Correspondances écrites et reçues par Jean Paulhan (1925-1936 et 1950-1958), éditées en collaboration avec l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC, Caen) et la Société des lecteurs de Jean Paulhan (SLJP).

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Le projet « Hyper Paulhan » de l’OBVIL [Observatoire de la Vie Littéraire] propose les reproductions numérisées (mode image) et transcrites (mode texte) de lettres déposées dans le fonds Jean Paulhan et quelques autres fonds à l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine (IMEC, Abbaye d’Ardenne, 14280 St-Germain la Blanche-Herbe).

Ces lettres sont extraites des dossiers de correspondances passives et actives de Jean Paulhan. Elles s’inscrivent dans deux tranches chronologiques :

  • 1925-1936, années pendant lesquelles Jean Paulhan a été nommé rédacteur en chef, puis directeur de La Nouvelle Revue française,
  • 1950-1958, années de redémarrage de La NRF, après l’interruption de la fin de la guerre et de l’après-guerre…

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  • Pour consulter les archives-papier originales de Jean Paulhan à l'abbaye d'Ardenne, inscrivez-vous à l’IMEC.

René-Louis Doyon

1952/1958

René-Louis Doyon à Jean Paulhan

Correspondance (1952–1958)

2016
Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL, 2016, license cc.
Source : IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175
Ont participé à cette édition électronique : Clarisse Barthélemy (Responsable éditorial), Camille Koskas (Responsable éditorial) et Amaury Nauroy (Transcription).

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (8 janvier 1952) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 8 janvier 1952.

Mon cher Jean. Je m’excuse de t’avoir troublé dans un moment douloureux. Mais j’ai remis en premier rue Sébastien Bottin l’exemplaire de Mémoire d’hommeI il y a plus de 8 jours, au moins. Je m’étonnais qu’au moins tu ne blâmasses point, car j’ai fait un essai, et il paraît concluant. Je crois qu’il me va falloir publier le tout.

Quel malheur pour toi d’être ainsi tracassé ! Pour la Célestine M. Lhopital devait te l’envoyer dès les premiers jours de décembre. Ils sont d’une avarice dans cette maison et il tire à plus de 5000 !

[Veuille?], je t’en prie, la demander par lettre au club français du Livre M. Lhopital, 8 rue de la Paix. Ils n’ont pas de raison de la refuser.

Tu as vu le Mercure du 1er. Quel homme que Léautaud.... Et toi, donc, partout, en tout... Mais l’histoire Marteau et Gaston vaut son sizain de papier.

A toi

René-Louis

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (19 mars 1952) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 19 mars 1952.

Carte postale.

Mon cher Jean

J'ai lu ta lettre et l’ai même [répondue?]. Qu'est-ce que ce pleureur sentimental de Martin-Chauffier ? Il est filandreux, et il l’est avec de tels sentiments q'un Kerensky fait place à un Lenine lequel prépare un Staline. Ma Place des Vosges sort en mai. Marteau m’a bien fait rire à te réconcilier avec Gaston, et c’est moi qui ai payé et paie encore les [mot illisible] de cette aventure. C'est drôle. Que sais-tu de [nom illisible]? A toi

René-Louis

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (28 août 1952) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 28 août 1952.

Mon cher Jean une arrivée impromptue m’a empêché d’aller jouer avec tes merveilleuses boules. Non, mon écriture n’est pas d’un fou mais elle est gênée par l’allure d’un rapide qui me conduit à Venise au congrès dit par moi. De la feuille de vigne à la Camisole de force, et officiellement Histoire du Costume. J'ai lu l’article de Combat ce matin. Ton portrait y est fort bon. J'ai envoyé le tout à Paul Marteau. Il aura l’avant goût de ta prochaine lettre dont un ami m’a pris la 1ère. A cette occasion je prendrais les [mot illisible] Mémoires d’Hommes. [qui?] n’a plus besoin que d’un chapitre. Veux-tu la dédicace d’un des 7 ch. Qui composent le livre. Affectueusement René Louis

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (19 février 1953) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 19 février 1953.

Monsieur René-LouisDoyon

2, impasse Guéménée

E.V. (4e)III

Cher René-Louis

Mais comment souscrit-on, et combien? Je soucris bien entendu. Fais-moi seulement savoir...

C'est étonnant, ces deux chapitres. Etonnant de vie, de vérié, de surprise. Quelle drôle de vie tu donnes aux personnages les plus falots. Et par contraste, comme tu sais admirer ! (C'est de l’admiration qu’on regrettait parfois l’absence dans ton Rictus ou ton Peladan.) Comme tu sais être curieux ! Enfin, j’attends impatiemment la suite.

La nrf, oui. Tout de même, si sordide qu’en fût le fond (commercial), le Bloc-notes de François faisait un beau pamphlet. Quelle fureur, quels traits aigus ! Si ses romans étaient écrits dans ce ton, ça ferait un grand écrivain.

Je suis toujours assez mal fichu. Bien sûr je sais résister à une maladie, comme tout le monde. A un remède, c’est plus difficile. (En fait, c’était des Rayons X). A la fin, les médecins m’envoient aux champs. (Les champs, c’est la Suisse). Pour un repos complet de dix à quinze jours.

A toi
Jean

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (3 septembre 1953) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 3 septembre 1953.

2 rue des Remparts Quebec

pour novembreIV

Mon cher [Jehan?],

Dès mon arrivée après une longue, longue traversée empoisonnée par le bruit de [10?] passages plus ou moins en goguette et aucun lieu de retraite ; je me suis mis au travail. J'ai dans les mains le livre qui a appartenu à StendhalV et a été donné par ton propriétaire de Cevita Vecchi à un avocat, ici et passé en vente par la suite.C'est très intéressant et ça fera un certain bruit et causera un véritable retournement, car Stendhal paraît dans ses remarques plus audacieux que l’auteur aussi bien dans le sens anticonformistes que dans le sens du progrès.

J'en ai pour quelques jours à mettre tout cela au clair et je ferai photographier l’essentiel. Bien entendu on en tirera ce qui conviendra pour la NNRF. Occupé de cette besogne, je sors à peine mais il y a un programme qui me doit véhiculer au grand nord et au [mot illisible]

Je te laisse en te disant toute mon affectueuse amitié

René Louis

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (1er octobre 1953) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 1er octobre 1953.
mon cher Jean,

Merci de ta lettre. Quel dommage que je n’aie pas reçu le n° de septembre que m’avait promis M Aury. Je l’ai vu à la bibliothèque mais il aussitôt disparu et j’attendrai le mien. Pourvu que celui de Paris soit arrivé. Certainement tu as donné un ton à la NNRF qui la propose à des directions intellectuelles divergentes mais toutes de haute culture.

Je suis ici pour voir un reste des [mot illisible] (que je n’ai pas vu d’ailleurs) et pour la radio mais je suis pressé de rentrer. Je m’embarque dimanche à minuit pour être au Havre le 11 ou 12 je ne sais.

Pour le Stendhal c’est vraiment épatant car je n’ai plus qu’à reconsulter les manuscrits italiens où je crois avoir trouvé une autre trace certaine.

Il faut faire de cela une plaquette ou un livre que s’arracheront Anglais et Américains écharpés à belle plume. J'apporte 3 ou 4 photos -

Je suis touché que le Collapse te plaise.

A bientôt.

RenéLouis

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (5 octobre 1954) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 5 octobre 1954.

Mon cher Jean. C'est en te défendant hier dans une grande librairie que j’ai vu que tu avais publié O dont tu m’avais permis la lecture en manuscrit. Toute la librairie t’imputait le travail, j’ai résolument dit, mais quand on a dit : alors c’est Aury. Ça c’est possible ; femme capable de toutes les performances littéraires.

A part cela, tout va mal ici. Et chez toi ?

Amitiés

René-Louis

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (6 janvier 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 6 janvier 1956.
mon cher Jean,

Je suis très touché de ta lettre. Je crois bien que tu me dois des nouvelles et une réponse depuis 2 ans, et comme je n’aime pas importuner...

On ne [sait?] quand l’opération mais, en attendant la situation est tragique pour moi. Je vis à l’heure et non pas même au jour le jour. Plus rien. C'est décourageant surtout par cette [température?] printanière. Et chez toi, comment se comporte le mal ? [Et?] aussi supplémentairement je suis menacé de voir la cécité verbale transformée en plus de gravité . Zut ! Et pas le courage de déposer le barda.

On m’apprend de Marseille que Jules Roy joue... ta pièce. Voilà qui est pittoresque. As-tu quelques sérieuses lectures à me conseiller. L'oeil droit prend ce qu’il peint.

Affectueusement.

René-Louis.

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (28 mars 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 28 mars 1956.

Mon cher Jean, je suis bien en retard avec toi, car depuis un mois, j’essaie de m’élancer pour traverser le Pont Sully et chaque fois, un impondérable est suffisant pour m’arrêter ou m’[mot illisible] J'ai passé un terrible hiver. Un ami étranger m’a sauvé ; mais l’oeil gauche est toujours obturé et mon travail est compliqué. Je casse et perds tout et j’enrage. Il y a un professeur de la Faculté d’Alger André Lebain qui publie là-bas le livre de Cecily Mackworth Le destin d’Isabelle. Il m’y enguirlande d’ailleurs et ce n’est que le 7ème livre que je nourris. Pour Pelaban B. Les sermons suisses me sont inconnus mais le pillage est sûr m’a-t-on dit.

J'ai trouvé cette coupure au dos de laquelle j’aperçois l’arrestation de Fénéon. Comme c’est drôle ! Je te l’envoie j’en ai une. Je ne l’avais pas encore remarqué.

Je te plains d’être toujours un infirmier absorbé et endolori. Moi je deviens d’une sensibilité qui m’abat à la moindre émotion. Que c’est triste de vieillir ! Il n’est pas jusqu’à Marteau (cet enfant gâté) qui ne me trahisse avec brutalité. J'ai l’habitude. Mais aurais-je un jour une réparation ? L'ombre d’une est venue avec la publication des Marronniers, mais ça n’a pas duré ! Tu as vu.

Peut-être y aura-t-il même un [jour?] si Malraux tient.

A bientôt, un dimanche matin. J'irai te serrer la main, dire que je te connais de loin depuis 1913 !

A toi
René-Louis

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (10 mai 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 10 mai 1956.
Mon cher Jean

où es-tu ? Que deviens-tu ? Tu m’as bien manqué ces jours de fumée/ Rien de nouveau du côté Journaliers. Malraux me disait que Gaston a une irrépréhensible aversion contre ceux qui font de l’édition à un point maladif et il a voulu m’expliquer ainsi toute la mauvaise volonté ou les dispositions agressives contre moi.

Je voudrais repréciser avec toi les 2 remarques que je t’avais soumises sur l’Encyclopédie Queneau. J'attends de te voir pour achever le n°2 (double). Fais-moi signe que j’aille te voir. Il semble qu’à Genève le commodore ait fort mal pris la correspondance de la cigale et du hanneton ?

Je n’ai plus de nouvelles Affectueusement

René-Louis Doyon

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (1957) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 1957.
Mon cher Jean

Il y a longtemps que je n’ai de tes nouvelles. Je pense que chez toi, l’état se maintient. C'est ici que ça va très mal. Mal femme a depuis une attaque de [juin?] une artériosclérose cérébrale ; elle ne peut plus sortir un nom de sa mémoire et au moindre émoi bafouille. Avec cela, une faiblesse ! Je t’assure que je n’ai guère de tranquillité et que je trouve cela pesant.

Tu as dû recevoir le 3ème Livret. Je t’apporte le 4ème. Mais le [mot illisible] te piquera un peu mieux. J'ai repris sur de nouveaux et larges frais le Christ aux [Mans?] et je t’y ccite. Dans un à venir après, à propos du roman. Je ne suis pas [mot illisible], je cite ton petit Guide pour la Suisse. Je crois que mon audience s’est un peu étendue, et je souhaite de pouvoir continuer le plus longtemps possible.

A bientôt, ton vieux,
René-Louis Doyon

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (8 mai 1957) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 8 mai 1957.
Mon cher Jean,

Pourquoi ne m’as-tu pas envoyé ton portrait polyforme. C'eût été une façon de me donner des nouvelles que je n’ai plus depuis un an. J'ai un numéro sous presse.

L'histoire d’Algérie me tourmente ; j’ai rayé de mes rapports Roy et Amrouche pour ces raisons.

Comment va ta malade ?

Ici ça décline lentement

Affectueusement

René-Louis Doyon

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 1958.
Mon cher Jean

Qu'as-tu contre moi ? Je t’ai écrit au moins 3 fois sans réponse et tu publies ici et là ; je l’apprends par hasard et ça n’est pas dans mon asile que je trouverai à te lire. Je pense que tu reçois des Livrets qui prennent un certain développement et acquièrent un peu de crédit. On dit que le Mercure est absorbé par Gaston. Se débarrassera-t-on ainsi des [profs?] qui ont tué la maison de [mot illisible] et de Léautaud.

Ma femme glisse à l’infantilisme et vie n’est pas drôle. Tu le [sens?] peut-être chez toi. Je n’ose pas me plaindre en regard de ton héroïsme.

Affectueusement

René-Louis

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (15 juillet 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 15 juillet 1958.
Mon cher Jean,

Je reçois cette lettre de la maison Gaston. Mais elle me rappelle que :

1° Je suis l’auteur seul du Glossaire typographique : le vieux Soulard illettré ayant copié le Boutny, j’avais refusé la présentation que m’en demandait Denoël. Alors que faire, me dit-il ? Le faire (le livre) et je l’ai fait ; la maquette tout est de moi et mon livre sera La Pierre (même présentation) et de moi. Quand Mme Voilier m’a offert tout ce qui restait de La Pierre, j’ai écrit ce que je dis que je suis propriétaire de ce livre [mot illisible] quoi non plus que juste [second?] je n’ai rien à touché. J'ai écrit à Gaston lors de la visite Voilier que j’étais le propriétaire de ce livre et que j’en préparais une ré-édition complétée. D'ailleurs quand il a paru, toute la presse savait que le vieil imbécile ne comprenait rien à tout cela et me reprochait d’avoir fait un livre qui ne se rendrait pas !

Veux-tu me conseiller une réponse. Je voulais aller te voir mais j’ai craint de te déranger pendant ces jours.

Réponds-moi vite avant que je ne consulte mon avocat.

As-tu reçu le n°7. Le 8 est l’Epilogue de L'Enfant [Prodiguée?] sous forme de 2 lettres dont l’une à un certain J.P. Et l’autre d’un J.P non moins certain. Avec historique bibliographique du Livre.

Veux-tu qu’on déjeune avant que tu t’en ailles avec Jane.

Moi je suis accablé de mon rôle et j’ai un petit livre à préparer avec 5 nouvelles inédites de Marc Stéphane.

Réponds-moi cite, je te prie

ton vieux
RenéLouis

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (10 août 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 10 août 1958.

Il y a si longtemps que je n’ai plus de tes nouvelles que j’ai faillir prendre pour un faire-part, une carte étrange que m’a adressée Henri Jeanson (C'était la 1ère fois que je voyais son écriture.) : « Jean P. n’existe pas » imprimé sur fond caca d’oie. J'ai d’abord cru un à une mauvaise nouvelle. Mais vite je me suis [refroidi?]. Tu ne me dis pas comment ça va chez toi. Ici c’est dramatique. Elle ne sait aucun nom, aucune date, aucun chiffre. Elle s’en rend compte, en soufre et nous fait souffrir. J'en suis harrassé [harassé]. Avec cela ma vieille bronchite est devenue dramatique. Enfin j’ai pu sortir 5 livres ; tu dois avoir le 5ème [mot illisible] quoi tu es cité. Dans le prochain tu le seras encore avec la Suisse. La vente du Livret qui était l’an derneir nulle, une vingtaine de mille francs, atteint maintenant près de 80.000 ! Je n’en reviens pas ; il est vrai que j’ai pu jusqu’ici payer l’imprimeur sans les ventes et j’espère continuer jusqu’au [mot illisible] Après on verra de sa [mot illisible] seul. Mais je ne reçois aucune revue ; beaucoup de lettres c’est vrai. Qu'est ce qu’Artaban ? [Mot illisible] m’a pris 2 pages entières sur Beaumarchais et ne m’en a pas même payé les frais de dactylo que ça m’avait coûté. J'en suis dégoûté et ne lui donne plus rien.

J'ai lu le 3ème oeil ; ça ne m’a pas convaincu et rien appris. As-tu quelque chose d’exhaustif à me signaler. Le Stéphane a eu beaucoup de succès. Cela m’a étonné et satisfait à la fois. Le [Mezaire?] avait l’article depuis 2 ans ! Tout cela me dégoûte. Je sens que je ne peux travailler comme je le voudrais avec cette maladie à surveiller, les soucis et le reste.

Je t’admire de faire le travail que tu as accompli. Et je maintiens mon opinion. Le [21] c’est que tu as le titre, l’autorité et le savoir [mot illisible] que nous voulons comme critique. St Beuve était imitateur rien. Il n’y a que l’esprit qui compte et tu sais que j’ai raison. Au fond si Thibaudet n’avait pas été si brouillon et précieux, c’eût fait un vrai critique.

A toi
René-Louis

René-Louis Doyon à Jean Paulhan (14 novembre 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 130, dossier 095175 – 14 novembre 1958.

Mon cher Jean. Tu me donnes des émotions avec tes pointes. Crois-tu que je sois à envier avec ma femme qui [dérange?] d’abord de la mémoire, puis de la volonté, puis du reste. Et tout à trîner et à faire vivre ici. C'est miracle que les Livrets vivent. Eux ce n’est pas leur vente qui le leur permettrait. Et toi aussi, [mot illisible] ma pauvreté, tu traînes un cadavre vivant. Si tu savais ce que ça m’épouvante heureusement que tu me [mot illisible] les 3 heures du matin. J'ai au moins e la solitude et du silence sous la main jusqu’au jour.

Il y a des trous entre nous avec ces Livrets. Tu es mis en bonne Cause dans le dernier ; tu le seras dans le prochain. Je te les envoie chez toi ; ce sera plus sûr.

J'ai félicité Malraux pour sa promotion Cendras. Je crois qu’on a l’air d’éloigner le ministre-conseil et de l’envoyer fort loin. C'est curieux ! Il paraît que sa nervosité est constante et aggrave ses tics. C'est dommage.

Le n°10 aura l’exégèse des Diaboliques. Et ce sera en 35 ans mon 50ème numéro ! On va fêter cela.

Et dire que des articles comme Venise pourraient passer chez toi. Ah ! Ce Gaston.

Bien entendu j’ai cité Fort-Frédéric. Je vais chercher Lys de Mer.

Affectueusement

René-Louis