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Le projet « Hyper Paulhan » de l’OBVIL [Observatoire de la Vie Littéraire] propose les reproductions numérisées (mode image) et transcrites (mode texte) de lettres déposées dans le fonds Jean Paulhan et quelques autres fonds à l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine (IMEC, Abbaye d’Ardenne, 14280 St-Germain la Blanche-Herbe).
Ces lettres sont extraites des dossiers de correspondances passives et actives de Jean Paulhan. Elles s’inscrivent dans deux tranches chronologiques :
1925-1936, années pendant lesquelles Jean Paulhan a été nommé rédacteur en chef, puis directeur de La Nouvelle Revue française,
1950-1958, années de redémarrage de La NRF, après l’interruption de la fin de la guerre et de l’après-guerre…
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Paul Léautaud
1927/1953
Paul Léautaud à Jean Paulhan
Correspondance (1927–1953)
2017
Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL, 2017, license cc.
Ont participé à cette édition électronique : Camille Koskas (Responsable éditorial), Clarisse Barthélemy (Responsable éditorial), Thomas Bleton (Transcription), Frédéric Glorieux (Informatique éditoriale) et Anne-Laure Huet (Édition TEI).
Je vous ai remis, voilà plusieurs mois, la liste des poèmes d’auteurs de votre maison que
je dois reproduire dans la nouvelle [mot illisible] des Poètes
d’aujourd’hui, puisque vous voudrez bien vous charger de m’obtenir l’autorisation
nécessaire auprès de Gaston Gallimard.
J'ai reçu la visite de Valéry, qui avait été informé par la N.R.F, à cause de conditions
spéciales pour tout ce qui le concerne et il a bien voulu me dire que la question de droit
ne se posait pas pour moi. Il se trouve donc être sur le même plan que les autres
poèmes.
Vous serez donc bien gentil de rechercher la liste que je vous ai remise et de m’envoyer
une lettre d’autorisation de reproduction pour les poèmes y mentionnés, ce qui ne fera pas
de difficultés j’ose l’espérer.
Je vous ai remis – en plusieurs petits fragments de papiers – la liste des poèmes à
reproduire dans les Poètes d’aujourd’hui , un jour, à vous-même, dans
votre bureau. Vous avez même fait cette remarque que vous n’aviez qu’à reproduire ce
qu’ils [mot illisible] pour établir la réponse d’autorisation.
Maintenant je vous dirai en toute cordialité que je suis surpris des conditions dont vous
me faites part. Vous m’aviez donné l’assurance ou presque que la N.R.F. m’accorderait
l’autorisation gracieusement. Je puis même dire que l’exception soulevée à propos de
Valéry, à cause d’une entente spéciale entre vous et lui, et au sujet de laquelle il est
venu me voir pour me dire prestement que cette entente ne saurait s’appliquer à moi, que
cette exception, dois-je dire, vient encore à l’appui de cette perspective que vous m’avez
donnée d’une autorisation gracieuse.
Je puis vous assurer que jamais Gaston Gallimard ne m’a parlé d’une question de [mot
illisible] à acquitter. Je sais bien même, que je n’ai jamais [mot illisible] parlé avec
lui de l’affaire des Poètes d’aujourd’hui.
Je puis mieux, encore, vous rappeler le propos que vous m’avez tenu en plaisantant quand
je vous ai parlé de cette affaire : autorisation, mais à condition que vous nous donniez
bientôt le théätre boissard 1». Vous voyez que notre entretien n’est pas d’hier. Je vous ai remis la liste des
poèmes au jour que j’allais voir mademoiselle [mot illisible] pour les épreuves de mon
volume de Mangin.
Vous savez quel exaltant instrument de propagande sont les Poètes
d’aujourd’hui. Je voudrais pourtant bien ne pas reduire la place donnée aux poètes
édités par vous.
Cordialement à vous
P.Léautaud
Voyez vous un inconvénient à ce que je m’adresse aux auteurs pour [mot illisible] votre
responsabilité ? La question ne se pose pas pour Valéry qui, comme je vous le dis, m’a
donné son autorisation gracieuse.
Je repense à votre lettre d’hier, je vous remet sous ce pli, pour les communiquer à
Gaston Gallimard :
1° la lettre d’autorisation Émile Paul2pour les poèmes François [mot
illisible].
2° la lettre de Tristan Derème m’informant que le même Émile Paul, son
éditeur lui a donné mission de me faire part de son autorisation également pour les poèmes
de lui, Tristan Derème.
3° la lettre de Charles Derennes me faisant part de l’autorisation de ses éditeurs :
Messein et Garnier.
4° la lettre du [mot illisible] du Monde moderne me donnant autorisation pour les poèmes
[mot illisible]
Notez bien, je vous prie que je ne vous fournis ces justifications que sur votre prière
et nullement pour ces trois arguments. Toutes les autorisations que j’ai eues sont
« gracieuses ».
Faites ainsi mes remerciements à Gaston Gallimard pour ses bonnes dispositions à mon
égard, tout en lui disant que je suis toujours prêt à me conformer, s’il le faut, à
l’acceptation que je vous ai donnée précédemment.
Vous serez bien aimable de me restituer les quatre lettres ci dessus quand vous en aurez
pris connaissance.
Je vous réponds à vous, puisque c’est avec vous que j’ai correspondu pour cette affaire.
Faites je vous prie tous mes remerciements à Gaston Gallimard. C'est tout à fait gentil de
sa part et je vois là même une preuve de l’amitié qu’il m’a toujours témoignée.
Acceptez aussi mes remerciements pour votre peine, avec mes cordialités.
La recommandation pour les exemplaires est superflue : 1° C'est de règle. 2 : Je n’aurais
pas manqué de me faire ce plaisir.
Excusez moi auprès de Gaston Gallimard de lui faire attendre le tome II
Boissard. La nouvelle edition des Poètes d’aujourd’hui au placard
depuis mars, l’imprimeur a exigé qu’en [mots illisibles] et il m’a fallu tout quitter pour
me mettre à ces copies. Cette corvée terminée, je ferai aussitôt le nécessaire pour mon
tome II.
Encore cordialement,
P.Léautaud
Quel dommage que la mort soit d’abord le non-être, et ensuite le répugnant phénomène
physique qu’elle est ! ̳Sans cela, enfermé tranquillement, douillettement, dans cette
boîte, sans besoins, sans soucis, dans un éternel farniente, une rêverie sans fin, à ce
représenter tous ces imbéciles qui s’agitent au dessus ? Ce serait
délicieux !
Comme vous allez ! Le chapitre dont nous avons parlé n’est même pas commencé. Pas une
ligne! Pas un mot! Alors, vous voyez si nous avons du temps devant nous.
Un travail pour lequel je suis extrêmement en retard m’empêche de rien faire d’autre.
En vous répondant l’autre jour, j’ai oublié, vous resté dans mon bureau, un point qui
m’intéresse (question de ce sacré argent, je ne m’en cache pas). Me prendrez-vous un
morceau de mon Passe-Temps pour la N.R.F. La valeur, je pense, de 3
pages de la revue, - et, sauf une vingtaine de lignes, [mot illisible], naturellement ?
Comme le volume paraîtra vers le 7 décembre, il faudrait que ce soit dans votre numéro du
1er . Je pourrais vous remettre le texte dans une
huitaine, dés que j’aurai reçu mes épreuves.
Un mot de réponse, je vous prie, et excusez-moi auprès de Paulhan de passer par dessus
son autorité. C'est l’occasion de votre lettre.
J'ai réfléchi sur notre conversation d’hier soir. 1° Il est tout naturel qu’on n’ait pas 100 pour la page quand on atteint un
certain nombre de pages, comme ce sera le cas. - 2°
Pas de débat d’argent, surtout quand c’est un [mot illisible] obligeant comme vous, qui
doit avoir la corvée. Excusez-moi sur ce point.
Remettez donc tout simplement les lettres, en recommandant la rapidité pour les épreuves.
Ce sera parfait ainsi. Nous verrons bien ce que sera la [suite?].
Je vous remercie encore de tous vos excellents soins et vous serre la main très
amicalement.
Claudel rompt avec la N.R.F. pour ce que vous avez publié de moi ? Il reviendra, vous
devez passer là dessus comme moi.
Je vois en tout cas que vous ne m’en gardez pas rancune, puisque vous me parlez même des
Souvenirs que je dois vous donner. Je vous les donnerai mais il faut
[mot illisible] comme je patiente moi-même.
En même temps que l’exemplaire pour vous, je vous ai déposé un exemplaire de Passe-Temps pour compte rendu. Je pense que vous l’avez bien eu.
Merci pour les coupures. Je ne les connaissais pas du tout.
Le changement désiré sera fait pour le service des Mercures.
Vous êtes charmant -comme toujours- de me rappeler la question de [collaboration?]. Je me
propose prestement de vous envoyer quelque chose prochainement. J'espère que cela vous
agréera.
Pierre Lièvre se propose d’écrire un article sur moi ? Il écrit des choses très [fines?]
et intelligentes. J'en serai enchanté.
Je crois vous l’avoir dit et je vous le répète : prenez note, quand vous voyez dans les
nouveautés du Mercure un livre qui vous intéresse, que vous n’avez qu’à me le demander.
Vous l’aurez aussitôt, avec grand plaisir pour moi.
Vous serez bien gentil de me dire quand vous aurez une phrase pour moi dans un numéro de
la N.R.F. J'ai quelque chose à vous offrir (la valeur de 4 ou 5 pages, de petites
notes).
Mes hommages à madame Pascal et cordialement à vous
Vous en avez de la chance de vous promener ainsi. Et cette chatte que j’ai vue, et à la
veille d’[mot illisible], l’avez-vous laissée seule, sans personne pour la nourrir et
l’abriter ? J'espère bien que non.
Vous êtes charmant de m’avoir répondu ainsi. Je vous envoie mes papiers. Vous serez bien
gentil de me dire si vous avez reçu. Je n’ai pas de double et pas le courage de
[reprendre?].
Vous êtes charmants tous les deux, mais par [mot illisible]. Je ne m’accuse pas. Je suis
toujours sans bonne. À courir de Fontenay au Mercure et du Mercure à Fontenay. Fatigué de
[mot illisible] et pas du tout le loisir de prendre une récréation. Nous [retrouverons?]
cela une autre fois.
Je comptais si bien vous envoyer quelque chose pour une N.R.F. prochaine !
Je trouve qu’on peut très bien laissé ce que vous avez souligné. Je suis assez parti à
laisser les choses telles qu’elles viennent, quitte à quelque petite bizarrerie.
Si je n’avais craint de vous déranger, j’aurais bien ajouté une page, non pour ce que
vous pensez croire, mais pour finir l’ensemble.
Amitiés à tous les deux,
P.Léautaud.
Paul Léautaud à Jean Paulhan (28 septembre 1931) §
Vous savez, mon cher Paulhan, que je suis très sensible à la gentillesse que vous avez
avec moi. Je ne sais pas importuner les gens et j’ai toujours peur de revenir trop
souvent. Je suis un peu empressé en ce moment, ayant dû, voici trois semaines, mettre ma
bonne à la porte sur le champ. Je suis seul, depuis ce jour, pour tenir ma maison, soigner
ma famille de bêtes, être employé au Mercure, et faire l’écrivain. Par dessus le marché,
passant ma journée à courir de Fontenay à la rue de Condé, et de la rue de Condé à
Fontenay. Je compte bien cependant répondre d’ici peu à votre charmante réclamation. Ce
que je vous ai donné il y a quelque temps, [deux?] longs morceaux que j’ai publiés dans la
revue des arts graphiques3, une petite serie [nouvelle?]
que je n’ai plus qu’à mettre au net, doivent composer un petit volume qui doit paraître,
je pense, fin novembre ou commencement de décembre. Je pense vous porter prochainement la
petite série nouvelle énoncée ci-dessus, très heureux que je serai de
la voir également dans la N.R.F. (le petit volume ne [sortira?] qu’après,
naturellement).
Pour la chatte, vous voyez que c’était le meilleur moyen. Et je suis ravi que vous l’ayez
employé.
Vous savez que j’ai lu avec intérêt les notes de votre père. J'ai un grand goût, ce qui
ne doit pas vous surprendre, pour ces sortes d’écrits, qui sont les meilleurs peindre un
caractère.
Mes hommages à Madame Pascal, et pour vous, mon cher Paulhan, toutes mes cordialités.
Je n’ai pas de chance, et vous non plus : vous avez toujours, dans vos vacances, de
tristes histoires d’animaux à me raconter.
Je répondrai avec plaisir à votre invitation, depuis le temps que je vous ai vu. J'ai eu
deux ou trois fois l’idée, cet été, d’aller vous dire bonjour, un dimanche, le scrupule de
vous tomber dessus sans crier gare, m’a retenu.
Toujours charmant avec votre invitation de quelque chose pour la N.R.F. Je n’y comptais
plus.
Mes cordiaux hommages à Madame Pascal et ma sincère amitié pour vous.
Nous n’avons pas de bonnes feuilles. Nous n’avons qu’une épreuve, où il reste
probablement quelques fautes. Je vous l’envoie. J'espère, qu’à défaut de mieux, elle vous
contentera.
Vous êtes charmant pour dimanche. J'accepte avec plaisir. Une si riche assemblée est à
elle seule un régal.
Mes hommes à Madame Pascal et mes amitiés pour vous.
Vous êtes tout à fait gentil. Vous ajoutez à la sympathie les plus charmants procédés.
Soyez sûr que j’y suis sensible, sous les airs que j’ai [de] m’agacer parce que vous
voulez bien me demander quelque chose pour la N.R.F. ? Mais je suis ravi, au contraire.
Vous me rassurez, vous m’encouragez, j’ai tellement toujours la crainte d’importuner, de
revenir trop souvent. Je puis ainsi penser que je me trompe un peu. Vous aurez ces Notes,
c’est entendu, que je n’ai plus qu’à mettre en ordre, car elles ont été écrites au hasard
des [mot illisible]. Je ferai ce petit travail au [mot illisible] loisir sérieux.
Savez-vous qu’hier soir, au [bouton?] de ma grille, en rentrant de Paris, j’ai encore
trouvé une caisse, contenant un chat ? C'est le seizième en moins de deux ans, sans que je
puisse découvrir la source. On vient à la nuit, on accroche, et on file. Et un très beau
chat noir, en merveilleux état ! Je me [perds?] une nouvelle fois sur les raisons de ces
dépôts successifs, - et abusifs et indélicats, - provenant de la même main, à en juger par
les caisses et l’écriture toujours les mêmes. C'est pour moi un nouveau soucis de deux
bons mois, pour les précautions à prendre tant avec les chats qu’avec les chiens. Je ne
parle pas des dépenses qui augmentent chaque fois, ce dont se fichent également les
cochons qui me déposent ces bêtes, comme si je n’avais pas assez de mes sauvetages
personnels.
Vous voyez qu’il n’y a pas besoin d’[mot illisible].
Roland de Renéville est un garçon charmant, en dépit de ses goûts littéraires
ésotériques. Jules Supervielle également, qui sait combien m’ont ravi et touché ses
histoires des animaux de la Crèche. Pierre Lièvre est le Talleyrand de la [mot illisible],
avec sa discrétion et son visage un peu fermé.
Je me permets de vous renouveler la recommandation de mettre à Tatou un collier avec
adresse bien lisible. Même si cela ne doit jamais avoir aucune utilité.
Remerciez Madame Pascal de l’accueil qu’elle a bien voulu me faire et croyez à mes
[sentiments?] d’amitiés.
P.Léautaud.
Paul Léautaud à Jean Paulhan (03 septembre 1934) §
J'ai bien du reproche à me faire, et bien des excuses à vous présenter, pour n’avoir pas
répondu à votre dernier petit mot. Ce chat noir, dont vous me signaliez la disparition,
est-il revenu ou a-t-il été retrouvé, il est probable que si cela était, vous me l’auriez
dit.
Je n’ai qu’approbation, la plus certaine, à donner au papier que vous me communiquez.
Toute la [mesure?] des bêtes vient de l’élevage inconsidéré que font certaines gens, pour
[mots illisibles] et pas ce qui les [mot illisible].
Je suis confus pour mes Notes sur les animaux. Je n’ai guère avancé
dans le travail auquel je suis, dérangé de mille façons. Je vous donnerai les Notes en
question : mais il devient peut-être ridicule de les annoncer ainsi sans qu’elles
viennent.
Cessez cette annonce si vous le [mots illisibles].
Mes meilleurs hommages à Madame Paulhan et toutes mes amitiés pour vous.
Vous êtes très gentils tous les deux de ne pas m’oublier, mais il n’y a pas moyen en ce
moment. Je suis surchargé de besognes domestiques, et fourré ainsi dans un autre travail
dont je voudrais bien enfin être délivré.
Je vous fais toutes mes excuses. Tout un fragment [du,] journal de Gourmont m’est apparu
sur épreuves, -surprise pas drôle!- assez [assommant?] [mots illisibles]. J'ai fait pas
mal de [mot illisible]. Ayez la gentillesse de m’avoir de nouvelles épreuves.
Amitiés
P.Léautaud
Vous serez bien aimable de joindre ces épreuves corrigées aux nouvelles épreuves.
Ce qui ci dessus étant écrit quand je n’avais [pas] votre lettre au Mercure. Vous avez
profondément raison. J'ai relu votre lettre. Il n’y avait rien d’affirmatif pour les [mot
illisible] du 1° Novembre. Je me suis tout à fait
trompé.
Je vous retourne le manuscrit Benjamin. Il n’y a rien à faire. [mots illisibles]. 1° Nous sommes submergés de manuscrits. D'après [mot
illisible], nous n’en avons jamais autant vu. De nouvelles couches convergent, sans doute,
qui se mettent aussi à [mot illisible]. 2° Nous
avons déjà traité la question du Matriarcat. 3° Ces
questions sont loin d’être amusantes, et la vie est si peu drôle qu’il ne faut pas en
ajouter pour les lecteurs.
Vous devez assez refuser de manuscrits à des gens. C'est bien votre tour, [mot illisible]
qualités.
Agréez mes excuses. Je n’ai pas pensé que le manque de réponse pouvait signifier oui.
Ce manque de réponses je n’y ai pensé que ma lettre partie. Si vous le voulez bien,
accordez moi d’attendre un peu. A mon tour, je vous aviserai pour que vous me [mot
illisible] un [mot illisible].
J'envoie le volume à René Daumal. Un autre à Paulhan. Un autre à Gallimard.
Cordiaux hommages, chère madame et mes amitiés à Paulhan.
Puis-je vous envoyer pour la N.R.F. quelques pages du Journal, sur des sujets divers,
comme ce que j’ai publié dans le Mercure du 15 novembre dernier ?
Je vous fais envoyer un livre : [mot illisible] par Michel Balfort5. C'est un livre
d’aphorisme. Je ne crois pas me tromper : il s’y trouve des choses remarquables. Des
choses où la poésie -la sensation- et l’expression se trouvent réunis merveilleusement. Il
serait dommage, et [mot illisible] qu’il n’en soit pas dit quelques mots. Avez-vous sous
la main un [collaborateur?] qui ait du goût pour ce genre d’écrits, qui ne se contente pas
de le parcourir sans le couper ? Donnez le lui. Je ne doute pas qu’il soit heureux
d’écrire quelques lignes à son sujet.
L'auteur est inconnu et je n’agis ici que par plaisir littéraire.
Je suis au regret. L'état de ma vue, qui me cause déjà tant de soucis dans mon travail,
ne me permet pas de lire une aussi longue lettre. C'est déjà beaucoup pour moi de vous
écrire celle-ci.
Je bornerai ma réponse au mot déloyauté qu’elle contient dans son
début, mot un peu excessif et qui me surprend de votre part, étant donné tant d’années
d’excellentes et très amicales relations.
Je vous rappellerai d’abord que ce n’est pas moi qui vous ai demandé de collaborer aux
Cahiers de la Pléiade. Je n’ai jamais fait dans ma vie une seule
demande de cette sorte. C'est vous qui avez eu la gentillesse de m’inviter à vous donner
quelques pages de ce fichu Journal.
J'étais donc le maître de mon texte. Je n’aurai pas moins eu le procédé cordial, tout
naturel de ma part à votre égard, de vous prévenir qu’il y avait dans ces pages un morceau
[préambule?] pour le Cahier que je venais de recevoir (à ce moment).
Vous devez vous rappeler que vous vous êtes mis à rire et à me répondre que cela n’avait
aucune importance.
Voilà pour un premier point.
Voici le second :
Madame Dominique Aury a bien voulu, à un moment, venir à Fontenay, accompagnée d’une
jeune dactylographe pour « taper » les textes en question. Tapage exécuté de belle façon,
avec un tel désordre, une belle fantaisie, une telle inobservance de la disposition des
textes, sans compter mots sautés et fautes d’orthographe, qu’après avoir essayé de le
remettre en état pour la [composition?], j’y ai renoncé, fichant le tout dans un coin,
jusqu’au jour que j’aurai le courage de faire moi-même une nouvelle copie à la [mot
illisible].
Tout cela, encore, [n’était?] qu’une mésaventure qui est courante avec ces créatures
dénommées dactylographes et qui feraient mieux de se mettre [mot illisible], femmes de
ménages, ou cuisinières.
Le point sérieux est celui-ci. Madame Dominique Aury, ayant entre les mains ces trois
tapages à la machine de cet ensemble de fragments du Journal, a été
mettre des tiers au courant de ce que des fragments ou [planches?] contenait les
concernant, vous même, pour ce passage des Cahiers de la Pléiade, Jean
[mot illisible] pour un passage le concernant lui et Marie Laurencin. Je maintiens qu’elle
a commis là une indiscrétion, et qu’elle a abusé ma confiance en elle, et que personne,
qu’elle et moi, n’avaient à connaître le contenu de ces fragments. Je m’étais promis de le
lui dire à notre première rencontre. C'est ce que j’ai fait jeudi dernier. Elle m’a fait
cette réponse : mais puisque ces textes devaient être publiés... C'est bien là une réponse
de femme. Justement, puisque ces textes devaient être publiés, elle n’avait pas à
divulguer quoi que ce soit.
Il se peut qu’on me trouve excessif. Il se peut qu’on me trouve mauvais caractère. Il se
peut qu’on me trouve pointilleux. Il se peut tout ce que vous voudrez. C'est ce procédé
dont je puis bien vous assurer qu’il n’a jamais été mien dans ma vie, qui m’a fait
renoncer à donner ces fragments aux Cahiers de la Pléiade.
Une petite rectification, par dessus le marché, à propos de ce que vous écrivez,
(toujours dans les premières lignes de votre lettre, les seules que j’ai lues), que « je
fais lire mon Journal à droite et à gauche. Où avez-vous vu pris cela.
Jamais qui que ce soit n’a rien lu de mon Journal dans sa partie
inédite. Quand j’ai un peu de courage, je me mets à chercher quelques fragments passables
pour répondre à une demande de publication, comme par exemple le Mercure, ou la Table Ronde, qui attendent depuis plus d’un an. Et
puis, il y a longtemps que je le pense, on exagère beaucoup sur le compte de cet amas de
papiers. Moi-même, après si longtemps, je ne sais plus [mot illisible] ce qu’ils
contiennent. Je crois bien, même, que c’est ce qui me rend si indolent à m’en occuper. Une
bonne partie à mettre au panier, probablement. En tout cas, rassurez-vous : je ne suis
tourmenté par aucun scrupules ou état de conscience. Je suis plus solide que cela, une
solidité faite de beaucoup d’indifférence.
J'ai reçu ce matin votre lettre, au sujet du fragment du Journal pour
la N.R.F. Elle m’arrive [mots illisibles] d’ennuis sérieux, une nouvelle propriétaire, une
belge folle à lier, et poussée aux extrêmes par un avocat, s’étant mis dans la tête de me
faire mettre hors de ce pavillon et jardin dont je suis locataire depuis 44 ans. J'espère
bien qu’elle échouera, mais, quand même, c’est du souci.
Je pense que ce que vous me demandez n’est pas pour le prochain numéro de la revue (août,
ce serait un peu court pour moi. J'ai beaucoup travaillé ces temps ci à mon Journal d’aujourd’hui. Mais mon écriture n’est pas toujours très lisible. Je n’ai
personne à ma disposition pour venir me taper cela à la machine. L'essai que j’ai fait
deux ou trois fois m’a montré que ces donzelles sont complètement illettrées. D'autres
parts, remettre mes feuilles manuscrites directement, guère disposé depuis ce jour, que
m’y étant risqué au [Mercure?], un amateur d’autographes a subtilisé ces feuillets.
Et puis, la valeur de combien de pages de la N.R.F vous faudrait-il ?
Il n’a jamais été dans ma pensée, ni sans [mot illisible] dans ma lettre, de règlement
d’amis. Je n’ai jamais usé de ce procédé.
Pour vous donner mon texte avant le 5 août, pas moyen. Je suis arrivé à découvrir à
Fontenay une dactylographe de profession. Une gamine. Elle doit être d’une ignorance! Elle
ne pourra travailler pour moi, et chez moi, (car mes papiers de sortent pas de chez moi),
qu’à partir du 10 août, qu’elle sera en vacances.
Je suis désolé de vous obliger encore à une réponse. Cela va-t-il ? Ou renvoyons nous à
la rentrée ? En période de vacances, de déplacements, de plaisirs automobiles, les gens se
fichent pas mal de la littérature.
Amitiés
P. Léautaud
On m’avait assuré que vous étiez absent de Paris pour tout l’été.
Texte attendu pour fin août. dans la nrf 1er
oct.6