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Le projet « Hyper Paulhan » de l’OBVIL [Observatoire de la Vie Littéraire] propose les reproductions numérisées (mode image) et transcrites (mode texte) de lettres déposées dans le fonds Jean Paulhan et quelques autres fonds à l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine (IMEC, Abbaye d’Ardenne, 14280 St-Germain la Blanche-Herbe).
Ces lettres sont extraites des dossiers de correspondances passives et actives de Jean Paulhan. Elles s’inscrivent dans deux tranches chronologiques :
1925-1936, années pendant lesquelles Jean Paulhan a été nommé rédacteur en chef, puis directeur de La Nouvelle Revue française,
1950-1958, années de redémarrage de La NRF, après l’interruption de la fin de la guerre et de l’après-guerre…
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Jean Paulhan
Claude Bourdet
1935/1936
Claude Bourdet & Jean Paulhan
Correspondance (1935–1936)
2017
Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL, 2017, license cc.
[Carte postale Ile de Port-Cros (Var) « Bateaux quotidiens par les Salins d’Hyères – Gare et
Correspondance P.-L.-M.]
Le 23
Cher Monsieur
Il m’est précieux d’avoir Agnès. Merci.
et merci de vos conseils. Vous aurez bientôt de nouvelles épreuves.
Votre mère m’avait dit un jour qu’elle avait traduit quelques poèmes de Stefan Georges (dont
elle m’a donné un fragment admirable.) Les avez-vous trouvés, ne pourrions-nous les donner dans
Mesures ?
Je regrette beaucoup que la NRF ne publie pas les poêmes [sic], mais je serai très heureux si
MESURES, dont le premier numéro m’a semblé tout à fait excellent, accepte de le faire. Je vous
serai seulement reconnaissant de me dire si MESURES peut également éditer les verres en
plaquette. Voici Nova et Scopolamine. Je les recopie des épreuves que vous aviez autrefois
envoyées à ma mère.
Mesures acceptera b[ien] vol[ontiers], en échange des poèmes, de faire un
tirage à part sur lafuma. Comb[ien] d’exempl[aires] en désirez-vous ? (cinquante, cent ?) Vous
serez aimable de me le dire et de me dire aussi quel sera l’ordre de tous les poèmes, y compris
ceux qui avaient paru d[an]s la NRF (le corps de M
Je vous remercie de votre lettre et de la proposition que vous me faites. Et, en raison même
de l’amabilité qui est la vôtre, de me proposer l’édition de la plaquette en échange des
poèmes, je me trouve fort gêné pour vous demander, comme j’en avais l’intention, une édition à
deux cents exemplaires. Voulez-vous cependant me répondre à ce sujet ? Il est entendu que si
Mesures estime le chiffre trop élevé, je pourrais, soit coopérer à
l’édition, soit laisser la moitié des exemplaires à Mesures pour la vente – je suis persuadé
qu’ils se vendraient, car je me souviens des nombreuses lettres que la seule publication d’Ave
avait values à ma mère. Pour moi, l’essentiel est qu’un certain nombre d’exemplaires soient
répandus, disséminés. C’est une sorte de garantie de durée.
Croyez, je vous prie, à mes meilleurs sentiments
Claude Bourdet
PS : l’ordre des poèmes serait d’abord Ave qui a paru dans la NRF, puis Vale, Scopolamine,
Nova, Maya, et Nyx. C’est l’ordre chronologique.
Je vous remercie de votre lettre et vous confirme mon accord : les cinq poèmes que vous
publierez dans Mesures et Ave qui a paru à la NRF formeront une plaquette dont vous me
réserverez deux cents exemplaires H[ors] C[ommerce], les autres étant la propriété de Mesures.
Voici les épreuves – voulez-vous veiller à ce que la correction Catherine au lieu de Karin
soit faite. Ma mère tenait à ce que ce nom de Karin, qu’elle avait adopté comme pseudonyme,
disparût après sa mort pour faire place à la simplicité de son véritable prénom.
Vous m’avez dit que vous pensiez mettre en préface quelques mots de P[ierre]-J[ean] Jouve ou
de Benda. Je crois que cela est une excellente idée. Il m’a semblé, à la réflexion, que Benda
était peut-être encore préférable à Jouve, en ce qu’il est plus métaphysicien qu’autre chose.
Et s’il n’est pas indispensable que ce soit un poète qui parle de ces poèmes, il est par contre
bon qu’un métaphysicien parle de Maman.
Mais, comme elle avait une grande affection et pour Jouve et pour Benda (et cela est
l’essentiel), considérez ceci comme une simple opinion et ne changez rien à ce que vous pourrez
avoir déjà décidé.
Merci de votre lettre. On ne m’a pas transmis Mesures, mais je le trouverai en rentrant à
Paris dans une huitaine de jours. Il est en effet dommage que vous n’ayez pu joindre
l’Introduction de Benda, mais elle était surtout utile à la plaquette, et il n’y a donc que peu
de mal. Je suis sûr, connaissant le cœur et l’esprit de Benda, et l’amitié qu’il témoignait à
ma mère, que son introduction est belle et excellente. Remerciez-le déjà en mon nom, je lui
écrirai dès que j’aurai lu ses lignes.
Vous avez parfaitement raison, il faut mettre CK au-dessous de Catherine Pozzi, et peut-être,
si c’est possible, dans le même caractère que sur la couverture d’Agnès.
Je suis de v[otre] avis, mais je n’ai jam[ais] eu Agnès entre les mains
[ratures illisibles]. Vous serait-il poss[ible] de m’en prêter un exemplaire ? Je v[ou]s en
serais reconn[aissan]t.
Meill[eurs] sent[iments]
JP
V[ou]s avez bien reçu n’est-ce pas les épr[euves] de la plaquette. Ne tardez pas à trop à me
les renvoyer.
J’ai trouvé ce matin en rentrant à paris les épreuves de la plaquette, que je vous renvoie.
Je ne vois qu’une seule correction : il me semble qu’il serait préférable de mettre chaque
poème entièrement sous les yeux du lecteur, en une fois… Donc, commencer Ave directement au dos
de l’introduction de Julien Benda et par conséquent Vale également sur une page de gauche. La
Table des poèmes se trouvera donc devant une page blanche.
Cette disposition est celle de la plupart des éditions de Stefan George, et je trouve qu’un
poème étant un tout comme une statue, cela a l’avantage de ne pas couper la ligne de
l’attention du lecteur.
Voici Agnès que je vous prie de conserver en souvenir de maman.
J’ai indiqué les corrections qu’il me semblait avantageux de faire sur la couverture des
poèmes : laisser le CK à sa place, descendre de 2 mm environ le bas de l’adresse de l’éditeur,
hausser de 3 mm environ Catherine Pozzi et POÈMES, et enfin, peut-être, réduire très légèrement
la taille du caractère employé pour ce dernier mot. Tout ceci afin que, étant donnée la hauteur
de 24 cm de la page de « mesures », cette page soit partagée en multiples de ø. Si vous preniez
un format un peu plus grand, cela changerait légèrement les emplacements ; au reste, ne faites
ces modifications que si cela n’est pas trop compliqué, car la disposition est très proche de
la « disposition heureuse » - je ne sais si vous l’avez faite ainsi sciemment ou si vous avez
naturellement choisi la proportion « sacrée ».
Croyez à mon fidèle souvenir.
Claude Bourdet-Pozzi
P.S. : Je suis à Paris pour quelques jours – dès la fin de la semaine prochaine mon adresse
sera « les Collines Vence, Alpes Maritimes ».
CBP
Je vous remercie des trois exemplaires de Mesures.
Ma mère Catherine Pozzi vous avait donné pour la NRF, puis repris, deux poèmes qui
s’appelaient Scopolamine et Nova. Vous aviez publié Ave. J’ai encore Vale, Maya et un autre que
vous ne connaissez pas, Nyx, qui est dédié à Louise Labbé.
De ces six poèmes, ma mère désirait que l’on fit après sa mort une plaquette.
Pensez-vous que les éditions de la NRF pourraient imprimer cela ?
Je vous prie de croire à ma sincère considération.
Je vous envoie, ainsi que vous me l’aviez demandé, trois traductions de Stef[an] George
retrouvées dans les papiers de ma mère. Je n’ai pas encore retrouvé d’autres traductions, et je
crains que ce ne soient les seules.VIII Je pense qu’il faudrait publier l’original en regard, c’est
pourquoi je vous envoie le texte allemand, afin que vous n’ayez pas à le rechercher. Il
faudrait alors conserver pour ce texte l’écriture propre à George : une Majuscule au début du
vers mais pas de majuscule au début des noms… ce qui vous fera recevoir force lettres de
protestation des lecteurs de Mesures heureux de montrer leur connaissance de la langue
allemande ! J’ai bien reçu les deux cent [sic] exemplaires des poèmes, et vous en remercie.
J’en ai déjà envoyé un certain nombre. Si vous connaissez des amis de Ma Mère, ou des écrivains
de vos amis, à qui cette plaquette puisse faire plaisir, faites-moi une liste de leurs noms, et
je serai heureux de la leur envoyer.
Au reçu de votre lettre, j’ai envoyé une plaquette à Marcel Arland, dont je n’avais pas
l’adresse. J’avais déjà envoyé la plaquette à Jean Schlumberger. Voici du reste la liste des
écrivains – soit amis de ma mère, soit de moi-même, soit simplement assez « cousins » par la
pensée, de celle de ma mère, pour que j’aie pu penser que cet envoi leur fit plaisir :
M. Arland, Benda, Abel BonnardX, N.
Berdiaeff, Marthe Bibesco, Brisson, Colette, Drieu, C. du Bos, R. Fernandez, Fargue, Grothuysen
[Groethuysen], Giraudoux, Gide, Jouve, Maritain, Mauriac, Maurois, Malraux, G. de Pourtalès,
Gérard d’Houville, René Schwob, Jean Schlumberger, Jules Supervielle, Mounier (d’ « Esprit »)
et Berl… j’oubliais Halévy et Constantin Photiadès.
Il reste encore quelques autres dont je n’avais pas l’adresse : Giono, Claudel,
Valéry-Larbaud, Marcel Jouhandeau, Roger Martin du Gard et Thibaudet, ainsi que Julien
LanoëXI.
Si d’autres noms vous viennent à l’esprit, écrivez le moi. Je serai très heureux de venir
quand vous ferez le service de presse pour les poèmes, mais ne croyez-vous pas qu’il serait un
peu déplacé que je les signe ? Je ne l’ai fait jusqu’ici que pour ceux qui connaissaient assez
bien ma mère et moi-même, pour pouvoir sentir que je leur faisais tenir ces vers en son nom et
à sa place.
D’autre part, il me reste encore une centaine de « hors commerce ». Si vous avez des amis à
qui vous désiriez envoyer cette plaquette, je serais très heureux de vous en donner – disons
une trentaine, voulez-vous ? Car c’est leur assurer une certaine pérennité que de les planter…
en bonne terre.
Voici les trois premiers poèmes que vous n’aviez pas. Pour ce qui est du traité métaphysique,
dont seule la partie « psycho-physique » était achevée, il se [passe ?] quelque chose de fort
triste, c’est que ma mère a refusé qu’il soit donné à la NRF. J’en suis d’autant plus désolé
que je sais que vous l’aviez entrevu et que cela vous avait beaucoup intéressé, mais vous
comprendrez que la volonté de ma mère soit infrangible pour moi.
Peut-être – si vous aviez imprimé aimé la « danse du serpent » – n’aurait-elle pas
eu cette impression que ses idées n’étaient pas à leur place à la NRF – et cependant je
comprends aisément que sans la rigueur de sa théorie de l’âme, la « danse » qui en était une
sorte de « fruit politique » vous ait semblé très gratuit.
Que voulez-vous ! C’est un malentendu dont je serai aussi triste que vous, car la NRF était
toute indiquée pour publier le traité – mais comme ma mère n’est plus là pour revenir sur sa
décision, je ne puis que m’en tenir à sa volonté écrite.
Voici les épreuves d’Agnès que je vous renvoie. Il me semble que la présentation en est
parfaite. Je ne vois plus de correction à faire, sauf, éventuellement, l’alignement de la
première strophe de Nova et de la seconde de Scopolamine. Vous jugerez vous-même si cette
modification est utile, et donnerez le bon à tirer en conséquence.
Vous me parliez dans votre dernière lettre, à laquelle je m’excuse de ne pas avoir répondu
encore, des traductions de Stef[an] George faites par Maman. Il y a en effet quatre ou cinq
poèmes, où elle a admirablement rendu, me semble-t-il, le rythme spécial de Stef[an] George –
je ne les ai pas ici, mais je vous les enverrai ou vous les porterai moi-même à Paris en
octobre.
Puis, quand « Peau d’Ame » sera paru, cela vous intéressera peut-être de publier cet essai
politique qu’elle appela « Danse du Serpent », et qui est une sorte d’épilogue social de Peau
d’Ame…
Si vous avez quelque chose à me communiquer, écrivez-moi encore ici jusqu’au 1er octobre, après cela 47 avenue d’Iéna.
Votre
Claude Bourdet-Pozzi
P.S. : Il faut conserver le grand caractère pour le titre « POÈMES ». Je pense que c’est
aussi votre avis.
Je n’ai appris que récemment, par Julien Benda, la mort de votre mère. J’en ai eu une grande
peine.
Karin Pozzi m’avait dit, de Nova et de Scopolamine,
« vous les publierez après ma mort ». Je le ferai volontiers. Voulez-vous me prêter Vale, Maya et Nyx. Je tâcherai d’obtenir que Gaston Gallimard
les donne en une plaquette.
Karin Pozzi me parlait souvent du traité métaphysique qu’elle avait entrepris, et dont elle
avait achevé une partie au moins. L’avez-vous lu ? Et ne faudrait-il pas le publier aussi ?
Recevez, je vous prie, mes meilleurs sentiments.
Jean Paulhan
[enveloppe postée à Chatenay-Malabry]
Monsieur Claude Bourdet 47, avenue d’Iéna Paris
Jean Paulhan à Claude Bourdet (19 septembre 1935) §
J’attendrai donc (impatiemment) les poèmes, traduits de St[efan] G[eorge]. Ce que votre mère
m’en avait écrit (trois strophes à peine) était merveilleux.