostrate, Gnidien, fut bâti sous le règne de Ptolomée Philadelphe, qui y employa des sommes immenses. Au-dessus d’un palais de marbre blanc, s’élevoit une tour quarrée, bâtie du même marbre, et d’une hauteur extraordinaire ; c’étoit un composé de plusieurs galeries soutenues les unes sur les autres, par de riches colonnes. Du haut de cet édifice, où l’on allumoit, tous les soirs, un fanal pour éclairer l’entrée du port, on prétend que l’on découvroit tous les vaisseaux qui abordoient à l’isle de Rhodes, quoiqu’elle fût éloignée d’environ deux cents lieues. Il ne reste plus rien aujourd’hui de ce monument célèbre.

Les jardins et les murs de Babilone : ouvrages qui rendirent immortelle Sémiramis, reine d’Egypte, et qu’elle avoit fait construite avec autant de solidité que de magnificence :

Que la reine, en ces lieux brillans de sa splendeur
De son puissant génie imprime la grandeur !
Quel art a pu former ces enceintes profondes.
Où l’Euphrate égaré porte en tribut ses ondes,
Ce temple, ces jardins dans les airs soutenus,
Ce vaste mausolée, où repose Ninus ?
Voltaire.

Ces jardins, d’une beauté surprenante, étoient très-vastes, et soutenus en l’air par des colonnes. Quinte-Curce en fait une description fort détaillée au commencement de son cinquième Livre.

Les Pyramides d’Egypte : monumens célèbres de la magnificence et de la grandeur des rois de l’Egypte, et qui étoient destinés à leur servir de tombeaux. La passion favorite des anciens Egyptiens étoit de se préparer des tombeaux où leurs corps fussent préservés de la corruption, et à l’abri de toute insulte. Il y avoit un grand nombre de ces pyramides, dont on trouve encore des restes précieux, dignes des recherches des savans ; mais les plus belles se trouvent près du vieux Caire, sur la rive gauche du Nil. Elles sont au nombre de trois, et semblent s’élever jusques aux nues : elles étoient revêtues de marbre en dehors, et environnées de nombreux édifices, dont la magnificence ne cédoit en rien au monument que le fils de l’empereur Gian avoit destiné à la sépulture de ses ancêtres. C’étoit un sallon soutenu par cent colonnes de porphyre. Quarante statues d’or renfermoient les corps d’autant de rois : elles environnoient un trône sur lequel la statue de l’empereur Gian étoit placée assise, et toute couverte de diamans.

Les historiens qui ont parlé de ces miracles de l’art, écrivoient dans des tems si éloignés de celui où on éleva les pyramides, que le nom des rois qui en exécutèrent le dessein, étoit entièrement oublié.

Bacchus. §

Bacchus étoit fils de Jupiter et de Sémélé, fille de Cadmus, roi d’Athènes :

Comme souverain de la foudre,
T’aima la fille de Cadmus,
Qui, malgré toi, réduire en poudre,
A peine te laissa Bacchus.
Lamotte.

Junon, voulant se venger de Sémélé, mit tout en œuvre pour piquer sa vanité. Vous pouvez, lui disoit-elle, passer pour l’épouse de Jupiter ;

Exigez qu’aux Thébains lui-même il vienne apprendre
                    Un choix pour vous si glorieux ;
Qu’armé de son tonnerre il se montre à vos yeux ;
                    Que par le Styx il jure de descendre
Avec tout l’appareil du souverain des dieux,
Tel qu’aux yeux de Junon il paroît dans les cieux.
Lamotte.

Sémélé obtint cette grace, quoique difficilement ; et ce que Junon avoit prévu, arriva. L’éclat et la majesté qui environnoient le Dieu effraya une simple mortelle, au point de la faire accoucher sur le champ ; et le feu du tonnerre la réduisit en cendres. Jupiter enferma dans sa cuisse le petit Bacchus, jusqu’au tems marqué pour sa naissance, et le confia à sa tante Ino, qui l’éleva secrettement avec le secours des nymphes. Cette dernière circonstance est ajoutée par les poëtes, qui veulent insinuer que le vin doit être tempéré par l’eau : d’autres prétendent qu’il fut élevé par Silène, vieux satyre, qui le suivit à la conquête des Indes, monte sur un âne. Il s’enivroit chaque jour, et n’en étoit que plus plaisant.

Bacchus, devenu grand, parcourut toute la terre’, fit la conquête de l’Inde, et revint en Egypte, où il enseigna aux hommes l’agriculture :

Du fameux bord de l’Inde, où toujours la victoire
        Rangea les peuples sous ma loi,
        Je viens prendre part à la gloire
        D’un vainqueur aussi grand que moi.
Corneille.

Les conquêtes de Bacchus sont célèbres : on le regarde même comme le plus puissant des dieux après Jupiter. Il en étoit au moins le plus courageux : il fut le seul qui osa rester dans le ciel pendant la guerre des géans. On dit qu’il s’étoit changé en lion, pour les combattre :

C’est lui qui, des fils de la Terre
Châtiant la rébellion,
Sous la forme d’un fier lion,
Vengea le maître du tonnerre ;
Et par lui les os de Rhécus
Furent brisés comme le verre,
Aux yeux de ses frères vaincus.
Rousseau.

Il est ordinairement regardé, moins comme le dieu des guerriers, que comme celui du vin, parce que ce fut lui qui le premier planta la vigne, et inventa la vendange.

Prends part à la juste louange
De ce dieu si cher aux guerriers,
Qui, couvert de mille lauriers
Moissonnés jusqu’au bord du Gange,
A trouvé mille fois plus grand
D’être le Dieu de la vendange,
Que de n’être qu’un conquérant.
Rousseau.

On le peint toujours sous la figure d’un jeune homme, avec un teint vermeil et un air de gaieté : quelquefois on le représente avec des cornes à la tête, parce que dans ses voyages il se couvroit de la peau d’un bouc ; et quelquefois assis sur un tonneau, avec une coupe à la main, ou sur un char traîné par des tigres, des lynx ou des panthères, et tenant à la main un thyrse, qui est une baguette entourée de pampres, de lierre, et surmontée d’une pomme de pin. Ceux qui lui faisoient des sacrifices portoient une couronne de pampres, telle que lui-même en avoit toujours :

Puissant dieu des raisins, digne objet de mes vœux,
        C’est à toi seul que je me livre :
De pampres, de festons couronnant mes cheveux,
        En tous lieux je prétends te suivre.
Rousseau.

Les sacrifices que l’on faisoit en son honneur consistoient en plusieurs libations de vin, et à lui immoler une pie, parce que le vin fait parler avec indiscrétion ; ou un bouc, parce que cet animal détruit les bourgeons de la vigne. Ses fêtes se célébroient en automne, avec une licence qui alloit jusqu’à la fureur. Ses prêtresses, appelées Bacchantes, bu Ménades, couroient alors sur les montagnes, et mettoient en pièces tous les hommes qu’elles rencontroient. Elles étoient habillées de peaux de tigres, et avoient les cheveux épars ; chacune tenoit à la main un thyrse et une torche ardente. Ces fêtes s’appeloient Orgyes, ou Bacchanales. Les paysans de l’attique les célébroient en sautant, un pied en l’air, sur des peaux enflées en forme de ballons, et frottées d’huile. Ceux qui se laissoient tomber faisoient tout l’amusement de l’assemblée : les jeux des Ménades étoient beaucoup plus à craindre :

De ces Ménades révoltées
Craignons l’impétueux courroux.
Tu sais jusqu’où ce dieu jaloux
Porte ses fureurs irritées,
Et quelles tragiques horreurs,
Des Licurgues et des Penthées
Payèrent les folles erreurs.
Rousseau.

Ce Lycurgue étoit roi de Thrace, et l’ennemi déclaré de Bacchus, qui se vengea en inspirant à ce prince des accès de fureur, dans l’un desquels il se coupa les jambes.

Penthée étoit un roi de Thèbes. Par mépris pour les dieux, il fit emprisonner Bacchus qui passoit dans ses Etats. Le dieu s’échappa de la prison, et Penthée fut mis en pièces par sa propre famille, qui avoit été frappée de fureur.

Mercure. §

Ce dieu, fils de Jupiter et de Maïa, avoit la charge d’interprête et de messager des dieux, mais sur-tout de Jupiter :

Moi qui suis, comme on sait, en terre et dans les cieux,
Le fameux messager du souverain des dieux ;
        Et qui, sans rien exagérer,
        Par tous les emplois qu’il me donne,
        Auroit besoin, plus que personne,
        D’avoir de quoi me voiturer.
Molière.

Jupiter lui avoit attaché des aîles à la tête et aux pieds, afin qu’il exécutât plus promptement ses ordres. Mercure, en qualité de messager des dieux, entroit dans toutes leurs intrigues, avec soin de toutes leurs entreprises, et portoit leurs ordres par-tout : il gouvernoit aussi les affaires qui regardoient la paix et la guerre ; enfin il conduisoit les ames dans les enfers, et avoit le pouvoir de les en retirer.

Toi qui d’une ardeur empressée
Sers le maître de l’univers,
Prends tes aîles, ton caducée,
Vole et va t’ouvrir les enfers.
Cherche l’ombre de Roquelaure ;
D’un ami qui le pleure encore
C’étoit la plus chère moitié ;
Va, ce seul espoir me soulage,
Va lui porter le tendre hommage
Que lui rend ma triste amitié.
Lamotte.

Mercure étoit lui-même honoré comme le dieu de l’éloquence, du commerce et des voleurs.

Il passoit pour le dieu de l’éloquence, parce qu’en qualité d’interprète des dieux, étant chargé d’entendre les harangues qu’on leur faisoit, et d’y répondre, il s’en acquittoit de façon à ravir tous ceux qui l’écoutoient. C’est pourquoi on le représente quelquefois avec des chaînes d’or qui lui sortent de la bouche, et par lesquelles il semble tenir ses auditeurs enchaînés.

On le regardoit comme le dieu du commerce, parce qu’il avoit inventé les poids, les mesures, et ce qui fait la science du négociant ; son nom seul semble l’indiquer : il vient du mot latin mercatura, qui signifie le commerce.

Il étoit le dieu des voleurs, parce qu’il aidoit à voler, et qu’il avoit donné en ce genre des preuves de son talent. Il enleva dans le même instant, les troupeaux, les armes et la lyre d’Apollon, qui étoit alors au service du roi Admète. Il se servit de cette lyre pour endormir Argus, qu’il tua par l’ordre de Jupiter : il changea Battus en pierre de touche, pour le punir de son indiscrétion. Ce berger avoit vu Mercure enlever les troupeaux d’Apollon, et en avoit reçu une vache, sur la promesse de ne jamais parler de ce vol ; Mercure, ne s’y fiant point du tout, feignit de se retirer, et revint, sous une autre forme, offrir au berger un bœuf et une vache, s’il vouloit dire où étoit le troupeau que l’on cherchoit. Battus se laissa gagner, et fut changé en cette pierre qui découvre la nature du métal qu’on lui fait toucher.

Mercure est ordinairement représenté habillé en coureur, avec des aîles à la tête et aux talons : il porte à la main un caducée. C’est une baguette qu’il avoit reçue d’Apollon, en lui rendant sa lyre. Un jour il rencontra sur le mont Cythéron, voisin de la ville de Thèbes, deux serpens qui se battoient : voulant les séparer, il mit entr’eux la baguette qu’il tenoit à la main : les deux serpens s’y attachèrent ; et Mercure porta toujours dans la suite une baguette où étoient deux serpens entrelacés ; c’est ce qu’on appelle un Caducée : il est le symbole de la paix et de l’union. Mercure s’en servoit pour se faire ouvrir les portes des enfers, et pour endormir ou réveiller les mortels :

                                   A ses pieds il attache
Ces aîles dont il s’ouvre un chemin dans les airs.
Qui le portent d’un vol de l’olympe aux enfers :
Il arme aussi son bras du divin caducée,
Dont la double puissance à son choix exercée,
Telle qu’un bruit perçant, ou que les froids pavots,
Impose aux yeux mortels ou ravit le repos.
Lamotte.

Vénus. §

Vénus, ou Cypris, est la déesse de la beauté. Les poëtes varient sur son origine ; les uns disent qu’elle est fille du Ciel et de la terre ; les autres, qu’elle doit le jour à Jupiter et à la nymphe Dioné. La plupart prétendent qu’elle est sortie du sein de la mer :

Rendez à cette reine un éclatant hommage ;
    Jamais Vénus, sortant du sein des mers,
Ne fit voir à vos yeux un plus riche assemblage
             De graces et d’attraits divers.
Rousseau.

Zéphire porta Vénus dans l’isle de Chypre, où les heures se chargèrent de la nourrir ; et, bientôt après, elles la conduisirent avec pompe dans le ciel. Tous les dieux la trouvèrent si belle, que chacun d’eux voulut l’épouser : Jupiter accorda la préférence à Vulcain, pour le récompenser des services qu’il avoit rendus pendant la guerre des Géans. Vénus fut très-mécontente d’un choix qui lui donnoit pour époux le plus laid et le plus difforme de tous les dieux. Elle s’attacha au dieu Mars, à Anchise, prince Troyen, à Bacchus, et à Adonis, jeune chasseur d’une grande beauté :

                     Ses jours couloient sans alarmes,
Lorsqu’un jeune chasseur se présente â ses yeux :
Elle croit voir son fils, il en a tous les charmes ;
Jamais rien de plus beau ne parut sous les cieux.
Rousseau.

Les poëtes lui donnent plusieurs enfans ; Cupidon ou l’Amour, les trois Graces, l’Hymen, Priape et Enée. Ils ajoutent qu’elle est encore la mère des Ris, des Jeux et des Plaisirs, qu’ils représentent sous la forme de génies, ou de petits enfans aîlés, On raconte beaucoup de merveilles de la ceinture de Vénus : c’étoit un tissu qui renfermoit toutes les graces, et faisoit infailliblement aimer la personne qui le portoit. Junon vint un -jour consulter Vénus sur les moyens qu’elle pourroit employer pour regagner le cœur de Jupiter :

Vénus lui donne alors sa divine ceinture,
Ce chef-d’œuvre sorti des mains de la nature.
………………………………………………
………………………………………………
En prenant ce tissu, que Vénus lui présente,
Junon n’étoit que belle ; elle devint charmante ;
Les Graces et les Ris, les plaisirs et les Jeux
Surpris, cherchent Vénus ; doutent qui l’est des deux.
Lamotte.

Cette déesse avoit des temples dans tous les pays du monde. Les plus beaux et les plus célèbres étoient à Amathonte, à Lesbos, à Paphos, à Gnide et à Cythère. L’Isle de Chypre lui étoit particulièrement consacrée. Le culte qu’on lui rendoit, étoit un composé de jeux, de chants, de danses, de débauches infâmes. Les poëtes n’en parlent que rarement, et avec horreur.

Vénus est ordinairement représentée sur un char traîné par des colombes, ou par des cygnes, ou par des moineaux. On place à côté d’elle son fils Cupidon. Quelquefois on la représente disputant la pomme d’or que la Discorde avoit jettée sur la table, aux nôces de Thétis et de Pélée, pour se venger de n’y avoir point été invitée :

Au superbe festin tous les dieux invités,
Partageoient le bonheur des époux enchantés,
La main de la Discorde, entr’ouvrant un nuage,
Du désordre prochain fait briller le présage :
Elle tient un fruit d’or, où ces mots sont écrits :
       Le sort à la plus belle a réservé ce prix.

On sait quel fut le trouble entre les immortelles,
Qui toutes prétendoient à l’empire des belles 5
Et qu’enfin Jupiter, qui n’osa les juger,
Fit dépendre ce droit de l’arrêt d’un berger.
Lamotte.

Junon, Pallas et Vénus se soumirent volontiers au Jugement de Pâris, fils de Priam, roi de Troie, et se rendirent sur le mont Ida, dans la Phrygie :

Là, ce berger aimable, issu du sang des rois,
Juge les trois beautés soumises à son choix :
Vénus reçoit la pomme……………………
Lamotte.
De sa grace extrême
Minerve elle-même
Reconnoît le prix ;
Et par sa surprise
Junon autorise
Le choix de Pâris.
Rousseau.

Les trois Graces, Aglaïe, Thalie et Euphrosine, étoient les compagnes inséparables de Vénus : on dit qu’elles sont filles de Jupiter et de Vénus. Elles président à tous les arts de goût et d’agrément. On les fait compagnes des Muses, et les Poëtes leur adressent même des vœux :

Déesses, jadis adorées
Dans ces abondantes contrées
Où Céphise roule ses Eaux,
Que mon hommage vous attire ;
Graces, venez toucher ma lyre,
Et tirez-en des sons nouveaux.
Lamotte.

Cupidon. §

Cupidon ou l’Amour, étoit fils de Vénus et de Mars. On le représente sous la figure d’un enfant, avec un bandeau sur les yeux, un arc à la main, et quelquefois un flambeau. Il porte des aîles et un carquois rempli de flèches ardentes.

Dans une obscurité profonde.
Je porte au hasard mon flambeau :
Otez à l’Amour son bandeau,
Vous rendez le repos au monde.
Rousseau.

On lui donne un caractère de malignité cruelle ; et, quoiqu’enfant, il passe pour le plus puissant des dieux :

    Ce dangereux enfant, si tendre et si cruel,
Porte en sa foible main les destins de la terre ;
Donne avec un souris, ou la paix, ou la guerre,
Et répandant par-tout ses trompeuses douceurs,
Anime l’Univers, et vit dans tous les cœurs.
Sur un trône éclatant, contemplant ses conquêtes,
Il fouloit à ses pieds les plus superbes têtes ;
Fier de ses cruautés, plus que de ses bienfaits,
Il sembloit s’applaudir des maux qu’il avoit faits.
Voltaire.

Cupidon aima Psyché, que Vénus persécuta au point de la faire mourir de douleur. Jupiter lui rendit la vie, et lui donna l’immortalité. On la représente avec des aîles de papillon.

Le culte que l’on rendoit à ce dieu, lui étoit commun avec sa mère. Il avoit cependant des autels et des temples où on l’honoroit particulièrement. Quoique la description suivante semble n’appartenir qu’à la passion de l’amour personnifiée, elle peut cependant convenir au fils de Vénus :

Sur les bords fortunés de l’antique Idalie,
Lieux où finit l’Europe et commence l’Asie,
S’élève un vieux palais respecté par les tems :
La nature en posa les premiers fondemens ;
Et l’art, ornant depuis sa simple architecture,
Par ses travaux hardis surpassa la nature.
Là, tous les champs voisins peuplés de myrtes verds,
N’ont jamais ressenti l’outrage des hivers.
Par-tout on voit mûrir, par-tout on voit éclore
Et les fruits de Pomone, et les présens de Flore ;
Et la terre n’attend, pour donner ses moissons,
Ni les vœux des humains, ni l’ordre des saisons.
L’homme semble y goûter dans une paix profonde,
Tout ce que la nature, aux premiers jours du monde.
De sa main bienfaisante accordoit aux humains,
Un éternel repos, des jours purs et sereins,
Les douceurs, les plaisirs que promet l’abondance,
Les biens du premier âge, hors la seule innocence.
……………………………………………………
……………………………………………………
De ce temple fameux telle est l’aimable entrée,
Mais, lorsqu’en avançant sous la voûte sacrée,
On porte au sanctuaire un pas audacieux,
Quel spectacle funeste épouvante les yeux !
Ce n’est plus des plaisirs la troupe aimable et tendre,
Leurs concerts amoureux ne s’y font plus entendre ;
Les plaintes, les dégoûts, l’imprudence et la peur,
Font de ce beau séjour un séjour plein d’horreur.
La sombre Jalousie, au teint pâle et livide,
Suit, d’un pied chancelant, le soupçon qui la guide :
La haine et le courroux, répandant leur venin,
Marchant devant ses pas, un poignard à la main.
La malice les voit, et, d’un souris perfide,
Applaudit, en passant, à leur troupe homicide.
Le repentir les suit, détestant leurs fureurs,
Et baisse, en soupirant, ses yeux baignés de pleurs.
Voltaire.

Vulcain. §

On le regardoit, comme le dieu du feu. Il étoit fils de Junon et de Jupiter qui le précipita du ciel, à cause de sa difformité. Il se cassa la jambe en tombant, et demeura boiteux. Pour le consoler de cette disgrace, son père lui donna l’intendance de ses foudres :

        C’est Vulcain qui fait le tonnerre,
Dont le maître des Dieux épouvante la terre.
Lamotte.

II avoit sous ses ordres les Cyclopes, céans qui n’avoient qu’un œil au milieu du front. Les uns étoient enfans du Ciel et de la Terre ; et les autres, de Neptune et d’Amphitrite. Les forges de Vulcain étoient dans les isles de Lemnos, de Lypare, et dans le mont Ethna. Les poëtes le font travailler lui-même aux armes donc les dieux vouloient faire présent aux héros qu’ils protégeoient. C’est à lui que Vénus s’adressoit pour faire forger les armes de Cupidon :

Dans ces antres fameux, où Vulcain, nuit et jour,
Forge de Jupiter les foudroyantes armes,
Venus faisoit remplir le carquois de l’Amour ;
        Les Graces lui prêtoient leurs charmes,
Et son époux, couvert de feux étincelans,
Animoit en ces maux les Cyclopes brûlans :
        Que l’airain écume et bouillonne ;
        Que mille dards en soient formés ;
        Que, sous nos marteaux enflammés,
        A grand bruit l’enclume résonne.
Rousseau.

Ce dieu est représenté sous un air hideux et difforme, avec les yeux et le visage enflammés, et tenant un marteau à la main.

Minerve. §

Minerve, ou Pallas, sortit du cerveau de Jupiter, armée de pied en cap. Pour la mettre au monde, ce dieu se fit donner un coup de hache sur la tête, par Vulcain. On distingue cette déesse sous deux rapports : ou comme la déesse de la guerre, et alors on l’appelle Pallas ; ou comme la déesse de la sagesse et des beaux arts, et on l’appelle alors Minerve :

                        O Minerve savante !
                        O guerrière Pallas !
                Que par votre faveur puissante,
                Une félicité charmante
Nous offre, chaque jour, mille nouveaux appas !
                Animez nos cœurs ce nos bras,
                Rendez la victoire constante,
                    Conduisez nos soldats ;
                    Par-tout devant leurs pas
                Jettez le trouble et l’épouvante.
Quinault.

Minerve est représentée avec un air de douceur et de majesté. Elle tient à la main une branche d’olivier ; et des instrumens de mathématiques sont à ses pieds. Les poëtes, en la faisant sortir du cerveau du maître des hommes et des dieux, ont prétendu tracer un emblème de la raison qui a été donnée à l’homme pour le conduire.

De la vertu qui nous conserve,
C’est le symbolique tableau :
Chaque mortel a sa Minerve,
Qui doit lui servir de flambeau.
Mais cette déité propice
Marchoit toujours devant Ulysse,
Lui servant de guide ou d’appui ;
Au lieu que, par l’homme conduite,
Elle ne va plus qu’à sa suite,
Et se précipite avec lui.
Rousseau.

Après que les dieux eurent quitté la terre, on prétend que le Ciel envoya Minerve habiter parmi les hommes, afin qu’elle les dédommageât de la perte qu’ils faisoieut par la retraite de tous les immortels.

Je prétends donc que l’unique déesse
Qui, sous mes loix, préside à la sagesse,
Minerve, dis-je, appui de mes autels,
Au lieu de vous, reste près des mortels,
Pour éclairer de ses vives lumières
L’obscurité de leurs foibles paupières.
Allez, ma fille, allez chez les humains
Faire observer mes ordres souverains :
Guidez leurs pas, soutenez leur foiblesse ;
Dans leur esprit versez votre richesse ;
Daignez enfin, dans les terrestres lieux,
Leur tenir lieu de tous les autres dieux.
Ils trouveront en vous leur bien solide :
Nul dieu ne manque où Minerve réside.
Rousseau.

Les Grecs, qui ambitionnoient la gloire d’être le peuple le plus sage de l’univers, se vantoient d’être sous la protection de Minerve. Ils disoient qu’elle avoir disputé à Neptune l’honneur de donner un nom à la Capitale de la Grèce, que Cécrops, riche Egyptien, venoit de bâtir. Tous les dieux, assemblés pour juger ce différend, ne vouloient se décider qu’en faveur de la divinité qui produiroit, sur le champ, la chose la plus belle et la plus utile. Minerve, d’un coup de lance, fit sortir de la terre un olivier tout fleuri ; Neptune, d’un coup de son trident, fit naître un beau cheval que plusieurs prétendent être le cheval Pégase. Minerve l’emporta, et donna le nom d’Athènes à cette ville qui fut, dans la suite, si célèbre, et que l’on regarde comme la mère des sciences et des beaux-arts.

Pallas, ou Bellone, présidoit aux combats :

A leurs légions indomptables
Bellone inspire la fureur :
Le bruit, l’épouvante et l’horreur
Devancent leurs flots redoutables ;
Et la mort remet dans leurs mains
Ces tonnerres épouvantables
Dont elle écrase les humains.
Rousseau.

On la représente armée d’une cuirasse, avec un casque sur la tête, une lance à la main, l’égide au bras, et auprès d’elle un hibou. L’égide étoit un bouclier couvert de la peau de la chèvre Amalthée, dont le nom, est Egide en grec.

Pallas avoit reçu de Jupiter ce bouclier : elle le rendit encore plus redoutable, en y attachant la tête de Méduse, l’une des trois Gorgones, qui avoit la vertu de pétrifier ceux qui la regardoient. Il paroît certain que Méduse avoit perdu la vie, pour avoir profané un temple consacré à Minerve. On voile quelquefois ce crime, sous un air de jalousie de la part de la déesse :

            Pallas, la barbare Pallas,
            Fut jalouse de mes appas,
Et me rendit affreuse, autant que j’étois belle :
Ma tête est fière encor d’avoir pour ornement
            Des serpens, dont le sifflement
            Excite une frayeur mortelle.
Je porte l’épouvante et la mort en tous lieux ;
Tout se change en rocher, à mon aspect horrible :
Les traits que Jupiter lance du haut des cieux,
            N’ont rien de si terrible
            Qu’un regard de mes yeux.
Quinault.

L’olivier étoit consacré à Minerve. Elle avoit à Troie un temple célèbre, où étoit le Palladium, statue qui étoit descendue du ciel, et s’étoit placée d’elle-même sur l’autel. On assure qu’elle remuoit de tems en tems la lance dont elle étoit armée, et qu’elle rouloit les yeux. Les Athéniens avoient aussi un Palladium, qu’ils prétendoient être le seul qui fût descendu du ciel. Quoi qu’il en soit, l’oracle avoit prédit que les Grecs ne prendroient point la ville de Troie, tandis que le Palladium seroit dans l’enceinte de ses murs. Diomêde et Ulysse trouvèrent le moyen de l’enlever ; et la ville fut prise peu de tems après.

Mars. §

Junon regardoit la naissance de Pallas, comme une insulte que Jupiter lui avoit faite ; afin de s’en venger, elle donna seule le jour à Mars, et voulut qu’il présidât à la guerre et aux combats. Le caractère de ce dieu est bien rendu dans ces vers que Rousseau met dans la bouche de Jupiter :

Va, tyran des mortels, dieu barbare et funeste,
Va faire retentir tes regrets loin de moi.
De tous les habitans de l’Olympe céleste,
Nul n’est à mes regards plus odieux que toi.

Tigre, à qui la pitié ne peut se faire entendre,
Tu n’aimes que le meurtre et les embrasemens ;
Les remparts abattus, les palais mis en cendre,
Sont de ta cruauté les plus doux monumens.

La frayeur et la mort vont sans cesse à ta suite,
Monstre nourri de sang, cœur abreuvé de fiel,
Plus digne de régner sur les bords du Cocyte,
Que de tenir ta place entre les dieux du ciel.

Ce portrait de Mars achevera de le faire bien connoître :

Loin devant lui la farouche terreur,
D’un bras sanglant, d’une voix menaçante,
Chasse la peur et la froide épouvante.
Plus près du Dieu, l’intrépide valeur,
Le glaive haut, l’œil fier, l’ame rassise,
Porte en tous lieux la mort qu’elle méprise.
Du char d’acier, chef-d’œuvre de Vulcain,
L’activité tient les rênes en main ;
Fiers tourbillons, ses coursiers indomptables
Sèment au loin des feux inévitables.
Ce dieu terrible, environné d’éclairs,
Brise, en passant, les sceptres, les couronnes,
Frappe les rois écrasés sous leurs trônes,
Lance la foudre, ébranle l’univers,
Et fait trembler Pluton, en peuplant les enfers.
De la Noue.

Mars est toujours représenté armé de toutes pièces, et ne respirant que le carnage. On l’appelle souvent le dieu de la Thrace, soit parce que les peuples de cette contrée étoient fort belliqueux, soit parce que sa fille Thracia donna son nom à ce pays. Rome lui étoit particulièrement consacrée. On dit qu’il avoit eu de Rhéa Sylvia, fille de Numitor, roi d’Albe, Romulus et Rémus, qui furent les fondateurs de la ville de Rome. Les Romains relevoient la gloire de leur origine par ce trait de la fable, qui est de leur invention.

Mars aimoit Vénus, avec laquelle Vulcain le surprit un jour, et l’enferma dans une grille imperceptible. Alectryon, écuyer de Mars, étoit chargé de faire sentinelle ; mais il s’endormit. Il fut métamorphosé en coq ; et par un reste de bienveillance, Mars voulut que cet oiseau lui fût consacré. Mercure délivra ce dieu de la prison où Vulcain l’avoir mis. Il lui avoit déjà rendu le même service, en le tirant des mains des fils d’Aloüs :

Ah ! lorsque ton orgueil languissant dans les chaînes,
Où les fils d’Aloüs te fairoient soupirer,
Pourquoi, trop peu sensible aux misères humaines,
Mercure, malgré moi, vint-il t’en délivrer ?
Rousseau.

Pendant le siège de Troie, où tous les dieux, divisés entr’eux de sentimens et d’intérêts, avoient pris différens partis, et se confondoient même souvent dans la mêlée, Mars combattoit contre les Grecs en faveur des Troyens, et fut blessé par Diomède :

Telle autour d’Ilion, la mort livide et blême
Moissonnoit les guerriers de Phrygie et d’Argos,
Dans ces combats affreux où le Dieu Mars lui-même
De son sang immortel vit bouillonner les flots.
Rousseau.

[Le ciel céleste poétique.] §

Les noms des principaux habitans de l’Olympe se retrouvent dans ce que l’on appelle le ciel céleste poétique. On a même emprunté de la fable les noms que portent la plupart des étoiles qui brillent au firmament. Comme ce détail mèneroit trop loin, on se contentera de parler ici des grandes planètes et des signes du Zodiaque.

Ces planètes sont au nombre de sept, Saturne. Jupiter, Mars, Mercure, Vénus, la Lune, et le Soleil. Saturne est le plus élevé, et met trente ans à parcourir le cercle qu’il décrit autour du monde. Il est environné de cinq autres petites planètes, que l’on appelle ses Satellites. Jupiter décrit son cercle en douze ans : il est aussi accompagné de quatre satellites. Mars y emploie deux ans ; Mercure, trois mois, Vénus, sept ; la Lune, vingt-sept jours, et à peu près huit heures. C’est ainsi que Rousseau entre dans ces détails, en supposant que les dieux, fatigués d’habiter la terre, retournent au ciel où ils doivent recevoir leur apanage :

Tout ce grand chœur, qu’un même zèle anime
A se rejoindre à son auteur sublime,
Part, vole, arrive ; et, semblable à l’éclair,
Ayant franchi les vastes champs de l’air,
Au firmament, demeure pacifique
Du Dieu des cieux, reprend sa place antique,
Le Ciel les voit inclinés devant lui ;
Et, d’un souris garant de son appui,
Rendant le calme à leur ame incertaine :
Je sais, dit-il, quel motif vous amène ;
Et je consens à régler entre vous
Le grand partage où vous aspirez tous.
Dans mes états, comme aîné de ma race,
Saturne aura la plus illustre place :
Un vaste globe, élevé jusqu’à moi,
Est le séjour dont je l’ai nommé roi.
Entre les Dieux nés pour lui rendre hommage,
Trois seulement auront leur apanage :
Le reste, en cercle autour de lui placés,
A le servir ministres empressés,
Lui formeront une cour sans égale,
Digne d’un dieu que ma faveur signale.
Au second rang, Jupiter et sa cour,
Plus loin de moi, mais plus voisins du jour,
Etabliront leur règne et leur puissance ;
Et, près de lui postés pour sa défense,
Quatre grands dieux, marchant sous ses drapeaux,
Lui serviront de gardes et de flambeaux.
Mars, et Vénus, et Mercure son frère,
Iront, comme eux, régir chacun leur sphère.
Phébus enfin, de mes feux éclairé,
Phébus, l’honneur de l’Olympe sacré,
Ira sur vous, sur la nature entière,
Dans le soleil répandre la lumière.
Telle est pour vous la faveur de mes loix.
Jouissez-en. Partez. Mais toutefois,
En vous donnant de si pompeux domaines,
Ne croyez pas que j’adopte vos haines,
Ni que je veuille, au gré de vos chagrins,
Abandonner la terre à ses destins.
Aux dieux créés les passions permises,
Sont devant moi tremblantes et soumises.
Le Ciel, auteur de tant d’êtres semés,
N’obéit point aux sens qu’il a formés.

Le Zodiaque est un cercle qui marque le cours annuel du soleil. Il renferme douze constellations appellées Signes, et qui répondent aux douze mois de l’année : voici leurs noms :

Le Bélier ; c’est celui qui portoit la Toison d’or, et sur lequel Phryxus et sa sœur Hellé se sauvèrent, enfuyant la cour d’Iolchos, où on vouloit les immoler. Hellé, effrayée de se voir au milieu des flots, se laissa tomber, et donna son nom à l’Hellespont. Phryxus, étant arrivé en Colchide, sacrifia son Bélier à Jupiter.

Le Taureau ; c’est celui dont Jupiter prit la forme pour enlever Europe.

Les Gémeaux ; c’est-à-dire, Castor et Pollux.

L’Ecrevisse ; elle fut placée au ciel par Junon, après avoir été écrasée sous les pieds d’Hercule, contre lequel elle venoit secourir l’Hydre de Lerne.

Le Lion, autrefois celui de la forêt de Némée, qui fut tué par Hercule, et placé au ciel, à la recommandation de Junon.

La Vierge, Astrée ou la Justice ; selon d’autres, Erigone, fille d’Icarius, qui se pendit de désespoir, en apprenant la mort de son père,

La balance d’Astrée, déesse de la Justice, qui se retira dans le ciel pendant le siècle de fer.

Le Scorpion, que Diane envoya contre Orion, pour le punir d’avoir osé la défier à la chasse.

Le Sagittaire ; c’est le centaure Chiron, qui avoit élevé Hercule, Achille, et enseigné la médecine à Esculape.

Le Capricorne ; c’est la chèvre Amalthée, qui nourrit Jupiter dans son enfance.

Le Verseau, ou Ganimède, que Jupiter enleva pour en faire l’échanson des dieux, à la place d’Hébé.

Les Poissons, dont Vénus et Cupidon prirent la forme pour se dérober à la fureur du géant Tiphon.

Divinités maritimes. §

Neptune. §

Ce dieu, fils de Saturne et de Cibèle, et frère de Jupiter, reçut en partage l’empire des eaux, et fut appelé le Dieu de la mer. Cibèle, pour tromper Saturne qui dévoroit tous ses enfans mâles, lui présenta une pierre mise dans un maillot d’enfant, et fit élever secrètement Neptune par des bergers. Ce dieu, devenu grand, forma une conspiration contre Jupiter, se fit chasser du ciel, et se trouva réduit à la nécessité de travailler à bâtir les murs de Troie :

Est-ce Apollon et Neptune
Qui sur ces rocs sourcilleux,
Ont, compagnons de fortune,
Bâti ces murs orgueilleux ?
Boileau.

Le roi Laomédon refusant le salaire dont il étoit convenu, Neptune inonda les travaux, et suscita un monstre marin, qui désoloit le rivage. Il fit sa paix avec Jupiter, s’occupa du soin de gouverner l’empire des eaux, et épousa Amphitrite, fille de l’Océan et de Doris :

Les Tritons, rassemblés de mille endroits divers,
Autour d’elles flottoient sur l’onde tempérée ;
                Et les filles du vieux Nérée
Faisoient devant son char retentir leurs concerts.
Rousseau.

Neptune est ordinairement représenté sur un char en forme de coquille, et traîné par des chevaux marins, qui le font voler sur la surface des eaux. Il a pour sceptre un trident, et pour garde des Tritons :

Il s’avance entouré d’une superbe cour.
Tel jadis il parut, aux regards d’Amphitrite,
           Quand il fit marcher à sa suite
           L’Hyménée et le dieu d’amour.
Rousseau.

Amphitrite est représentée dans le même appareil, mais elle n’a point de sceptre ni de trident.

[Autres divinités.] §

Neptune eut de son mariage avec Amphitrite, l’Océan, les Tritons et les Harpies. Les Tritons avoient la partie supérieure du corps semblable à l’homme ; et le reste, depuis la ceinture, ressembloit à un poisson. Ils accompagnoient toujours Neptune, en sonnant d’une conque marine, qui leur servoit de trompette. La plupart des dieux marins sont appellés Tritons, et on les représente ornés de coquillages.

Les Harpies étoient des monstres qui avoient une tête de femme, des oreilles d’ours, le corps d’un vautour, des aîles de chauve-souris, et des griffes aux pieds et aux mains. Elles infectoient tout ce qu’elles touchoient : les plus connues s’appeloient Aëllo, Ocypète et Celæno.

L’Océan étoit regardé comme le père des fleuves, des rivières et des fontaines. Il épousa Thétys, fille du Ciel et de la Terre, dont il eut Nérée et Doris qui se marièrent ensemble, et eurent un grand nombre de filles connues sous le nom de Nymphes. Ces déesses ont des noms différens, selon la différence de leurs emplois.

Les Néréides sont les nymphes de la mer ;

Les Naïades, celles des fleuves, des rivières et des fontaines ;

Les Dryades, celles des campagnes ;

La froide Naïade
Sort pour l’admirer,
La jeune Dryade
Cherche à l’attirer.
Rousseau.

Les Hamadryades sont les nymphes des forêts ; les Napées, celles des bocages et des prairies ; et les Oréades, celles des montagnes.

L’Océan eut encore un fils appelé Prothée, qui conduisoit les troupeaux de Neptune :

C’est ici que Prothée amène les troupeaux
            Du dieu qui règne sur les eaux ;
            Il se plaît sous ce frais ombrage :
L’avenir est pour lui sans ombre et sans nuage.
Quinault.

Prothée avoit une connoissance parfaite de l’avenir, sur lequel il ne s’expliquoit jamais que par force. Quand on vouloit l’y contraindre, il se changeoit en eau, en feu, en bête féroce, et sous toutes les formes qu’il pouvoit imaginer pour s’échapper des majns qui le retenoient :

Tel que le vieux pasteur des troupeaux de Neptune,
Prothée, à qui le Ciel, père de la fortune,
            Ne cache aucuns secrets,
Sous diverse figure, arbre, flamme et fontaine,
S’efforce d’échapper à la vue incertaine
            Des mortels indiscrets.
Rousseau.

Les poëtes placent encore au nombre des divinités maritimes Glaucus, Eole, les Syrènes, les deux Scylles, Ino et Mélicerte.

Glaucus étoit un bon pécheur qui, voyant les poissons qu’il posoit sur une certaine herbe reprendre de la force et sauter dans l’eau, s’avisa de manger de cette herbe : aussi-tôt il se précipita dans la mer. Neptune le changea en Triton. m> Eole, fils de Jupiter, étoit le dieu des vents, qu’il tenoit enchaînés dans le creux d’un rocher :

Qu’Eole en ses gouffres enchaîne
Les Vents ennemis des beaux jours,
Qu’il dompte leur bruyante haleine,
Et ne permette qu’aux Amours
De voler sur l’humide plaine.
Rousseau.

Ce dieu avoit un empire absolu sur les vents, qu’il gouvernoit à son gré. On le représente avec un sceptre de fer à la main, assis ou appuyé sur un rocher d’où les vents cherchent à s’échapper. On dit que sa fille Alcyone, et Ceyx son époux, dont elle pleuroit la mort, furent changés en Alcyons, oiseaux qui faisoient leurs nids sur la mer quand elle étoit calme. On se sert de cette fable pour désigner le retour du printems :

Dans les champs que l’hiver désole,
Flore vient rétablir sa cour ;
L’Alcyon fuit devant Eole,
Eole le fuit à son tour.
Rousseau.

Ulysse, revenant du siège de Troie, fut très-bien reçu d’Eole, qui lui fit présent de plusieurs outres qui renfermoient les Vents. Ses compagnons eurent la curiosité d’y toucher ; les Vents s’échappèrent, et causèrent une tempête qui fit périr tous les vaisseaux d’Ulysse.

Eole avoit sa cour dans les isles Eoliennes, voisines de la Sicile. On représente les Vents sous la figure de jeunes enfans aîlés ; on les appelle les fils ou les sujets d’Eole.

Les Syrènes, filles de l’Océan et d’Amphitrite, étoient trois monstres, moitié femmes et moitié poissons, qui, par la douceur de leurs chants, attiroient les voyageurs, afin de les dévorer :

Nos chants harmonieux forcent tout à se rendre,
        Nous disposons des cœurs i notre gré ;
            Dès que nos voix se font entendre,
            Notre triomphe est assuré.
Fontenelle.

Ulysse évita cependant leurs piéges, par son adresse. Il se fit attacher au mât de son vaisseau, après avoir bouché les oreilles de ses compagnons. Par ce moyen, il eut l’avantage d’entendre le chant des Syrènes,

Sans en avoir rien à craindre : elles en furent désespérées au point qu’elles se précipitèrent dans la mer, où elles furent changées en rochers.

Carybde et Scylla étoient deux gouffres très-voisins, au milieu desquels il falloit passer pour aborder en Sicile. Le passage étoit si dangereux, qu’il a donné lieu au proverbe de tomber dans Carybde pour éviter Scylla. Les poëtes disent que Scylla, fille de Phorcys, fut changée par Circé en un monstre environné de chiens toujours aboyans, et qu’elle se précipita dans la mer :

Il peint cette Scylla, dont les monstres avides
Engloutissent au fond de leurs gouffres perfides
Les nochers gémissans, et les tristes vaisseaux
D’Ulysse poursuivi par le tyran des eaux.
Gresset.

Carybde ayant volé des bœufs à Hercule, fut précipitée dans la mer, et changée en un monstre qui dévoroit les passans :

L’une se cache sous sa roche,
Où tout nocher qui s’en approche
Trouve le trépas qui l’attend ;
L’autre dans sa soif renaissante
Engloutit la mer mugissante,
Qu’elle revomit à l’instant.
Lamotte.

Athamas, roi de Thèbes, épousa Ino, fille de Cadmus et d’Hermione, dont il eut Léarque et Mélicerte. Il la répudia pour épouser Thémisto, dont il eut aussi deux fils. Cette femme ne pensoit qu’aux moyens de faire tomber la couronne à l’aîné de ses enfans, au préjudice de ceux d’Ino.

As-tu donc pu penser que, tranquille, je visse
Ton fils ravir au mien le trône d’Euridice ?
De son sang altérée, au sortir du berceau
J’ai voulu de ses jours éteindre le flambeau.
La Grange-Chancel.

Thémisto prit pour sa confidente Ino même qu’elle ne connoissoit pas, et la chargea de donner des habits blancs aux deux plus jeunes enfans d’Athamas, et d’habiller les autres en noir. Ino fit tout le contraire, et Thémisto tua ses propres enfans. Elle reconnut son erreur, se perça de désespoir ; et, dans une imprécation contre Athamas, elle annonça les malheurs que lui préparoit la haîne de Junon ;

Puisses-tu, comme moi, sur ton fils, sur sa mère,
Porter, sans les connoître, une main sanguinaire !
Que la reine des deux, dont le bras immortel
A proscrit de Cadmus tout le sang criminel.
Te change ces objets en des objets terribles,
Et ne te montre en eux que des spectres horribles !
Puissent-ils, arrivés où Junon les attend,
N’échapper à tes coups qu’en se précipitant !…
La Grange-Chancel.

Athamas, dans un accès de fureur, jetta contre un rocher Léarque, son fils aîné. Ino et Mélicerte prirent la fuite, et se précipitèrent dans la mer. Neptune en eut pitié, les changea en dieux marins ; donna à Ino le nom de Leucotoé, en la plaçant parmi les nymphes, et celui de Palémon à Mélicerte, qu’il fit le dieu des ports.

Les poëtes placent une divinité maritime dans chaque fleuve. Soit que ce soit un dieu ou une nymphe, on les représente couronnés de joncs, appuyés sur une urne d’où coulent les eaux, et environnés de quelques attributs propres à indiquer le nom du fleuve, de la rivière ou de la fontaine que l’on veut représenter par cette divinité.

Divinités des Enfers. §

Pluton. §

Pluton, troisième fils de Saturne et de Cybèle, régnoit dans les enfers ; on prétend que, peu content de son sort, il se plaignoit du partage que Jupiter avoit fait du royaume de leur père :

Je suis roi des enfers, Neptune est roi de l’onde ;
      Nous regardons avec des yeux jaloux
            Jupiter, plus heureux que nous ;
Son sceptre est le premier des trois sceptres du monde.
Quinault.

On assure qu’aucune déesse ne vouloit épouser Pluton, à cause de sa laideur, et de l’obscurité de son royaume. Il prit le parti d’enlever Proserpine, fille de Cérès, un jour qu’elle s’amusoit à cueillir des fleurs dans les campagnes de Sicile :

O mes compagnes ! ô ma mère !
O vous, maître des dieux, mon père !…
Cris impuissans et vains regrets !
Au char la terre ouvre une voie,
Et déjà le Styx voit la proie
Que Pluton enlève à Cérès.
Lamotte.

Cérès chercha sa fille par tout le monde, et la trouva enfin aux enfers, où elle descendit, sur la parole de la nymphe Aréthuse. Cyané avoit vu l’enlèvement ; mais elle perdit la voix, et fut changée en ruisseau, au moment qu’elle alloit instruire Cérès du sort de Proserpine :

                Ah ! quel malheur nouveau !
Cyané perd la voix, et n’est plus qu’un ruisseau.
………………………………………………………
………………………………………………………
Les dieux n’ont pu souffrir qu’une nymphe sincère
                M’ait découvert mes ennemis secrets ;
Je ne saurai donc pas sur qui lancer les traits
                    De ma juste colère.
Quinault.

Proserpine s’étoit déjà accoutumée dans ce sombre royaume ; elle refusa de suivre sa mère. Cérès ne pouvant la persuader, eut recours à l’autorité de Jupiter, qui s’engagea de la lui rendre, si elle n’avoit rien mangé depuis son enlèvement. Ascalaphe, fils de la Nuit et de l’Achéron, soutint que Proserpine avoit pris sept grains de grenade :

Proserpine a goûté des fruits de votre empire ;
        Elle est à vous, on ne peut vous l’ôter ;
Aux arrêts du Destin les dieux doivent souscrire,
        C’est vainement qu’on y veut résister.
Quinault.

Pluton est représenté sur un char tiré par des chevaux noirs, portant une couronne d’ébène sur la tête, et des clefs à la main. Quelquefois on lui donne pour sceptre un bident. Son royaume est communément appelé le séjour des ombres ou des morts :

Là, règne en an morne silence
Ce tyran aux sévères traits,
Près de la beauté dont l’absence
Coûta tant de pleurs à Cérès.
La douleur, la faim, le carnage,
Le désespoir, l’aveugle rage,
Sont ses ministres odieux ;
Et, pour plaire aux loix du Ténare,
Se disputent l’honneur barbare
De mieux peupler les sombres lieux.
Lamotte.

L’empire de Pluton contenoit l’Elysée, ou le séjour des hommes vertueux ; et le Ténare ou le Tartare, lieu destiné aux supplices des scélérats. Cinq fleuves fermoient cet empire ; et Cerbère, chien à trois têtes, faisoit la garde à la porte :

Qu’entens-je ? le Tartare s’ouvre ;
Quels cris ! quels douloureux accens !
A mes yeux la flamme y découvre
Mille supplices renaissans.
Là, sur une rapide roue,
Ixion, dont le ciel se joue,
Expie à jamais son amour :
Là, le cœur du géant rebelle
Fournit une proie éternelle
A l’avide faim du vautour.
Lamotte.

Ixion, roi des Lapithes, étoit attaché avec des serpens à une roue qui tournoit sans cesse Il avoit prétendu se faire aimer de Junon. On dit encore que par le moyen d’une trape, il avoir fait tomber Déionée, son beau-père, dans un brasier ardent.

Tithius, géant dont le corps couvroit un espace de neuf arpens, fut tué par Apollon et Diane, pour avoir insulté Latone. Jupiter le fit enchaîner aux enfers, où un vautour lui déchiroit le foie, qui renaissoit toujours :

Autour d’une tonne percée,
Se lassent ces nombreuses sœurs
Qui sur les frères de Lyncée
Vengèrent de folles terreurs.
Sur cette montagne glissante
Elevant sa roche roulante,
Sysiphe gémit sans secours ;
Et, plus loin, cette onde fatale
Insulte à la soif de Tantale,
L’irrite et la trahit toujours.
Lamotte.

Les Danaïdes étoient condamnées à remplir d’eau un tonneau percé. Elles étoient cinquante, filles de Danaüs, qui épousèrent les cinquante fils d’Egyptus leur oncle. Danaüs avoit appris de l’oracle que ses gendres le détroneroient. Il ordonna à ses filles d’égorger leurs maris, la première nuit de leurs noces. Hypermestre fut la seule qui refusa d’obéir, en sauvant la vie à Lyncée :

Chante cette épouse empressée,
Dont Minos condamna les sœurs ;
Qui, saintement parjure, osa sauver Lyncée
       De leurs parricides fureurs.
Lamotte.

Danaüs étoit roi d’Argos, et fils de Bel ou Bélus ; ce qui fait donner quelquefois aux Danaïdes le nom de Bélides.

Tel qu’au séjour des Euménides
On nous peint ce fatal tonneau,
Des sanguinaires Danaïdes,
Châtiment à jamais nouveau :
En vain ces sœurs veulent sans cesse
Remplir la tonne vengeresse ;
Mégère rit de leurs travaux :
Rien n’en peut combler la mesure ;
Et, par l’une et l’autre ouverture,
L’onde entre et fuit à flots égaux.
Lamotte.

Sisyphe, fils d’Eole, fameux brigand, fut tué par Thésée, et condamné à rouler au haut d’une montagne escarpée un rocher qui retomboit sans cesse.

Tantale, fils de Jupiter et de la nymphe Plota, voulant éprouver les dieux, leur avoit servi les membres de Pélops, son fils. Il étoit plongé dans l’eau jusqu’au menton, et une branche chargée de fruits exquis paroissoit auprès de sa bouche. Ce scélérat, condamné à une faim et une soif éternelles, voyoit l’eau se retirer quand il vouloit boire, et la branche d’arbre se redresser dès qu’il croyoit en approcher.

Toutes les ombres condamnés à habiter le Tartare étoient la proie du feu et des serpens ; dévorées par la douleur, la rage, le désespoir, les remords, et tourmentées sans relâche par mille monstres affreux :

Et vous, troupe savante en noires barbaries.
Filles de l’Achéron, Pestes, Larves, Furies,
Frères, sœurs, si jamais notre commerce étroit
Sur vous et vos serpens me donna quelque droit.
Sortez de vos cachots avec les mêmes flammes
Et les mêmes tourmens dont vous gênez les ames.
Pierre Corneille.

[Autres divinités.] §

Les Furies, ou les Euménides, présidoient aux supplices dont on punissoit les méchans. Elles étoient trois, filles de l’Achéron et de la nuit. On les appelloit Alecton, Mégère, et Tisiphone. Leur seul aspect faisoit trembler : elles étoient coëffées de couleuvres, et toujours armées de serpens et de torches ardentes :

        Monarque esclave de Pluton,
        Va, tu changeras de langage,
        Quand tes yeux verront Alecton
        Qui veille en ce sombre rivage.
        Ajax la vit : il tremble encor ;
        Pâris la craint auprès d’Hector :
        Elle est pire que les Chimères ;
        D’un flambeau toujours allumé
        Son bras sanguinaire est armé,
Et son front monstrueux est orné de vipères.
Rousseau.

En arrivant aux enfers, les ames, appelées communément Ombres ou Mânes, trouvoient Caron, vieillard dur et inflexible, fils de l’Erèbe et de la Nuit, lequel étoit chargé de leur faire passer les fleuves dans une barque où l’on n’entroit point sans payer :

Vous qui voulez passer, venez, Mânes errans.
        Venez, avancez, tristes Ombres ;
        Payez le tribut que je prends,
Ou retournez errer sur ces rivages sombres.
Quinault,

De-là vient que les Grecs et les Romains mettoient une obole dans la bouche de leurs morts. Quand les corps n’avoient pas été inhumés, leurs ombres erroient cent ans sur le rivage, avant que Caron les reçût dans sa barque ; et c’étoit pour elles un grand supplice.

Les fleuves qui environnoient les enfers étoient le Styx, le Cocyte, l’Achéron, le Léthé, et le Phlégéton :

Fleuves affreux, qui, par vos noirs torrens,
Défendez le retour des royaumes funèbres ;
Par les Mânes plaintifs sur vos rives errans,
        Par vos éternelles ténèbres,
Par les sermens des dieux, dont vous êtes garans,
        Ecoutez-nous, dieux redoutables ;
Que nos vœux, que nos cris vous trouvent favorables !
Lamotte.

Le Styx, le plus célèbre de tous ces fleuves, faisoit sept fois le tour des enfers. Quand les dieux avoient juré par ses eaux, ils n’osoient point être parjures ; et si quelqu’un d’eux révoquoit ce serment, J’en jure par le Styx, il étoit privé de la divinité pendant cent ans :

        Le Styx… est certain fleuve
        Qu’on trouve en allant en enfer,
Dont, après le trépas, chaque mortel s’abreuve,
De peur que des défunts la bile ne s’émeuve,
        A cause du changement d’air.
        Pour la moindre petite chose
        Qu’un dieu l’atteste faussement,
        Il est irrémissiblement
        Dégradé de l’apothéose.
Boursault.

Le Cocyte environnoit le Tartare, et ne grossissoit que des larmes des méchans.

Achéron, fils du Soleil et de la Terre, ayant fourni de l’eau aux Titans, lorsqu’ils faisoient la guerre à Jupiter, fut précipité dans les enfers, et changé en fleuve. Ses eaux sont bourbeuses et amères.

Le fleuve Léthé est le même que le fleuve d’Oubli. Les ombres étoient obligées de boire de son eau, et aussi-tôt elles oublioient le passé :

O vous que le sort livre à des maux déplorables !
Venez chercher ici la fin de vos malheurs :
        Avec mes ondes favorables,
        J’en répands l’oubli dons les cœurs.
Lamotte.

Le Phlégéton ne rouloit que des flammes liquides.

On parle souvent de l’Erèbe, fils du Chaos et de la Nuit, qui fut mis au nombre de ces fleuves, pour avoir secouru les Titans ; mais on le confond alors avec l’Achéron, ou avec quelqu’autre des cinq fleuves. Souvent on le prend pour la nuit même, ou pour le dieu qui préside à cette nuit éternelle dont les affreuses ténèbres rendent si effrayant l’empire des morts.

Cerbère, chien à trois têtes, gardoit la porte des enfers et du palais de Pluton. Il caressoit tous ceux qui entroient, et dévoroit ceux qui vouloient sortir, ou qui se présentoient pour entrer avant leur mort. Hercule l’enchaîna, et s’en fit suivre jusques sur la terre, quand il retira des enfers Alceste, épouse d’Admète. Orphée l’endormit au son de sa lyre, quand il alla redemander à Pluton son épouse Euridice :

A mes pieds s’abaisse Cerbère :
J’ai calmé sa rage ordinaire ;
Ses regards ne menacent plus :
Ses oreilles sont attentives,
Et de ses trois gueules oisives
Les hurlemens sont suspendus.
Lamotte.

Aussi-tôt que les Mânes étoient arrivés aux enfers, ils paroissoient devant les trois juges, Minos, Eaque, et Rhadamante. Minos, fils de Jupiter et d’Europe, étoit le chef de ces juges : il tenoit une urne dans laquelle les destinées des hommes étoient renfermées. Eaque, fils de Jupiter et d’Egine, ayant perdu tous ses sujets par la peste, obtint que les fourmis de son royaume fussent changées en hommes, et les appela Myrmidons : ils suivirent Achille au siège de Troie. Ces deux juges avoient été sur la terre des rois judicieux, équitables ; et on les crut dignes de juger tous les hommes :

            Sous l’heureux ministère
Du vieux Eaque et de Minos son frère,
De Jupiter tous deux fils adorés,
Et tous deux rois sur la terre honorés.
Rousseau.

Rhadamante, roi de Lycie, fils de Jupiter et d’Europe, ou d’Egire, avoit rendu ses sujets si heureux, qu’ils en firent un dieu ; mais les poëtes disent que le Sort le nomma seulement pour aider Minos et Eaque à juger les ombres. Personne n’étoit dispensé de paroître devant ces juges, dont les arrêts s’exécutoient sur le champ :

        Tu paroîtras au tribunal
        Où Minos, ce juge infernal,
        Chef du sénat le plus sévère,
        Minos soumet aux mêmes lois
        Les vils esclaves et les rois,
Les mène aux champs heureux, ou les livre à Mégère.
Rousseau.

On place aussi aux enfers les trois Parques, Clotho, Lachésis, et Atropos, filles de l’Enfer et de la Nuit. La vie des hommes, dont elles filent la trame, est entre leurs mains. Les différentes soies qu’elles emploient dans leur ouvrage, forment la différence des jours heureux et malheureux :

Les Parques d’une même soie
Ne dévident pas tous nos jours ;
Ni toujours par la même voie
Ne font les planètes leurs cours.
Malherbe.

Clotho tient la quenouille, Lachésis tourne le fuseau, Atropos coupe le fil avec des ciseaux. On leur adresse des vœux pour le bonheur et la conservation de la vie, on prétend même que le sort des empires er des âges est entre leurs mains, et qu’elles en filent aussi les destinées :

Déjà, pour accomplir ces fortunés présages,
Les trois fatales sœurs, souveraines des âges,
Ont adouci leurs loix ; et Clotho prend encor
Le fuseau qui servit à filer l’âge d’or.
Gresset.

Dans les évocations, on s’adresse à tout ce qui habite les enfers, comme à des divinités dont la puissance est suprême, et qui ont seules le droit d’exécuter les arrêts que le Ciel prononce pour punir la malice des hommes :

Dieux souverains des demeures profondes
Que le Cocyte arrose de ses ondes ;
Pâles tyrans de ces lieux abhorrés
Que l’œil du jour n’a jamais éclairés ;
Chaos, Erèbe, Euménides, Gorgones,
Styx, Achéron, Parques et Tisiphones,
Terrible Mort, effroi de l’univers ;
Et si Pluton souffre encore aux enfers
Quelque puissance aux mortels plus fatale,
Que tardez-vous ? venez, troupe infernale,
Puisque le Ciel a remis en vos mains
Le châtiment des coupables humains.
Rousseau.

Les poëtes placent aussi dans le royaume de Pluton les Champs Elysées, qui sont le séjour des hommes vertueux. Le bonheur que l’on y goûte est parfait :

Un ciel plus pur, des astres plus sereins,
Furent créés pour ces champs souterrains.
Ils ont aussi leurs soleils, leurs étoiles ;
La nuit pour eux n’a point de tristes voiles :
Dans des forêts de lauriers toujours verts,
Sur des gazons de fleurs toujours couverts.
Parmi les jeux, ces Ombres fortunées
Coulent en paix leurs saintes destinées.
Rousseau.

La beauté de ce séjour ne suffiroit point pour rendre les hommes heureux, s’ils portoient encore au-dedans d’eux-mêmes ces passions qui les tourmentent, et s’ils n’étoient pas à l’abri de tout ce qui contribue à rendre la vie malheureuse, ou même moins agréable :

Hors des atteintes de l’envie,
Le sort qu’on goûte en ces climats
N’est plus, ainsi que notre vie,
La triste attente du trépas :
Jouissant de tout ce qu’il aime,
Chacun porte le plaisir même
Peint sur un visage riant :
Et les cœurs, fermés à la plainte,
Ignorent l’inquiète crainte,
Et le désir impatient.
Lamotte.

On n’accordoit ces récompenses qu’aux vertus véritables, et au mérite distingué. On ne voyoit même dans ces lieux fortunés que les mânes de ceux qui s’étoient signalés ou par des faits héroïques, ou par des actions utiles, à l’humanité :

Ceux qui jadis par des loix équitables
Ont adouci des peuples intraitables,
Ou qui, cherchant la guerre et les hasards,
Pour leur pays sont morts aux champs de Mars.
Rousseau.

Les poëtes confondent assez communément Plutus avec Pluton. Ceux qui les distinguent disent également que Plutus est le dieu des richesses, le même que les Phéniciens appelloient Mammon : mais ils ajoutent qu’il est fils de Cérès et de Jasion, ministre de Pluton ; qu’il préside aux mines d’or et d’argent, et qu’il dispose à son gré des richesses. Tantôt on le fait boiteux, tantôt aveugle, et tantôt faisant un usage éclairé de ses dons :

        Aimable dieu, de qui la main dispense
            Ce qui rend les mortels heureux.
                Votre vaste puissance
            Réunit pour vous tous les vœux :
        En vous cherchant, la peine devient chère ;
On se fait de vous voir le plus charmant plaisir :
            Le bonheur même de vous plaire
            En irrite encore le désir.
Lamotte.

Seconde partie de la Fable.
Des Dieux du second Ordre. §

La Terre avoit ses dieux, ainsi que le ciel, la mer et les enfers, mais ils n’étoient que des dieux du second ordre. Leur nombre est si prodigieux, qu’il seroit difficile de les placer avec assez de méthode pour en faciliter l’intelligence. Nous les distinguerons en divinités terrestres, champêtres, et domestiques. Les divinités allégoriques se trouveront avec les premières, parce que, sous le titre de divinités terrestres, nous ne comprendrons pas seulement celles qui habitent la terre, mais encore celles qui y ont quelque rapport. Ce sera sacrifier à la clarté un peu d’exactitude.

Divinités terrestres. §

Cérès, fille de Saturne et de Cybèle, présidoit aux moissons : elle avoit enseigné aux hommes l’agriculture. Les poëtes la confondent quelquefois avec Cybèle ; elle en est cependant distinguée, et par ses emplois, et par ses attributs :

                    Par mes soins, les champs de Cybèle,
De fruits et de moissons viennent d’être couverts :
De mes dons précieux la richesse nouvelle
Brille par mes travaux en cent climats divers ;
Et, quand de tant de biens j’ai comblé l’univers,
Les dieux percent mon cœur d’une douleur mortelle.
Quinault.

Elle se plaint ici de l’enlèvement de sa fille Proserpine, qu’elle chercha par toute la terre, sans prendre aucun repos. On dit qu’elle avoit placé sur le mont Ethna deux flambeaux qui l’éclairoient dans ses courses. On la représente couronnée d’épics, tenant d’une main une faucille, et de l’autre une poignée d’épis mêlés de pavots.

Palès étoit la déesse des pâturages, des bergers et des troupeaux. On la confond souvent avec Cérès et Cybèle.

Pomone présidoit aux fruits. Elle étoit l’épouse de Vertumne, dieu de l’automne.

Flore, déesse des fleurs et du printems, avoit épousé Zéphire. On la représente ornée de guirlandes, et portant une corbeille de fleurs. Ses fêtes s’appelloient les jeux floraux. Elles étoient célébrées par des femmes qui couroient et dansoient, un jour et une nuit, aux sons des trompettes. Celles qui remportoient le prix à la course, recevoient une couronne de fleurs.

Priape, fils de Vénus et de Bacchus, étoit le dieu des jardins. On le représente avec la barbe et la chevelure fort négligées, et une faucille à la main :

Tous les ans, d’un lait pur une coupe t’est due,
Priape ; c’est assez pour un dieu tel que toi :
Si mon troupeau s’accroît, j’ornerai ta statue,
Et dans tous nos jardins nous chérirons ta loi.
Gresset.

Comus étoit le dieu des festins, et présidoit aux fêtes et aux parures. On le représente avec un chapeau de fleurs, et portant un flambeau.

Momus, fils du Sommeil et de la Nuit, se fit chasser du ciel, eu punition de ses plaisanteries :

        Tu vois l’objet de la haine des dieux,
            Dans le censeur de leurs caprices ;
Ils m’ont banni du ciel, et le maître des cieux
            Veut jouir en paix de ses vices.
            C’est toi désormais que je sers ;
Souffre que sur tes pas pour jamais je m’engage.
            Et que du nectar que je perds
            Ton vin charmant me dédommage.
Lamotte.

On prétend qu’il s’attacha à Bacchus. Son caractère satyrique et bouffon est désigné par les attributs avec lesquels on le représente : il démasque un visage, et tient une marotte à la main.

La Nuit est la déesse des ténèbres, et fille du Ciel et de la Terre. On la représente en long habit de deuil, parsemé d’étoiles. Elle épousa l’Erèbe, dont elle eut Morphée, dieu du sommeil.

Ce dieu n’est quelquefois considéré que comme le principal ministre du Sommeil, et chargé d’endormir les hommes en les touchant avec une plante de pavots, ensuite de leur présenter les songes sous différentes figures.

On dit que le Sommeil a son palais dans un antre inconnu, où les rayons du soleil ne peuvent pénétrer. La porte est garnie de pavots et d’herbes assoupissantes. Le fleuve d’oubli roule doucement ses eaux autour de ce palais. Le dieu repose sur un lit fermé de rideaux noirs, et environné par les Songes, divinités infernales qui lui sont subordonnées, et que l’on représente avec des aîles de chauves-souris. Les songes que l’on envoyoit aux hommes, passoient par deux portes différentes ; l’une de corne, et l’autre d’ivoire. La première étoit pour ceux qui présidoient aux visions véritables : ceux qui ne formoient que de vaines illusions sortoient par la seconde.

Le Silence, que les Egyptiens appellent Harpocrate, et les Grecs Sigallion, est une divinité allégorique, réprésentée sous la figure d’un homme ou d’une femme qui tient un doigt sur la bouche.

Thémis, fille du Ciel et de la Terre, est la déesse de la justice. Elle a eu deux enfans de Jupiter ; la Loi, et la Paix. On la représente avec un bandeau sur les yeux, tenant une balance d’une main, et de l’autre une épée :

Je vois une auguste déesse,
De qui la droite vengeresse
Fait briller un glaive tranchant ;
Dans sa gauche est une balance,
Que ni fraude ni violence
Ne forcent au moindre penchant.

C’est Thémis ; oui, c’est elle-même :
Orné de l’éclat le plus beau,
Son front porte ce diadème
Que l’erreur prend pour un bandeau.
Lamotte.

La Paix est représentée couronnée de laurier, portant d’une main une petite statue de Plutus, et de l’autre une branche d’olivier. Elle se réfugie dans le Ciel, quand la guerre vient la chasser de la terre :

Aimable Paix, vierge sacrée,
Descends de la voûte azurée :
Viens voir tes temples relevés,
Et ramène au sein de nos villes
Ces dieux bienfaisans et tranquilles
Que nos crimes ont soulevés.
Rousseau.

La Paix étoit fille de Jupiter et de Thémis : elle porte souvent le nom d’Astrée. On dit qu’elle présidoit à l’âge d’or, et en faisoit tout le bonheur :

Descends du ciel, divine Astrée ;
Ramène-nous ces jours heureux,
Où des mortels seule adorée,
Seule tu comblois tous leurs vœux.
Lamotte.

La Renommée a la charge d’annoncer à l’univers toutes les nouvelles, bonnes ou mauvaises, vraies ou fausses. On la représente avec des aîles, et sonnant de la trompette. On prétend qu’elle est toute couverte d’yeux et d’oreilles, et qu’elle a cent bouches. Les poëtes lui donnent assez souvent le nom de déesse aux cent voix :

Quelle est cette déesse énorme,
Ou plutôt ce monstre difforme,
Tout couvert d’oreilles et d’yeux.
Dont la voix ressemble au tonnerre,
Et qui des pieds touchant la terre,
Cache sa tête dans les cieux ?

C’est l’inconstante Renommée,
Qui, sans cesse les yeux ouverts,
Fait sa revue accoutumée
Dans tous les coins de l’univers :
Toujours vaine, toujours errante,
Et messagère indifférente

Des vérités et de l’erreur,
Sa voix, en merveilles féconde,
Va chez tous les peuples du monde
Semer le bruit et la terreur.
Rousseau.

La Fortune est représentée debout ou assise sur une roue qui tourne sans cesse, et qui est le symbole de son inconstance. Les poëtes disent qu’elle est chauve, aveugle, et la regardent comme l’arbitre souveraine de tous les événemens humains :

Pourquoi d’une plainte importune
Fatiguer vainement les airs ?
Aux jeux de l’aveugle Fortune
Tout est soumis dans l’univers.

Ainsi, de douceurs en supplices
Elle nous promène à son gré :
Le seul remède à ses caprices,
C’est de s’y tenir préparé.
Rousseau.

Némésis, fille de Jupiter et de la Nécessité, étoit la déesse de la vengeance. On l’appelle aussi Adrastée. Elle punit ou récompense, selon le mérite, et venge les droits de l’équité. Ses châtimens les plus sévères sont pour les ingrats, et pour ceux qui abusent des dons de la Fortune, ou se laissent séduire par la flatterie :

Némésis vous observe, et frémit des blasphêmes
Dont rougit à vos yeux l’aimable Vérité :
N’attirez point sur vous, trop épris de vous-mêmes.
                      Sa terrible équité.
C’est elle dont les yeux, certains, inévitables,
Percent tous les replis de nos cœurs insensés ;
Et nous lui répondons des éloges coupables
                      Qui nous sont adressés.
Rousseau.

On la représente avec des aîles, armée de serpens et de torches ardentes, et une couronne sur la tête.

 

L’Envie, fille de la Nuit, est représentée sous la figure la plus hideuse : un front ridé, un teint livide, un air sombre et sinistre, des yeux enfoncés, le regard inquiet, des vipères au lieu de cheveux, trois serpens d’une main, une hydre de l’autre, et un serpent monstrueux attaché sur son sein, qui la déchire et lui inspire son poison :

Mais que vois-je, la noire Envie,
Agitant ses serpens affreux,
Pour ternir l’éclat de ma vie,
Sort de son antre ténébreux :
L’avarice lui sert de guide ;
La malice au souris perfide,
L’imposture aux yeux effrontés.
De l’enfer filles inflexibles,
Secouant leurs flambeaux horribles,
Marchent sans ordre à ses côtés.
Rousseau.

Le même poëte dit que ce monstre habite un antre creusé au pied du Parnasse. La description qu’il en fait est vive, animée, et dans le vrai caractère de cette divinité allégorique :

Au pied du mont où le fils de Latone
Tient son empire, et du haut de son trône
Dicte à ses sœurs les savantes leçons
Qui de leurs voix régissent tous les sons,
La main du Tems creusa les voûtes sombres
D’un antre noir, séjour des tristes ombres,
Où l’œil du monde est sans cesse éclipsé,
Et que les vents n’ont jamais caressé.
Là, de serpens nourrie et dévorée
Veille l’Envie honteuse et retirée,
Monstre ennemi des mortels et du jour,
Qui de soi-même est l’éternel vautour.
Et qui, traînant une vie abattue,
Ne s’entretient que du fiel qui le tue.
Ses yeux cavés, troubles et clignotans,
De feux obscurs sont chargés en tout tems.
Au lieu de sang, dans ses veines circule
Un froid poison qui les gèle et les brûle,
Et qui de-là porté dans tout son corps,
En fait mouvoir les horribles ressorts.
Son front jaloux, et ses lèvres éteintes,
Sont le séjour des soucis et des craintes.
Sur son visage habite la pâleur,
Et dans son sein triomphe la douleur,
Qui sans relâche à son ame infectée
Fait éprouver le sort de Prométhée.

La Discorde, chassée du ciel par Jupiter, est venue exciter encore plus de troubles parmi les hommes, qu’elle n’en causoit parmi les dieux. On la représente armée d’un flambeau, d’un serpent, et d’un poignard. Elle ne respire que la fureur et les combats :

Ce monstre impétueux, sanguinaire, inflexible,
De ses propres sujets est l’ennemi terrible :
Aux malheurs des mortels il borne ses desseins.
Le sang de son parti rougit souvent ses mains,
Il habite en tyran dans les cœurs qu’il déchire ;
Et lui-même il punit les forfaits qu’il inspire.
Son haleine en cent lieux répand l’aridité :
Le fruit meurt en naissant dans son germe infecté ;
Les épis renversés sur la terre languissent :
Le ciel s’en obscurcit, les astres en pâlissent ;
Et la foudre en éclat qui gronde sous ses pieds.
Semble annoncer la mort aux peuples effrayés.
Voltaire.

Tous les vices, toutes les passions et toutes les vertus deviennent, entre les mains des poëtes, autant de divinités allégoriques, dont le détail seroit infini, et conduiroit au delà des bornes prescrites dans cet ouvrage.

Divinités champêtres. §

Pan, Diane, Apollon, les Faunes, les Sylvains,
Peuplent ici vos bois, vos vergers, vos montagnes.
La ville est le séjour des profanes humains ;
            Les dieux règnent dans les campagnes.
Rousseau.

Pan, fils de Mercure, tenoit le premier rang parmi les divinités champêtres. Il étoit l’inventeur de la flûte, et le dieu des bergers, des bois et des prairies :

Pan trouva le premier cet art ingénieux
De former sur la flûte un son harmonieux.
Pan règne sur nos bois ; il aime nos prairies ;
C’est le dieu des bergers et de leurs bergeries.
Gresset.

Il fut redevable de l’invention de la flûte à la métamorphose de Syrinx, nymphe d’Arcadie, qu’il poursuivit un jour :

Pour fuir le dieu des bois, plongée au fond des eaux,
Syrinx fut transformée en d’utiles roseaux.
Pan embrassoit les joncs qui cachoient sa bergère.
Il tira des soupirs de leur tige légère ;
Du Ménale, à l’instant, les fidèles échos
Répétèrent les sons des premiers chalumeaux.
Gresset.

On raconte que Brennus s’étant avancé, à la tête de ses Gaulois, pour piller le fameux temple de Delphes, Pan jetta l’épouvante dans cette armée, qui fut taillée en pièces : de-là vient l’expression de Terreur Panique, pour signifier une frayeur dont on est saisi sans raison.

Pan n’habitoit que les campagnes, et le mont Ménal où il conduisoit souvent ses troupeaux, et passoit le jour à jouer de la flûte. Les Arcadiens l’honoroient particulièrement ; et on l’appelle presque toujours le dieu de l’Arcadie. Il est représenté avec un air enflammé, des cornes à la tête, et la partie inférieure du corps semblable à un bouc : quelquefois on ne lui donne que la tête et les pieds de cet animal.

C’est ainsi que l’on représente encore les Satyres, les Faunes, les Sylvains, dont on dit que Pan est le père.

Le dieu Sylvain présidoit aux bois et aux forêts. On le représente avec un cyprès à la main.

Faune, fils de Picus, roi des Latins, fut mis au nombre des dieux champêtres, parce qu’il avoit contribué à perfectionner l’agriculture. Il est représenté sous la figure d’un Satyre. D’autres disent que ce dieu étoit fils de Mercure et de la Nuit. Les poëtes confondent assez souvent Sylvain et Faune avec Pan ; et ils appellent indifféremment Satyres, Faunes ou Sylvains, toutes ces divinités qui président aux campagnes, aux prairies, aux bois, aux forêts, même aux arbres, et à l’aide desquelles ils viennent à bout d’ennoblir et de rendre plus agréables les images qu’ils nous tracent du séjour de la campagne. Ici les Satyres, avec les Nymphes des bois, forment sur le gazon mille danses légères ; là des Sylvains forment une espèce de triomphe à Silène :

Les Satyres tout hors d’haleine,
Conduisant les Nymphes des bois,
Au son du fifre et du hautbois
Dansent par troupes dans la plaine ;
Tandis que les Sylvains lassés
Portent l’immobile Silène
Sur leurs thyrses entrelacés.
Rousseau.

Si les bergers célèbrent leurs jeux, ils sont accompagnés de ces divinités champêtres, qui tantôt président à leurs chants, et tantôt ne dédaignent point de danser au son de leurs voix :

Quel dieu sur leurs doux sons formera notre voix :
Ne reverrons-nous plus paroître dans nos bois
Les Faunes, les Sylvains, les Nymphes, les Dryades,
Les Silènes tardifs, les humides Nayades,
Et le Dieu Pan lui-même, au bruit de nos chansons.
Danser au milieu d’eux, à l’ombre des buissons ?
Rousseau.

L’Echo, qui répète leurs sons, est une nymphe qui s’intéresse à leurs jeux, et semble regretter de ne pouvoir plus partager leurs innocens plaisirs.

La nymphe Echo, fille de l’Air et de la Terre, aimoit Narcisse qui n’étoit épris que de lui seul. Elle en sécha de douleur, et fut métamorphosée en rocher :

La triste amante de Narcisse
Ne se plaignoit de son caprice
Qu’en répétant ses propres mots.
Telle est l’impuissance où nous sommes ;
Toujours muets sur les grands hommes,
Dont nous sommes les vains échos.
Lamotte.

Narcisse, fils de Céphise et de Liriope, se trouvoit si beau, qu’il n’aimoit que lui-même. Il fut métamorphosé en une fleur qui porte son nom :

            Au bord d’une fontaine
        Narcisse goûtoit le repos ;
        De lui-même une image vaine
        Se présente à lui dans les flots.
        Veut-il embrasser ce qu’il aime ?
        L’eau se trouble, et l’image fuit ;
Quand elle reparoît, son plaisir est extrême ;
En s’approchant encor, son espoir se détruit ;
            Toujours séparé de lui-même,
Il s’échappe sans cesse, et toujours se poursuit.
Lamotte.

Dieux domestiques. §

Le nombre de ces dieux, ainsi que le pouvoir qu’on leur attribuoit, dépendoit uniquement du caprice ou de la superstition des familles. Chaque maison, et même chaque appartement avoir ses dieux domestiques. On les appelloit communément Lares, ou Pénates. Les uns présidoient aux royaumes et aux provinces ; les autres aux villes et aux maisons : ceux-ci aux rues et aux carrefours ; ceux-là aux portes et aux grands chemins. Les bornes qui séparent les champs étoient même regardées comme autant de divinités, que l’on appeloit les dieux Termes.

Les Lares et les Pénates étoient fils de Mercure et de la nayade Lara, ou Larunde. On les honoroit sous la figure de petites statues ; et on les invoquoit dans toutes les occasions où leur protection pouvoit être de quelque utilité, soit pour écarter les maux, soit pour obtenir des succès heureux.

Les Romains consacroient à leurs dieux domestiques les anneaux, en forme de cœur, que les enfans portoient jusqu’à l’âge de quatorze ans.

Enée, prince Troyen, est célèbre par sa piété envers les dieux, mais sur-tout pour avoir sauvé de l’incendie de Troie les dieux tutélaires de cette ville.

Chaque personne avoir encore une divinité qui lui étoit propre, et que l’on appeloit Génie. Il naissoit avec l’homme, et périssoit avec lui. On distinguoit deux sortes de Génies : les uns blancs, et de bon augure ; les autres noirs, et d’un mauvais présage : ce qui a donné lieu d’attribuer deux Génies à chaque homme ; l’un qui le portoit au bien, et l’autre au mal. Le plus puissant l’emportoit.

Troisième partie de la Fable.
Les Demi-Dieux et les Héros. §

[Persée.] §

Persée tient un des premiers rangs parmi les héros et les demi-dieux. Il étoit fils de Jupiter et de Danaé. Acrise avoit fait enfermer sa fille unique dans une tour d’airain, sur une réponse de l’Oracle, qui lui faisoit craindre de périr sous les coups de son petit-fils. Jupiter pénétra dans la tour, sous la forme d’une pluie d’or, c’est-à-dire, qu’il gagna les gardes à force d’argent. Danaé ayant mis au monde Persée, Acrise le fit enfermer dans un coffre, et jeter à la mer. Des pécheurs le sauvèrent de la fureur des flots. A peine étoit-il en âge de se signaler, qu’il entreprit de combattre les trois Gorgones, Méduse, Euriale, et Sténone, qui désoloient le pays voisin du jardin des Hespérides. Il coupa la tête de Méduse.

Mais vous ne savez pas… que son épée
De l’horrible Méduse a la tête coupée ;
Que sous son bouclier il la porte en tous lieux,
Er que c’est fait de vous, s’il en frappe vos yeux.
On dit que ce prodige est pire qu’un tonnerre ;
Qu’il ne faut que le voir pour n’être plus que pierre,
Et que n’aguère Atlas, qui ne s’en put cacher,
A cet aspect fatal devint un grand rocher.
Pierre Corneille.

Atlas, fils de Jupiter et de Climène, refusa de recevoir chez lui Persée, qui, pour s’en venger, lui montra la tête de Méduse, et le changea en une haute montagne : on dit qu’il soutient le ciel sur ses épaules, soit parce que le mont Atlas est fort élevé, soit parce qu’il y eut un célèbre astronome appelé Atlas.

Du sang de Méduse naquit le cheval Pégase, sur lequel Persée monta pour aller délivrer Andromède, attachée à un rocher où elle alloit être dévorée par un monstre marin, en punition du crime de sa mère Cassiope, épouse de Céphée, roi d’Egypte.

        Heureuse épouse, heureuse mère,
        Trop vaine d’un sort glorieux,
Je n’ai pu m’empêcher d’exciter la colère
De l’épouse du dieu de la terre et des cieux.
J’ai comparé ma gloire à sa gloire immortelle ;
La déesse punit ma fierté criminelle.
Quinault.

Persée pétrifia le monstre, et rendit Andromède à Céphée qui la lui donna pour épouse. Il se disposoit à de nouveaux exploits, quand il eut le malheur de tuer Acrise dans des jeux publics. Ayant appris que c’étoit son aïeul, il se condamna à l’exil ; mais Jupiter le plaça au ciel, parmi les constellations, avec Andromède et Cassiope :

Et quand la nuit aura tendu ses voiles,
Vos corps semés de nouvelles étoiles,
Du haut du ciel éclairant les mortels,
Leur apprendront qu’il vous faut des autels.
P. Corneille.

On attribue les succès de Persée à la puissante vertu du bouclier qu’il avoit obtenu de Minerve. Les poëtes prétendent par-là nous donner dans ce demi-dieu le modèle d’un héros dont la prudence guide la valeur.

        Le plus vaillant guerrier s’abuse
D’oser tout espérer de l’effort de son bras ;
        Si vous voulez vaincre Méduse.
Portez le bouclier de la sage Pallas.

Que la vertu et la prudence,
Quand elles sont d’intelligence.
Achèvent d’exploits glorieux !
Le monstre le plus furieux
Leur fait vainement résistance.
Quinault.

[Hercule.] §

Hercule étoit fils de Jupiter et d’Alcmène, épouse d’Amphitrion. Electrion, roi de Mycènes, pète d’Alcmène, ayant perdu tous ses fils dans une irruption que Ptérélaüs, roi de Télèbe, avoit faite sur ses terres, laissa son royaume et sa fille à Amphitrion. Alcmène promit d’épouser celui qui vengeroit la mort de ses frères. Amphitrion remplit cette condition par la perfidie de Comèthe, fille de Ptérélaüs : elle arracha le cheveu d’or que son père avoit sur la tête, et auquel ses jours étoient attachés.

Tandis qu’Amphitrion étoit occupé à la guerre de Thèbes, Jupiter vint tromper Alcmène, sous la forme de son mari, à laquelle il annonça cette brillante destinée :

Chez toi doit naître un fils qui, sous le nom d’Hercule,
Remplira de ses faits tout le vaste univers.
L’éclat d’une fortune en mille biens féconde,
Fera connoître à tous que je suis son support ;
        Et je mettrai tout le monde
        Au point d’envier ton sort.
        Tu peux hardiment te flatter
        De ces espérances données ;
        C’est un crime que d’en douter.
        Les paroles de Jupiter
        Sont des arrêts des destinées.
Molière.

Junon épuisa tous les efforts de sa haine contre ce fils de Jupiter. Elle fît naître Eurystée avant lui, afin qu’en qualité d’aîné il eût une sorte d’empire sur son frère. Elle envoya deux horribles serpens qui, se glissant dans le berceau d’Hercule, alloient le dévorer, mais il les mit en pièces de ses propres mains :

Les premiers instans de sa vie,
De la Discorde et de l’Envie
Verront éteindre le flambeau.
Il renversera leurs trophées ;
Et leurs couleuvres étouffées
Seront les jeux de son berceau.
Rousseau.

Quelques poëtes prétendent qu’à la prière de Pallas, Junon s’adoucit un peu en faveur d’Hercule ; qu’elle lui donna même de son lait, et qu’il en laissa tomber assez pour former cette espèce de tache blanche que l’on voit au ciel, et qu’on appelle la voie lactée. Quoiqu’il en soit, ce héros n’en fut pas moins exposé toute sa vie aux effets de la haine de l’implacable Junon, qui excita Eurysthée à exiger de lui des travaux aussi difficiles que dangereux, et dans lesquels elle espéroit de le voir périr : on en compte douze principaux, appelés communément les travaux d’Hercule ; nom que l’on donne souvent aux entreprises qui demandent autant de patience que de force et de courage.

D’abord, il falloir tuer le lion de la forêt de Némée, qui ravageoir tout le pays. Hercule l’attaqua ; et, l’ayant forcé de se réfugier dans un antre d’où il ne pouvoit trouver le moyen d’échapper, il le prit à la gorge et l’étouffa. Hercule porta toujours la peau de ce lion comme un monument de sa première victoire.

Un serpent, plus épouvantable que ce lion, étoit dans le marais de Lerne, près d’Argos, ville du Péloponèse : c’étoit une hydre effroyable, qui avoit sept têtes, et, quand on lui en coupoit une, il en naissoit aussi-tôt plusieurs autres à sa place : Hercule les abattit toutes d’un seul coup de sa massue.

Un sanglier terrible étoit sur le mont Erimanthe, et ravageoit les champs de l’Arcadie : Hercule le prit, et le présenta tout vivant à Eurysthée.

Une biche, qui avoit les pieds d’airain et des cornes d’or, ne nuisoit pas moins aux campagnes voisines du mont Menale, qui est en Arcadie : Hercule la poursuivit pendant une année entière, et la perça de flèches.

Des oiseaux, d’une grandeur et d’une force extraordinaire, habitoient les bords du lac Stymphale, en Arcadie, et déchiroient les passans : Hercule les fatigua à la course, et les chassa pour jamais du pays.

Il acquit encore plus de gloire, par la défaite des Amazones qu’il attaqua auprès du fleuve Thermodon. Les Amazones étoient des femmes guerrières, qui habitoient la Scythie. Elles élevoient leurs filles dans l’exercice des armes : elles estropioient ou tuoient leurs enfans mâles.

Hercule délivra la terre de deux tyrans très-cruels : le premier, nommé Diomède, roi deThrace, faisoit dévorer par des chevaux furieux tous les étrangers qui abordoient dans ses Etats : le second, appelé Busiris, étoit roi d’Egypte, fils de Neptune et de Lybie. Il immoloit à Jupiter tous les étrangers, et préparoit à Hercule le même sort.

Gérion, roi d’Espagne, égaloit ces tyrans en cruauté : il nourrissoit de chair humaine des bœufs qu’il faisoit garder par un chien à trois têtes, et par un dragon qui en avoit sept. Hercule tua ces monstres, et Gérion lui-même, qui avoit trois corps, à ce que l’on disoit, soit parce qu’il étoit maître de trois isles que nous appelons aujourd’hui Majorque, Minorque et Evisse, soit parce qu’il y avoit trois frères de ce nom, si bien unis, qu’ils sembloient ne faire qu’un seul homme.

Hercule signala sa force et son adresse, en nettoyant les écuries d’Augias, roi d’Elide, fils du Soleil : elles répandoient l’infection dans toute la Grèce ;

En domptant un taureau féroce, que Neptune, dans sa colère, avoit produit pour la ruine entière de la Grèce ;

En soutenant le ciel sur ses épaules, à la place d’Atlas qui lui cueilloit les pommes d’or du jardin des Hespé rides.

Ces douze travaux heureusement terminés, Hercule, que l’on appelle souvent Alcide, parcourut l’univers pour le purger des monstres et des tyrans, et pour soulager les malheureux :

Aux coupables mortels Alcide fait la guerre :
Dans te sein des tyrans il porte le trépas.
        Et pour en délivrer la terre,
        Le foudre est moins fort que son bras.
Lamotte.

Hercule délivra l’Italie de Cacus, voleur insigne, fils de Vulcain. Il détacha Prométhée, et tua le vautour qui lui déchiroit le foie. Il attaqua Antée, fils de Neptune et de la Terre, qui habitoit les déserts de la Lybie, où il massacroit les passans, pour accomplir le vœu qu’il avoit fait à Neptune de lui bâtir un temple avec des crânes d’hommes. Hercule s’appercevant qu’il le terrassoit en vain, parce que la terre lui donnoit de nouvelles forces, l’éleva en l’air et l’étouffa.

Il entreprit ensuite la jonction de l’Océan avec la Méditerranée ; ce qu’il exécuta en séparant les deux montagnes Calpée et Abyla, pour former un détroit qui est celui de Gibraltar : ces deux montagnes, dont la première est dans l’Andalousie, et la seconde sur la côte d’Afrique, s’appellent les Colonnes d’Hercule. Ce héros, voulant les faire servir de monumens à sa gloire, y grava cette inscription : Non plus ultrà, « On ne peut aller au-delà ».

L’Oracle avoit ordonné que, pour appaiser Apollon et Neptune irrités contre Laomédon, roi de Troie, on exposeroit tous les ans une jeune Troyenne au monstre qui désoloit la Troade. Le sort tomba sur Hésione, fille de Laomédon. Hercule convint avec ce prince de la délivrance d’Hésione ; ce qu’il exécuta, en tuant le monstre. Mais le parjure Laomédon, refusant de donner les chevaux qu’il avoit promis, fut tué ; et les murs de Troie furent renversés par la main d’Hercule :

L’ingrat Laomédon, digne de son malheur,
De l’invincible Hercule éprouva la valeur.
La Grange-Chancel.

La peste ravageoit la Thessalié où régnoit Admète ; et la foudre avoit ouvert un abîme dans lequel on précipitoit, chaque année, celui que le sort désignoit, ou qui se dévouoit lui-même à la mort :

              Le Ciel pour appaiser sa haine,
Ou volontairement, ou par le choix du sort,
Exige tous les ans une victime humaine,
Jusqu’à ce que l’amour triomphe de la mort.
La Grange-Chancel.

Alceste ayant appris que le sort étoit tombé sur Admète son époux, se présenta pour accomplir l’oracle :

De l’honneur que j’obtiens ne soyez point jaloux :
Je fais bien plus pour moi que je ne fais pour vous :
En assurant vos jours, j’assure ma mémoire ;
Je contente à la fois mon amour et ma gloire ;
Et c’est pour une épouse un triomphe bien doux,
Qu’un dieu ne puisse aller où je descends pour vous.
La Grange-Chancel.

Admète vouloit périr ; mais Alceste, trompant les soins que l’on prenoit pour elle, se précipita dans l’abîme. Ce fut dans ces tristes circonstances qu’Hercule vint voir Admète. Touché de la douleur de son ami, et sensible à l’amitié, il prit une résolution digne de son courage :

Montrons que Jupiter nous a donné le jour ;
Par l’abîme profond, voisin de ce séjour,
Le Ciel m’offre un passage aux rives ténébreuses ;
Etendons jusques-là mes conquêtes heureuses,
Surpassons la croyance ; et, malgré les destins,
Allons finir les maux d’un ami que je plains.
La Grange-Chancel.

Hercule se jette dans l’abîme, arrive sur les bords du Styx, force Caron de le recevoir dans sa barque, enchaîne Cerbère, enlève Alceste, malgré Pluton, et la rend à son époux :

Ainsi, traversant Achéron,
Hercule fit peur à Caron,
Quand sa pesanteur immortelle
Fit trop enfoncer sa nacelle.
Voiture.

Junon conservoit toujours la haine qu’elle avoit conçue contre Hercule, parce qu’il étoit fils de Jupiter. Voyant que les dangers ne servoient qu’à augmenter la gloire d’un héros qu’elle n’avoit pu faire périr, elle s’adresse à Cupidon :

Dieu puissant, venge-moi d’un mortel qui m’outrage ;
Son cœur, dès le berceau, triomphe de ma rage :
Ma honte et mon dépit croissent par ses travaux ;
Blesse Alcide ; il est tems de vaincre ce héros.
Lamotte.

Hercule laissa amollir son courage ; et bientôt on le vit filer aux pieds d’Omphale, reine des Lidiens, qui se plaisoit à voir le vainqueur de l’univers armé d’une quenouille, habillé en femme, et confondu parmi ses suivantes. Cependant elle ne put l’emporter sur Déjanire, fille d’Œnée, roi de Calydon, et sœur de Méléagre, que le fleuve Achéloüs vouloit épouser. Hercule vainquit ce rival, et obtint Déjanire qu’il emmena chez lui. Il fut arrêté sur les bords du fleuve Evène : le centaure Nessus s’offrit de passer la princesse ; son projet étoit de l’enlever : Hercule s’en appercevant, le perça d’une flèche. Nessus, près d’expirer, trempa un voile dans son sang, et le donna à Déjanire, en l’assurant qu’il avoit la vertu d’empêcher que son époux ne s’attachât à quelqu’autre. Cette femme crédule apprit dans la suite qu’Hercule aimoit Iole :

Ne te souvient-il plus du voile inestimable
Que Nessus expirant remit entre tes mains ?
Du sang dont il est teint la vertu redoutable
    Peut renverser les projets des humains.
Campistron.

Déjanire envoya ce voile à Hercule, et le pria de s’en couvrir pendant le sacrifice qu’il se proposoit de faire sur le mont Oëta, en Thessalie :

Voile fatal ! poison dont je suis dévoré,
Brûlerez-vous sans cesse un cœur désespéré ?
Laissez moi respirer ! tout est sourd à mes plaintes.
Hélas ! tout me trahit en ces cruels momens,
                    Et mes tourmens,
Bien loin de s’affaiblir, redoublent leurs atteintes.
Campistron.

Hercule sentoit un feu dévorant qui couloit dans ses veines. Pour finir ce supplice, il se jetta sur le bûcher qu’il avoit préparé. Philoctète renferma dans une urne les cendres de ce héros, qui lui avoir remis les flèches teintes du sang de l’hydre de Lerne, sans lesquelles on ne pouvoit prendre la ville de Troie. Hercule fut mis au rang des dieux, et placé dans le ciel, où il épousa Hébé, déesse de la jeunesse. On le représente couvert de la peau d’un lion et armé d’une massue. Les poëtes nous ont donné dans Hercule le modèle d’un héros supérieur à tous les dangers.

[Thésée.] §

Thésée, fils d’Egée, roi des Athéniens, fut tout à la fois parent et contemporain d’Hercule. On l’éleva secrettement, pour le soustraire à la persécution des fils de Pallante ; ce qui fait dire à Egée :

Mes perfides neveux, les cruels Pallantides,
Désavouoient en moi le sang des Erecthides ;
Comme fils supposé, faisoient tout leur effort
Pour me priver du trône en conspirant ma mort.
Pour les jours de mon fils redoutant leur furie,
Loin de moi son enfance en secret fut nourrie :
Près des murs de Trézène, un berger en prit soin
Dans un lieu solitaire, et presque sans témoin ;
Et sur-tout je voulus, par un ordre sévère,
Qu’il lui tût sa naissance, et passât pour son père.
Et, pour ne rien omettre en ce péril pressant,
Un fer marqué du nom qu’il reçut en naissant.
Fut mis alors par moi sous un autel champêtre,
Afin qu’en le montrant il se fît reconnoître.
De la Fosse.

C’est à ce signe que Thésée fut reconnu par Egée, qui le chargea d’abord de le délivrer de toute la famille de Pallante :

De Pallante à la fois il proscrit la maison,
Et veut que j’en détruise et la race et le nom.
Je ne puis trop permettre à mon zèle homicide ;
Et ses vœux sont trahis, s’il reste un Pallantide.
De la Fosse.

Aricie échappa seule au massacre de sa famille :

Reste du sang d’un roi, noble fils de la Terre,
Je suis seule échappée aux fureurs de la guerre ;
J’ai perdu, dans la fleur de leur jeune saison,
Six frères ; quel espoir d’une illustre maison !
Le fer moissonna tout, et la terre humectée
But à regret le sang des neveux d’Erecthée.
Racine.

Thésée se proposa de marcher sur les pas d’Hercule : toute son ambition étoit de mériter la gloire de lui être comparé. Il exerça son courage contre les tyrans qui mettoient tous leurs soins à faire des malheureux, et s’appliqua particulièrement à délivrer la rerre des monstres qui la désoloient :

Résolu de périr par un noble trépas,
Jaloux du nom d’Hercule, et marchant sur ses pas,
J’entrepris de venger et d’affranchir la terre
De monstres, de méchans échappés au tonnerre.
De la Fosse.

Il tua Scyrron et Procustes, fameux brigands, dont le premier s’occupoit à précipiter les passans dans la mer : le second recevoit chez lui tous les étrangers, les faisoit étendre sur un lit de fer, et leur coupoit la partie des jambes qui en excédoit la longueur, ou les écarteloit.

Cercyon attachoit les voyageurs à de gros arbres qu’il courboit et unissoit ensemble ; il les laissoit ensuite se rétablir, et ces malheureux étoient mis en pièces : Thésée lui fit souffrir le même supplice. On rapporte la même chose de Sinnis, qui désoloit les campagnes de Corinthe.

Il coupa et dispersa les membres de Périphète, qui ne se nourrissoit que de chair humaine. Ce monstre est connu sous le nom du géant d’Epidaure, ville du Péloponèse. Thésée délivra les campagnes de Marathon, ville de l’Attique, d’un taureau furieux ; et l’Etolie, d’un horrible sanglier envoyé par Diane :

                                   Ce héros intrépide
Consolant les mortels de l’absence d’Alcide ;
Les monstres étouffés, et les brigands punis ;
Procustes, Cercyon, et Scyrron, et Sinnis,
Et les os dispersés du géant d’Epidaure,
Et la Crète fumant du sang du Minotaure.
Racine.

Le Minotaure étoit un monstre moitié homme et moitié taureau, que les poëtes feignent avoir été mis au monde par Pasiphaé, épouse de Minos, roi de Crète. Ce prince, pour venger la mort de sou fils Androgé, que les jeunes gens d’Athènes avoient tué, parce qu’il remportoit toujours sur eux le prix des jeux publics, obligea les Athéniens de lui envoyer chaque année sept de leurs enfans, choisis par le sort, pour être dévorés par le Minotaure. Thésée, tout jeune encore, forma le généreux projet d’affranchir sa patrie de ce tribut honteux et cruel :

Ce monstre, homme et taureau, qu’un fol amour fit naître,
Qui du sang des humains brûloit de se repaître,
Sous le fer de Thésée enfin perdit le jour,
Le héros tient le fil qui trace son retour ;
Tandis qu’un peu plus loin Ariadne tremblante
Craint que le sort cruel ne trompe son attente ;
Les yeux au labyrinthe, et les mains vers les cieux,
Au secours de Thésée elle appelle les dieux.
Lamotte.

Le Minotaure étoit renfermé dans un labyrinte dont il n’étoit pas possible de trouver l’issue. Ariadne, fille de Minos, facilita l’entreprise de Thésée, en lui donnant un peloton de fil, par le moyen duquel il lui fut aisé de revenir sur ses pas, après avoir tué le Minotaure.

Ce labyrinte est célèbre parmi les poëtes : ils l’appellent souvent le Dédale, du nom de celui qui l’avoit bâti. C’étoit un composé de bosquets et de bâtimens disposés avec tant d’art, qu’il n’étoit plus possible d’en sortir, dès qu’on y étoit entré. Minos y renferma Dédale avec Icare ; mais ce célèbre artiste trouva le moyen d’échapper, en attachant des ailes à ses épaules et à celles de son fils :

O que ne puis-je, sur les aîles
Dont Dédale fut possesseur,
Voler aux lieux où tu m’appelles,
Et de tes chansons immortelles
Partager l’aimable douceur !

Mais une invincible contrainte,
Malgré moi, fixe ici mes pas.
Tu sais quel est ce labyrinthe,
Et que pour aller à Corynthe,
Le seul désir ne suffit pas.
Rousseau.

Dédale avoit recommandé à son fils de ne voler ni trop haut ni trop bas, de peur que le soleil ne fondît la cire qui attachoit ses ailes, ou que les vapeurs de la mer ne rendissent les plumes trop humides. Ce jeune téméraire, oubliant un avis si sage, s’éleva au haut des airs, tomba, et donna son nom à la mer Icarienne :

        Quand je devrois, nouvel Icare,
De ma chûte orgueilleuse étonner l’univers,
        Je veux sur les pas de Pindare
        M’élever jusques dans les airs.
La Grange-Chancel.

En partant pour son expédition contre le Minotaure, Thésée avoir promis à son père de changer les voiles de son vaisseau, s’il revenoit vainqueur. La joie lui fît oublier cette convention. Egée, voyant de loin des voiles noires, crut qu’il avoir perdu son fils, et se précipita dans la mer.

Pirithoüs, roi de Thessalie, piqué de jalousie contre Thésée, ravagea une de ses provinces, pour l’attirer à un combat singulier, qui fut accepté. Mais la douceur de Thésée changea cette haine en une amitié sincère. Ils allèrent ensemble combattre les Centaures, qui avoient tué un grand nombre des Lapithes aux noces de Pirithoüs et d’Hippodamie :

           Laissons aux Scythes inhumains
Mêler dans leurs banquets le meurtre et le carnage ;
           Les dards du Centaure sauvage
Ne doivent point souiller nos innocentes mains.
Rousseau.

Les Centaures étoient si bons cavaliers, qu’ils sembloient ne faire qu’un même corps avec leurs chevaux ; ce qui a donné lieu aux poëtes de feindre qu’ils étoient moitié homme et moitié cheval. Les Lapithes habitoient la Thessalie, et tiroient leur nom de Lapithe, fille d’Apollon. Ces géans étoient si vains, que leur orgueil avoit passé en proverbe : on disoit, aussi arrogant ou plus vain qu’un Lapithe.

Vingt-quatre ans avant la prise de Troie, Thésée et Pirithoüs enlevèrent Hélène, qui fut reprise par Castor et Pollux ; ensuite ils descendirent aux enfers pour enlever Proserpine :

On dit.même, et ce bruit est par-tout répandu,
Qu’avec Pirithoüs aux enfers descendu,
Il a vu le Cocyte et les rivages sombres,
Et s’est montré vivant aux infernales ombres ;
Mais qu’il n’a pu sortir de ce triste séjour,
Et repasser les bords qu’on passe sans retour.
Racine.

Pirithoüs fut dévoré par Cerbère ; et Thésée resta aux enfers, jusqu’au tems où Hercule vint le délivrer. Ils firent ensemble la guerre aux Amazones ; et Thésée épousa Hippolyte, reine de ces femmes guerrières, dont il eut un fils qui porta le même nom. Phèdre, fille de Minos et de Pasiphaé, que Thésée avoit épousée en secondes noces, conçut pour le jeune Hippolyte des sentimens qui leur furent très-funestes :

Noble et brillant auteur d’une triste famille,
Toi, dont ma mère osoit se vanter d’être fille,
Qui peut-être rougis du trouble où tu me vois,
Soleil ! je te viens voir pour la dernière fois.
Racine.

Le remords d’avoir accusé Hippolyte d’un crime dont il étoit innocent, porta Phèdre à se pendre de désespoir ; mais Thésée avoit déjà condamné son fils à l’exil, et invoqué contre lui le secours de Neptune :

Et toi, Neptune, et toi, si jadis mon courage
D’infâmes assassins nettoya ton rivage,
Souviens-toi que, pour prix de mes efforts heureux,
Tu promis d’exaucer le premier de mes vœux.
……………………………………………………
Je t’implore aujourd’hui ; venge un malheureux père ;
J’abandonne ce traître à toute ta colère.
Racine.

Il ne fut que trop exaucé. Neptune envoya un monstre marin, qui par ses mugissemens effraya les chevaux d’Hippolyte :

L’onde approche, se brise, et vomit à nos yeux.
Parmi des flots d’écume, un monstre furieux.
……………………………………………………
Tout fuit ; et sans s’armer d’un courage inutile,
Dans le temple voisin chacun cherche un asyle.
Hippolyte lui seul, digne fils d’un héros,
Arrête les coursiers, saisit ses javelots,
Pousse au monstre, et d’un dard lancé d’une main sûre,
Il lui fait dans le flanc une large blessure.
De rage et de douleur le monstre bondissant,
Vient aux pieds des chevaux tomber en mugissant.
A travers les rochers la peur les précipite :
L’essieu crie et se rompt. L’intrépide Hippolyte
Voit voler en éclats tout son char fracassé.
Dans les rênes lui-même il tombe embarrassé.
J’ai vu, Seigneur, j’ai vu votre malheureux fils
Traîné par les chevaux que sa main a nourris ;
Il veut les rappeller, et sa voix les effraie,
Ils courent ; tout son corps n’est bientôt qu’une plaie.
J’arrive ; j’appelle ; et, me tendant la main,
Il ouvre un œil mourant, qu’il referme soudain.
Racine.

Esculape rendit la vie à Hippolyte, et Diane le transporta em Italie. Thésée mourut à Athènes, après avoir mérité d’être mis au rang des demi-dieux ; honneur qu’il ne pouvoit obtenir par le droit de sa naissance. On peut regarder Thesée comme un héros dont l’intrépidité étoit supérieure aux plus grands dangers, mais qui fut souvent malheureux par imprudence et par emportement.

[Castor et Pollux.] §

Castor et Pollux, connus sous le nom de Tyndarides, sont le plus beau modèle que l’antiquité nous donne de l’amour fraternel. Ils étoient fils de Léda, épouse de Tyndare, roi d’Œbalîe, contrée du Péloponèse. Jupiter s’étoit changé en cygne pour surprendre Léda : elle mit au monde Hélène et Pollux, Castor et Clytemnestre. Les deux premiers étoient enfans de Jupiter, et les deux autres de Tyndare.

Hélène épousa Ménélas, roi de Sparte ou Lacédémone. Elle fut enlevée par Thésée, qui la rendit à son époux ; et par le berger Pâris, ce qui occasionna la guerre de Troie. Après la mort de Pâris, elle épousa Déïphobe, fils de Priam, et le livra à Ménélas pour rentrer en grace avec lui : ce roi la ramena en triomphe à Sparte ; mais il mourut peu de tems après. Hélène se retira dans l’isle de Rhodes, auprès de Polixo sa parente, qui la fit pendre à un arbre, parce qu’elle avoit occasionné la perte d’une infinité de héros.

Clytemnestre avoit épousé Agamemnon, roi d’Argos et de Mycènes, petit fils d’Atrée, et frère de Ménélas. Elle eut un fils nommé Oreste ; et deux filles, Electre et Iphigénie. Pendant qu’Agamemnon étoit au siège de Troie, elle épousa Egiste qui l’aida à assassiner son premier époux. Oreste vengea cette mort, en poignardant Egisthe et Clytemnestre.

Pollux étoit immortel, en qualité de fils de Jupiter. La tendresse qu’il avoit pour son frère, l’engagea à partager son immortalité avec Castor. Jupiter y consentit, à condition qu’ils rendroient de grands services aux hommes, et qu’ils passeroient alternativement un jour au ciel, et un jour aux enfers :

Jupiter fit l’homme semblable
A ces deux jumeaux que la Fable
Plaça jadis au rang des dieux ;
Couple de déités bizarre,
Tantôt habitans du Ténare,
Et tantôt citoyens des cieux.
Rousseau.

Castor et Pollux allèrent d’abord à la conquête de la Toison d’or : ensuite ils s’occupèrent à purger les mers des pirates qui les infectoient : c’est pourquoi les marins avoient coutume de leur immoler des agneaux blancs. On leur rendoit à Rome un culte particulier. Les hommes juroient par le temple de Pollux : et les femmes, par celui de Castor. Jupiter les métamorphosa en astres : ils forment le troisième signe du Zodiaque, sous le nom de Jumeaux ou Gémeaux.

[Bellérophon.] §

Bellérophon, fils de Glaucus, roi de Corinthe, fut redevable à son adresse, autant qu’à sa valeur, du succès qu’il eut dans ses entreprises, malgré les obstacles qui s’opposoient à sa gloire. Il entreprit d’abord de combattre la Chimère, monstre qui avoit la tête d’un lion, le corps d’une chèvre à la queue d’un serpent, et qui vomissoit des flammes ;

Ah ! prince, songez-vous que trois monstres ensemble
                  Sont unis dans ce monstre affreux ?
          A son aspect il n’est rien qui ne tremble :
De sa brûlante haleine il pousse mille feux.
Th. Corneille.

Bellérophon monta le cheval Pégase, et vint à bout d’exterminer ce monstre qui désoloit la Lycie, et remplissoit de crainte les habitans :

Le monstre couvrira de torrens enflammés
        Nos campagnes fumantes ;
        Et nos champs ne seront semés
Que des restes affreux de victimes sanglantes.
Th. Corneille.

Les Amazones et les Solymes sentirent bientôt les efforts de son bras ; et ses victoires lui méritèrent la main de Philoné, fille d’Iobates, roi de Lycie :

Après avoir vaincu deux nations guerrières,
Bellérophon amène en ces lieux fortunés
        Les Amazones prisonnières,
        Et les Solymes enchaînés.
Th. Corneille.

Bellérophon est un héros vertueux : son insensibilité pour les avances de Sténobée, épouse de Proclus, roi d’Argos, pensa lui coûter la vie.

[Jason.] §

Jason n’est pas moins fameux par ses aventures avec Médée, que par la conquête de la Toison d’or :

Retraçons aujourd’hui la célèbre entreprise
Qui conduisit Jason sur les bords de Colchos,
Et montrons ce que peut la vertu d’un héros,
          Lorsque le ciel la favorise.
Gresset.

Athamas, fils d’EoIe, roi de Thèbes, conservoit avec soin un bélier qu’il avoit reçu des dieux, et dont la toison étoit d’or. Phryxus, fils de ce prince, fuyant les mauvais traitemens de Néphèles, sa belle-mère, emporta avec lui ce bélier, l’immola à Jupiter, et fit présent de la toison à Aëte, roi de la Colchide, qui la mit dans un bois consacré au dieu Mars, sous la garde d’un dragon furieux qui ne dormoit jamais, et de plusieurs taureaux qui vomissoient des flammes.

Jason forma le projet d’enlever ce trésor, et invita les plus grands héros de la Grèce à partager avec lui les dangers et la gloire de cette expédition :

De Grecs une troupe vaillante
Enleva la Toison brillante
Que gardoit le dragon de Mars ;
En vain son haleine enflammée,
Et ses dents, mères d’une armée,
En étoient les affreux remparts.
Lamotte.

On appelle ces héros les Argonautes, soit parce que le vaisseau qu’ils montèrent se nommoit Argo, soit parce que la plupart des braves qui s’y embarquèrent étoient du royaume d’Argos.

Argonautes fameux, demi-dieux de la Grèce,
Castor, Pollux, Orphée ; et vous, heureux Jason,
Vous de qui la valeur, et l’amour, et l’adresse,
                   Ont conquis la Toison.
Voltaire.

Les difficultés qui s’opposoient à cette conquête, étoient insurmontables : le dieu Mars lui-même avoit pourvu à sa conservation, par des moyens supérieurs à tous les efforts du courage le plus intrépide et le plus téméraire :

La Toison est à vous, si vous pouvez la prendre ;
Car ce n’est pas de moi qu’il vous la faut attendre.
Comme votre Phryxus l’a consacrée à Mars,
Ce dieu même lui fit d’effroyables remparts,
Contre qui tout l’effort de la valeur humaine
Ne peut être suivi que d’une mort certaine.
P. Corneille.
Deux taureaux indomptés sont les premiers remparts
            Qui défendent le champ de Mars ;
La flamme qui se mêle à leur brûlante haleine,
       Forme autour d’eux un affreux tourbillon ;
       Il faut forcer leur fureur inhumaine
A tracer sur la plaine un pénible sillon.
            Aussi-tôt du sein de la terre
            Tes yeux verront de toutes parts
            Sortir des escadrons épars,
Qui se rassembleront pour te livrer la guerre.
Ce n’est pas tout encore, un dragon furieux
Fait dans ce lieu terrible une garde constante ;
Jamais le doux sommeil n’approcha de ses yeux ;
Rien ne sauroit tromper sa fureur vigilante.
Rousseau.

Jason vainquit ces monstres ; mais ce ne fut qu’avec le secours de Médée, fille d’Aëte, dont les enchantemens étoient nécessaires pour ne pas rendre inutiles la valeur de ce héros :

        Toute la nature est soumise
        A ses affreux commandemens,
            L’enfer la favorise,
        Elle confond les élémens,
Le ciel même est troublé par ses enchantemens.
Quinault.

Les taureaux devinrent dociles ; le dragon fut endormi ; et les bataillons armés, qui naissoient de ses dents, se détruisirent eux-mêmes. Jason emporta la Toison d’or ; et Médée le suivit dans la Thessalie, ou il l’épousa. Aëte avoit le plus grand intérêt à conserver cette Toison :

        Tel est mon sort, que la Toison ravie
Me doit coûter le sceptre, et peut-être la vie ;
De sa perte dépend celle de tout l’Etat :
En former un désir, c’est faire un attentat.
P. Corneille.

Médée mit en pièces son frère Absirthe, et en dispersa les membres le long du chemin, afin de retarder la course d’Aëte. Arrivée au palais d’Eson, père de Jason, et le voyant accablé sous le poids des années, elle le rajeunit :

O ! que, pour avoir part en si belle aventure,
Je me souhaiterois la fortune d’Eson,
Qui vieil comme je suis, revint contre nature
                      En sa jeune saison.
Malherbe.

Elle conseilla aux filles de Pélias, frère d’Eson, de rendre le même service à leur père, en faisant bouillir ses membres avec une herbe qu’elle leur donna :

Elle fait amitié, leur promet des merveilles,
Du pouvoir de son art leur remplit les oreilles ;
Et, pour mieux leur montrer comme il est infini,
Leur étale sur-tout mon père rajeuni.
Pour épreuve, elle égorge un bélier à leurs vues,
Le plonge en un bain d’eau et d’herbes inconnues,
Lui forme un nouveau sang avec cette liqueur,
Et lui rend d’un agneau la taille et la vigueur.
Les sœurs crient miracle, et chacune ravie
Conçoit pour son vieux père une pareille envie,
Veut un effet pareil, le demande, et l’obtient :
Mais chacune a son but. Cependant la nuit vient.
Médée, après le coup d’une si belle amorce,
Prépare de l’eau pure et des herbes sans force,
Redouble le sommeil des gardes et du roi :
La suite, au seul récit, me fait trembler d’effroi.
P. Corneille.

Pélias périt par cet artifice, que Médée avoit inventé pour le punir d’avoir inspiré à son neveu Jason le dessein d’enlever la Toison d’or, dans l’espérance qu’il y périroit, et qu’il envahiroit ses Etats. Jason indigné abandonna cette femme détestable, et épousa Creuse, fille de Créon, roi de Corinthe. Médée se livra à toute l’impétuosité de sa rage :

Quoi ! mon père trahi, les élémens forcés,
D’un frère dans la mer les membres dispersés,
Lui font-ils présumer mon audace épuisée ?
Lui font-ils présumer qu’à mon tour méprisée,
Ma rage contre lui n’ait pas où s’assouvir,
Et que tout mon pouvoir se borne à le servit ?
Tu t’abuses, Jason ; je suis encore la même.
Tout ce qu’en ta faveur fit mon amour extrême.
Je le ferai pat haîne, et je veux, pour le moins,
Qu’un forfait nous sépare, ainsi qu’il nous a joints.
P. Corneille.

Creuse auroit dû prévoir tout ce qu’elle avoit à craindre d’une femme telle que Médée :

Accoutumée au crime, et savante en poison,
Voyez ce qu’elle a fait pour acquérir Jason ;
Et ne présumez pas, quoi que Jason vous die,
Que, pour le conserver, elle soit moins hardie.
P. Corneille.

En effet, elle empoisonna toute la famille royale, et massacra deux fils qu’elle avoit eus de Jason :

Livrée à tes fureurs, impitoyable Amour,
Une mère à ses fils a pu ravir le jour !
Méconnois-tu ton sang dans ces chères victimes,
Implacable Médée ! Amour, voilà tes crimes !
Si ses fils ont péri par un coup inhumain,
Dans leur flanc innocent tu conduisois sa main.
Gresset.

Médée échappa à la colère de Jason, en s’élevant dans les airs sur un char traîné par des dragons aîlés, et se rendit auprès du roi d’Athènes, qui lui avoit promis de l’épouser :

C’est peu que dans Corinthe on ait vu mon courage
Des mépris d’un époux venger l’indigne outrage ;
C’est peu que d’une cour que je remplis d’horreur,
Ma fuite triomphante ait bravé la fureur ;
Pour mieux jouir encor d’une entière vengeance,
Je trouve une autre cour, un roi dont la puissance,
Pour m’attacher à lui, me rend avec éclat
Tout ce que je perdis en suivant un ingrat.
De la Fosse.

Jason s’empara d’Iolchos, capitale de la Thessalie, ou il étoit né, et où il avoit assemblé les Argonaures. II y eut un règne tranquille, et jouit long-tems de la gloire qu’il s’étoit acquise par la conquête de la Toison d’or.

Orphée. §

        Divin Orphée, à qui les dieux
Ont prodigué des sons la science charmante ;
        Par les accens mélodieux
            De ta lyre savante,
        Suspends la rage menaçante
        De tant de monstres furieux.
Rousseau.

Ce demi-dieu étoit fils de Clio et d’Apollon. Il en avoit reçu le talent de toucher la lyre avec tant d’art, que, par la vertu de ses sons, il égala au moins les plus grands héros de son tems :

Je sais que par son art il entraîne les arbres,
Que ses divins accords font tressaillir les marbres,
Que du plus fier torrent ils arrêtent le cours.
Et rangent à ses pieds les lions et les ours.
On dit même, et la Grèce est portée à le croire,
Qu’Argos doit à sa voix la moitié de sa gloire,
Et qu’à vaincre Médée, et gagner la Toison,
Elle eut autant de part que le bras de Jason.
La Grange-Chancel.

On prétend qu’Orphée endormit le dragon furieux qui veilloit à la garde de la Toison d’or, et que, par les accords de sa lyre, il charma les ennuis d’une longue navigation, et ranima plus d’une fois le courage des Argonautes. Les enfers mêmes sentirent les effets de son pouvoir :

Un mortel, qui l’eût cru ? jusqu’au sombre rivage,
Par ses divins accens, s’est ouvert un passage ;
De tout ce qui l’entend il dissipe l’horreur ;
Cerbère, à son approche, a perdu sa fureur ;
Et Caron, enchanté sur la rive infernale,
L’a reçu sans effort dans la barque fatale.
…………………………………………………
…………………………………………………
J’ai vu de Danaüs les filles attentives,
Laisser l’onde tranquille et leurs urnes oisives :
J’ai vu les fières Sœurs oublier leur devoir ;
Jusqu’au fond de ses eaux l’Achéron s’émouvoir ;
Ixion et Sysiphe, à cette heureuse approche,
S’asseoir, l’un sur sa roue, et l’autre sur sa roche ;
Titie à son vautour cesser d’être livré,
Et Tantale abreuver son gosier altéré.
La Grange-Chancel.

Orphée descendit aux enfers pour y chercher Euridice, son épouse, que la piquure d’un serpent avoit fait mourir, le jour même de ses noces :

Le sombre roi du Styx, aux tendres airs propice,
Fut touché des accords de l’époux d’Euridicc.
Gresset.

Pluton la lui rendit ; mais à condition qu’elle le suivroit, et qu’il ne la regarderoit point qu’elle ne fût de retour sur la terre. Orphée appercevoit déjà la lumière : il se retourne avec impatience ; Euridice lui est enlevée pour toujours :

Heureux et malheureux Orphée !
Ne pouvois-tu de ton trophée roi
T’assurer un moment plus tard ?
L’enfer te rendoit sa captive ;
Mais, hélas ! ton amour t’en prive
Par un impatient regard.
Lamotte.

Orphée, accablé de douleur, se retira seul dans les forêts, où il cherchoit à charmer ses ennuis en répétant sans cesse le nom d’Euridice. Les Bacchantes le mirent en pièces, et sa lyre fut placée au ciel.

Campistron retrace dans ces vers toutes les merveilles que l’on attribuoit à Orphée :

Les arbres, les rochers, sensibles à sa voix,
Les tigres, les lions, asservis à ses loix ;
De ses divins concerts l’attrait et la mesure
Renversant, à son gré, l’ordre de la nature ;
Leurs sons victorieux, leurs triomphans accords
Lui frayant un chemin jusques aux sombres bords,
Rendant à ses désirs la mort même propice,
Et des enfers au jour ramenant Euridice.

Cadmus. §

Après que Jupiter eut enlevé Europe, sœur de Cadmus, et fille d’Agénor, roi de Phénicie, ce prince ordonna à son fils d’aller chercher Europe, et de ne point revenir qu’il ne l’eût trouvée. Cadmus, ayant parcouru inutilement toute l’Asie, consulta l’Oracle, qui ne lui donna point d’autre réponse, que l’ordre de bâtir une ville dans le lieu même où il seroit conduit par un bœuf ;

Après avoir erré sur la terre et sur l’onde,
                 Sans trouver Europe ma sœur ;
Après avoir en vain cherché son ravisseur,
Le ciel termine ici ma course vagabonde ;
Et c’est pour obéir aux oracles des dieux,
                 Qu’il faut m’arrêter en ces lieux.
Quinault.

Il étoit dans la Béotie, où il bâtit la ville de Thèbes. On dit que ses compagnons, étant allés puiser de l’eau, furent dévorés par un dragon. D’autres prétendent qu’Hermione étoit exposée à ce monstre, et que Minerve l’engagea à le tuer ;

                 Va, Cadmus, que rien ne t’étonne ;
Va, ne crains ni Junon, ni le dieu des combats :
                 Ose secourir Hermione ;
Tu vois dans ton parti la guerrière Pallas.
Quinault.

Cadmus, vainqueur de ce dragon, épousa Hermione, fille de Mars et de Venus. Il consulta l’Oracle sur la destinée qui étoit réservée à la ville qu’il venoit de bâtir : on ne lui annonça que des malheurs ; ce qui lui fit prendre la résolution de s’en éloigner. Il fut changé en serpent avec son épouse.

Les murs de Thèbes furent construits d’une façon plus merveilleuse. On dit que les pierres venoient se ranger au son de la lyre d’Amphion, fils de Jupiter et d’Antiope, reine de Thèbes. Les poëtes ne parlent guère de ce prodige, sans parler de celui qu’opéra aussi la lyre d’Arion :

Songez par quel prodige on connoît Amphion,
Quel miracle la Grèce a chanté d’Arion :
Le premier, sans autre art, voit au son de sa lyre
Les pierres se mouvoir et Thèbes se construire ;
L’autre, près de périr par la fureur des flots,
Sait trouver dans leur sein la vie et le repos :
Un Dauphin, traversant les plaines de Neptune ;
Attiré par ses chants, prend soin de sa fortune :
Il l’aborde ; il l’emporte ; il lui sert de vaisseau ;
Et, donnant aux mortels un spectacle nouveau,
Il le fait à leurs yeux, sans péril et sans crainte.
Naviguer sur les mers de Crète et de Corinthe.
Campistron.

Thèbes. §

Alexandre le Grand renversa cette ville de fond en comble, et voulut que l’on conservât la maison où Pindare étoit né. C’étoit une marque de considération qu’il donnoit à la mémoire de ce poëte, qui est l’inventeur de la poésie lyrique :

Viens servir l’ardeur qui m’inspire,
Déesse, prête-moi ta lyre.
Ou celle de ce Grec vanté,
Dont l’impitoyable Alexandre,
Au milieu de Thèbes en cendre,
Respecta la postérité.
Rousseau.

Long-tems avant cette expédition d’Alexandre, Thèbes avoit été le théâtre de plusieurs scènes bien tragiques. Un de ses rois, nommé Laïus, avoit appris de l’Oracle qu’il périroit de la main du fils qu’il venoit d’avoir. Il ordonna à Jocaste, son épouse, d’égorger cet enfant. La mère, ayant horreur de ce crime, en remit l’exécution à un soldat. Celui-ci, touché des pleurs et de l’innocence de l’enfant, se contenta de lui percer les pieds de part en part, et de l’attacher à un arbre sur le mont Cithéron. Un des bergers de Polybe, roi de Corinthe, trouve cet enfant, le détache, et le présente à la reine qui, n’ayant point d’enfans, le fait élever comme son fils, et lui donne le nom d’Œdipe, à cause de l’enflure de ses pieds :

        Un Thébain qui se dit votre père,
Exposa votre enfance en ce lien solitaire.
Quelque dieu bienfaisant guida vers vous mes pas ;
La pitié me saisit, je vous prends dans mes bras ;
Je ranime dans vous la chaleur presque éteinte ;
Vous vivez, et bientôt je vous porte à Corinthe.
Je vous présente au prince : admirez votre sort !
Le prince vous adopte au lieu de son fils mort ;
Et par ce coup adroit, sa politique heureuse
Affermit pour jamais sa puissance douteuse.
Sous le nom de son fils, vous fûtes élevé
Par cette même main qui vous avoit sauvé.
Voltaire.

Œdipe ayant découvert qu’il n’étoit point le fils de Polybe, alla consulter l’Oracle, et apprit qu’il trouveroit son père dans la Phocide, province de la Grèce. Œdipe s’y rendit, et tua Laïus, en lui disputant le passage dans un chemin fort étroit, Thèbes étoit alors désolée par un monstre appelé Sphinx : il avoit la tête d’une femme, le corps d’un chien, les ailes et la queue d’un dragon, les pieds et les ongles d’un lion. Il proposoit une énigme aux passans, et les dévoroit s’ils ne la devinoient pas :

Né parmi les rochers, au pied de Cithéron,
Ce monstre à voix humaine, aigle, femme et lion,
De la nature entière exécrable assemblage,
Unissoit contre nous l’artifice à la rage.
Il n’étoit qu’un moyen d’en préserver ces lieux.
D’un sens embarassé dans des mots captieux,
Le monstre, chaque jour, dans Thèbes épouvantée,
Proposoit une énigme avec art concertée.
Voltaire.

Le Sphinx demandoit, Quel est l’animal qui le matin a quatre pieds, deux à midi, et trois le soir ?

Ne porter qu’un faux jour dans son obscurité,
C’étoit de ce prodige enfler la cruauté ;
Et les membres épars des mauvais interprètes,
Ne laissoient dans ces murs que des bouches muettes.
Mais, comme aux grands périls le salaire enhardit.
Le peuple offre le sceptre, et la reine son lit.
De cent cruelles morts cette offre est tôt suivie.
J’arrive ; je l’apprends ; j’y hasarde ma vie.
Au pied du roc affreux, semé d’os blanchissans,
Je demande l’énigme, et j’en cherche le sens ;
Et, ce qu’aucun mortel n’avoit encore pu faire,
J’en dévoile l’image, et perce le mystère.
P. Corneille.

Œdipe répondit au Sphinx, que son animal est l’homme, qui dans l’enfance se traîne sur les pieds et sur les mains, dans l’âge viril se soutient sur les deux pieds, et dans la vieillesse s’appuie sur un bâton qui lui sert d’un troisième pied :

Le monstre, furieux de se voir entendu,
Venge aussi-tôt sur lui tant de sang répandu ;
Du roc se lance en bas, et s’écrase lui-même,
La reine tint parole, et j’eus le diadême.
Corneille.

Œdipe, sans le savoir, épousa sa mère, et monta sur le trône de son père qu’il avoit tué sans le connoître. Les premiers momens de son règne parurent heureux ; et les Thébains se félicitoient que le sort leur eût donné un roi si vertueux et si sage :

Hélas ! nous nous flattions que ses heureuses mains
Pour jamais à son trône enchaînoient les destins.
Déjà même les dieux nous sembloient plus faciles :
Le monstre, en expirant, laissoit ces murs tranquilles ;
Mais la stérilité, sur ce funeste bord,
Bientôt, avec la faim, nous rapporta la mort.
Les dieux nous ont conduits de supplice en supplice :
La famine a cessé, mais non leur injustice ;
Et la contagion, dépeuplant nos Etats,
Poursuit un foible reste échappé du trépas.
Voltaire.

Ces nouveaux malheurs engagèrent à consulter l’Oracle : c’étoit la ressource ordinaire dans toutes les occasions où l’on avoit besoin d’éclaircir ses doutes, et de connoître la volonté des dieux. La plupart des poëtes évoquent même l’ombre de Laïus, et en tirent cette réponse :

Un grand crime impuni cause votre misère :
Par le sang de ma race il se doit effacer ;
            Mais à moins que de le verser,
            Le Ciel ne se peut satisfaire ;
Et la fin de vos maux ne se fera point voir,
            Que mon sang n’ait fait son devoir.
Lamotte.

Le sens caché de cet oracle se trouva dévoilé par le rapport du soldat qui avoir, exposé Œdipe sur le mont Cithéron, et du berger qui l’avoit présenté au roi de Corinthe. Jocaste se pendit de désespoir. Œdipe se creva les yeux, et se condamna à un exil éternel :

Voilà donc les horreurs où j’étois entraîné !
Je suis, oui, je le suis ce fils abandonné,
Je suis fils de Jocaste, et je connois mon crime.
Grands dieux ! ne tonnez plus, prenez votre victime.
Mon sang vous a fléchis ; Thèbes ne souffre plus ;
Vous payez à-la fois mon crime et mes vertus.
Lamotte.

Œdipe avoit eu de Jocaste deux fils, Etéocle et Polinice ; et deux filles, Antigone et Ismène. Les deux princes firent paroître, dès leur enfance, une haine mutuelle, qui alarmoit souvent Œdipe :

Leur courage promet des héros à la terre :
Mais, si vous n’étouffez cette fatale guerre
Que le courroux du Ciel semble allumer entre eux,
Ne vous en promettez que des crimes fameux.
Lamotte.

Cette haine devint implacable par les arrangemens que l’on prit pour le gouvernement de Thèbes. Les deux frères devoient régner chacun pendant un an : Etéocle, en qualité d’aîné, monta le premier sur le trône ; et, l’année étant révolue, il refusa de le céder à son frère :

Œdipe, en achevant sa triste destinée,
Ordonna que chacun régneroit son année ;
Et, n’ayant qu’un Etat à mettre sous vos lois,
Voulut que tour-à-tour vous fussiez tous deux rois.
A ces conditions vous daignâtes souscrire.
Le sort vous appela le premier à l’empire :
Vous montâtes au trône ; il n’en fut point jaloux :
Et vous ne voulez pas qu’il y monte après vous.
Racine.

Etéocle et Polinice se firent une guerre sanglante, dans laquelle toute la Grèce prit parti, et se partagea. On fit souvent des propositions de paix ; mais la haine des deux frères y mit toujours un obstacle invincible :

Je connois Polinice et son humeur altière ;
Je sais bien que sa haine est encor toute entière ;
Je ne crois pas qu’on puisse en arrêter le cours ;
Et, pour moi, je sens bien que je le hais toujours.
Racine.

Ils en vinrent enfin à un combat singulier, qu’ils désiroient depuis long-tems, et dans lequel chacun se flattoit d’assouvir sa haine par le sang de son frère. Ils paroissent au milieu des deux armées :

D’un geste menaçant, d’un œil brûlant de rage,
Dans le sein l’un de l’autre ils cherchent un passage.
………………………………………………………
Le roi, frappé d’un coup qui lui perce le flanc,
Lui cède la victoire, et tombe dans son sang.
Polinice, tout fier du succès de son crime,
Regarde avec plaisir expirer sa victime.
………………………………………………………
Et, dans l’instant fatal que ce frère inhumain
Lui veut ôter le fer qu’il tenoit à la main,
Il lui perce le cœur ; et son ame ravie,
En achevant ce coup, abandonne la vie.
Polinice frappé, pousse un cri dans les airs,
Et son ame en courroux s’enfuit dans les enfers.
Racine.

Les corps de ces malheureux frères furent mis sur le même bûcher, pour y être brûlés, selon la coutume de ce tems-là. On vit aussi-tôt la flamme se diviser d’elle-même, et faire connoître que la mort n’avoit pu éteindre une haine dont on n’avoit point encore d’exemple.

Sophocle, poëte Grec, l’un des inventeurs de la tragédie, mit cette action terrible sur la scène ; et les spectateurs en furent si touchés, qu’ils donnèrent à l’auteur le gouvernement de l’isle de Samos.

Troie. §

Quelque célèbre qne soit, chez les poëtes, la ville de Thèbes, celle de Troie, capitale de la Troade, en Phrygie, l’emporte infiniment par le nombre et la qualité de ses rois, par la durée d’un siège de dix ans, qui fut très-fecond en événemens mémorables, et par les suites de cette guerre, aussi funeste aux Grecs vainqueurs, qu’aux Troyens vaincus. Il semble que cette expédition ne devoit être favorable qu’aux poëtes Grecs, Romains et François. Sophocle et Euripide y puisèrent le sujet de leurs plus belles tragédies ; Homère, celui de ses deux poëmes épiques, l’Iliade et l’Odyssée : Virgile en retrace l’image dans son Enéide, et c’est sur les murs ou dans les campagnes de Troie, que nos plus grands poëtes ont choisi les héros qui furent le plus généralement applaudis sur la scène Françoise.

Avant que d’entrer dans le détail de la guerre de Troie, il est à propos de faire connoître les héros qui s’y sont distingués : nous commencerons par les Grecs.

Agamemnon, roi d’Argos et de Mycènes, fut déclaré le chef de l’armée des Grecs. Il étoit issu d’une famille dans laquelle le crime sembloit être héréditaire. Tantale, Atrée, Thyeste, sont des noms que l’on ne peut se rappeller sans horreur. Nous avons déjà dit que Tantale avoit servi aux dieux son fils Pélops, et qu’il fut condamné à une soif et à une faim d’autant plus cruelles, que tout contribuoit à l’irriter. Jupiter rassembla les membres de Pélops, les ranima, et mit une épaule d’ivoire à la place de celle que Cérès avoit mangée.

Pélops épousa Hippodamie, fille d’Œnomaüs, roi d’Elide, qu’il falloit vaincre à la course pour obtenir la princesse, ou périr si l’on avoit le malheur d’être vaincu. Neptune donna à Pélops des chevaux dont la vitesse lui assura la victoire.

Atrée et Thyeste étoient fils de Pélops et d’Hippodamie. Atrée épousa Erope, que Thyeste lui enleva :

Il te souvient de ce triste hymenée,
Qui d’Erope à mon sort unit la destinée.
Cet hymen me mettoit au comble de mes vœux ;
Mais à peine aux autels j’en eus formé les nœuds,
Qu’à ces mêmes autels, et par la main d’un frère,
Je me vis enlever une épouse si chère.
Crébillon.

La colère d’Atrée se changea en une haine et une fureur implacables, qui le rendit trop ingénieux à chercher une vengeance éclatante, ou plutôt à tramer une horrible perfidie :

Rien ne peut arrêter mes transports furieux ;
Je voudrois me venger, fût-ce même des dieux ;
Du plus puissant de tous j’ai reçu la naissance,
Je le sens au plaisir que me fait la vengeance.
Crébillon.

Ne pouvant surprendre Thyeste, il feignit de vouloir se réconcilier avec lui : il voulut même cimenter cette paix simulée par un motif de religion ; et, prenant les dieux à témoin de sa réconciliation, il présenta à Thyeste la coupe dont leurs ancêtres ne s’étoient jamais servis que dans les sacrifices :

Soyez donc les garans du salut de Thyeste,
Coupe de nos aïeux, et vous, dieux que j’atteste !
………………………………………………………
Mais, que vois-je, perfide ? ah ! grands dieux ! quelle horreur !
C’est du sang ! Tout le mien se glace dans mon cœur.
Mon fils, est-ce ton sang qu’on offroit à ton père ?
Crébillon.

Atrée avoit fait égorger les deux fils de Thyeste, et lui en avoit présenté le sang dans la coupe. On dit que le Soleil ne parut point ce jour-là, afin de n’être pas le témoin d’un si noir attentat :

C’est cette colère funeste
Qui jadis a nourri Thyeste
Du sang d’un fils qu’elle immola ;
Festin détestable et parjure,
Et qui surprit plus la nature,
Que le Soleil qui recula.
Lamotte.

La Fable offre encore plus d’un exemple de ces crimes affreux, et des châtimens sévères donc ils furent suivis.

Lycaon, roi d’Arcadie, fut changé en loup par Jupiter, à qui il avoit servi les membres du jeune Arcas, afin de s’assurer s’il exerçoit l’hospitalité envers le père des dieux. Arcas étoit petit-fils de Lycaon, et fils de Jupiter et de Calisto. Il fut changé en ours, et placé au ciel : c’est ce que nous appelions la petite Ourse.

Térée, roi de Thrace, fut métamorphosé en épervier, au moment qu’il poursuivoit Progné, son épouse, pour la punir de lui avoir servi les membres de son fils Ithys. Progné prétendoit venger, par cet attentat, sa sœur Philomèle, que Térée retenoit prisonnière, après lui avoir coupé la langue :

Quand l’innocent Ithys, à peine hors du berceau,
De son père coupable eut le sein pour tombeau ;
Pour fuir ces lieux sanglans, Philomèle vengée
Prend un nouvel essor, en rossignol changée ;
Et le funeste auteur de tant de noirs forfaits
S’envole, et traîne au loin d’inutiles regrets.
Gresset.

Progné fut changée en hirondelle, et Philomèle en rossignol.

Toute la famille d’Atrée porta la peine du crime qu’il avoit commis. Plisthène, fils d’Atrée, fut père d’Agamemnon et de Ménélas, que l’on appelle souvent les Atrides, du nom de leur aïeul.

O ma patrie ! ô terre à tous les miens fatale,
Redoutable berceau des enfans de Tantale !
Famille des héros, et des grands criminels,
Les malheurs de ton sang seront-ils éternels !
Voltaire.

Agamemnon épousa Clitemnestre, dont il eut Oreste, Electre, et Iphigénie.

Ménélas étoit roi de Sparte ou Lacédémone, frère d’Agamemnon, époux d’Hélène, et l’un des héros qui se signalèrent au siège de Troie.

Nestor, fils de Nélée et de Cloris, avoit seul échappé au massacre qu’Hercule avoit fait de la famille de Nélée, qui lui refusoit le passage dans ses Etats. Les Grecs l’engagèrent à venir avec eux au siège de Troie : ils comptoient beaucoup sut la prudence de ses conseils ; et il se rendit aisément à leur invitation, dans l’espérance de leur être utile :

Plus ardent autrefois, plus prudent aujourd’hui,
De mes conseils du moins je te promets l’appui ;
De ces jeunes guerriers je conduirai l’audace.
Ils lanceront les traits, j’en marquerai la place ;
Et, de l’expérience éclairant la valeur,
Mon âge emploiera bien l’avantage du leur.
Lamotte.

Apollon le fit vivre trois cens ans ; ce que les poëtes appellent trois âges d’hommes ; et, quand ils offrent à quelqu’un des vœux pour une longue vie, ils lui souhaitent les années de Nestor :

Lui qui, depuis les jours que la Parque lui file,
A vu naître trois fois un nouveau peuple à Pile,
Et qui, roi du troisième élevé sous ses yeux,
Commande à des sujets dont il vit les aïeux.
Lamotte.

Achille mérite le premier rang parmi les héros qui se rendirent célèbres au siège de Troie. Il étoit fils de Thétis et de Pélée. Sa mère l’avoit plongé dans le Styx, afin de le rendre invulnérable :

Thétis, même, en trempant Achille,
Laisse à la trame qu’on lui file,
Encore un endroit à couper.
Lamotte.

Elle le tenoit par le talon, et c’étoit le seul endroit où il pût être blessé. On le confia aux soins du centaure Chiron, qui ne le nourrit que de moëlle de lions. II étoit encore enfant, lorsque sa mère lui proposa le choix de vivre long-tems sans gloire, ou de mourir jeune tout couvert de lauriers.

Il préféra la gloire aux années :
Je puis choisir, dit-on, ou beaucoup d’ans sans gloire
Ou peu de jours suivis d’une longue mémoire ;
Mais, puisqu’il faut enfin que j’arrive au tombeau,
Voudrois-je, de la terre inutile fardeau,
Trop avare d’un sang reçu d’une déesse,
Attendre chez mon père une obscure vieillesse,
Et, toujours de la gloire évitant le sentier,
Ne laisser aucun nom, et mourir tout entier ?
Racine.

Le Destin avoit résolu qu’Achille périroit devant Troie, et que cette ville ne seroit jamais prise que par la présence et la valeur de ce héros :

                               On sait qu’a votre tête
I.cs dieux ont d’Ilion attaché la conquête :
Mais on sait que, pour prix d’un triomphe si beau,
Ils ont aux champs Troyens marqué votre tombeau ;
Que votre vie, ailleurs et longue, et fortunée,
Devant Troie en sa fleur doit être moissonnée.
Racine.

Thétis, voyant que les princes Grecs s’assembloient, et que leur premier soin seroit d’engager Achille à les accompagner devant Troie, voulut prévenir les arrêts du Destin. Elle envoya son fils, sous des habits de femme, dans l’isle de Scyros, à la cour de Lycomède :

Ulysse, cependant, zélé pour sa patrie,
        Veut lui rendre le seul héros
Dont l’appui des Troyens doit sentir la furie ;
Et, pour le découvrir, il se rend à Scyros.
        Il étale aux yeux des princesses,
        Des ornemens et des richesses
Dignes de relever l’éclat de leur beauté :
Achille avec dédain envisage leurs charmes ;
Mais d’un trouble soudain il paroît agité,
Quand, parmi ces atours, il voit briller des armes
Qui semblent l’accuser de son oisiveté.
La Grange-Chancel.

Ulysse, déguisé en marchand, arrive à la cour de Lycomède. Il avoit mêlé des armes parmi les bijoux qu’il devoit présenter aux dames. Achille se saisit d’abord des armes, les manie avec beaucoup d’adresse ; c’est à ce trait qu’Ulysse s’étoit promis de reconnoître Achille :

L’ingénieux Ulysse, à ces signes certains,
Reconnoît le héros que demande la Grèce ;
Et d’un glaive terrible armant ces jeunes mains,
Par ce discours guerrier, d’un fils d’une déesse
Il augmente l’ardeur, et hâte les destins :
        Quittez les jeux, fuyez les charmes ;
        Rougissez d’un honteux repos ;
        Le carnage et le bruit des armes
        Sont les vrais plaisirs des héros.
La Grange-Chancel.

Achille ne respiroit que la gloire. Il suivit Ulysse avec joie, et quitta en héros Déïdamie, fille de Lycomède, qu’il avoit épousée, et dont il avoit un fils nommé Pyrrhus, que nous verrons marcher sur les traces de son père :

Déïdamie, en proie aux plus vives alarmes,
        Voudroit par ses cris et ses larmes
        Désarmer ce jeune lion :
        Son cœur ne trouve plus de charmes
        Que dans la chûte d’Ilion,
        Qu’Ulysse promet à ses armes.
La Grange-Chancel.

Ulysse, fils de Laërte, roi d’Ithaque, avoit contrefait l’insensé, pour se dispenser d’entrer dans la ligue des princes Grecs. Un jour qu’il labouroit follement le rivage de la mer, Palamède plaça Télémaque, encore enfant, devant le soc de la charrue. Ulysse la détourna avec adresse, de crainte de blesser son fils, et prouva par-là que sa folie n’étoit qu’une feinte. La rare prudence qu’il avoit reçue de Minerve, fut d’une grande utilité pendant la guerre de Troie. Ce Palamède dont on vient de parler, étoit fils de Nauplius, roi de l’isle d’Eubée : on dit qu’il inventa les jeux de dés et d’échecs, pour dissiper l’ennui que causoit la longueur du siège.

Ajax, fils d’Oïlée, roi de Locre, passoit pour le plus vaillant des Grecs, après Achille. Neptune le fit périr dans les eaux, pour le punir d’une impiété dont il avoit toujours fait gloire.

Diomède se rendit immortel par mille exploits, et sur-tout en blessant Mars et Vénus.

Il y avoit un autre Ajax, fils de Télamon, l’un des Argonautes, qui ne fut pas moins célèbre ni moins impie que le premier. Il disputa à Ulysse les armes d’Achille ; et, n’ayant pu les obtenir, il entra dans un accès de fureur si violent, qu’il se perça de son épée.

L’armée des Grecs étoit conduite par quatre-vingt-quinze capitaines, rois, princes ou héros déjà célèbres par de grands exploits.

Les Troyens avoient à leur tête cinquante fils de leur roi Priam. Hector, qui étoit l’aîné, eût seul soutenu et repoussé tous les efforts des Grecs, si les dieux ne lui avoient pas été contraires :

Ne vous souvient-il plus, seigneur, quel fut Hector ?
Nos peuples affoiblis s’en souviennent encor.
Son nom seul fait frémir nos veuves et nos filles ;
Et, dans toute la Grèce, il n’est point de familles
Qui ne demandent compte à ce malheureux fils,
D’un père ou d’un époux qu’Hector leur a ravis.
Racine.

Les poëtes conviennent que tous les dieux prirent part à cette guerre, et se partagèrent, les uns pour les Grecs, et les autres pour les Troyens. On prétend même que le ressentiment et la colère de Junon furent la cause de tant de maux, et que cette déesse impérieuse voulut venger ses propres injures. Dardanus, fondateur et premier roi de Troie, étoit fils de Jupiter et d’Electre ; ce qui suffisoit pour devenir odieux à Junon. Dans la suite des tems, Jupiter, changé en aigle, enleva Ganimède, fils de Tros, roi de Troie, et lui donna la charge de verser le nectar des dieux, à la place d’Hébé, déesse de la jeunesse, et fille de Junon. Le jugement de Pâris mit le comble aux griefs que cette déesse avoit contre la nation Troyenne. La cause immédiate de cette guerre fut l’enlèvement d’Hélène. Pâris, ayant été envoyé à Sparte pour y reprendre sa tante Hésione, enleva Hélène, épouse de Ménélas :

La fugitive Hélène et son époux nouveau
Montoient, impatiens, ce funeste vaisseau,
Qui bientôt, après lui, doit attirer à Troie
Tous ces mille vaisseaux dont elle fut la proie.
Lamotte.

Les princes de la Grèce s’assemblèrent pour venger cette insulte, et jurèrent de renverser la ville de Troie.

 

Priam régnoit alors dans la Troade, pays situé dans la partie de la Phrygie la plus voisine du Bosphore de Thrace, que nous appelons le détroit de Constantinople. Le premier roi qui y ait régné, s’appeloit Teucer. Il eut pour gendre Dardanus, qui jetta les premiers fondemens de la ville de Troie, sept cens ans avant la fondation de Rome. Dardanus eut pour successeur Erictonius ; ensuite Tros, qui donna son nom à la ville. Il eut trois fils ; Ganimède, Assaracus, et Ilus qui lui succéda, et voulut que Troie s’appelât Ilion. Ilus eut pour successeur Laomédon, père de Priam, et d’Hésione qu’Hercule emmena dans la Grèce, après avoir détruit la ville de Troie. Priam en releva les murs, et rendit son empire le plus florissant de l’univers. Il avoit épousé Hécube, fille de Dimas, roi de Thrace, dont il eut Hector, Déïphobe, Hélénus, Pâris ou Alexandre, et plusieurs princesses. Sa tendresse aveugle pour ses enfans, fut la source de tous ses malheurs. Hécube, en mettant Pâris au monde, s’imagina accoucher d’une torche ardente. Priam donna ordre de tuer cet enfant : Hécube le fit élever secrettement par des bergers. Pâris, qui ne connoissoit point encore sa naissance, vint disputer un prix que Priam avoit proposé à la jeune noblesse de son royaume, et triompha de tous ceux qui étoient entrés en lice. Hector, poursuivant cet athlète inconnu, découvrit qu’il étoit son frère. Priam l’embrassa, et le retint à sa cour dans le rang qui lui étoit dû. Pâris regretta d’abord son état de berger, et sur-tout Œnone, nymphe du mont Ida, qui lui prédit les maux dont il seroit la cause :

Œnone, savez-vous quel ennui me tourmente ?
On me veut arracher des lieux où je vous vois.
        J’étois berger ; vous receviez ma foi :
        Mon bonheur passoit mon attente ;
Mais je reviens de Troie, où j’ai vu, malgré moi,
                Que ma fortune est trop brillante :
J’ai reçu les respects d’une Cour éclatante
                Qui fait trembler tout sous sa loi.
En vous le racontant, ma douleur en augmente.
Cher Œnone, j’apprends que je suis fils du roi.
Fontenelle.

Tandis que les Grecs faisoient les préparatifs de la guerre qu’ils méditoient, toute l’Asie se disposoit à balancer leur puissance en venant au secours de Troie. La flotte des Grecs, composée de mille deux cens quatre-vingt-dix voiles, se trouva enfin rassemblée au port d’Aulide, ville de la Béotie. Les vents contraires empêchèrent long-tems de mettre à la voile. On consulte Calchas, fameux devin, qui devoit accompagner l’armée :

Mais Calchas est ici ; Calchas si renommé,
Qui des secrets des dieux fut toujours informé.
Le Ciel souvent lui parle : instruit par un tel maître,
Il sait tout ce qui fut, et tout ce qui doit être.
Racine.

Calchas promet des vents favorables, aussi tôt qu’Agamemnon aura immolé sa fille Iphigénie à Diane, dont il a encouru la disgrace en tuant une biche qui lui étoit consacrée :

Vous armez contre Troie une puissance vaine.
Si, dans un sacrifice auguste et solemnel,
        Une fille du sang d’Hélène,
De Diane, en ces lieux, n’ensanglante l’autel.
Pour obtenir les vents que le Ciel vous dénie,
        Sacrifiez Iphigénie.
Racine.

Agamemnon se détermina enfin à obéir à l’Oracle, et Diane substitua une biche à la place d’Iphigénie, qu’elle emporta dans la Chersonèse-Taurique, ou elle la fit grande prêtresse de son temple.

Les vents devinrent favorables, et les Grecs mirent à la voile. Ils arrivèrent heureusement devant Troie, dont ils formèrent aussi-tôt le siège. Tout leur réussit d’abord ; mais, Achille s’étant brouillé avec Agamemnon qui lui avoit enlevé sa captive Briséis, fille de Brisès, prêtre de Jupiter, et ne voulant plus mener ses troupes au combat, les choses changèrent de face :

Lorsque, de nos combats me disputant le prix,
L’injuste Agamemnon m’enleva Briséis,
Dans ma tente enfermé, tout brûlant de colère,
J’eus beau voir la fortune aux Grecs par-tout contraire,
Pour eux aucun secours ne me sembla permis ;
Er par cette retraite, utile aux ennemis,
Laissant à leurs efforts nos escadrons en proie,
Je fis plus pour Ptiam que tous les dieux de Troie.
Th. Corneille.

Hector remporte chaque jour des avantages considérables : il chassoit les Grecs de tous les postes qu’ils occupoient. Ayant même pénétré jusqu’à leur flotte, il y mit le feu, et en fit périr un grand nombre :

        Tantôt ce guerrier terrible,
Des Grecs épouvantés embrase les vaisseaux ;
        Tantôt son bras invincible
Fait rougir de leur sang et la terre et les eaux.
Campistron.

Patrocle, fils de Ménœtius et de Sthénélé, prit les armes d’Achille, dont il étoit l’ami intime, repoussa les Troyens, et défia Hector au combat. Il périt sous ses coups. Achille reparoît à la tête de ses troupes ; et, pour venger la mort de son ami, attaque Hector, le tue, l’attache par les pieds à son char, et le traîne trois fois autour des murs de Troie et du tombeau de Patrocle.

A quel excès d’horreur la vengeance l’égare !
Ce n’est plus un héros, c’est un tigre barbare.
Il insulte au cadavre ; il lui perce les piés,
Qui de sa main sanglante à son char sont liés ;
Le traîne, et du tombeau faisant trois fois le tour.
De l’horreur du spectacle il fait pâlir le jour.
Lamotte.

Priam demanda une trêve de quelques jours, pendant laquelle il vint avec une partie de sa famille, et de riches présens, redemander le cadavre de son fils, afin de lui rendre les derniers devoirs. Achille l’accorda sur-tout aux larmes de Polixène, sœur d’Hector, et dont la beauté avoit paru toucher son cœur. Pâris profita de cette circonstance pour venger la mort d’un héros qui entraînoit la perte de Troie. Il promit à Achille de lui faire épouser Polixène, et lui tint parole. On étoit à peine assemblé dans le temple pour célébrer ce mariage, que Pâris décocha une flèche empoisonnée dans le talon d’Achille ; et, comme il n’étoit point invulnérable dans cet endroit, il mourut sur le champ. Apollon lui-même avoit conduit la flèche :

A peine il a du coup senti la rude atteinte,
Qu’il tombe, et, d’un regard qui fait naître la crainte,
Reprochant à Pâris son indigne attentat :
Il faut céder, dit-il, au destin qui m’abat ;
Je meurs. Du lâche coup dont la rigueur m’entraîne,
L’infamie étoit dûe au ravisseur d’Hélène.
Th. Corneille.

Pyrrhus, fils d’Achille et de Déïdamie, vint, avec un renfort de troupes, se joindre aux Grecs, et venger la mort de son père. Son courage fit souvent oublier la perte d’Achille. Mais l’Oracle avoir prédit que jamais Troie ne seroit prise tandis qu’elle posséderoit le Palladium. Diomède et Ulysse se chargent de l’entreprise, pénètrent secrettement dans la ville, et enlèvent ce Palladium, statue de Minerve, qui étoit descendue du ciel, et s’étoit placée d’elle-même sur l’autel. On prétend qu’elle rouloit toujours les yeux, et remuoit de tems en tems la lance qu’elle tenoit à la main.

Cependant les Grecs, ne pouvant se rendre maîtres de la ville par la force, entreprennent de la surprendre. Ils feignent que Minerve les punit de l’enlèvement du Palladium ; et, après dix années d’un siège qui leur a coûté tant de héros, ils ont recours à ce stratagème. Ils construisent un grand cheval de bois, dans lequel ils renferment beaucoup de soldats armés, et se retirent dans l’isle de Ténédos, en faisant dire aux Troyens que ce cheval est une réparation qu’ils font à Minerve.

Le peuple sort en foule, transporté de joie, séduit par une vaine espérance, et plus encore par les discours d’un fourbe appelé Sinon, que les Grecs avoient laissé sur le rivage : chacun s’empresse de faire une brèche aux murs, pour introduire le cheval dans la ville. Les soldats qui y étoient renfermés, en sortent pendant la nuit, mettent le feu dans plusieurs quartiers. L’armée revient sur ses pas, entre par la brèche, et met tout à feu et à sang.

Je vois, sans respecter âge, sexe, ni rang,
Les Grecs presser le meurtre, et nâger dans le sang ;
Et la flamme, par-tout avide à se répandre,
Dévorer nos palais, et laisser Troie en cendre.
Th. Corneille.

Les Troyens se défendent en désespérés, et ne cèdent qu’au nombre qui les accable. Pyrrhus exerce des cruautés inouies. Il pénètre au palais de Priam ; immole ce prince avec toute sa famille, au pied d’un autel où il s’étoit réfugié :

L’indigne mort d’un père excitant mon courroux,
Je pars, je viens à Troie : elle cède à mes coups.
Alors, il t’en souvient, pour venger ma patrie,
Dans le palais forcé quelle fut ma furie !
Tu vis à quel excès j’en poussai les transports.
Je courois à travers et la flamme et les morts.
J’arrive, tout sanglant, aux lieux où Polixène
Attendoit le moment de sa perte certaine.
Là des femmes en foule, et sa mère et ses sceurc
Embrassoient un autel arrosé de leurs pleurs.
De la Fosse.

On regardoit Polixène comme la cause de la mort d’Achille. Pyrrhus l’immola sur le tombeau que les Grecs avoient élevé à ce héros sur le promontoire de Sigée :

               Eh bien ! de votre père
Troie en cendres n’a point assouvi la colère…
Il faut à ce héros quelque chose de plus :
Mon sang… Tous les délais sont ici superflus.
Pour répondre à l’honneur que me fait tant d’estime,
Hâtons nos pas, allons lui livrer sa victime.
De la Fosse.

Andromaque, fille d’Eëtion, roi de Thèbes, épouse d’Hector, avoit caché son fils Astyanax dans le tombeau de ce héros. Ulysse l’en retira par adresse, et le fit précipiter du haut d’une tour. Pyrrhus emmena Andromaque en Epire et l’épousa.

Hélène, qui étoit la cause de cette guerre, se cacha dans le temple de Minerve, et regagna les bonnes graces de Ménélas, en lui livrant Déiphobe, fils de Priam, qu’elle avoit épousé après la mort de Pâris, tué par Pyrrhus dans un combat singulier.

Les Grecs ayant réduit en cendres la ville de Troie, après en avoir massacré tous les habitans, partagèrent entr’eux les dépouilles, et reprirent le chemin de leur patrie :

Ce ne fut qu’après dix années
D’épreuves et de travaux constans,
Que ces glorieux combattans
Triomphèrent des destinées ;
Et que loin des bords Phrygiens
Ils emmenèrent enchaînées
Les veuves des héros Troyens.
Rousseau.

Troie fut prise et saccagée l’an du monde 2070. On ne finiroit point, si l’on vouloit détailler toutes les circonstances de ce siége. Les Grecs en multiplièrent le nombre presqu’à l’infini, par l’intérêt qu’ils prenoient à la gloire de leur partie ; mais ils n’ont pu en dissimuler les malheurs. Eux-mêmes nous apprennent qu’il périt dans cette guerre huit cents quatre-vingt-six mille Grecs. Les Troyens avoient perdu six cens soixante-dix mille hommes avant la prise de leur ville. La flotte des vainqueurs vint donner contre le promontoire Capharée, voisin de l’isle d’Eubée ; et leurs vaisseaux y furent brisés, pour la plupart. Ce n’étoit que le présage des malheurs qui les attendoient, soit pendant leur navigation, soit à leur arrivée dans la Grèce. Le vieux Nestor fut le seul qui regagna heureusement ses Etats.

Agamemnon, entrant dans son palais en vainqueur, fut assassiné par Egisthe, que Clytemnestre avoit épousé pendant la guerre de Troie :

Agamemnon, vainqueur de tant de rois,
Revenoit triomphant jouir de ses exploits.
Egisthe, en son absence ayant séduit la reine,
De ses amours furtifs appréhendant la peine,
Au sein de ce grand roi, digne d’un sort plus beau,
Inspira Clytemnestre à porter le couteau ;
Prétextant, pour couvrir sa lâche perfidie,
Qu’elle vengeoit sur lui le sang d’Iphigénie.
La Grange-Chancel.

Oreste, fils d’Agamemnon, fut soustrait, encore enfant, à la fureur d’Egisthe et de Clytemnestre :

          Errant et malheureux,
De haïr une mère il eut le droit affreux.
Né pour souiller sa main du sang qui l’a fait naître,
Tel fut le sort d’Oreste, et son dessein peut-être.
Voltaire.

Electre, fille d’Agamemnon, qui avoit sauvé Oreste, traitée en esclave dans le palais de ses pères, traînoit des jours malheureux :

Esclave dans les lieux d’où le plus grand des rois
A l’univers entier sembloit donner des lois,
Qu’a fait aux dieux cruels sa malheureuse fille ?
Quel crime contre Electre arme enfin sa famille ?
Une mère en fureur la hait et la poursuit ;
Ou son frère n’est plus, ou le cruel la fuit.
Crébillon.

On la représente souvent accablée sous la tyrannie d’Egisthe, impatiente de ne point voir Oreste, et cherchant toujours à venger la mort de son père ;

C’est peu qu’en d’autres mains la perfide ait remis
Le sceptre qu’après toi devoit porter ton fils ;
Et que, dans mes malheurs, Egisthe qui me brave,
Sans respect, sans pitié, traite Electre en esclave.
……………………………………………………
……………………………………………………
Favorisez, grands dieux, un si juste courroux.
Electre vous implore, et s’abandonne à vous.
Pour punir les forfaits d’une race funeste,
J’ai compté trop long-tems sur le retour d’Oreste,
Crébillon.

Oreste échappe aux recherches que fait Egisthe pour le perdre, arrive enfin à Argos, et venge la mort d’Agamemnon, en tuant Egisthe et Clytemnestre. Aussi-tôt il tombe dans des accès de fureur, pendant lesquels il s’imagine voir l’ombre de sa mère accompagnée de Furies :

Mais quelle épaisse nuit tout â-coup m’environne ?
De quel côté sortir ? d’où vient que je frissonne !
Quelle horreur me saisit ? Grace au ciel, j’entrevoi…
Dieux ! quels ruisseaux de sang coulent autour de moi !
……………………………………………………
……………………………………………………
Hé bien, filles d’enfer, vos mains sont-elles prêtes ?
Pour qui sont ces serpens qui siflent sur vos têtes ?
A qui destinez-vous l’appareil qui vous suit ?
Venez-vous m’enlever dans l’éternelle nuit ?
Venez ; à vos fureurs Oreste s’abandonne.
Racine.

Oreste consulta l’Oracle, qui lut ordonna d’aller dans la Tauride. Il s’y rendit avec Pilade, son ami fidèle. Tous deux furent arrêtés par l’ordre de Thoas, roi de cette contrée, qui faisoit immoler à Diane les étrangers qui abordoient dans ses Etats.

J’appris que, pour venger le trépas de son père,
Ayant trempé ses mains dans le sang de sa mère,
Tourmenté, déchiré de ce crime odieux,
Egalement haï des hommes et des dieux,
Il en traînoit par-tout l’idée épouvantable ;
Et que, pour expier ce meurtre détestable,
Avec un seul vaisseau, guidé par sa fureur,
Au sein de vos Etats, au fond de votre cœur,
Portant au sacrilège une main résolue,
Il venoit de Diane enlever la statue.
La Grange-Chancel.

Oreste étoit le seul dont Thoas désirât la mort. Pilade voulut mourir en sa place : ils se disputèrent long-tems la gloire de sauver la vie à un ami. Iphigénie reconnut son frère, au moment qu’elle alloit l’immoler :

Armons-nous d’une noble et sainte confiance ;
L’image de Diane est en votre puissance :
Pour expier l’horreur dont mon nom est taché,
A son enlèvement mon sort est attaché ;
Livrez-la moi. Comblés de gloire et d’alégresse,
Prenant heureusement les chemins de la Grèce,
Où mon crime par-là doit enfin s’effacer,
Ma sœur, parmi nos dieux nous irons la placer.
La Grange-Chancel.

Oreste et Pilade tuèrent Thoas, pour le punir de ses cruautés ; enlevèrent la statue de Diane, et revinrent dans la Grèce avec Iphigénie. Tel fut le terme des malheurs qui affligèrent la famille d’Agamemnon.

Idoménée, roi de Crète, fut assailli d’une horrible tempête en revenant du siège de Troie. Pour échapper au naufrage, il implora le secours de Neptune, et promit avec serment de lui immoler le premier de ses sujets qu’il rencontreroit dans son isle :

Sauve des malheureux si voisins du naufrage,
Dieu puissant ! m’écriai-je, et rends-nous au rivage.
Le premier des sujets rencontré par son roi,
A Neptune immolé satisfera pour moi……
Mon sacrilège vœu rendit le calme à l’onde ;
Mais rien ne put le rendre à ma douleur profonde ;
Et, l’effroi succédant à mes premiers transports,
Je me sentis glacer en revoyant ces bords.
Je les trouvai déserts, tout avoit fui l’orage.
Un seul homme alarmé parcouroit le rivage :
Il sembloit de ses pleurs mouiller quelques débris.
J’en approche en tremblant… hélas ! c’etoit mon fils.
A ce recit fatal, tu devines le reste.
Je demeurai sans force à cet objet funeste ;
Et mon malheureux fils eut le tems de voler
Dans les bras du cruel qui devoit l’immoler.
Crébillon.

Idoménée immola son fils à Neptune ; et les dieux punirent cet attentat par une peste cruelle, qui ravagea la Crète jusqu’au tems où son roi se retira dans la Calabre, et y fonda un nouvel empire.

Ulysse erra pendant dix ans sur toutes les mers, et n’échappa aux dangers qu’il courut, que par la protection de Minerve, qui l’accompagnoit par-tout :

Lorsqu’à l’époux de Pénélope
Minerve accorde son secours,
Les Lestrigons et le Cyclope
Ont beau s’armer contre ses jours :
Aidé de cette intelligence,
Il triomphe de la vengeance
De Neptune en vain courroucé ;
Par elle il brave les caresses
Des Syrènes enchanteresses,
Et les breuvages de Circé.
Rousseau.

Les Lestrigons étoient un peuple de Cyclopes : ils firent périr tous les vaisseaux d’Ulysse, excepté celui qu’il montoit. Après avoir évité Carybde et Scylla, il tomba entre les mains de Poliphême, qui l’enferma dans un antre avec ses compagnons, afin de les dévorer. Ce Cyclope, fils de Neptune et de Thoosa, étoit si grand, que l’eau de la mer ne lui venoit qu’à la ceinture. Ulysse l’enivra, en l’amusant par le récit du siège de Troie, et lui creva avec un gros pieu le seul œil qu’il avoit au milieu du front. Il dit à ses compagnons de s’attacher sous les moutons que Poliphême conduisoit paître sur les bords de la mer : ils sortirent ainsi de la caverne, et s’embarquèrent. Ulysse n’avoit pas couru de moindres dangers dans l’isle de Circé, où il avoit fait naufrage. Cette magicienne étoit fille du Soleil et de la Lune ;

                 J’ai le Soleil pour père,
             Et je tiens de lui ce grand art
             Qui, dans tous les lieux qu’il éclaire,
Aux honneurs de son rang me donne tant de part.
Th. Corneille.

Circé, pour retenir Ulysse, changea ses compagnons en bêtes sauvages, par le moyen d’un breuvage qu’elle leur présenta. Minerve fit connoître à Ulysse une plante dont il se servit pour finir cette métamorphose, et remonta aussi-tôt sur ses vaisseaux. Circé eut en vain recours à son art :

Dans le sein de la mort ses noirs enchantemens
            Vont troubler le repos des ombres ;
Les mânes effrayés quittent leurs monumens :
L’air retentit au loin de leurs longs hurlemens ;
Et les vents échappés de leurs cavernes sombres,
Mêlent à leurs clameurs d’horribles siflemens.
Rousseau.

Ulysse fit naufrage, et aborda dans l’isle de Calypso. Cette nymphe mit tout en usage pour le retenir, et lui promit de le rendre immortel :

Pour fixer le volage Ulysse,
Jouet de Neptune irrité,
En vain Calypso plus propice,
Lui promet l’immortalité :
Peu touché d’une isle charmante,
A Pluton, malgré son amante,
De ses jours il soumet le fil ;
Aimant mieux dans sa cour déserte
Descendre au tombeau de Laërte,
Qu’être immortel dans un exil.
Gresset.

Pendant qu’Ulysse Iuttoit contre le Sort qui lui fermoit l’entrée de sa patrie, Pénélope, son épouse, avoit à se délivrer des importunités de plusieurs princes qui vouloient l’épouser, et prétendoient que le roi d’Ithaque avoit péri dans la ruine de Troie. Pénélope promettoit de se décider quand elle auroit achevé une toile qu’elle travailloit. Elle défaisoit la nuit ce qu’elle en avoit fait pendant le jour : de-là vient que, pour désigner un ouvrage fort long à finir, on l’appelle l’ouvrage de Pénélope. On regarde cette reine comme la femme la plus vertueuse de la Grèce, et même de l’antiquité fabuleuse :

Ulysse, après vingt ans d’absence,
De disgraces et de travaux,
Dans le pays de sa naissance
Vit finir le cours de ses maux.
Rousseau.

Il arriva enfin à Ithaque, ou il vécut peu de tems heureux. Il remit ses Etats à son fils Télémaque, et périt par la main de Télégone, qu’il avoit eu de Circé. Ainsi s’accomplit l’Oracle qui lui avoit prédit qu’il tomberoit sous les coups de son fils.

La destinée des Troyens fut, dans un sens, moins funeste que celle des Grecs. Enée, prince du sang royal, fils d’Anchise et de la déesse Vénus, échappa à la ruine de Troie, par les ordres et avec le secours de sa mère. Il chargea son père sur ses épaules, prit son fils Iüle, ou Ascagne, par la main, et emporta les dieux tutélaires de sa patrie. Il étoit destiné à fonder un Empire qui s’étendroit d’abord sur les vainqueurs des Troyens, et embrasseroit toute la terre. Il rassemble tous ceux qui avoient échappé à la fureur des Grecs, et s’embarque avec eux ; erre pendant sept ans de mers en mers, exposé aux effets de la haine que Junon conservoit encore contre le nom Troyen. Ce prince vertueux appaise la colère de la reine des dieux ; aborde à Carthage, dans le tems que Didon, fille de Methrès ou Bélus, roi de Tyr, en bâtissoit les murs. Il y est retenu pendant quelque tems, quitte cette contrée par l’ordre de Jupiter. Didon en est au désespoir ; elle se perce d’un poignard, et expire, après avoir demandé aux dieux qu’une haine implacable divise Rome et Carthage. Enée aborde en Iralie, soutient la guerre contre Turnus, roi des Rutules, et le tue dans un combat. Il épouse Lavinie, fille de Latinus, roi du pays Latin, fonde l’Empire Romain ; et, après sa mort, il est enlevé au ciel par Vénus. On l’honoroit à Rome sous le nom de Jupiter Indigètes.

C’est ainsi que les poëtes nous conduisent, par la Fable, jusqu’au tems où l’Histoire commence à se fixer par l’époque de la fondation de Rome.

Quelque fabuleuses que paroissent toutes les histoires répandues dans la Mythologie, on y découvre cependant beaucoup de choses véritables, et des allégories très-propres à former le cœur et à orner l’esprit.

Quand les poëtes ont feint que le Ciel étoit le père de Saturne ou du Tems, ils prétendoient exprimer ce mouvement des cieux, annuel et journalier, qui règle l’espace des jours, des mois, des années et des siècles. Comme la rapidité du tems égale son ancienneté, et qu’il détruit l’ouvrage qu’il a produit, ils ont représenté Saturne sous la figure d’un vieillard qui porte une faulx et des.aîles, et qui dévore ses enfans. Prométhée avoir humanisé un peuple grossier et accoutumé à une vie sauvage ; ce qui est, pour ainsi dire, donner une ame à des corps brutes et informes. On dit qu’Atlas portoit le ciel sur ses épaules, parce qu’il montoit souvent sur un lieu élevé pour y observer les astres. On donne des aîles à Dédale, à l’aide desquelles il fend les airs, et s’échappe d’un labyrinthe, parce qu’il avoit trouvé le moyen de faire aller les vaisseaux à la voile ; et on fait tomber dans la mer Icare, qui voloit trop haut, afin de marquer l’indiscrétion de la jeunesse, trop présomptueuse, en général, pour garder un juste milieu. Les avares sont représentés dans Tantale ; les cruels dans Lycaon, etc. Les vices sont presque toujours punis. Tout ce que l’on peut trouver de repréhensible dans la morale et dans les dieux du Paganisme, doit servir à mettre sous les yeux les précipices affreux où l’on tombe quand on perd de vue les lumières de la raison, et quand on s’écarte des principes que l’Auteur de la Nature a gravés dans le cœur de tous les hommes.

Table des noms et des matières propre à servir de dictionnaire poétique. §

A §

Abondance, (corne d’) page 28

Absirthe, frère de Médée, mis en pièces par sa sœur, 153

Abyla, une des colonnes d’Hercule, 135

Acheloüs, fleuve vaincu par Hercule, 138

Achéron, fleuve des enfers, 104-105

Achille, fils de Thétis et de Pelée, est rendu invulnérable, 173

Est élevé par le centaure Chiron, 89

Préfère la gloire aux années, 174

Est caché par sa mère, et découvert par Ulysse, 175

Se brouille avec Agamemnon, 181

Tue Hector, 181

Veut épouser Polixène, et périt par la main de Paris, ibid.

Les Grecs lui élèvent un tombeau, sur lequel Polixène est immolée, 185

A quel titre il étoit placé au rang des dieux, 11

Il a été chanté par Homère, 12

Acris, roi d’Argos, père de Danaé, 33-128

Acris est tué par Persée, 129

Actéon, changé en cerf par Diane, 57

Admete, roi de Thessalie, époux d’Alceste, 136

Ses troupeaux sont gardés par Apollon, 40-71

Adonis, chasseur, 73

Adrastée, 118. Voyez Némésis.

Aëllo, une des Harpies, 91

Aëte, reçoit la Toison d’or, 151

Elle lui est enlevée, 153

Agamemnon, fils de Plistène, petit-fils d’Atrée, 171

Epoux de Clytemnestre, 148

Cruels étoient ses ancêtres, 168

Est déclaré chef de l’armée des Grecs, ibid.

Sacrifie sa fille Iphigénie, 180

Se brouille avec Achille, ibid.

Est assassiné par Egisthe et Clytemnestre, 186

Sa mort est vengée par Oreste, 188

Age d’or, 22-25-26-27

Astrée en faisoit le bonheur, 116

Age d’argent, 23

Age d’airain, 24

Age de fer, 25

Ages, (les quatre) 22

Agénor, roi de Phénicie, 34

Père de Cadmus et d’Europe, 159

Aglaïe, une des trois Graces, 76

Aigle, de Jupiter, 36

Ce dieu en prend la forme, 34

Ailes, du tems, 21

De Mercure, 69-71-72

De Cupidon, 76

De Psyché, ibid.

De Dédale et d’Icare, 143-196

Air, père d’Echo, 125

Ajax, fils d’Oïlée, 176

Ajax, fils de Télamon, ibid.

Alceste, se dévoue à la mort pour Admète, 136

Est retiré des enfers par Hercule, 137

Alcide, nom donné à Hercule, 131-134

Alcmène, trompée par Jupiter, 35

Epouse d’Amphitrion, et mère d’Hercule, 130

Alcyone, fille d’Eole, 94

Alcyons, oiseaux qui font leur nid sur la mer, ibid.

Alecton, une des Furies, 103

Alectrion, écuyer de Mars, 85

Alexandre, fils de Priam, 179. Voyez Pâris.

Alexandre le Grand, roi de Macédoine. Le temple d’Ephèse est brûlé le jour même de sa naissance, 61

Au sac de Thèbes, il épargne la maison de Pindare, 160

Alexandrie, description du Phare, l’une des sept merveilles du monde, 63

Aoléüs, envoie ses fils à la guerre des géans, 29

Aloïdes, géans célèbres, 29-30

Aloüs, ses fils emprisonnent Mars, 85

Alphée, chargé en fleuve par Diane, 58

Altée, reine de Calidon, se rend odieuse à Diane, ibid.

Fait périr Méléagre, 59

Se tue elle-même, 60

Amalthée, nom de la chèvre qui allaita Jupiter, 28

Elle est placée au ciel, ibid.

Au nombre des signes du Zodiaque, 89

Sa peau couvre l’égide de Pallas, 82

Amathonte, 74

Amazones, femmes guerrières, vaincues par Hercule, 133

Par Bellérophon, 150

Par Thésée et Pirithoüs, 145

Ambre, larmes des Héliades, 44

Ambroisie, nourriture des dieux, 34

Ammon, nom que les Egyptiens donnent à Jupiter, 36

Amour, fils de Vénus, 73-76. Voyez Cupidon.

Amour fraternel, 147-148

Amphion, fils de Jupiter et d’Anthiope, 13-33

Musicien célèbre, 160

Amphitrite, mise au rang des dieux, 11

Epouse de Neptune, 90

Comment on la représente, 91

Amphitrion, époux d’Alcmène, 35-130

Anchise, prince Troyen, 73

Père d’Enée, 194

Androgé, fils de Minos, 142

Andromaque, épouse d’Hector, 185

Andromède, délivrée par Persée, 129

Changée en constellation, ibid.

Antée, puni par Hercule, 135

Anthiope, mère d’Amphion, 33-168

Antigone, fille d’Œdipe, 165

Antre habité par l’Envie, 119

Par Cacus, 134

Apollon, fils de Jupiter et de Latone, 40

Mis au rang des dieux, 11

Père d’Orphée, 157

Dieu des bergers, 40

Bâtit les murs de Troie, 41

Se venge de Laomédon, ibid.

Conduit le char du Soleil, 41

En confie la conduite à Phaéton, 43

Est surnommé Phébus, et Pére du jour, 41

Considéré comme le dieu de la Poésie, de la Musique et des beaux Arts, 44

Emblème de l’enthousiasme poëtique, 13

Dieu des poëtes, 44

— De la poésie, 43

— — Des Oracles, 46

Chef et maître des Muses, 43

Rassemble en lui seul tous les talens, 49

Change la nymphe Castalie en fontaine, 45

Poursuit Daphné, 48

Se venge de Laomédon, 41

Punit le satyre Marsyas, 49

— — Et le roi Midas, ibid.

Fait vivre Nestor pendant trois âges d’hommes, 172

Apollon est volé par Mercure, 71

Lieux fameux par ces oracles, 46

Ses temples, ibid.

Pourquoi le laurier lui étoit-il consacré ? 48

Comment est-il représenté ? 41-44

Apothéose, 105

Arbres qui rendoient des oracles, 48

Arc de Cupidon, 76

Arc-en-ciel, 39-40

Arcadie, 123

Arcadiens, honorent particulièrement le dieu Pan, ibid.

Arcas, fils de Jupiter et de Calisto, 35

Mis à mort par Lycaon, 171

Aréthuse, nymphe changée en fontaine, 99

Argo, nom dn vaisseau que montoient les Argonautes, 152

Argonautes, troupe de héros qui firent la conquête de la Toison d’or, ibid.

Célèbres dans l’histoire de la Fable, 12

Argos, ville du royaume de la Grèce, 148

Argus, surveillant de Jupiter, 37

Garde Io, ibid.

Est endormi, tué par Mercure, est changé en Paon, 38

Ariadne, fille de Minos, 143

Aricie, fille de Pallante, 130

Arion, musicien célèbre, 161

Arrêt du Sort ou du Destin, 17-18-19

Des trois Juges des Enfers, 107

Artémise, épouse de Mausole, 61

Ascagne, fils d’Enée, 194

Ascalaphe, fille de la Nuit et de l’Achéron, 99

Asope, père de Platée, 37

Assaracus, prince Troyen, 178

Astrée, ou la Justice, 116

Emblème de l’Age d’or, 13

Déesse de la Paix, 116

Sa balance est placée au ciel, 89

Astres, 54-55

Astronomie, la déesse qui y préside, 54

Astyanax, fils d’Hector, 185

Atalante, épouse de Méléagre, 59

Athamas, fils d’Eole, 151

Epoux d’Ino, 96

Objet de la haine de Junon, ibid.

Possesseur du bélier qui portoit la Toison d’or, 151-152.

Athènes, son origine et sa gloire, 81

Athéniens, punis par Minos, 141

Atlas, observoit les astres, 195

Est changée en rocher, 128

Hercule soutient le ciel en sa place, 134

Atrée, aïeul d’Agamemnon, 148

Sa haine contre Thyeste, 169-170

Atrides, nom que l’on donne à Agamemnon et à Ménélas, 171

Atropos, une des trois Parques, 108

Attributs des Muses, 51 à 56

De Momus, 114

Augias, roi d’Elide, 134

Aulide, ville de Béotie ; l’armée des Grecs s’y rassemble, 180

Autel de Diane, en Tauride, 60

Automne, dieu qui préside à cette saison, 113

Avares, représentés dans Tantale, 196

Aviron, attribut du Tems, 21

B §

Babylone, ses murs et ses jardins, 63

Bacchanales, fêtes en l’honneur de Bacchus, 68

Bacchantes, prêtresses de Baccbus, ibid.

Elles mettent en pièces Orphée, 159

Bacchus, fils de Jupiter et de Sémélé, 65

Mis au rang des dieux, 11

Sa naissance, 65-66

Reste seul dans le ciel avec Jupiter, 29

Ses conquêtes ; son courage pendant la guerre des géans, 66-67

Présent funeste qu’il fait à Midas, 49

Vengeance qu’il tire de Lycurgue et de Penthée, 69

Les sacrifices qu’on lui faisoit, 68

Ses fêtes étoient célèbres, ibid.

Comment on le représente, 67

Baguette de Mercure, 71

Balance de Thémis, 116

Signe du Zodiaque, 88

Bandeau de Thémis, 116

De Cupidon, 76

Barque de Caron, 104

Battus, changée en pierre de touche, 71

Beauté, déesse qui y préside, 71

Bel, 102. Voyez Bélus.

Bélides, nom donné aux Danaïdes, 102

Bélier, sous la forme duquel les Egyptiens adoroient Jupiter, 36

Bélier, qui portoit la Toison d’or, 151

Bélier, signe du Zodiaque, 88

Bellérophon, combat la Chimère, 149

Triomphe des Amazonnes et des Solimes ; épouse Philoné, 150

Bélus, empereur des Assyriens, 9

Bélus, roi de Tyr, père de Didon, 194

Bélus, père de Danaüs, 102

Bellone, déesse de la Guerre, 82

Emblème du courage, 13

Comment on la représente, 82

Bergers, chargés d’élever Neptune, 90

Pourquoi Apollon est leur dieu, 40

Biche aux pieds d’airain, 13

Biche, substituée à la place d’Iphigénie, 180

Bident, sceptre de Pluton, 100

Boîte de Pandore, 32

Bootes, constellation, 35

Bouc, immolé à Bacchus, 68

Bouclier de Minerve, sa vertu, 130

De Pallas, 82

Brennus, sa défaite, 122

Briarée, l’un des Titans, 29

Briséis, captive d’Achille, 181

Brisès, prêtre de Jupiter, ibid.

Brodequins, 52

Bûcher d’Hercule, 139

Bûcher d’Etéocle et de Polinice, 167

Busiris, roi d’Egypte, puni par Hercule, 133

C §

Cacus, tué par Hercule, 134

Cadmus, père d’Ino, 96

Frère d’Europe, 159

Cherche sa sœur Europe, 159 ; bâtit la ville de Thèbes, délivre Hermione, 160

t l’épouse, ibid.

Cadmus, père de Sémelé, 65

A quel titre il étoit placé parmi les dieux, 11

Caducée, son origine, 71

Son usage, ibid.

Calchas, fameux devin, 180

Calysto, mère d’Aicas, 171

Nymphe de Diane, 35

Sa métamorphose, 35-171

Calliope, une des neuf Muses, 49-51

Comment on la représente, 51

Calomnie, honorée comme une divinité, 11

Calpé, une des colonnes d’Hercule, 135

Calydon, 60-138

Calypso, nymphe, 191

Capharée, promontoire, 186

Capricorne, signe du Zodiaque, 89

Caron, son emploi aux Enfers, 104

— Il reçoit dans sa barque Hercule vivant, 137

Et Orphée, 158

Carthage, bâtie par Didon, 194

Carybde, punie par Hercule et changée en monstre, 96

Goufre voisin de la Sicile, 95

Ulysse l’évite, ibid.

Cassiope, punie par Junon, 129

Changée par Jupiter en constellation, ibid.

Castalie, nymphe changée en fontaine, 45

Castor, fils de Tindare et de Léda, 34-147

Reprend sa sœur Hélène, 145

Est changé en astre, 148

Mis au nombre des signes du Zodiaque, 88

Placé au ciel avec son frère, 149

Dont il partage l’immortalité, 148

A quel titre il est au rang des dieux, 11

Caucase, mont célèbre, sur lequel Prométhée fut enchaîné, 31

Cecrops, fondateur d’Athènes, 81

Ceinture de Vénus, 73-74

Celæno, une des Harpies, 91

Centaure Chiron, 40

Un des signes du Zodiaque, 89

Centaure Nessus, 138

Centaures, défaits par Thésée, 140

Céphée, roi d’Egypte, père d’Andromède, 129

Céphise, père de Narcisse, 125

Cerbère, chien à trois têtes, 100

Gardien des enfers, 106

Dévore Pirithoüs, 145

Est enchaîné par Hercule, 106

Cercyon, fameux brigand, 141

Cérès, fille de Saturne et de Cibèle, 112

Cérès, mère de Plutus, 110

Perd sa fille Proserpine, 113

La cherche par toute la terre, et la trouve aux enfers, 98-113

Cérès, comment on la représente, 133

Ceyx, époux d’Alcyone, 94

Champs Elysées, 109. Voyez Elysée.

Chaos, ce qu’il étoit, 17-18

Les poëtes le font père du Destin, 17

Les Poëtes le font père de l’Erèbe et de la Nuit, 106

Char du Soleil, 31-42

Chaste Diane, 57

Chastes Sœurs, Filles de Mémoire, etc. noms que l’on donne aux Muses, 50

Chersonèse-Taurique, 180

Chêne, consacré à Jupiter, 36

Cheval de bois, 183

Chevaux du char du Soleil, 42

Chevaux marins, 91

Cheveux d’or de Ptérélaüs, 130

Chèvre Amalthée, 28

Un des signes du Zodiaque, 89

Chien à trois têtes, 106-134

Chimère, monstre vaincue par Bellérophon, 149-150

Chiron le centaure, 40

Nourrit Achille, 89

Un des signes du Zodiaque, 89

Chypre, isle consacrée à Vénus, 74

Ciel, confondu dans le chaos, 16

Le père et le plus ancien des dieux, 19

Leur assigne des places, 19-87-88

Ciel, il est appelé l’Olympe, 57

On y place les dieux du premier ordre, 10

Ciel céleste poétique, 86

Circé, fameuse magicienne, change Scylla en monstre, 95

Ulysse évite ses enchantemens, 192

Ciseaux des Parques, 108

Claras, ville d’Ionie, 46

Climène, mère de Phaéton, 41-43

Climène, mère d’Atlas, 129

Climène, mère de Prométhée, 31

Clio, une des neuf Muses, 49-55

Mère d’Orphée, 157

Comment on la représente, 55

Cloris, mère de Nestor, 172

Clotho, une des trois Parques, 108

Clytemnestre, fille de Léda, 34-148

Epouse d’Agamemnon, qu’elle assassine, 148-186

Cocyte, fleuve des enfers, 104-105

Colchide, 88

Colombes, consacrées à Vénus, 74

Colonnes d’Hercule, 135

Colosse de Rhodes, une des sept merveilles du monde, 61

Combat singulier d’Etéocle et de Polinice, 166-167

Combats, la déesse qui y préside, 82

Comédie, la déesse qui y préside, 52

Comète, fille de Ptérilaüs, 130

Commerce, le dieu qui y préside, 70

Comus, dieu des festins, 114

Conque marine, trompette des Tritons, 91

Constellations, 28-88-129

Coq, consacré à Mars, 85

Corne d’Abondance, 28

Corybantes, 29

Cothurne, 52

Couleuvres des Furies, 103

Coupe d’Atrée, 170

Couronne de laurier, 44

Récompense de poëtes, 48

Créon, roi de Corinthe, 155

Crète, isle célèbre, Jupiter y est élevé, 27

Elle est ravagée par la peste, 190

Creüse, épouse de Jason, 155

Croissant de Diane, 57

Cupidon, 73-74

Fils de Vénus et de Mars, 76

Description de son temple, 77

Son caractère, 76

Comment on le représente, ibid.

Culte qu’on lui rend, 77

Cyanée, nymphe changée en ruisseau, 99

Cybèle, 26-27

Mise au rang des dieux, 11

Sauve Jupiter, 20

Et Neptune, 90

Elle est distinguée de Cérès, 112

Comment on la représente, 26

Cyclopes, forgerons de Vulcain, 78

Tués par Apollon, 40

Cygne, Jupiter en prend la forme, 34

Cygnes consacrés à Vénus, 74

Cygnus, ami de Phaéton, 44

Cypris, nom donné à Vénus, 72

Cyrianesse, punie par Junon, 39

Cyrrha, ville de la Phocide, 46

Cythère, isle consacrée à Vénus, 74

Cythéron, mont célèbre, 71-162

D §

Danaé, 33

Mère de Persée, 128

Danaïdes, filles de Danaüs, 158

Leur supplice aux Enfers, 101-102

Danaüs, roi d’Argos, 102

Danse, la déesse qui y préside, 55

Daphné, sa métamorphose, 48

Dardanus, fondateur de Troie, 177

Dauphin, attiré par les sons de la lyre d’Arion, 161

Dédale, 143

Avoit trouvé le moyen de faire aller les vaisseaux à la voile, 196

Déesse de Mémoire, 49-55. De la sagesse, 79. Aux cent voix, 117. Des beaux Arts, 79. Des combats, 81. Des chasseurs, 57. De la vengeance, 117

Déesse des Eaux, 92. Des forêts, 92. Du sacré vallon, nom donné aux Muses, 50

Déïdamie, épouse d’Achille, 175

Mère de Pyrrhus, 183

Déioné, beau-père d’Ixion, 101

Deiphobe, fils de Priam, 179

Epouse Hélène, 148

Est livré à Ménélas, 185

Déjanire, épouse Hercule, 138

Lui cause la mort, 139

Delos, isle rendue stable, 40

Lieu de la naissance d’Apollon et de Diane, 40-46

Célèbre par les oracles d’Apollon, 46

Delphes, (les Oracles de) ibid.

Le temple est pillé par les Gaulois, 123

Déluge de Deucalion, 47

Demi-Dieux, 10-128

Ce qu’ils étoient, 11

Dés, (jeux de) 176

Destin, son origine, 17-18

Combien les dieux lui sont soumis, 99

Comment on le représente, 17

Description de son Temple, 18

Deucalion, 47

Diane, sa naissance, 40

Est mise au rang des dieux, 11

Sous quels rapports les poëtes la distinguent, 56

Elle préside à la chasse, 57

Se venge d’Altée ; punit Actéon, ibid.

Orion, 89

Des Nymphes, des chasseurs, etc. 58

Diane, comment on l’honoroit à Calydon, à Patras, à Magnésie, à Athènes, à Ephèse, 60

— — En Tauride, 60-188

Elle sauve Thésée, 147

Tue le géant Tithius, 101

Diane, transporte Hippolyte en Italie, 147

Et Iphigénie dans la Chersonése-Taurique, 180

Sa statue est enlevée par Oreste et Pilade, 189

Comment elle est représentée, 57

Didon, reine de Carthage, 194

Dieu, qui préside à la nuit éternelle, 106

Dieu qui préside aux mines d’or et d’argent, 110

Dieu du premier ordre, 10-16

Du second ordre, 10-112

Le rang qu’ils tenoient sur la terre, dans la mer et aux enfers, 11

Leur nombre, la différence mise entr’eux, 10-87

Ils quittent le ciel, 29

Habitent la terre, 15-19

Sont indignés contre Jupiter, 32

Font leurs présens à Pandore, ibid.

Se partagent en faveur des Grecs et des Troyens, 177

Dieux domestiques, 126

Dieux Termes, ibid.

Dimas, père d’Hécube, 179

Diomède, roi de Thrace, 133

Diomède, se distingue au siège de Troie, 176

Blesse le dieu Mars, 86

Enlève le Palladium, 83-183

Dioné, nymphe qu’on dit être la mère de Vénus, 72

Discorde, honorée comme une divinité, 11

Son caractère et son portrait, 120

Elle régnoit sur le chaos, 16

Elle jette la pomme d’or destinée à la plus belle, 74--75

Divinités, célestes, 16. Terrestres, 112. Maritimes, 90-91-97. Infernales, 97

Champêtres, 121

Allégoriques, 17-21-112-121

Doctes Fées, doctes Sœurs, noms donnés aux Muses, 50

Dodone, forêt célèbre, dont les arbres rendoient des oracles, 48

Doris, fille de l’Océan, épouse de Nérée, et mère des Nymphes, 90-92

Dragon, qui gardoit la Toison d’or, 151-152-153-157

Qui dévore les compagnons de Cadmus, 160

Dryades, nymphes des campagnes, 92-124

E §

Eaque, l’un des trois Juges aux Enfers, 107-108

Echanson de Jupiter, 34

Echecs, (jeu d’), 176

Echo, nymphe, 14-124

Ecrevisse, un des signes du Zodiaque, 88

Ecuries d’Augias, 134

Eétion, père d’Andromaque, 183

Egée, roi d’Athènes, père de Thésée, 139

Se précipite dans la mer, 144

Egée, (la mer), 46

Egéon, un des Titans, 29

Egide, bouclier de Pallas, 82

La tête de Méduse y est attachée, ibid.

Egine, mère d’Eaque, 107

Egire, mère de Rhadamante, ibid.

Egisthe, épouse Clytemnestre, 148

Assassine Aganiemnon, 186

En est puni, 188

Egypte, sert de retraite aux dieux, 29

Ses pyramides, 64

Egyptus, oncle des Danaïdes, 101

Electre, mère de Dardanus, 177

Electre, fille d’Agamemnon, 148-172

Ses malheurs, 187-188

Electrion, père d’Alcmène, 130

Elémens, confondus dans le chaos, 16

Eloquence, le dieu qui y préside, 70

La déesse qui y préside, 51

Elysée, séjour des hommes vertueux après leur mort, 109-110

Il est sous l’empire de Pluton, 100

Empire de Pluton, ibid.

Encélade, un des Titans, 49

Enchantemens, de Médée, 153-154

De Circé, 192

Endymion, 57

Enée, fils de Vénus, 73

Sa piété envers les dieux, 126

Sauve les divinités tutélaires de sa patrie, 127

Perd ses vaisseaux, 15

Echappe à la ruine de Troie, et aborde en Italie, 194

Enéide, poëme de Virgile, 51

Enfers, 98

Quels dieux y tiennent le premier rang, 11

Enigme proposée par le Sphinx, 163

Devinée par Œdipe, ibid.

Enthousiasme poétique ; à quoi on l’attribue, 44-45

Envie, honorée comme une divinité, 11

Son portrait, 120. Sa demeure, ibid.

Comment on la représente, 119

Eole, dieu marin, 93. Dieu des vents, ibid.

Ecarte les Troyens de l’Italie, 14

Comment on le représente, 94

Eole, roi de Thèbes, père d’Athamas, 151

Eolie, demeure des Vents, 14

Eoüs, un des chevaux du Soleil, 42

Epaphus, fils de Jupiter et d’Io, sa querelle avec Phaéton, ibid.

Epée de Thémis, 116

Ephèse, célèbre par le temple de Diane, 60

Description de ce temple, ibid.

Ephialte, géant célèbre, fils d’Aloëus, 29

Epidaure, (le géant d’) ville du Péloponèse, 141

Epire, 48

Epiméthée, frère de Prométhée, 32

Erato, une des neuf muses, 50-53

Comment on la représente, 53

Erébe, fils du Chaos et de la Nuit, 106

Père de Caron, 104

Et de Morphée, 115

Erèbe, ce qu’il est en effet, 106-107-109

Comment on le représente, 115

Erectée, oncle des Pallantides, 139-140

Erictonius, roi de Troie, 178

Eridan, fleuve d’Italie, 43

Erigone, fille d’Icarius, 89

Erimante, mont célèbre, 133

Erope, épouse d’Atrée, 169

Erostrate brûle le temple d’Ephèse, 61

Esculape, fils d’Apollon, 40

Apprend la médecine du centaure Chiron, 89

Rend la vie à Hyppolite, 40-147

Eson, rajeuni par Médée, 154

Espérance, restée dans la boîte de Pandore, 32

Etéocle, fils d’Œdipe, 165

Refuse de céder le trône à son frère ; lui fait la guerre, 166

Et périt, 167

Ethna, montagne qui vomit des tourbillons de feu, 30

Vulcain y établit ses forges, 78. Ciré y place deux flambeaux, 113

Ethon, un des chevaux du soleil, 42

Etoiles, leurs noms sont pour la plupart empruntés de la Fable, 86

Etolie, délivrée par Thésée, 141

Eumenides, 103-109. Voyez Furies.

Euphrosines, une des trois Graces, 75

Euridice, épouse d’Orphée, 158-159

Europe, enlevée par Jupiter, 34

Mère de Minos et de Rhadamanthe, 107

Une des quatre parties du monde, 34

Eurotas, fleuve célèbre, 41.

Euripide, poëte Grec, 168

Euryale, une des trois Gorgones, 128

Eurystée, frère d’Hercule, 131

En exige douze travaux, 132-133-134

Euryte, un des Titans, 29

Euterpe, une des neuf Muses, 50-54

Comment on la représente, 54

Evène, fleuve, 138

Evocations, 108-109

F §

Fable, son origine, 9

Etendue et perfectionnée par les poëes, 12

Elle seule embellit la poésie, 13-25

Et lui donne des graces, 13

L’usage que l’on en doit faire, 15

C’est d’elle qu’on a emprunté les noms de la plupart des étoiles, 86

Elle conduit jusqu’aux époques fixes de l’Histoire, 195

Utilité qu’elle procure, 195-196

Faulx, attribut du Temps, 21

Faune, Dieu des bois, 123

Comment on le représente, ibid.

Faunes, divinité champêres, 123-124

Favoris des Muses ; nom donné aux poëtes, 50

Festins, le dieu qui y préside, 114

Fées de Bacchus, 68

Feu perpétuel, consacré à Vesta, 27

Fidélité, honorée comme une divinité, 11

Fil d’Ariadne, 143

Filles de Mémoire, nom donné aux Muses, 50

Filles de l’Achéron, nom donné aux Parques, 59

Firmament, demeure des dieux, 20-86

Flambeau de la Discorde, 121

Flèches de Cupidon, 76

d’Hercule, 139

Fleuve d’oubli, 105

Fleuves des Enfers, 100-104-105

Floraux, Jeux en l’honneur de Flore, 113

Flore, déesse des fleurs, ibid.

Le rang qu’elle tenoit sur la terre, 12

Comment on la représente, 113

Flotte des Grecs composée de douze cents quatre-vingt-dix voiles, 180

Flûte, inventée par le dieu Pan, 122

De Pan, 15

D’Euterpe, 50-54

Forges de Vulcain, 78

Fortune (la), 117

Foudre, (la) de Jupiter, 36

Fourmis, changées en hommes, 107

Fraude, (la) honorée comme une divinité, 11

Fureur, (la) honorée comme une divinité, ibid.

Fureurs d’Oreste, 188

Furies, leur emploi aux Enfers, 103

Fuseau des Parques, 108

G §

Ganimède, fils de Tros, 178

Enlevé par Jupiter, 34-177

Un des signes du Zodiaque, 89

Gaulois, veulent piller le temple de Delphes, 122

Géants, fils de Titan et de la Terre, 28

Voyez Titans et Cyclopes.

Géans d’Epidaure, 141

Gémeaux, ou Jumeaux, 149

Signe du Zodiaque, 89

Génie, divinité, 127

Génies, blancs et noirs, ibid.

Gérion, roi d’Espagne, 133

Gibraltar, détroit qui joint la Méditerranée à l’Océan, 135

Glaucus, roi de Corinthe, père de Bellérophon, 149

Glaucus, pêcheur, changé en dieu marin, 93

Gnide, temple célèbre, 74

Gorgone, emblème des remords que cause le crime, 13

Gorgone, Méduse, 46

Gorgones, 109

Combattues par Persée, 128

Leurs noms, ibid.

Graces, filles de Vénus, 73

Leurs noms, 75

Graces, elles sont l’emblème des qualités aimables, 13

Et président à tous les arts d’agrément, 75

Sont admises à la table des dieux, 35

Et invoquées par les poëtes, 75

Grecs, apprennent à mettre de la différence entre les dieux, 10

Quelle étoit leur ambition, 81

Surprennent la ville de Troie, s’en rendent les maîtres, etc. 184

En partagent les dépouilles, 185

Quels étoient leurs chefs pendant cette guerre, 177

Guerre (la), honorée comme une divinité, 11

Son portrait, 24

Guerre de Troie, 168

Célèbre dans l’Histoire de la Fable, 11

Ses causes, 177

Ses succès, 185. Ses suites, 185

H §

Haine d’Atrée et deThyeste, 169-170

Ses effets dans Etéocle et Polinice, 165-166-167

Hamadryades, nymphes des forêts, 92

Harmonie ; on lui attribue l’ordre qui rène dans l’univers, 16-17

Harpies, Filles de Neptune et d’Amphitrite, 91

Harpocrate, nom donné au Silence, 115

Hébé, déesse de la jeunesse, 14-37-177

Hébé remplacée par Ganimède, 89

Epouse Hercule, 139

Hécate, (triple) 56

Son pouvoir aux Enfers, 57

Hector, prince Troyen, 177-179

Reconnoît Paris, 179

Ses exploits pendant le siège de Troie, 177-182

Sa mort et ses funérailles, 182

Homère a célébré sa gloire, 121

Hécube, épouse de Priam, 179

Hélène, fille de Jupiter et de Léda, 34-147

Enlevée par Thésée et Pirithoüs, 145

Par Pâris, 178

Se réconcilie avec Ménélas, 148

Sa mort, ibid.

Hélénus, fille de Priam, 179

Héliades, sœurs de Phaéton, 44

Hélicon, 45

Hellé, 88

Hellespont, origine de ce nom, ibid.

Hercule, fils de Jupiter et d’Alcmèe, 130

Sa brillante destinée, 131

Est élevé par le centaure Chiron, 83

Persécuté par Junon, 38-88

Ses douze travaux, 132-133-134

On l’appelle Alcide, 134

Il joint la Méditerranée à l’Océan, 135

Délivre Prométhée, 31-134

— — Hésione, 135

Descend aux Enfers, et en retire Alceste, 106-137

Hercule enchaîne Cerbère, et s’en fait suivre, 106-137

Punit Carybde, 96

— — Antée, 135

— — Laomédon, 136

— — Le centaure Nessus, 138

Massacre la famille de Nélée, 172

Laisse amollir son courage ; file aux pieds d’Omphale ; épouse Déjanire, 138

Sa mort et son apothése, 139

Est mis au rang des dieux, 10

A quel titre, 11

Hermione, 96

Délivrée par Cadmus, 160

Qu’elle épouse, ibid.

Héros célèbres dans l’hist. de la Fable, 21

Mis au rang des demi-dieux, 228

Hésione, tante de Pâris, 178

Délivrée par Hercule, 135

Et emmenée dans la Grèce, 178

Reprise par Pâris, ibid.

Hespérides, 134

Heures, elles nourrissent Vénus, 72

Hibou, consacré à Pallas, 82

Hippocrène, 45

Hippodamie, épouse de Pélops, mère d’Atrée et de Thieste, 169

Hippodamie, épouse de Pirithoüs, 144

Hippolyte, reine des Amazones, 145

Hippolyte, fils de Thésée, calomnié par Phèdre, 145

Hippolyte puni malgréson innocence, 146

Rendu à la vie par Esculape, 40-147

Sauvé par Diane, 147

Hirondelle, 171. Voyez Progné.

Histoire, déesse qui y préside, 55

Homère, comparé à Amphion, 13

En quel sens on peut l’appeler le père des dieux, 12

Ses poëmes, 51

Honneurs divins, rendus au Soleil et à la Lune, 9

Aux rois et aux héros, 10-11

Aux vertus et aux vices, 11

Hyacinthe, tué par Apollon, et métamorphosé en fleur, 41

Hydre de Lerne, 88-132

Hymen, fils de Vénus, 73

Hypermnestre, l’une des Danaïdes, sauve la vie à Lyncée, 102

I §

Icare, fils de Dédale, 145

Emblème de l’indiscrétion de la jeunesse, 144

Icarienne, (mer) ibid.

Icarius, pèe d’Erigone, 89

Ida, montagne de Phrygie, 75

Célèbre par le jugement de Pâris, 179

Idalie, 77

Idolâtrie des Egyptiens, 29

Son origine, 19

Idoles adorées, 10

Idoménée immole son fils à Neptune, 190

Iliade, poëme d’ Homère, 51

Ilon, nom de la ville de Troie, 86-178

Voyez Troie.

Ilus, roi de Troie, 178

Inachus, père d’Io, 37

Indes, conquises par Bacchus, 66

Ino, fille de Cadmus, mère de Mélicerte, 96

Elève Bacchus dont elle étoit la tante, 66

Trompe Thémisto, 96

Se précipite dans la mer, ibid.

Est mise au rang des divinité maritimes, 93-97

Io, fille d’Inachus, gardée par Argus, 37

Iobates, roi de Lycie, père de Philoné, 150

Iolcos, capitale de la Thessalie, 88-156

Iole, Hercule veut l’épouser, 138

Ionie, 46-60

Iphigénie, fille d’Agamemnon, 172

Et de Clytemnestre, 148

Est sacrifié à Diane, 180

Reconnoît son frère Oreste, 189

Et revient dans la Grèce, ibid.

Ipponoé punie par Junon, 38

Iris, messagère de Junon, 39

Est métamorphosée en arc-en-ciel, 40

Ismène, fille d’Œdipe, 165

Italie, retraite de Saturne, 21

Et d’Enée, 194

Ithaque, patrie d’Ulysse, 173-193

Ithys, fils de Térée, 171

Iüle, fils d’Enée, 194

Ixion, ses crimes et son supplice, 100

J §

Janus, roi d’Italie, mis au rang des dieux, 22

Japet, pèe de Prométhée, 31

Jardins de Babylone, 63

des Hespéides 128

— — Hercule en enlève les pommes d’or, 134

Jardins, dieu qui y préside, 113

Jasion, père de Plutus, 110

Jason entreprend la conquête de la Toison d’or, 151-152

Epouse Médée, 153. L’abandonne, 155

Et finit ses jours à Iolcos, 156

A quel titre-il est mis au rang des demi-dieux, 11

Jeux, enfans de Vénus, 73

Jeux Floraux, 113

D’Echecs, 176. De Dés, ibid.

Jocaste, mère d’Œdipe, 162

En devient l’épouse, 164

Se pend de désespoir, 165

Jugement de Pâris, 177

Juges, aux Enfers, 106

Jumeaux, ou Gémeaux, 149

Un des signes du Zodiaque, 89

Junon, mise au rang des Dieux, 11

Fille de Saturne et de Cybèle, 37

Junon, sœur et épouse de Jupiter, 31

Ses enfans, 37. Son caractère, 37-38

Se brouille et se raccommode avec Jupiter, 37

Donne le jour à Mars, 83

Présidoit aux mariages et aux accouchemens, 39

Dispute le prix de la beauté, 75

Emprunte la ceinture de Vénus, 73-74

Effets de sa jalousie, 37-38

— — de sa haine, 96-131-137

— — de sa vengeance, 65-129

Sa colère cause la guerre de Troie, 177

Comment on la représente, 39

Jupiter, mis au rang des dieux, 10-11

Sauvé par Cibèle, 20

Défait les Titans, 21

Les foudroie, 30

Remet son père sur le trône, 28

Epouse Junon, et partage l’empire du monde avec ses frères, 28

Crée des hommes, 31

Et leur envoie la sagesse, 61

Se rend maître du tonnerre, 30

En est surnommé l’arbitre, 12

Trompe Danaé, 128

— — Alcmène, 131

Surprend Léda, 148

Ses différentes métamorphoses, 33-34-35-131

Renferme Bacchus dans sa cuisse, 65

Jupiter donne le jour à Minerve, 79

Fait son présent à Pandore, 31

Refuse de juger les trois désses qui se disputoient le prix de la beauté, 75

Rend la vie à Psyché, 76

— — A Pélops, 169

Change Lycaon en loup, et Arcas en ours, 171

Foudroie Phaéton, 43

Précipite Vulcain du haut du ciel, 78

Sous quelle idée les poëtes le représentent, 36

Noms qu’on lui donne, 27-36

La forêt de Dodone lui étoit consacrée, 48

Il est l’emblème du tonnerre, 14

Et au nombre des planètes, 86-87

Comment on le représente, 36

Jupiter Indigètes, nom sous lequel Enée étoit honoré à Rome, 195

Jupiter Olympien, statue mise au nombre des sept merveilles du monde, 61

Justice, honorée comme une divinité, 11

Justice, sa balance est changée en constellation, et mise au nombre des signes du Zodiaque, 89

L §

Labyrinthe de Crète, 143

Lachésis, une des trois Parques, 108

Laërte, père d’Ulysse, 175

Laïus, roi de Thèbes, 162

Est tué par son fils Œdipe, 163

Lampétie, sœur de Phaéton, une des Héliades, 44

Lampétuse, sœur de Phaéton, une des Héliades, ibid.

Lance de Pallas, ibid.

Laomédon, roi de Troie, fils d’Ilus, père de Priam, 178

Est puni par Neptune, 90

— — Par Apollon, 38. Par Hercule, 135

Lapithe, fille d’Apollon, 144

Lapithes, peuple de la Thessalie, ibid.

Lapria, nom donné à Diane, 60

Lara, nayade, mère des dieux domestiques, 126

Lares, dieux domestiques, ibid.

Larmes, des Héliades, 44

des méchans, 105

Larundes, nymphe, 126

Larves, divinité infernales, 103

Latinus, père de Lavinie, 194

Latone, mère d’Apollon et de Diane, 40

Laurier, consacré à Apollon, 48

Est la récompense des poëtes et des guerriers, ibid.

Lavinie, épouse d’Enée, 194

Léarque, fils d’Athamas, 97

Léda, Epouse de Tyndare, 147

Trompé par Jupiter, 34

Ses enfans, 148

Lemnos, Isle célèbre par les forges de Vulcain, 76

Lerne, marais célèbre, 131

Lesbos, Isle consacrée àVenus, 74

Lestrigons, peuple des Cyclopes, 191

Léthé, un des fleuves des Enfers, 104-105

Il coule autour du palais du Sommeil, 125

Leucophryne, nom donné à Diane, 60

Leucotoé, nymphe, 97

Liberté, honorée comme une divinité, 11

Lion de la forêt de Némée, 132

Un des signes du Zodiaque, 89

Liriope, mère de Narcisse, 125

Livre du Destin, 17-18-21

De Clio, 55

Loi, (la) fille de Thémis, 116

Lucine, nom donné à Junon, 39

Lune, (la) est adorée par les hommes, 9

Différens noms qu’on lui donne, 17

— — Voyez Diane.

Lune, planète, 86

Lybie, mère de Busiris, 133

Lycaon, changé en loup, 171

Emblème de la cruauté des hommes, 196

Lycomède, roi de Scyros, 174

Lycurgue, puni par Bacchus, 60

Lypare ou Lypara, 78

Lyre d’Apollon, 44

Enlevée par Mercure, 71

de Calliope, 49

D’Erato, 53

D’Amphion, 160

D’Arion, 160

D’Orphée, 157

De Pindare, 161

Lysippe, punie par Junon, 19

M §

Magnésie. Diane y avoit un temple magnifique, 60

Maïa, mère de Mercure, 69

Mammon, nom donné à Plutus, 110

Mânes, 104

Par qui elles étoient conduites aux Enfers, 106

Celles qui habitent l’Elysée, 110

Marathon, ville de l’Attique, 141

Maritimes, (divinités) 90

Mars, mis au rang des dieux, 1l

Fils de Junon, 37. Père de Cupidon, 76

Son caractère, 84. Son portrait, 84

Emblème de la colère, 13

Comment il pourvoit à la garde de la Toison d’or, 152

Rome lui étoit consacrée, 85

Il est blessé au siège de Troie, 86-176

Comment on le représente, 85

Il est délivré par Mercure, ibid.

Mars, planète, 96

Marsias, puni par Apollon, 69

Massue d’Hercule, 139

De Melpomène, 52

Masque tragique, ibid.

Comique, ibid.

Mausole, roi de Carie, 61

Mausolée, bâti par Artémise, ibid.

Mausolées, leur origine, 62

Médée trahit son père en faveur de Jason, 153

Rajeunit Eson, fait périr Pélias, 154

Massacre ses enfans, 155

Echappe à la colère de Jason, 156

Méduse, une des trois Gorgones, 46

Est combattue par Persée, 128

Pégase naîr de son sang, 129

Sa tête est attachée à l’Egide, et elle a la vertu de périfier ceux qui la regardenr, 82

Mégère, une des trois Furies, 105-107

Méléagre, tue le sanglier qui désoloit les plaines de Calydon ; en offre la hure à Atalante qu’il épouse, 59

Ses jours dépendent de la conservation d’un flambeau, ibid.

Il meurt, ibid.

Melicerte, fils d’Ino, 96

Echappe àla fureur de Thémisto, 97

Se précipite dans la mer, y est changé en dieu marin, 93-97

Melpomène, une des neuf Muses, 44-52.

Comment on la représente, 52.

Mémoire, (déesse de) 49

Ménades, 68. Voyez Bacchantes.

Ménale, mont célèbre, 123-133

Ménélas, fils de Plistène, 171

Roi de Sparte, 148-172

Epoux d’Hélène, 148-172-185

Menœtius, père de Patrocles, 181

Mer, (la) confondue dans le chaos, 16

Quels dieux y tiennent le premier rang, 11

Mère, (la grande) nom donné à Cibèle, 26

Mercure, fils de Jupiter et de Maïa, 69

Mis au rang des dieux, 11

Ses différens emplois, 69-70

Présent qu’il fait à Pandore, 32

Il est le dieu de l’éloquence, du commerce et des voleurs, 70-71

Le père des dieux domestiques, 126

Il tire Mars de sa prison, 85

Endort Argus, et le tue, 38-71

Comment on le représente, 70-71

Mercure, planète, 86-87

Merveilles du monde, il y en avoit sept, 60

Leurs noms et leur description, 60-61-62-63-64

Messager des dieux, 69

Messagèe de Junon, 39-40

Mesures inventées par Mercure, 70

Métamorphoses de Jupiter, 33-34-35

De Prothée, 91-93

Méthrès, père de Didon, 194

Midas, puni par Apollon, 119

Mimas, un des Titans, 30

Minerve, sa naissance et ses emplois, 79

Elle est l’emblème de la Sagesse, 13

Son nom désigne la Prudence, 14

— Jupiter l’envoie sur la terre, 80

Se dispute avec Neptune, 81

Elle donne un nom à la capitale de la Grèce, ibid.

Minerve, l’olivier lui est consacré, 83

Elle accorde son secours à Phaéton, 43

Son bouclier à Persée, 130

Et accompagne toujours Ulisse, 176-190

Sous quels rapports on la distingue, 80

Comment on la représente, ibid.

Minos, roi de Crète, punit les Athéniens, 142

Chef des juges aux Enfers, 107

Minotaure, monstre fameux, 142

Tué par Thésée, 143

Mnémosyne, mère des Muses, 49

Moineaux, consacré à Vénus, 74

Momus, fils du Sommeil et de la Nuit, 114

Mont-sacré, demeure d’Apollon et des Muses, 45-46

Morphée, dieu du Sommeil, 115

Murs de Babylone, une des sept merveilles du monde, 63

Muses, 49

Disciples d’Apollon, 45

Filles de Jupiter et de Mnémosyne, 49

Leurs noms et leurs différens emplois, 49-50-51-52

Elles ont les trois Graces pour compagnes, 76

Partagent les honneurs et le pouvoir d’Apollon, 50-51

Et président aux sciences, aux beaux-arts, et à la poésie, 51

On les appelle chastes Sœurs, 46

Muses, on les appelle Neuf Sœurs, 50

— —    Filles de Mémoire, 47

— — Doctes Fées, etc. 50

Comment on les représente, 51-52-53-54-55

Myrmidons, 107

Mythologie, signification propre de ce terme, 9

Son origine, ibid.

Les objets qu’elle embrasse, 11-12-13

Ce qui en forme une partie considérable, 11-12

Les allégories utiles qu’elle présente, 194

N §

Napées, nymphes des prairies, 92

Narcisse, 14

Sa métamorphose, 125

Nature, (la) ce qu’elle étoit avant l’existence du monde, 16

Nauplius, père de Palamède, 176

Nayades, nymphes des fleuves, des rivières et des fontaines, 92-124

Nécessité, mère de Némésis, 28

Nectar, boisson des dieux, 34-35-177

Nélée, père de Nestor, 172

Némée, forêt célèbre, 132

Némésis, déesse de la vengeance, 118

Comment on la représente, 119

Néphélès, épouse d’Athamas, 151

Neptune, dieu de la mer ; sa naissance, 15-90

Est mis au rang des dieux, 10-11

Neptune partage l’empire du monde avec ses frères, 28

Est chassé du Ciel, 41

Privé de la divinité, 90

Bâtit les murs de Troie, 41-90

Epouse Amphitrite, 91

Favorise Latone, 40

Fait périr Ajax, 176

Donne des chevaux à Pélops, 169

Exauce les vœux de Thésée, 146

Se venge de Laomédon, 41-42

Se dispute avec Minerve, 81

Fait naître le cheval Pégase, ibid.

Il est l’emblème de la tempête, 14

Comment on le représente, 91

Nérée, fils de l’Océan, père des nymphes, 91-92

Néreides, nymphes de la mer, 91

Nessus, centaure tué par Hercule, 138

Voile trempé dans son sang, ibid.

Nestor, roi de Piles, échappe à la colère d’Hercule, 172

Vit trois cents ans, ibid.

Son retour dans ses états, après la guerre de Troie, 186

Neuf Sœurs, nom donné aux Muses, 50

Ninus, empereur des Assyriens, 9

Nôces de Thétis et de Pélée, 74-75

Nourissons des Muses, nom donnéaux poëtes, 50

Nuit, (la) déesse des ténèbres,104

Nuit, épouse du Chaos, 106

Comment on la représente, 114

Nuit éternelle, 106

Numa Pompilius consacre à Vesta un feu perpéuel, 27

Nymphes, 92

Le rang qu’elles tiennent parmi les dieux, 11

Leurs danses, 14

Elles élèvent Jupiter, 28

Elles sont chargées de l’éducation de Bacchus, 66

O §

Océan, fils de Neptune, 91

Père d’Amphitrite, 90

Des fleuves, et époux de Thétis, 91

Ocypète, une des Harpies, ibid.

Odyssée, poëme d’ Homère, 51

Œdipe, est exposé sur le mont Cithéron, et sauvé par un berger, 162

Tue son père, 163

Devine l’énigme proposé par le Sphinx, 164

Epouse sa mère, ibid.

Se crève les yeux, et s’exile, 165

Après avoir partagé l’autorité souveraine entre ses fils, 166

— Œil du monde, nom donné au Soleil, 110

Œnée, roi de Calydon, 58

Père de Déjanire, 138

Œnomaüs, roi d’Elide, vaincu par Pélops, 169

Œnone, nymphe du mont Ida, 179

Oëta, mont célèbre par la mort d’Hercule, 138

Oïle, père d’Ajax, 176

Oiseaux du lac Stymphate, 133

Olivier, produit par Minerve, 79

Consacré à cette déesse, 80

Olympe, montagne de Thessalie, 28-30-62

Séjour des dieux, 36

Noms de ses habitans, 86

Olympie, ville célèbre, 61

Olympien, (Jupiter) une-des sept merveilles du monde, ibid.

Ombres, jugées aux enfers, 106

Elles boivent de l’eau du fleuve Léthé, 105

Leur séjour, 100

Comment elles arrivent aux enfers, 103-104

Leurs récompenses, 109-110

Leurs supplices, 103-104

Omphale, reine des Lydiens, 138

Oracle ; en quelles occasions on le consultoit principalement, 164

Oracles d’Apollon, 46

Comment on les rendoit, 47-48

Oréades, nymphes des montagnes, 92

Oreste, fils d’Agamemnon, 172

Et de Clyremnestre, 148

Est soustrait à la cruauté de sa mère, 187

Oreste venge la mort de son père, 148-188

Est en proie aux Furies, 188

Enlève la statue de Diane, 189

Orgies, fêtes en l’honneur de Bacchus, 68

Origine de la Fable, 9

Des Romains,. 85

Orion, changé en constellation, 89

Orphée ; à quel titre, il est placé au rang des demi-dieux ; 21

Va à la conquête de la Toison d’or, 152

Les prodiges qu’il opère avec sa lyre, 157-158

Il descend aux enfers pour y chercher Euridice, 158

Endort Cerbère, 106-158

Est mis en pièces par les Bacchantes, 159

Ossa, mont célèbre, 30-62

Othus, géant, fils d’Aloéus, 29

Oubli, (fleuve d’) 105

Ourse, (la grande et la petite) constellation, 35-171

Ouvrage de Pénélope, 193

P §

Paix, honorée comme une divinité, 11

— Fille de Jupiter et de Thémis, 106

Comment on la représente, ibid.

Palais du Destin, 17

Du Soleil, 43

Du Sommeil, 115

Palamède invente les jeux de dés et d’échecs, 196

Palémon, dieu des ports de mer, 97. Voyez Mélicerte.

Palès, déesse des bergers, etc. 113

Le rang qu’elle tenoit sur la terre, 11

Palladium, statue de Minerve, 83

— — D’Athènes, ibid.

— — De Troie, 83-183

Est enlevé par Ulysse et Diomède, 78-183

Pallas, déesse de la guerre, 79-82

Emblème de la prudence militaire, 14

Fait son présent àPandore, 32

Dispute le prix de la beauté, 75

Aide Prométhée, 31

Protège Cadmus, 160

Comment on la représente, 82-83

— — Voyez Minerve.

Pallante, frère d’Egée, 140

Pallantides, enfans de Pallante, ibid.

Pan, dieu des bergers, 122

Le rang qu’il tenoit sur la terre, 11

Ses danses, 124

Comment on le représente, 123

Pandore, fille des dieux, 32-33

Reçoit un préent (je chacun d’eux, 32

Emblème des maux qui affligent les hommes, 32-33

Panique, (terreur) 123

Paon, consacré à Junon, 38

Paphos, 74

Pâris, fils de Priam ; sa naissance et son éducation, 179

Pâris juge les trois déesses qui se disputoient la Pomme d’Or, 75

Est reconnu par Hector, 179

Haï de Junon, 38

Enlève Hélène, 148

Cause la guerre de Troie, 177

Fait périr Achille, 182

Est tué par Pyrrhus, 185

Parnasse, montagne habitée par les Muses, 46

Parques, filles de l’Enfer et de la Nuit, 108

Leur emploi, ibid.

Elles donnent à Altée un flambeau auquel sont attachés les jours de Méléagre, 59

Pasiphaé, épouse de Minos, mère de Phèdre, 145

Mère du Minotaure, 142

Passions, érigées en divinités, 121

Patare, ville célèbre par les oracles d’Apollon, 46

Patras, ville consacrée à Diane, 60

Patrocle, ami d’Achille, 181

Pavots de Morphée, 115

Pégase, cheval ailé, 46

Sa naissance, 81-129

Fait saillir la fontaine Hippocrène, 45

Est monté par Bellérophon, 150

— >Est aux ordres des bons poëtes, 46

Pelée épouse Thétis, 74

Est le père d’Achille, 173

Pélias, frère d’Eson, périt par l’artifice de Médée, 154

Pélion, montagne célèbre, 29-30-47

Pélops, fils de Tantale, 102

Rendu à la vie, il épouse Hippodamie, 169

Pénates, dieux domestiques, 126

Pénée, père de Daphné, 48

Pénélope, épouse d’Ulisse, mère de Télémaque, 193

Penthée, puni par Bacchus, 69

Père du jour, nom donné àApollon, 41

Périphète, géant puni par Thésée, 141

Permesse, fontaine consacrée aux Muses, 45

Persée, fils de Jupiter et de Danaé, 33-128

Combat les Gorgones, 128

Coupe la tête à Méduse, 46

Délivre Andromède, 129

Est changé en constellation, 130

A quel titre il est mis au rang des demi-dieux, 11

Pestes, divinités infernales, 102

Peupliers, 44

Phaéton, sa querelle avec Epaphus, 42

Monte au palais du Soleil, 44

Conduit le char de son père ; est foudroyé par Jupiter, ibid.

Les regrets que cause sa mort, ibid.

Phaétuse, sœur de Phaéton, ibid.

Phare d’Alexandrie, une des sept merveilles du monde, 63

Phébé, 56. Voyez Diane.

Phébus, nom d’Apollon, 41

Le rang que le Ciel lui assigne, 88

Phèdre, epouse de Thésée, 146

Phidias, sculpteur très-célèbre, 62

Phlégéton, un des fleuves des enfers, 104-106

Phlégon, un des chevaux du Soleil, 42

Philoctète, ami d’Hercule, 139

Philoméle, changée en rossignol, 171

Philonè, épouse de Belléophon, 150

Phocide, province de la Grèce, 46-162

Phorcys, père de Scylla, 95

Phryxus, fils d’Athamas, 88

Enlève le bélier qui portoit la Toison d’or, 151

Picus, pèe du dieu Faune, 113

Pie, pourquoi on immoloit cet oiseau à Bacchus, 68

Piérius, 45. Voyez Pinde.

Pierre de touche, 71

Piété (la), honorée comme une divinité, 11

Pilade, ami d’Oreste, 188

Veut mourir en sa place, 189

Pindare, poëte Grec, dont Alexandre honora la mémoire, 161

Pinde, montagne consacrée aux Muses, 45

Pirithoüs, ami de Thésée, 144

Reste aux enfers où il étoit descendu pour enlever Proserpine, 145

Plaisirs, enfans de Vénus, 73

Planètes, 86-87

Platée, fille d’Asope, 37

Plistène, fils d’Atrée, père d’Agamemnon et de Ménélas, 171

Plota, mère de Tantale, 102

Pluie d’or, 33-138

Pluton, fils de Saturne et de Cybèle, 98

Mis au rang des dieux, 11

Partage l’empire du monde avec ses frères, 28

Enlève Proserpine, 98

Rend Euridice à Orphée, 158

Son palais est gardé par Cerbère, 106

On le confond souvent avec Plutus, 110

Comment on le représente, 99

Plutus, dieu des richesses, 110

, fleuve d’Italie, 43

Poésie, (la) ce qu’elle doit à la Fable, 13

Comment il convient d’en régler l’usage, 14-15

Poésie héroïque, la déesse qui y préside, 50

— Lyrique, la déesse qui y préside, 53

— Pastorale, la déesse qui y préside, 54

Poëtes, combien ils ont contribué à étendre et à perfectionner la Fable, 12

Sont appelés Favoris et Nourrissons des Muses, 44

Montent le cheval Pégase, 46

Vont rêver, se promener dans le sacré Vallon, et boire de l’eau d’Hippocrène, 45

Ils sont inspirés par Apollon, 44

Et par les Muses, 50

Poids, inventés par Mercure, 70

Poignard, de la Discorde, 121

De Melpomène, 89

Poissons, signes du Zodiaque, 89

Polinice, fils d’Œdipe, 166

Fait la guerre à son père, 165

Et périt, 167

Poliphême, cyclope ; son aventure avec Ulysse, 191

Polixène, fille de Priam, promise en mariage à Achille, 182

Est immolé sur le tombeau de ce héros, 185

Polixo fait pendre Hélène, 148

Pollux, fils de Jupiter et de Léda, 34-147

Partage son immortalité avec Castor ; à quelles conditions, 148

Va reprendre sa sœur Hélène, 145

Est changé en astre, et placé au ciel avec son frère, 149

A quel titre il est compté parmi les demi-dieux, 11

Pollux, un des signes du Zodiaque, 88

Polybe, roi de Corinthe, adopte Œdipe pour son fils, 162

Polymnie, une des neuf Muses, 49-53

Comment on la représente, 53

Pomme d’or, jettée par la Discorde, 74-75

Prix de la beauté 38-74-75

Pomme d’or du jardin des Hespérides, 134

Pomone, déesse des fruits,113

Pomone, le rang qu’elle tenoit sur la terre, 11

Porte d’ivoire et de corne pour les songes, 115

Prêtres d’Apollon, 47

Prêtresses d’Apollon, 46-47

Prétus, 38-39

Priam, roi deTroade, 176-177

Relève les murs de sa capitale, 178

Est attaqué par les Grecs, 180-181

Redemande Hector à Achille, 182

Meurt de la main de Pyrrhus, 184

Printemps, déesse qui préside à cette saison, 113

Fable qui désigne son retour, 94

Priape, fils de Vénus, 73

Dieu des jardins, 113

Comment on le représente, 114

— Priviléges des Vestales, 27

Prix de la beauté, 75

Proclus, roi d’Argos, 150

Procustes, fameux brigand puni par Thésée, 141

Progné changée en hirondelle, 171

Prométhée, imite Jupiter, et en est puni, 31

Il est délivré par Hercule, 134

Il avoit humanisé un peuple grossier, 195

Proserpine, fille de Cérès, est mise au rang des dieux, 11

Est enlevé par Pluton, 98-99

Refuse de suivre sa mère, 99

Thésée et Pirithoüs entreprennent de l’enlever, 145

Proserpine, on la confond souvent avec Hécate, 56

Prothée, fils de l’Océan, 92

Ses différentes métamorphoses, 93

Il prédit le malheur de Phaéton, 42

Psyché, persécutée par Vénus, 76

Comment on la représente, 77

Ptérélaüs, roi de Télèbe, 130

Meurt en perdant le cheveu d’or qu’il avoit sur la tête, ibid.

Pyramides d’Egypte, au nombre des merveilles du monde, 64

Pyroïs, un des chevaux du Soleil, 42

Pyrrhus, fils d’Achille, 175

Arrive devant Troie, pour y venger la mort de son père, 183

Fait périr Priam, 184

Tue Pâris dans un combat singulier, 185

Pithon, serpent tué par Apollon, 46

Pithonisse, prêtresse d’Apollon ; pourquoi on l’appelle ainsi, ibid.

Q §

Quenouille des Parques, 108

d’Hercule, 138

R §

Raison, emblème qui la représente, 80

Rémus, fils de Mars, 85

Renommée, son emploi ; comment on la représente, 117

On l’appelle Déesse ou Nymphe aux cent voix, 25

Rhadamanthe, un des Juges aux Enfers, 106-107

Rhéa-Sylvia, mère de Romulus et de Rémus, 85

Rhécus, un des Titans, 67

Rhée, 26. Voyez Cybèle.

Rhétorique, la déesse qui y préside, 53

Rhodes, île célèbre, 61

Hélène s’y retire et y trouve la mort, 148

Ris, enfans de Vénus, 73

Rocher de Sisyphe, 102

Romains, comment ils relèvent la gloire de leur origine, 85

Rome, sa situation, 12

Ses fondateurs, 85

Est particulièement consacré an dieu Mars, ibid.

Romulus, fils de Mars, fondateur de Rome, ibid.

Rossignol, 171. Voyez Philomèle.

Roue de fortune, 113

D’Ixion, 158

Rutules, peuple d’Italie, 194

S §

Sablier, attribut du Temps, 21

Sacré Vallon, séjour d’Apollon et des Muses, 45

Sagesse, la déesse qui y préside, 79-80

Sagittaire, un des signes du Zodiaque, 89

Samienne, nom donné à Junon, 37

Samos, retraite de Junon, 37

Sanglier de Calidon, 59

D’Erimanthe, 133

D’Etolie, 141

Satellites de Saturne et de Jupiter, 86

Saturne, fils du Ciel, 20

Mis au rang des dieux, 11

La place que le Ciel lui assigne, 87

A quelle condition il obtint le droit d’aînesse, 20

La guerre qu’il déclare à son fils, ibid.

Lui est funeste, 21

Il est remis sur le trône, 22

Son règne sur la terre fut l’âge d’or, 22-23

Comme il récompensa Janus, 22

Ce dieu est un emblème du Temps, 195

Comment il est représenté, 21

Saturne, planète, 86

Satyre Marsyas, puni par Apollon, 49

Satyres, divinité champêtres, 123-124

Sceptre de Junon, 39. De Polymnie, 53

De Neptune, 91. De Pluton, 100

Sciences et Beaux-Arts, leur mère, 82

Scorpion, signe du Zodiaque, 89

Scylla, changée en monstre, 95

Gouffre voisin de la Sicile, ibid.

Ulysse l’évite, 190

Scylles, divinités maritimes, 96

Ecueils fameux, 95

Scyros, île où Achille fut caché par sa mère, 174

Scyrron, fameux brigand puni par Thésée, 141

Sémelé, mère de Bacchus, 65

Est réduite en cendres, ibid.

Sémiramis, reine d’Egypte, 63

Ce qui l’a rendue immortelle, 63-64

Serment par le Styx, 105

Par Castor et Pollux, 149

Des princes Grecs contre Troie, 178

Serpent, attribut du Temps, 21

De la Discorde, 120

Serpens, de Némésis, 118. Des Furies, 103

De l’Envie, 119

Etouffés par Hercule, 131-132

Séparés par Mercure, 71

Autour de la tête de Méduse, 82.

Siége de Troie ; on le forme, 181

Sigalion, nom donné au Silence, 115

Sigée, promontoire où l’on éleva un tombeau à Achille, 185

Signes du Zodiaque, 86-87-88

Silence, comment on le représente, 115

Silène, compagnon de Bacchus, 66

Son triomphe, 124

Sinnis, fameux brigand, puni par Thésée, 141

Sinon trompe les Troyens, 184

Sisyphe, fameux brigand, 102-158

Sœurs d’Apollon, nom donné aux Muses, 50

Soie des Parques, 107-108

Soleil, adoré comme un dieu, 9

Soleil, son char, 42

Différens noms qu’on lui donne, 17

Soleil, planète, 86-87

Solymes, vaincus par Bellérophon, 150

Sommeil, père de Momus, 115

Description de son palais, ibid.

Songes, ibid.

Sophocle, poëte Grec, 167-168

Sort, (le) divinité allégorique, 17

Sostrate, architecte célèbre, 63

Sphinx, propose son énigme : elle est devinée ; il se précipite dans la mer, 163

Comment on le représente, 168

Statue de Bélus, 10

De Diane, 60

De Jupiter Olympien, une des merveilles du monde, 62

Sténobée, mère des Prétides, 39

Sténobée, Reine d’Argos, épouse de Proclus, 150

Sténone, une des Gorgones, 128

Sténélé, mère de Patrocle, 181

Stymphale, lac fameux, 133

Styx, fleuve des Enfers, 104-105

Achille y est plongé, et en devient invulnérable, 174

Sylvain, Dieu des forêts, 123

Sylvains, divinités champêtres, 124

Syrènes, divinités maritimes, 93-94

Syrtes, écueils, 15

Syrinx, nymphe changée en roseaux, 122

T §

Table des Dieux, 34-35

Tantale, un des ancêtres d’Agamemnon, 168

Son crime et son supplice, 103-169

Il représente les avares, 196

Tartare, séjour des méchans après leur mort, 100-103

Taureau dont Jupiter prit la forme, 34-88

Des campagnes de Marathon, 141— — Tué par Hercule, 134

Taureau, un des signes du Zodiaque, 88

Taureaux qui gardoient la Toison d’or, 147-152-153

Tauride, on y sacrifioit à Diane tous les étrangers, 60-189

Télamon, père d’Ajax, 176

Telegone tue Ulysse, 193

Télémaque, fils d’Ulysse, 176

Son père lui cède ses Etats, 193

Temps, (le) divinité allégorique : il est le même que Saturne, 21

Est soumis au Destin, 13

Comment on le représente, 21

Temple du Destin, 17

De Jupiter Olympien, 62

De Janus, 22

De Cupidon, 76-77

De Minerve, 83

De Delphes ; les Gaulois veulent le piller, 123

Temples d’Apollon, 46-47

De Diane, 60

De Vénus, 74

Ténare, 100. Voyez Tartare.

Ténédos, île célèbre par les oracles d’Apollon, 46

Les Grecs s’y retirent pour tromper les Troyens, 183

Térée, changé en épervier, 171

Termes, dieux domestiques, 127

Terpsichore, une des neuf Muses, 49-55-56

Comment on la représente, 55

Terre, (la) confondue dans le chaos, 16

Les dieux qui y tenoient le premier rang, 10

Terreur Panique, origine de ce proverbe, 123

Tête de Méduse, 128

Teucer, roi de Troie, 179

Thalie, une des neuf Muses, 49-52

Comment on la représente, 52

Thalie, une des trois Graces, 75

Thèbes, bâtie par Cadmus, 150

Et par Amphion, 160

Elle est renversée par Alexandre le Grand, 161

Désolée par un monstre, 163

Par la famine et la peste, 164

Et par une guerre sanglante, 165

Cette ville est célèbre dans l’Histoire poétique, 11

Thémis, déesse de la justice, 115

Thémis, comment on la représente, 116

Thémistho, épouse Athamas, 96

Trompée par Ino, elle tue ses enfans, ibid.

Thermodon, fleuve célèbre, 133

Thésée ; sa naissance et son éducation, 139

Il marche sur les pas d’Hercule, 140

Tue le Minautore, et sort du Labyrinthe, 141

Gagne l’amitié de Pirithoüs qui devient le compagnon de ses exploits, 143

Tue Sisyphe, 102

Descend aux Enfers, 146

Perd son fils Hippolyte, ibid.

Et meurt à Athènes, 147

A quel titre il est mis au rang des demi-dieux, 11

Thessalie, fameuse par la guerre des Titans contre Jupiter, 28-30

Est ravagée par la peste, 136

Thétys, épouse de l’Océan, 92

Ses noces, 74

Mère d’Achille, 173-174

Thoas, roi de la Tauride, immole les étrangers à Diane, 189

Périt sous les coups d’Oreste et de Pilade, ibid.

Thoosa, mère de Poliphême, 191

Thrace, (la) contrée sous la protection de Mars, 85

Thracia, fille de Mars, ibid.

Thrône du destin, 280

Thyeste, enlève Erope, 169

Atrée s’en venge par une perfidie, 170

Thyrse de Bacchus, sa description, 67

Thyrses des Bacchantes, 68

Des Sylvains, 124

Tisiphone, une des Furies, 103

Emblème de la frayeur, 13

Tisiphones, divinités infernales, 109

Titan, fils du Ciel, 20

Ses enfans, 278

Cède son droit d’aînesse à Saturne, 20

Déclare la guerre à Saturne, ibid.

Titans, font la guerre à Jupiter, 28-29

Leur défaite, 66-21

Tithius, géant, son supplice aux enfers, 101

Toison d’or, un bélier la portoit, 88

Les Argonautes en font la conquête, 149-151-152-153

Son enlèvement est célèbre dans l’Histoire poétique, 11

Tonnerre, Jupiter s’en rend le maître, 20

Tour d’airain qui renfermoit Danaé, 33

Tragédie, la déesse qui y préside, 49-52

Travaux d’Hercule, 132-133-134-135

Trépied sacré, 46

Servoit à rendre les oracles, 47

Trident, sceptre de Neptune, 91

Triple Hécate, nom donné à Diane, 56

Tritons, fils et gardes de Neptune, 90

Le rang qu’ils tenoient parmi les dieux, 11

Comment on les représente, 91

Troade, sa position, 178-179

Troie, ville célèbre dans l’Histoire poétique, 11

Est bâtie par Neptune, 91

Et Apollon, 41

Les Grecs y arrivent avec leur flotte, 180

— — En forment le siége, ibid.

Durée de ce siége, 183-186

Combien il fut meurtrier, 86

Quelles furent les causes de cette guerre, 38-148

La ville est mise à feu et à sang, 183-186

Trompette de-Calliope, 51

de Clio, 55

De la Renommée, 117

Des Tritons, 91

Tros, roi de Troie, 177-178

Troyens, leurs chefs pendant la guerre contre les Grecs, 176

Turnus combat contre Enée, et périt, 194

Tyndare, époux de Léda, 34-147

Tyndarides, 34-147. Voy. Castor et Pollux.

Typhé, Typhoé, Typhon, Typhus, géans d’une taille énorme, 29

ensevelis sous le motn Ethna, 30

Typhon fait fuir Vénus et Cupidon, 89

U §

Ulysse, fils de Laërte, veut se dispenser d’aller au siége de Troie, 175

Se déguise en marchand pour reconnoître Achille, ibid.

Ulysse, dispute les armes d’Achille, 176

Enlève le Palladium, 83-183

Erre pendant dix ans sur toutes les mers, 193

Est bien reçu d’Eole qui lui donne des vents, 93-94

Évite les piéges des Syrènes, 94

Est toujours guidé par Minerve, 80

Echappe à mille dangers par la protection de cette déesse, 191-192

Arrive enfin à Ithaque, 193

Tombe sous les coups de son fils Télégone, 194

Uranie, une des neuf Muses, 49-54

Comment on la représente, 54

Urne qui renferme le sort des hommes, 17-18

Des trois Juges aux enfers, 107

V §

Vallon, (Sacré) séjour d’Apollon et des Muses, 45

Vautour de Prométhée, 31

Tué par Hercule, 135

De Tithius, 101

Vendange, quel en est l’inventeur, 67

Vengeance, déesse qui y préside, 118

Vents, soumis à l’empire d’Eole, 93

Comment on les représente, 94

Vénus, son origine, 72

Emblème de la beauté, 14

Vénus, emblème des qualités aimables, 13

Elle est mise au rang des dieux, 11

Fait son présent à Pandore, 32

Epouse Vulcain, 73

Dispute le prix de la beauté, et l’emporte, 76

Persécute Psyché et la fait mourir, 76

Prête sa ceinture à Junon, 73-74

Remplit de flèches le carquois de Cupidon, 79

Est blessée au siége de Troie, 176

Quels furent ses Temples, 74

Quel culte on lui rendoit, ibid.

Comment on la représente, ibid.

Vénus, planète, 86-87

Vérité, honorée comme une divinité, 11

Cachée sous les portraits de la Fable, 12

Verseau, un des signes du Zodiaque, 89

Vertumne, dieu de l’Automne, 113

Vertus, érigées en divinités, 14-121

On leur rend les honneurs divins, 11

Vesta, la même que Cybèle, 26-27

On lui consacre à Rome un feu perpétuel, 27

Vestales, ibid.

Vices, érigés en divinités, 221

On leur rend les honneurs divins, 11

Victoire de Jupiter, 30-62

Vie des hommes, filée par les Parques, 107

Vierge, (la) un des signes du Zodiaque, 89

Vin, le Dieu qui y préside, 67

Vœux adressés aux Parques, 107

Voie lactée, 132

Voile trempé dans le sang du centaure Nessus, 132

Voleurs, Mercure en étoit le-dieu, 70

Vulcain, fils de Junon, précipité du ciel par Jupiter, 37

Est le Dieu du feu, forge les foudres de Jupiter, 78-79

Fabrique Pandore, 32-33

Enchaîne Prométhée sur le mont Caucase, 31

Surprend Mars et Vénus, 85

Comment on le représente, 79

Z §

Zéphire, époux de Flore, 103

Porte Vénus dans l’île de Cypre, 72

Zétus, fils de Jupiter et d’Antiope, 33

Zodiaque, 86

Ses douze Signes, 88-89

Fin de la Table des Matiè r es.