Correspondances écrites et reçues par Jean Paulhan (1925-1936 et 1950-1958), éditées en collaboration avec l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC, Caen) et la Société des lecteurs de Jean Paulhan (SLJP).

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Ces lettres sont extraites des dossiers de correspondances passives et actives de Jean Paulhan. Elles s’inscrivent dans deux tranches chronologiques :

  • 1925-1936, années pendant lesquelles Jean Paulhan a été nommé rédacteur en chef, puis directeur de La Nouvelle Revue française,
  • 1950-1958, années de redémarrage de La NRF, après l’interruption de la fin de la guerre et de l’après-guerre…

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Bertha Rhodes

1926/1958

Bertha Rhodes à Jean Paulhan

Correspondance (1926–1958)

2017
Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL, 2017, license cc.
Source : IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182
Ont participé à cette édition électronique : Camille Koskas (Responsable éditorial), Clarisse Barthélemy (Responsable éditorial), Véronique Hoffmann-Martinot (Transcription), Simon Battistella (Transcription) et Frédéric Glorieux (Informatique éditoriale).

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (16 septembre 1926) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 16 septembre 1926.

[Bertha Rhodes]

16. Septembre

4 Blackburne Terrace

Liverpool

Cher Jean,

Merci pour ta lettre et la gentille carte d’Aubure1. Je viens de rentrer. J’étais à Windermere où tout va bien. J’en suis contente, Arthur se porte bien et a l’air heureux. Mais j’ai rapporté un gros rhume qui me gêne. Je ne sais pas au juste quel jour j’arriverai à Paris mais pas avant le 1er octobre. Tes parents m’ont invité [invitée], je ne sais pas combien de temps ils veulent me guarder mais peut-être une quinzaine de jours, puis la tante à Bexhill m’attends [m’attend]. J’ai bien des choses à faire ici encore pour m’installer en rentrant. Que je serai contente de revoir ta Maman2 ! Elle viendra je crois à la gare me chercher. Moi je crois qu’il vaut mieux laisser dormir les malentendus. Après si longtemps on peut bien oublier ces choses. Je pense que tu es de mon avis là, si tu ne l’es pas tu as bien changé, il faudra faire ta connaissance une fois encore. Ça sera gentil.

Excuse moi je vais soigner mon rhume. Un jour bientôt je te reverrai.

Au revoir mon frère,

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (14 mars 1927) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 14 mars 1927.

4, Blackburne Terrace

Liverpool

Jean ! Que fais-tu ?

Où est [es]-tu ? Tu n’est [es] pas malade ? J’ai cru que tu me dirais que j’étais sage d’avoir tâché de faire ce que tu m’as dit de faire.

Je suis comme des enfants. J’aime qu’on fasse attention à moi quand je fais des efforts. Mais sérieusement je suis un peu inquiète de ne pas avoir eu un mot de toi depuis que je t’ai écrit le 19 février. J’ai reçu le [la] nrf pour Mars.

Le 20 Février la Tante a eu une attaque cérébrale, après elle n’a pu remuer que le bras droit. Je suis allée chaque jour à Southport pour aider à la soigner. Puis je suis tombée malade moi-même de la grippe. Je vais mieux mais pour le moment je suis affaiblie. Je crois me remettre bientôt. Tante Annie est morte le 7 mars. Nous l’avons enterrée jeudi. Elle était très fatiguée de la vie. Elle n’a pas pu saisir le someil [sommeil] dont elle avait besoin.

Enfin, c’était le coma jusqu’à la fin.

J’ai beaucoup à faire ces jours-ci. Je t’écrirai plus longue [longuement] une autre fois.

Je t’embrasse. J’embrasse aussi Germaine. Comment va-t-elle ?

Toujours ta sœur

Bertha

 

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (18 février 1927) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 18 février 1927.

4, Blackburne Terrace

Liverpool

Merci bien de ta lettre et la carte. Je n’ai pas le temps à présent de t’écrire beaucoup.

Voici le récit, c’est à peu près à l’heure n’est-ce pas ?

J’ai presque honte de te l’envoyer. Je le sens faible et peu de choses pour intéresser d’autres personnes que moi. Quand je pensais à te l’écrire à Windermere, c’était pour te faire comprendre un peu les choses qui [tenaient ?] et me préoccupées [préoccupaient] là-bas.

J’ai lu la lettre de R[ainer] M[aria] Rilke3. C’est bien sympathique. Quand je te revoir [reverrai], je te demanderai de me parler de lui. Vous avez eu bien des tristesses pour le commencement de l’année.

Le pauvre Orso4 il a dû être triste de vous quitter car je crois que les bêtes savent quand la morte [mort] les approche. Mais je crois aussi qu’il n’a pas dû beaucoup souffrir de la maladie. J’ai eu la jaunisse autrefois. J’ai ressenti une [un] malaise généralle [général] difficile à définir. J’ai pensé à plusieurs choses que j’avais l’intention de dire à Germaine. Tant pis. Excuse ce griffonage [griffonnage].

Je tâcherai de te’écrire bientôt.

Je vous embrasse bien tout [tous] deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (19 février 1928) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 19 février 1928.

4, Blackburne Terrace,

Liverpool

Vous avez sans doute commencé l’année mieux que moi, je suis au lit avec un gros rhume et un poumon pris. A présent, je vais bien. Nous avons justement fini les affaires du testament de Tante Annie, j’en suis bien aise.

A Windermere ce n’est pas arrangé encore. Après un tas de lettres là-dessus on m’a préparé une pétition à l’évêque de Carlisle, je l’a [ai] signé [signée] et on l’a présente pour moi devant le Consistory Court. J’attends la réponse qui doit me permettre de faire réparer l’erreur qu’on a fait [faite] pour les tombeaux.

Il y a beaucoup de petites choses qui m’occupent. Ma cousine veut redevenir sujet britannique, il faut appuyer ses demandes.

Que je réponds à ta question. Que m’avait écrit Sala5 en 1919 ? Voyons, ce n’est pas bien intéressant sauf comme exemplaire échantillon de méchanceté. Tu te rappelles l’occasion ? En rentrant à Paris, tu m’as donné une nouvelle adresse et tu me reprochas de t’avoir écrit peu. J’ai répondu que je t’écrirai là, que je t’avais écrit des lettres que tu n’avais pas reçu [reçues]. Elle écrit sur du papier à chiffre A[ ?] P[aulhan] : « Non, Jean ne vous écrit ni ne reçois vos lettres en cachette ». Elle continua que je « manquez [manquais] de perspicacité » si je pensais cela peut-être. Que vous m’écrivez par simple politesse. Qu’elle [approuvait ?] « plutôt par pitié » de moi. Que mes lettres étaient de la bêtise. Elle dit encore qu’elle n’était jamais trompée sur la fausseté de mon caractère que je me nommai ta sœur mais que j’aspirais à devenir ta maîtresse ou ta femme. Que même si elle venait de [à] mourir ce n’est pas moi que tu choissirait [choisirais] pour ses enfants. Elle finit par me dire de ne plus « cramponner ». Naturellement, je n’ai pas répondu. Elle n’a pas dû croire elle-même à ce qu’elle disait. Tout de même pour ne pas être cause de friction entre vous, je t’avais écrit qu’il vallait [valait] mieux que nous ne nous écrivions plus l’un à l’autre. Je sais bien que parfois je t’avais écrit des choses qui me passaient par la tête sur le moment. Je comptais sur toi de m’entendre avec un grain de sel6. Notre correspondance pendant la guerre m’a aider [aidée] à supporter la vie triste que je menais chez ma tante, et puis toutes tes lettres de Madagascar, tu étais toujours bien brave ! Cette lettre ne me plaît pas à écrire mais voilà j’en suis débarrassée.

Avez-vous passé un petit séjour agréable à Port-Cros7? C’est bien là tout le long de l’année ? Il me tarde de le voir et aussi de vous revoir. J’aimerais voyager un peu cette [cet] été. Je suis toujours très contente de mon « chez-moi ». Je me dis souvent qu’un jour je me mettrai à lire le tas de choses qui attend. Je commençais à lire « Les Hommes de la route »8, c’est très bien. Mais je ne l’ai pas continué, je le ferai. Depuis Noël, nous avons eu les tempêtes et la pluie. Les ardoises s’en vollent [s’envolent] des toits et les cheminées se rabattent, la terre est pleine d’eau. Beaucoup de gens sont malades. Au revoir,

Je vous embrasse bien tous les deux.

Bertha

 

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (13 janvier 1929) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 13 janvier 1929.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool

Il me tarde de savoir comment tu vas, que tu vas mieux9. Tu a [as] le droit de dire que je ne mérite pas de savoir puisque je ne t’écris pas plus souvent. Tu étais bien brave de m’écrire avec ton seul œil. Au moins j’ai pensé souvent à toi.

J’ai fait beaucoup de choses qui ne sont pas intéressantes ces jours-ci. Il fait froid, je n’aime pas le froid, je me promène dehors, j’ai froid, je rentre, je me change, puis j’ai someil [sommeil]. Le temps passe.

Je vais bien maintenant, je sens la différence depuis qu’on m’a enlevé ces sources de poison.

Le dentist [dentiste] dit que ma bouche s’est guérite merveilleusement. Il regarde son œuvre avec plaisir, c’est les dents pour manger avec qui me manquent il va m’en mettre, il prend des impressions [empreintes] avec beaucoup de précautions. Il me faut aller le voir souvent. Mais c’est pour quelques minutes seulement. Hier, je suis encore allée à Southport. La tante demande toujours à me voir, elle s’ennuie parce que son fils et sa fille ne lui causent pas.

Beaucoup de gens qui m’ont écrit ce Noël se plaignaient d’être malades.

Et ce déménagement de la nrf10 ?

Es-tu allé à Port-Cros te remettre ?11 Tout ce que tu m’écrivais m’a bien intéressé [intéressée]. Il serait domage [dommage] de mettre des maisons quelconques à Port-Cros. Quels sont les terrains militaires dont tu parles ? Tu dis « entre les qui séparent les forts ». Oui, je crois que Mr. Henry12 quand il s’intéresse « ne laisse pas pousser l’herbe sous ses pieds ». Tristan da Cunha13 va perdre son pasteur. Il était d’autres fois [autrefois] dans les environs d’ici. Il est tombé malade, on va le chercher et en même temps on leur amène un autre. On n’avait que deux semaines pour trouver un pasteur et l’équiper. C’est un type adventureux [aventurier] qu’on a trouvé, il va s’ennuyer là. Je suis allée entendre les chants de Noël à la Cathédrale, on a chanté parmi d’autres [entre autres] une berceuse de William Blake. Miss Barnes14 m’a montré un jour un livre qu’elle a de lui. C’est étrange quand tu m’as montré les images de lui je n’en avais jamais entendu parler. Je suis toujours contente que Noël soit passé. Il faut faire trop de lettres, c’est  une scie. J’écris à quelqu’un avec un paquet ou une carte. Cela croise avec le leur, je leur écris mes remerciements et cela aussi se croise avec une lettre d’eux, puis s’il raconte qu’ils sont souffrants ou tracassés, il faut encore écrire leur sympathie. Ça ne fini [finit] plus.

Je tâcherai de t’écrire mieux bientôt. Si tu m’écris raconte-moi beaucoup de choses et de toi. Ta Maman me raconte – sa lettre m’arrivai [m’est arrivée] avec la tienne – que Germaine t’a très bien soigné. J’embrasse bien Germaine. Je vous souhaite tous les deux une bonne année. Je t’embrasse.

Bertha

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (12 mars 1929) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 12 mars 1929.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool

Voilà bien du temps que je ne t’ai pas écrit, pourtant ta dernière lettre m’a fait grand plaisir. Tes lettres font toujours plaisir. Maintenant c’est pour te dire que je viens. Tu le sais déjà peut-être, j’amène Miss Thomas, elle désire te connaître et Germaine aussi. Elle est sympathique. Elle n’est pas jolie comme figure mais je la trouve attachante. Elle me parle souvent de tes enfants15, elle aimerait les voir. Elle aime la jeunesse surtout les garçons. Je vais lui montrer Paris un peu. Elle n’est jamais sortie d’Angleterre sauf quand elle avait 3 ans elle est allée en Ireland [Irlande] avec sa famille. Tu as une bonne idée, si tu vous trouvez une maison un peu trop grande pour vous. Vous pouvez me sous-louer une pièce pour quand je viens en France. Comme tu dis tu pourras me surveiller. Tu es optimiste. J’ai presque le désespoir de jamais arriver à travailler sérieusement. Certainement je vois que je ne travaillerais pas ici en hiver, pas la peinture au moins. Souvent il fait très sombre, on ne voit pas bien. Quand il fait clair, il fait froid et cela m’ôte le peu d’énergie que j’ai.

Ces jours-ci il fait beau, je suis allée à Windermere. Arthur va bien. Je lis ton carnet toujours dans la revue et d’autres choses aussi. J’étais très contente de revoir « Cœur »16 de M[onsieur] Supervielle. J’aimerai [aimerais] avoir son livre « Le Survivant »17 je crois que c’est le titre. Ce morceau dans Commerce18 l’été passée [passé] fût si bien. Nous arriverons samedi à 10 heures 18 à la gare S[ain]t-Lazare.

Nous resterons à peu près deux semaines c’est peu mais la tante à Bexhill nous attend.

Il me tard [tarde] de vous revoir tous les deux.

Je vais bien j’ai eschappée [échappé] à la grippe mais beaucoup de monde ont été malade, on est gêné partout. Il me faut aller à Southport demain puis j’ai ma malle à faire.

Au revoir à bientôt.

Je vous embrasse tous les deux bien affectueusement.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (05 mai 1929) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 05 mai 1929.

4, Blackburne Terrace,

Liverpool

Quand nous étions à Bexhill nous sommes allées à Londres pour déjeuner avec une très vieille dame. Elle était l’amie d’enfance de tante Annie. Quand elle est allée à l’école pour la première fois, elle nous a dit, elle [était] une petite fille, têtue, passionnée, prête à dire des sottises à tout le monde. Ma tante un peu plus âgée qu’elle, y fut [était] déjà. Elle était calme et bonne, elle avait des [soins ? elle prenait soin de] pour sa petite amie. Tout le long de leur vie, elles n’ont jamais eu un malentendu.

Maintenant elles ont le même âge n’est-ce pas ? Peut-être même elle [devancera ?] ma tante sans doute parce qu’elle est bien vivante. Les personnes [mortes ?] ne peuvent pas vieillisser, peut-être peuvent-elles avancer dans autres sens, mais vieillir, non.

Mon grand-père qui avait 30 ans quand il est mort, a trente ans encore selon dans ce monde, autrement il n’est plus mon grand-père. Mais cela n’est pas l’histoire que j’allais te raconter.

Mrs McL.S. est jolie encore, ses yeux brilles [brillent], ces [ses] cheveux sont tous [tout] blanc et bien coiffées [coiffés], une robe de la soie noire, des boucles d’oreilles et deux longs colliers en (je ne trouve pas le mot c’est une pierre verte) avec un bouquet de fleurs mauve à son corsage. Elle a causé toute l’après-midi. Elle nous dit : « j’ai reçu ce matin encore une lettre d’Emmie ». Nous avons demandé qui est Emmie et pourquoi écrit-elle ? La voilà lancé [lancée] sur son histoire. Emmie est l’ancienne domestique de sa sœur. La sœur de Mrs McL.S. est morte il y a quelques années aussi [ainsi que] leur frère qui était Amiral de la flotte bien estimé. Ils habitaient Londres, chacun avait un appartement. Emmie était plusieurs années avec sa maîtresse qui en mourant lui a légué une pension et en plus £100. Emmie a tout de suite donné plus que la moitié de l’argent à des œuvres de bienfaisance, puis avec le reste elle a acheté 257 (je crois que c’est le nombre) livres de chants religieux avec notations. On a cru qu’elle allait en doter un temple quelque part. Mais non, elle disait qu’elle les prendra avec elle quand elle ira au paradis, que les saints là-bas ne savent pas chanter, qu’il leur tarde qu’elle arrive avec les livres. Elle faisait les journées, je crois, comme lingère chez des particuliers pendant quelque temps. Un jour, elle disait tout-à-coup que Dieu le Père lui avait défendu de travailler plus qu’un jour par semaine. Elle lui obéit. Son père était jardinier dans les grands jardins botaniques à Kew. Elle est allée raconter à sa famille ses expériences. Son père l’écoutait tranquillement puis il dit : « Je crois ma fille que tu es maboule ». Elle n’est plus allée voir sa famille qui d’ailleurs ont déménagés. Elle aussi a quitté Londres, elle est allée au bord de la mer, là elle a acheté une petite maison. Elle habite seule mais elle songe à louer une de ses chambres à une jeune ouvrière. De là-bas, elle écrit souvent à Mrs McL.S. Quand elle ne reçoit pas de réponse assez longue, elle lui dit tout son mécontentement. Elle dit que son ancienne maîtresse et le frère de celle-là viennent de Paradis pour la voir, qu’elle les amène promener avec elle en autobus. Ils sont allés aussi avec elle au cinéma pour voir « Ben Hur ».

Mrs McL.S. lui dit « j’espère que vous leur avez payer [payé] leurs places parce qu’ils n’ont pas d’argent avec eux ? ». « N’ayez pas peur, elle répond, cela s’est bien arrangé. » Elle dit que longtemps Dieu la faisait souffrir à cause de sa maîtresse parce que celle-là avait avant de mourir permis au médecin de lui faire quelques petites piqûres de morphine, cela lui a valut [valu] un peu de repos car elle souffrait affreusement.

Emmie dit maintenant que c’est fini Dieu ne lui punit plus à cause des péchés de sa maîtresse mais à cause de Mrs McL.S. parce que c’est elle qui a sugérer [suggéré] au médecin de faire les piqûres et encore pour d’autres péchés semblables.

Récement [récemment] elle dit qu’elle a des nouvelles de Paradis, que toute la famille de Mrs McL.S. sont là et qu’il leur tarde qu’elle les rejoins [rejoigne]. Mrs McL.S. répond dignement qu’elle espère que quand le moment vient qu’elle doit quitter cette terre elle sera prête et contente mais qu’en attendant elle ne compte faire aucune démarche dans cette direction. Je disait [disais] que je n’aime pas l’idée que Emmie peut venir voir Mrs McL.S. pour tâcher de lui persuader de partir avec les livres de chants. Mais la dame ne craint rien elle dit que Emmie croit que Dieu lui a défendu d’aller la voir.

J’ai prié à Mrs McL.S. de demander conseil au médecin qui a soigné sa sœur et qui a aussi soigné Emmie autrefois. La sœur disait que Emmie était drôle parfois. Je souhais [souhaite] que rien de désagréable n’arrive à cette dame qui a 87 ans.

3.

J’ai été très occupée à nettoyer mon appartement cela sera bientôt fini j’espère.

Je pense souvent avec plaisir que je te reverrai à la fin de juin.

En attendant, j’ai une visite à faire qui ne m’amuse pas beaucoup.

Je tâcherai à te causer encore bientôt.

J’embrasse Germaine, je doit [dois] lui écrire aussi.

Au revoir Jean.

Je t’embrasse

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (16 février 1929) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 16 février 1929.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool

Quand ta lettre, ta longue lettre m’est arrivée je fus au lit. J’avais une méchante crise de foie comme je n’en avais pas eu depuis presque deux ans. A présent, je vais mieux. Mais elle est très bien ta lettre, je l’ai lu [lue] même deux fois tout de suite. Tu as très bien décrit ce que tu as senti je l’ai bien suivit [suivi]. Si je fus à ta place, c’est-à-dire, si j’avais une revue et le reste le sentiment de responsabilité me pèserait tout le temps comme ça, moi j’ai facilement des soucis. J’ai été souvent émerveillée par la facilité avec quoi tu entreprends les projets et endosses les responsabilités. Tu as raison de remarquer que, quand tu as des idées noires ou étranges, tu es malade

Je te supplie de mettre cette idée quelque part dans ta tête où elle se retrouvera quand tu as besoin d’elle, surtout quand ta chère femme ne soit [n’est] pas à côté de toi pour te la faire rappeller [rappeler].

Il ne te faut jamais négliger un [une toux ?]. Les [toux ?] fatigue [fatiguent] le cœur.

Non, je ne vais pas t’ennuyer avec ça mais tu sais bien que j’ai raison.

Tu sais ta Maman m’a guérit [guérie] d’une bronchite il y a 23 ans je n’en ai plus eu mais c’est vrai que je tâche à être prudente. Tu sais il ne faut pas penser à quitter ce monde de sitôt, tu n’as même pas mon âge. Moi, malade, je suis engourdie mais toi tu fais une maladie attachante19.

Il ne faut jamais hésiter à se soigner de peur d’être ennuyeux aux autres. Je ne sais pas si tu te rends compte que tous tes gestes sont gracieux cela fait que tu es intéressant ou même supportable quand un autre ne le serait pas…

Les Supervielle ont dû être en soucis pour leur fils. Est-ce qu’ils seront à Port-Cros cette année ? Et Port-Cros, quand comptes-tu y aller ? C’est domage [dommage] le « blanc-nez » peut-être encore bu [trois mots illisibles]. Dites si vous venez à Londres, ne pouvez-vous pas pousser jusqu’ici, je serais enchantée.

Miss Cooper m’annonce qu’elle doit arriver dimanche le 23. Elle restera 2 ou 3 jours. Je ne pourrai pas vous donner une chambre ici en même temps qu’elle mais je prendrai une chambre à l’hôtel pour vous recevoir si vous arrivez à ce moment-là. Pensez en [y] dites moi. Je vais demain lundi à Windermere pour deux ou 3 jours. Il me faut voir Arthur, aussi si on a bien peint la maison.

A propos de peinture, j’aimerais vous envoyer de la bonne couleur de notre fabrication à la Vigie20 pour finir de peindre les portes et fenêtres si ce n’est pas fait et que cela vous fasse plaisir. De vert comme on a déjà n’est-ce pas ? Et faut-il l’adresser chez Berthold21 ? Salins de Heyres [Hyères].

J’ai lu le premier livre volume de Remy de Gourmont mais pas encore le deuxième il a des idées intéressantes parfois. Je viens de lire « Le Survivant »22 je l’aime beaucoup. J’avais lu un grand morceau dans Commerce je le retrouvai avec plaisir. Je chercherai d’autres livres de M. Supervielle quand je reviens à Paris.

2.

Il décrit avec tant de délicatesse. Il est charmant.

Je n’ai pas lu le numéro juin de la revue mais je vois qu’il y a quelque chose de Henry [Henri] Michaux23.

Ma visite à « Brockhampton Park » s’est bien passé [passée]. C’était la veuve du cousin de mon père, le cousin Fairfax qui m’avait envoyé [envoyée] à Paris pour étudier l’art24. Mrs Rhodes est sa seconde femme, elle m’invitait avec insistance, j’aurais préféré d’aller une autre fois parce que j’ai assez à faire à présent. C’est intéressant d’aller de temps en temps où tout se passe très soigné. Mais je ne l’aimerais pas pour toujours. Je me sens trop surveillée quand une femme de chambre me sors [sort] la robe, les bas et tout ce que je dois porter. Je [me] rebelle. Je me mes [mets] toujours autres choses. Un soir nous dinâmes Mrs Rhodes et moi ensemble dans la grande salle à manger, les plats bons et le service bien fait. Nous parlions doucement des choses pas importantes. On avait remarqué qu’il y avait peu de mûriers dans le pays, de là on parla de vers à soie. Pour continuer à dire quelque chose, je racontai une petite histoire du petit fils d’une amie. Le garçon tout petit avait 3 vers à soie qu’il aimait beaucoup, il les nomait [nommait] « Pip », « Squeak » et « Wilfred » après les trois héros des enfants25. Un jour, il courait à sa maman, il était très agité, il criait : « Wilfred est perdu ». La maman mit son chapeau et elle court vite chez une amie dont le fils se nomait [nommait] Wilfred, un ami de son petit. Mais il fût tout sauf. Ce ne fut que le vers à soie qui était perdu. Tout à coup il y avait auprès du buffet les assiettes qui dégringolaient et les plats qui se choquaient et le valet qui sortait précipitament [précipitamment] de la pièce. « C’est dit Madame très tranquillement que le nom du valet est Wilfred ». « Je ne le savais pas, je dis, rien de personnel. » Le maître d’hôtel dit que le valet fut tellement amusé qu’il ne pouvait plus. Madame dit « en effet » si on compare cette longeur [longueur ?] de Wilfred à un vers à soie c’est assez drôle. » Je n’osais plus regarder Wilfred !

Je prenais ma boîte à couleurs avec moi mais je n’ai rien fait, il pleuvait presque tout le temps.

Au revoir Jean, portes-toi bien et sois bien prudent.

J’ai beaucoup de choses à faire ces jours-ci.

Je vous embrasse bien tous les deux.

Bertha

P.S. Mrs Rhodes s’intéressait beaucoup à tout ce que je lui dis de Port-Cros, je lui ai montré mes esquisses. Elle a trois filles par son premier marriage [mariage], qui habitent pas loin d’elle. J’ai prêté la revue n° mai à l’aînée qui la trouvait très intéressante.

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (26 juin 1930) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 26 juin 1930.

4, Blackburne Terrace,

Liverpool

Ta lettre m’est arrivée hier soir. Merci bien. Avez-vous pu vous reposer toi et Germaine après les évènements pénibles ? J’ai de la peine à vous savoir fatigués26.

Je te réponds ce petit mot tout de suite. Oui, je veux bien aider avec les frais pour Port-Cros comme je t’ai dit.

Les 2000 fr[anc]s et 3000 s’il y a besoin. Il me serai [serait] le plus commode de les prendre avec mon argent pour le voyage et te les donnerai à Paris. Mais s’il te les faut avant, dis-le moi je m’occuperai de les envoyer.

Je tâcherai d’arriver à Paris avant le 14 juillet qui n’est pas un jour pour voyager en France. Je regrette que Jeanne27 ne viens [vienne] pas à la Vigie cette année surtout parce que c’était plus reposant pour Germaine de l’avoir. J’aiderai si je peux mais je ne suis pas cuisinière. Jeanne était amusante aussi.

Tu ne m’as pas répondu pour la couleur28 que j’ai offerte. Si tu le veux pour cette année, il faut le dire parce que je dois passer au bureau dire au secrétaire comment faire pour l’envoyer.

Si on ne vas [va] pas l’employer à présent, il vaut mieux l’avoir tous [tout] frais une autre fois. La couleur ne gagne pas à être conserver [conservée] dans la chaleur. Non, je ne savais pas la mort de Mlle Hubaine, je te remercie de m’avoir dit ainsi je pense écrire un mot à Mlle Suzanne29 qui doit bien être triste de la perdre.

Oui tu as raison pour les idées en théorie mais elle n’exauce pas du devoir d’être aussi prudent que possible dans la pratique.

On dois [doit] savoir s’observer un peu en-dehors de soi si on peut le dire.

Je vais mieux je tacherai aussi d’être prudente.

J’ai eu Miss Cooper ici pour une toute petite visite, elle est partie pour Chester. Je vous montrerai Chester si vous resterez quelques jours ici. Je serai heureuse de vous rejoindre et de voyager avec vous à Port-Cros30. J’ai bien à faire. Au revoir. J’embrasse Germaine, je la remercie pour sa lettre. Je t’embrasse bien.

Bertha

Non je n’ai pas voté Labour31.

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (28 janvier 1930) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 28 janvier 1930.

Merci pour ton petit mot.

Je suis rentrée hier soir de Windermere. J’espère que tout s’arrangera. Nous avons, n’est-ce pas un contract [contrat] avec les Hazlehurst qu’ils s’occupent tout [tous] les deux d’Arthur. Or l’homme est malade, il ne guérira jamais tout à fait mais il ne le sait pas, sa femme était aux despoir [désespoir] pensant que puisqu’ils ne peuvent pas remplir leur devoir que je voudrais les chasser et chercher d’autre ménage. Je l’ai rassuré [rassurée]. Elle s’occupe d’Arthur admirablement sauf qu’elle n’a pas le temps de lui [le] promener deux fois par jour. Un voisin l’a fait ces jours-ci pour l’aider mais il ne peut pas toujours. Le médecin voulait proposer un homme qu’il connaît pour les promenades, mais je ne le trouve pas très pratique, ce type est tuberculeux, il est très supérieur et il veut un assez fort gage. Enfin le médecin veut placer son homme.

Moi je préfère de donner la liberté à Mrs Hazlehurst de choisir et engager celui qui sortirai [sortira] avec Arthur parce qu’elle vera [verra] tout de suite si cela ne va pas. Aussi je n’aimerai pas comme veut le médecin enlever de l’argent des gages des Hazlehurst pour payer l’autre comme si on ne l’avait pas confiance en eux qui ont bien fait pendant plus de quatre ans. Je les ai beaucoup réconfortés ; ensuite il me faut avoir l’avoué de mon avis aussi, je lui ai écrit pour le voir. Le pauvre H[azlehurst] a l’os du machoir pourit [de la mâchoire pourri], trop pour qu’on puisse opérer. On l’a traité, on a arrêté le mal pour le moment. Peut-être le [au] printemps pourrait-il reprendre l’occupation pour quelques temps [ ?]

Arthur était très content de nous voir. Mais il avait des larmes aux yeux à notre départ. Nous faisions [avons fait] trois bonnes promenades avec lui malgré le temps de gros [grosses] averses. Je suis très contente des bonnes nouvelles de Germaine. Je vous embrasse bien tous les deux. Excuse en hâte.

Votre Bertha

Le tableau est arrivé mais je n’ai pas eu le temps de le déballer.

Je viens de lire un livre de guerre le plus poignant et le plus psychique (si on peut dire ainsi) que j’ai lu. Le connais-tu ? « Good bye to all that » par Robert Graves (Jonathan Cape). Robert Graves est un poète dont les vers sont appréciés. Il écrit son autobiographie. Le récit est très fort mais aussi il montre comment la guerre changait [changeait] les hommes, leurs pointes [points] de vues [vue], leurs idées, leurs sentiments, surtout en [chez] ceux qui sont restés pendant de longues périodes sur le front.

Son père était d’origine Irlandais et sa mère allemande. Il faisait ses études à Charterhouse, une influence très bourgeoise, il ne s’entendait pas très bien avec ses camarades mais il jouissait bien de bons [bonnes] vacances passé [passées] chez les parents de sa mère en Allemagne et aussi d’autres en Pays de Galle.

Il allait entrer à l’Université quand la guerre éclata. Il s’engagea aussitôt, en peu de temps il se trouvait officier en France avec un régiment gallois. Il raconte franchement tout ce qu’il voyait, tous [toutes] les erreurs et les défauts imprudemment même, on me dit qu’on va le poursuivre pour cela même

2.

Il fut blessé trois fois. Pendant les congés de convalessence [convalescence] il ne pouvait guère supporter la vie civile, il lui tardait de repartir pour eschapper [échapper] à ces insincérités. Il épousa une jeune fille d’idées très avancées. Ils se marriaient [marièrent] très légalement que pour faire plaisir aux parents. La guerre fini [finie], ils passaient des années très difficiles, ils avaient quatres [quatre] enfants et peu d’argent. Il était à l’université d’Oxford aidé par le gouvernement, il finit par être reçu à ses examens, il entra dans l’enseignement. A cette époque, il fut influencé par le communisme. Il accepta une situation à l’université du Caire, là il se disputait avec ses collègues, il préférait rentrer en Angleterre. Peu à peu il se de s’était défait de tout. Ses idées politiques, sa religion, les traditions de sa classe, sa famille, il reniait ses poèmes même. Vers la fin, on entrevoit un drame et sa femme le quitte ou plutôt ils se séparent. Ses amis à cause de un ou d’autres de ces faits l’avaient abandonné. Toute sa vie s’est « désintégrée » comme il dit, il ne reste plus rien. Il écrit ce livre même pour pouvoir se débarrasser de ses souvenirs.

3.

Graves a écrit son livre l’été passé, c’était publié en novembre. Tu dois le faire lire à un de tes collègues. C’est vrai ! Ce n’est pas à négliger. J’ai lu aussi un autre livre sur la guerre par Ernest Hemingway « Farewell to Arms ». C’est bien mais ce n’est pas aussi fort que le livre de Graves. Hemingway a vu la guerre en Américain, servant faisant son service dans une ambulance italienne. Il est un Américain prudent, il parle de tout mais avec discrétion. Selon lui, les Italiens font la guerre naïvement. Il raconte le grand [reculement ?] de l’armée italienne d’une manière impressionnante. Il se démobilisa, ce n’était que prudent, tout juste il eschappa [échappa] bel d’être fusillé. Avec tout cela se melle [mêle] une histoire d’amour tendre et sympathique qui finit dans la tristesse avec la morte [mort] de la jeune femme. Avant de lire ses [ces] deux livres, j’ai lu « A l’Ouest rien de nouveau »32. J’ai pris le livre en français. C’est de beaucoup moins cher qu’en anglais. Je trouve ce livre fort, brutal même. Il me semble à moi une collection un receuil [recueil]

4.

d’histoires qu’on a récité [récitées] ici et là au moment de la guerre. Même pour les personnes qui ont oubliés [oublié] ces moments d’horreur c’est d’autant plus impressionnant. C’est habillement [habilement] écrit et le moment choisi pour le faire sortir fut propice. Justement on désirait regarder la guerre de toutes ses faces. Et encore la réclame a été savament [savamment] faite.

Encore j’ai lu d’autres livres.

« The bridge of San Louis Rey » par Wilder. Ce livre est sorti il y a à peu près deux ans. Le connais-tu ? C’est très bien imaginé pas banal du tout, les [personages] personnages très vivantes [vivants] il me plait.

Aussi j’ai lu un ancien livre de Virginia Woolfe [Woolf] « Night and Day ». C’est intéressant mais par moments un peu traînant.

Je lirai d’autres livres d’elle quand je trouve l’occasion.

Je n’ai pas encore lu « Death of a Hero »33 mais j’espère l’avoir bientôt. C’est très recherché. Les livres en Angleterre sont beaucoup plus chers qu’en France. Je voulais m’abonner à une librairie mais on me disait que beaucoup de

5.

monde se sont inscrit pour les livres que je désire. Miss Barnes qui les a déjà demandé [demandés] m’a permit [permis] de les prendre à sa place, il faut lire très vite. Moi je ne lis pas rapidement, cela m’a bien occupée depuis le nouvel an et avec des lettres à n’en [plus] finir qui pressaient et moi un peu fatiguée aussi, mais je vais mieux à présent. Voilà pourquoi tu n’as pas reçu [de] lettre de moi. Maintenant ce long griffonage [griffonnage], peux-tu le déchiffrer ?

Je suis très contente d’apprendre que tu vas mieux et que vous avez passé de bons [bonnes] vacances à Salié [Salies-de-Béarn]34. Je te remercie beaucoup de la longue lettre que tu m’as écrite quand tu étais malade. Quand tu es malade, tu m’écrit [écris] plus et il me semble que je te connais davantage. Peut-être c’est que tu as plus de temps mais même que j’en profite ainsi je ne veux pas que tu soit [sois] malade pour cela.

D’ailleurs tu me dis que tu es content que je t’avais écrit comme si je n’avais pas écrit depuis longtemps. Or je t’ai écrit dix jours avant cela. Je crois l’avoir adressé rue de Grenelle35. Si tu ne l’as pas reçu, je ne t’adresserai plus rien à la nrf, ce n’est pas la peine. Aussi as-tu reçu des bonbons à ton rentré [retour] du Midi il [ils] devaient t’attendre rue de Grenelle. La lettre n’avait pas d’importance, je t’y ai parlé du numéro nrf de septembre, je te dis que je l’aimais.

Je n’ai pas fait de la peinture encore, la vie est trop pleine, je n’ai pas eu le temps. J’avais espéré pouvoir venir à Paris à cette époque mais je ne puis pas l’arranger encore, je suis encore retenue puis vers le 12 février j’ai le projet d’aller voir les tableaux italiens à Londres et en même temps faire un crochet pour voir deux tantes. Miss Thomas y va aussi. Après cela on verra.

Tu te trouve [trouves] bien rue de Baune [Beaune]36 ?

Je suis contente d’apprendre que M[arcel] Arland a reçu ce prix37, il est gentil et sympathique. Mon sourire à son égard est un sourire sympathique pas méchante [méchant] du tout.

Au revoir Jean.

Je vous embrasse bien affectueusement tous les deux.

Bertha

28 janvier 1930

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (20 novembre 1930) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 20 novembre 1930.

4 Blackburne Terrace

Liverpool

Je te remercie beaucoup du « Forçat innocent »38, j’en suis très contente car je désirai beaucoup de l’avoir. Je veux lire à mon aise les morceaux que j’ai déjà entendus et les autres. Il me faut du temps afin de saisir la poésie. Je pense avec joie que vous devez venir. Tu m’as dit Décembre. Dis-moi quand tu pense [penses] que ça sera. Quelle est la date de la conférence à Oxford ? Est-ce que les Supervielle vient [viennent] aussi à Liverpool ? Je souhais [souhaite] vivement un peu de beau temps pour votre visite, je veux vous montrer un peu le pays. Je suis très contente de savoir par ta mère que Germaine va mieux et que vous avez pu visiter les Arland. Il a fait bien mauvais temps ces jours-ci, moi j’ai pris froid et j’ai soufferte [souffert] du foie pendant quelques jours ça va mieux.

J’ai lu deux livres.

« The Water Gipsies » par A. P. Herbert. C’est un portrait des gens qui habitant des péniches et d’autres qui ont affaire avec eux. C’est vivant et agréable à lire mais rien de très frappant. Il fait bien pendant à « Red Wagon » par Eleanor Smith. Celle-là décrit les gens qui voyagent avec les tentes de foires et de spectacles et leurs rencontres avec les bohémiens.

L’autre que j’ai lu est « The Edwardians » par V[ita] Sackville-West. Cela rend bien l’aristocratie sous Edward VII beaucoup de cachoterie et par contrast [contraste] on rendait justice aux Victorians, les vraies, une grand-mère du héro [héros] qui crachait et se grattait quand elle en a eu envie. Je ne dit [dis] pas que cela est beau mais c’est franc.

Envoie-moi un mot pour dire un peu vos projets.

Je vous embrasse affectueusement tous les deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (15 janvier 1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 15 janvier 1931.

Bibby Line

Est[ablishe]d 1821

M. V. Shropshire

Demain nous devons être à Marseille. Je ne t’ai pas demander [sic] mais je me demande si je receverai [recevrai] un mot de toi là. Il me tarde de savoir comment ça va avec les amis de Port-Cros. Je fus peinée de vous savoir fatigués tous les deux un moment. Allez-vous bien maintenant ?

Je t’écris dans un grand vacarme, il fait orage, les vagues montent sur les ponts, le bateau plonge et remonte, peu de monde ont dîner [dîné], notre petite table fut fier [fière] d’être au complet, c’est la table du troisième officier, un jeune Ecossais. Toute une table de service est partie par terre, une casse formidable

Aujourd’hui presque tous les passagers sont descendus se promener à Marseille. Je suis allée à Notre Dame de la Garde et à la Corniche, il faisait très beau. Hier soir, je me suis couchée de bonne heure, ma malle et mes valises voyageaient toutes seules par terre dans la cabine, les vagues sautaient par-dessus tous les ponts du bateau. Cela dura jusqu’à notre arriver [arrivée] dans le port. J’arriverai à Colombo le 2 février et j’en repartirai le 25 du même.

Je me suis bien reposé [reposée] déjà le voyage me fait certainement du bien.

Je fais quelques petites esquisses de la mer et des côtes en passant. Récement [récemment] j’ai lu Aldington « Roads to Glory ». Aussi Winston Spencer Churchill’s autobiographie. Je trouve encore que Aldington écrit bien et carrément mais ce qu’il fait manque de charme et il n’a pas d’art pour remplacer le charme. J’ai commencé à lire l’article de M. Benda39, ça va tout doucement.

Maintenant j’ai someil [sommeil] après la promenade. Au revoir Jean.

Je vous embrasse bien affectueusement tous les deux.

Bertha

Il fait très beau, nous allons partir tout à l’heure. Près de nous, est un des nouveaux bateaux des Messageries Maritimes à cheminées carrés [carrées], il a l’air cubist [cubiste].

[dessin]

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (24 janvier 1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 24 janvier 1931.

[carte postale d’Egypte janvier 1931]

Madame Jean Paulhan

43 Boulevard de l’Union

Cité Jardin

Plessis-Robinson

Seine et Oise

France

Vous allez bien maintenant ? Je l’espère. Quel domage [dommage] s’il vous faut quitter votre maison et le jardin si beau. Est-ce qu’on ne peut pas faire quelque chose au fait ? Je fais un jolie [joli] voyage. Il commence à faire chaud. Nous serons à Port Soudan demain matin. Il fait beau tout le temps.

A vous affectueusement

Bertha

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (18 février 1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 18 février 1931.

[lettre en-tête Queens Hotel Kandy Ceylan]

Je me plais bien à Kandy, il fait beau, il fait chaud le pays est jolie [joli] et les gens sont amusants. Il y a un lac pas très grand, on peut faire le tour dans [en] une heure facilement. Au bout du lac, l’eau sort sous un petit pont on contrôle l’eau [pour] que cela ne vide pas le lac. L’eau descend par un escalier de neuf marches très hautes, sur le plus haut la plus part de l’eau vient dans un [une] espèce de tuyau qui fait bec. Je crois que c’est exquis pour les gens qui veulent se laver. Ils grimpent pour se mettre sous le bec puis ils savonnent les cheveux, les hommes ont les cheveux longs ici, ensuite le bec d’eau les rince bien. D’autres se metent [mettent] sur les autres marches tout à fait en bas, on lave le linge, on le trempe on l’étend sur les grandes pierres ou les rochers on le savonne, on le plie puis on batte bat les rochers avec le linge. J’ai vu une belle robe en soie [cerise ?] étendu [étendue] à sécher sur les rochers. Les prêtres buddist [bouddhistes] sont très chics, ils s’habillent toujours en jaune, depuis l’orange [un mot] jusqu’au citron pâle. Parfois une robe en soie orange est doublé [doublée] de citron, comme ils ont la tête toute tondue ils portent souvent des parapluies noirs, mais il y en a un qui a une ombrelle jaune à bordure orange. Ils ont toujours à la main un morceau de soie de couleur très vive, je ne sais si c’est un mouchoir ou un petit sac. Ils ont souvent un éventaille [éventail] de palme à manche d’écaille et un petit garçon apporte leurs livres ou leur mallette.

Un homme vient de devenir fou, il a poussé de hautes cries [hauts cris], il s’est roulé sur la terrace [terrasse] devant ma fenêtre avec beaucoup de poussière. Une foule l’entourait. Au bout d’un quart d’heure de cries [cris] et d’agitation, l’homme est allé à un rickshaw, il avait tout déchiré ses vêtements. Il enleva les cousins [coussins] et pris [prit] en-dessous un petit couteau, il est parti en courant dans la rue et la foule après lui, il va faire du malheur, on aurait du l’enfermer tout de suite avant qu’il est [ait] pris le couteau.

Les arbres sont très beau [beaux], ils ont des fleurs en quantité et de drôle de fruit, choses comme des courges qui [tiennent ?] au tronc. Connais-tu le « papaw »40 ? On me l’apporte avec du thé et des toasts le matin dans mon lit.

Il me semble qu’il puisse avoir ici beaucoup de resemblance [ressemblance] à [avec] Madagascar. Le lac est plein de tortoises [tortues] et de petits poissons. Un mendiant à qui on avait donné plus qu’il ne pouvait manger un jour a vidé son sac pour les tortoises, il y avait 6 ou 8 qui ont profité mais le lendemain il est revenu il y avait 25 ou davantage, ils sont difficiles à compter parce qu’ils plongent à [au] fond rapidement. Je vois beaucoup de choses de ma fenêtre. J’ai fait quelques esquisses, je te les montrera [montrerai] n’est-ce pas ?

Il me tarde d’avoir de vos nouvelles, de savoir que vous allez bien tout [tous] deux et de savoir vos projets.

J’ai lu une partie de l’article de M. Benda, le commencement est très obscur je vais persévérer41. Je vais à Colombo demain [un mot] pas en revenant. Les moustiques sont très petites mais elles piquent fort.

Les mouettes à Colombo sont les mouettes en miniature.

Il y avait un lézard dans ma chambre pendant quelques nuits dès que j’éteint [j’éteins] la lumière il rampait. Je crois qu’il cherchait des arraignées [araignées] et des mouches, il semblait grimper et tomber, lutter et manger, je suis contente qu’il soit allé ailleurs. Les lézards sont grands ici.

On sera à Marseille le 12 ou le 13 mars.

Au revoir Jean.

Je vous embrasse tout [tous] deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (18 mars 1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 18 mars 1931.

Bibby Line

Est[ablishe]d 1821

M.V. Shropshire

À Marseille

Cher Jean,

Me voici à Marseille, le bateau partira bientôt. Je viens de recevoir une lettre de Liverpool qui me dit qu’on m’avez [avait] fait suivre plusieurs lettres or je n’en ai reçue [reçu] aucune. Peut-être je les aurai un jour. Il se peut qu’il y ait une lettre de toi parmi tout cela, j’espère que non parce que je voudrais bien avoir de tes nouvelles.

J’ai fait un très beau voyage. Dans une semaine, je serai rendu [rendue] chez moi

Nous sommes passés près de la Corse hier, cela a l’air d’un pays très intéressant. Port-Saïd m’amuse beaucoup, tous ces types à Port-Soudan, il y a des gens avec les cheveux en brosse pleins de terre, les Anglais les appelle [appellent] « fuzy-wuzy »42, ils ont des dents magnifiques mais pour le reste ils sont très sales.

Il y a peut [à peu] près 75 personnes qui descendent ici et 25 qui monte [montent] en bateau. C’est presque l’heure du thé et nous allons partir. Il faut que je donne ceci pour le courrier. Au revoir.

Je vous embrasse bien tous les deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (27 mars 1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 27 mars 1931.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool

Tu es bon cher Jean de m’écrire deux fois et de me dire tant de bon cher papa43. Je comprends qu’il a été le même jusqu’au bout, digne et volontaire.

Je pense à lui et sa vie comme quelque chose de bien rare, bien beau. Je suis fier [fière] qu’il avait de l’affection pour moi, ce n’ai [n’est] pas seulement maintenant que je le pense, c’était toujours mon sentiment.

J’ai écrit deux fois à ta maman. La deuxième fois pour lui demander s’il y a de la place pour moi chez elle avant Pâques. C’était mon idée de partir d’ici mardi pour éviter l’encombrement de Pâques. Si je reçois d’elle un mot demain ou même lundi matin, je pourrai partir, sinon ce sera pour après Pâques. Il me tard [tarde] d’être auprès d’elle et de vous tous. Mais celle-ci sera une visite courte. Comme tu dis si j’avais su j’aurais pu descendre à Marseille pour venir à Paris.

Si je pars mardi, j’arriverai mercredi matin à 10 heures 15 à peu près. J’écris à la hâte pour le faire partir ce soir.

Je vous embrasse tout [tous] les deux.

Votre Bertha

J’ai reçu un mot qu’Arthur va bien.

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (07 avril 1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 07 avril 1931.

120 avenue d’Orléans44

Paris

Ta mère et ta tante45 ont été très contentes de recevoir vos lettres et moi aussi d’avoir par elles de tes nouvelles. Merci des mots que vous tous les deux m’ont envoyés. Tout ici marche aussi bien qu’on peut attendre dans les circumstances [circonstances]. Madame Paulhan m’a dit qu’elle a bien dormit [dormi] la nuit sauf une fois après avoir mangé un morceau à l’heure de notre diner. Je sors avec elle, nous nous occupons de quelques petits projets qu’elle a à cœur.

Je regrette pour vous tous que les bouletins [bulletins ?] des enfants ne sont pas meilleurs, aussi ils ne sont pas venus pour Pâques comme c’était entendu. Je crains que ça soit leur mère46 qui les empêche.

J’étais un peu fatiguée un jour mais ça va mieux à présent, mon voyage m’a fortifiée. Je suis contente que vous vous plaisez à Houillèes [Houillès]47. Il faut avoir bonne mine quand vous revenez pour nous faire plaisir. Cette après-midi nous avions le projet d’aller chez les de [Gaultier ?] mais justement ton cousin Jules Bruyère est venu, il est resté longtemps, nous ne sommes pas sortis. Il espère vous voir à votre retour. Dis quand vous compter [comptez] revenir car j’aimerais rester pour vous voir un peu.

Il me semble que vous êtes parmi des gens bien sympathiques.

Portes toi bien.

Je vous embrasse bien affectueusement tous les deux.

Votre

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (23 juillet 1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 23 juillet 1931.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool

Merci de ta lettre je l’ai trouvée en rentrant. Comment a [as]-tu trouvé ta maman ? Je m’inquiète du travail qu’elle fait sans cuisinière. Elle cuisine volontiers et vite je le sais mais avec tout le reste c’est trop. Je suis contente que tu aimes la nouvelle maison. Te rappelles-tu la girouette à Erquy48 qui grinçait toujours quand il y avait du vent. On l’entendit [l’entendait] dans tous les coins de la maison. Il y a eu beaucoup de vent ici ces jours-ci. J’ai un tablier en bois devant la cheminée de ma chambre, après avoir nettoyé dérière [derrière], je ne l’avais pas recaller [recalé] comme il fallait, il ne me laissait pas dormir, je me levai. J’ai mis de petites calles en bois et [caoutchouc ?] dont je me sers pour la fenêtre mais il n’en voulait pas dès que je me couchai [pan ?] : les cales furent par terre. Je l’ai arrangé depuis. Comment vont les petits pieds de Germaine ? Pour des pieds malades, ils ont eu de rudes épreuves dans ce déménagement.

A Windermere ce n’était pas précisément ce que je pensais qui empêchait. C’est que Connie la fille de Mrs Hazlehurst est souffrante. Elle est gentille mais délicate et autrefois elle a eu des troubles gastriques, elle allait beaucoup mieux ces dernières années mais la maladie et la morte [mort] de son frère ont été trop pour elle, elle a tout à fait cédée [cédé] à ses nerfs. Des jours elle ne quitte pas son lit, d’autres elle reste tassée dans un fauteuil. Elle [se] sent près à vomir, elle n’ose pas manger, elle ne veut pas rencontrer des gens, elle dit qu’elle n’oserait pas traverser la chaussée. Sa mère pensait qu’elle ne pourrait pas partir en vacances. Je suis allée voir le médecin, il faut faire quelque chose. Le médecin l’a réexaminé[e], il nous assure qu’il n’y a rien à l’estomac que les nerfs qui l’irritent et qu’un séjour au bord de la mer fera le plus grand bien il la soigne pour la préparer à partir. Je les relance à présent par lettres pour qu’elles soient prêtes le 14 août, dès après ma visite à Gloucestershire. Je serai là deux semaines auprès d’Arthur. Je crains qu’il ne soit le 1er Septembre avant que je ne sois libre de venir à Port-Cros. J’en suis désolée il me tard [tarde] beaucoup d’y être avec vous. Quand irez-vous ?

Mon dentiste vient de chercher avec les rayons X après un petit morceau d’os qui s’est détaché du machoir [de la mâchoire] il ne la [l’a] pas retrouvé donc il conclu [conclut] que c’est sorti tout seul. Tant mieux ! Je me sens bien à présent mieux que depuis quelques années.

Au revoir Jean.

Je vous embrasse tous les deux bien affectueusement.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (10 avril 1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 10 avril 1931.

[carte postale représentant la statue de Neptune à la Malmaison ]

Monsieur Jean Paulhan

Chez le Docteur Choffé

Houeillèes [Houeillès]

Lot-et-Garonne

Vendredi

Avant-hier nous sommes allées à S[ain]t Cucufa avec les jeunes filles anglaises. Hier les deux enfants49 ont passés la journée ici, je crois que Pierre t’a écrit.

Cette après-midi nous trois nous devons aller chez les de [Gaultiers ?]. Il fait beau ces jours-ci. J’espère que vous avez d’aussi beau temps. Marie Dumas50 va arriver ici, sa mère reste un peu plus au Mans. Revenez bien portant. Je vous embrasse.

BR

Ta lettre vient d’arriver. Merci.51

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (23 août 1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 23 août 1931.

Windermere

Ta lettre m’a fait grand plaisir. Je suis ici à Windermere, il pleut souvent quand il ne pleut pas on en parle comme à quelque chose d’extraordinaire. Miss Thomas est avec moi et Arthur est très content [de] nous avoir auprès de lui. Il imagine toutes sortes de difficultés et de maux pour qu’on s’occupe de lui un peu plus. Nous avons trouvés beaucoup de choses négligées dans la maison pour nous occuper. Nous n’avons pas pu tout revoir depuis quelques années aussi l’hiver passé Mrs Hazelhurst a eu trop à faire avec son mari malade.

Je compte partir de Liverpool le 1er sept[embre] donc je serai à Paris le 2. Je repartirai le 4 au soir. Le train de 5 heures et je serai avec vous le 5 n’est-ce pas ? Peut [Peux]-tu faire dire à Berthot52 de me chercher à la gare de Salins pour apporter mes valises, tu seras bien aimable. Je [pense ?] monter tout de suite à la Vigie pour ne pas perdre du temps si précieux. Je suis contente que ta maman a promis de venir à Port-Cros l’an prochain, c’est une bonne idée. Elle me dit qu’elle n’a pas le courage d’aller à Mont-sous-Vaudrey53 cette année. Je lui ai dit qu’elle doit aller ailleurs avec moi faire un petit séjour. J’espère qu’elle y pensera à mon retour de Port-Cros.

Pendant la semaine que j’ai passé à Cheltenham, il faisait très humide et même froid, il gelait dans la nuit. Ma vieille parente était très contente [de] me voir. Elle fut très aimable. Moi je fus bien aise de rentrer chez moi, je n’aimerais pas habiter ce pays malgré qu’il soit bien jolie [joli].

Vous êtes partis bien tard54 pour Port-Cros mais cela ne m’étonne pas les déménagements cela c’est toujours plus longue [long] qu’on ne compte à l’avance.

Si vous voulez bien j’aimerai [aimerais] voyager avec vous pour rentrer à Paris.

Je vous embrasse bien affectueusement tous les deux.

A bientôt

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (20 septembre 1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 20 septembre 1931.

Mont-sous-Vaudrey

Cher Jean

Tu as déjà apris [appris] sans doute que nous sommes ici depuis trois jours tous quatre ensembles. Si vous étiez ici ce sera complète55. Je suis contente que vos nouvelles sont bonnes.

Il pleut ce matin mais je crois que le temps se lève. Je dois aller me promener avant le déjeuner.

Je suis bien surveyée [surveillée] ici crois-le. Mes chers amis veulent que je profite de tout.

J’ai eu une bonne leçon hier de M. Pointelin56, la famille assistant.

Je n’avais pas grand-chose à lui montrer que ces deux petites esquisses de chez toi aussi une aquarelle que je fis à Windermere. Il est très encourageant et critiquant aussi. Il me trouve en progrès. Il préfère l’esquisse des cerisiers que tu l’aimes. Il me pousse à travailler et les familles appuyent là-dessus.

M. Pointelin nous a montrer [montré] de ses œuvres intéressantes. Il est très entrain. J’ai commencé une esquisse hier peut-être pourrai-je la continuer cet après-midi.

Excuses ce griffonnage – il me faut sortir.

Je vous embrasse bien tout [tous] les deux, à bientôt.

Bertha

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (14 octobre 1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 14 octobre 1931.

[Rhodes]

Le premier jour que je passai à Bexhill ces vieilles dames m’ont amené [amenée] au cinéma, il y fit très froid, j’ai attrapé un vilain rhume de cerveau aussi des douleurs rhumatisantes. Je vais mieux sauf que j’ai encore un peu de douleur dans le dos. Il fait beau temps à présent. J’avais envie de rester à Paris mais en même temps je suis contente de rentrer chez moi. Ta maison est bien je l’aime beaucoup et la vue de ta chambre je voudrais la faire. Je vous souhais [souhaite] d’être très heureux dans votre maison.

J’ai lu « Vol de nuit » c’est palpitant57. Deux numéros de nrf m’attendaient. J’ai fini de lire « Saint-Saturnin »58 c’est beau. Les réflexions de ton père59 me donnent beaucoup à réfléchir c’est si bien une partie de lui-même qu’il a mis là. Si tu fais faire un tirage à part, tu m’en garderas un n’est-ce pas ? Tu me donneras de tes nouvelles. Je tâcherai d’écrire encore bientôt.

Je vous embrasse bien affectueusement tout [tous] les deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (14 octobre 1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 14 octobre 1931.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool

Ma chère Germaine,

Votre lettre vient d’arriver merci bien. J’arriverai mercredi j’espère au moins que la mer ne soit pas trop mauvaise pour le bateau. Je suis contente d’un côté que mon arrivé [arrivée] soit si opportune pour votre absence, je ferai tout ce qu’elles veulent les deux pauvres chères amies60. Ma très chère amie doit sentir qu’elle a perdu le fond de son existence61. Vous avez raison reposez-vous bien tout [tous] les deux, vous avez besoin avec votre vie si active et cette douleur en plus.

J’espère vous voir un peu tout de même je resterai je crois jusqu’au 15 avril et je tacherai de vous embrasser avant votre départ62 si c’est possible vous serez très occupé [occupée], moi je le suis à présent, il me faut faire mes paquets. Je suis allée pour mon billet ce matin et à d’autres courses.

A bientôt chère Germaine.

Je vous embrasse tous les deux bien affectueusement.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (1931) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 1931.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool

Merci beaucoup de ta dépêche arrivée à l’instant.

J’ai juste le temps de mettre ceci à la boîte pour la seule levée de dimanche.

J’irai demain matin chercher mon billet et retenir une place si je pense. J’arriverai mercredi donc à la gare S[ain]t Lazare à 10 h[eure]s 15 je crois si ce n’est pas changer [changé] de 2 ou 3 minutes.

J’espére que ta chère maman n’est pas souffrante qu’elle ne m’a pas écrite. J’étais voir ma tante à Southport hier, c’est son anniversaire aujourd’hui elle a 85 ans.

J’ai beaucoup de choses à faire demain.

Au revoir !

Je suis triste et en même temps heureuse de penser à mon arrivée chez vous.

Je vous embrasse bien tendrement tous les deux.

Votre Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (14 janvier 1932) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 14 janvier 1932.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool

Ta gentille lettre d’Houeillès m’a fait grand plaisir. Merci bien pour vos souhaits. Je vous aurais envoyer [envoyé] les miens au nouvel an mais je savais que vous devez être à Houeillès pour vous reposer. Tu es bien sage de travailler aussi de te promener à la campagne. C’est heureux que tu t’entendes si bien avec « Frédéric »63. Les syndicats tu sais, ils sont un peu démodés à certains endroits. Les membres se révoltent contre leur tyranie [tyrannie], ils ont dépassé leur utilité.

Le gâteau dont tu me parle [parles] est d’origine écossais mais on le fait maintenant en Angleterre.

Je suis contente que tu aies Pierre : tu l’influenceras peut-être64. C’est bien que S[ala]65 soit disposée au divorce mais ne te fie pas à des dispositions il te faut des actes. La disposition est le résultat de tes démarches, si tu les relâches, la disposition changera.

Tu me diras n’est-ce pas comment il se passe pour le jugement.

J’embarque pour la mer des Antilles le 25 janvier à Avonmouth. Je ferai un voyage de 5 semaines allée et retour. Ecris-moi je te prie avec les dernières nouvelles avant mon départ pour que je le recoive [reçoive] le 22 ou le 23 au plus tard car nous n’avons pas de courrier le dimanche et je pars de très bon matin le lundi sinon le dimanche. Le bateau doit être à Barbadoes [la Barbade] le 6 février, Trinidad le 7 février, La Guaira le 9, Cristobal le 12 et Kingston le 16. On débarquera à Avonmouth, Bristol le 1er mars. Si on m’écris [écrit] en route l’adresse est Miss B. Rhodes passenger SS Cartina Elder & Tyffes Line, Kingston, Jamaica. Tyffes tu sais s’occupent des bananes. Je ne sais pas quand il faut se prendre pour m’écrire mais très à l’avance. Je n’aimerais pas que ta lettre se perdre [perde]. J’aimerais mieux la recevoir en rentrant le 1er mars. Puis après cela, il me faut aller voir Arthur et ensuite peut-être pourrais-je venir à Paris. J’avais trop fait avant Noël, j’étais très fatigué [fatiguée] au Nouvel An et maintenant j’ai beaucoup à faire pour mon départ.

Miss Thomas a été très fatiguée aussi. J’aimerais l’amener avec moi se reposer sur le bateau. Je ne sais pas si elle veut. Oui j’ai lu « Antarès ». J’allais justement te dire que je le trouve très bien, beau. Il me tarde d’avoir la suite.

R[amon] Fernandez aussi m’intéresse avec ses « continuités ». Tu as un numéro là très intéressant66.

Au revoir.

Je vous envoie mes meilleurs vœux pour l’année.

Je vous embrasse bien tous les deux.

Bertha R[hodes].

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (30 novembre 1932) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 30 novembre 1932.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool

Mes meilleurs vœux pour ton anniversaire67. Voici les photographies68 pour toi, je les faisais arranger comme ça pour envoyer avec mes souhaits de Noël. Dis-moi ce que tu en penses. L’expression d’Ali69 avec Zézette est amusante. Maine70 trouvera Moustapha bien je crois, je suis contente d’avoir une de lui [sic], il me fait de la peine toujours quand je pense qu’il n’était pas heureux d’être ramené chez son ancien maître. Ce chat était un vrai méridional. Les quatre petites sont celles que Maine désire je crois. Fais passer le petit que j’ai promis à Mme Simone je te prie. Des quelques vues qui valent cela j’en ferai faire des cartes postales.

Les petits poissons71! Ils vont bien j’espère, est-ce qu’ils grandirent vite ?

Oui j’ai lu « Hermidas Bénard »72 c’est bien et c’est sympathique aussi. Quand est ce que nous autres nous allons voir M. Godeau marié73 ? Est-ce que M[ada]me Caryathis74 veut dire que le roman a gâté son amour ? C’est bien qu’elle garde encore de l’estime. Mais qu’est [ce] qu’elle veut dire exactement par l’estime. Je trouve que c’est de plus en plus difficile de savoir ce que les gens veulent exprimer par les mots qu’ils employent. On voit rarement le vrai fond de la pensée des autres, puis on est étonné de comprendre leur interprétation de leurs mots.

Après demain je pars à Windermere passer quatre jours avec Arthur. Miss Thomas y va aussi. Je trouve toujours beaucoup de choses à faire chez moi et surtout à la saison de Noël.

Il y a deux choses qu’il me tarde de savoir. Que ton affaire aboutit75 et puis que le bail de la Vigie soit renouvellé [renouvelé].

J’ai envoyé un cake et des bonbons pour toi avec beaucoup d’affection.

Je vous embrasse tous les deux bien fort.

Votre Bertha

[De la main de Jean Paulhan, au dos:]

Thib.[audet] sur Romains ?

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (09 janvier 1933) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 09 janvier 1933.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool

Chère Maine76,

Merci bien de vos bons souhaits et la jolie vue. Je me souviens bien du Mont S[ain]t-Michel. J’aurais été enchanté [enchantée] de vous voir si vous avez [aviez] pu venir mais il faut songer à cela quand vous avez quelques jours de libres autrement vous passeriez tout votre temps en route, il faut vous rendre compte qu’il y a au moins 10 heures de traversée et 8 heures de chemin de faire [fer] entre S[ain]t-Malo et Liverpool. J’avais pensé à partir lundi mais je ne puis pas j’espère néanmoins d’arriver à Paris à la fin de la semaine. Je pense que cette photo est la seule des agrandies que vous n’avez pas.

Je vous embrasse tous les deux avec mes meilleurs vœux pour 1933.

Bertha R[hodes]

J’écris à la hâte77.

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (28 avril 1933) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 28 avril 1933.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool 8

Vous êtes de retour de Houeillès sans doute. Avez-vous fait un séjour agréable ? Je l’espère. Il faut bien que je t’écrive, autrement tu vas penser que je ne veux pas le faire. [Pas ? N’est-ce pas ?] Mais j’ai été très occupée j’ai fait beaucoup de choses mais pas des choses qui t’intéresses [intéressent]. Après tant de des boires [déboires] avec des ouvriers, j’ai fini par avoir une sonnette qui marche, une citerne qui se remplit et un geyser [un chauffe-eau] qui fait de l’eau chaude sans la verser toute par terre.

Mon appartement est presque toute nettoyer [tout nettoyé]. J’ai fait mes comptes pour Arthur et la maison à Windermere et pour mes impôts sur la revenue [le revenu], après quelques retards et changements de procédés j’ai signé le tranfer [transfert] de ces actions dont je t’ai parlé mais je n’ai pas encore reçu l’argent mais c’est comme fait.

J’ai vu pas mal de gens qui désiraient me voir, des amies et d’autres. Mais avec tout cela, je n’ai pas travaillé comme tu entends le travail.

J’attends toujours de savoir quand sera aura lieu le « meeting » à Londres où je dois aller en route pour Bexhill. Je crois que j’irai la semaine prochaine y passer une dizaine de jours. Tu vois je ne fait [fais] rien d’intéressant.

J’aimerais bien avoir de vos nouvelles, qu’est [ce] qu’il y a de nouveaux [nouveau] pour les affaires ?

Ta maman me raconte la morte [mort] de M[ada]me Pelletier et que Pierre a fait des traductions. Et puis M. Pointelin78 est mort. Le monde qu’on connaît se rétrécit quand la vie se prolonge.

Vas ! Ne me boudes pas, envoie-moi un petit mot.

Je vous embrasse bien tous les deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (18 juin 1933) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 18 juin 1933.

[Rh]

4 Blackburne Terrace,

Liverpool 8

Jean, tu es bien gentil de me répondre si vite et de m’expliquer le but de la nrf. Je saurai mieux à présent comment il faut la regarder. Je n’aime pas beaucoup le mot « imposer » que tu ajoutes à « faire comprendre de grands écrivains ». Quand on veut me forcer d’accepter quelque chose, je tire toujours dans l’autre sens. Tes idées sur moi et la religion me font sourire. Justement plusieurs de mes amies trouvent que c’est la religion qui me manque.

Moi il me semble que je suis croyante mais je n’ai pas de patience avec les détails de la religion qu’on [invite ?insiste ?] pour ceci et cela. D’ailleurs je n’ai pas lu ni Sterne79 ni de Quincey80. Tu sais je suis très ignorante pour beaucoup de choses. Les écrivains grands ou non qui sont inconnus doivent être bien contents que tu les fasses connaître pendant leur vie mais est [ce] que ce n’est pas d’aller contre la nature des choses [ ?] Si on les connaît trop tôt, ils tomberont dans l’obscurité plus vite après. Après la mort des gens on peut regarder leur vie ou leurs œuvres comme aussi complète [complètes] qu’ils [elles] peuvent être tandis que tant qu’ils vivent, il peut toujours en sortir des choses bouleversantes.

A présent ce qui me préoccupe c’est que Arthur est souffrant. On m’écrit qu’il s’est évanoui plusieurs fois à la suite d’une [hémorragie ?] et la chaleur. Je vais demain matin à Windermere. Cela change un peu mes projets. Si Arthur va mieux, j’irai à « Brockhampton Park » jeudi mais je serai de retour ici le lundi suivant en tout cas.

Vous serez tous dans mes pensées mercredi81.

Vous comptez toujours partir pour Port-Cros vers le 25 juillet ?

Je vous embrasse bien tous les deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (12 juillet 1933) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 12 juillet 1933.

[Rhodes]

4 Blackburne Terrace,

Liverpool 8

Merci bien Jean de ta petite lettre. Vous êtes bien gentilles [gentils] tous les deux, je sera [serai] très contente d’être témoin à votre marriage [mariage] et je le souhais [souhaite] pour bientôt82. Mais pouvez-vous vous marrier [marier] avant la renonciation de à l’appel ? Moi aussi j’aimerais que tu sois marrié [marié] au plus tôt mais sans doute n’ai-je pas les mêmes raisons que ta maman.

Même en reculant notre départ pour Port-Cros et ce n’ai [n’est] pas peu dire car je me sens en train pour le travail. Un jour je causais avec mon encadreur. Je lui disais que je faisais de la peinture, il a dit poliment qu’il voudrait voir de mes œuvres. Ces jours-ci je lui ai montré quelques-unes, il fut épaté, il m’a persuadé d’envoyer à une exposition qui aura lieu bientôt, on va voir s’ils seront accepté [acceptés].

Je compte d’être à Paris dans le courant de la semaine prochaine. J’attends toujours ce maudit papier qu’il faut signer. Cela fait, je prendrai mon billet et puis en route. En attendant, il m’arrive toujours des choses à faire. Je suis allée encore à Windermere. Arthur est un peu plus fort mais je n’aime pas son teint jaunâtre. J’ai parlé avec son nouveau médecin.

M. Marcel Henry est un ami précieux. J’ai beaucoup d’estime pour lui. Dis, lui as-tu demandé si vous devez vous marier sous la communauté des biens ou autrement ? J’en pense en cas que tu as des difficultés à payer la pension de S[ala] et qu’elle tache à faire faire une saisie. Quel bonheur quand tous [toutes] ces affaires seront terminés [terminées] ! Je pense tout le temps signé ? pas signé ? Tu m’enverras un petit mot dès que c’est fait, n’est-ce pas ?

Je vous embrasse bien.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (31 décembre 1933) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 31 décembre 1933.

[Rhodes]

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

Bonjour Jean, comment vas-tu ? Moi je vais bien mais un peu lasse de toutes les obligations de Noël. Je suis toujours contente quand cette saison soit passée ensuite on peut s’occuper d’autres choses. Ma petite visite si précipitée à Paris me reste comme un jolie [joli] rêve complète [complet] et sympathique. En me faisant ton témoin83, tu as fait la chose que j’ai le plus désirée. Merci.

Travailles-tu bien pendant les vacances ?

J’aime bien « La légende de Prâkriti »84, je la relirai.

Le « Fagus »85 de Léautaud est sympathique aussi.

Il y a quelque temps tu m’as demandé ce que je pense du petit vers sur la bouchère que tu as recopié pour moi. Bien, c’est gentil mais de la poésie. Hmmmm.

Maman en faisait autant souvent, il y avait des jours qu’elle ryhyimait tous [tout ce] qu’elle disait.

Les rhyimes sont souvent agréables et utiles pour se souvenir de choses avec précision comme des fables. Voilà Monsieur !

J’ai une préférence pour les choses saisissables à l’esprit.

Nous sommes parmi les brouillards plus que jamais, parfois ils se lèvent pendant une heure ou deux puis ils se rabbatent [rabattent] sur nous et pourtant le pays manque l’eau. L’été passé si beau puis pas de grande pluie l’automne, les réservoirs sont au plus bas, on nous menace de nous rationer [rationner] sévèrement.

Je passais le jour de Noël avec Miss Thomas et le lendemain avec une autre amie à Southport. Hier j’ai pris le thé avec Miss Barnes. Mercredi je dois aller voir la tante à Southport, ce n’est pas amusant.

Mes meilleurs vœux à toi et à Maine86 pour le nouvel an.

Au revoir.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (14 février 1934) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 14 février 1934.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool 8

Merci de ta lettre. Elle m’inquiète un peu. Qu’est-ce que tu veux que j’y comprenne ? Qu’il sera plus prudent de ma part de ne pas venir à présent. Comment saurais-je quand le moment difficile sera passé87. Dans nos journaux, on parle seulement des tarrifs [tarifs ?] et des armements et que tout est tranquil [tranquille]. En tout cas, je ne sais pas encore si je serai assez remise pour arriver à Paris le 24. Il faut que je me décide le 20 pour retenir ma place et couchette.

Ma visite à cette vieille dame ne m’a pas réussi. J’ai repris mal, j’ai eu des douleurs pendant 10 jours. Ce n’est que ce matin que c’est un peu calmé. J’ai été plus prise même que je n’étais à Port-Cros dans les premiers jours, le dos et les cuisses. Je désire beaucoup venir mais est-ce que ce sera prudent ? J’ai rechuter [rechuté] deux fois déjà.

Oui ta maman m’a dit pour le « Whistler ». Il y a quelque temps quand on en a parlé j’ai demandé à le voir mais il m’a si peu impressionné [impressionnée] que je ne me rappelle même pas le sujet.

Envoie moi un catalogue si tu le pense [si tu y penses] que je vois si il y a d’autres choses qui m’intéresse.

J’aimerai [aimerais] venir dès que je peux, dit-moi [dis-moi] si tu crois que je ferai bien ou non.

Sois prudent toi !

Je ne sais pas si les anglais sont plus sages au fond mais ils prennent les choses autrement.

En 1926 il y avait une grève générale ici. On n’est pas aller [allés] jusqu’à vouloir tuer les gens. Tout le monde a eu beaucoup de patience, le moment est passé sans trop de difficulté et les gens qui l’ont arrangé n’ont pas gagné grand-chose. Le danger ici vient des gens payés par les Russes et d’autres pays étrangers qui parlent de faire guerre civile, il y a toujours certaines gens qui n’ont rien à perdre qui veulent avoir un peu de butin si l’occasion se présente.

Les sans-travail sont trop bien payés à présent mais je ne sais pas pour combien de temps le pays peut les supporter ainsi.

Quant à Alfred c’est trop tard de penser à lancer celui-là dans le commerce, il a fait de tout et perdu. Il a 64 ans et c’est un malade. Il a asthme, bronchite, hernie et Dieu sait quoi encore – il passe souvent 2 ou 3 semaines au lit. Il y est à présent je crois. On est tranquil [tranquille] pour le moment.

Mary va mettre cette lettre à la boîte pour moi. Voici une lettre bien peu intéressante, pardon !

Je vous embrasse bien affectueusement tous les deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (20 mai 1934) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 20 mai 1934.

[Rh]

4 Blackburne Terrace,

Liverpool 8

Merci Jean de ta longue et bonne lettre. Comme tu dis ce n’est pas une raison de ne pas écrire qu’on fasse des choses ennuyeuses mais on est tempté [tenté] d’attendre qu’il y ait d’autres choses à dire. Quand je suis en France, j’eschappe [échappe] à beaucoup de choses désagréables pour le moment mais elles s’entassent pour la rentré [rentrée]. Les choses agréables n’ont pas cet [cette] habitude. Aujourd’hui tout à l’heure je pars pour Windermere, Miss Thomas me rejoins [rejoint] à Preston en route nous allons passer une semaine avec Arthur. Lundi je suis rentrée de Bexhill très lasse mais je me suis remise assez vite.

Je n’ai pas trop fait, il ne me va pas là. Ces vieilles dames ne font rien mais elles le font avec une telle exactitude que c’est fatigant. Je suis allée à Londres de Bexhill pour la journée seulement, je suis allée voir les tableaux à l’Academy le matin puis au « meeting » il y avait 40 Messieurs et moi, ils étaient aimables rien d’émouvant se passé [ne s’est passé] et tout était dans le journal le lendemain mais ma tante fut contente que j’y fus allée.

Mais dis donc. Tous ces crapauds et grenouilles89. N’auras-tu trop d’habitants dans ton jardin, d’avoir quelques me fait du bien mais tout ça ! En as-tu mis des œufs ?

Quel joli timbre a ta lettre !

J’ai enfin fini de lire « Smara »90, je l’aime bien, quel domage [dommage] que le jeune homme soit mort. « Le dict de Padma »91 m’intéresse. Il me fait souvenir d’une causerie avec un jeune buddist [bouddhiste] à Candy. Bien des choses aux amis de Port-Cros. J’ai beaucoup de sympathie pour eux. Les procès sont bien agaçantes [agaçants]92. Je suis bien heureuse de penser que nous pourrions aller à la Vigie encore pendant longtemps.

J’ai reçu aussi une lettre de ta maman. Je suis contente que tout s’arrange pour qu’elle puisse venir à Port-Cros. Je lui écrirai de Windermere. Tu me feras jouer aussi aux boules n’est-ce pas ?

Il me faut aller commander le taxi, finir mes paquets, déjeuner et partir.

Au revoir.

Je vous embrasse tout [tous] les deux bien affectueusement.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (22 mai 1934) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 22 mai 1934.

4 Blackburne terrace,

Liverpool 8

Cher Jean il ne faut pas te laisser décourager, on ne peut pas toujours faire également bien. J’aime à croire que cela va mieux déjà. Il se peut que toutes ces causeries politiques autour de toi te fatigue [fatiguent]. On ne peut pas s’user à tout faire dans la vie.

Non tu ne ma [m’as] pas dit que c’était sûr que tu viendras. Mais je souhaitais vous voir. Tu m’as dit « à bientôt ». Je fus contente. Ensuite je m’inquiétais à l’idée que je vous manquerai car je prévoyais quelques absences pour moi. Alors c’est pour une autre fois. En effet. Jeudi je fus prête, le taxi à la porte pour aller à Windermere quand j’ai apris [appris] que Amy était morte la veille. Je suis allée donc à Southport car je leur avais offerte [offert] une place dans le tombeau de ma tante. L’enterrement a eu lieu vendredi par un bien mauvais temps froid, vent et pluie battante. Ma tante Clara est beaucoup plus faible de tête maintenant, ses deux autres enfants qui étaient là ne lui avaient pas dit qu’Amy fut morte. C’était étrange. Le Pasteur fut là. On avait une [un] service à la maison et la mère dans la pièce à côté n’y comprenait rien.

J’étais très lasse après tout mais demain je vais à Windermere pour passer 3 jours auprès d’Arthur. On me dit qu’il va mieux. S’il fait beau, je lui ferai faire quelques toutes petites promenades pour reprendre ses forces.

J’ai lu « Le Combat avec l’ange »93, c’est très moderne style comme la peinture et c’est bien dans Paris que cela se passe mais je ne trouve pas les caractères principaux du tout intéressants. Cela manque de vie et de force à mon avis.

Pour « L’homme invisible » on ne nous a pas indiqué une morale et j’ai conclu comme je t’ai dit qu’il faut être prudente.

Dis-moi si ton travail marche.

Au revoir

Je vous embrasse bien tous deux.

Bertha

J’ai causé avec une dame qui a un tableau par Girard elle aimerait savoir quelque chose sur Girard, de quand était-il ? et si ses tableaux sont appréciés. Son tableau est « Les trois mendiantes ». Peux-tu me dire quelque chose ? Il n’est pas moderne évidement [évidemment].

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (25 juin 1934) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 25 juin 1934.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool 8

Merci bien de ta lettre intéressante. Peut-il qu’une de tes lettres à moi soit perdue ? Ta maman m’a dit d’une lettre venant de Dôle que tu dois m’envoyer. Aussi tu me parles du petit-fils de Maine94 comme si tu m’as déjà annoncé son arrivé [arrivée] or je n’ai rien su. Je suis content [contente] que le petit va bien et aussi que sa maman va mieux. Oui en principe moi aussi je veux partir avec vous, je tâcherai d’arriver à Paris le 11 juillet au plus tard.

Nous avons eu les prières et la pluie mais pas assez encore de la pluie. Maine est allée voir son dentiste, n’est-ce pas ? C’est très important quand on soupçonne une dent, à présent je suis payée pour le savoir je viens d’en souffrir aussi ces jours-ci. Un nerf n’avait pas assez de place pour mourir, la dent fut donc congestionnée puis un abcès se forma. Mon dentiste était en vacances, j’attendais son retour quand enfin il travaillait la dent, il ne fut pas à temps pour empêcher l’abcès de se ramasser une deuxième fois. Tout cela m’a fait beaucoup de douleur et surtout une perte de temps, j’avais en même temps très mal à la tête. Tout se calme maintenant.

J’ai passé une semaine à Windermere avec Miss Thomas et Arthur, il va bien. Les arbres et les buissons ont fleuris comme jamais cette année, ils sont tous jolies [jolis]. Nous avons fait de gentilles promenades.

Moi je plains beaucoup Mme Paulhan de tout le tracas de sa maison. Mais il faut finir avec le propriétaire n’est-ce pas avant d’embarquer à faire autre chose. Je crois que vous faites bien de ne pas emmener Tatou95 à Port-Cros, à part son amitié avec Marouf96 il sera aussi bien ailleurs. Ali97 viendra n’est-ce pas ?

Si Maine prend les billets et les places avant mon arrivé [arrivée], elle sera bien gentille de faire pour moi aussi que je sois avec vous. Peut-être me faudrait-il m’arrêter à Bexhill en route, je ne sais pas encore. Je n’ai pas vu la toile dont je t’ai parlé de Girard, elle appartient à une cousine de mes cousins qui habite loin d’ici.

Je souhais [souhaite] que le portrait de Maine soit tout ce que tu attends, il me tard [tarde] d’arriver pour le voir et surtout pour vous voir tous.

Pour ce que tu me dis de ton travail, cela m’intéresse mais tu me fais marcher un peu vite, je perds haleine.

Voici. Quand j’apris [appris] qu’il y a des sauvages qui ont une langue bizarre avec un mot pour exprimer les deux contraires, etc. sans aller plus loin je me l’expliquais ainsi. Les deux contraires sont les extrêmes limites d’une série – une line [ligne] dont le milieux [milieu], le moyen, le souhaitable est le bon, le vrai selon leur idée.

Tout qui s’écarte de ce bon état ou idée est mal et peut-être exprimé par un seul mot pour tout qui n’est pas le bon. Aussi entre la bonté et la méchanceté, il y a l’indifférence, pour beaucoup d’hommes sur la terre l’indifférence est l’état idéal. Entre l’esprit et le corps, il y a l’homme complet et ainsi de suite. Mais je divague, je néglige ce que tu me dis. Oui je comprends bien que la pensée est une chose et le langage une autre. Ceci en est une exemplaire [un exemple] je pense. Et puis on fait ce qu’on peut avec les mots qui se présentent, pas besoin de me rappeler les difficultés de trouver les mots qui ont à peu près la même valeur pour moi et ceux qui les entendent. En France, on m’a souvent dit que j’ai dit une chose quand ma pensée n’était pas cela. Même en ma propre langue mais plus rarement. Oui, oui c’est presque toujours [l’entourage ?] du mot qui précise le sens. Je ne te comprends pas très bien ici « qu’elle tire parti de ce double sens » et ensuite et je ne sais pas ce que tu veux dire par la « pensée infinie de Dieu ». Que Dieu soit infini – que la pensée de Dieu soit infinie – qu’on pense infiniment à Dieu ?

Enfin pourquoi mettre tout cela sur le dos des sauvages ?

Je suis bien stupide sans doute, je tâcherai de repenser à tout cela que tu dis.

En général, je préfère les simplifications aux amplifications.

Que Maine soit tout à fait remise.

Je vous embrasse bien tous les deux, à bientôt.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (23 octobre 1934) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 23 octobre 1934.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool 8

Merci de ta lettre. Moi aussi je t’écris un mot à la hâte. Oui je serais très contente de savoir la fin de cette [cet] engagement de ta mère à propos de la pension de S[ala]. Mais je ne sais pas si c’est possible de le faire légalement. A [as]-tu demandé à Marcel Henry98 avant de la proposer. Je suis convaincu [convaincue] vu les circonstances qu’une promesse même écrite et signée de la part de S[ala] ne tiendra pas. Il ne faut pas t’en [fier ?].

Voici les photographies, il y en a qui ne sont pas intéressantes mais je te les envoie car [quand] même.

Pour les agrandissements, j’avais reproché aux petites épreuves que la distance n’était pas claire, on a soigné la distance en sacrifiant le premier plan donc c’est trop noir dans plusieurs cas. Les gens qui dévelopaient [développaient] les films trouvaient Nîmes épatant ! Marceline99 fait toujours bien n’est-ce pas ?

J’ai suprimé [supprimé] quelques-unes. Toi qui mange [manges] les raisins. M. Henry qui avait 2 oreilles de même côté de la tête. Je suis content [contente] de toi où tu es seul. Derrière, j’ai mis parfois une date ou un nom pour que tu les retrouve [retrouves]. Dis-moi ce que tu en pense [penses]. Bientôt j’enverrai à d’autres personnes celles qui les intéresse [intéressent]. Peux-tu sans indiscrétion me faire avoir une photo de ta mère où elle rit, de M. Church100, elle est si bien là, il a su l’atrapper [l’attraper]101.

Je vais demain à Cheltenham pour une semaine chez la vieille parente Mrs Rhodes. Elle m’invite, cela m’ennuie d’y aller mais la visite sera faite.

La nrf m’a envoyé une carte disant que mon abon[nement] finit le mois d’octobre et que je dois envoyer 72 fr[anc]s. Or puisque j’avais demandé à Maine102 de bien vouloir s’en occuper, je vais envoyer la somme à elle pour ne pas embrouiller.103

Pour ma lettre de juillet, je croyais que tu me répondais brièvement et gentillement [gentiment] parce que tu désespérais de me faire comprendre.

Nous reparlerons.

Il faut maintenant que je trotte chercher une robe que j’ai fait faire et qui sera à peine finie à temps pour ma visite.

Mon propriétaire est toujours très malade.

Pauvre M. Henry, on a bien mal choisi leur « espion ».

Au revoir.

Je vous embrasse bien affectueusement tous les deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (09 janvier 1935) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 09 janvier 1935.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

C’est très bien la feuille du papier Mesures104 et le prospectus, elle promet bien. Merci et de tes lettres. Mais je voudrais que tu ailles mieux. Je n’ai pas compris d’abord que tu étais si sérieusement souffrant105. Mes meilleurs vœux pour l’année, que vous irez alliez mieux tous les deux. Je vais beaucoup mieux depuis 15 jours à peu près, ce n’est pas trop tôt. J’ai renoncé à mon projet d’aller en croisière cet hiver au moins pas un longue voyage, c’est trop compliqué d’être absent si longtemps. Aussi j’ai bien des choses à faire maintenant que Noël est passé.

Jeudi passé, j’ai fait venir mes jeunes amies et leur mère pour voir une nouvelle pièce pour la jeunesse « Ferry Inn ». Nous nous sommes bien amusées. On dit que l’auteur Alec Atkinson[1] est tout jeune.

Il me fait de la peine penser à la famille Dumas et leur douleur. La pauvre Ritonne il ne m’étonne pas qu’elle soit indécise. Il doit être un fou tout de même le mari de Mme Javelas d’acheter [mot illisible].

Aujourd’hui, je suis sortit [sortie] avec une amie de Southport, sa sœur aussi aurait dû venir mais elle était enrhumée. Nous avons vu « La dame indécise » et « L’heure sorcière », deux films bien.

Après-demain, j’aurai deux autres amies ici et puis ce sera tout pour le moment.

Je vous ai envoyé de l’argent pour que vous achetiez quelque chose au lieu de vous envoyer du cake. La douane est très ennuyeuse à présent. D’ailleurs, je ne sais pas si vous tu as reçu le cake que je t’ai envoyé [à] la fin de novembre. Je ne te dis pas cela pour que tu dis [dises] merci mais parce que j’ai signé en l’envoyant un papier promettant de payer ce qu’on pourrait me demander ensuite. Si le cake n’est pas arrivé quand ils se présenteront, je leur dirai quelque chose au lieu de payer le supplément.

Quand je suis allée voir ma vieille parente je lui ai montré de mes peintures, or elle veut que je lui donne une que je n’ai pas envie de laisser partir alors je la copie. Cela m’apprendra à lui montrer des choses, n’est-ce pas ?

Je n’ai pas l’adresse des Church106, tu seras bien gentil de leur donner cet [cette] enveloppe ci-dedans.

Au revoir.

Je vous embrasse bien affectueusement.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (07 février 1935) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 07 février 1935.

Ta lettre est arrivée hier en même temps que « Mesures ». Merci Jean. Je suis très contente que Maine107 va bien maintenant. On n’a pas trouvé que la machine à écrire fatigue son bras ?108 Tu ne dis pas comment tu vas toi-même. Le pays est beau au lac blanc, la carte est jolie109. Tu n’as pas eu trop froid. Moi les pays froids ne me disent rien du tout, pas même en été. Nous avons un hiver doux en somme mais il y avait quelques jours un vent très glacé, dès qu’il fasse froid mon cœur se fatigue, autrement je vais bien.

Il me fait de la peine que ta Maman soit fatiguée. Elle a eu des soucis pour Mlle Suzanne110, n’est-ce pas ? Et sans doute des soins à donner. Mademoiselle va mieux je crois d’après la lettre de Madame Paulhan. Jolette m’a écrit une gentille lettre.

« Mesures » est bien, mes félicitations. J’ai déjà coupé les pages et j’ai lu « Le Cageot »111, c’est gentillette. Je ne lis pas beaucoup à présent, je m’endors là-dessus. J’ai encore cinq numéros de nrf pas même coupés, d’ailleurs le dernier février a été mal assemblé, les pages 305 à 320 se répètent il y a sans doute autant qui manquent. J’allais te dire que j’aimerais m’abonner pour « Mesures ». Peut-être serai-je à Paris quand le prochain numéro paraîtra. Comme ça ce ne sera pas la peine de l’envoyer ici.

Je viens de finir le tableau de la Gatinière que j’ai fait pour Mme Rhodes, elle me l’a demandé, il m’a pris beaucoup trop de temps faute de jour, je suis contente de m’en débarrasser. J’ai eu le malheur de casser deux dents pas en même temps et je ne sais comment. Mon dentiste a été malade mais il espère pouvoir me voir demain. Hier je suis allée voir « Forgotten Men », un film de propagande contre la guerre. J’ai vu aussi « Madchen en uniforme », « Blossom time », « Shall the children pay », « Jew Süss » et « La Maternelle ». Très variés, tu vois.

On va jouer « Poil de carotte », c’est défendu de le jouer publiquement dans cette cité donc on le fait par souscription, on ne paie pas à la porte, c’est donc privé.

Mes bonnes amitiés à des aux amis de Port-Cros. Je les souhais [leur souhaite] de bons succès dans toutes leurs entreprises.

Je vous embrasse bien fort tous les deux.

Bertha

Il ne faut pas que tes lettres se perdent, je n’aime pas cela.

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (03 mars 1935) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 03 mars 1935.

4 Blackburne Terrace

Liverpool, 8

Bonjour Jean,

Comment va ta gorge ? Où est [es]-tu ? Que devient [deviens]-tu ? Moi je me remets d’une grosse rhume, je tousse encore un petit peu mais cela va passer bientôt. J’aime bien « Mesures ». J’aime « Trop d’amitié à la fois »112, c’est sympathique mais s’il regarde seulement un peu le fiel n’est jamais bien loin. Et ce Hopkins113 qui fait tintinnabuler ses mots, il nous chatouille l’oreille. Mais est-ce que vraiment cela donne quelque chose en français. Il me semble que cela change beaucoup en traduction.

Le papier de Mesures est bien, il n’est pas lourd. Nous avons eu beaucoup de tempêtes. L’autre jour, le vent a démoli le haut d’une cheminée que je vois de ma chambre. Une mouette s’intéressait toute la journée à regarder par le trou, elle planait au-dessus se laissant descendre à presque toucher le toit, puis fait un tour pour se rassurer et revenait. Je me demandais ce qu’elle pouvait voir de si attachant, une chatte avec ses petits peut-être !

Comment va Maine114 et tout le monde ? Voici une rue où je passe souvent.

Je t’embrasse bien affectueusement et Maine avec toi.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (08 avril 1935) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 08 avril 1935.

R[hodes ?]

J’ai envie [de] te raconter une petite histoire.

Tu dis « ne t’en prive pas ».

Elle se passe ces jours-ci. Tu connais Miss Thomas. Elle qui a toujours été si gaie, si pleine de resources [ressources] était devenue triste, soucieuse, minée par quelque chose.

J’attendais ses confidences.

La dernière fois qu’elle est venue me voir, elle avait retrouvé son humeur habituel [habituelle]. Je m’en étais aperçue tout de suite, elle affrontait la vie avec assurance.

« Vous avez de vieux journaux ? » « Mais oui. » « Beaucoup, beaucoup ? » « Venez voir. » Ils s’empilaient depuis deux mois et demie, j’avais oublié de les faire enlever avec les [?]

« Vous me les donnerez ? je puis les emporter ? » « Certainement. » Je trouvai pour elle un grand sac en carton. Elle le mis [mit] par terre, elle foura [fourra] les journaux dedans avec grand sérieux les forçant dans les coins.

« Vous allez être bien chargée pour rentrer comme ça. » Elle se releva, les joues rouges – « je vous expliquerai ». Miss Thomas est membre d’une communité [communauté] dissidente dont le nouveau Pasteur, jeune et plein de zèle, s’est ingénié de trouver moyen de secouer ses brebis quelque peu endormies. Il a proposé que chacun se prive de quelque chose jusqu’à Pâques au profit des rénovations de leur temple qui en a besoin.

Nous connaissons les jeûnes classiques depuis la carême catholique jusqu’à la semaine de dévouement de l’armée du Salut.

Mais chez les dissidents, c’est du nouveau.

Miss Thomas veut prendre part à toutes les bonnes œuvres. Aussi elle désire encourager le jeune Pasteur. Mais que faire ? Il ne s’agit pas simplement de donner de l’argent, d’ailleurs elle en a peu, il faut se sacrifier personnellement.

Elle mène une vie très simple, elle ne s’offre jamais de spectacles, elle mange si peu qu’avec moins elle s’affaiblirait, de se priver de chauffage également, elle prendrait mal et puis des amies lui ont donné du charbon pour ses étrennes, ce ne serait pas gentil de ne pas s’en servir.

Enfin n’aura-t-elle rien à offrir à Dieu qui lui a donné la vie et l’intelligence et le don de savoir aider aux autres qui lui fait tant de plaisir à exercer.

Peut-être a-t-elle fait part à Dieu de sa difficulté [ ?]

L’idée lui est venue subitement, éblouissante et si simple ! Elle n’achètera plus de bois ni d’allume-feu jusqu’à Pâques. Elle s’est souvenue que pendant la guerre quand on ne pouvait pas avoir du bois, on s’est fait d’allume-feu de journaux. On les froissait, on les tirait, on les tordait, on les roulait en coques et les voilà prêts.

« Cela me fait travailler, je donne aussi mon travail mais j’aime en faire beaucoup à la fois parce que c’est salissant pour les mains ».

Au revoir Jean.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (15 avril 1935) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 15 avril 1935.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

Merci Jean de ta lettre. Tu es gentil de m’expliquer ce qu’on fera en cas de danger alors je comprendrais mieux mais je souhais [souhaite] bien que cela n’arrive pas. Ce que tu me dis de la petite maison que ta Maman désire m’intéresse beaucoup j’aimerais savoir davantage115. Alors est-ce qu’on [peut] prévoir quand l’affaire avec le propriétaire finira ?

Crois-moi je me fais de la bile pour les affaires politiques.

Oui, tu as raison, un pays vu de distance semble agir comme un seul homme tandis qu’il [ils] se disputent tout le temps. Je ne crois pas que Mac Donald reste longtemps au pouvoir116. Mais cela me console pas beaucoup si le mal est déjà fait. Une chose qui me frappe en regardant nos deux pays, c’est que le français en temps ordinaire se laisse aller à des fantaisies, enthouse [s’enthousiasme] pour des idées étranges, ou s’inquiète de ce qui peut arriver s’il agit. Mais dès que la difficulté ou le danger arrive vite, il s’arrange pour être pratique, il fait comme tout le monde et tout le monde le fait. Excuse-moi, je crois que vous ne vous rendez pas compte de ce mouvement, nous non plus de notre mouvement inverse. En temps ordinaire, l’anglais écoute à tous les types qui ont des idées à raconter, il n’a pas l’air d’en faire grand cas mais de l’influence tout de même. La difficulté arrivé [arrivée], il se dit voilà le moment où il faut avoir le courage de ses opinions, ou il faut se sacrifier pour ses opinions principes et le voilà qui s’entête comme un Don Quixot [Don Quichotte]. C’est un peu ce que fait Mac Donald pour les désarmements.

J’ai vu ce mouvement dans le cas et les particuliers117.

Quelques jours avant la déclaration de conscription par Allemagne, on nous a fait répondre à des questions sur la League et les armements. Voici.

Doit la Grande Bretagne rester membre de la League ? Je réponds (oui)

Désirez-vous réduction d’armes par consentement [ ?] (non)

Désirez-vous abolir l’aéroplane guerrière (non)*

Qu’on prohibe la fabrique d’armes pour profit ? (oui)

Si une nation insiste d’attaquer une autre doit-on continuer à l’empêcher (a/ par moyen économique (oui), par moyen militaire (oui) et puis comme commentaire je dis l’idéal est paix sans peur de guerre. Si on a la volonté de paix assez longtemps, les armes disparaîtront.

Une nation n’insiste pas à attaquer, elle attaque et les autres doivent être assez fort [fortes] pour l’empêcher tout de suite. De se désarmer tandis que [les] autres s’arme [s’arment] en secret est suicide.

Malheureusement je ne cause pas avec les ministres118.

Voilà en bref et assez mal dit.

Je griffonne, j’ai hâte.

Je vais à Windermere demain pour la journée, il faut que je me couche de bonne heure pour pouvoir partir à 7.15 demain matin.

Il me surprend un peu que tu sois conseiller municipal119.

Comment vas-tu et Maine120 ?

Je vous embrasse bien fort.

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (30 avril 1935) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 30 avril 1935.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

Merci de ta gentil [gentille] carte. Puisque tu trouves ce que je t’ai dit intéressant, fais-en comme tu veux. Je me fis [fies] à ton avis mais arranges le français et l’orthographe pour moi je te prie. B. Rh suffit bien pour signer. Je suis contente que je dis des choses qui t’intéresse… Je te dirai de les [mot illisible] de Mesures quand je l’aurai vu. Je suis très contente que l’affaire pour Ritonne marche bien. Tu me diras quand elle arrive à son [titre ?] n’est-ce pas ? Tu es bien gentil de me raconter tant de choses. J’ai une longue lettre de ta maman chérie, elle me raconte beaucoup de choses, mais avec tout cela je ne sais pas encore où est la petite maison qu’elle désire. Etes-vous rentrez [rentrés] mieux portant après votre petit repos à Trestel121 ?As-tu rédigé un programme aussi pour le conseil municipal ? Les gens autour de moi reçoivent les nouvelles politiques selon leur type individuel mais je crois qu’il y en a peu qui se rendent compte du sérieux. L’autre matin, qu’on a encore raconté qu’Allemagne avait encore affronté le reste du monde. Je rentrais de faire mes achats. La dame du rez-de-chaussée m’appella. « Je veux vous parler. Entrez cinq minutes ! » J’étais pressée mais elle est si gentille, une grand-mère parfaite, je m’arrête. Je dis : « les nouvelles ne sont pas bonnes. » Quoi ? Je n’en sais rien. Mais vous avez la radio et les journaux. Oui mais je ne lis pas les politiques, à quoi bon ? Nous sommes à peu près où nous étions en 1914… Pas possible ! Les politiciens se sont rencontrés, ils ont tout arrangé je le crois. Je voudrais vous dire qu’il nous faut décider si nous devons nous en irez aller ou non. Ici nous n’avons pas une chambre à donner et si l’un ou l’autre nous tombions malade ce serait gênant. Ma fille veut que je m’approche d’elle, mon fils et ma sœur de même. Si je m’approche d’un, je serai bien éloigné [éloignée] des deux autres, nous sommes ici depuis 9 ans, et chaque printemps la question se pose… Elle se repose encore. La dame du 1er me happe en passant. « Les nouvelles par TSF sont affreuses, je ne les crois pas. Je ne veux pas vivre pendant une autre guerre ! C’est impossible. Les Allemands sont les gens comme nous ils savent qu’ils perderaient[perdraient] leurs jeunes gens et tous [tout] le reste, ils sont des gens bien savants, bien travailleurs.

D’ailleurs avec leurs aéroplanes, nous serons tous [tués ?] tout de suite et je vous dis que moi je ne veux pas faire queue pour la nourriture, je préfère mourir tout de suite, je ne veux plus vivre !! « Ce ne sera peut-être pas vous qui déciderez cela ! » Je m’éloigné [éloignais). La sonnette. La petite amie consolatrice arrive. « Oui les nouvelles sont fâcheuses. Moi je ne m’en fais pas de soucis. Si Dieu permet qu’on fasse la guerre avec leur nouvelle machine, nous serons tous tués et puisqu’il n’y aura pas de lendemain, il n’y a pas à s’en soucier, voilà tout. » Avec tout cela, on n’est pas plus avancé. Au revoir, Jean.

Je vous embrasse tous les deux bien fort.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (04 juillet 1935) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 04 juillet 1935.

4 Blackburne Terrace

Liverpool, 8

Je viens. Très contente d’avoir tes deux lettres. J’ai mon billet pour partir lundi. J’arriverai donc mardi matin à la gare S[ain]t Lazare. Veux-tu dire à ta Maman pour moi je te prie qu’on vient de me dire que j’arriverai à 9 heures 49 minutes. C’est plus tôt que l’heure que je lui ai dit. Je suis contente de savoir les projets. Domage [dommage] que nous ayons moins de temps à Port-Cros mais d’autre part nous aurons Madame Paulhan tout le temps avec nous122.

Je viendrai vous voir avant votre départ pour Vittel123. J’aurai beaucoup à voir et entendre.

Je n’ai pas la tête très solide pour le moment, la dent cassée a été arraché [arrachée] avant-hier, il me semble que j’ai été au « boxing » et que j’ai reçu un « knockout » sur le machoir [la mâchoire]. Il fait grand vent, les fenêtres sont secoué [secouées] et les portes claquent mais il ne fait pas froid. Je veux voir le jardin si jolie [joli].

Au revoir à bientôt.

Je vous embrasse bien fort.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (1935) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 1935.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

Ta [ton] dernier mot m’arrive. Tu m’as sauvé [sauvée]. J’allais justement sortir pour mon billet avec l’intention d’arriver à Paris le 1er juin. Maintenant je ravise [révise] mes projets. Je regrette que vous ne pouvez pas partir et surtout pour Maine pour son traitement. Oui je veux aller plus tard à Mont-sous-Vaudrey124. Mais quand ? En allant à Port-Cros ? Je regrette aussi que je ne vous verrai pas sitôt.

Je vais tacher de faire ma visite à Bexhill vers la fin de juin si ma tante veut, alors je serai libre de venir un peu plus tôt en juillet… Si tu as un moment dis un peu vos projets pour l’été et comment tout marche.

Il n’y a pas de soucis j’espère ! Mercredi, j’étais à Southport chez Miss Thomas et hier j’ai reçu une amie pour la journée. J’écris à la hâte.

Je vous embrasse bien fort.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (01 décembre 1935) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 01 décembre 1935.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

Bonjour Jean,

Je te souhais [souhaite] un beau jour pour ton anniversaire125 et que tu en aies beaucoup d’autres. Je suis bien rentré [rentrée] après un voyage facile, très peu de monde. Il y a je ne sais pas pourquoi une élection municipal [municipale] pour mardi dans notre quartier, il y [en] avait une déjà il y a un mois, je ne sais ce qu’on a fait du candidat élu pour qu’on désire un autre. Miss Barnes ne peut pas me renseigner. Miss Barnes va avoir une cousine chez elle pour un mois. Elle ne sait pas si elle désire avoir une visite, il y a si longtemps depuis qu’elle n’a reçu une parente car elle n’avez [avait] pas une chambre à offrir. Elle veut que je lui aide à causer avec cette dame. Cela n’est pas mon fort comme tu sais. Miss Thomas est venue hier me voir : elle est très enthusiasmée [enthousiasmée] pour son nouvel appartement. Je dois aller la voir mardi après la [le] vote. Une autre amie m’écrit qu’elle vient jeudi me voir. Demain, je vais chez mon dentiste.

Les gros beaux livres que tu m’as donné [donnés] arriveront demain, Cook s’est chargé de l’expédition. Ils sont des trésors. Merci beaucoup.

Je reprends ma vie d’ici. Je crois qu’il y a peu de personnes qui ont deux vies qui ont si peu de liens entre elles (sauf les hommes qui [entretiennent] 2 maisons). Ma vie en France parmi vous et ma vie ici : l’une est aussi profondément la mienne que l’autre. Aussi elles m’absorbent autant l’une que l’autre. Les visites à des parents et des amies sont autres choses.

Je vais maintenant écrire à Kate. Il a plu beaucoup tout le mois de novembre. Les dates [dattes] sont très bons [bonnes] j’en mange encore. Mais quelle quantité !

Je vous embrasse très fort tous les deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (14 décembre 1935) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 14 décembre 1935.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

Bonjour Jean

J’aimerai bien avoir des nouvelles de ta Maman et de savoir qu’elle va mieux.

Oui tu as raison de critiquer, c’est même ton devoir. Je protestais que tu faisais de la peine sans arriver à convaincre à ce qu’il me semblait mais j’ai eu tort de le dire. Tu sais mieux que moi comprendre ta Maman. Pour le moment je fus très découragé [découragée] : j’ai voulu aider tant que j’ai pu et cela était si peu126. Moi aussi, j’ai toujours entendu beaucoup de critiques de la maison, justes et pas justes. Ces derniers temps aussi, on a donné souvent des conseils les uns tout à fait contraires aux autres. Je ne suis pas aveugle non plus aux défauts de la maison. C’est facile de critiquer je me dis mais difficile de changer quelque chose effectivement. Je crains que tu ne t’aies privé pour moi d’un livre que tu aimes beaucoup. J’admire Breughel comme dessin et tecnique [technique] : il est épatant. Il impose ses idées brutallement [brutalement] mais je ne le trouve pas sympathique tandis que dans Lebourg j’ai une joie de voir un coin ou un moment de la nature bien rendu.

Je reviens de Windermere. Arthur va bien, nous avons fait plusieurs promenades ensemble. J’ai vu quelques maisons qu’on a batit [bâti] depuis ma dernière visite

Une m’a plu, bien située mais pas tout à fait comme je veux dedans. Je crois qu’une dame va l’avoir. Je me demande si je ferai bien de faire bâtir une maison pour moi par là. On partage une propriété en lots. Je réfléchis.

Je suis très occupée de beaucoup de petites choses.

Je vous embrasse bien fort tous les deux.

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (01 janvier 1936) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 01 janvier 1936.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

Voici le premier mot que j’écris cette année, c’est pour te souhaiter tous [tout ce] qu’il y a de bon pour toi et les tiens. Merci bien Jean de tes deux lettres. Tu es gentil de me donner si vite des nouvelles de ta maman, je suis rassurée depuis que je sais qu’elle va bien.

Le nom des éditeurs des dessins de Bruegel [Brueghel] que tu me demandes est G. Van Oest & C° Bruxelles.

Je suis contrariée pour ce que tu me dis du procès. Mon [Ma] première idée était que de quitter la maison nuirait pour l’indemnité mais on disait que non. A quoi bon les avocats, les avoués et les hommes d’affaires si avec leurs études et leurs expériences, ils ne peuvent pas savoir une chose comme ça. Il nous faut nous fier seulement à notre instinct !

Pour soi-même, on peut écouter son instinct mais en parlait aux autres il faut des raisons. Il fait très sombre aujourd’hui et la pluie tout de même je vais voir une exposition parce qu’il [elle] va fermer cette semaine. Je suis contente que les jours de fête finissent. Je suis lasse. Quant à la nrf, je suis encore au mois d’août quand j’arriverai à M. Weston, je ferai attention.

Est-ce que tu travailles à la Pénélope pour les « Fleurs de Tarbes » ? Je croyais qu’il était déjà achevé127. Bon succès.

Au revoir.

Je vous embrasse bien fort tous les deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (28 janvier 1936) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 28 janvier 1936.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

Tu étais bien gentil de me donner des nouvelles. Merci et aussi pour le Piranesi, belle ruine. Mais si c’est pour indiquer l’espèce de maison qu’il me faut, cela ne me convient pas.

J’ai surtout besoin d’une maison solide à chaufage [chauffage] central ce qui est encore rare dans les maisons à dimentions [dimension] modeste.

On m’a montré un lopin de terre bien situé mais j’attends qu’on me dise ce qu’on propose bâtir là-dessus. Ce n’est pas la beauté de la maison qui m’empêchera de venir en France. Si je trouve des domestiques ou des dames de confiance pour leur laisser la maison, je reviendrai bien ou peut-être même je fermerais en été. Il a fait très froid ces temps-ci et Miss Barnes de peur que sa salle de bains ne gelle [gèle] a allumé un poêle qui sent bien mauvais, cela m’impoisone [m’empoisonne]. C’est amusant les chats. Les bêtes sont bien avisés [avisées] pour les endroits chauffé [chauffés]. Je t’ai déjà dit des moineaux qui se chauffent contre certaines briques d’une cheminé [cheminée] que je vois. Jean Dumas fait bien de se remarier. J’espère qu’il sera heureux.

3

Je suis contente que les Fleurs de Tarbes soient fini. Tu en aies [es] content toi ? Dans la nrf en sérial [en feuilleton ?] il me faut de la patience si je veux commencer par la fin, n’est-ce pas ?

Miss Barnes est enchantée de Lacretelle. Aujourd’hui je vais à Southport chez mon amie Lillie Harrison pour écouter l’interrement [enterrement] du roi128.

Il y a longtemps qu’un roi d’Angleterre ne soit morte [mort] on se demandait ce que les gens allaient faire, on commande le deuil pour la Cour mais les autres font comme il veuillent [ils veulent]. Eh bien il [ils] ont mis le deuil presque tous même ceux qui ne le font pas pour leur propre [leurs propres] parents. Tous les magazines [magasins] et boutiques ferment aujourd’hui sans qu’on le leur demande.

Il y a 35 ans j’ai vu la procession de la reine Victoria mais maintenant je ne puis pas faire les longues stations dans les foules qu’il faut. Je verrai au cinéma demain ou après-demain ce que j’entends aujourd’hui.

Mon voisin au rez-de-chaussée est mort ces jours-ci, il avait 82 ans. Cela nous a occupés un peu, voir sa femme etc. Il faut que je trotte.

Au revoir Jean.

Je vous embrasse tous les deux bien affectueusement.

Bertha

Voici des photos.

J’ai envoyé à Marceline de toutes celles que j’ai fait agrandir des enfants, elles seront à Port-Cros si elle est avec vous. Que tu saches.

Mesures est arrivé. Merci beaucoup.129

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (19 mars 1936) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 19 mars 1936.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

Voici je suis prête à partir, presque je n’ai que mettre mon chapeau et fermé [fermer] les compteurs. Le taxi viendra dans une heure à peu près. Je chercherai Miss Thomas à la gare ensuite au bateau qui attend dans un bassin. Nous n’arrêterons pas avant Madère où nous devons être le 25, puis à Santa Cruz le 27 et Las Palmas le 28. On rentre le 5 avril, pas une très longue [un très long] voyage. Tu est [es] gentil de m’écrire. Je suis bien contente qu’il y ait d’autres pensionnaires. Merci de m’avoir proposé la promenade en Italie j’aurais accepté volontiers d’y aller si ce n’est que j’ai tant de choses à faire ce printemps et peut-être l’été aussi. Mrs Hazlehurst doit quitter Arthur le 15 mai, j’irai m’installer là avec Miss Thomas si elle est assez remise de sa fatigue. Je ne sais pour combien de temps il me faut y rester.

On m’a fait un projet de maison à Windermere mais comme on n’était pas très net sur la question de entretenir la chausse [chaussée] qui y mènera, j’ai consulté mon avoué qui va s’en occuper.

Ça aurait été très bien de voir Jean Dumas et sa fiancée aux îles Canaries comme me raconte ta Maman mais je ne vois pas comment il serait dans mon bateau à moins de venir à Liverpool.

2

C’est domage [dommage] que la pièce de M. Supervielle ne réussit pas mieux, il est sérieux130. C’est un homme bien gentil et intéressant malgré que sa poésie m’a déçu.

D’abord, je me suis dit voici une poésie que je vais comprendre, mais pas. C’est aussi glissante que le reste mais j’aime ses romans. Je trouvais le n° 1 Mesures de cette année intéressant. La poésie chinoise surtout. J’ai vu à l’exposition à Londres le tableau de la dame qui devait se séparer de ses enfants. C’est très très vieux. Les sermons aussi étaient bien, je comprends que les idées étaient bien trop modernes pour leur temps. J’emporte 6 numéros de nrf pour lire si je peux ratrapper[rattraper] ma lecture.

J’écris bien mal aujourd’hui, je suis lasse de mes préparatifs.

Quant au Daily Express, je n’ai rien su de ce que tu me dis. Je ne la connais que de nom.

Toutes ces politiques sont bien inquiétantes, on fait des gaffes tout le temps. Le fait de la tour de Babel se fait sentir encore. On ne comprend plus l’autre même quand c’est bien traduit. Puis on est surpris par les gestes.

Au revoir Jean.

Je vous embrasse tous les deux.

Bertha

As-tu reçu les photos de Dominique et aussi le phasme. Tu m’as parlé des autres et de moi [qu’en ?] penses-tu ?

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (16 avril 1936) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 16 avril 1936.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

Merci pour la lettre et toutes les nouvelles. Tu seras bien gentil de me dire comment tu trouve [trouves] ta Maman en rentrant. Je suis contente que les enfants de Maine vont bien et qu’ils n’ont point changés.

Voici le portrait de la dame Chinoise qui dit adieux à son mari et ses enfants, la dame de la poésie dans Mesures. On dit que le tableau fut peint à l’époque même. Je suis très occupée. Je te raconterai cela un autre jour.

Je vous embrasse bien.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (17 mai 1936) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 17 mai 1936.

4 Blackburne Terrace,

Liverpool 8

Ta lettre ma [m’a] fait grand plaisir. Mais Oui je suis très très occupée. Demain en huit je déménage. Je vais mettre mes meubles dans une petite maison près de chez Arthur en attendant une autre plus commode. Mrs Hazlehurst voulait retarder son départ, la maison de sa fille n’est pas prête. Alors je tâche à faire le déménagement et cela sera fait, et puis je m’installe chez Arthur le temps qu’il faut pour trouver des gens pour lui. Si ce n’est pas trop longue [long] je peux venir à Port-Cros tout de même je fais de mon mieux pour cela.

L’adresse de Arthur

« Spring Cottage »

44 Ellerthwaite Road

Windermere

Westmorland

Il y aura toujours quelqu’un là pour faire suivre des lettres même que je n’y suis pas.

Voici toutes les photographies de mon voyage que j’ai fait agrandir.

Je décide que c’est temps que je quitte cet appartement et tout de même cela m’attriste car j’ai été bien contente ici, personne pour me contrarier. D’autre part, Windermere est bien jolie et je n’aurai pas le trajet à faire pour voir Arthur.

Tu as du travail avec les papiers de Thibaudet131 mais cela doit être intéressant aussi. Je serai très contente de voir le Fleurs de Tarbes, je tâcherai de la lire comme il faut.

Oui j’ai aimé le poème des Amoureuses infirmes132, l’idée est gentile [sic], puis on se figure le jeune homme dans le monde. Je suis heureuse que Ritonne soit nommée.

Vous serez bien gentils toi ou Maine de faire changer mon adresse chez NRF. Tu ne me dis rien de Maine, va-t-elle mieux avec le printemps ? Je le souhaite. Le printemps est venu tout à coup il y a une quinzaine nous avons eu de beaux jours mais aujourd’hui il fait frais. Au revoir.

Crois toujours que je vous aime bien.

Je vous embrasse tous les deux bien fort.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (01 novembre 1936) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 01 novembre 1936.

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Rockcroft

Cornbirthwaite,

Windermere

Cher Jean,

Bien sûr je vous attends à Pâques, vous serez les premiers à me faire visite dans la nouvelle maison. Vois l’adresse ci-dessus. Tu peux t’en servir quand tu m’écris, le facteur m’apporte mes lettres ici à côté. J’avais commencé à t’écrire et voilà encore une lettre de toi. Tu as été bien gentil et bien patient de m’écrire tant de fois sans que je réponds [réponde]. Merci de toutes les lettres. Je suis peinée que ta mère soit fatiguée et que tu as des soucis pour elle. J’aurais aimé venir vous voir tous mais je ne sais pas

2

comment le faire pour le moment. On a toujours quelques choses à me demander pour la nouvelle maison. Il me semble que pour l’année 1937 – l’exposition133 et tout cela – il devrait avoir des gens qui demanderont prendre la suite de la pension. Si il y a des demandes à acheter de la part des gens honnêtes et solides, conseils [conseilles] à ta maman d’accepter. Moi j’ai toujours trouvé la nourriture bonne à la pension.

Je m’inquiète de Madame Paulhan elle travaille trop et avec des soucis en plus. A-t-elle des soucis en particulier à présent ?

Ma maison progresse, il y a encore beaucoup de choses à faire à l’intérieur puis il faut la sécher avant de la décorer. Une fois installé là-dedans

3

tout dépendra des femmes que je trouve pour m’aider, si elles seront bien et capables je pourrai facilement quitter la maison de temps en temps. La maison n’est pas grande mais je chercherai deux personnes pour qu’elles se tiennent companie [compagnie] en mon absence. Hier j’ai pris des photographies de la maison, je t’en enverrai dès qu’elles sont seront tirées.

Ta lettre de Port-Cros m’a fait bien revoir l’île. Le fort du Moulin doit être charmante [charmant].

Merci pour Mesures, je vois qu’il y a là des choses qui m’intéresseront quand je me mis à lire. J’ai encore tout la nrf pour l’année à commencer je n’ai pas été en train à lire quoi que ce soit.

A présent, je suis dans la maison où sont mes meubles tâchant d’y mettre un

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peu d’ordre et de propreté. Une amie Lillie Harrison de Southport est avec moi elle est très gentille, elle s’occupe de la cuisine puis nous faisons de courses ensemble elle tricote des peignoirs et des pantoufles elle est amie avec des oiseaux.

Ma maison n’aura pas d’atelier pour commencer mais j’espère ajouter un en bois. Peut-être alors je me mettrai à peindre.

Le pays a été bien joli de couleurs boleaux [bouleaux ?] hêtres, chênes quelques pins puis une tempête a balayé presque toutes les feuilles, nous avons vu de la neige sur les montagnes ces derniers jours. Il y a un couple de faisans qui se promènent parfois dans le jardin qui est un paquet de peu des bois. J’aurai aussi le bois comme jardin à l’autre maison.

5

J’ai maintenant un [une] TSF. Cela marche très sagement. Lillie H[arrison] le surveille. Tout à l’heure nous allons assister à l’office dans une cathédrale.

Je te renvoie ces jolis papiers. Ces gens en Amérique disent en effet que comme ils ont le droit de le faire ils ont prélevé 10 pour cent sur vos dividendes pour cause de l’impôt sur le revenu. Si vous tenez à protester contre ce qu’ils font on vous écouterait seulement si vous êtes citoyen américain, votre commerce dans ce pays même et votre bureau situé là aussi. Comme tu n’es qu’un (non resident alien) il n’y a rien à faire, ne gaspille pas des timbres à répondre. Je ne savais pas que Ritonne fut nommée j’en suis très contente.

La pauvre chère Maine de souffrir tant ! elle a beaucoup de mérite à travailler.

6

Je vais mieux je suis un peu reposer [reposée] depuis que je suis ici, j’ai moins de malaise. Une drôle de chose m’arrive, mes cheveux sont moins blancs. Mon médecin de Southport m’a donné quelque chose à prendre contre le rhumatisme. Je le prends depuis quelques mois, cela fait un peu de bien mais surtout il fait que les cheveux qui poussent à présent sont noirs. Le mélange est gris comme il y a dix ans. Arthur va bien, il est toujours content [de] me voir quand je me présente chez lui.

Au revoir Jean. Je tâcherai d’écrire plus souvent.

Je vous embrasse tous les deux bien affectueusement.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (09 novembre 1936) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 09 novembre 1936.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Merci Jean de ton mot rasurant [rassurant]. Non tu ne m’ennuie [ennuies] jamais. Ces papiers disent que Utah Copper & Kennecot Copper veulent [manger ?]. Une feuille est pour nommer un des hommes només [nommés] là pour qu’il vote pour vous. Mais c’était déjà trop tard pour que le papier parvient avant le meeting, c’est pourquoi je ne me suis pas pressé [pressée] de répondre samedi. D’ailleurs l’affaire n’a pas d’importance ils le feront car [quand] même. Ils disent que les directors dans l’une companie [compagnie] sont les mêmes que dans l’autre pour la plupart.

Voici les photos de ma maison. Elle n’est pas grande et les pièces ne sont pas très haute [hautes]. C’est bien une maison d’ici. Il faudra quelque temps pour que le ciment et plâtre sèchent avant de finir l’intérieur.

Lillie Harrison est rentré [rentrée] chez elle pour 4 ou 5 jours elle va revenir, elle est gentille pour moi.

Je vais jusqu’à la boîte à lettres malgré le mauvais temps. Je préfère sortir avant la nuit il n’y a que de réberbéres [réverbéres] sur la grande route bien sûr j’ai une lampe électrique. Comment vont tout le monde ?

Port-Cros m’a beaucoup manqué cette année. Je me l’apperçois [m’en aperçois] davantage que l’hiver commence.

Au revoir.

Je vous embrasse fort tous les deux.

Bertha

 

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (01 décembre 1936) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 01 décembre 1936.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Je voudrais te souhaiter bonne [bon] anniversaire un peu tard peut-être pour le 2. Tu m’excuseras quand je te dis que Miss Thomas est morte ce matin même quand je l’ai vu la dernière fois elle était très très faible presque pas là dans son lit. Deux de ses nièces sont restées auprès d’elle. Mon avoué m’a envoyé la dépêche en ajoutant qu’elle m’a nommée exécutrice avec lui. Ces corvées-là m’arrive [arrivent] toujours s’ajouter à mes occupations. Moi j’avais pris mon billet pour venir à Paris pour arriver le 14. J’espère pouvoir le faire tout de même pour passer le Noël avec ta Maman et vous serez là n’est-ce pas, vous ne serez pas partis. Il faut que je reviens [revienne] au nouvel an.

J’ai beaucoup à faire ces jours-ci.

Au revoir Jean.

Portez-vous bien tous les deux.

Je vous embrasse bien fort.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (15 décembre 1936) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 15 décembre 1936.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Merci de ton mot. Je craignais des empêchements mais j’ai [eu] raison de tous. J’attendai [attendais] pour le dire sûr (si le temps ne m’arrête pas en route). J’arriverai à 9.45 h[eures] à la gare S[ain]t-Lazare jeudi matin le 19. Nous avons eu un temps invraisemblable après grêle, neige, dégelle [dégel], regelle [re-gel] il a fait tempête-pluie. Beaucoup de chemin son [sont] impassable [sic]. On signale dans le pays quelques grandes chaussées 6 pieds sous l’eau.

Eh bien la crise est passée, les évêques sont contents. Je crains que le pauvre Duc de Windsor ne trouve pas le bonheur qu’il croit auprès de cette femme134. Il a bien travaillait [travaillé] pour le pays comme prince et comme roi mais il a cru pouvoir avoir un peu de liberté. Il a compris dès le commencement que cette femme ne ferait pas bien comme reine.

Au revoir, à bientôt.

Je vous embrasse tous les deux bien affectueusement.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (21 mars 1950) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 21 mars 1950.

Il me fait de la peine Jean de te savoir toujours fatigué aussi tes yeux. A part mes yeux qui voient de moins en moins, je vais très bien mais j’ai vieilli, je fais tout très lentement. Le docteur est surprit [surpris] que j’aie pu me remettre. Je trouve ton projet bien. Avec un si bon projet, il faut l’acomplir [accomplir] aussitôt. Je ferai ce que je pourrai. Je suis contente que Germaine puisse venir, il faut aller doucement en voyageant. Le printemps commence ici nous sommes à peu près 1 mois en retard sur Paris. Nous avons l’été devant nous. Je vous donc attends. Si par hasard je suis sortie quand vous arrivez tu sais Miss Wawn habite en face de moi aussi la famille Evans est sous le même toit qu’elle. Que je serai contente vous revoir tous les deux. Nous aurons beaucoup à nous dire.

Je trouve que d’écrire grand me déroute dans les lettres.

Excuse les fautes.

Je vous embrasse bien tous deux.

 

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (30 juin 1950) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 30 juin 1950.

Rockcroft

Windermere

Ta lettre arrive à l’instant. Que je suis contente de la recevoir aussi de savoir que tu ailles mieux les yeux aussi.

J’écris à la hâte parce que je vais sortir aux provisions avec Miss Wawn. Je profit [profite] pour mettre ceci au bureau de postes. Je ne sors pas seule. On a peur pour moi des voitures. Je vais à ce que dit le médecin merveilleusement mieux comme santé, je repris ma couleur et forces aussi j’engraisse (je voudrais m’en passer) aujourd’hui, il y a d’autres jours je ne vois presque rien. Le docteur dit que je perdrai la vue. Le cœur me donne comme un coup de pied de temps en temps. Assez de moi.

Ton heureux nouvel de Maine se sent assez bien pour prendre des vacances [sic]. Ce serait parfet [parfait] si elle pu [pouvait] pousser jusqu’ici. Je le désire bien.

En tout cas tu sais que tu est [es] toujours le bienvenu chez moi. La chambre t’attend. Il a fait très beau pour les fleurs ce printemps, des masse [masses] de couleur aux buissons.

Que c’est triste de [que] Supervielle souffre tant si longtemps, il est bien attachant.

Je ne savais pas que [Minine ?] s’est marié je n’ai aucune nouvelle de la France sauf par toi. Elle est jeune n’est-ce pas de se marier. Comme vont les Arlands [sic] ?

Et Fred[éric]135 où est-il comment vont-ils ?

Mon cousin ainé Harry Shaw en Amérique est mort, il avait 82 ans.

Il faut que je sors [sorte].

Je suis si heureuse d’avoir ta lettre j’étais inquiète j’avais peur de toutes sortes de choses.

Je vous embrasse tous les deux très tendrement.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (29 septembre 1950) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 29 septembre 1950.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel. 609

Viens je te prie Jean. Je voudrai te revoir pendant que cela m’ait [est] encore possible. Docteur Skene m’a dit que je dois perdre la vue de seul œil qui voit. Bien sûr que cela peut se tarder on ne sait pas. J’ai bon [mien ?] je vais bien autrement sauf par moment le cœur maplati [m’aplatis ?].

J’ai passé un bon été à part le temps qui a été affreux. Je suis content [contente] que tes yeux vont mieux. Je suis triste que Maine n’a pas pu profiter du [de la] campagne. Tu me trouveras bien portante je crois sauf les yeux et le cœur.

Je vous embrasse bien fort tous les deux.

Bertha

Je n’ai pas besoin que tu écris très gros pour moi si je vois tout.

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (17 novembre 1950) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 17 novembre 1950.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Jean je suis très contente de recevoir de tes nouvelles aussi celles de Maine.

Viens, comme tu dis, [au] mois de décembre136, je regrete [regrette] de ne pouvoir venir à ta rencontre. Ne voyage pas s’il fait trop froid, je ne veux pas que tu prenne [prennes] mal. Le docteur est content que tu viennes me voir.

Le temps est au froid. Mon cœur le resent [ressent]. Neige sur les montagnes. Je t’attends donc [en] décembre. Il me tard [tarde] de te voir. Je vœux [veux] que tu aies les esquisses et des photos que tu désire [désires] aussi ramasse les [Pointelans ?] et quels livres tu vœux [veux].

Je vous embrasse tous les deux très fort.

Bertha

Pardon, je n’ai pas pu mettre ceci à la boîte moi-même ces jours-ci.138

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (01 septembre 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 01 septembre 1951.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Bonne année je t’embrasse et Maine aussi.

Peux-tu venir me voir ?

Le Docteur Skene m’a dit de te le demande [demander]. Il trouve que je suis triste. Je m’inquiète du voyage pour toi. Si tu as quelqu’un qui peut venir avec toi (homme ou femme), je rembourse les frais. Je ferai retenir chambres à un hôtel où vous seraient [serez] bien. Tu viendras auprès de moi et nous causerons. Dans la maison je fais de moins en moins.

Je ne vois qu’avec un petit peu d’un œil et cela peut finir à n’importe quel moment. J’ai passée [passé] un moment pénible. Miss W[awn ?] a été mauvaise, elle tâche à m’isoler. Je suis très seule mais j’ai une femme de ménage deux jours de semaine. A présent, il y a la neige, très jolie mais je voudrai bien m’en passer. J’écris tant que c’est encore possible et tu viendras quand tu le pu [peux] n’est-ce pas ?

C’est une dernier [dernière] bonté que je demande. J’ai la [vue ?] bien et même de couleur dans les [jours ?] mais l’œil est très inquiétant, c’est près du cerveau.

Au revoir. Je vous embrasse bien fort tous les deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (16 janvier 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 16 janvier 1951.

Rockcroft

Combirthwaite

Ta lettre m’a rasuré [rassurée], je suis facilement inquiète ces jours-ci. Je te remercie je serai bien contente [de] te voir. Mais voici ce qu’il y a. Le temps est bien mauvais pour voyager, les chemins gelés, tant d’accidents de personnes et de voitures. Les contrôles coupent beaucoup de trains pour économiser. Aussi il y a une mauvaise grippe dans tout le nord d’Angleterre. Samedi le journal dit qu’il y avait 3000 gens au lit avec la grippe à Kendal. Les médecins sont tous tombé [tombés] malades dont Docteur Skene. On mande les médecins et des garde-malades en retraite. Ne penses-tu qu’il faudrait mieux attends [attendre] un peu ? Cela va passer.

Je suis peiné [peinée] que Germaine souffre davantage. Je souhais [souhaite] qu’elle aille mieux bientôt. Fais attention au rhumatisme, cela fatigue le cœur. Je veux te voir mais je ne veux pas que tu risques de te faire du mal. Je vais assez bien à présent sauf toujours les yeux et la tête, je puis continuer comme je suis quelque temps, je crois. J’écris bien mal.

Je vous embrasse bien tous les deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (22 janvier 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 22 janvier 1951.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Tu as bien fait Jean de ne pas venir il y a trop de risques en ce moment aussi il ne faut pas inquiéter Maine. Je sais de moi-même combien les inquiétudes font soufrir [souffrir]. Il faut écouter de sages conseilles [conseils].

Mais je veux te dire que dès que c’est prudent vient [viens] sans même que je te le dise. C’est que ma tête n’est pas très bien pour le moment à côté de l’œil abîmé et je pense que à la fin cela peut toucher au cerveau. Je peut [peux] me tromper. Docteur Skene ne m’a pas vu [vue] depuis avant Noël. Il va mieux, il viendra un jour bientôt. Je ne donne jamais des lettres à Miss W[awn ?] pour mettre à la boîte, je n’ai jamais eu confiance en elle. Elle est très curieuse aussi elle fait des méchancetés, tours pour s’amuser. Elle trouve la vie trop monotone. Ma femme de ménage est bonne mais elle est très occupée à présent. J’écris mal mais tu comprends. Je vais sortir avec Miss W[awn ?] je vais mettre ceci à la boîte.

Je t’embrasse bien fort et Maine aussi.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (16 février 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 16 février 1951.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Cher Jean,

Je veux bien te voir le 26 si cela t’arrange mais je crains pour toi c’est le plus mauvais moment de l’année. Notre temps est toujours un mois en retard de cel [celui] de la France pour le printemps. Aujourd’hui, il fait de la neige avec un vent pénétrant. Serait-ce possible de remettre le voyage jusqu’à après Pâques. N’arrive pas le dimanche si tu peux l’éviter. Le dimanche les trains sont plus lents, il n’y a pas de voitures à la gare.

Mes félicitations d’avoir le prix139, d’ailleurs on te doit bien cela. J’ai reçu une lettre d’Ursule après si long temps mais c’est de ma faute. Elle a fait bien plaisir à la lire je pense l’entendre parler.

Docteur Skene me trouve assez bien. Moi les petits maux de la vieillesse me gêne [gênent}.

J’embrasse bien tendrement Maine.

Je t’embrasse bien fort et je désire beaucoup te voir mais pas que cela te fasse mal140.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (09 mars 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 09 mars 1951.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Oui vient [viens] comme tu dit [dis] le 28. Je serai bien contente de te voir. Mais fais attention au voyage, couvre toi bien. Il fait très froid surtout la nuit. Je vais beaucoup mieux ces jours-ci. Mais pas guérie cela ne se peut je crois et la vue diminue. Et Maine, qui de vous deux a eu raison ? Dis-moi qu’elle va mieux.

Je vois personne que Miss W[awn?] qui tache à présent à être aimable avec moi.

Je vous embrasse tous les deux très tendrement.

Bertha

Il tombe de la neige toujours sur les montagnes.141

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (03 avril 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 03 avril 1951.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Cher Jean,

Il me tard [tarde] que tu viens [viennes].

J’ai bonne mine mais le cœur va mal et je ne vois presque rien. J’arrange que tu mange [manges] à l’hôtel.

Chère [Alise ?] elle était bonne, tu me parleras d’elle.

Pardon j’écris mal pour tes yeux.

J’embrasse bien fort Maine et toi.

Au revoir

Bertha

J’espère me remettre avant ton arriver [arrivée].

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (22 mai 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 22 mai 1951.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Cher Jean,

Peu de jours après ton départ, Docteur Skene est venu me voir. Je lui dis que je veux venir à Paris. Il répondit : « Gather ye rosebuds while ye may »142. Il avait l’air de me trouver bien.

La semaine suivante, j’étais occupée avec rammoners [ramoneurs] à la cuisine. Emmeline avait écrit qu’elle arriverait le 31 avril puis elle s’annonce pour le 27. Cela me donnait à faire et

Quand enfin elle arrivait, je descendis trop vite à 6.30 du matin ouvrir, je faillit [faillis] tomber puis le cœur allait mal. Enfin je vais mieux.

Mais je demande bien pardon du délai. Dis-moi si encore je puis venir. Ce n’est pas trop tard pour vous ? Dis-le moi franchement.

Germaine je ne veux pas gêner si vous avez des projets.

Est-ce que vous pouvez aussi recevoir Emmeline, elle ne désire pas aller faire de tourisme toute seule.

Nous pouvons je crois partir jeudi le 31 mai. Je me suis fait photographier et Doctor Skene va témoiner [témoigner] pour le passeport.

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (28 mai 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 28 mai 1951.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Cher Jean,

Tes deux lettres arrivées ce matin. Que la vie est triste. Ma grand sympathie pour vous deux, j’embrasse tendrement Maine. Il doit te contrarier de la quitter en ce moment. Ne t’inquiètes pas pour nous. Tout est commandé pour le voyage alors nous viendrons à Paris. Je demanderai à Cook de nous trouver un petit hôtel où nous pourrions rester 4 nuits. Peut-être je te verrais un moment quand tu rentre [rentres]. Ensuite il se peut que nous irons voir Ursule. Je vais lui écrire. Je tâcherai voir Ritoune.

Docteur Skene est toujours de même avis. Il veut que je continue tant que je vois du tout, après on peut tanter [tenter] opérer l’œil qui a cataract [la cataracte] mais il y a grand risque qu’on enlève le peu de vue que j’ai sans me donner davantage.

Je vous embrasse tout [tous] les deux bien fort.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (29 mai 1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 29 mai 1951.

Rockcroft

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Cher Jean,

Je me suis decide [décidée] à ne pas venir à présent c’est plus prudent. La nuit passée, j’ai eu un peu de ce malaise dans le dos du [dû] à nerves [aux nerfs]. Je ne veux pas que cela me prenne en voyage et peut-être ajoute [ajouter] à tes ennuis. Ce n’est pas bien mal mais car [quand] même. Je suis très déçu [déçue] de ne pas pouvoir venir te voir. Comment va la pauvre souffrante Maine je songe beaucoup à elle, aussi à toi.

Peut-être nous viendrons en septembre je l’espère, je suis pressée au revoir

Bien des choses à Odette143.

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (1951) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 1951.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Bonne année cher Jean

Tu as de la chance d’aller te chauffer au soleil. Oui sois bien prudent, ne t’expose pas à prendre la fièvre et surtout n’oublie pas à revenir. J’étais mal, foie et cœur, un peu mieux à présent mais très enrhumée. Tu as bien sentit [senti] qu’on a parlé de toi. Doctor Skene dis [dit] que si tout va bien je pourai [pourrai] venir l’été prochain faire une petite visite à Paris surtout si on vient à ma rencontre jusqu’à Londres.

Je vois très mal ces jours-ci. Ta lettre a mis plusieurs jours as [à] venir donc je me presse a [à] répondre. J’ai reçu de Georges [Oms ?] une jolie vue de Rome aussi des mots gracieux pour me remercier pour le portrait.

Je vous embrasse Maine et toi très tendrement.

Bon voyage

Dieu te protège

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (23 mai 1952) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 23 mai 1952.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Cher Jean,

Pardon que je ne t’ai pas écrit depuis si longtemps. Très contente de recevoir ta lettre, je m’inquiétais pensant que tu était [étais] malade.

Mes sympathes tes douleurs doivent être très agaçants [agaçantes].144 Je suis contente que Maine soit plus à l’aise.

J’ai été pendant quelque [quelques] mois très tourmenté [tourmentée] par les histoires faites par la charmante voisine, elle tâchait

m’isoler pour me dominer. Je la repousse, je désire qu’elle ne vient [vienne] plus chez moi. Je ne puis pas venir à Paris. Docteur Skene dit que je ne dois pas voyager. Parfois l’œil ne voit pas du tout, ensuite la vue revient un peu. Je suis navrée de ne pas te voir. J’ai l’air d’aller mieux, par moment je me sens bien, je marche au village mais le cœur n’est pas bien. Je pense que tu auras de bons moments avec Fred[éric]. Dis-lui bien des choses de ma part. Que fait-il ?

Peut-être j’arriverai à me remettre. Je vous embrasse tendrement tous les deux.

Bertha

24. Aujourd’hui je vais mieux mais je n’ai pas le temps de te faire la lettre.

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (janvier 1953) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – janvier 1953.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Cher Jean,

Je te demande pardon bien pardon de t’avoir laissé si longtemps sans mot de moi. C’est à cause de mes yeux surtout. Je vois de moins en moins. L’an passé Docteur Skene était fâché contre moi je ne sais pas au juste pourquoi il me négligé [négligeait]. Il y a deux semaines il est redevenu aimable. J’ai dû ne pas te dire qu’il y a un an je me suis cassé avec [séparée de] Miss Wawn tout à fait je l’ai mis [mise] à la porte.

J’étais devenue faible et fatiguée [cette ?] vilaine femme tachée [tâchait] de me dominer tout à fait à me faire des misères. Je me rendais compte que mes ners [nerfs] ne pouvais [n’en pouvaient] plus. Je résistais. Elle aussi elle me voyait l’eschapper [lui échapper]. Enfin depuis un an nous ne nous voyons plus que dans la rue. Il y a deux semaines Docteur [Skene] est venue [venu] me voir il dit qu’il ne ma [m’a] jamais vu meilleur [meilleure] mine. Il dit que je puis penser à venir en France, au beau temps si tout va bien mais pas encore.

L’hiver commençait très tôt et le froid m’a attrapé [attrapée] vers Noël, j’étais fatiguée. A présent je me sens bien et plus fort [forte]. Les yeux me gênent beaucoup je devais revoir l’occulist [occuliste], Docteur dit après le froid

 

Rockfrot,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Docteur redoutte [redoute] l’opération sur l’œil pour moi. Je lui dis « je serai tout à fait aveugle bientôt ? » Il dit oui. C’est déprimant. J’ai été très contente d’avoir de vos nouvelles. Merci de toutes les lettres.

Une chose merveilleuse m’est arrivée. En 1940, ta Maman m’a écrit une carte jolie vue d’Erquy. Quand c’est arrivé, je cuisiné [cuisinais], je la [l’ai]  mise sur la cheminée du salon tout de suite elle est disparue dans un unterstice [interstice] entre bois et mur, je ne voulais pas faire démolir la cheminée mais souvent jai pensais [j’ai pensé] à la carte que je n’avais pas lue. Le jour avant Noël, il y avait deux électriciens qui me remettaient une prise électrique, ils avaient besoin de défaire la boiserie de la cheminée et voilà la carte. Elle m’a faite [fait] un plaisir tu ne peut [peux] pas penser combien. Elle est une jolie vue du mole d’Erquy prise d’un jardin, elle me décrit l’installation chez Jean Dumas145, très commode.

Je ne puis plus à présent. Je tâcherais de t’écrire bientôt. Vous êtes bien courageux tout [tous] les deux je vous embrasse bien fort.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (16 avril 1954) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 16 avril 1954.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Cher Jean,

Je viens! Tu entends je viens! Tu es bien gentil de vouloir venir me chercher à Londres mais je ne veux pas voler. J’ai tout arrangé. J’ai les billets. Oh pardon j’écris trop fin d’ailleurs je ne vois presque pas ce que j’écris. Je pars le 30 de bonheur [bonne heure]. Mrs Evans ira jusqu’à Londres avec moi pour me mettre dans le train à Victoria qui passe par Douvres-Dunquirc [Dunkerque]. Paris Gare du Nord 9 heures matin 1er mai. J’ai bien besoin que toi ou quelqu’un me cherche à la gare. Je vois très mal surtout si je suis un peu fatiguée.

Je passais [j’ai passé] une année mauvaise l’an passé. Je vais mieux à présent sauf la vue.

Je suis pleine de sucis [soucis ?] pour vous. Avez-vous eu à changer d’adresse si fait, comment est-ce pour Maine ? Je pense souvent à elle.

Je vous embrasse tout [tous] les deux bien affectueusement.

Bertha

Oui je désire bien la chambre.

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (22 avril 1954) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 22 avril 1954.

Cher Jean, je viens de recevoir une lettre de toi 19 avril. Quel choque [choc] cette chère Maine[1] après tous [tout ce] qu’elle a souffert de sa maladie une chute ! Toutes mes sympathies avec tous les deux. Il ne faut jamais penser que tes lettres me sont indifférentes. J’y tiens beaucoup toujours.

Tout l’an passé j’ai voulu venir à Paris mais j’étais souffrante aussi j’avais une grande déception pour mes yeux en plus Dr Skene ne voulait pas entendre parler pour moi de voyager. Ce n’est que ces derniers [dernières] semaines-ci que je vais mieux, tant de choses me réclament. A présent, j’ai tout arrangé pour venir mais dis-moi si ma présence dérangera. Je tiens beaucoup à vous revoir et je resterai bien tranquil [tranquille] une fois près de vous. J’ai des réservations de trains pour partir le 30 avril. Train bateau arrivant Gare du Nord 1er mai 9 heures du matin. Ecris-moi un petit mot [pour] me dire que vous êtes toujours à 5 rue des Arènes. On me demande l’adresse où je vais descendre.

Je vous embrasse tous les deux bien fort.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (28 avril 1954) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 28 avril 1954.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Cher Jean,

Je suis maintenant tout à fait rassurée pour mon voyage aussi presque prête. J’ai perdu un peu l’habitude de faire des voyages. Je voudrais tant vous voir tout [tous] les deux.

Je vous embrasse bien fort.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (13 mai 1954) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 13 mai 1954.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Cher Jean,

Mrs Evans fut à Victoria pour me trouver à mon arrive [arrivée]. Nous sommes bien arrivé hier soir. Je viens d’écrire à M. Henri Thomas146 qu’il trouvera l’argent à la Bank que tu m’as indiqué [indiquée].

Je te remercie à Germaine et toi pour la visite si agréable et bienfaisant que j’ai fait chez vous. Que c’était bien de vous revoir. Aussi de voir toute ta famille intéressante. J’envoie de bons [bonnes] amitiés à vos cousins Bruyère. Je regrette de ne pas avoir dit au revoir aux Choffé147. J’étais pressé [pressée] à la fin.

Il pleut à présent. Je suis allée au village ce matin.

Affections à Fred[éric] et Jacqueline148.

Je vous embrasse bien tout [tous] les deux.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (21 mars 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 21 mars 1956.

The Royal Eye Hospital

Manchester

Dear Jean,

I am in Royal Eye Hospital Manchester. I have had an operation on my eye and I have been here about 10 days.

The operation was quite successful and I may be going home in a few days.

Thank you for all the letters. Most of them came at opportune moments to cheer me up.

How is Germaine? What a wonderful woman she is!

I am so pleased to hear of the arrival of Claire149. What a nice little card announcing it. I congratulate Jacqueline.

I will not be able to write for some time until they make me spectacles.

I embrace you both.

Je t’embrasse

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (01 mai 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 01 mai 1956.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Cher Jean, écoute. Je suis très triste et je ne sais au juste que faire. C’est mes yeux. L’opération sur l’œil droit paraît bien fait [faite] et je vois avec mais pas bien. On ne m’a pas encore donné de [mot illisible]. C’est plutôt embrouillant. Je suis allé [allée] voir hier l’occulist [oculiste] qui me soigne at [à] Manchester, il est content de ce qu’il a fait mais il me dit que j’ai une infection à l’œil gauche qui va sans doute augmenter puis gagné [gagner] l’œil droite [droit] en ce cas je serais tout à fait aveugle, qu’il peut l’empêcher un peu avec traitement qu’il faut continuer tout [toute] ma vie. Un [traitement ?] embettant [embêtant], il me faudrais [faudrait] avoir toujours quelqu’un à côté pour mettre des goutes [gouttes] dans les yeux.

Moi je crois qu’il se trompe peut-être de ce qu’il voir derière [voit derrière] mon œil gauche.

J’ai eu de regrettes [regrets] plusieurs fois que je n’ai pas accepté de voir la dame occulist [oculiste] dont tu m’as parler [parlée] qui est bon pour le diagnosis [diagnostic] et qui t’as aidé de conseils. Serait-il possible de la voir maintenant ?

Ma santé à certains égards est meilleur [meilleure] à présent. Mrs Evans pourrait m’accompagner. Nous pourrons venir à un hôtel pas loin de toi pour 3 ou 4 jours pour ne pas te déranger. Je vais renouveller [renouveler] mon pasport [passeport] qui est au bout de sa course. Il me faut aller voir l’occulist [oculiste] encore le 28 mai et j’aimerai avoir le cœur net avant cet [cette] date.

Plus tard je désire beaucoup que tu vient [viennes] me voir ici.

Que c’était beau ce que tu me racontais que Maine se réveillait et causait avec Marceline. Excuse cette lettre.

Je vous embrasse tout [tous] les deux. Mrs Evans est bonne pour moi, ma santé est mieux depuis qu’elle a fait une cuisine pour moi. Au revoir et pardon.

Bertha

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (14 mai 1956) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 14 mai 1956.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Cher Jean

Merci de tes deux lettres. Tu est [es] si bon de t’occuper de mes affaires mais je te prie ne fais rien je ne puis pas venir. Plus tard j’espère pouvoir fair [faire] quelque chose. Comme les amis dont tu me racontais récement [récemment]. J’ai vieilli beaucoup surtout depuis que j’ai été à l’hôpital à Manchester, je suis devenue très malade là, le foie ne résistait pas à leur traitement, c’était horrible.

Quand tu arranges pour ton été tâche à fair [faire] place à un séjour ici si Fred[éric] vient avec toi il sera le bienvenu aussi.

C’est bête je tache à faire trop mon vieux cors [corps] se fatigue très facilement. Mrs Evans soigne très bien ma nourriture, cela m’a sauvait [sauvée]. Je n’ai pas encore des lunettes qu’il me faut. Je t’embrasse bien fort.

Bertha

Pardonnes moi de t’avoir dérangé. J’embrasse Maine.

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (01 janvier 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 01 janvier 1958.
Cher Jean

Je suis-je crois près de ma fin tout fois [toutefois] on ne sais [sait] jamais avec moi. En tout cas je n’a [n’ai] pas très longtemps. La maladie gagne et je suis très lasse par moments. Je désire te voir.Viens et tu peux amener quelqu’un avec toi, je ne peux pas sortir je suis terriblement seule je veux causer avec toi je veux avoir des nouvelles de vous et de tous que je connais comme tu m’en a [fais ?]. Je te remercie tes lettres m’ont souvent remise de fatigue. Les médecin [médecins] ne dit [disent] rien sur qui compter ils sont trop occupés et souvent ils n’ont pas permission de prescrire de drogues nécessaires. Beaucoup de jeunes filles se font infirmières mais il y en a pas pour nous aider.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Je désire tellement que tu viennes je rendrai les frais de voyage. [On ?] n’a pas permit d’envoyer de l’argent. J’ai demandé à l’avoué j’ai [mot illisible] que on vient et que je veux donner quelque [mots illisibles] que faire ? Il dit acheter des manteaux de laine nous en avons de bons dans le nord ici. Je ferai cela, aussi pour qui t’accompagnerai. Je vous prie de ne rien apporter, une bonne [mot illisible] et de causette avec toi, c’est tout. Tu es bien bon de me dire tant de choses. Les gens autour de moi ne sont pas sérieux pour mettre lettre « au postes » [à la poste].

J’écrirai encore.

Mary Bridge a de sa famille malade. Je l’attend [attends] dès qu’elle peut venir. J’embrasse tous que [ceux] que j’aime, Maine, Fred[éric]150 et sa petite famille. Juillete [Juliette ?], j’aurai aimé la revoir, Barbara Church, Dominique Aury, autre encore.

Je [pâtis ?] d’un remède qui n’arrive pas par une erreur. Miss Proctor a mis l’ordonnance dans pharmacie boîte je ne sais pas laquelle et je souffre en attendant. Docteur est allé loin voir son père malade.

J’embrasse Maine et ta famille et toi en pensant à tes parents.

Au revoir.

Bertha

Beaucoup de sympathie à Julliet [Juliette ?]

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (10 janvier 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 10 janvier 1958.

Rockcroft,

Cornbirthwaite,

Windermere

Tel 609

Merci bien de ta lettre. Viens chez moi n’hésite pas. Que je nais [n’ai] pas parlé de mes yeux il y avais [avait] tant à dire et j’en suis si triste j’en ai remis à une autre fois. Je vois de plus en plus mal. Doctor Skene dit que ce que je perds de vue maintenant je perds pour toujours rien à faire. Tous [tout] est très difficile. J’ai eu Mary Bridge ici pour quelques heures pour m’aider, mettre un peu d’ordre, elle est très occupée. Je ne sors pas de c’est [mot illisible].

Maintenant est un mauvais moment de l’année. Mrs Evans s’occupe de moi je suis très malheureuse.

Il faut que je laisse partir ce mot. Je t’embrasse bien fort. A bientôt, j’espère.

Bertha

 

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (08 juillet 1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 08 juillet 1958.

Rockland Nursing Home

Grange over Sands

Lancashire

Cher Jean, vient [viens] si il t’es [est] possible je suis bien malade. Depuis Noël 1956 j’ai été malade, j’ai eu la tête cassé [cassée] on m’a espérer [espérée] morte mais tout de même je suis encore ici, je suis faible, je puis marcher quelques pas, premier temps je n’avais pas de souvenir, maintenant ça va mais pas toujours. Certaines personnes on [ont] été et sont encore très malveillant [malveillantes] pour moi pensant profiter après ma mort.

Vien [viens] je te prie m’embrasser mais soit [sois] très prudent pour toi-même. Que c’est triste les gens de notre âge s’en va [vont] un par un. Les Brugères si bon et honorable. Je suis près de la maison que nous avons habitée il y a beaucoup d’années avec mes parents presque tout le monde de ce temps est mort. J’ai eu cystitis [cystites] et autres choses de ce [sort ?] nerveuses et certains disent que je doit [dois] être mort. Je veux attendre que Dieu arrange cela.

Je t’écrirai encore si je ne suis pas mort [morte]. Dites-moi de Maine, je l’embrasse. Souvenirs à d’autres que je connais. Il y a longtemps que personne ne m’a embrassée.

Bertha

Ma femme de ménage est bonne mais elle ne doit plus venir dans cette house on a tant d’autres bonnes.

Bertha Rhodes à Jean Paulhan (1958) §

IMEC, fonds PLH, boîte 190, dossier 096182 – 1958.

Rocklands Nursing Home

Grange over Sands

Cher Jean

Je me réjouis de penser que je te verai [verrai] bientôt. On a toujours compté que Grange over Sands est à 3 heures ou davantage selon rapid [train rapide] ou non de Manchester. On peut avoir à changer en route, à présent on ne peut rien savoir de sûr. Les agents que tu a [as] employé doivent savoir le plus. Moi je ne puis pas aller demander et ici au N[ursing] H[ome] on est très mal servi pour commissions. Une fois qu’on a quelqu’un dans la maison on peut attendre longtemps un service au [à] moins que l’idée leur prend tout à coup. Hier j’avais une visite d’ancienne domestique qui connaissait mes parents. Je suis un peu fatiguée d’écouté [écouter] tant de parler [conversations]. J’écris de mon lit. Tu va [vas] me trouver changé [changée] c’est à cause de tout ce qu’on m’a fait subir mais à présent je gagne un peu de force et de colour [couleurs].

Au revoir, à bientôt.

J’embrasse Maine elle est merveilleuse.

Bertha