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Le projet « Hyper Paulhan » de l’OBVIL [Observatoire de la Vie Littéraire] propose les reproductions numérisées (mode image) et transcrites (mode texte) de lettres déposées dans le fonds Jean Paulhan et quelques autres fonds à l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine (IMEC, Abbaye d’Ardenne, 14280 St-Germain la Blanche-Herbe).
Ces lettres sont extraites des dossiers de correspondances passives et actives de Jean Paulhan. Elles s’inscrivent dans deux tranches chronologiques :
1925-1936, années pendant lesquelles Jean Paulhan a été nommé rédacteur en chef, puis directeur de La Nouvelle Revue française,
1950-1958, années de redémarrage de La NRF, après l’interruption de la fin de la guerre et de l’après-guerre…
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Pour consulter les archives-papier originales de Jean Paulhan à l'abbaye d'Ardenne, inscrivez-vous à l’IMEC.
Ont participé à cette édition électronique : Clarisse Barthélemy (Responsable éditorial), Camille Koskas (Responsable éditorial), Paul Giro (Transcription), Simon Battistella (Transcription) et Anne-Laure Huet (Édition TEI).
Jean Paulhan à Gabrielle Chartier-Alain (6 février 1927) §
je vous attendrai donc jeudi prochain à 4 heures et demie, rue de Grenelle. Combien je vous serais reconnaissant de vouloir bien décider Alain à accepter notre projet ! Jamais la nrf n’a été plus lue, plus attentivement suivie qu’aujourd’hui : Ce serait pour Alain, j’en suis sûr, l’établissement de la gloire qui lui est due — et qu’il peut fort bien dédaigner, mais qui serait pourtant pour lui l’occasion de tant de réflexions et d’expériences…
Recevez, je vous prie, Madame, mes hommages empressés ;
Le visa de prolongation de séjour en France vient d’être refusé à S. EISENSTEINIII. -
Il n’est pas un esprit cultivé en France qui ignore les productions de ce metteur en scène, indéniablement l’un des premiers du monde à l’heure actuelle. Il serait regrettable qu’au nom de principes ou de convictions politiques, les essais cinématographiques entrepris en France par cet artiste se trouvassent arrêtés et si gravement compromis qu’on n’en pût espérer l’achèvementIV. Au nom de la liberté individuelle, comme au nom de l’intérêt que tous, sans distinction d’opinons politiques, peuvent porter à l’art, la Nouvelle Revue Française s’associe à la pétition par laquelle plus de soixante artistes — écrivains, peintres, musiciens, cinéastes — parmi les plus éminents ont déjà sollicité du Ministre de l’Intérieur la prolongation du séjour en France de S. EISENSTEIN.
J'ai relu, après un intervalle, et de fort près, le récit du zouaveV. Il est clair que Norton Cru n’y a rien compris. En toutes ses remarques, l’esprit de corps est absent (Je pense au livre qui a pour titre Témoins, et que je suppose que vous avez luVI). J'ai éprouvé moi-même comment le prestige de l’unité combattante agit sur un homme de 47 ansVII; et il ne s’agissait que d’une batterie de 95. Quelle puissance de ce corps des zouaves, et même de ce seul mot, sur un gamin de 20 ans ! Là-dessus votre livre est un document sans reproche, et non retouché. Et voyez comme c’est difficile, et comme les pamphlétaires sont mal préparés. Vous n’en pensiez pas si long en ce temps-là ; vous avez raconté un épisode absurde et naturel, et qui du reste ne vous a point changé. J'y trouve de la jeunesse, et c’est ce qui manque dans les écrits de ce genre. Les pamphlétaires n’ont pas compris que l’important était de ne pas se tromper sur l’homme. Cru a raison de dire que tout est à refaire ; mais il ne l’entend pas bien. Merci à vous d’avoir éclairé d’un certain côté le champ de bataille.
NadalVIII sort de chez moi et je viens d’écrire à Gaston Gallimard un mot en sa faveur, surtout en considération de ce qu’il m'a dit, que vous vous intéressiez personnellement à lui. Le souvenir, tout à fait favorable, que j’ai conservé de lui, est déjà un peu lointain ; il n’importe pas peu que ma recommandation s’accorde avec vos réelles préférences ; et il se peut que ce jeune homme ait cru trop aisément ce qu’il désire. Le temps manquant pour délibérer, cet avertissement suffira pour que votre liberté ne soit point surprise.
Bien cordialement à vous,
Alain
P.S. Un jeune homme, parlant au nom de l’Effort, m’a demandé aujourd’hui mon concours pour un numéro parlé de la N.R.F. Il n’est pas question que j’aille lire mes deux pages ; mais je puis les écrire si cela vous plaît.
Cher Monsieur, en dehors d’une sympathie que vous savez très vive, et qui fait que je prends part à votre deuilIX, j’ai encore plus d’une raison de ressentir la mort de cet homme libre, qui parlait seulement en son nom, et ne concéda jamais rien à aucun genre de pouvoir.
Je retiens donc le Calendrier. Merci de me signaler l’article de la Revue musicale, que je vais lire. Je suis sûr qu’un commentaire d’Alain à la Jeune Parque enchanterait ValéryX — (et nous tous, j’en suis plus sûr encore.)
Recevez, je vous prie, beaucoup d’amitiés et de bons souvenirs.
Jean Paulhan
Transmettez à Alain, je vous prie, mes souhaits de prompte et entière guérison.XI
Jean Paulhan à Gabrielle Chartier-Alain (8 mai 1933) §
Je garde donc les Dieux de la Race, après quelques hésitations (Nous exigeons le fou… ne m’a pas semblé moins beau). Non, l'Hommage à Gobineau ne pourra certainement pas paraître le Ier Juillet. Mais je compte bien cette fois le donner sans faute le Ier Août.XII
J'attends moins du Tableau…XIII quelque révélation poétique que des témoignages et des confidences. Savez-vous que Lafenestre*, de dix-huit ans à sa mort, ne s’est jamais mis au travail sans avoir écrit un sonnet (assez mauvais) ? Saviez-vous qu’il arrive fréquemment que l’on découvre la poésie, et son charme, entre 70 et 75 ans ? Vous apprendrez, en le lisant, bien d’autres choses.
Je vous envoie mes hommages et mes sentiments les meilleurs.
Ce propos est tout à fait beau en effet. Merci. Oui, il nous serait très précieux d’avoir pour Septembre un "propos" sur la poésie (A vrai dire, je ne sais encore trop ce que sera ce numéro spécialXVII. Si j’en juge par les deux ou trois mille poèmes que j’ai déjà reçus, il faudra, je le crains, donner le pas au témoignage sur le poème et accepter — si ce témoignage est par quelque côté authentique ou touchant — les poèmes les plus médiocres.)
Je vous envoie, chère Madame, mes meilleurs souvenirs et mes respectueuses amitiés.
Nous garderons donc le style. (Mais je regrette le "bourgeois roi des signes"). Merci.
J'espère pouvoir vous envoyer demain un livre de Christophe ColombXIX.
Oui, vous seriez tout à fait aimable d’envoyer le propos de Septembre à Paillart directementXX. Quant à l’"hommage à Gobineau", il se compose fort mal (je crois qu’Hitler nous fait du tort). Pourtant, je ne voudrais pas le renvoyer encore et, sauf grave déception, nous le donnerons le Ier octobreXXI.
Mon adresse de vacances sera, en Août et Septembre : Ile de Port-Cros, par les Salins-d’Hyères (Var). Ne viendrez-vous pas de ces côtés? Ce serait pour nous un grand plaisir de vousXXII montrer notre île (qu’Alain aimerait).
Voulez-vous être assez aimable pour revoir l’épreuve du Propos que je vous envoie ci-jointXXIV. Il y a deux ou trois choses qui m’inquiètent. Vous voudrez bienXXV me le retourner à la N.R.F. le plus vite possible.
Je vous remercie, chère Madame, et je vous prie de croire à mes sentiments bien attachés.
Je suis bien content des meilleures nouvelles que vous me donnez de la santé d’Alain.
Non, il n’y a pas eu d’erreur dans la rétribution du numéro de FévrierXXIX, mais si Alain en a été le moins du monde ennuyé ou blessé, je tâcherai volontiers d’obtenir un peu plus.
A vrai dire, je ne suis pas tout à fait sûr d’y parvenir. Les articles qui paraissent dans la N.R.F. sont ordinairement rétribués à raison de 25 à 30 fr [anc]s la page (à l’exception des romans pour lesquels il est fait un prix global). C'est plus que ne donnent Europe, le Mercure ou la Revue de Paris. Je sais bien que c’est trop peu, mais il faut songer que la vie d’un revue lorsqu’elle ne vit que de ses abonnements, est difficile — et plus difficile peut-être aujourd’hui qu’elle ne l’a été depuis longtemps.
C'est à titre tout à fait exceptionnel que j’ai pu obtenir pour chaque Propos, cent cinquante francs.
Permettez-moi de vous demander, à ce sujet, un service. Ne voudriez-vous pas me donner des noms d’abonnés possibles à la N.R.F. — à qui je pourrais, de votre part, adresser un numéro specimen et une lettre. Je vous en serais très vivement reconnaissant.
Recevez, je vous prie, chère Madame et amie, mes meilleurs souvenirs.
C'est "Les penseurs se sauvent…" que je retiendrai, si vous le voulez bien.
J'ai bien reçu les Propos de littératureXXXI et les Propos de politiqueXXXII. C'est Julien Benda qui doit parler des premiers, et Thibaudet, dans sa prochaine chronique, des seconds.
J'attends impatiemment les Dieux. Je presserai, autant qu’il me sera possible, les services de la fabricationXXXIII.
Recevez, je vous prie, mes amitiés et mes meilleurs souvenirs.
Pour Fargue, c’est exact en effet. Il est plus facile de faire un effort un peu exceptionnel quand il s’agit d’un article de deux pages (comme les Propos) ou de cinq ou six pages (comme ces Souvenirs)XXXV.
Jean Paulhan à Gabrielle Chartier-Alain (8 mai 1934) §
J'ai eu hier entres les mains, par un hasard qui m’a conduit à la fabrication, les Dieux d’Alain. Il m’a paru bien beau (j’entends la matière du livre) dru, puissant, et épais sans lourdeurXXXVI.
Je garde la Sainte Cène, et vous retourne les trois propos. Je parlerai ce soir à Daniel HirschXXXVII de la prière d’insérer.
Nous donnerons la Fête-Dieu, mais je regrette le "Jupiter" (où j’aimais cette intervention d’Alain en personne, ces souvenirs, cette familiarité).
J'ai bien reçu les DieuxXXXIX. Merci, et merci à Alain. Je commence à peine à les lire. L'on m’avait promis pour la N.R.F., à leur sujet, une note dont je viens d’apprendre que l’on ne me la donnerait pas. A qui la demander? Si vous avez quelque idée là-dessus, donnez-la moi, je vous prieXL.
Et recevez, chère Madame et amie, l’assurance de mes sentiments très attachés.
Madame CHARTIER "ALAIN" à Monsieur PAULHAN, N.R.F. 5 Rue Sébastien Bottin, Paris
Cher Monsieur,
Pour éviter tout malentendu, permettez-moi de confirmer par écrit notre conversation téléphonique du 30 courant, vous demandant de ne pas publier dans le numéro spécial, consacré à AlainXLVI I° une des petites anecdotes que raconte Monsieur Bénézé, qui du reste est d’accord avec moiXLVII 2°- les articles de Monsieur Farigoule dit Jules RomainsXLVIII et celui de Monsieur Daniel HalévyXLIX. Je prends toute la responsabilité de cette décision, sachant que je respecte ainsi intégralement la volonté d’Alain. Certes, je ne conteste pas la valeur de ces articles, étant donné le grand talent de ces écrivains ; mais, Alain, pour des raisons personnelles, n’aurait jamais admis ces collaborations, et son désir doit être respecté. Quand Monsieur SavinL m’en a parlé au début de l’année, je le lui avais dit verbalement. Mais n’ayant pas été tenue exactement au courant de ce qui paraîtrait dans le numéro que vous avez bien voulu consacrer à Alain, je m’excuse bien sincèrement de venir au dernier moment vous demander ces modifications ; toutefois, il m’est impossible de laisser trahir la volonté de mon cher Alain.
J'espère que vous me comprendrez et voudrez bien me pardonner.
Croyez, cher Monsieur, à l’expression de mes sentiments de gratitude.
1) c’est exact. L'anecdote faisait malheureusement le meilleur chapitre de l’article de BénézéLII.
2) j’ai en effet accepté de retirer le Romains. Romains, de qui l’article est d’ailleurs bref et détestable, m’y autorisait.
Pour l’article d’HalévyLIII, Mme Chartier ne m’a rien demandé, et je n’ai rien promis. Il me semble impossible de le retirer parce que :
1. il est excellent.
2. c’est moi qui l’ai demandé à Daniel Halévy.
3. je l’ai déjà remis à J. FestyLIV en bon à tirer.
4. la volonté d’Alain était de ne jamais lire un article, un "hommage" à plus forte raison, où il fût question de lui.
(c’est là ce que je me propose de répondre à Madame Chartier.)