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Le projet « Hyper Paulhan » de l’OBVIL [Observatoire de la Vie Littéraire] propose les reproductions numérisées (mode image) et transcrites (mode texte) de lettres déposées dans le fonds Jean Paulhan et quelques autres fonds à l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine (IMEC, Abbaye d’Ardenne, 14280 St-Germain la Blanche-Herbe).
Ces lettres sont extraites des dossiers de correspondances passives et actives de Jean Paulhan. Elles s’inscrivent dans deux tranches chronologiques :
1925-1936, années pendant lesquelles Jean Paulhan a été nommé rédacteur en chef, puis directeur de La Nouvelle Revue française,
1950-1958, années de redémarrage de La NRF, après l’interruption de la fin de la guerre et de l’après-guerre…
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Ont participé à cette édition électronique : Clarisse Barthélemy (Responsable éditorial), Camille Koskas (Responsable éditorial), Xavier Truti (Transcription) et Simon Battistella (Transcription).
[1561 Bornes-Les-Mimosas : la chapelle Saint-François]
[1928]
[?] [?]
Je ne sais pas si [?] [?] te [?] [?] [?] à Paris. [?], je te demanderais [d’importer ?] la liste des [?] et [?] [?] mon livre [alinea ?] a été envoyé. De même si tu vois [?] demande lui l’adresse de [?] et de Grantoff, et à [?] s’il a des nouvelles du [« Trotin » ?] On t’envoie un télégramme [?] [R. P. ?] pour te demander d’être à Tarbes lundi 11. 28. (c’est le train qui part de Paris 21.25). Je viendrai te chercher en [automibile ?] (automobile grise) Enfin ! Bien à toi
Vous avez bien de la chance de passer Noël à Port-Cros ! Ici il faisait un froid à crever. Peut-être arriverai-je à obtenir un poste à Toulon. Alors je vais vous voir à la rame. Ici je fais des travaux (menuiserie et manuscrits) Les 1ers sont plus intéressants. C'est beaucoup plus difficile qu’on ne croit de raboter et de scier du bois scientifiquement. Je serais heureux d’avoir l’adresse de Schloezer à Amélie. Quand vous aurez lu le manuscrit de Petit soyez assez aimable pour me le faire renvoyer ici. – A propos j’ai reçu de nouveau le Rembrandt et je compte sur deux ou trois autres livres allemands. Mais les droits de traduction qu’on nous réclame étant exagérés nous serons obligés à notre grand regret – et d’accord avec notre direction financière, notre conseil technique et commercial et notre comité de lecture d’attendre que ces ouvrages soient tombés dans le domaine public, nous empressant toutefois de demander quelques notules à notre distingué collaborateur à la n.r.f., M. Jean Guerin. Je compte partir en voyage dans le courant de Février. Je vous remercie de tout ce que vous avez fait pour moi Madame Pascal et vous et vous prie d’accepter des voeux sincères.
[138 Saint-Brieuc. - Port-Martin. - Du Roselier à la Pointe de Pordic – Li]
[18 janv. 1928]
Monsieur Paulhan
Port-Cros par Hyères
(Var)
18/ S. B. 28 pl. St Michel
Je forme à la r.n.f. une collection (luxe) Les Vies des Bêtes illustres ? Ne voulez-vous pas me donner la Vie de l’Ane de Robinson ? Mes hommages à Mme Pascal. Votre – J. G.
Il y a l’Aigle de Napoléon, le Cheval de Troie etc.
Si possible renvoyez-moi le [mn ?] de Petit – il est en train de le revoir à tous points de vue et me demande mon avis.
28/1/28
Merci. C'est en effet ce qu’on me dit au sujet de la scie mais cela ne marche pas comme on dit. C'est un apprenti de 19 ans qui me fait travailler, il me joue des tours, moi aussi, et comme je suis plus grand, je lui flanque des gifles – nous sommes donc enchantés l’un de l’autre (sans être pour cela « faux-monnayeurs »). Dans Petit il y a des pages par ci par là d’une ampleur incomparable – et si le mot de génie a un sens il s’applique à ces pages-là. Je ne suis pas seul à penser ainsi. Plus que de Desc. et de Pascal c’est de lui qu’il parle. A bientôt – dans [19 ?] jours au plus tard. Mes hommages et mon souvenir le plus cordial à Madame Pascal.
A vous
J. G.
P.S. Votre (ami ?) Petit-Dufossé ou Dubuisson est con..
Le sujet de mon roman est très douloureux et il faut qu’il ait une apparence comique.
[157 A Nauplia Burgh island view of the moutains of Argolis.]
[1928]
Mercredi 10 avril
Je passe en Grèce un temps très heureux. Lu avec mon amie Melle R. Sotiriadès (qui en est l’héroïne) le Testament romantique de Duveau. C'est triste d’être aimé par des gens de lettre. Ils vous prêtent des attitudes ridicules. Méfiez-vous. Tout le monde y passe ! Comme à Prague un fou (sympatique) qui se dit votre ami : Castagnou. Je vous parlerai de lui ! Ne m’oubliez pas auprès de Mme Pascal et croyez-moi bien à vous.
Je travaille à ces autres chapitres sur l’Inde que je compte t’envoyer avant Noël. Pour Europe je fais note sur les Traces du Bouddha de Grousset. Si tu as un livre sur l’Orient envoie-le moi à moins que tu n’aies qq'un de plus compétent (Masson-Oursel par exemple). C'était très bien Istrati ! Voila une bonne compensation à Benda. Je viens de lire dans un article scientifique que la marche « droite » est en réalité une marche « compensée ». Pierre Louys n’avait pas à me décevoir mais franchement Rozanov m’a déçu. Giono est un écrivain remarquable mais il me semble que ne le lirai qu’une fois. Limbour a beaucoup d’avenir. Tu vois que je parle comme un critique littéraire.
Je pense vaguement poser ma candidature pour la Syrie l’an prochain et je vous avais demandé si vous pourriez parler de moi à Bounoure qui est encore en France. Sans doute ma demande était-elle indiscrète et je m’en excuse ici. J'ai insinué au bibliothécaire d’Albi qu’il devrait recevoir la n.r.f. mais il ne veut rien entendre. (Il déteste Proust, a peur de Gide, ignore Claudel etc.). Pour la province la nrf – je l’ai constaté mille fois est une revue très avancée rédigée par des jeunes gens de 18 ans. Il y a quelque chose de vrai là-dedans (tu sens ici ton éloge).
Je vous quitte, mon cher ami, je vous assure de mon amitié vraie. Rien ne m’était plus doux que certains quarts d’heure avec vous 2 dans [votre ?] bureau. (Naturellement, cette lettre est adressée à Madame Pascal comme à toi.)
(C’est une grande preuve d’amitié que de me montrer ton écriture non officielle. Mais je ne dirai à personne que tu peux ne pas « imprimer ».)
Je viens de voir un match de ruby rugby (mes élèves contre Rodez). Rien que des contusions.
Mme Halévy me dit que « le bruit court que j’ai une auto ». C’est exact (Renault 6 CV, C.I., type NN, carburateur Cozette). Je suis allé à Toulouse il y a 8 jours.
As-tu lu le roman que Guilloux va publier chez Grasset ? Je le trouve très beau.
Oui avoue que tu es jaloux de Casson ! Et tu n’aimes que les gens profonds.
Je pense que tu [?] connais les Belles Perdrix ? Voilà une belle invention.
J’ai été content qu’Arland ait eu le Goncourt. Nous avons beau vouloir éloigner les honneurs de nos têtes, ils tombent sur nous. Le mieux est d’être prêts à tout comme les Stoïciens. Je t’avais félicité de ton courage lors de la Légion d’Honneur. Le sage ne recherche et n’évite rien.
Pourquoi ne donnes-tu plus de « chroniques » à la nrf. ? Thibaudet et Fernandez ne pourraient-ils te céder parfois la place ?
Benda se répète et tombe dans le ressassisme (sénilité).
J’ai annoncé Charmes avec un commentaire d’Alain. Ce doit être à mourir de rire. Je lis d’ailleurs que « nombre de difficultés ont été heureusement surmontées par une mise en page originale… »
Le bruit court ici que j’ai été secrétaire chez Grasset.
Je voudrais bien avoir avec la réduction que j’avais autrefois (30%) le livre de Grousset et d’autres en même temps. Je ne veux pas m’exposer à un refus du Directeur de la librairie Gallimard. Si tu juges la chose faisable transmets le papier, sinon déchire-le.
Je continue mes chapitres sur l’Inde. Comme c’est dur d’écrire (de penser) !
Mon Mes amitiés à Madame Pascal. Je pense souvent aux 5 à 7 de la n.r.f. avec vous deux. Mais je suis malhabile à montrer mes sentiments et je suis porté vers le mal(1)
Je n’ai pas pu t’expédier la note sur Bosco avant ce soir. Voici en même temps 2 notules sur un auteur dont je suis obligé de rendre compte. Je m’étais fâché l’an dernier avec lui pour ne pas faire de compte rendu. Ns ns sommes réconciliés depuis (lui plutôt) et maintenant j’ai 2 livres à commenter au lieu d’un. Si tu ne veux pas héberger cela, pourrais-tu me rendre l’im-mense service (car rien ne peut le mesurer) de l’envoyer à une revue où tu sois sûr que cela paraisse ? Tu comprends : je suis aux abois. Et en qualité de directeur d’une revue tu sais ce que c’est que les [rageurs ?]. (Tout ceci confidentiel !) Le livre de Maléry, je l’avais lu dans la Revue Meldom, et il m’avait plu. Je l’ai dit à H. mais ça n’a pas eu l’air de lui faire plaisir. Il m’a répondu qq ch comme ceci : c’est drôle, il ne m’a pas donné de mal (tandis que les autres...). Ne dis pas cela à Julien l’Inhospitalier. Et ne laisse pas traîner cette lettre sur ton bureau. Je pense que tu habites maintenant un bureau d’une splendeur orientale. Crois-tu à propos que je décroche le Prix du 1er Roman avec mon Inde ? Je suis très friand de lire le 2e Manifeste du Surr. dont tu me parles si bien et le Cadavre. C'est mon côté concierge. (Paris l’a développé, ici je ne pense plus qu’à l’éternité). Valéry est un sacré farceur. Il doit bien s’amuser à faire marcher le public. - Virgile coûte trop cher pour te faire une sérieuse concurrence. Est-ce un illusion ? Je trouve les derniers nos de la revue légèrement vides (ou plutôt lourdement vides). Tu sais bien que je ne dis cela que dans un esprit de sympathie.
Merci des nouvelles que tu me donnes.
A vous deux très amicalement.
J. G.
Si personne ne s’en charge (c’est peu probable) je m’en chargerais volontiers.
Je n’ai pas besoin d’épreuves. Tu peux faire les corrections que tu veux (en général cela consiste à supprimer la moitié, n’est-ce pas ?) mais ne coupe pas trop. Je serais très heureux que cela [?] le 1er mars. J'ai déjà trop attendu)
Merci. J'aime mieux en article qu’en chronique, à moins que tu ne sois d’avis contraire. Je serais heureux que tu me suggères qqs correction au besoin. Cela me rend toujours service en me permettant de voir mes défauts. - Pas reçu le no d’avril – je t’écrirai à son propos. Max donnera de l’air à une revue à laq. collaborent trop de penseurs (Alain etc.). Il me semble que les Nouv. Litt me laissent tomber en attendant de tomber elles-mêmes. Je comprends pourquoi [Martin ?] a accepté mon mss avec enthousiasme ! C'est qu’il pensait qu’il n’aurait pas le temps de passer. J'ai dit à Cassou d’intervenir. Au fond je ne tiens pas [?] que ça à être publié mais je n’aime pas qu’on me prenne pour plus naïf que je ne suis. Je serais heureux de faire dans la nrf tous les mois une chronique d’1/2 page sur Détective. Que de belles choses à dire ! Entendu pour Sacco mais cela t’ennuierait-il si Guilloux faisait la note à ma place (j’ai refusé à plusieurs amis de faire des notes sur eux) ou si ns la signions de nos 2 noms ? Cette dernière combinaison me plairait. Je suis en train de lire Hyménée. C'est un vrai roman un roman « roman » tandis qu’il y avait des trous et des envols déconcertants pour le lecteur dans le [Dosnès ?] confidentiel. Moi je trouve Hyménée très réussi. Mais le mieux est que tu le lises. « Compagnons » dans Europe était très bien, n’est-ce pas ?
Ta mère a du être très éprouvée et ta soeur aussi. Présente-leur et à ta famille de Bourg-la-Reine dont j’ai conservé le meilleur souvenir encore une fois l’expression de ma sympathie chaleureuse. Je pense à toi.
J.
Mes hommages à Mme P.
Les nouvelles de J. B. m’amusent fort. Je lirai avec plaisir son histoire de l’anti France, comme dira le gros Léon. Mais j’aimerais mieux lire ses Mémoires. Je pense qu’une partie en passera dans le roman par lettre. Et ces fleurs de Tarbes ? Fleurs tardives d’autant + précieuses. Si tu peux envoie-moi des épreuves. Non je ne puis t’envoyer de notes. Je travaille avec une lenteur désespérante. Une note me demande un temps que je consacre + utilement à qqch de personnel. Et puis j’ai tant de travail au lycée ! Mais je voudrais t’envoyer d’ici 8 jours mon article : La muraille de Chine (la vie secrète). Je voudrais écrire aussi sur l’amour physique (conçu à la Stendhal) dans différents pays. Mais c’est un sujet un peur délicat.
[31 mars][1930]
La muraille de Chine pourrait passer si elle te plaît en Avril ou Mai ? Je me suis remis avec acharnement à ma thèse. Si je trouve un inédit qui puisse intéresser la nrf je te l’enverrai. Mais ses lettres ne sont pas d’un intérêt général et puis elles sont d’une exaltation extraordinaire (mélange d’impuissance et de folie). Il faudrait que tu voies toi-même. Plus intéressantes sont les pages mystiques. Je verrai. Voici une carte arabe et qqs photos pour Madame Pascal et toi. Reçu lettre de Supervielle. C'est un homme charmant. N'oublie pas de dire à Arland combien son Gide m’a plu. Vraiment c’est très remarquable. J'espère que Madame Pascal est enfin rétablie. Vous devriez venir ici à Pâques.
Si tu veux publier qqs pages de mon ours de Lourmarin fais-le sous le titre que tu voudras. Et une note sur Petit dont le livre va paraître. Visité hier la prison. Désormais je veux visiter les prisons de toutes les villes où je passerai. C'est passionnant. Les prisionniers prennent au sérieux leur métier. J'écrirai : Le prisonnier appliqué. Chardonne est un idiot. Green écrit très bien des choses très bien qui me laissent parfaitement indifférent. Combien d’autres dans son cas ! Chamson, c’est un peu cela dans un autre genre. Guilloux a le Schaudern dont parle Gide. Te donnerai début mai version définitive et titre de l’Inde. Il faut que cela paraisse en effet. Gallimard peut payer 90.000 f de domm – intérêts – d’autant que c’est de l’argent donné à la publicité. Cela rajeunira sa boîte. Pas lu Virgile. Tu devrais me l’envoyer. J'irai à Paris en juin.
Le n° d’Avril est très épatant. Michaux très bien. [?] très intéressant. Etc. Vraiment n° très brillant. Compliments. J'attends avec impatience ces Fleurs de Tarbes (fleurs tardives comme toutes les bonnes choses).
Je t’écris à Robinson pour que tu aies plus tôt une réponse à tes 2 cartes (de très beaux Piranèse qui m’ont fait plaisir, as-tu vu ceux de Lourmarin ?) Tu pourrais proposer à Commerce mon essai qui devrait passer dans les N. L. (je me vengerai) sous le titre : La Floridiana (à cause de l’Italien Bassiano,) cela lui rappelera son pays). Je t’envoie après-demain Vendredi qqs pages que tu pourras intercaler à l’intérieur de l’essai et tu supprimeras celles sur Barrès. Carte blanche. Merci.
Amitiés.
J. G.
Vesper me demande une note sur ses poèmes La Voie sacrée
Mon cher Ami je suis surpris que tu aies trouvé un autre intérêt que celui du comique à mon « Discours » ! Il n’y en avait pas d’autre. Voici un autre chapitre que tu as déjà du voir et un chapitre final en forme de notes – tu pourras en intervertir l’ordre, en supprimer etc. Et si tu m’apportes cela à Lourmarin nous verrons tout ensemble. Merci de ces Hain-Teny. Admirable poésie et source de poésie. Ton analyse est un modèle de finesse et de profondeur. Je t’en reparlerai puisque je te vois bientôt. Ta conclusion sur le langage je la connaissais déjà mais elle est exprimée ici avec une extraordinaire clarté. Lourmarin vit dans la fièvre en vous attendant.
Voici les heures de trains si vous venez par la ligne du Rhône. (Si par les Alpes prévenez-moi, nous irions de Sisteron à Lourmarin en auto, ou j’irai vous chercher à Pertuis.
Paris 21.40 22.30
Lyon 5.03 8.
Avignon 8.16 12.31
(changer) 8.30 13.17
Cavaillon 9.34 14.22
(changer) 10.10 19.3
Cadenet 11.24 16.17
(où je vais vous chercher)
Ligne des Alpes
Lyon 9.40
Grenoble 12.
Sisteron 17.19
Pertuis 19.20
Prévenez-moi le plus possible à l’avance en écrivant ou télégraphiant en même temps : Grenier, Les Capucins, Sisteron (B.-A.) Grenier, chateau Lourmarin, (Vaucluse) Si je ne reçois rien je partirai le 1 Août au matin d’ici pour Lourmarin. Mais dès maintenant calculez et dites-moi quel jour vous comptez arriver, à un jour près. Ensuite vs télégraphieriez l’heure. Bon voyage !
IMEC, fonds PLH, boîte 144, dossier 095221 – août 1930.
[FONDATION DE LOURMARIN, ROBERT LAURENT-VIBERT VAUCLUSE]
[Jean Grenier]
[août – sept ? - 1930]
Samedi
Très cher ami Tu sais que je suis ici avec André de Richard dont tu as entendu parler par ailleurs (Prix du 1er Roman non décerné. p-c. q. peu publiable dans Revue Meldom.) Je lui ai conseillé de t’envoyer un exemplaire du mss pour que tu voies si tu peux en publier au moins des fragments dans la n.r.f. Je trouve ce roman « La Douleur » très réussi surtout la 2e moitié. En fin tu verras toi-même. Je lui ai dit aussi de t’envoyer des poèmes. « La Douleur » paraîtra chez Grasset à la fin de l’année ou à la rentrée (entre Oct. et Déc.) Je trouve que ce jeune homme a comme disent les critiques des dons éclatants.
Comment va Madame Pascal ?
Ne me laisse pas sans nouvelles. Je t’écris à Paris ne sachant pas si tu en es parti. As-tu reçu une dernière lettre ? Je termine une vingtaine de pages sur Barrès à Tolède (à propos de l’article de Guéhenno sur Barrès à Venise mais je parle surtout de moi.
Pas de nouvelles bonne nouvelles ? Hain-teny là-dessus. Je suis nommé à Alger. Je refuse Alexandrie, mais espère y aller plus tard en Egypte. Pas encore digéré le no de la revue, je t’écrirai à propos de « l’idée d’ordre ». (Premier essai positif de Benda). Ecris-moi plutôt chez Mme Gasquet à Eguilles. (B. de. Rh.) où je vais Vendredi soir et resterai jusque fin du mois presque sans interruption. J'espère que Mme Pascal va mieux. Richard est ici.
[FONDATION DE LOURMARIN, ROBERT LAURENT-VIBERT VAUCLUSE]
14 Août
[1930]
Tu reçois des lettres de protestation et moi des lettres de félicitation. C'est juste, chacun dans son rôle, toi directeur et moi auteur C'est toujours le 1er qui reçoit les coups. Mais la lettre que tu m’as envoyée était inintelligente. Si tu en as de + intéressantes envoie-les moi. Evidemment je ne peux contenter tout le monde. L'essentiel est que tu ne me lâches pas et je sais que je peux compter sur ton amitié. Et pour le reste MERDE(1) Les Nouv. Litt. disent que j’ai de l’avenir tant mieux ! Coupe tant que tu veux dans mes papiers il en restera toujours assez et je comprends les nécessités d’une revue. Tes remarques sont justes. J'en tiendrai compte si je fais un volume de mes Considérations en remaniant et en ajoutant – Que penses-tu de cette idée ?
– Il s’agit d’un pensionnaire. Tous les ans on en désigne un pour l’an suivant. Il est couché et nourri pendant les mois d’été aux frais de la Fondation. Moi je n’ai absolument aucun droit de vote là-dedans n’étant pas héritier de Laurent-Vibert – mais je peux « suggérer ». Il faut un jeune homme, encore peu connu, de culture méditerranéenne, qui n’ait pas des opinions de gauche ou plutôt qui ne fasse pas de politique active de gauche (il peut avoir les opinions qu’il veut, moi je dis du mal de Maurras toute la journée, puisque Benda n’est pas là) mais Laurent Vibert ayant été d’A. F. et les héritiers et amis de Lourmarin en étant presque tous malgré leur libéralisme ils peuvent hospitaliser un futur Lénine. Il faut surtout que le pensionnaire ne soit pas trop dépaysé dans un château et qu’il ait une certaine aisance d’allures (tu sais comme ces considérations méprisables jouent un grand rôle partout.)
Si tu crois que Marc Bernard réunisse à peu près ces conditions fais-lui m’envoyer ce qu’il a publié, sous un prétexte quelconque ; et il serait bon qu’il vînt passer un ou deux jours à Lourmarin au début Septembre – (la décision sera prise vers le 19.) Tout cela demande beaucoup de diplomatie ! Et puis rien ne dit qu’il n’y ait pas d’autres candidats. J'avais pensé aussi à Blanzat Tout ceci entre nous n’est-ce pas ? Pour qu’il y ait une chance de réussite il faut le plus grand secret, surtout vis-à-vis de l’intéressé. Je regrette que tu coupes tout ce que je dis de Malraux. Je viens de lire les épreuves de La Voie Royale et je suis enthousiasmé. C'est beaucoup plus beau que les Conquérants malgré qqs incohérences et obscurités. C'est un livre très important et pas seulem. très beau. L'as-tu lu ?
Orages et mistral Mistral et orages – Je pense que vous avez choisi St Gingolph à cause de son nom. Le 11 Sept. grand tralala à Lourmarin. Daudet vient parler de Mistral ! Nous sommes bien heureux d’avoir de meilleures nouvelles. Ma femme est trop occupée pour écrire en ce moment. Ns sommes arrivés hier soir à Eguilles ou ns restons jusqu’au 31. Reposez-vous bien, tâchez d’oublier votre ami Julien qui doit venir vous troubler dans vos rêves.
Je suis bien fidèlement à vous deux.
Jean Grenier
Voilà encore des notes que tu ajouteras si tu le trouves utiles.
En Inde une philosophie de l’Absolu est le fondement même d’une société ultra-conservatrice. En Europe elle menacerait de détruire la civilisation.
X
L'intuition, dont nous pouvons trouver des modèles dans la philosophie Védāntā, loin d’épouser « la vie » dans tous ses détours, doit s’arracher d’elle et lui faire violence. En quoi elle s’oppose à celle de Bergson et se accorde rapproche de celle de Plotin.
Inexpiable lutte entre la pensée et la vie. La pensée livrée à elle-même est audacieuse, elle me porte au-delà de ce que j'ose penser. Elle n’a pas peur, elle ne tremble pas comme fait l’homme pour sa vie. Pas de mort pour la pensée. La vie est absurde devant la pensée. La pensée ne peut être absurde devant elle-même. Le nihilisme absolu trouve là sa limite. Mais ce qui est affreux c’est ce mariage impossible d’une pensée (qui est éternelle) avec une vie (qui va finir). L'Inde réalise le rêve qui flotte dans les yeux des esclaves de Michel-Ange.
X
La grande parole de Spinoza : L'homme n’était pas nécessaire, il n’était pas nécessaire que l’homme fût ! On ne peut penser à cela sans effroi.
Ce télégramme de ce matin c’était pcq je me suis rappelé cette nuit que j’avais laissé passer des phrases trop choquantes et difficiles à rattraper. Pendant tout un chapitre je couvre les Hindous de fleurs et puis à la fin je les accable sans nuances. Il faudrait bien faire comprendre que tout cela passe par-dessus la tête de l’Inde (tout en lui étant sympathique). Ainsi dans la 2ème de mes notes, celle qui commence par : « Un Voyageur... » il faudrait atténuer les dernières phrases qui dépassent ce que je veux dire. On pourrait rectifier ainsi :
- L'Inde pays inhumain. - Non pas que le régime des castes soit aussi oppressif qu’on l’a prétendu. Mais son existence même suffit à briser toute société, à rendre l’homme étranger à l’homme. Inégalité serait trop peu dire, il y a différence absolue [ : ?] Un Dieu, jaloux de l’homme, éloigné du monde, et autour de qui tout gravite, interdit par sa seule existence les élans de charité, les étreintes fraternelles qui nous émeuvent tant sur les stèles antiques, dans les églises et certaines réunions ouvrières. - Peuple inhumain, peuple en dehors de l’humanité. [ » ?]
Dans la note qui commence par : « L'appareil social lui-même... » on pourrait supprimer, après les mots civilisation grecque et chrétienne, dire : « tout cela qui fait qu’on ne peut penser sans crainte qu’on aurait pu naître hindou, tout cela ma paraît, etc. »
(Afin d’atténuer - Je pense ainsi arriver mieux au ton juste. Mais c’est difficile. Tu serais bien aimable de m’envoyer les placards qui ne paraîtront pas dans la n.r.f. Cela me servirait. Excuse les soucis que je te donne et crois-moi très fidèlement tien.
J. G.
Il faudrait peut-être citer malraux à la suite des [gens ?]du Grand Jeu. Je regrette que tu retranches ce qui le concerne, tu pourrais peut-être en laisser une partie.
Je lis le no de Variétés sur le Surréalisme en 1929 c’est tordant.
En effet cette collection d’Essais me conviendrait. Mais juste avant de recevoir ta lettre je venais d’ecrire une lettre enthousiaste à Malraux. Alors j’ai peur que maintenant il ne s’imagine que...
Marc Bernard. Après tout ce que tu me dis de son activité communiste ce sera difficile !... As-tu lu le mss de Richard qu’il t’a envoyé à la nrf. ? Je ne vois pas la nécessité de répondre à la lettre de C. Suarès. (Il m’en a envoyé une semblable mais moins explicite.) Je serai toujours à temps de le faire et lui répondrai que je suis heureux de lui voir affirmer son independance vis-à-vis des théosophes, que pourtant M. Krishnamurti avait bien l’air d’être plus qu’un simple collaborateur dans sa revue, qu’aux dernières nouvelles, M. Krishnamurti après avoir été dieu était devenu étoile de cinéma à Hollywood, enfin que l’ensemble de la revue était d’un religiosité bien suspecte ; que pourtant certains collaborateurs de la revue n’avaient pas l’air de s’en douter car ils y écrivaient sans exprimer autre chose que leurs propres idées, en quoi je disais qu’ils étaient de bonne foi, ne sachant pas que leurs noms et leurs articles renforceraient de leur autorité la tendance « Krishnamourtienne » de la revue. - Voilà un discours cohérent. Crois-tu que J. B. pourraient être mon témoin ?
A toi afft.
Meilleurs voeux de santé à Madame Paulhan. Nos amitiés à tes parents des Pyrénées Un morceau de sucre au chien.
Ton J. G.
Tu peux en répondant à Carlo Suarès lui communiquer la « substance » de cette lettre-ci.
[FONDATION DE LOURMARIN, ROBERT LAURENT-VIBERT VAUCLUSE]
[1930]
17 Septembre
Je t’envoie ces pages que je viens d’écrire. Dis-moi ce que tu en penses. Reçu ta lettre – et le mot de Chardonne Merci. Amitiés de nous deux à vous deux. Je s ns embarquons le 28. Je reste ici jusqu’au 22.
Ta lettre du 6 m’arrive hier seulement à Alger ou je suis depuis le 1er. (Ecris-moi : Grand Lycée Alger ou : Villa Mauresque près villa Titre Campagne Scala El-Biar Alger)
Quand tu recevras ce mot Mme P. sera déjà sortie de la clinique. Donne-moi de ses nouvelles.
Comment se fait-il que tu n’aies jamais reçu le manuscrit que je t’ai envoyé recommandé de Lourmarin vers le 19 septembre ? Tu ne m’en accuses même pas réception. Il t’était envoyé à la n.r.f. Informe-toi et fixe-moi tout de suite. C'était une vingtaine de pages – souvenirs de voyages, + réponse indirecte à Guéhenno. Je dois les communique également à ce dernier.
Comment veux-tu que je fasse les notes que tu me demandes ? Je reçois ta lettre trop tard. Si c’est pour le [9 ?] Décembre, peut-être – mais Malraux peut préférer une note d’un autre et aussi Lemière (par ex. Berl et Martin-Chauffier). Et puis ce mois-ci l’installation, mes fonctions absorbantes – et surtout le sirocco m’empêchent de faire quoique ce soit de bon. Fais à Lemière et Malraux mes plus chaudes amitiés,
Réponds-moi vite.
Encore nos amitiés à te [?]
Jean
Voici une femme qui n’a pas lu le Discours cohérent.
Mon cher Ami je croyais t’avoir dit ma migration à Alger. Oui j’y travaille trop. J'instruis des meutes de jeunes gens. Je leur recommande des livres de ton père et de Jules de G. Il faut écrire avec son sang, voilà une parole que j’admirais dans Nietzsche. Richard a quelque chose à dire de nouveau. Si je ne t’ai plus reparlé de mon essai c’est par une délicatesse qu’un Directeur comme toi assiégé par les auteurs (bien mauvais le no de Décembre) appréciera. Si tu le publies fais-moi la grâce d’en couper une bonne partie. Tu as mille fois raison sur les passages qui concernent Barrès. Ma femme me l’avait dit et je le sentais. Donc, supprime sans pitié. Si je continuais la 1ère page de mon petit article j’écrirais des Confessions à la Rousseau – et je n’ose pas.
Benda met Spinoza à la portée des gens du monde. C'est très bien. On va l’inviter maintenant aux chasses à courre. Je m’intéresse beaucoup à Malraux. En dehors de ce qu’il fait où il y a un effort sublime, je crois deviner des choses de lui qu’il n’avouera jamais (son honorabilité). Il est nihiliste. Pourquoi plaide-t-il alors ?
Je vais me coucher.
A vous deux afft.
Jean
Il serait important pour moi que je publie mon Inde (très remaniée dans le sens des dernières pages). Cela me donnerait une confiance nécessaire pour faire mieux et autre chose.
L’activité de la nrf. se multiplie. J’ai reçu de ton secrétaire (M. Nadal) une lettre de propagande. J’ai beaucoup aimé l’opinion de MM Fortunat Strowski et Gustave Lanson. Mais crois-tu que la clientèle universitaire – pet de loup Lanson-Strowski soit celle de la nrf ? J’aime trop la nrf pour le croire. Enfin je ne réponds pas à ton secrétaire, dis-lui que je suis convaincu depuis très longtemps et qui prêche un converti. J’ai fait abonner la Bibl. du Lycée à la nrf. C’est une victoire extraordinaire. Mais il faut bien savoir ceci c’est que les professeurs ne lisent pas (sauf le Temps
Alain et Benda – tout cela étant la même chose). A propos, il y a un prof. Ici, M. Mathieu, qui est abonné et n’a pas encore reçu le no de Janvier. Il avait déjà été obligé de réclamer pour celui de Décembre.
[fait nécessaire]
[11 1 31]
La page 53 du dernier no est bien curieuse. Halévy est-il un pharisien vraiment ? Je ne le crois pas. Il n’y a pas non plus que le pharisaïsme moral – il y a l’intellectuel et Benda est un pharisien. Son Discours cohérent (pas tant qu’il en a l’air) est un mélange de Plotin et Spinoza et de Renouvier, qqs souvenirs des classes de Math - et un style à la « m’as-tu vu ». De la philosophie de bazar. Cela ne peut manquer d’avoir du succès. Le surprenant c’est que l’auteur feigne de dire des choses très difficiles, inaccessibles même. Cela flatte beaucoup le lecteur. Je dois ajouter que le sujet est grand et beau et que je suis (toi aussi, Gaultier aussi) du côté de cette philosophie-là (moi pendant la 1/2 de la journée [.) ?] Mais qq’un qui écrit et pense comme La Bruyère (ce n’est déjà pas si mal quand on est modeste) ne peut pas traiter cela. A ta place, je publierais comme tu le fais quand même toujours Benda. – parmi les gens qui écrivent il a un public et si l’on regarde l’ensemble des littératures ce n’est pas si mal que cela.
Très bien le cyclone à la Jamaïque. Et la Divine de Colette. Bonnoure est pâteux – colle forte. En somme bon no.
Il me semble qu’en t’écrivant j’avais un but précis mais je ne me le rappelle plus. Tant pis.
Le no 2 du Surréalisme est sénile n’est-ce pas ? Ils se mettent à écrire sous eux.
Je vais publier des inédits de Lequier (petite thèse) chez Vrin sans doute. Il y a des choses curieuses. Mais je ne pourrai pas publier des lettres de 1838-40. Quelle époque curieuse ! Le ton est trop passionné et démodé.
Ne m’oublie pas. Tu vois que je pense fidèlement à toi.
Voici une note. Bedel passé à Alger. Pas pu le voir ni l’entendre malgré un mot aimable de lui. J’habite à la campagne.
Très fatigué. [Méhir ?] atroce. Serai obligé de prendre congé après Pâques.
Merci pour livres. Très gentil, très aimable de votre part. Je me souviens du temps où j’allais piller les services de presse avec Adde sous l’œil sévère de Melle X. Reçu aussi les têtes de Malraux. Lui répondrai. Se non sono vere sono ben trovate. Je les admire beaucoup et suis surpris des « gothiques » bien que la nouvelle salle du Guimet en contienne, mais tellement moins réussies.
Tu ne pourrais pas dire à Jean Guérin de changer de nom. Il n’en est pas à cela près. Et cela chagrine mes amis de se voir éreinter sous mes initiales J. G. Ne pourrait-il pas s’appeler Albert Dupont ou Maurice Durant ?
Nous pensons toujours très fidèlement à vous deux. A quand les fleurs de Tarbes ?
Je venais à peine de t’envoyer ma 2e lettre (la 1e était de Mercredi) que je recevais le faire-part et ton mot et c’est alors que j’ai télégraphié. Inutile de te dire que j’ai été stupéfait autant qu’attristé. J’avais lu la semaine dernière un article sur le Rire dans la Revue Philosophique et j’en avais admiré la fermeté de trait, la lucidité que l’on voit dans tous les livres de Frédéric Paulhan. J’ai très peu connu ton père mais assez pour être frappé par son égalité d’âme, sa sérénité en même temps que par sa délicatesse. Il me semble qu’autour de personnes comme lui la vie devait être légère et pénétrée d’intelligence. La dernière fois que je l’ai vu, c’était pour aller ensemble, vous devez vous le rappeler à une exposition de tableaux après avoir attendu vainement Lambert. N’oublie pas de dire à tous les tiens que je m’associe très sincèrement à leur chagrin et crois à mon mes affe sentiments affectueux.
Très heureux de ton mot. Vraiment tu es gentil à l’excès pour moi et je suis confus quand j’y pense à tout ce que tu as fait pour moi avec un parfait désintéressement. Entendu pour les corrections ! Si tu le préfères corrige les épreuves toi-même – à moins qu’il n’y ait du temps devant soi. Je t’enverrai la semaine prochaine la note sur Sacco. J’ai relu mes articles sur l’Inde. Je n’en garderai que la moitié dans mon volume. Alors quelle sorte de « volume » est-ce que ce sera ? J’ajouterai quelque chose. Notre meilleur souvenir à ta famille des Pyrénées. Nos amitiés respectueuses à Mme P.
A toi
J. G.
[Le recto de la lettre est biffé en bleu; en marge du premier paragraphe du verso, de l’écriture de Paulhan est mentionné : Malraux]
Très cher J’aimerais mieux paraître en Janvier qu’en Février (et en Février qu’en Mars etc.) d’abord pcq c’est naturel (ayant écrit cela il y a plus d’un an) ensuite pcq je paraîtrais en même temps que Guilloux – début d’Hyménée. A propos, s’il conserve sa dédicace qu’il ne mettre qu’un prénom (Alain), le reste est inutile, il comprendra. Mais les dédicaces ne se mettent que sur les livres ? Je n’en sais rien. Enfin ce que tu fais sera bien fait. Je crois que si je suis pressé de publier ainsi c’est que cela me donne un peu confiance et m’aide à sortir de mon exil et de ma torpeur. Je suis persuadé que Fernandez a en effet beaucoup de choses à apprendre à Guilloux. Paris est la seule ville où l’on puisse s’instruire comme cela dans la conversation. Il n’y a pas d’égoïstes qui gardent ce qu’ils savent (ou ne savent pas) pour eux. J’ai toujours mon auto et mes enfants. Cela fait du volume et déplace de l’air. A-t-on publié en édition séparée la lettre de Hofmannsthal (Bacon) que tu as publiée ds la revue ? Le seul mérite d’Herriot est de t’avoir décoré et d’avoir dit (sincèrement, toujours) que le seul but dans sa vie avait été d’assister au banquet de la nrf. Il est bien vrai que nous allons droit à la guerre, mais je suis surpris que cela puisse surprendre.
Où as-tu pris que je n’aimais pas Hyménée ? Je trouve que c’est un roman très réussi, le 1er dans l’œuvre de Guilloux à ce point de vue. Il est sûrem. très digne de la n.r.f. J’ai télégraphié hier à Guilloux de t’envoyer mon article. Tu sais qu’il faudra en retrancher le début et faire qqs raccords – Pas difficile. Je me demande s’il paraîtra jamais ! Pourtant il y a qqs pages bonnes (il me semble). Je n’avais que 3 copies (le msc est déchiré) – l’une à Guill., l’autre à toi, que tu ne m’as jamais renvoyée, l’autre à Martin (du Gard) qui est sur le marbre et y restera. Il est vrai que tu pourrais téléphoner à Martin pour avoir cette copie…
Mille choses affectueuses à tous deux. Et à bientôt. (vers le 20 Juin).
Jean G.
Lambert n’aime pas Charlot, il trouve que c’est un démolisseur et qu’il est facile de démolir. Moi j’ai été très ému par les Lumières de la Ville.
Chamson (le révolutionnaire bien connu) range les livres de Doumergue. Mme de G. me disait qu’elle prenait autrefois des bains de rhum (à la Martinique) et qu’elle était portée en palanquin par des esclaves. Retrouvé ici un ancien camarade, Edmond [?] Brua, qui vient de publier un livre de vers Faubourg de l’Espérance (le frère de Rose Brua ou Celli) Très chic type. Il y a aussi ici Tustes !
IMEC, fonds PLH, boîte 144, dossier 095221 – juin 1931.
Samedi
[juin ?1931]
Voici cher Ami le papier en question à intercaler dans les pages que tu as déjà (vers la fin probablement). Fais cela car moi je n’ai plus aucune copie de mon manuscrit et seulement des lambeaux de ce manuscrit. André Chamson(1) range les livres de Doumergue dit « voilà ».
Bien à vous deux
Très cordialement,
J. G.
Mes élèves s’en vont. Je les ai découragés. D’ailleurs, le bac approche et je serai en France vers le 20 juin.
Bien entendu je t’envoie ces pages mais tu peux très bien ne rien proposer à la publication. C’est à toi de juger de cela.
[En écriture bleue à l’envers, en haut de la lettre] [?] J’aurais mieux aimé voir paraître des pages dans la nrf. et sous le titre des Iles Fortunées !
IMEC, fonds PLH, boîte 144, dossier 095221 – juin 1931.
[Carte postale Jeune femme Arabe
[juin 1931]
Je pars pour Tunis. Y serai du 10 au 17. Ensuite reviens ici et m’embarque le 22. Adresse à Tunis : Hotel Majestic ceci au cas où tu aurais qq ch à me dire.
Cher ami vraiment je suis très heureux que l’Île de Pâques t’ait plu. En écrivant je pense à ce que tu penseras de ce que je t’enverrai. Guehenno qui a entendu parler des Îles par toi m’en demande une. Faut-il la lui donner. – Je voudrais les faire paraître en volume (avec l’Inde) cet été – Juillet – et les publier toutes en revue d’abord pour moi. Réponds-moi. Petit avait appris de Robertfrance en Octobre que Fernandez devait faire l’article sur son Don Quichotte dans la nrf. Est-ce vrai ? Je voudrais être fixé pour informer Petit qui est en Syrie.
Les castors gris, j’aimerais mieux en élever que de faire ce que je fais. Tu devrais en proposer à B. C. ou à J. B. J’attends avec curiosité les Fleurs de Tarbes. Tu as envoyé le Carnet du spectateur etc. à Da Costa, pas à moi. Je ne me plains pas. (Ceci ressemble aux reproches de Max Jacob, mais dans ma bouche n’a rien de suspect)
J’aurais beaucoup à te dire mais je suis en esclavage chez les Turcs. Dis-moi si tu connais qq’un d’important à l’Instruction publique. N’oublie pas de me répondre là-dessus. Mme Pascal va-t-elle bien ?
A toi
JG.
Pourquoi poursuis-tu de ta haine ce pauvre André Germain ?
Je n’ai encore lu que cela ds la nrf faute de loisir.
Il est regrettable que la maladie du jeune âge n’atteigne que les chiens.
Tu devrais bien me dire les pages qui te déplaisent dans ce que je t’envoie. Cela me [?] servirait beaucoup – encore plus que d’être publié.
[au recto de la lettre en haut, de l’écriture de Jean Paulhan] publier le Char après les Îles.
Oui j’ai reçu le Voyage d’Athènes. Merci. Comment envoyer l’argent pour les O. C. de Gide ? Je ne puis de moi-même me gratifier d’une réduction de 29%, celle-là que tu m’annonces. Ce qu’il y a de mieux dans ces O. C. ce sont les photos préliminaires. Le reste est très bien quand même. Je serais heureux de lire Au bout du rouleau (le seul Conrad que je n’ai pas). Je t’enverrai Maurras à la fin de la semaine. Tu aurais mieux fait de me renvoyer ce que je t’ai adressé et de me dire ton avis.
Bien amicalement à vous deux.
J. G.
Da Costa est charmant. Il me prête des disques. Halévy m’a envoyé son Courrier d’Europe. Ne pourrais-je pas faire une note – à moins que Jean-Daniel Guérin ne s’en charge ?
L’article que je t’ai envoyé l’autre jour devait s’intituler Au signe de Flore. NE publie pas avant de m’envoyer les épreuves (si tu l’en juge digne) car il faut de toute force que je le relise et revoie. Mon livre ? Aucune nouvelle. Je sais que la vie de Paris est très absorbante. La note sur Halévy est écrite. Celle sur Michaux tardera un peu plus. Le tout pour la fin de la semaine.
A toi et merci de tout ce que tu fais pour moi.
J. G.
Naturellement tu peux supprimer tout ce que tu voudras. As-tu lu les livres de E. Gautier sur les Musulmans, le Sahara, les Vandales etc. ? Très intéressants. Il est ici à la Faculté.
Ces élections sont tellement absorbantes qu’on n’a pas le temps de lire la nrf. Et pourtant – heureux pays ! – Une Allemande me demande de traduire les Îles Fortunées pour le Querschnitt. Ces temps sont tellement troublés que je ne serais pas étonné de te voir inspecteur général de l’enseignement de la musique à Port-Cros.
A toi
J G.
Je vais écrire un long factum à propos du livre que m’a envoyé Nizan. Ces politiciens m’embêtent. Il n’est pas vrai que Pascal ait été Action Française.
N’aie pas peur. J’ai employé avec H. de M. (comme dirait Gide) toute la diplomatie désirable. Mais il a l’air buté.
Tu n’auras pas une note sur Poirier d’ici un mois.
M. m’a dit qu’il allait s’embarquer pour Paris. Il réédite la Relève du Matin. J’aime beaucoup tout ce que fait Jean Rostand.
A toi afft
Jean
Vesper me demande s’il peut t’envoyer un fragment de son prochain livre « écrit du pt de vue de Sirius ». Mais il Je lui ai dit dis que oui. Mais il hésitait pcq il pensait que de parti pris la nrf était hostile à sa pensée.
[A la verticale, à gauche] Je voudrais faire un article sur la doctrine de Lourmarin (d’après les [« Terrasses » ?]) et ensuite un autre sur la doctrine de Pontigny.
[A la verticale, à droite] Mme Loriot m’a aussi envoyé son livre et me demande explicitement un compte-rendu ! Elle m’avait écrit il y a 2 ans et ensuite. C’est une admiratrice !
Nous avons été très touchés par vos lettres. Cette enfant qui souffrait depuis si longtemps a souffert encore plus et vraiment d’une manière affreuse les dernières nuits car elle ne pouvait plus respirer par suite de la lésion au cœur. Ma femme est très fatiguée et même épuisée. Enfin que vous dire ?
On a toujours devant la mort d’un enfant l’impression d’un crime.
Ns ne ns embarquons que le 19 juillet. Donc pas avant fin juillet à Paris. Vs serez à Port-Cros ? Pas de chance.
La raison : l’enfant (le 3e) est né 3 semaines à l’avance. Une fille : Annic ou Annik (c’est breton). La mère et l’enfant vont très bien.
Fait une promenade au Maroc. Fez, qu’on écrit Fès maintenant (comme Cette, Sète) est une avalanche de blancheur.
(J. R.) Bloch est-il candidat au prix du roman-feuilleton ? Il est sûr de le décrocher. Je n’ai pas lu Marie-Anne Comnène, mais je ne crois pas que cela puisse être aussi bien. (Ne laisse pas traîner cette lettre sur ton bureau, elle te compromettrait..)
Fez est une ville , des villes plutôt [ajouté dans la marge] étourdissante. Rien que la ville juive où tu vois 20. 50.000 Benjamin Crémieux avec la barbe, la toque et la robe de couleur. Je ne parle pas de la ville arabe, merveille qui n’a qu’un défaut : on n’y lit pas Détective.
Je m’arrête et vous envoie notre affectueux souvenir.
Non, rassure-toi, je vais mieux grâce à un régime que je ne suis pas. Le matin j’avale des milliards de bons microbes qui luttent dans mon ventre pour le Droit la Justice et la Liberté L’accident d’auto (à 3H matin) n’a fait que m’entailler le nez et me forcer à une marche de 8 km. (de belles étoiles). Je vais aller à Lourmarin dans 2 ou 3 jours passer une semaine. Port-Cros, hélas, est trop loin, mais c’est entendu pour l’année prochaine. Je viens d’aller voir tuer des moutons, je t’enverrai un papier là-dessus. Désormais je compte t’envoyer beaucoup de papiers (que tu peux jeter à la corbeille).
Rencontré chez Marie Gasquet Georges [Izaret ?] fonde la revue « Esprit » (socialisme, spiritualiste, anti-marxiste) et un parti politique. De la force, de l’allant, beaucoup d’allant, du mordant, enfin réussira. Trouve que j’ai trop l’esprit critique (cet esprit qui paralyse) pcq je n’ai pas adhéré d’enthousiasme à son mouvement. (Il est né à Béziers) Le connais-tu ?
Comment va ta femme ? L’air de Port-Cros est encore meilleur que celui de Châtenay.
Lambert a acheté une villa sur la mer près St Brieuc, il vient de m’écrire comme tu verras ci-joint. – Ici c’est très calme. Le dernier no de la nrf admirablement composé. Tout est de 1er ordre, même dans son genre le Sybilla. [?] Je [?] trouve que c’est à crever de rire. Fantomas est largement dépassé. J’espère qu’il y a encore plusieurs chapitres et j’attends avec impatience les comptes-rendus du livre qui seront des chefs-d’œuvre sur un chef-d’œuvre. La vie est belle dit Jean Richard.
Je suis votre ami
JG
J’aime beaucoup Cheston. [à la verticale du recto]
Je t’enverrai très bientôt Morand [à la verticale du verso]