Correspondances écrites et reçues par Jean Paulhan (1925-1936 et 1950-1958), éditées en collaboration avec l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC, Caen) et la Société des lecteurs de Jean Paulhan (SLJP).

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Ces lettres sont extraites des dossiers de correspondances passives et actives de Jean Paulhan. Elles s’inscrivent dans deux tranches chronologiques :

  • 1925-1936, années pendant lesquelles Jean Paulhan a été nommé rédacteur en chef, puis directeur de La Nouvelle Revue française,
  • 1950-1958, années de redémarrage de La NRF, après l’interruption de la fin de la guerre et de l’après-guerre…

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Jean Arabia

1951/1958

Jean Arabia à Jean Paulhan

Correspondance (1951–1958)

2016
Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL, 2016, license cc.
Source : IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843
Ont participé à cette édition électronique : Clarisse Barthélemy (Responsable éditorial), Camille Koskas (Responsable éditorial), Patricia Sustrac (Transcription) et Anne-Laure Huet (Édition TEI).

Jean Arabia à Jean Paulhan (21 mars 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 21 mars 1951.

À Jean Paulhan

Mon cher Jean Paulhan,

Je puis enfin vous adresser la suite et fin de « l’essai de Manifeste FRATERNALISTE » dont je n’ai pu vous remettre, le vendredi 2 mars, que les 7 premiers feuillets.

Cet essai est l’entrée en matière du manuscrit des « Étoiles et Bolides » qui sera maintenant complet, comme je l’entendais.

Je sais que vous êtes diantrement tenu par vos divers travaux ‑ beaucoup plus que moi-même par les miens ‑ (quoiqu’ils m’accaparent beaucoup trop, à mon gré) et j’eusse aimé vous transmettre le manuscrit, en un seul bloc, ce qui eut facilité votre lecture.

Je regrette aujourd’hui de n’avoir pu faire autrement – et je me dis bien que désormais, il ne doit être plus question pour moi d’être pris à court.

Quand on présente un manuscrit, j’entends bien maintenant, qu’il doit être complet.

Il y a tout de même une raison à ces 2 retards [incommodes ?] : j’avais cet essai – que je portais en moi depuis longtemps – absolument dans mon esprit avec ses huit paragraphes comme s’il était déjà écrit !....

Hélas !.....je me suis déjà fabriqué, comme Montaigne, une mémoire de papier, qui n’est pas encore au point – mon fichier et mes dossiers alphabétiques traînent un peu au hasard, pour l’instant, faute de place

et j’ai perdu beaucoup de temps à la recherche de certains documents qui étaient indispensables !....

voilà donc les deux retards incommodes motivés, un tant soit peu, et je suis persuadé que vous me comprendrez….. merci encore.

Si comme je le souhaite, grâce à vos bons soins,

T.S.V. P.

Gallimard édite les « Étoile et Bolides », je me permets, mon cher ami, (permettez-moi de vous appeler ami), je vous demande déjà – une faveur spéciale – un privilège, si vous préférez – le mot est peut-être plus exact – et je sais que c’est très délicat de vous demander un tel avantage :

Vous devriez, selon votre fantaisie et en toute liberté, me composer une préface pour Les Étoiles.

Si un tel bonheur me venait de vous, croyez bien que je serai magnifiquement payé de toutes mes peines, car, j’en ai eu, tout de même un peu, à sortir ce manuscrit.

J’eusse préféré aussi, vous envoyer l’ensemble de ce texte dactylographié, mais cela eut encore retardé mon envoi, d’autant plus que je ne suis qu’un passable dactylographe.

Excusez mes ratures, des passages de très mauvais écriture – on est pas toujours disposé à calligraphier – quoique je suis enclin, maintenant, moi-même, à faire le plus propre possible, et que je pense que la belle écriture, soignée, ne soit pas tout à fait la science des ânes, comme je le pensais autrefois.

Merci de tout cœur, encore une fois mon cher Paulhan, de vos façons simples et directes de m’encourager, et qui me touchent, croyez-le bien ;

Merci, de tout cœur, de ce que vous faites pour moi.

À vous lire, et vous revoir, j’espère, bientôt aussi, croyez moi, cher ami, en toute fidélité et bien affectueusement vôtre.

Jean Arabia

Jean Arabia à Jean Paulhan (5 octobre 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 5 octobre 1951.

Jean Arabia

67, rue de Billancourt

BOULOGNE

(Seine)

Tél. : MOL- 27-24

Mon cher Jean Paulhan,

Voici plusieurs jours que je veux vous écrire pour vous remercier de votre Petite Préface à toute critique.

Je ne l’ai fait plutôt, espérant vous donner des nouvelles du manuscrit – mais Buchet n’écrit toujours pas – attendons encore : la patience est un joli dévergondage que j’ai réussi à acquérir avec l’âge.

Parmi tout ce que j’ai perdu de ma jeunesse – c’est toujours ça de gagné….

J’ai eu plaisir diabolique à lire votre méthode. Tout ce que vous dites du langage est vrai : ils parlent toujours de querelles de mots et à grands moulinets de paroles écrites ou parlées ‑ même au boudoir des belles quand s’amoncelle le [givre ?] des tempêtes, avant le rompre définitif – il s’agit toujours de querelles de pensées.

Comme vous le précisez, fort à propos, nos philosophes ne sont pas exempts de cette épidémie, coqueluche de pas mal de nos littérateurs, et jusqu’à l’inabordable, de nos politiques.

Cette aventure du « Pyroscaphe », placée au centre de votre méthode, illustre, fort clairement, tout ce que le « point d’accomplissement » peut avoir de nébuleux pour ces bons messieurs de la gent copiste ou pondeuse, encore et pour longtemps à tâtons au gré des ténèbres.

Ce qui m’a paru absolument accompli en votre ouvrage, c’est le passage, sans avoir l’air d’y toucher, de la théorie à la pratique : c’est la meilleure passion des maîtres-d’œuvre, et cela me donne toujours envie de témoigner de ma satisfaction.

Les points sur les I à M. André Rousseaux : c’est de l’or d’orfèvre pur… l’or en lingot : quelle dérision.

Encore une observation, quoique mineure, mais je m’y tiens : j’ai été aux anges que vous affirmiez ce que je pense moi-même du philosophe intelligent en diable et météore de notre siècle : « le sens des réalités », échappe à Jean-Paul Sartre et je crains, moi aussi, qu’il ne « voie » la « littérature à l’envers. »….

Vous aviez raison : Petite Préface à toute critique, ce n’est pas abscons…., c’est surtout amusant, et vraiment réussi.

Venez me voir, cher ami, le plus tôt que vous pourrez. Je suis toujours ici, le matin jusqu’à deux heures de l’après-midi.

Après deux heures, il m’arrive de m’absenter.

Si vous désirez venir un après-midi, téléphonez-moi à MOL- 27-24.

À bientôt la joie de vous revoir, et croyez-moi, mon cher Jean Paulhan, en toute affection et fidèlement vôtre.

Jean Arabia

Jean Arabia à Jean Paulhan (19 octobre 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 19 octobre 1951.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

Tél. : MOL- 27-24

Mon cher Jean Paulhan,

J’arrive de la rue Sébastien Bottin et j’ai ainsi appris que vous étiez grippé.

Ce satané microbe hivernal que les médecins sont incapables de dépister et d’anéantir – comme tant d’autres d’ailleurs – nous guette et nous met à plat, chacun à notre tour – et c’est cela qui est ennuyeux, jusqu’au terrible, et jusqu’au souffrir.

Souffrir c’est que je trouve de plus intolérable et de plus outrageant.

D’autant plus, qu’en général, ce sont les innocents qui souffrent et non les coupables.

Quel génie se lèverez [lèverait], pour tuer définitivement cet horrible souffrir ; combien personnellement je lui tresserai l’immortelle couronne, dans le réel, j’entends… quand, oui, quand ?....

***

*

Ainsi, par la faute du satané microbe n’ai-je eu ni le plaisir de votre visite, ici ; ni celui de vous revoir à la NRF.

J’espère et souhaite de tout cœur que vous quitterez votre chambre au plus tôt, (les chambres ne me paraissent parfaites (à moi), que lorsque je suis en excellente santé) ; je souhaite encore de vous voir dès qu’il vous plaira, en ma petite maison du 67.

Un seul coup de fil de votre part me fera bien plaisir, car cela me désolerait de me trouver absent.

De toute façon je passerai mardi ou samedi prochain à la NRF prendre de vos nouvelles.

Affectueusement et fidèlement vôtre.

Jean Arabia

P.S. Je me suis sérieusement occupé de votre pendule, et me persuade de plus en plus, en y mettant quelques temps, qu’elle marchera bien. Pas de nouvelles du manuscrit des Étoiles ni de Buchet. Je ne veux prendre aucune décision à ce sujet, sans vous voir, et j’attends.

Encore vôtre.

J. A.

Autre PS. Je vous adresse par

ce même courrier une « Vie toulousaine » que je voulais vous remettre aujourd’hui.

Jean Arabia à Jean Paulhan (12 décembre 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 12 décembre 1951.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

Mon cher Jean Paulhan,

Votre très intéressant message du 11 lu avec joie, je m’empresse de vous donner quelques précisions sur « La Glorieuse colère ».

Il s’agit d’un premier jet.

Et j’ai coutume de laisser dormir, ce que je nomme mes « morasse poétiques », pour les réveiller beaucoup plus tard, et les habiller alors pour l’inégalable beauté.

Oui, abus – mais des deux coeurs – ne soyez pas inquiet, car j’ai horreur, comme vous, des répétitions – celui sans entraves avec aimante.

Le « temple [ILLISIBLE] », qui me déplaît fort, à moi aussi, tel quel, peut devenir un joli temple. Vous verrez.

Et cet obscur, tellement aérien, qu’il sera agréable.

J’ai besoin de vous faire cet aveu : j’aime l’éloquence ­– pas la mauvaise, du cher Verlaine, et comme lui, jusqu’à la rétorsion du cou et l’arrachement sans rémission de la langue – j’aime la belle, celle qui exalte, enhardit et permet l’épanouissement triomphal de nos généreuses passions.

C’est pourquoi la facile grandiloquence m’abuse encore : par le disible, j’arriverai bien à m’en défaire, j’espère !....

Merci cher ami, de vos observations qui m’incitent à travailler, à décanter, et me poussent, comme le fervent alpiniste, à me jouer des rocs afin d’atteindre – qui sait – les hauts sommets de l’inaccessible montagne.

De tout cœur, à vous.

Jean Arabia

PS Je vous joins le poème. « Amitié »

Avec les fêtes qui approchent je suis encore plus près que de coutume.

Je n’ai pas eu le temps d’aller voir M. André Bey [Bay], chez Stock, pour lui remettre le manuscrit.

J’espère y aller, mardi de même, prochainement, et viendrai vous surprendre rue Sébastien-Bottin.

Je viens d’adresser une lettre à Monsieur Gaston Gallimard, concernant la critique du livre de LA VIE TOULOUSAINE.

Peut-être vous en parlera-t-il ?

Les travaux de la pendule avancent. Je crois, de plus en plus, que j’arriverai au bon résultat escompté. Patience.

Encore vôtre

J. A

Jean Arabia à Jean Paulhan (1952) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 1952.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Tél : MOL-27-24

Cher ami,

Comme promis, je vous adresse un exemplaire de Quo Vadis où vient de paraître :

Pamphlet en mi-délicatesses.

Ce poëme fait partie de l’ensemble des inédits que je vous ai envoyés en date du 8 juillet 52.

Les personnages égarés de Lolita commencent à revenir… mais je prévois que ce diablotin de travail sera très long. Je crois, toutefois, que si je n’avais que ça à faire – sans rien bâcler – quelle horreur, ce tout-main – j’irais bien plus vite.

Très curieux aussi, avant d’entamer ce premier roman ­– genre où je m’essaye – je croyais que ce serait beaucoup plus facile.

En toute fidélité affectueuse.

Fraternellement.

Jean Arabia

La pendule marche toujours bien, mais… sonne toujours mal… c’est une sonnerie parfaite qu’il faudrait obtenir, (m’entêtant en modifications), je l’espère. Patientons… peut-être… le résulta sera-t-il positif ?

Jean Arabia à Jean Paulhan (1er janvier 1952) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 1er janvier 1952.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

Tél. : MOL- 27-2

Bien cher Jean Paulhan,

Je pensais pouvoir venir rue Sébastien Bottin, ces derniers jours, afin de causer un instant, et aussi emporter le socle de la pendule.

Avec les fêtes – plus occupé encore que de coutume – j’en ai été empêché.

J’espère venir vendredi prochain. Les travaux de l’ancre étant très avancés, je tiens à en arriver à des essais que je prévois concluants ; le montage du bâti sur le socle peut seul permettre ces essais.

Mercredi j’irai aussi porter le manuscrit chez Stock, en le remettant à M. André Bey [Bay], (de votre part, comme convenu).

Il semble que je lambine à ce sujet. Mais non, n’en croyez rien ; je vois seulement les difficultés qu’il y a pour arriver à publier un manuscrit comme celui des « Étoiles ».

Ce qui me donne de l’espoir, c’est que vous ayez bien voulu vous occuper d’une tache aussi ingrate : si nous réussissons, ce sera une espèce de miracle, que je vous devrai et n’oublierai jamais.

Mes bons vœux, bien cher ami.

Puisse 52 vous être propice, et que coule pour vous et ceux que vous ailmez, la fontaine de jouvence : celle qui seule nous épargne le noir souci.

Je suis vôtre en toute affection et toute fidélité.

Jean Arabia

Jean Arabia à Jean Paulhan (28 mars 1952) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 28 mars 1952.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Tél. : MOL- 27-24

Cher Jean Paulhan,

La jeune fille aux seins de libellule n’est pas tout près de moi, ce soir, mais j’ai la fièvre, il faut que je vous écrive.

Après avoir lu votre AVIS-préface, c’est banal et trop académique 8 après avoir réflécho à ce que vous m’avez dit, je vous confirme que vous avez raison en tous points.

Le Manifeste Fraternaliste alourdirait trop les poèmes. Le publier à part, plus tard,oui, puisque cela vous paraît possible.

Mais, ce qui me paraît, maintenant, essentiel et indispensable, c’est que votre Avis, sans y changer une virgule, soit le fronton des Étoiles et Bolides.

Je n’ai pas votre texte sous les yeux, je l’ai pas mal, dans ma tête et il y trotte bien mieux qu’un pur sang : cette simplicité qui n’a rien de simple et qui éclaire magistralement le baptistère de la poésie, je l’aperçois à chaque ligne tandis que je vous lisais.

Dire tout en si peu de mots ; quelle merveille et quelle alléchante débandade des prolixes !

Si vous pouviez convaincre Monsieur Gallimard de publier les Étoiles…. Quel grand bonheur !....

Je vous ai donné carte blanche et vous remercie encore de tout ce que vous faites pour moi.

Quand reviendra la jeune fille aux seins de libellule, je ne lui dirai pas tout de suite que nous courons la chance d’être NRF : elle serait capable de danser un tango autour de mon encrier !....

Par ce même courrier, j’insiste auprès du directeur de la V.T. [Vie Toulousaine] au sujet du « papier » sur la Résistance.

À bientôt, j’espère, cher ami, la joie de vous revoir.

Je suis en toute affection et toute gratitude vôtre.

Jean Arabia

P.S : pendule : Oui, sans toucher aux aiguilles, la sonnerie peut revenir exacte. C’est très simple mais il faut le montrer.

Si lundi, vers 11h vous étiez libre, je viendrais.

Si vous êtes d’accord pour lundi, ne m’écrivez pas.

Sinon, tout autre jour et heure à votre choix, il suffiraa de me faire signe.

JA

Boulogne, Vendredi 28 mars 52.

Jean Arabia à Jean Paulhan (avril 1952) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – avril 1952.
Mon cher Jean Paulhan,

À l’instant je reçois votre AVIS.

Délices que de le relire.

Et ce témoignage d’amitié me touche à l’extrême.

Je vois de grands lecteurs le scruter, des plumes s’aiguiser autour de nos Étoiles et bolides….

Je range précieusement votre Avis dans mon petit dossier personnel.

À l’heure choisie il prendra place dans le manuscrit original.

De tout cœur, merci.

Je suis vôtre très fidèlement.

Mes mains fraternelles.

Jean Arabia

Je viendrai vous voir après-demain

et vous remettrai votre montre en or qui est maintenant bien au point.

Jean Arabia à Jean Paulhan (28 avril 1952) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 28 avril 1952.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

Tél. : MOL- 27-24

Lundi 28 Avril 52

Mon cher Jean Paulhan,

Vraiment vous êtes trop généreux, et je n’ai pas osé emporter ce magnifique album de l’Algérie que vous m’offriez.

Mais…….

j’en ai causé à ma femme et compris que cela lui serait fort agréable : il est vrai qu’en le feuilletant j’y ai vu des images ravissantes.

Si cela ne vous prive pas et ne vous ennuie, réservez-le moi, je le prendrai à l’occasion.

Bonne première sortie pour vous aujourd’hui, que je vous souhaite. Le soleil semble être avec nous et ainsi notre chemin quotidien est-il meilleur.

J’espère qu’avec les bonnes intuitions de la faculté – hélas ! elle en a parfois de mauvaises avec ses diagnostics à la gribouille – en vous ménageant comme il sied, vous irez de mieux en mieux et pourrais vous voir vendredi, souriant, à la NRF et vous remettre votre montre en or, que cette fois je n’oublierai pas.

Ah ! ces poètes !....

Mais il faut leur pardonner.

Je suis votre bien affectueusement et fraternellement.

Jean Arabia

PS. Si la pendule de votre bureau s’arrête, il faut me faire signe ou me téléphoner immédiatement. Ne vous gênez pas surtout. J’espère d’ailleurs qu’elle sera sage.

Jean Arabia à Jean Paulhan (18 juin 1952) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 18 juin 1952.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

(Tél. : MOL- 27-24)

Mon cher Jean Paulhan

L’homme propose et Dieu dispose

- Oui si le destin est Dieu et si nous ne le contrarions point. Ces jours-ci ‑ tenu par mes travaux de loupe-à-l’œil – et voulant achever la série de poèmes que je vous destinais,

Je n’ai pu venir vous voir.

Selon les excellentes suggestions de votre lettre du 19 décembre 1951, j’ai tenu, revenant au poème « Poème de la Glorieuse colère » à lui donner l’allure non cursive qui était sa raison d’être, en supprimant, selon votre désir ‑ qui était aussi le mien – (car je n’étais point satisfait de ce premier jet) – les abus du « futur », du « cœur de l’humanité en marche » et autres vraiment très obscures ».

Une fois encore je vous remercie de vos bons conseils et de votre amitié.

Je joins ici, cette série de poèmes, qui, à mon sens, sont le point final absolu du Étoiles et Bolides ». Le chapitre V avait arrêté la première partie. Le chapitre VI qui clôt le recueil, se compose ainsi de deux parties.

I. Les feuillets épars (ce sont les derniers poèmes que je vous ai remis en plusieurs fois)

II Magiciennes et luciférines que je vous adresse aujourd’hui.

Je crois que nous approchons de 6000 lignes, avec votre remarquable AVIS.

Il me semble bien qu’il ne s’agira pas là d’un tout petit recueil, où [ou] d’une petite course d’une centaine de mètres incapables d’attirer l’attention de la critique ?....

Au sujet du roman « Lolita où [ou] le sang des hommes » ‑ c’est mon premier galop vers le genre qu ia tant de succès – dont je vous ai parlé.

J’avais bien démarré, mais cela n’a pas duré. Quand on veut faire de la prose bonne, en principe – ou mauvaise – il faut oublier absolument « la jeune fille aux seins de libellule », tout du moins pendant quelques temps.

Je parle pour moi, pour les autres, je ne sais pas. Maintenant que les « Étoiles et Bolides » sont achevées, je verrai si Lolita me sera docile.

À bientôt, cher ami, merci encore, et croyez-moi en toute affection, et de tout cœur, fidèlement vôtre.

Jean Arabia

P.S. : la pendule de votre salle de jeu est bien au point et marche comme un amour [?]. Je viendrai vous l’apporter lundi prochain 23 juin, vers 11 heures, et verrai la « terrible boudeuse » de voter bureau. Si vous n’êtes pas libre ce jour-là, téléphonez-moi, S.V. P.

Jean Arabia à Jean Paulhan (7 juillet 1952) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 7 juillet 1952.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Tél : MOL-27-24

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Mon cher Jean Paulhan,

J’envoie par ce même courrier, comme vous l’avez suggéré, une série de poèmes :

1er- À Monsieur Claude Elsen, de votre part,

2°- à Monsieur Alain Bosquet

3è La Tribune des poètes (Marie-Louise Pérot).

Je vous joins tous ces poèmes nouveaux, comme vous le verrez, (sauf deux que vous connaissez et qui font partie des « Étoiles »), afin que vous en ayez la primeur, et me disiez ce que vous en pensez.

J’ai eu aussi un cordial entretien avec Jean Roussel, rédacteur en chef de l’Âge Nouveau, il m’a promis de publier quelques uns de mes poèmes. Ceux que je lui ai remis font partie des « Étoiles ».

Vraiment je suis enthousiasmé de St John-Perse que j’ai connu grâce à vous. Les autres numéros des Cahiers de la Pléiade m’ont aussi beaucoup plu.

Par ces temps de canicule et de pré-vacances, je suis un peu débordé en travaux professionnels – car la plupart des gens sont pressés et ont besoin de l’heure, comme ils disent, quand ils partent se mettre au vert.

Quant à moi, j’estime que les vacances sont faites justement pour oublier l’heure !... et, bien sûr, nos divers ennuis…. Sur ce point, comme je l’entends, je ne suis donc pas d’accord avec mes bons clients.

Vous m’aviez bien promis de venir me voir. Je sais combien vous êtes occupé et tenu par vos travaux ; cependant si votre sciatique ne vous ennuie plus, faites-moi ce grand plaisir : venez me voir, dans mon atelier, dans ma petite maison.

Après, nous choisirons d’aller surprendre le grand Brake ([ ?], en plein travail, comme nous en avions parlé.

À bientôt j’espère, mon cher Jean Pauhan.

Je suis vôtre en toute affectueuse fidélité.

Mes mains fraternelles

Jean Arabia

PS. J’achève la pendule de la chambre de votre petit-fils. Quant à la merveilleuse [Louis XV ?] unique de votre bureau. Le mal est réparé. Elle marche fort bien. C’est la clef qui a ripé. Et non de votre faute. Mais j’ai trouvé une clef qui sera parfaite.

Elle sonbne cependant toujours mal, cela me chiffonne. Je pense toutefois parvenir à la faire bien sonner, ce qui me comblerait, non point de vain orgueil, mais de plaisir professionnel.

Encore votre

JA

Jean Arabia à Jean Paulhan (24 novembre 1952) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 24 novembre 1952.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Tél : MOL-27-24

Cher ami,

La mort d’Éluard que j’aimais, malgré ses erreurs, m’a fortement frappé.

Toutefois, aucune ombre, ni plus troublants éclairs de certains « Fiat lux », ne sauraient altérer en moi le combat qui m’anime depuis toujours : justice, libération totale et fraternelle, vérité une, PAIX, me sont charnellement indivisibles au souffle révélateur de la déesse.

Je ne sais si les petitesses des faillibles nous guettent et amoindriront mes seuls fleuves de pureté.

Si elles peuvent nous porter à la crainte, à la tristesse ou à l’indigne désespérance ?

Ce que je sais, c’est que – à moins que toutes les puissances du mal, ne le murent, ne l’enchaînent dès avant de le clouer à la croix des martyrs – le lutteur qui désarme ne mérite point d’indulgence.

C’est pourquoi je ne désarme en rien, et veuille le destin qui me reste – long ou bref – que cette chose sacrée que j’ai dite et me paraît seule valable – m’étreigne jusqu’au tombeau.

Je vous joins le sonnet que la brutale disparition du grand poëte m’a inspiré.

Je suis en toute affection fidèlement vôtre.

Jean Arabia

Oraison de l’archa[n ?]ge du doute

Hommage intemporel à Paul Éluard

Peut-être qu’en ce jour de novembre où il neige

Un grand poète est mort que nous ne savions pas

Luth triomphal génie et ombre à nos trépas

Nos matins seront clairs grâce à ce sortilège

Il faut choisir éviter la douleur ses pièges

Pour [l’ ?]oubli Élysée aux danseurs d’ici-bas

Ou bien dans le réel s’arc-bouter aux combats

Holocaustes dieux noirs et régents sacrilèges

Suicide… Fiers mutins la muse vous conduit

De plein ciel au bercail des douceurs et des nuits

Quand l’orme et le forum inventent l’autre messe

Et suffit-il de croire au TEMPS DE LIBERTÉ

S’aguerrir des tyrans – Ô MON PEUPLE INDOMPTÉ –

Pour que l’Amour linceul, cher Éluard, nous blesse !

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (31 novembre 1953) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 31 novembre 1953.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Tél : MOL-27-24

Cher ami,

Très tenu ces temps-ci par mes travaux professionnels je n’ai pu venir vous surprendre à La NRF.

J’espère cependant venir Mercredi prochain et retirer le 3 poëmes qui doivent dormir du bon sommeil des fatigués dans votre bonne armoire aux manuscrits qui a abrité et abrite encore une fameuse encre à noms retentissants.

J’ai enfin reçu le manuscrit des Étoiles en retour, au frais de l’éditeur, en R[ecommandé], (ce qui est gentil), mais sans un seul mot, (même pas lettrique – quel dommage), à croire que Monsieur Ste Conil [?], des Éditions de la Nouvelle Chance, n’aime pas donner l’ombre d’une appréciation, au sujet des manuscrits qu’il reçoit.

Ce Monsieur, (c’est encore peut-être une idée de poëte non-commercial – titre que m’a très généreusement accordé Corti ‑) ne doit pas aimer répondre aux lettres, et m’a tout l’air d’un éditeur d’un genre très spécial, ‑ enfin, il se peut que je me trompe…

Je lis toujours avec plaisir la N[ouvelle] N[ouvelle Revue Française]. et dans le n° d’octobre, Jean Guéhenno, a retenu mon attention et j’ai aimé entre autres :

« … pour cette idée de l’homme qu’il a été donné aux Français de tirer au clair. Je confesserais dans quel état elle est au milieu d’un monde ridiculement efficace où les hommes ne seront bientôt plus que des mains. »…

Pour moi, confesser ne suffit pas ; (sans action rien ne vaut), aussi faut-il venir à bout de tous ceux qui mettent cette auguste idée de l’homme, en péril. (J’entends tout au moins en venir à bout par la douce persuasion – mettons celle du sorcier ou du mage.)

Je veux encore essayer de confier les Étoiles aux Éditions K. (quoique je sache maintenant qu’elles sont invendables, et que même elles ne puissent que trouver [illisible] chez les meilleurs marchands du panier à sciure).

On ne sait jamais – car s’il y avait chez K. quelque fou dans mon genre – moi pour écrire, lui pour courir le risque : le miracle aurait lieu : Les Étoiles seraient éditées !....

J’espère que votre dame va assez bien, que vous allez parfaitement bien, ce que je souhaite.

Ma femme se rappelle à votre bon souvenir.

Et quoique Guéhenno se méfie beaucoup des mains – en quoi il a parfaitement raison – mes deux bonnes mains fraternelles qui sont ou se veulent les agiles courrières de l’esprit.

Jean ARABIA

PS. Bravo pour votre vieille et inoubliable victoire [en moto ?]

[deux lignes barrées]

Jean Arabia à Jean Paulhan (décembre 1953) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – décembre 1953.

Pour Madame Jean Paulhan

pour tous les tiensI, petits en [ou] grands,

et pour toi si cher magicien

mon cœur joyeux tout près du tien ;

Bon Noël, bonne année.

J.A

Jean Arabia à Jean Paulhan (10 mai 1954) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 10 mai 1954.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

------

Tél : MOL-27-24

Lundi 10-V-54

Cher Ami,

Je voulais déjà vous écrire avant-hier, au sujet de la fin du Coup de boules, et des réflexions que votre observation a fait surgir :

Ce n’est pas qu’au billard qu’un coup de boules de génie abolit le hasard.

C’est aussi à ce jeu – que vous aimez, je crois – et que le Midi a inventé, je suppose, où le cochonnet est le signe-arbitre, (le tireur, le plus adroit y abolit le hasard).

Enfin ce jeu continuel des idées qui sont certes de bonne boule,

qui nous assaillent ou s’envolent bonnes ou mauvaises idées -

et là aussi s’abolit le hasard,

car, de temps à autre, un grand joueur les capte, les trie, et après choix inattendu du commun, (mais exigence du seul grand joueur), il nous parvient

quelque invention littéraire ou scientifique de génie que l’humanité s’empresse d’inscrire sur ses tables immortelles.

Un coup de boule abolit le hasard. Il est vrai, toutefois, que l’ensemble du poëme se prête et exige de bien diverses interprétations. En toute affection

vôtre
Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (30 avril 1955) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 30 avril 1955.

Action pacifiste internationale

(A.P.I)

Le Secrétaire Général

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

Aimer, s’Élever, se Libérer- La Paix est notre bataille

Cher Ami,

J’ai lu la fin de vos douleurs imaginairesII, et ce qui me ravit c’est que des douleurs réelles (votre sciatique) vous aient poussé à écrire tant de vérités qui sortent du commun et n’en demeurent, pas moins, vraies.

Si l’art d’écrire s’apprend – ce que conteste très fort Gourmont (1) – (et moi-même autrefois, avant que de le lire), le talent fameux, inépuisable, ne saurait s’apprendre (je le suppose encore, faute hélas ! de l’affirmer)

car il est comme l’oiseau inapprochablement délicieux, en vos DOULEURS I.

Je veux bien citer, prêt à effeuiller l’aile ultime de ma colombe :

« je pense, donc tout pourrait bien n’être que pensée. Je pense donc je ne suis pas. » (2)

Certes, car il m’arrive de penser et de n’être pas de ce Monde, et j’affirme alors n’être de nulle part.

Fraternellement

Jean ARABIA

Merci encore.

J.A.

Jean Arabia à Jean Paulhan (24 juin 1955) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 24 juin 1955.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Cher ami,

Les Feux, bien sûr, de toutes les veillées de Saint-Jean, nous accompagnent, (ainsi s’accomplit le destin, et le nôtre en ce jour). Les Feux du passé (langues de diamant très hautes, qu’éphèbes jouteurs nous sûmes purifier en sauts aériens d’indomptables cabris) et les brindilles à feux tout légers, tout mignons, qu’il suffisait, en joie, de nos petits pas d’enfants pour y sauter…

Les Feux du présent

de front très ridés

les rides s’effacent

nos cœurs sans oubli

toujours bondissants

Il n’y manque rien

de la vie qui vient

et qui sera jeu de bons magiciens.

Bonne Saint-Jean pour vous et les vôtres

cher ami,

Hommages très respectueusement choisis à Madame Jean Paulhan.

Ma femme se rappelle à votre bon souvenir.

En ce jour qui ne saurait fuir

Mes mains aux vôtres (plénitude fraternelle).

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (9 juillet 1955) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 9 juillet 1955.

Action pacifiste internationale

(A.P.I)

Le Secrétaire Général

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

Aimer, s’Élever, se Libérer- La Paix est notre bataille

Cher Ami

L’Histoire d’O fait beaucoup de bruit et gambade fort bien.

Je m’en réjouis et regrette autant n’avoir pas le délicieux exemplaire que j’espérai[s].

Comme il y a le revers de D’O., je m’en attriste aussi. (Je suppose et me persuade qu’au moins ils ne vous créeront pas d’ennuis à ce sujet).

Ils vont un peu fort : il y aurait de quoi désommeiller les plus joli[e]s fenêtres d’un tel parti pris ;

de quoi faire rempailler les plus jeunes et justiciers de nos Lions‑ car je suppose qu’il nous en reste.

Information pour ouvrage aux bonnes mœurs

disent-ils

et de parqueter au nom de quoi, en somme ?

ceux qui veulent tapisser la littérature de certificats de bonne conduite

sont les premiers à pratiquer l’outrage à ce qu’ils nomment ainsi

et ce n’est pas sur le papier ; ni en esprit, mais en chair et en œuvres de luxure.

Je les en louerai car la luxure (du fait que les partenaires sont d’accord et se déchirent d’amour à belles dents) n’a jamais été un péché et ne le sera jamais.

Mais je ne les loue point de leur information (là, je leur jette mes plus terribles pieux) :

Cela malgré les exégètes et étrivières de la Religion C[atholique] et de ses sœurs, ruisselantes de contradictions :

Tout en fermant les yeux ne montre-t-on pas le chemin à virgules des lanternes rouges à nos jeunes gens ?

Et ceux du chapelet au dernier grain y ajoutent toujours :

  • Petit, ne soit pas bégueule…

Et puis, ce que l’on prétend interdire ici au nom des bonnes mœurs (mais peut-être sont-elles très mauvaises), est prôné et honoré en d’autres fourmilières où il ne manque – non plus et non moins ‑ témoignage imprescriptible et non sommaire de

CIVILISATION.

Partez-vous bientôt en vacances ?

Je vous en souhaite, belles oublieuses et ensoleillées.

J’espère que Me Maurice Garçon n’aura nullement à vous déranger.

Venez donc me surprendre dans mon atelier de la R[ue de B[illancourt]. Vous me ferez joie.

Quoique le soleil me tente, je ne peux pas, cette année courir mes montagnes du Roussillon. Je resterai ici, en vacances.

Les temps sont difficiles,

et pour moi, hélas ! tout est très difficile ou le devient de plus en plus,

mais je crois que nul ne m’enlèvera jamais mon jeune cœur de lion, même vieillissant, et que je rugirai toujours, à sauver mon âme et celles aussi qui sont miennes, en irréductibles oasis.

Fraternellement bien vôtre

Jean ARABIA

Le manuscrit complet des Étoiles est actuellement

(comme je vous l’ai dit chez DEL DUCA, depuis le 14 juin. J’attends, sans illusions, d’aller le reprendre, ou ce serait et sans fantômes (qui sait) un miracle : mais le peu de cheveux blancs qui me restent m’ont absolument désappris de croire au père NOËL.

Jean Arabia à Jean Paulhan (30 juillet 1955) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 30 juillet 1955.

Jean Arabia

Cher ami,

J’espérais vous voir mercredi : impossible ; j’ai été et je suis encore débordé d’horlogeries (plaisantent-t-elles font peut-être gagner le ciel – en tout cas la base matérielle) ; (ennuyeuses toutefois et difficiles, très difficiles, même pour d’énaurmes littérateurs aux pieds de poule qui trouvent tout facile – quelle veine pour ces grands seigneurs – mais je ne les envie pas – (mes envies sont d’un autre tonneau, et il doit y couler un terrible vin catalan – ce qui est, je suppose – mauvaise cailladine).

Enfin il faut se résigner :

Nous sommes un peu pour ça sur terre

et si nous ne nous résignons…. quels terribles changements ; (je me résigne autant que l’âge l’ordonne) et comme tous mes clients veulent leurs petites pucelles en plaqué – battant la seconde – pour partir en vacances, je me résigne à passer pas mal de nuits à mon établi la loupe à l’œil.

Heureusement, ça se calmera cette fièvre qui remplit mes tiroirs de malades, et mes horlogeries reprendront leur petite cadence régulière et retrouverai-je ainsi un peu de mes loisirs et aurai-je le plaisir de vous revoir.

Pardonnez-moi de vous ennuyer avec ces histoires qui ne conduisent pas aux bains de mer quoique la saison en soit venue.

Vos histoires à vous sont certainement plus graves – mais peut-être plus consolantes – car il me paraît (en quoi je puis dérailler comme un excellent rapide – pardon) que lire, lire à longueur de journées des auteurs patentés et de renom, d’autres de fort mauvais – ça peut avoir un côté plaisant – s’il arrive, de temps à autre, de découvrir quelque étoile étonnante, capable d’attirer jalousement et en gloire les plus capricieuses générations du monde entier.

Comme j’ai soif de savoir beaucoup de ce que j’ignore me voici encore à vous parler de littérature – il me faut votre indulgence, (car je n’y suis jamais encore bien entré) – et de vous interroger :

Vous m’aviez dit qu’on rééditait G. – il le mérite certes – c’est un grand esprit et à côté, AlbalatIII (morne plaine…) une luciole.

Je pense que vous avez lu le « papier » qu’Émile Henriot a écrit dans Le Monde au sujet de cette réédition de l’ÉsthétiqueIV. Il en dit grand bien et encore des Masques que je n’ai pas lus. Il le classe avec Suarès et Alain :

cette classification est-elle valable ?

Je suis d’accord avec Émile Henriot (excellent critique, je crois) quand il affirme que G[ourmont] est un savant, un technicien qui a eu la préoccupation de la langue, de l’écriture, (fustigeant les microbes-patineurs qui encombrent encore le français de barbarismes grecs.) Et certes « le sens de la beauté » n’a jamais fait défaut à G[ourmont].

Je suis moins d’accord avec É[mile Henriot], quand il lui arrive de donner son avis sur notre poësie moderne, (il me paraît absolument noyé) ;

ainsi a-t-il pu maltraiter le grand St-John Perse, et d’autres, (au point que j’ai cru qu’ É[mile Henriot], là, était absolument aveugle).

J’ai aimé alors, qu’Alain Bosquet le prenne à bras le corps pour lui asséner quelques élémentaires vérités.

Il me semble que depuis cette agréable passe d’armes, É[mile Henriot] s’est amendé, et y voit plus clair en ce qui touche à l’art moderne du poëte.

C’est un bien.

En ce qui concerne G[ourmont] auquel je reviens comme à un péché très mignon – je vous garde gratitude de me l’avoir mis en mains – mais il me vient une idée qui vous paraîtra saugrenue, vous la disant tout de même :

Si nous pouvions arriver à écrire sans clichés, ni lieux communs, il se produirait un bouleversement que nul n’a encore jamais vu – Dada et le surréel à comparer, ce ne serait même plus qu’une vulgaire escapade de terribles écoliers – ce qui nous guetterait aussi c’est le fatras illisible isoudienV et la tonne de postillons que nous recevrions, en l’écoutant.

Je suis terriblement coincé par cette idée : c’est une implacable mordache d’étau qui broie, à moins de supprimer le Si et tranquillement prouver que : nous pouvons écrire sans clichés ni lieux communs.

Je finirai bien par croire, comme G[ourmont], que l’art d’écrire (sauf à la mode du jour), ne s’apprend pas, et ne relève, en somme, que de la magie.

D’ailleurs – je me dois cet aveu – je m’étais bien promis après avoir lu G[ourmont], de ne plus toucher à une plume, de la laisser aux seuls écrivains ; mais je crains (maintenant) que la maladie ou la manie d’écrire (semblable, un peu, à quelque invétérée soulographie ou très mauvaise ivrognerie) ne me reprenne et me pervertisse.

Enfin je veillerai à ce que cela n’arrive pas, sans être sûr d’y parvenir, car il me semble toujours, que c’est une maligne présomption de nous croire seuls maîtres de notre destin.

Pardonnez-moi d’avoir encore grignoté un peu de votre temps précieux.

Bonnes vacances.

Fraternellement.

Jean ARABIA

Évidemment ; ça n’a pas mouché : Les Étoiles ont été refusées, comme ailleurs, chez d’El Duca, malgré que les manuscrites aient été lus avec une extrême bienveillance, et m’aient été retournées, en délicatesse, aux frais de la grande firme d’édition.

Continuer à battre les pavés de Paris afin de trouver un éditeur-normal pour Les Étoiles, perspective enfin désolante : j’y renonce.

À la rentrée, je verrai avec vous, s’il est vraiment possible de sortir Les Étoiles chez Seghers, même en souscription.

Je crois qu’il est l’ultime refuge. Mais nous en reparlerons.

Merci encore.

JA

Jean Arabia à Jean Paulhan (22 août 1955) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 22 août 1955.

Jean Arabia

Cher ami,

J’ai un oubli à me faire pardonner : voici fort longtemps j’ai acheté Les Premiers TempsVI chez notre amie (dispensatrice d’oeuvres) Paule Billion.

Trop tenu par mes divers travaux – et ce plaisir impuni de lire, n’étant que mon dernier plaisir (hélas) ! –

Je n’ai ouvert cet exemplaire qu’aujourd’hui et j’ai lu d’abord, à la page de garde, sous votre signature, plus beaux que les plus beaux voiliers des salons de lecture, et combien plus appréciable, cette exhortation, toute merveilleuse en sa simplicité :

« Pas un romancier

n’avait eu, depuis Dickens,

cette joie du récit. »

(Jean Paulhan)

J’ai cette joie, et merci d’elle. Il se peut que celle-ci en appelle beaucoup d’autres.

Comme notre MONDE est toujours terraquéVII, (que seul, je ne le puisse guérir)… je suis, tout de même, en cette heure (pour moi, inoubliable), comblé par cette joie.

Mes mains fraternelles

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (24 octobre 1955) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 24 octobre 1955.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

Cher ami,

Je suis de retour ici, depuis peu, avec ma femme.

Malgré la peine, angoisse et soucis s’évanouissent.

Merci de votre lettre du 14.

Votre Port-Cros (que j’imaginais idyllique), « malgré la mer rayonnante » mais votre port ravagé, n’a rien de rassurant. (Ah ! leurs guerres !)

D’ici peu je verrai Seghers : peut-être aboutirons-nous à une entente pour publier Les É[toiles] ?

J’espère aussi vous revoir bientôt avec un ciel clair et aussi rassurant que celui de cet après-midi 25 xX.

Je vous joins quelques poëmes très récents.

Je me suis décidé à réécrire, tâchant d’en venir à l’écriture simple fort justement conseillée par Gourmont, (qui vous est chère, et qui est la bonne).

J’y suis jusqu’à proscrire l’éloquence !... Ai-je en bonne part réussi ou réussirai-je ?

Porte du soleil, le jeu en vaut tout de même la chandelle, même nucléaire, je crois.

Mes mains fraternellement

fidèles.

Jean ARABIA

J’espère que Mme Jean Paulhan va beaucoup mieux et le souhaite.

Jean Arabia à Jean Paulhan (2 décembre 1955) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 2 décembre 1955.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Cher ami,

Le facteur était là pour le pneu, (impatient) ; je n’ai pas eu le temps de voir si ça clochait. Mais il faut lire :

Nos ruches diamant et notre mer lumière

Bien vôtre.

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (6 janvier 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 6 janvier 1956.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Cher ami,

J’avais belle envie hier, de venir r[ue] S[ébastien] B[ottin] vous dire : bonne année.

Un petit patron (dans mon genre) n’est jamais parfaitement son maître :

j’ai été empêché.

En plus je sors d’une campagne électorale qui nous a donné du mal.

Je savais que nous allions en superbe vélocité à un échec et mat très spectaculaire. Mais je savais aussi qu’en Lion-non-violent (seulement très justicier) je pourrai défendre la vraie PAIX.

Préaux d’école presque vides, Wagram chargé de bonnes grappes humaines, parmi mes compagnons anti-bellicistes, j’ai sonné le ralliement pour la Patrie Universelle (seule bonne) ; et cette défaite (mienne) après tant d’autres, en bien d’autres domaines, fait encore mon âme sereine et joyeuse.

(Il se peut, après tout, que la victoire-victoire, rende très sombres d’authentiques lutteurs)

J’espère vous revoir assez prochainement. Vous me donnerez des nouvelles des derniers textes à vous confiés.

Merci encore.

Que 56 soit de grâce, pour Madame Jean Paulhan – dont je souhaite que la santé s’améliore –

de grâce aussi pour vos chers tous et pour vous-même.

Ma femme joint ses bons vœux aux miens, et se rappelle à votre bon souvenir.

En inaltérable affection fraternelle

Jean ARABIA

Vœux encore pour la N[ouvelle] N[ouvelle Revue Française] allant toujours très zénithale vers de nouveaux succès, porteuse aux continents des plus beaux feux (étonnants, essentiels) de notre langue d’immortalité.

Vœux, aussi aux grands N.N. qui l’animent :

au cher Marcel ARLAND dont l’œuvre critique émerveille ;

à sa gentille secrétaire.

à DO qui s’efface, et qui (probablement) me gronderait (ne serait-ce qu’avec ses yeux) si, raturant la littérature, je disais à peine joliment qu’elle est une fameuse ÉTOILE ;

enfin à tous ceux que je rencontre au grand bureau GALLIMARD (vôtre) et à toutes (certes) à qui je tends ma petite main de poëte inconnu ; et très particulièrement au grand PATRON GASTON GALLIMARD que je n’ai ni l’honneur ni la joie de connaître.

JA

Jean Arabia à Jean Paulhan (26 mars 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 26 mars 1956.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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LVI

Cher ami,

Je vois bien que vous ne venez pas.

Apportez le méchant BayardVIII à La N[ouvelle Nouvelle Revue Française]. Je viendrai le prendre après-demain et aurais, ainsi, la joie de vous revoir.

Depuis l’envoi du contrat signé, je ne sais plus rien, ni des Étions Coaraze, ni des « Étoiles ».

Cela me paraît long, mais peut-être est-ce dans la norme ?

Très affectueusement

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (16 avril 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 16 avril 1956.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Tél. : MOL-27-24.

Cher ami,

Le Bayard et la montre-bracelet de votre cousine (je crois ?) sont prêts et vont fort bien.

C’est tout de même heureux que nous puissions – assez souvent – ressusciter les morts et qu’ils se portent ensuite fort bien. (et cela sans prodiges, sans la Bible, sans Lazare).

Soyez gentil – si vous avez une petite fleur de passe-temps – venez me voir – vous emporterez les ressuscités.

Aucune nouvelle de Coaraze – mais c’est normal – puisqu’il ne faut jamais être pressé avec les éditeurs.

À bientôt.

Ma femme se rappelle à votre bon souvenir.

Mes hommages respectueux à Madame Jean Paulhan.

Fraternellement vôtre.

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (19 mai 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 19 mai 1956.
Cher ami,

Je me réjouis de votre promenade savoyarde (d’abord, puisque excellente pour votre santé)

et puis pour ce que vous m’en dites.

J’aimerai moi aussi ce paysage fermé mais où le gazon (peut-être) gazouille (moins que nos cigales) aidant ainsi les « pommes » à prendre de « belles couleurs ».

Et j’aimerai voir en pleine action ces bulldozers étonnants (mais je les désirerai légers et peu bruiteurs).

Les nouvelles de Coaraze (il y a un mois) furent peu rassurantes. Depuis le silence de M. Mary me paraît plus rassurant.

Je vous expliquerai Mercredi prochain car, j’espère être des vôtres, et vous apporterai le Bayard musicien et la montre de votre cousine qui vont parfaitement.

En fidélité affectueuse vôtre

Jean ARABIA

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Jean Arabia à Jean Paulhan (22 juillet 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 22 juillet 1956.
Cher Ami,

Je viens de lire avec beaucoup de retard – mes travaux de « primum vivere » me tiennent trop – le « papier » essentiellement humain et d’une noblesse très lumineuse et simple (qui est, il me semble, assez votre genre) ;

consacré à Julien BENDA dans La NRF de JuilletIX.

Certes Benda a défendu « les droits de l’intelligence » mais peut-être a-t-il aussi défendu sans que l’on s’en aperçoive autant, les droits de libération de chaque homme et ces sources d’où sourdra tout le bonheur futur : la pureté consciencielle et l’élan spontané (caractéristique du vrai pamphlétaire) par quoi le mensonge-mensonge est décapité.

En cela Benda était romantique élyséen (mais sans le savoir).

J’ai appris la mort d’Henri CaletX que vous m’aviez présenté, et qui est un écrivain d’une douceur et d’un naturel ironique très aérien.

Cette mort m’a aussi attristé.

Nous partons tous : si nous nous retrouvons au sein du Dieu incompréhensible (1) ce sera tout de même très joli ; (que d’étoiles immortelles acquises, et les autres que nous acquerrons !)… Je commence d’y croire !....

Merci de l’Anthologie de la Deuxième décadeXI.

Les nouvelles récentes de Coaraze sont du cloche-pied, pour ne pas dire plus.

À mercredi, j’espère, nous en reparlerons.

Affectueusement

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (27 novembre 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 27 novembre 1956.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Cher ami,

Votre Lettre à un jeune partisanXII m’a paru merveilleuse, pleine d’enseignement, très objective ; quant aux Partis, d’une Vérité-Vérité, qu’il sera pendant très longtemps encore, très difficile de faire admettre aux partisans en général – c’est de cette minorité que sortent les gouvernements et les malheurs des Peuples –

et aux imbéciles généralisés et adipeusement coagulés sous le titre aguicheur de MASSES.

Je voulais vous complimenter de cette Lettre, mais vous étiez à Vence.

J’espère que là-bas vous avez eu un peu plus de soleil qu’à Paris, et un séjour agréable.

Je regrette [de] ne pouvoir venir demain.

Je vous joins la correspondance que j’ai eue avec Coaraze ces derniers temps.

Bien sûr (pas encore de manuscrit en retour !). Ce qui m’ennuie, c’est d’être obligé d’en préparer un autre que je destine à Mr de Obaldia.

Pour Coaraze, je crois que nous avons à inscrire qu’il s’agit (parmi d’autres genres d’escrocs) d’un scaphandrier au gurin salopaillant.

Ce Monsieur a beau se croire très fort, il a vu et verra que nous ne sommes pas des enfants de chœur.

Nos bonnes pensées et affections.

Vôtre.

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (13 décembre 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 13 décembre 1956.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Tél. : Attion nouveau numéro : MOL-10-54

Jeudi 13 Décembre LVI
Cher ami,

Je voulais vous adresser un message pour votre 72ème anniversaire. (Chaînon fidèle de la chaîne en diamants de l’amitié, et souhaits pour que vous en ayez molts (1) autres à fêter en belle et sereine gaillardise).

Je voulais venir, hier,

(impossible encore !)

Et dire que je veux rayer impossible de tous les dictionnaires….

Je n’ai pu rien faire, de ce que je désirai :

Il faut me pardonner ;

la hache des travaux et celle de mes clients gâchent ou empêchent mes plus jolis projets de liberté (mienne).

Quand je reviendrai au Monde j’exigerai, entre autres, que la fée Désir-plénitude soit à mon berceau.

Une bonne nouvelle :

J’ai reçu enfin le manuscrit ­– de Obaldia qui est charmant, l’a en mains – je vous expliquerai, prochainement, de vive voix. (Mercredi prochain, j’espère).

J’ai même reçu les feuillets arrachés ! du manuscrit original (dont votre Avis).

La lettre que je joins a permis d’obtenir enfin restitution. Quant au retour du contrat, Coaraze se brossera.

Je garde ce « chiffon de papier » tout de même inoffensif, en souvenir des ennuis que j’ai eus.

À bientôt, (avec, en attendant, j’espère, un peu de soleil dans ma cage à grillons.)

Ma femme se rappelle à votre bon souvenir.

Mes hommages très choisis et respectueuses pensées à Madame Jean Paulhan.

En toute affection vôtre.

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (29 décembre 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 29 décembre 1956.

Jean Arabia

Cher ami,

Votre message et vœux.

Merci.

Ma femme a été fort touchée

et moi ému.

(Quoique je me raidisse, je ne puis, quelque fois encore, ne pas m’émouvoir, comme à vingt ans.)

L’année – cette toujours jeune hirondelle – ceux qui disent « tout » et après « presque tout » que pourraient-ils savoir d’autre que leurs désirs (vagues) ?

Si nous pouvions ne pas vieillir ! hélas ! elle, la [illisible], nous doit d’être bonne en légèreté et encore audace – il me semble) et je le veux (si fortement).

Je travaille

eh oui (contre vents et mauvaises pinèdes)

ce « coup de boules » nouveau (il me paraît) s’il vous souvient du premier ? est une preuve, et il y a quelques gammes (j’espère) d’insyntaxique qui fit cette merveille de Mallarmé (ce fabuleux créateur).

J’ai dit un mot de vous dans

« Défense de l’homme » (Décembre)

II

L’Argus vous-l’a-t-il

communiqué ?

Je n’ai qu’un exemplaire et

vous le passerai.

Merci encore de vos si délicates

attentions.

Affectueuse

fidélité.

Jean ARABIA

Votre Picasso

extra

et cette exquise

petite merveille de

Marie Laurencin

Que dire….

Jean Arabia à Jean Paulhan (19 février 1957) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 19 février 1957.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Cher ami,

Merci de l’Érotisme au cinéma. Je l’ai lu avec un rare plaisir.

Les images très séduisantes (pour la plupart) m’ont rappelé une espèce de mission que je n’ai encore pu mener à bien.

C’est très simple : il s’agit des 33 positions non sacramentelles de l’ART DE FAIRE L’AMOUR, chacune exigeant un poëme-poëme, éblouissant de clarté, et même la 34ème à y ajouter : le renvoi de la corbeille.

J’avais oublié ce songe n’ayant pas encore trouvé l’indispensable : soit des images des 33, soit – des textes très osés (mais non pornos), sur un sujet prétendu scabreux mais qui ne serait (d’après moi) que délices.

S’il m’arrive un jour de trouver ces matériaux bien dignes d’Éros (peut-être me mettrai-je à cette oeuvrette, très allégrement).

Je vous ai rêvé cette nuit de lundi : vous étiez un fermier opulent, vous conduisiez une superbe six places Cadillac, votre homme de confiance que j’ai interrogé en vain, n’a jamais remué sa langue.

Vous étiez dans une gare, ensuite, (une jolie gare comme on en verra en l’an 5000, sans tickets de quai, ni billets d’aucune sortes et sans contrôleurs).

Vous veniez y chercher votre fille, et puis, elle (séduisante) et vous aussi avec votre beau veston en velours, je vous ai soudainement perdus, et me suis réveillé.

Il m’arrive très peu souvent de rêver.

Et je crois que le mécanisme des rêves est à peu près inexplicable.

D’après les spécialistes c’est facile : seulement tous les spécialistes réunis et Morphée attelé, il est clair qu’ils n’en savent pas grand’chose.

Toutefois c’est ce rêve qui m’a poussé à l’écritoire pour vous adresser cette amitié.

De nos deux bonnes pensées.

Vôtre

Jean ARABIA

Je fais attendre votre cousine pour sa pendulette de voyage : le mouvement est au point, mais je ne trouvais pas de glaces des côtés, et votre cousine a raison, les glaces sont indispensables et donneront du relief à ce vieux modèle, maintenant introuvable.

J’ai cherché et ai trouvé un artisan qui taillera les deux glaces selon son désir.

D’ici une quinzaine je pourrai ainsi vous rapporter la pendulette comme promis.

Pardonnez à ce retard.

J. A.

Jean Arabia à Jean Paulhan (18 avril 1957) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 18 avril 1957.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Cher ami,

J’apprends que l’on vient de faire votre portrait.

Cela m’agrée fort.

Composé par de si grands artistes et des pinceaux aussi réputés, il ne peut être que de médaille, et peut-être y coule t-il quelque or merveilleusement insertissable ?

Je jugerai mieux quand j’aurai la joie de le tenir en main.

Avec nos bonnes pensées, compliments.

En fidèle affection vôtre.

Jean ARABIA

Pas de nouvelles des Écrivains réunis ; ça ne m’ennuie que peu. Je me déciderai à savoir le non ou le oui dans la quinzaine, mais j’espère venir vous voir un peu avant.

Une bonne nouvelle : Tous les toussotements administratifs, enfin finis, le premier coup de pioche sera donné en juin et la maison terminée en novembreXIII ; cela retardera mes vacances catalanes, mais j’ai pris l’excellente habitude (je crois) de regarder les retards du bon côté (qu’ils ont quelque fois).

**
*

Voici quelques paroles vieilles comme le premier homme, cela m’a distrait de mes travaux, peut-être les trouverez-vous très mauvaises et il se peut qu’elles le soient, auquel cas il faut me pardonner.

« Ceux qui ont de terribles pensées

ou ceux qui les ont douces, ne sont pas plus avancés :

Ils ne savent ni d’où ils viennent ni ce qu’ils sont.

Les plus réalistes disent : De la poussière. Mais ce qui nous anime, qui disparaît et se renouvelle : qu’est-ce ? »

J.A.

Jean Arabia à Jean Paulhan (18 mai 1957) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 18 mai 1957.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Cher ami,

Votre Lettre à un jeune partisanXIV m’a paru merveilleuse, pleine d’enseignement, très objective ; quant aux Partis, d’une Vérité-Vérité, qu’il sera pendant très longtemps encore, très difficile de faire admettre aux partisans en général – c’est de cette minorité que sortent les gouvernements et les malheurs des Peuples –

et aux imbéciles généralisés et adipeusement coagulés sous le titre aguicheur de MASSES.

Je voulais vous complimenter de cette Lettre, mais vous étiez à Vence.

J’espère que là-bas vous avez eu un peu plus de soleil qu’à Paris, et un séjour agréable.

Je regrette [de] ne pouvoir venir demain.

Je vous joins la correspondance que j’ai eue avec Coaraze ces derniers temps.

Bien sûr (pas encore de manuscrit en retour !). Ce qui m’ennuie, c’est d’être obligé d’en préparer un autre que je destine à Mr de Obaldia.

Pour Coaraze, je crois que nous avons à inscrire qu’il s’agit (parmi d’autres genres d’escrocs) d’un scaphandrier au gurin salopaillant.

Ce Monsieur a beau se croire très fort, il a vu et verra que nous ne sommes pas des enfants de chœur.

Nos bonnes pensées et affections.

Vôtre.

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (22 juillet 1957) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 22 juillet 1957.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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LVII

Cher ami,

Merci de vos bonnes nouvelles ; « il caldo italiano » se transforme ici, en beaux nuages voyageurs. Il fait presque froid.

Le pôle nord a remplacé son frère. Trop caniculant, et je m’en réjouis : Depuis plus de cinq ans les chaleurs de Paris sont de Satan.

Les nôtres, de Méditerranée (vous le savez, exquises) il vous vient un petit air (des coups d’éventail d’anges aussi délicieux qu’invisibles) et une envie fruitée de boire frais qui déjà regaillardit !

Enfin, ce n’est pas encore que je goûterai à ces plaisirs.

Les vacances seront très retardées car la construction n’avance pas. (Ces entrepreneurs épatamment indolent, et provinciaux jusqu’à la dernière racine de leurs cheveux, me paraissent encore[e] plus ravageants et accablants que la plupart des Éditeurs célèbres.) Ce qui me console (un peu) c’est que « les affaires » ont un petit coup de fouet.

(Mais ça ne durera pas : les Eunuques et autres pissenlits gouvernementaux sont d’authentiques détraqueurs sociaux.)

Si on leur confiait une petite galerie d’horloges, toutes s’arrêteraient sur le champ !

Et aucune perdrix horlogère ne volerait !...

Je sais que tout cela – au poids du sage – est de peu d’importance et qu’il faut vivre – sans trop aller à contre courant – avec son siècle.

Soyons donc légers (à peine bruissantes rames) et appelons le bon soleil, afin que du Cantal, vous en rapportiez pour alléger notre hiver parisien, (déjà, si proche !).

Bonnes Vacances, cher ami.

Bons souvenirs de ma femme. Mes hommages respectueusement choisis à Madame Jean Paulhan.

Amitiés fraternelles.

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (2 novembre 1957) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 2 novembre 1957.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Cher Ami,

Je suis à la fois malheureux de vous savoir souffrant, et content de v. savoir guéri. À bientôt donc et tout amicalt

je me croyais invulnérable, sauf ma blessure, et bien non ! J’ai eu un peu la guigne : le lendemain de vous avoir vu à La Nouvelle, la grippe m’a pris.

Le Docteur avait bien dit : « Ne pas se lever de 4 jours. » Ma foi j’avais eu 40 l’avant-veille. Le troisième jour ‑ 37° 3. Je suis guéri (pensai-je) et je me lève… Ma femme gronde… Je me rase et puis m’évanouis, prends froid et me trouve au dodo, très mal !

Le Docteur revient, gronde aussi : quel imprudent je fais… une jolie congestion.

Ma femme et le Docteur avaient raison. Quand on est malade il faut obéir : ça m’a coûté cher, cette fois d’en faire à ma tête : 17 jours de souffrance et de dodo forcé !

Enfin, je sors de ces tristes ténèbres, je vais bien, j’ai repris mes travaux (doucement certes !) d’ici quelques temps, j’espère dans la bonne norme dynamique. (sauf qu’après cette secousse, je me sente vraiment vieillir.. mais j’espère que non).

Aujourd’hui j’ai retrouvé les plaisirs de la promenade ; la rue parisienne bruissante et un bon petit soleil en plus, mon complice, presque aussi chaud qu’en notre cher Roussillon.

Dès que je serai revenu vraiment actif, (et je suppose que ça ne tardera pas trop) je viendrai vous revoir à La Nouvelle et nous aurons plaisir à recauser. Je prendrai JustineXV comme entendu.

Je n’ai pas reçu Le PanoramaXVI de Gaëtan [Picon] pour la V.T. mais ça ne presse pas.

J’espère que vous allez bien, que vous n’avez pas eu les ennuis provoqués par microbes à grippe.

Bon souvenir à tous ceux de La Nouvelle qui disent amicalement « Arabia ».

Hommages respectueusement choisis à Madame Jean Paulhan.

Ma femme se rappelle à votre bon souvenir.

Très fraternellement toujours vôtre.

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (1er décembre 1957) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 1er décembre 1957.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Cher ami,

Demain lundi : voici donc 73 ans que les fées se mirent à vous éveiller en vous accordant les plus beaux dons.

Vous ne les avez pas connues.

Moi, non plus, les miennes.

Et pourtant il me semble en avoir rêvé et même les avoir vues !...

Si nous les avions vraiment connues que de mystère nous eussions percé.

Nous avons découvert (je le crois) quelques secrets et ce n’est déjà pas si mal pour bien remplir une bonne part de notre vie.

Autour de ceux qui vous sont chers, dans cette maison de la rue des Arènes, qui vous parle de ceux qui vous aiment ;

Bon anniversaire, cher Ami.

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (27 décembre 1957) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 27 décembre 1957.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Cher Ami,

Merci de m’avoir prêté JUSTINE.

La préface est bonne (mais la vôtre, je l’imagine bien meilleure).

Sauf quelques répétitions de pensées, l’écriture de Sade mérite quelque louange (ce me semble) et peut-être est-il possible qu’il y ait eu et qu’il y ait (encore) des homosexuels aussi épouvantablement criminels que ceux du divin marquis.

Je crois (que les crimes des gestapistes hitlériens) ont dépassé en horreur le plus affreux du sadisme écrit.

Mais je crois aussi que ceux qui ne voient qu’obscénités dans l’œuvre de Sade se trompent aveuglément ou étrangement.

Je viendrai mercredi 8 janvier vous rapporter JUSTINE. Je prendrai le méchant Bayard et la montre qui vous fait des infidélités (ce qui est bien mal de sa part).

Il faudra ensuite venir nous voir rue de Billancourt, (comme nous en avons déjà parlé).

Ma femme se rappelle à votre bon souvenir.

J’espère, qu’auprès des vôtres – oubliant vos travaux et (excellents bavardages) d’écrivains – vous avez eu de belles fêtes de Noël.

Bonne année, cher Ami, avec jolies étoiles accompagnatrices, et pour chacune des heures de notre si fuyant calandrier [calendrier], la plus silencieuse, et merveille des lumières, la santé.

En affection et fidélité vôtre.

Jean ARABIA

Hommages très respectueusement

choisis à Madame Jean Paulhan.

Jean Arabia à Jean Paulhan (14 janvier 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 14 janvier 1958.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

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Tél. : MOL. 10-54

Cher Ami,

Merci pour Botteghe OscureXVII, une Revue (je dirai presque internationale – quoique romaine).

Elle m’a beaucoup intéressé car elle fait belle part à nos plus grands poëtes et écrivains.

J’ai bien regretté mercredi d’être assez retardataire et de vous avoir manqué, de peu !

La gentille secrétaire doit vous avoir expliqué… (mais j’ai bien trouvé la montre ensuite, chez moi, dans le paquet)

Elle sera prête avec le Bayard dont la musique recommence à bien amuser la danseuse, à partir de Vendredi 17.

Vous pourriez venir prendre ces deux horlogeries jour et heure à votre choix.

Ma femme et moi serions ravis.

Si vous ne pouvez, je viendrai vous les remettre Mercredi 22.

Nos bonnes pensées et amitiés.

Vôtre
Jean ARABIA

J’ai reçu des bonnes nouvelles

de Subervie. Je recevrai sous peu un modèle

de bulletin de souscription. Je vous le montrerai.

La maison grandit « mais doucement ».

Jean Arabia à Jean Paulhan (28 janvier 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 28 janvier 1958.

Jean ARABIA

Horloger-Bijoutier

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

Cher Ami,

Non, je ne connais point cet illustre aviateurXVIII. Si le génial B[ernard]  B[uffet] consentait à le mettre dans l’une de ses futures toiles, serait-il encore plus illustre ?

(Enfin, nous en reparlerons, bientôt, de vive voix).

Je suis allé à Pleyel ; j’ai donc fait la connaissance de Robert MalletXIX et de sa femme (très charmante).

Quand on écoute le conférencier (il a fait une jolie ronde des jeunes P[oètes] (NRF)) on comprend vite que le critique qui porte en lui la passion amoureuse du premier des Arts, est aussi essentiellement un poëte.

J’ai appris (très joyeux intérieurement) que la jeune poësie se portait fort bien : parmi tant de beaux salauds et de vils démolisseurs, ce n’est pas si mal.

Merci du dernier viatique et de la NNRF [Nouvelle Nouvelle Revue Française] de janvier.

Vous m’avez fait plaisir en me faisant connaître LafayeXX.

Très affectueusement.

Jean ARABIA

Bien, que le réveil « marche comme un ange », et j’espère que la montre aussi.

Jean Arabia à Jean Paulhan (4 mars 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 4 mars 1958.

Action pacifiste internationaliste

(A.P.I.)

Le Secrétaire Général

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt, 67

BOULOGNE (Seine)

Aimer, s’Élever, se Libérer – la Paix est notre Bataille

Cher Ami,

Merci d’avoir donné si vite suite à mon dernier envoi.

Eh bien  (Eh bien ! Thoret-MontblancXXI, je le vois désormais, sous un jour favorable.

(QUELLE VIE PRINCIÈRE, QUAND TOUS LES HOMMES, TOUS LES PEUPLES SERONT NON-VIOLENTS !)

J’aime la non-violence – celle de Thoret, étincelante et qui le conduit à bêler la PAIX comme d’autres à la rugir, de très bonne foi.

O ! sur le plan pratique, tout ça n’est qu’un mirage et si lointain, qu’on peut – en raison bonne – s’en effrayer.

Bêler, rugir : autant d’impasses.

Voici plus de 6000 ans que l’on fait ces choses et la GUERRE est toujours là !

(Il faudrait bien plus de trois lignes – au pacifiste-réaliste que je suis, et qui a terriblement les pieds sur terre – pour montrer les moyens de la VRAIE PAIX).

Pardonnez-moi, ce serait trop long.

D’ailleurs cette lutte contre les MALFAITEURS PUBLICS est trop inégale : Les bellicistes qui savent si bien se vêtir d’innocence, disposent de milliards, les PACIFISTES (hélas ! rongés par la jalousie d’effarants petits chefs emplumés ridicules (ridicules coteries et papillantes chapelles) sont affreusement pauvres.

Je disais donc bien : BÊLER, RUGIR : IMPASSES !

LA VRAIE PAIX RÉALISTE UNIVERSELLEMENT NON-VIOLENTE

- SANS UN SEUL PAUVRE ; ainsi sans un seul exploiteur – EXIGE POUR SON APOGÉE TERRESTRE DÉFINITIVE‑ la perdition absolue de chaque terroriste – des philtres et des clans où ils se fabriquent – et qu’ainsi, surtout,

CHAQUE HOMME SOUDAIN ET POUR TOUJOURS INTELLIGENT, RIANT DES ASSASSINS, ET REFUSANT DE TUER, AIT ACQUIS LA PLÉNITUDE DU SEUL

AMOUR.

(IMPOSSIBLE !.... ALORS C’EST L’AFFAIRE DE DIEU !)

Pas celui des Religions qui est une fumisterie monumentale, inventée par les DOMINATEURS (et de ce Dieu des foutriquets perfide, LE PAPE actuel dans l’affaire italienne bisbale de Prato, donne un exemple) et prouve que la bave sanglante des INQUISITEURS est toujours la première sentinelle de l’ÉGLISE CATHOLIQUE !

Mais de DIEU, (l’inimaginable, l’incompréhensible) juste et bon en merveille d’infinitude : Après qu’aux yeux de tous et sécularités, les ASSASSINS et les exploiteurs auront payé, et même les plus justes à la balance des petits péchés,

(brisant les CRIMINELS, les FAROUCHES, les IMPOSTEURS de l’ultime heure cataclysmale qui s’approche, que nous verrons)

La haine et toutes ses clivures

Le MAL et tous ses parfums,     ʃ anéantis

DIEU créera l’homme nouveau,

éternellement jeune, éternellement beau, éternellement bon et plus gambadeur que tous les anges réunis,

POUR LA NOUVELLE TERRE ET LES NOUVEAUX CIEUX,

--

-

En attendant,

j’ai transmis les trois chaînes-bêlées de Thoret. Je vous remettrai (à lire) – quel drôle de délice ‑ la lettre qui coiffait les chaînes.

À demain, ou (si je ne pouvais) à la semaine prochaine.

Voici l’un de mes brefs textes (très récent).

Je vous en demanderai des nouvelles (bientôt, j’espère).

Fraternellement très vôtre.

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (13 avril 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 13 avril 1958.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

Cher Ami,

Voici qu’il y a un peu de soleil sur ma petite table (avec vos bonnes nouvelles) c’est joli et exaltant.

Je voulais vous écrire, le jour où j’ai reçu votre si agréable message.

Je crois que j’aie eu une bonne idée en retardant un peu car le Manoir de l’Île P. G. (n’ayant rien de commun avec tous les P. G guerriers qui déchirent notre monde) me paraît au contraire ravissant pour vous y envoyer des nouvelles parisiennes.

Pour les (dix meilleurs) je comprends que ce soit un peu difficile et qu’il y faudra les distances (au moins) que vous signalez.

Votre hommage dans La NRF d’avril m’a fort émuXXII. Mon nom (si inconnu) cité parmi tant de noms célèbres et de choses qui le seront (je m’en doute) bien plus, et au cœur d’un atelier où le clair et l’obscur ont juste les dimensions qui conviennent (et y a-t-il aussi un peu de zen ?) tout cela m’a intrigué et même un peu surpris.

Flatté, certes, ai-je à l’ajouter ?

Mais voici comment les choses se sont passées :

Je suis allé rue Didot-BottinXXIII comme si j’avais à y entendre quelque musique nouvelle et bien plus étonnante que celle annoncée par Horace et puis, poussé, aiguillonné, par ce que nous nommons (faute de mieux, pressentiment).

Lorsque j’ai demandé à DO, ce qu’il y avait d’impressionnant et de vraiment nouveau dans La NRF, elle m’a signalé votre essai, (mais cette si amicale et rusée notre, chère DO) n’a point vendu la mèche – permettez-moi cette parole de bon faubourg –

Et je suis resté sur ma faim, sauf lorsque je me suis mis, (dans le métro) à vous lire !...

C’est tout de même une excellente parcelle de ciel terrestre que d’avoir de vrais amis – surtout pour moi qui chemine (parfois) sans trop savoir pourquoi, très secoué par de vaines angoisses-

Mille fois Merci (donc) très cher et très affectueux et très attentionné ami, de cet hommage que je ne mérite point, mais qui a mis, en délicieuse déroute la meilleur part de mon âme.

Les médecins ont été bien inspirez de vous envoyer à Port-Cros.

Le 28 (dites-vous) vous avez à comparaître devant la justice de (notre pays). Que vous reproche-t-on ? S’agit-il encore du Livre d’O ?... Je vous verrai avant, j’espère, et (si puis pour quoi que ce soit) servir à votre défense, vous n’avez qu’à m’aviser.

Il faudra aussi vous décider à venir nous voir, ici. Ma femme se rappelle à votre bon souvenir.

De nous deux, amitiés, avec mes très respectueux hommages à Madame Jean Paulhan.

Fidèlement vôtre ;

Jean ARABIA

Le livre ? Je crois qu’il ne sera prêt à sortir qu’en août. Juste au moment des vacances, c’est peut-être une date peu entraînante….

Jean Arabia à Jean Paulhan (24 juin 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 24 juin 1958.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

Cher Ami,

Qu’en joie et bonheur s’illumine votre maison.

Que petits et grands (vôtres) soient douce parure de ce beau jour.

Bonne fête.

Fraternellement.

Jean ARABIA

Ma femme se rappelle à votre bon souvenir et joint ses bons vœux aux miens.

Vraiment, cette deuxième phrase et finale de « clair obscur » m’a enthousiasmé, et (certes admirable) autant que la première. Puis-je ajouter mes compliments affectueux à ceux si nombreux, reçus ?

Voici la copie du texte des Nouvelles Littéraires du 10 avril. (J’aurai plaisir à vous adresser ou mieux à vous remettre ce n°, où je relis :

… « Ce numéro d’avril (NNRF) est un des meilleurs que nous avons eus depuis longtemps.

Il s’ouvre, chose rare, sur un texte de Jean PAULHAN qui s’attache, comme à l’ordinaire, à donner un éclairage particulier, aux choses quotidiennes.

Par exemple la pièce où il vit parcourue par lui dans la nuit – et il appelle à son aide la philosophie zen » …

Jean Arabia à Jean Paulhan (6 août 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 6 août 1958.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

Tout ce qui est humain et fraternel est nôtre.

Cher Ami,

Vous êtes vraiment magnifique, descendant de nos si chers et grands noms qui marquent (et peut-être la marquerons-nous aussi) l’étoile des plus jolis vents du midi latin et fabuleuse MÉDITERRANÉE.

descendant (aussi) votre perron pour traverser la Manche. (1)

Je crois que vous êtes à Manchester à cette heure, et souhaite que la côte anglaise vous apporte mille joies et aussi d’agréables soleils dignes d’immortaliser nos plus aguichantes ballerines – celles de nos vingt ans et même les autres – mais ne vous fasse pas oublier votre promesse d’un « papier » à votre seul goût, (et trentaine de lignes) pour

PEUPLE UNIS.

Merci très affectueux.

À vrai dire, je suis content aussi que les raisons du bloc-notes de notre très aérien et superbe et immortel ami, François Mauriac, en ce qui concerne L’Histoire d’O – qu’hélas ! je n’ai point lue, non plus – soient tout le contraire des miennes.

Ce qui m’ennuie c’est que les raisons mauriaciennes vous « ont peiné » (2) tandis que les miennes vous eussent réjoui.

Si vous pouviez vous échapper de vos travaux et ainsi vous décider à venir nous voir, cela ferait plaisir à ma femme et m’agréerait tellement.

Je pars en vacances – et même je crois définitivement à Thuir, le 25 Août ou le 26 au plus tard.

(je vous expliquerai de vive voix, car si vous êtes empêché de venir ici, je prendrai un proche mercredi à La NRF comme je le fais souvent.)

Je vais encore pécher – mais en belle sagesse – et DIEU l’incompréhensible m’absoudra, certes – ces « Notes sur l’Érotisme en littératureXXIV » (3) me tourmentent un peu, d’abord parce que « si les chrétiens ont souvent pris Sade… au sérieux » c’est que la BIBLE très souvent n’est pas sérieuse ; ensuite, que ces Notes mériteraient un assez long texte concernant l’érotisme en littérature et hors littérature, et qu’un tel texte auquel je songe – même tramé sans qu’il puisse contrister en rien notre cher ami MAURIAC – ne serait pas publié par La Nouvelle [Nouvelle Revue Française].

Surtout n’allez pas croire que ces dernières lignes ne sont pas batifolantes.

Je ne perds le « batifolage » et ses bons frères batifolants qu’à mon établi d’horloger.

À bientôt ; mes mains fraternelles.

Jean ARABIA

p.1...[les notes sont précédées de cette mention]

Jean Arabia à Jean Paulhan (19 août 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 19 août 1958.

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

Mardi 19 Août LVIII

Cher Ami,

Depuis mercredi 13 je veux vous écrire : Notre ami Marcel Arland m’ayant dit à la N[Nouvelle Nouvelle Revue Française] que vous étiez un peu souffrant et gardiez la chambre.

Je souhaite et espère que ce malaise physique n’ait été que passager et ne soit plus rien.

Absolument débordé je n’ai pu vous écrire plus tôt.

Voici une nouvelle faite (peut-être, un peu pour surprendre). J’ai vendu très vite mon petit magasin de BOULOGNE et ainsi, je quitterai et dirai un long adieu à PARIS (qui m’est si cher) à mes bons amis qui me le sont bien plus, le 25 Août au soir, au plus tard.

Comme vous le supposez nous allons dès le 26 Août retrouver (ma femme et moi) notre petit village natal – Thuir – et pouvoir nous installer dans la petite maison que vous savez, et où nous aurons (j’espère) la joie de vous accueillir, à la date de votre choix.

Je viendrai demain à La Nouvelle, vous dire mon au-revoir-adieu, et vous présenterai la poëtesse Anik Maria CampionXXV, dont nous avons déjà parlé.

Je vous téléphonerai demain matin pour m’assurer de votre précieuse présence à La Nouvelle.

Très affectueusement et fidèlement vôtre.

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (23 août 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 23 août 1958.

Bulletin de garantieXXVI

Jean ARABIA

Horloger-Bijoutier

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

N° 45000 A

Thuir (Pyr. Or) La calotte p/or 12’’ Suisse – 17 rubis – Anti-choc- véritable incabloc n° 45000 A est garantie 5 ans contre tous vices de fabrication. Sera réparée gratuitement pendant un an, sauf si l’arrêt est provoqué par choc très brutal, chute formelle hors-norme, ou fractures de pièces.

Paris-Boulogne le 23 Août 1958

Jean ARABIA

Jean Arabia à Jean Paulhan (7 septembre 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 7 septembre 1958.

Jean ARABIA

Thuir

(Pyr. Or)

Cher ami

J’avais oublié de vous dire dans ma dernière lettre :

La montre vous appartient et ne me devez rien.

Quand elle vous fera des infidélités (à la longue, ça arrive) vous me l’enverrez ici et la rendrai fidèle.

Après tant de beau soleil, des albèresXXVII bleutées et papillonnantes comme les plus jolies femmes (dignes de nous en arracher le cœur)

nous venons d’avoir un orage d’une violence inouïe. La terre était trop sèche : six mois sans une goutte de pluie !...

Cette fraîcheur si nouvelle regaillardit [ragaillairdit] les plus veilles vignes et si la tramontane se met à faire danser les cabris, les vendanges seront bonnes.

Ce que tout le monde souhaite, même le garde-champêtre qui n’a qu’une moitié de treille. Il est vrai que le muscat (d’elle) encore l’an dernier faisait jaser quelques gourmands.

Bon soleil à Paris.

Amitiés à Marcel Arland, DO, Mady, Bosquet, enfin à tous.

Mes mains fraternelles.

Jean ARABIA

Bonnes pensées de ma femme.

Hommages très respectueusement choisis à Madame Jean Paulhan.

Jean Arabia à Jean Paulhan (7 novembre 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 7 novembre 1958.

Jean ARABIA

Thuir (Pyr.- Or.)

P[resses] U[nis]

Tout ce qui est Humain

et Fraternel est nôtre.

Cher Ami,

Il faut me pardonner de ne pas avoir répondu par courrier à votre lettre et envoi des quatre magnifiques volumes de l’Encyclopédie de la Pléïade.

Vous m’avez comblé et c’est trop gentil de votre part (la montre ne valait pas tout ça !)… me voilà en dette avec vous ; et surtout (pour équilibrer) pensez à moi si l’une de vos horlogeries se met à dérailler.

Mon long silence provient que j’aie toute sortes d’ennuis du fait que nous ne sommes pas encore installés. (Nous campons à la nouvelle petite maison de l’Av. de Llupia).

Jamais je n’ai eu tel désordre (de ma vie) ! Je peux le jurer par l’amour (et cœurs en désarroi) de toutes les madones du monde – quoique cela ne m’avance point et ne me permettra de mettre à jour (sous ma main ou encore joli[e] escorte) mes dossiers décidément introuvables !

Le n° 2 de P[resses] U[nis] paraîtra avec un retard monstre !... Je n’y suis pour rien.

Ce qui me console c’est que j’ai monté une société de Billards, ici, et qu’elle commence à faire un gentil bruit de tonnerre dans la RégionXXVIII.

L’impression du propriétaire ? Elle n’est pas bonne. Une maison non achevée vous donne un commencement de vertige.

Tous les ouvriers sont partis – mais il reste encore le peintre. Croyez qu’il me tarde et aussi à ma femme – de la voir s’en aller au plus tôt, son ultime labeur achevé !...

Enfin j’espère tout de même que pour la Noël nous serons définitivement installés. Vous viendrez nous voir et vous recevrons ici, de grand coeur, et en belle joie.

La saison est douce. Le soleil va toujours au galop parmi les vignes où les vendangeurs ont cueillis jusqu’aux derniers raisins.

Quel temps avez-vous à Paris ?

Dans une prochaine lettre je vous ferai part de mes projets d’un muguet de la PAIX, lancé par P[resses] U[nis]. J’espère que vous accepterez d’être l’un des premiers mainteneurs.

Merci encore, cher Ami, de vos si délicates et généreuses attentions.

En bonne amitié de nous deux. Mes hommages très respectueusement choisis à Madame Jean Paulhan. À vous, mes mains affectueusement.

Jean ARABIA

P.S. Si vous pouvez me faire

adresser un exemplaire du Dr JIVAGOXXIX,

Faite-le – mais à condition que je le paye à vos éditions par virement postal.

Sinon ne l’envoyez point – Merci encore et pardon de ce grand retard.

Jean Arabia à Jean Paulhan (31 décembre 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 31 décembre 1958.

Jean ARABIA

Thuir (Pyr. Or.)

Thuir 31 Obre LVIII

Cher ami,

Combien heureux de vos nouvelles – mais il y a l’ombre qui me chagrine de vous savoir souffrant ! – Je me suis toujours rebellé contre cette ombre affreuse – cette voleuse de joies et de bonheur – La souffrance – la mienne, celle de ceux que j’aime inexorablement – donc la vôtre – et (par justice et pitié de tous les hommes) celle de nos ennemis, même.

J’espère et de toute ferveur souhaite, que vous puissiez me lire, bien rétabli et bien joyeux.

Non, laissez-moi vous le dire – car il m’arrive de flirter avec l’esthétique même joliment – excessive : votre crayon est excellent.

Je suis rentré dans la maison il y a presque un mois et demi. J’ai maugréé d’y camper : mais cette semaine nous installons, et tout sera bientôt dans l’ordre ; et mes dossiers et mes outils (hirondelles) comme hier apprivoisées très parisiennes ou catalanes.

(car dans mes dossiers il y a des chemises poëtiques et dans mes outils, des loupes et des brucelles, les unes et les autres, aussi purement féminines que le sont grammaticalement les hirondelles).

Oui, cher bon ami Jean, vous m’avez bien promis un article – un peu avant que je ne quitte – à grand regret – notre cher Paris.

Et l’article sera à votre goût, à votre choix, pacifiste ou de haute littérature ou les deux à la fois, et il me plaira, et il plaira !

Pour l’heure je n’ai que « le garage », ensuite si la tramontane favorise mes efforts, il y aura l’auto.

Quand vous viendrez, je crois bien que notre petite maison et « le faure » et « l’éclatant » de l’âme ruscinoleXXX vous plairont.

En attendant vos bonnes nouvelles, nos bonnes pensées et très affectueux souvenir.

Merci, cher ami.

Fraternellement vôtre.

Jean ARABIA

Vauvenargues a raison

nous sommes ses fameux disciples

et rejoignons Gandhi.

JA