J.-H. Gourdoux-Daux

1823

De l’art de la danse , considéré dans ses vrais rapports avec l’éducation de la jeunesse (3e éd.)

2019
J.-H. Gourdoux-Daux, De l’Art de la danse, considéré dans ses rapports avec l’éducation de la jeunesse ; ou Méthode, Principes et Notions élémentaires sur l’Art de la Danse pour la Ville ; suivis de quelques Leçons sur la manière de se présenter et de se conduire dans la bonne Société ; par J. H. Gourdoux-Daux, maître de danse, 3e édition, revue, corrigée et augmentée, A Paris, chez l'Auteur, et chez Dondey-Dupré, 1823, in-12, X-166 p. PDF : Google.
[ii]

[Avertissement] §

N. B. L’Auteur croit devoir prier le Public de ne point le confondre avec un artiste du même nom, qui, depuis quelque tems, fait annoncer de toutes parts un nouveau Cours de danse.

[iii]

[Épigraphe] §

Les bons principes de la danse sont au corps ce que la bonne lecture est à l’esprit.

[v]

Introduction. §

La danse, dont l’origine remonte aux premiers âges du monde, ne fut d’abord qu’un mouvement naturel et spontané du corps. Dans ces tems d’une rustique simplicité, quelques bonds irréguliers exprimaient sans art, mais non pas toujours sans grâce, une joie franche et vive. Ensuite les règles s’établirent au son des instrumens et de la voix ; le corps s’agita en cadence ; les bras s’ouvrirent ou se fermèrent ; les pieds formèrent des pas lents ou rapides ; les traits du visage participèrent à ces mouvemens divers ; et la danse devint un art universel et estimé.

La danse a été en usage chez tous les peuples civilisés et barbares ; elle faisait partie de leur éducation et de leur religion même. Moïse, après la délivrance des Hébreux et [vi]après le passage de la Mer Rouge, institua des fêtes et des danses ; David dansa devant l’Arche sainte : Socrate apprit à danser d’Aspasia ; Épaminondas tenait à honneur de danser habilement ; les soldats de Crête et de Sparte allèrent à l’assaut en dansant. Nous lisons dans les commentateurs des Anciens, que les Égyptiens représentaient par des danses les mouvemens célestes et l’harmonie de l’univers ; ils dansaient en rond autour des autels consacrés au soleil, et cette figure, qu’ils décrivaient en se tenant par les mains, désignait le zodiaque, ou le cercle des signes. Les sauvages dansent autour de leurs idoles et sur les tombeaux de leurs pères. On sait que, chez les peuples de l’antiquité, les sacrifices étaient accompagnés de cris de joie, et surtout de danses : toute la nature semblait sourire à leurs fêtes publiques. Ils avaient trois sortes de danses : l’une grave, nommée emmeline, à laquelle répondent nos basses danses pavanes et nos menuets ; la seconde, qu’ils nommaient cordax, était gaie ; nous la retrouvons dans nos gaillardes voltes [vii]courantes et nos gavottes ; la troisième, appelée seimis, entremêlée de gaîté et de gravité, répond à nos branles1.

Je ne prétends point publier un traité complet d’orchestographie2 ; j’entreprends seulement d’établir et de développer quelques principes certains, quelques règles infaillibles d’un art utile et aimable, l’un des premiers ornemens de la société, et qui fait, pour ainsi dire, partie de l’éducation nationale. Trop heureux si je puis à la fois, offrir à la science des maîtres une méthode lumineuse et sûre, prémunir l’inexpérience [viii]des élèves contre les écarts du faux goût, et perfectionner un art qui a fait l’occupation et le charme de ma vie tout entière.

Cet ouvrage sera encore utile, je l’espère, à ceux qui se présentent dans le monde avec des manières forcées et éloignées du ton de la bonne société. C’est de l’étude de la danse que naissent les dispositions favorables pour acquérir cette aisance dans la marche et dans le maintien, ces manières aimables et polies, ces grâces séduisantes qui, après avoir été portées dans les beaux jours de la France à un haut degré de perfection, furent, dans des tems désastreux, contraintes chez les uns, méconnues chez les autres, et remplacées chez plusieurs par un ton difforme et grossier, ennemi de la galanterie et de l’urbanité française. Ce changement, produit par des passions diverses, porta un coup terrible à notre art en lui enlevant ses plus agréables attributs, l’élégance dans les manières et l’amabilité dans l’expression de la physionomie. On ne vit plus que cette partie matérielle qui défigurait un art plein de grâces [ix]et de charmes : on se tourna alors vers la danse de théâtre, et l’on s’en occupa entièrement, comme du seul moyen nécessaire pour briller en société.

La méthode des anciens maîtres fut tournée en ridicule, et l’on alla jusqu’à introduire l’usage des ballets dans les maisons d’éducation. Mais, si les principes du vrai et du beau peuvent s’éclipser pendant quelque tems, ils ne reparaissent qu’avec plus d’éclat après des jours de trouble et de révolution : aujourd’hui, un maître habile et sage peut parvenir à former des élèves, qui uniront à la noblesse décente de la danse ancienne, l’aisance et la grâce de la danse moderne. Tels sont les principes qui servent de base à cette méthode, que j’ai puisée dans l’expérience et dans l’étude de la nature.

Je reviens, en finissant, sur les avantages de la danse. C’est à la danse que la jeunesse doit cette souplesse dans toutes les parties du corps, cette légèreté dans tous les mouvemens qui se font si bien sentir encore dans un âge avancé. N’avons-nous pas vu, de nos [x]jours, des artistes de l’un et l’autre sexe, après une longue carrière, faire encore les délices de la scène ? Combien rencontrons-nous aussi d’amateurs dans la société, qui possèdent les mêmes avantages qu’ils avaient acquis par une étude profonde, au tems où la danse était estimée et recherchée. La danse relève, embellit, perfectionne l’ouvrage de la nature. Se présenter dans un cercle avec une aisance aimable ; saluer avec décence ; s’adresser à quelqu’un d’un ton affectueux ; offrir et recevoir quelque chose avec grâce ; s’asseoir et se lever sans roideur et sans embarras ; enfin, se préserver et de cet air timide qui nous expose au reproche de faiblesse ou d’ignorance, et de cet air fat que l’amour-propre d’autrui ne nous pardonne jamais ; voilà ce que le monde civilisé doit à notre art. Cette vivacité, qui entretient et vivifie les relations sociales, a besoin d’être tempérée et réduite au ton de l’enjouement ; sans cette heureuse modération, elle dégénère en étourderie et conduit trop souvent à l’incivilité.

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Méthode ou Principes élémentaires sur L’art de la danse pour la ville. §

Des dispositions. §

Il en est de la danse comme de tous les autres arts : sans être doué d’aucune disposition naturelle, on y réussit encore par un travail opiniâtre. Il suffit de commencer, même sans moyens, et de surmonter les premiers dégoûts, pour devenir ensuite un sujet au moins estimable.

De toutes les dispositions que la nature nous donne pour une étude quelconque, le goût est incontestablement la première. Le goût est un garant infaillible du succès ; avec le goût on se perfectionne ; sans le goût, tout devient insipide, et le plus souvent on se décourage. La justesse de l’oreille est encore un don précieux ; c’est elle qui soutient les mouvemens, les dirige, {p. 12}donne la mesure des tems, et communique à l’exécution sa véritable expression. Il ne suffit pas de marquer la mesure par la fin d’un pas, il faut encore faire ce pas dans le mouvement qui lui convient, et, pour ainsi dire, noter avec les pieds l’expression du chant. C’est l’oreille seule qui peut servir de régulateur en ce point. On a comparé avec raison un danseur sans oreille à un fou qui, n’ayant aucune liaison dans les idées, ne profère que des mots vagues et dénués de sens.

Une heureuse conformation, surtout dans les hanches et les genoux, et une juste élévation dans les coudes-pieds (que je regarde comme les ressorts de la danse, parce que leurs mouvemens soutiennent le corps entier dans son équilibre), sont des dispositions physiques essentielles dans le sujet qui se destine à l’art de la danse. Sans doute il est impossible d’arriver à la perfection, la nature est avare de ses dons ; l’homme parfait dans la structure de son corps, est un phénomène rare. Mais des disproportions trop prononcées s’opposeraient sans cesse, chez le sujet mal conformé, au jeu des ressorts, dont les fonctions consistent à former un ensemble harmonieux ; alors, on ne verrait plus de moelleux dans les mouvemens ; d’élégance dans les attitudes et dans les oppositions ; de proportion {p. 13}dans les déploiemens ; et, par conséquent, plus de fermeté ni d’aplomb. Séduits par le brillant et par la variété des pas, plusieurs élèves s’imaginent que plus ils en exécutent de forts et de difficiles, plus ils annoncent de talent et d’heureuses dispositions. Ils se trompent : ce n’est pas la quantité ni la difficulté, mais la manière dont ils exécutent leurs pas, qui fixe l’attention des connaisseurs. Souvent, tel pas qu’ils auront dédaigné, à cause de sa simplicité, ne pourra être exécuté par eux suivant les principes, qu’après plusieurs mois d’exercice, C’est aux principes qu’il faut s’attacher, et c’est à force d’attention et de patience qu’on pourra en recueillir les fruits. Si les principes sont bons, le goût se formera, se perfectionnera, et l’élève saura s’affranchir de ces contorsions violentes et souvent ridicules, auxquelles se livrent de jeunes danseurs, qui défigurent ainsi les dons de la nature et les beautés de l’art.

Nous ne prétendons pas, toutefois, faire de chaque élève un artiste accompli ; mais l’amour-propre exige qu’on se mette à l’abri du ridicule, en quelque lieu qu’on se présente ; et c’est en s’appuyant sur de bons principes de danse, et seulement après de longues et sérieuses études, qu’on évitera ces manières triviales, fruit de l’ignorance, du mauvais goût et du mauvais ton. {p. 14}Il faut se méfier de ces prétendus maîtres, comme il y en a beaucoup maintenant, qui abusent de l’ignorance où l’on est aujourd’hui sur les vrais principes, pour professer un art dont ils n’ont fait souvent qu’une étude superficielle ; et qui, loin de réprimer ou de corriger vos défauts, ne font que les accroître et les multiplier.

Sans doute, il est facile à un maître de mettre en peu de tems un élève en état de figurer dans un bal ; mais alors il faut renoncer pour jamais à se perfectionner et à se former un bon maintien. Ceux qui annoncent qu’ils peuvent faire un bon élève en peu de tems, sont des ignorans ou des hommes qui consultent plutôt leur intérêt que l’avancement de l’élève. Si ce dernier veut faire des progrès, il faut, comme nous l’avons observé, qu’il étudie avec beaucoup d’attention et de patience, et surtout qu’il n’interrompe pas par de longs intervalles le cours de ses leçons. La persévérance est, en toutes choses, le premier élément et le plus sûr garant du succès.

Du maintien. §

On ne saurait faire l’énumération de tous les défauts qui prennent leur source dans un mauvais maintien, et que le tems ne peut détruire. {p. 15}Il importe donc beaucoup de commencer par se former un bon maintien, surtout pour les jeunes personnes, avant qu’elles ne contractent, par imitation, des habitudes vicieuses. La plante du pied est la vraie base sur laquelle porte tout le poids du corps ; mais c’est la ceinture qui renferme réellement l’aplomb et facilite l’exécution de la danse. On ne peut être bon danseur sans être ferme sur ses reins ; si on les abandonne, il est impossible de se soutenir dans une ligne droite ; on risque à chaque instant de perdre le centre de gravité, et l’on ne saurait retrouver son équilibre, qu’après des efforts et des contorsions qui ôtent à la danse tout son agrément. Le danseur, bien assis sur ses hanches, doit montrer sa poitrine à découvert, par l’effacement des épaules et la position de la tête légèrement en arrière. Le menton doit être un peu rentré au-dessous de la mâchoire. Il ne faut point serrer la mâchoire, ni ouvrir les yeux avec force ; ces différentes expressions donnent de la rudesse au visage. Les bras, qui n’acquièrent de l’agilité et de la grâce que par la manière dont les coudes et les poignets sont tournés, doivent toujours être prêts à se porter partout où l’exigera le sens de la danse que l’on exprime. Le visage, miroir fidèle et interprète éloquent des sentimens de l’ame, doit peindre cette douce gaîté qui donne tant {p. 16}de charmes aux réunions des gens bien élevés.

Lorsqu’on danse, la tête suit la direction du corps ; s’il se porte à droite, la tête et l’épaule se présentent toujours au danseur qui est en opposition, en tenant réciproquement la vue fixée vers l’épaule l’un de l’autre. Pour changer le sens de la danse, on tourne la tête légèrement vers l’épaule qui se rapproche et avance un peu vers la tête, pour la présenter également sans mouvoir la ceinture, qui doit être avancée sans que, pour cela, le ventre soit plus saillant.

Les bras doivent être souples et décrire une forme arrondie, peu sensible des coudes légèrement tournés en dessus, et qui présentent la saignée vers le côté ; les poignets tournés en contraste avec les coudes, les mains arrondies des doigts sans être serrées ; le pouce et l’index formant une rondeur qui se présente en dessus, et répondant aux coudes maintenus dans un grand état de souplesse. Dans cette position, les bras présentent un moelleux qu’ils perdent lorsque la saignée est en dessus.

Les cavaliers les tiendront près d’eux en cet état ; les dames tiendront leur robe légèrement du bout des doigts, sous le pouce et l’index, la prenant à portée de leurs mains. Celles qui sont grandes et minces, tiendront les bras un peu {p. 17}avancés et écartés pour orner le corps dans les proportions.

Celles qui sont épaisses les tiendront plus rapprochés afin de ne pas le paraître davantage ; et si le ventre est fort, elles le masqueront en avancant un peu les bras ; si au contraire la ceinture est saillante en arrière, il faut tenir les bras en arrière, mais légèrement, pour ne pas leur donner de roideur.

Si les formes sont égales, il faudra tenir les bras sur les côtés proportionnellement. Ainsi, les bras étant placés comme nous venons de le démontrer, lorsqu’on veut en lever un ou deux, selon que l’exige le sens de la danse, on le soutient près de soi, le coude toujours en dessus ; on le lève à la hauteur de la poitrine sans hausser l’épaule, laissant un peu plier le coude que l’on développe en levant l’avant-bras, pour porter la main tournée en dessus en face de la poitrine, ayant soin de tenir les bras arrondis. Pour baisser le bras, on descend la main en dedans, et le bras descend continuellement à sa place. Pour lever alternativement les deux bras, au premier mouvement que l’un fait pour redescendre, l’autre fait le sien pour se lever à son tour et arriver à la hauteur qui convient, en même tems que l’autre vient en bas reprendre sa place. Pour lever les deux bras à la fois, on suit la même {p. 18}règle que pour un seul ; en les levant, on les soutient près de soi et arrondis. Quand ils sont à la hauteur de la poitrine, pour baisser les bras, les mains rentrent en dedans et les bras descendent à leur place. Ainsi, quand on donne la main, c’est du coude que s’opère le premier mouvement pour lever le bras, ensuite l’avant-bras et la main ; pour baisser le bras, c’est la main qui descend la première, et ensuite le bras continuellement jusqu’à sa place. Lorsqu’on se donne la main, la dame entre la sienne sur celle de son cavalier, qui présente la sienne de manière à la recevoir ainsi. Ces mouvemens doivent être exécutés doucement suivant la mesure, en observant les rapprochemens de tête et d’épaules, qui doivent s’exécuter du côté où l’on porte les bras ; la tête haute, les regards portés réciproquement l’un vers l’autre. Lorsqu’on lève les deux bras à la fois, la tête et les épaules restent de face ; l’art indique et l’amour-propre exécute. N’oublions jamais que ce n’est qu’en observant les règles du maintien, que l’on peut procurer au corps le jeu agréable qui produit le charme de la danse ; ce charme est presque toujours dû à un léger abandon du corps sur différens tems, à des oppositions de tête ou d’épaule faites à propos ; enfin à plusieurs autres mouvemens du ressort de l’art, mais toujours {p. 19}réglés par la décence, sans laquelle on tombe dans tous les défauts du mauvais goût et du mauvais ton.

La danse est au corps ce que la lecture est à l’esprit ; si la lecture est bonne, elle orne l’esprit et le fait briller d’un éclat plus vif que s’il était abandonné à ses seules ressources. Si le genre de danse est conforme aux vrais principes, il donne au corps des avantages que la nature seule ne donne point, et qui nous distinguent des danseurs ordinaires.

Je ne puis terminer un article sur le maintien sans recommander le menuet comme un seul moyen d’acquérir et de conserver le maintien le plus noble et le plus gracieux ; quoique rejeté par presque tous nos danseurs modernes, et même par un grand nombre de professeurs ; les premiers, parce que le menuet est le moins gai de tous les genres de danse ; les seconds, parce que le plus souvent ils en ignorent les élémens, le menuet n’en est pas moins une danse aimable, décente et polie, qui demande un talent particulier ; sa noble et élégante simplicité exige que le sujet qui l’exécute, connaisse à fond les principes de la danse et déploie toutes les grâces du maintien ; la lenteur de son mouvement donne le tems à l’attention d’approfondir les principes d’une manière sûre, et au corps celui de se développer et {p. 20}de se dessiner avec autant de méthode que de goût. C’est là, en un mot, que l’on peut acquérir plus facilement l’aplomb et la précision, qualités sans lesquelles un danseur ne parviendra jamais à un degré remarquable de perfection.

Je finis en signalant aux amateurs le menuet de la cour, comme un morceau d’une composition variée et très-élégante.

Des cinq positions. §

La position est ce qui marque les différentes situations des pieds posés à terre. Il y a cinq bonnes positions dans la danse, et cinq fausses. Des cinq bonnes positions, trois sont fermées, et deux ouvertes ; leur écartement est fixé par le maintien du corps, et limite le jeu des pas. Les cinq fausses positions se divisent en régulières ou irrégulières ; elles diffèrent des bonnes en ce que les pointes des pieds sont ou toutes deux en dedans, ou que s’il y en a une en dehors, l’autre est toujours en dedans : elles ne sont guères en usage que dans les pas compliqués, ou qui s’exécutent en tournant, et pour la danse de théâtre. Nous en donnerons un exemple dans la suite, par la démonstration de la walse, comme étant basée sur de fausses positions.

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Première position. §

Pour marquer cette position, tenez le corps en ligne droite ; joignez les talons, les pieds en dehors, les pointes tournées à droite pour le pied droit, à gauche pour le pied gauche ; de manière que vos deux pieds paraissent sur une seule ligne ; et tenez les genoux tendus.

Seconde position. §

Pour marquer cette position, étant placé à la première, les jambes tendues, posez le corps entièrement sur l’une, et sans le mouvoir, glissez l’autre sur la pointe du pied, de côté, sur la ligne directe de la première position : lorsque cette jambe est parvenue au degré de tension qu’elle doit avoir, l’ouverture présentée par cette position doit être de la longueur de votre pied environ, mesure qu’on doit surtout rigoureusement observer, quand on ne peut pas tendre les pointes des pieds.

Troisième position. §

Pour marquer cette position, croisez les pieds, le talon de l’un au défaut de l’orteil ou {p. 22}gros doigt de l’autre ; les pieds en dehors, les genoux tendus.

Quatrième position. §

Pour marquer cette position, étant à la troisième, observez la même règle que pour la seconde position ; tenez le corps placé sur la jambe qui est derrière, et sans le mouvoir, les genoux tendus, glissez la jambe qui est devant sur la pointe du pied, devant vous, jusqu’à ce qu’elle soit arrivée à son degré de tension ; ce qui la placera à la quatrième position, et vis-à-vis de la troisième.

On suivra la même règle pour marquer cette position en arrière, et comme à la seconde position, pour fixer son écart, si l’on ne peut tendre les pointes.

Cinquième position. §

Cette position ne diffère de la troisième qu’en ce que le talon, au lieu de s’arrêter au défaut de l’orteil de l’autre pied, va se joindre à la pointe, et couvre le pied dans toute sa longueur.

On tient les pieds en dehors et les genoux tendus.

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De la manière de plier. §

Plier et tendre, sont les deux points principaux de la danse ; car dans tous les pas, il faut plier pour les commencer, et tendre pour les finir. Aussi le grand secret du bon danseur est de conserver une flexion continuelle dans l’articulation des genoux et des coudes-pieds, et de paraître très-tendu sans l’être en effet. Ce secret de l’art est l’ouvrage du tems et de l’habitude ; on ne craint plus alors de reprendre les positions vicieuses que l’on pouvait avoir auparavant. Plier produit les liaisons et le moelleux de la danse ; tendre, en fait le développement, et produit la fermeté.

Lorsqu’on se sera assuré des cinq positions, on pliera à chacune d’elles les pieds en dehors le plus possible. Pour faciliter cette étude, on se tiendra légèrement à quelque chose, afin de ne pas rompre le maintien, et de ne pas prendre de force contraire au plié que l’on exécutera des genoux et des coudes-pieds le plus bas possible, sans lever les talons, la ceinture prise sur les hanches avancées, pour maintenir le corps d’aplomb et ouvrir les hanches, afin de contribuer au-dehors, le genoux tournés sur les côtés, et le plus en dehors qu’il sera possible. En se {p. 24}relevant, on s’arrêtera comme sur les pliés, afin de forcer l’exécution, observant que ce mouvement ne produise point de roideur dans aucune des parties du corps.

On exécutera ces pliés, les jambes successivement devant, pour s’habituer à ces différens sens.

Aux positions ouvertes, lorsque le pied que vous aurez glissé y sera arrivé, il faudra que le corps soit placé au milieu, qu’il descende droit sous lui et se hausse de même, afin de plier et de tendre également des deux jambes.

Règle qu’il faut suivre quand on plie les deux pieds à terre.

Du pas que l’on nomme aussitems de la danse. §

Pour former un pas, la jambe sort d’une position, passe à une autre, puis à telle ou telle autre (suivant la complication du pas) pour diriger le corps. Ainsi pour marcher, en restant tendu sur une jambe, l’autre plie un peu, et le genou se porte à une position ouverte où le corps le suit : c’est ce que nous appelons dans la danse le pas marché. Le pas dans la danse dérive de celui de la marche et du sauté, lorsqu’en lâchant le genou pour porter une jambe à une position {p. 25}ouverte (action de marcher), on plie en même tems sur l’autre (action de sauter.) On pourrait dire qu’on marche en sautant, lorsque, pour exécuter un tems, on plie les deux pieds posés à terre (action de sauter). Ce tems n’a rapport à la marche que par l’exécution du plié ; car pour sauter il faut plier les deux genoux à la fois, et forcer ce mouvement. Le pas, qui s’exécute sur place, doit être considéré comme tems de la danse nommé le sauté, parce que le corps n’a point changé de direction.

On appelle également tems ou pas, un enchaînement de plusieurs pas pour figurer dans un sens.

Le tems qui dirige le corps d’un côté ou d’autre, comme en avant, en arrière, à droite, à gauche, doit être considéré comme pas.

Le pas qui s’exécute sur place, comme souvent un balancé dans la contredanse, doit être considéré comme tems de la danse. Un pas ou tems de la danse, comparativement avec la musique, doit aussi être considéré comme tems de la mesure ; puisque, pour remplir une mesure à deux tems ou deux-quatre, mesure dite de contredanse, il faut exécuter deux pas ou tems de la danse ; lesquels, comme ceux de la musique, forment aussi quatre tems, qui sont le plier et le relevé pour chacun de ces deux tems ; ce qui fait {p. 26}que le danseur marque tous les tems de la mesure, tandis que si le musicien frappe la mesure il n’observe que deux tems, le levé et le frappé, et pour imiter le mouvement de la danse, il faudrait qu’il frappât sans interruption ; et par ce moyen il marquerait aussi les tems doublés de la mesure. Enfin, quoique le nombre des pas soit infini, on les réduit néanmoins à cinq, avec lesquels on démontre toutes les différentes figures que la jambe peut faire en marchant ou en dansant. Ces cinq pas sont, le pas droit, le pas ou vert, le pas rond, le pas tortillé et le pas battu.

Presque toutes les formations des pas se réduisent aux actions suivantes : le plié (inflexion des genoux) ; le glissé (action de mouvoir le pied à terre sans la quitter) ; l’élevé (extension des genoux pliés) ; le sauté (action de s’élever en l’air) ; le tourné (action de mouvoir le corps d’un côté ou d’un autre) ; et enfin le retombé (chute du corps forcé par son propre poids).

Des exercices pour acquérir les dispositions. §

Les exercices préliminaires étaient autrefois suppléés par des machines connues sous le nom de boîtes, où l’on entrait pour se tourner les pieds en dehors. On s’abandonnait aux souffrances causées par cette machine ; on était alors {p. 27}long-tems à reprendre le maintien du corps que ces douleurs faisaient perdre, et la facilité n’existait plus. On prétendait aussi qu’une chaussure lourde préparait une grande légèreté à l’exécution de la danse. On ne considérait pas la finesse et l’expression qu’elle reçoit des ressorts des coudes-pieds, ressorts dont on doit cultiver le jeu dès le commencement avec grand soin, et qu’une chaussure pesante devrait neutraliser. Ces ressorts se divisent en deux parties, les coudes et les phalanges des doigts. On tend le coude-pied, et on renfle le pied par le moyen des doigts que l’on rentre en dessous. Ce dernier mouvement, qui doit toujours suivre le premier dans son exécution, s’emploie quelquefois seul en certains tems, lorsqu’il n’est nécessaire que de renfler le pied.

Aujourd’hui ce n’est donc plus par un secours artificiel, mais uniquement par des exercices naturels, que l’on provoque chez l’élève les dispositions, et qu’on lui fait contracter l’habitude de les faire valoir avec succès dans l’exécution de la danse.

Des exercices appelés grands battemens. §

Pour faire cet exercice, placez vos pieds en troisième position, le corps placé selon l’ordre {p. 28}du maintien ; tenez-vous à quelque chose d’une main et sans roideur : pour soutenir le dehors et l’équilibre, appuyez le corps sur la hanche du côté où vous vous tenez ; et au moyen de l’autre hanche, enlevez la cuisse haut et la serrant en arrière, le genou et le coude-pied tendu tourné en dessus ; puis baissant la cuisse, frappez à la seconde position sur la pointe du pied, en la tirant à terre, pour rentrer la jambe à la troisième position où vous poserez le talon que vous avancerez. – Pour tourner la pointe du pied en arrière, et faciliter cette rentrée, vous tiendrez le genou tendu pour que le talon se pose.

Vous exécuterez ce tems alternativement devant et derrière, et successivement de l’autre jambe.

Cet exercice, qui produit de la facilité dans les hanches du dehors, et de la fermeté, peut en même tems remplacer les battemens des mains pour l’exercice de l’oreille, en frappant chaque battement sur une mesure de contredanse.

Des exercices appeléspetits battemens. §

Pour faire cet exercice, placez le corps comme pour les grands battemens, les jambes tendues, et à la troisième position, sortez celle du côté opposé à celui où vous vous tenez, en tournant {p. 29}la cuisse, et le genou en dessus pour soutenir le dehors : sortez le talon en avant pour faire tourner la pointe du pied en arrière, ce qui présentera la plante droite vers la terre ; glissez-y la pointe du pied, partant de la troisième position jusqu’à la seconde, où elle arrivera tendue le plus que, vous pourrez ; ensuite retirez-la également à terre pour rentrer à la troisième position, où le talon se posera par le moyen du genou tendu, la ressortant consécutivement, pour la rentrer alternativement devant et derrière.

Exécutez ces battemens des deux jambes ; cet exercice donne du dehors, de la fermeté, et habitue les coudes-pieds à se tendre, à se replier, et donne conséquemment le jeu des ressorts.

Des petits battemens sur une jambe. §

Pour faire cet exercice, placez le corps comme pour les autres battemens, vous soutenant d’une main pour soutenir le dehors, les jambes tendues et à la troisième position : sortez la jambe opposée au côté où vous vous tenez ; glissez-la sur la pointe du pied, partant de la troisième position jusqu’à la seconde ; puis y laissant la cuisse fixe, le genou serré et tourné en arrière, pliez ce genou en le lâchant : ce mouvement apportera le pied que vous renflerez (par le moyen {p. 30}des doigts que l’on courbe) au bas de l’autre jambe sur laquelle vous entrerez le talon que vous avancerez pour tourner la pointe en arrière, afin de faciliter cette entrée dessus le coude-pied, ressortant le pied, la pointe à terre, jusqu’à la seconde position, pour rentrer alternativement et consécutivement devant et derrière, et successivement de l’autre jambe.

Cet exercice donne de la souplesse dans les genoux, un jeu particulier dans le pied, et du dehors.

De la manière d’exercer l’oreille. §

L’oreille, qui dirige tous les mouvemens de la danse, doit être cultivée dès le commencement. Pour la cultiver avec succès, il est nécessaire de frapper la mesure, en marquant régulièrement les deux tems de lever et frapper, afin de s’accoutumer à la sentir. Il est encore nécessaire de doubler ensuite le frappement pour s’accoutumer à tenir ce mouvement qui est exact, avec celui de l’exécution des tems simples de la danse, et que l’on doit suivre en dansant, dans les mouvemens de contredanse ; et aussitôt que l’on s’est assuré d’un tems ou pas de la danse, il est essentiel d’en régler le mouvement par celui de la musique, en exprimant les tems de sa mesure, {p. 31}et en commençant par des airs simples ; il faut que les tems soient distincts pour aider à l’exécution de ceux de la danse ; que les airs soient variés progressivement, afin d’accoutumer l’oreille à toutes les difficultés qui existent dans la composition des airs nouveaux auxquels on resterait, pour ainsi dire, sourd si on ne s’y était préparé, et l’on romprait alors toute exécution ; ce qui arriverait indubitablement, si l’on apprenait à danser sans les règles de la musique, ou en se bornant à des airs faciles et anciens, qui diffèrent considérablement de la plupart des airs nouveaux pour le genre de composition.

Pour exercer l’oreille et comprendre le tems qui marque la mesure, lorsque l’on n’exécute qu’un tems de la danse à la fois, il faut retomber sur celui de la mesure et observer un silence sur le tems levé ; quand on en exécute deux liés ensemble, alors on observe les deux tems de la mesure, et l’on danse par conséquent sans interruption ; si l’on en exécute trois liés ensemble, il faut que le premier tombe avec la mesure, le second avec le tems levé de la mesure, et le troisième avec le tems frappé de la mesure sur laquelle on arrête, en observant un silence au tems levé de la mesure, pour retomber au premier tems de danse avec la mesure, et ainsi de suite quand on continue à exécuter trois tems de {p. 32}danse ; cette règle est pour faire comprendre aux élèves la différence entre le tems levé et le tems frappé de la mesure, que souvent ils ne distinguent pas.

Abrégé des principes du mouvement 3/4 de la musique dite du menuet. §

Ce genre de mouvement, qui n’est pas celui de la joie, est une règle imposée par l’art aux mouvemens naturels, pour les adoucir et leur donner plus de souplesse et de fermeté par la manière de plier et de tendre ; il assure le maintien et facilite l’exécution de la danse dans ses développemens, par l’aplomb et le tems qu’il lui donne.

C’est par un grand nombre d’exercices multipliés dans ce genre, que chaque jour la grande danse acquiert de nouveaux avantages.

Du pas appelétems de courante. §

Pour exécuter ce tems, placez le corps selon l’ordre du maintien ; et, posé sur vos deux jambes, les pieds à la troisième position et en dehors, pliez bas et lentement, en soutenant le dehors, comme il est indiqué à la manière de plier ; relevez-vous dans le même mouvement ; sortez la {p. 33} jambe de derrière sur la pointe du pied à la seconde position, où elle doit arriver tendue en même tems que l’autre sur laquelle le corps est posé ; restez un tems ; ensuite soutenant le genou en dehors à l’aide du talon que vous présentez, ce qui tourne la pointe du pied en arrière, tirez à terre cette pointe du pied en rapprochant la jambe pour la glisser, lâchant un peu le genou à la quatrième position en avant, où elle doit arriver tendue, suivant la manière de marquer cette position ; avancez ensuite le corps ; placez-vous sur cette jambe ; rapprochez consécutivement le pied de derrière à la troisième position, derrière.

Répétez ce tems alternativement des deux jambes.

Pour faire ce tems en arrière, suivez la même règle que pour le faire en avant ; pliez et relevez-vous ; sortez à la seconde position la jambe qui est à la troisième, devant ; arrêtez un tems ; soutenez le dehors ; rapprochez la jambe pour la passer à la quatrième position en arrière ; posez le corps dessus, et rapprochez consécutivement l’autre jambe devant à la troisième position.

Répétez ce tems en arrière alternativement des deux jambes.

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Du tems de courante à deux mouvemens. §

Le corps placé, les jambes tendues, et à la troisième position pour faire ce tems, suivez la même règle que pour le tems de courante à un mouvement, avec cette différence que, lorsque la jambe que vous aurez sortie de derrière sera, en vous relevant, arrivée à la seconde position, au lieu d’arrêter un tems, le corps se portera consécutivement de ce côté, et se plaçant au milieu, descendra droit sous lui, pour plier également des deux jambes que l’on tiendra tournées (second mouvement), et se relevant, le corps retournera se replacer sur la jambe où il était : celle qui restera de côté, à la seconde position, passera à la quatrième en avant, en observant la manière indiquée pour le tems de courante à un mouvement. Exercer ce tems alternativement des deux jambes en avant, et successivement en arrière, observant également la même règle que pour le tems de courante à un mouvement, avec la différence du second mouvement exécuté à la seconde position.

Ce tems, comme exercice, donne de la souplesse dans les articulations, accoutume à soutenir le dehors et à limiter l’étendue des positions ouvertes ; il protége encore le maintien général du corps et des bras, que l’on observera pour se familiariser avec l’exécution.

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Du tems appeléchangement de jambe sur les pointes. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les jambes à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, descendez droit sous vous, en pliant lentement bas sans lever les talons ; tenez les genoux tournés à vos côtés ; relevez le corps en tendant et vous haussant sur les pointes des pieds que vous tiendrez tendues le plus possible, sans donner de roideur au maintien ; avancez les deux talons également, pour faciliter le passage de la jambe de devant, derrière, et de celle qui est derrière, devant, avec uniformité de mouvement ; soutenez les coudes-pieds dans leur repliement ; remboîtez-les en troisième position ; posez doucement les talons, et continuez cet exercice : il donne de l’aplomb, de la fermeté dans le coude-pied, l’habitue à plier, à tendre, pour éviter les défauts contraires de rester sur les pointes ou sur les talons en dansant ; ce qui empêche l’élasticité dans l’exécution.

De l’assemblé sur les pointes à la troisième position. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les {p. 36}jambes tendues, et à la troisième position. Pour exécuter ce tems, appuyez le corps entièrement sur la jambe qui est devant ; et d’aplomb sur la hanche, ce qui dégagera la jambe qui est derrière, pliez sur celle qui est devant ; levez en même tems sur la pointe le pied qui est posé derrière, ce qui fera lâcher ou plier le genou que vous tiendrez tourné, et développerez en glissant le pied, la pointe à terre sans l’appuyer, jusqu’à la seconde position où la jambe se prolongera et arrivera tendue, en même tems que l’autre arrivera pliée. Pour vous relever, tenez la jambe tendue, tirez-la sur la pointe du pied, pour la rapprocher et l’entrer devant l’autre, qui se trouvera tendue en même tems que celle qui avait été développée arrivera à la troisième position, où vous continuerez de vous hausser sur les pointes des pieds, en les tendant le plus qu’il vous sera possible ; soutenez-vous-y, afin de poser les talons doucement et à volonté.

Continuez ce tems en avant alternativement des deux jambes. Pour l’exécuter en arrière, suivez la même règle que pour l’exécuter en avant ; posez le corps entièrement sur la jambe qui est derrière, bien appuyé sur la hanche, ce qui dégagera le pied qui est devant ; pliez sur la jambe qui est derrière ; levez en même tems sur la pointe le pied qui est devant ; glissez cette {p. 37}pointe jusqu’à la seconde position où elle se prolongera et arrivera tendue ; ramenez-la en vous relevant et continuant de vous hausser sur les pointes, en la rentrant derrière l’autre jambe à la troisième position, où vous poserez doucement les talons.

Cet exercice donne de l’aplomb, de la fermeté dans les hanches et les coudes-pieds, et produit le développement des jambes.

Il est nécessaire de régler le mouvement de ces exercices par celui de la musique, pris dans le sens du menuet ; lequel doit être joué 22 mesures environ à la minute.

Du pas debourrée dessous, dit pas de menuet exécuté de côté, à la seconde position. §

Placez votre corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors, le droit devant ; faites du pied droit un coupé de ce côté à la seconde position, c’est-à-dire pliez les deux jambes et glissez en même tems le pied droit sur la pointe jusqu’à la seconde position, et aussitôt que la jambe sera développée ou tendue, relevez-vous de dessus l’autre, pour vous poser entièrement sur celle que vous avez développée de côté ; pliez aussitôt droit dessous vous, en tirant le pied gauche que vous glisserez {p. 38}sur la pointe, pour l’entrer à la troisième position, derrière l’autre jambe, où elles se trouveront toutes deux pliées en même tems ; puis relevez-vous et haussez-vous sur les pointes et tenez les genoux tendus ; marchez dans cet état, en partant du pied droit, pour le poser à la seconde position de ce côté, et rentrez consécutivement le pied gauche à la troisième position derrière, pour les deux tems du pas de bourrée, et posez les talons.

Exercez cet enchaînement des deux côtés, en observant de donner la valeur à chaque tems, pour lequel vous ferez les deux coupés ou pliés dans le même mouvement, et vous marcherez les deux tems du pas de bourrée d’un mouvement ou de la valeur d’un des deux pliés, pour former les trois tems égaux de la mesure.

Ce pas de bourrée est le même qui se pratique sur la mesure à 2/4, dite de contredanse, comme on le verra dans la suite.

Du pas debourréeà la quatrième position en avant, dit pas de menuet en traversant. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors, pour faire le pas de bourrée en avant, de quatrième en quatrième position ou le traversé dit du {p. 39}menuet. Pliez les deux jambes à la fois, développez en même tems la jambe droite qui est devant, jusqu’à la quatrième position de ce côté ; ce qu’on appelle coupé ; relevez-vous sur la jambe qui est devant en rapprochant l’autre contre à la première position ; puis pliez une seconde fois, et, en vous relevant, marchez sur les pointes trois tems, partant premièrement du pied gauche, ce qui fera trois tems avec les deux coupés ou pliés pour les trois tems de la mesure.

Ce pas est connu dans la contredanse sous le nom de pas de bourrée couru.

Du mouvement de contredanse 2/4 ou 6/8 de la musique. §

Ce mouvement est celui de la joie ; il est sensible à l’oreille par sa vivacité et le nombre pair des tems de la mesure, qui s’accordent avec les tems également pairs de plier, de tendre, pour danser ou sauter.

C’est dans ce mouvement que la danse de ville dans un tems a beaucoup augmenté, en prenant à celle de théâtre plus même qu’un grand nombre d’élèves ne pouvaient exécuter, parce qu’ils ne considéraient pas les longs et pénibles exercices par lesquels on opère les prodiges qu’ils admiraient au théâtre, et parce qu’ils voulaient {p. 40}imiter ces prodiges, sans examiner s’ils avaient les dispositions convenables, suivant les genres d’exécution. Cet amour-propre irréfléchi rendait alors insupportable en eux ce qui était admirable dans d’autres. Cet inconvénient se fait souvent sentir quand plusieurs élèves apprennent ensemble. Celui qui a de faibles dispositions veut imiter celui qui en a de fortes, et avancer aussi rapidement ; d’où il résulte que le sujet inférieur passant trop vite sur ce qui devrait l’arrêter plus long-tems, finit par ne pas savoir ce qu’il aurait su comme l’autre, si, consultant mieux ses dispositions, il s’était affermi dans les principes, en surmontant courageusement l’ennui que nous cause en tout genre l’étude des principes : tel pas que l’on dédaigne particulièrement, produit souvent un bon effet dans la composition.

Les principes de la danse sont comparables à la lecture ; donnons-en un exemple : l’alphabet (le pas) ; épelé (assemblage de plusieurs pas pour les lier ; les mots [enchaînement de plusieurs pas pour remplir un trait] ; lire couramment (l’exécution d’une danse), qui diffère de la lecture en ce que la danse seule ne frappant pas l’ouïe, ses règles sont moins sévères et permettent le changement d’un tems pour un autre, en le soumettant toutefois à la valeur de ceux qui règlent la mesure de la musique.

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Leçons abrégées de quelques tems, ou pas sur le mouvement 2/4 ou 6/8 de la musique, mesure ditede contredanse. §

Avant de démontrer ces tems, nous ferons remarquer que si nous répétons dans chaque leçon les mêmes observations sur les principes, c’est pour les tenir sans cesse présens à la mémoire et à l’attention des élèves qui les oublient trop souvent, pour s’occuper du jeu des pas qu’on leur montre, et courir à leur exécution.

Du tems nomméchangement de jambe, exécuté à la troisième position. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, descendez le corps droit sous vous, en pliant bas des genoux et des coudes-pieds ; enlevez-vous consécutivement sans secousse, passant également les jambes l’une à la place de l’autre par la première position, et en rendant les genoux et les pointes des pieds, de façon que celles-ci se trouvent en ligne perpendiculaire avec les jambes, et près de terre, où elles retomberont par la chute du corps ; posez consécutivement les talons, les pieds à la troisième position en dehors, et serrez les genoux.

{p. 42}Ce tems, comme exercice, donne de l’élévation, habitue à plier et tendre avec vivacité.

De la manière de lier plusieurs changemens de jambe, et de les faire continuement. §

Après avoir plié et s’être enlevé, au lieu de rester tendu comme lorsqu’on n’en fait qu’un, en retombant, vous fondrez en pliant les genoux et les coudes-pieds pour vous renlever consécutivement et passer un autre changement de jambe ; retombant, continuez ce tems alternativement des deux jambes.

Ce tems, comme exercice, habitue à tenir un mouvement continu, et exerce les articulations.

De la manière d’exécuter le changement de jambe par l’élasticité des coudes-pieds. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, enlevez-vous pour changer de jambe, en tendant les pointes des pieds pour qu’elles restent posées à terre ; et retombant, vous poserez les talons que vous renleverez consécutivement pour faire un second changement de jambe ; continuez ce mouvement des coudes-pieds continuement, en changeant de jambe {p. 43}chaque fois que vous vous enleverez ; lâchez un peu les genoux pour aider à l’élasticité ; avancez les talons pour tourner les pointes des pieds en arrière, et tenez les genoux tournés à vos côtés, pour donner plus de facilité à remboîter les pieds à la troisième position et en dehors.

Cet exercice de changement de jambe, exécuté par un mouvement continu de tendre et replier les coudes-pieds, donne du moelleux, de la justesse à l’élévation par l’élasticité des coudes-pieds qu’ils reçoivent en même tems.

Du tems ou pas que l’on nommeassemblé, et exécuté à la troisième position. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, posez le corps entièrement sur la jambe qui est devant, et d’aplomb sur la hanche, ce qui dégagera le pied qui est derrière ; pliez la jambe qui est devant ; levez en même tems sur la pointe le pied qui est derrière, ce qui fera lâcher ou plier le genou 3 que vous {p. 44}aurez soin de tenir tourné à votre côté ; développez ce genou en glissant le pied, la pointe près la terre, sans y être posée, jusqu’à la seconde position où il se prolongera à cause du plié de l’autre jambe, et celle qui a été développée à la seconde position, y arrivera tendue en même tems que l’autre arrivera pliée. Pour finir ce pas, enlevez-vous en amenant en même tems la jambe qui est tendue, pour la rentrer devant à la troisième position, où elles se trouveront toutes deux également tendues ; retombez sur les pointes ; posez consécutivement les talons que vous sortirez en avant, pour remboîter plus facilement les pieds et tourner les pointes de côté ; tenez les genoux tendus.

Exécutez ce tems alternativement des deux jambes.

Pour l’exécuter dessous ou derrière, suivez la même que pour l’exécuter devant ; placez le corps entièrement sur la jambe de derrière, ce qui dégagera celle qui est devant ; pliez la jambe qui est derrière ; levez en même tems le pied qui est devant sur la pointe, que vous glisserez près la terre, sans y être posée, à la seconde position où elle se prolongera à cause du plié de l’autre jambe. Cette jambe, développée à la seconde position, doit y arriver entièrement tendue en même tems que l’autre arrivera pliée ; sur laquelle vous {p. 45}vous enleverez ; et rapprochant en même tems l’autre jambe pour l’entrer derrière à la troisième position où vous retomberez sur les pointes, vous poserez consécutivement les talons, et vous tiendrez les genoux tendus. Exécutez ce tems alternativement des deux jambes.

Ce tems, comme exercice, donne de l’aplomb et habitue les jambes à se développer.

Du pas ou tems appeléjeté, exécuté à la troisième position. §

Ce pas dérive entièrement de l’assemblé à la troisième position : pour l’exécuter, suivez la même règle que pour l’assemblé, le corps placé selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors ; posez le corps entièrement sur la jambe qui est devant, et d’aplomb sur la hanche, ce qui dégagera le pied de derrière ; pliez la jambe qui est devant ; levez en même tems le pied qui est derrière sur la pointe, ce qui fera plier le genou que vous tiendrez tourné à votre côté ; vous le développerez en glissant le pied de côté à la seconde position, la pointe près la terre, sans y être posé ; ensuite enlevez-vous ; et au lieu de retomber sur les deux pieds comme pour l’assemblé, vous retomberez seulement sur celui que vous ramenerez devant, et vous {p. 46}releverez en même tems l’autre pied qui est derrière, contre le bas de la jambe de devant ; la pointe du pied qui est relevée, doit être basse près la terre, sans y être posée : vous tiendrez le genou tourné à votre côté pour soutenir le dehors ; le pied relevé dans cette position se trouvera dégagé ; vous le glisserez, la pointe basse de côté, à la seconde position, pliant en même tems la jambe qui est devant, et vous vous enleverez pour répéter ce tems alternativement des deux jambes. Pour le faire dessous ou derrière, suivez la même règle que pour le faire devant ; posez le corps entièrement sur la jambe qui est derrière, ce qui dégagera celle qui est devant ; pliez la jambe qui est derrière ; levez en même tems le pied qui est devant sur la pointe, que vous glisserez à la seconde position, pour développer la jambe qui y arrivera entièrement tendue en même tems que l’autre cessera de plier ; ensuite enlevez-vous en ramenant la jambe qui est développée ; la tenant tendue, vous l’entrerez derrière l’autre à la troisième position ; et tombant dessus, vous releverez en même tems le pied qui est devant le talon, au-dessus du coude-pied de celui sur lequel vous êtes retombé : vous tiendrez le pied relevé près le bas de la jambe, la pointe basse près la terre, sans y être posée, le genou tourné à votre côté, et les pieds en dehors : dans {p. 47}cette position, le pied étant relevé se trouve dégagé ; glissez-le à côté de vous à la seconde position, en pliant en même tems sur l’autre jambe ; enlevez-vous ensuite pour répéter ce tems alternativement des deux jambes.

Ce tems, exécuté sur une jambe, sert de liaison dans la composition des enchaînemens de pas.

De la manière de lier le jeté, l’assemblé et le changement de jambe. §

Le corps placé, les pieds à la troisième position et en dehors, pliez pour faire le jeté, en retombant, fondez, pliez pour vous renlever et faire consécutivement l’assemblé ; et retombant, fondez, encore plié, pour vous renlever et faire le changement de jambe ; ce qui produira un mouvement continu de plier et tendre durant cette exécution.

Du pas que l’on nommechassé, exécuté en avant de quatrième position. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour faire ce pas, avancez le pied qui est devant à la quatrième position ; puis avancez aussi le corps ; {p. 48}placez-le au milieu des deux jambes pour les plier également : aussitôt que vous aurez plié, enlevez-vous droit, et en même tems rapprochez la jambe qui est derrière, pour qu’elle vienne toucher celle de devant, afin de tomber à sa place en la chassant plus loin à la quatrième position, où elle se posera consécutivement.

Vous exercerez ce tems des deux jambes.

De la manière de lier le chassé en avant avec le jeté et l’assemblé. §

Pour lier ces trois tems, aussitôt que vous aurez chassé la jambe qui est devant, avancez le corps, posez-le entièrement dessus et d’aplomb sur la hanche, ce qui dégagera le pied de derrière que vous leverez sur la pointe ; et soutenant le genou en dehors, vous le développerez de côté en pliant en même tems l’autre jambe qui est devant ; ensuite vous vous enleverez pour faire le jeté devant, et consécutivement l’assemblé devant de l’autre jambe, et à la troisième position, observant de donner la valeur qui est indiquée pour chacun des tems.

Vous exécuterez cet enchaînement continuement et successivement de l’autre jambe.

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Du chassé en arrière de quatrième en quatrième position. §

Placez le corps, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce pas en arrière, vous suivrez la même règle que pour le faire en avant ; reculez la jambe qui est derrière à la quatrième position ; puis reculez aussi le corps que vous placerez au milieu des deux jambes, afin de les plier également des deux jambes ; et aussitôt que vous aurez plié, vous vous enleverez droit, en même tems vous reculerez la jambe qui est devant pour qu’elle touche l’autre, afin de retomber à sa place en la chassant plus loin à la quatrième position, où elle se posera consécutivement.

Vous exercerez ce tems des deux jambes.

De la manière de lier le chassé en arrière avec le jeté et l’assemblé. §

Pour lier ces trois tems, vous suivrez la même règle que pour les lier en avant. Lorsque vous aurez chassé la jambe en arrière, vous poserez le corps entièrement dessus et d’aplomb sur la hanche, ce qui dégagera le pied qui est devant, que vous leverez sur la pointe, et soutenant le genou {p. 50}en dehors, vous le développerez de côté à la seconde position, en pliant en même tems la jambe qui est derrière : aussitôt que vous serez plié, vous vous enleverez pour rentrer le jeté derrière, et consécutivement l’assemblé aussi derrière à la troisième position, observant de donner à chaque tems la valeur qui lui est due.

Vous exercerez ce tems des deux jambes.

De la manière de faire le chassé de côté de seconde en seconde position. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce pas de côté, suivez la même règle que pour le faire en avant ; dégagez le pied qui est devant ; posez-le à la seconde position ; puis soutenant le corps de face, vous le placerez au milieu des deux jambes, afin de les plier également : aussitôt que vous aurez plié, enlevez-vous droit, et en même tems rapprochez la jambe qui est restée en place, afin qu’elle vienne entrer dessous l’autre, la toucher pour retomber à sa place, en la chassant plus loin à la seconde position, où elle se posera consécutivement.

Vous exercerez ce pas des deux jambes.

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De la manière de lier le chassé de côté avec le jeté et l’assemblé. §

Pour lier ces trois tems, lorsque vous aurez chassé la jambe de côté de seconde en seconde position, vous poserez le corps entièrement dessus et d’aplomb sur la hanche, ce qui dégagera le pied qui est resté de côté, où il se prolongera par l’effet du plié de la jambe qui est sous vous ; et après avoir plié, vous vous enleverez en ramenant la jambe qui est tendue, pour la rentrer et faire le jeté devant, et consécutivement l’assemblé de l’autre jambe aussi devant et à la troisième position, observant de donner à chaque tems la valeur qui lui est due.

Vous exercerez cet enchaînement des deux jambes.

Du tems appelésissone, et exécuté simple. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, pliez également des deux jambes ; aussitôt que vous aurez plié, enlevez-vous, et retombant sur une jambe, vous détacherez l’autre pour la porter de côté à la seconde position ; où elle restera tendue en dehors, la pointe {p. 52}du pied basse près la terre, sans y être posé. On exécute cette sissone également à la quatrième position.

Vous exécuterez ce tems des deux jambes.

De la manière de lier la sissone simple, exécutée à la seconde position avec l’assemblé à la troisième. §

Pour lier ces deux tems, après avoir plié et vous être enlevé pour faire la sissone, en retombant, vous fondrez en pliant la jambe sur laquelle vous êtes posé, ce qui fera prolonger à la seconde position l’autre que vous aurez sortie de derrière ; tenez-la tendue, ensuite enlevez-vous en la rapprochant, pour la rentrer devant l’autre jambe et l’assembler à la troisième position ; retombant, fondez, encore plié, pour enlever consécutivement la sissone de l’autre jambe, et répéter ce tems que vous exécuterez continuement et alternativement des deux jambes.

Pour exécuter ce tems en arrière, suivez la même règle que pour l’exécuter devant, après avoir plié et enlevé sissone de la jambe de devant ; en retombant vous fondrez plié, ce qui prolongera à la seconde position la jambe que vous aurez sortie de devant ; la tenant tendue, vous vous enleverez pour la rentrer et l’assembler {p. 53}derrière l’autre à la troisième position ; retombant, vous fondrez, encore plié, pour vous renlever et répéter ce tems de l’autre jambe.

Vous continuerez cette exécution alternativement des deux jambes. Ce tems de sissone, lié avec l’assemblé par un mouvement continu de plier et tendre, donne de la souplesse dans les articulations, et de la justesse à l’élévation.

Cette sissone s’exécute en principes comme toutes les autres sissones qui en dérivent, en tendant la jambe ; elle prend le nom de sissone, de celui du sissonnement de la jambe, qui signifie tendre la jambe ; la sissone qu’on nomme sissone tendue, prend le nom de tendue parce qu’elle se prend en effet tendue, c’est-à-dire sans plier, seulement par le mouvement du coude-pied et d’un lâchement de genou de la jambe sur laquelle on est posé.

Même tems de sissone, rapporté dessous ou dessus le coude-pied. §

Placez le corps, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, pliez et enlevez-vous comme pour le faire à la seconde position, et en retombant, au lieu de sortir la jambe à la seconde position : si c’est la jambe de derrière, vous la plierez, ou retirerez le genou, {p. 54}ce qui relevera le pied derrière le bas de l’autre jambe : si c’est celle de devant, vous retirerez également le genou pour relever le pied devant près la jambe, le talon au-dessus du coude de l’autre pied, la pointe basse près la terre, sans y être posée ; vous tiendrez le genou tourné à votre côté.

On prend aussi de la jambe qui est devant cette sissone, pour l’exécuter dessous. Pour cet effet, après avoir plié, enlevez-vous, et en même tems passez la jambe qui est devant par la première position ; pour la rentrer et relever le pied dessous et près le bas de l’autre jambe ; vous tiendrez la pointe du pied basse près la terre, sans y être posée, et le genou tourné à votre côté.

Ce tems de sissone exécuté ainsi, est pour donner plus d’agrément à sa liaison avec les autres tems dans la composition des enchaînemens des pas.

Du pas ou tems de sissone exécuté double. §

Placez votre corps selon la règle pour le maintien ; les pieds en dehors et à la troisième position ; pour commencer ce tems, suivez la même règle que pour la sissone simple, avec cette différence que la sissone double se prend ordinairement de la jambe qui est devant : pliez, {p. 55}enlevez-vous, les deux pieds étant posés à terre, et retombez alors sur celui qui est derrière, en sortant la jambe de devant de côté, à la seconde position, en la tenant tendue et la pointe du pied basse, sans être posée à terre. Aussitôt que cette jambe aura été écartée à la seconde position, rentrez-la devant l’autre à la troisième position, sans faire aucun mouvement de plié ni de sauté, et sortez consécutivement la jambe qui est derrière de côté, a la seconde position, pour marquer de l’autre jambe le second tems double de la sissone. Pour continuer cette sissone double alternativement d’une jambe et de l’autre, faites un assemblé à la troisième position devant, de la jambe dont vous avez marqué le second tems de la sissone double ; pliez, enlevez-vous, et en retombant, sortez cette même jambe qui a fait l’assemblé, rentrez-la de suite devant l’autre, pour faire la sissone dessus ou devant, sortez consécutivement celle qui est derrière, pour marquer le second tems de la sissone doublée ; continuez ce tems en commençant par l’assemblé, et de suite la sissone double, le tout durant une mesure.

Pour exécuter cette sissone double dessous ou derrière, suivez la même règle que pour la faire dessus ; faites toujours l’assemblé devant, enlevez la sissone de la même jambe, pour marquer le premier tems, aussitôt qu’elle aura été écartée {p. 56}à la seconde position ; rentrez-la alors dessous ou derrière l’autre jambe, que vous sortirez également du même tems, pour marquer le second tems de la sissone double. Pour continuer cette sissone dessous ou derrière, faites toujours l’assemblé devant, et de la même jambe qui fera l’assemblé, faites le premier tems de la sissone et le second de l’autre jambe également. Ces deux tems doublés, pour être de la valeur de la sissone simple, doivent être exécutés promptement.

Du pas ou tems que l’on nommeéchappé, exécuté sur place. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, pliez bas et enlevez-vous ; retombant, vous écarterez également les jambes, de manière que les pieds se trouvent placés à la seconde position ; vous tiendrez les pieds et les genoux en dehors ; ensuite pour rassembler les pieds, pliez et enlevez-vous en les rapprochant et les rentrant à la troisième position.

Pour les exécuter coutinuement avec l’assemblé, lorsque vous retomberez échappé, fondez en pliant pour renlever consécutivement l’assemblé ; et retombant assemblé, fondez, encore plié, {p. 57}pour continuer ce tems, en rentrant les jambes alternativement l’une devant l’autre.

De la manière d’exécuter l’échappé d’une seule jambe. §

Placez le corps, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, pliez, enlevez-vous, et retombant, vous échapperez une jambe de l’autre, et la porterez à une position ouverte, soit à la seconde ou à la quatrième, devant ou derrière.

Du tems appelétems levé. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, posez le corps entièrement sur la jambe qui est derrière ; levez le pied de devant sur la pointe, ce qui fera lâcher le genou que vous tiendrez tourné à votre côté ; développez et levez cette jambe devant vous, en pliant en même tems celle qui est derrière, sur laquelle vous retomberez après vous être enlevé ; vous tiendrez celle de devant levée, tendue et tournée.

Pour exécuter ce tems à la seconde position, placez vos pieds à la troisième position ; tenez votre corps de face, afin qu’il ne tourne pas du {p. 58}côté où vous leverez la jambe, ce qui ferait tourner en dedans celle opposée ; ensuite, pour faire ce tems, suivez la même règle que pour le faire en avant ; placez le corps entièrement sur la jambe qui est derrière ; levez le pied de devant sur la pointe, ce qui fera plier un peu le genou que vous tiendrez tourné à votre côté ; ensuite développez et levez cette jambe de côté vers la seconde position, en pliant en même tems sur celle qui est derrière, où vous retomberez après vous être enlevé ; vous tiendrez l’autre jambe à côté de vous à la seconde position, levée, tournée et tendue.

Ce tems qui finit la jambe levée, on la pose consécutivement à la seconde ou quatrième position, selon le côté où elle est dirigée, lorsque ce tems est suivi d’un autre, observant de ne point avancer le corps avant que le pied soit posé à la position, afin de ne point l’outre-passer ; (règle pour fixer l’étendue des positions ouvertes par le maintien du corps.)

Vous exercerez ce tems des deux jambes.

Du pas que l’on nommeglissade, et exécuté à la seconde position. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour {p. 59}exécuter ce tems, posez le corps entièrement sur la jambe qui est derrière ; levez le pied de devant sur la pointe, ce qui fera lâcher ou plier le genou que vous tiendrez tourné et développerez de côté, en pliant en même tems l’autre jambe sur laquelle vous vous enleverez, et poussant la pointe du pied à terre, pour renvoyer le corps qui ira tomber sur la jambe que vous avez développée à la seconde position ; et la jambe restée de côté, vous la rapprocherez en glissant le pied la pointe à terre, pour rentrer consécutivement la jambe derrière l’autre, et à la troisième position.

Ce tems rentré en glissant, la pointe du pied à terre, est celui qui donne le nom de glissade dessous quand il rentre derrière, et dessus, quand il rentre devant : il n’a point de valeur par lui-même, parce qu’il s’est opéré avec précipitation, en rentrant derrière la jambe qui avait été jetée de côté à la seconde position.

De la manière de lier plusieurs glissades dessous et dessus. §

Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter cet enchaînement, partant à droite, vous ferez une glissade dessous ; retombant, vous {p. 60}fondrez en pliant et développant la jambe qui est devant ; vous vous enleverez pour faire une seconde glissade exécutée dessus ; retombant, vous fondrez plié, en développant alors la jambe qui est derrière, et vous vous enleverez pour exécuter la troisième glissade, et dessous ; et retombant, vous fondrez, encore plié, en développant en même tems la jambe qui est devant, et vous vous enleverez en la rentrant derrière, faisant le jeté à la troisième position : le pied gauche étant relevé, se trouve degagé pour répéter cet enchaînement à gauche ; et au lieu de faire le jeté à la fin, vous ferez l’assemblé pour terminer cet enchaînement que vous exécuterez de droite et de gauche continuement.

Du pas ou tems qu’on nommejetéà la quatrième position. §

Placez votre corps selon l’ordre du maintien, les pieds en dehors et à la troisième position. Pour exécuter ce tems, pliez les deux jambes ; développez en même tems ou continuement celle qui est devant vers la quatrième position de ce côté ; ensuite enlevez-vous et retombez sur la jambe que vous avez développée devant, et tenez celle qui est derrière levée à la quatrième {p. 61}position de ce côté, le genou en dehors et la pointe du pied tendue.

Autre manière de faire le jeté devant à la quatrième position. §

Pour exécuter ce tems, pliez et développez aussitôt la jambe qui est devant vers la quatrième position de ce côté, non en la levant comme pour l’autre jeté, mais en la glissant près la terre, sans y poser le pied, quoique la pointe doive être tendue, ou comme en la coulant près la terre. Lorsqu’elle sera développée, enlevez-vous et retombez dessus, et tenez l’autre jambe relevée derrière, comme pour le jeté précédent.

Ce jeté s’exécute d’une autre manière encore ; pliez et développez la jambe de devant comme il est indiqué ci-dessus, mais alors, en vous enlevant, passez en même tems la jambe qui est derrière vers la quatrième position devant, en sorte qu’elle y soit arrivée quand vous retomberez ; et vous la tiendrez levée selon la manière des jetés. Pour donner du moelleux et plus d’agrément à l’exécution de ce pas, lorsque vous passez la jambe qui est derrière, tenez-la bien en dehors, pliez ou lâchez un peu le genou, que vous tiendrez tourné de côté, rentrez en même tems le pied au-dessus du coude de l’autre pied, et {p. 62}soutenez-le en le laissant aller à la quatrième position devant, où vous tiendrez la jambe tendue et levée.

De la manière de faire le jeté à la quatrième position en arrière. §

Pour exécuter le jeté à la quatrième position en arrière, suivez la même règle que pour le faire en avant ; pliez, développez en même tems la jambe qui est derrière vers la quatrième position de ce côté ; ensuite, enlevez-vous pour aller retomber dessus la jambe que vous avez développée en arrière, et passez en même tems l’autre jambe de manière à ce qu’elle soit passée quand vous retomberez, et vous la tiendrez levée derrière à la quatrième position, le genou plié en dehors et la pointe du pied tendue.

Du pas ou tems debalonné, exécuté dessus le coude-pied. §

Placez votre corps selon l’ordre du maintien ; les pieds à la troisième position et en dehors pour exécuter le balonné sur le coude-pied. Pliez et développez en même tems la jambe qui est devant, vers la quatrième position de ce côté ; ensuite enlevez-vous et rapportez en même tems la jambe que vous avez développée contre l’autre, {p. 63}en entrant le pied au-dessus du coude de l’autre pied, près le bas de la jambe, et tenez le genou tourné à côté de vous.

Pour lier plusieurs balonnés ensemble, faites un balonné du pied droit en avançant un peu ; faites ensuite un jeté à la quatrième position en avant, en passant la jambe qui est derrière, et, de cette jambe qui doit être la gauche, faites un balonné dessus le coude-pied droit ; faites de la jambe gauche un jeté à la quatrième position devant, en passant en même tems celle qui est dessous ; et revenant à la jambe droite, faites un balonné de cette jambe, toujours en avançant un peu ; faites aussi un jeté à la quatrième position devant, en passant toujours en même tems la jambe qui est dessous ou derrière ; puis de la jambe gauche qui doit être devant, faites une glissade dessous à la quatrième position devant, par une fausse position, c’est-à-dire, rentrez le pied en dedans, pour faire la glissade devant vous, et tournez le corps en même tems de manière à ce que, lorsque vous serez retombé, les pieds se retrouvent dans une position naturelle, et que vous ayez la face tournée vers le côté où vous présentiez le dos, suivant la manière de traverser dans la contredanse ; et, pour terminer cet enchaînement, faites de la jambe gauche l’assemblé derrière la droite. Cet enchaînement, qui {p. 64}s’exécute durant quatre mesures, peut servir de traversé dans la contredanse.

Répétez et continuez cet enchaînement, en traversant et en retraversant. Ce tems de balonné donne de la souplesse dans les articulations et un mouvement (dit de balon) agréable à la danse, quand il est bien exécuté.

Du même tems debalonné, dit debalonné double. §

Pour exécuter le balonné double, suivez la même règle que pour le faire simple, avec cette différence que vous exécuterez deux tems doubles pour un simple. A cet effet, il faut moins plier ; resserrer les tems, les faire vite, en frappant légèrement les deux petits tems de balonné contre le bas de la jambe sur laquelle vous êtes posé, et au-dessus du coude-pied. Faites ensuite le jeté simple à la quatrième position devant, en passant également la jambe qui est dessous ou derrière ; continuez et terminez cet enchaînement de la même manière que pour le balonné simple, et durant quatre mesures, en observant toujours qu’il faut avoir le genou tourné à côté de soi, le pied également en dehors et renflé, comme il est démontré pour cette manière.

{p. 65}

Du pas debourréedoublé, exécuté dessous ou dessus pour la mesure à deux tems, dite de contredanse. §

Placez votre corps selon l’ordre du maintien ; les pieds à la troisième position et en dehors pour exécuter le pas de bourrée dessous ; pliez et lâchez ou développez en même tems la jambe qui est devant jusqu’à la seconde position de côté ; puis relevez-vous en ramenant cette jambe qui est développée, pour la rentrer derrière l’autre à la troisième position, où elles se trouveront également tendues ; soutenez-les tendues et haussez-vous sur les pointes : dans cet état, marchez deux petits pas bien resserrés et de côté, partant du pied qui est devant ; entrez consécutivement l’autre à la troisième position derrière, et posez les talons. Continuez ce tems alternativement d’une jambe et de l’autre, commençant toujours par celle qui est devant, pour la développer et la rentrer derrière l’autre. Pour faire ce pas de bourrée en mesure, il en faut faire deux pour une mesure ; et pour y arriver aussitôt que vous aurez plié, développez une jambe à la seconde position, et en vous relevant, rentrez cette jambe derrière l’autre, en comptant un tems, puis un second, du pied qui est devant, {p. 66}en l’écartant un peu de côté ; rentrez l’autre encore une fois derrière, pour le troisième tems dessous, et posez les talons. Ces trois tems de pas de bourrée doublé doivent être exécutés de la valeur du plié et du relevé qui les précèdent.

Pour faire le pas de bourrée dessus, suivez la même règle ; pliez, développez une jambe à la seconde position, et en vous relevant, rentrez-la à la troisième position devant l’autre, que vous lâcherez aussitôt de côté, pour marcher le second pas ; et rapportez encore la jambe ou le pied qui a fait le premier, pour marquer le troisième tems, en le mettant devant l’autre à la troisième position.

Pour faire le pas de bourrée dessous et dessus du même tems, après avoir entré un pied derrière l’autre, et que de cet autre pied vous aurez exécuté le second tems, mettez celui qui est entré derrière en premier devant l’autre pied, pour marquer ou faire le troisième tems et dessus.

Pour le faire, au contraire, dessus et dessous, faites le premier tems devant ou dessus, le second toujours de côté, et le troisième alors dessous ou derrière.

Autres manières de prendre ou commencer le pas debourréedessous ou dessus. §

Pour bien exécuter ce pas, il faut s’y préparer {p. 67}par un tems quelconque ; soit, comme on l’a vu plus haut, en dégageant une jambe de côté à la seconde position, soit en la dégageant à la quatrième position, en avant ou en arrière. On peut encore s’y préparer par un jeté à la quatrième position, pour aller en avant ou par un jeté à la seconde position, pour aller de côté, ou par une sissone exécutée à une position ouverte, ou enfin par tout autre tems qui vous placera sur une jambe à une position ouverte.

Du pas ou tems qu’on nomme tems decuisse, exécuté à la troisième position dessous ou dessus. §

Placez votre corps selon la règle pour le maintien ; les pieds à la troisième position et en dehors ; pliez, développez en même tems la jambe qui est devant de côté, à la seconde position ; puis enlevez-vous droit sur place ; ramenez en même tems la jambe que vous avez développée pour la frapper ou la battre de la cuisse contre l’autre, et de la pointe du pied à terre à la troisième position, derrière l’autre jambe, pour le tems de cuisse dessous, ou devant pour le tems de cuisse dessus. Laissez ressortir votre jambe en la tenant toujours tendue et en la soutenant, quand elle ressort, par suite du choc qu’elle a {p. 68}éprouvé en battant contre l’autre ; et aussitôt que vous serez retombé, posez les talons ou tombez, pliez pour faire en vous relevant un second tems de cuisse de l’autre jambe, et ainsi de suite d’une jambe et de l’autre ; en pliant et en vous enlevant continuellement, pour faire plusieurs tems de cuisse de suite, en frappant une cuisse contre l’autre, toujours au moment où vous vous enlevez sur place, sans aller de côté ; et tombez en tenant les jambes tendues quand vous voulez cesser le tems de cuisse.

Du tems decuisse, exécuté à la première position. §

Le tems de cuisse à la première position s’exécute par le même mouvement à la troisième position ; avec cette différence que, pour le tems de cuisse à la troisième position, le mouvement ou le tems se trouve assujetti d’une cuisse contre l’autre ; et que pour le tems de cuisse exécuté à la première position, le mouvement ou le tems n’est assujetti sur rien, puisqu’une cuisse opère son mouvement, en passant contre l’autre à la première position, et non en la croisant avec l’autre cuisse à la troisième position, comme un tems de cuisse exécuté à cette position.

Ainsi pour exécuter le tems de cuisse à la {p. 69}première position, faites un tems préparatoire, soit un jeté à la quatrième position devant, ou une sissone de la jambe qui est derrière ; ou lâchez simplement la jambe qui est derrière à la quatrième position de ce côté, en pliant en même tems, ce qui vous placera entièrement sur la jambe de devant, laquelle doit être pliée et l’autre relevée derrière à la quatrième position, le genou un peu plié et bien en dehors. Dans cette attitude, faites un mouvement de la cuisse de derrière, en partant de la hanche comme pour lui faire prendre un élan en la dirigeant un peu de côté ; puis enlevez-vous, et de cet élan faites en même tems le mouvement ou le tems de la cuisse, passant contre l’autre à la première position, à laquelle vous retiendrez le mouvement de votre cuisse, comme si elle y rencontrait quelque chose contre laquelle elle heurterait et qui lui ferait éprouver un bondissement un peu en arrière, en la soutenant dans ce bondissement ; ramenez-la, et continuez de la passer simplement à la quatrième position devant vous, où vous la tiendrez levée, tendue et en dehors et le corps toujours bien d’aplomb dessus l’autre jambe sur laquelle vous vous êtes enlevé, ayant eu soin de ne point quitter la place dans cette exécution.

{p. 70}

Du tems decuisseà la première position, exécuté simplement comme sous le nom de pas dezéphyre. §

Pour exécuter ce tems ou pas, suivez la même règle que pour le tems de cuisse à la première position, avec la seule différence que vous passerez une cuisse contre l’autre, sans opérer le mouvement comme pour le battre.

Du pas ou tems appelédemi-contretems, exécuté dessous ou dessus à la troisième position et sur les deux jambes. §

Placez votre corps selon l’ordre du maintien ; les pieds à la troisième position et en dehors. Faites un tems préparatoire comme un tems levé, ou dégagez simplement un pied vers une position ouverte. Pliez également des deux jambes en plaçant le corps au milieu ; enlevez-vous, et en même tems ramenez la jambe qui est derrière en la tenant bien en dehors et en la tirant sur la pointe du pied pour la serrer derrière l’autre au moment que vous êtes enlevé, de manière que, par la pression des deux jambes, celle qui est venue se serrer derrière l’autre, ressorte comme par un bondissement du choc qu’elle a {p. 71}éprouvé par la résistance de l’autre jambe. Vous la soutiendrez dans ce bondissement, et vous la passerez devant l’autre à la troisième position, où vous retomberez en même tems sur les pointes, et vous poserez consécutivement les talons.

Pour faire le demi-contretems dessus, suivez la même règle que pour l’exécuter dessous, avec cette différence que vous ferez le tems préparatoire vers la quatrième position derrière. Ensuite pliez également des deux jambes en plaçant le corps au milieu, enlevez-vous et rapprochez en même tems la jambe qui est devant en la tenant bien en dehors et en la tirant sur la pointe du pied, comme si vous ramassiez quelque chose (ainsi qu’il se dit ramasser), et la serrez alors devant l’autre pour le demi-contretems dessus : laissez-la ressortir également comme pour un bondissement qu’occasionne la résistance de l’autre jambe. Soutenez la jambe dans son bondissement, et passez-la derrière l’autre à la troisième position, où vous retomberez tendu. Exécutez ce demi-contretems dessous et dessus, et alternativement des deux jambes.

Du pas ou tems qu’on nommebrisédessus et à trois tems. §

Pour faire ce pas, les pieds étant à la troisième {p. 72}position, pliez et développez en même tems une jambe à une position ouverte. Si c’est la seconde, enlevez-vous en allant de ce côté et en même tems battez ou serrez la jambe que vous avez développée devant ou dessus l’autre, qui résistera à ce choc ; celle qui aura battu dessus ou devant l’autre, passe et retombe derrière en même tems que l’autre retombe devant et à la troisième position. Pour faire le brisé sur une jambe, retenez le pied de celle qui est rentrée derrière ; relevez de ce côté près le bas de l’autre jambe, sur laquelle vous retomberez alors entièrement.

Quand on veut marquez simplement le tems du brisé dessus, on suit la même marche que pour le battre, avec la seule différence que l’on rentre la jambe derrière l’autre sans la battre dessus.

Dubrisédessous, exécuté à la quatrième position. §

Pour exécuter ce tems, pliez et développez en même tems la jambe qui est derrière vers la quatrième position de ce côté. Ensuite enlevez-vous en allant de ce même côté, pour retomber dessus la jambe qui y a été développée, laquelle se serrera ou battra derrière ou dessous l’autre qui est devant, et par la pression des deux jambes, {p. 73}celle qui était derrière passe et retombe devant l’autre à la troisième position, conjointement pour le brisé exécuté sur les deux jambes, ou sur celle qui a passé devant pour le brisé exécuté sur une jambe, en retenant le pied de l’autre jambe relevé derrière et près le bas de celle sur laquelle vous êtes retombé.

Quand on veut marquer le brisé dessous simplement, on suit la même règle que pour le battre, avec la seule différence qu’une jambe passe derrière l’autre sans battre. On retombe également sur les deux pieds pour le brisé exécuté sur les deux jambes, ou sur celle qui passe devant pour le brisé sur une jambe, tenant l’autre relevée derrière comme au brisé sur une jambe, pour la développer ensuite quand on veut continuer ce tems en arrière.

Del’entrechat (entrer chaque tems). §

L’entrechat s’exécute de deux manières différentes par le nombre ; l’entrechat du nombre pair et celui du nombre impair. L’entrechat du nombre pair se prend où commencent les pieds étant à une position fermée, telle que la troisième : l’entrechat impair, au contraire, se prend à une position ouverte, et par cette raison perd un tems. Les tems de l’entrechat se comptent par les positions ; on passe les jambes en les battant ; le {p. 74}nombre n’en est point déterminé ; il se détermine suivant la force ou la vigueur de celui qui l’exécute : il peut varier le nombre jusqu’à son degré de force, mais ne peut le multiplier au-delà. C’est par la pression des deux jambes ensemble, plus ou moins forte et soutenue au moment que l’on s’enlève, que se multiplie le nombre de l’entrechat, lequel doit être exécuté quand on retombe.

Pour faire l’entrechat à trois du nombre impair et qui est le plus simple, si vos pieds sont à la troisième position, qui est une position fermée, prenez-en une ouverte comme la seconde, en faisant un échappé, fondez ou tombez ; pliez sur l’échappé à la seconde position ; enlevez-vous consécutivement, en croisant les deux jambes ensemble à la troisième position, et serrez-les avec une force proportionnée, de manière à ce que la jambe qui aura entré ou battu derrière passe devant, où elle se trouvera placée quand vous serez retombé ; et que celle qui a battu devant, soit passée alors derrière. Par cet exemple, on voit que les jambes étant écartées à la seconde position, elles sont entrées pour battre l’entrechat ; premièrement à la troisième position en se croisant, et que pour changer de position, c’est-à-dire, une jambe prenant la place de l’autre, il a fallu pour passer l’une devant et {p. 75}l’autre derrière, qu’elles passassent toutes deux à la première position ; les talons proche l’un de l’autre pour retomber à la troisième ; qu’en serrant encore avec plus de force, les deux jambes seraient repassées par la première position pour reprendre la troisième où elles avaient battu premièrement, et l’entrechat eût été à cinq.

De l’entrechatà quatre ou nombre pair, pris ou commencé à une position fermée. §

Pour faire l’entrechat à quatre, les pieds étant à la troisième position, pliez bas, enlevez-vous consécutivement en croisant ou en battant en même tems la jambe qui est devant, derrière l’autre, et en battant celle qui était derrière devant celle qui était devant, en proportionnant la pression de manière à ce que les jambes reprennent la place où elles étaient quand vous avez commencé.

Par cet exemple on voit que l’entrechat, pris ou commencé, les jambes étant placées à une position fermée, est du nombre pair ; puisque celle qui était à la troisième position devant, a passé par la première pour le premier tems ; qu’elle est entrée à la troisième position derrière l’autre jambe pour le second tems, et qu’elle a repassé par la première pour le troisième tems, en venant reprendre la troisième position où elle {p. 76}était en commençant, et marquer le quatrième tems de même que l’autre jambe qui a contribué à cette exécution, en observant les mêmes tems ; et que si par une pression plus forte, elle eût passé encore une fois à la première position, puis à la troisième, une jambe prenant la place de l’autre, l’entrechat eût été à six.

De l’entrechatdu nombre impair, exécuté sur une jambe. §

Pour exécuter un entrechat du nombre impair sur une seule jambe, faites un tems préparatoire, soit en lâchant simplement une jambe à la quatrième position devant ou derrière, ou un jeté à la quatrième devant, ou même une sissone dessous ou derrière. Dans cette position, vous aurez le corps entièrement posé sur la jambe de devant, et l’autre sera relevée derrière à la quatrième position ; étant dans cet état, enlevez-vous droit sur la jambe de devant, ramenez ou rapprochez celle qui est derrière en tirant la pointe du pied légèrement à terre, et serrez ou battez cette jambe derrière l’autre pour le premier tems de l’entrechat dessous ; puis, passant à la première pour le second, à la troisième devant pour le troisième tems ; et si vous voulez le faire à cinq, repassez encore à la première pour le quatrième tems, et rentrez à la troisième {p. 77}position derrière pour le cinquième, où vous retomberez sur les deux pieds pour l’entrechat sur les deux jambes ou sur une jambe ; pour l’entrechat exécuté sur une jambe en relevant l’autre à la quatrième position derrière ou devant, suivant celle sur laquelle vous serez retombé.

Pour faire ou exécuter cet entrechat à cinq dessus, suivez la même règle que pour le faire dessous, avec cette différence que si le tems préparatoire est une sissone, il faut qu’elle soit exécutée devant à la quatrième position, ce qui vous placera entièrement sur la jambe de derrière : étant dans cet état, enlevez-vous dessus la jambe sur laquelle vous êtes placé, et ramenez ou rapprochez en même tems celle qui est devant en tirant légèrement le pied, la pointe à terre pour serrer ou battre cette jambe avec l’autre, et devant à la troisième position pour le premier tems de l’entrechat, et ainsi de suite jusqu’à cinq, et alors la jambe qui était devant s’y retrouvera ; vous retomberez sur les deux jambes à la troisième position, pour l’entrechat exécuté sur les deux jambes, ou sur une pour l’entrechat exécuté sur une jambe ; l’autre alors à la quatrième.

L’entrechat, pris fermé ou pair, s’exécute également sur une jambe, c’est-à-dire en retombant sur une seule jambe, et en retenant l’autre relevée {p. 78}d’un côté ou d’un autre, suivant que l’exige le pas que l’on doit exécuter à la suite de cet entrechat qui, étant fait de cette manière, devient un tems préparatoire à un autre.

Les tems du brisé, dont nous avons parlé ou que nous avons démontrés plus haut, se comptent et se multiplient de la même manière que pour l’entrechat : leur exécution diffère en ce que l’entrechat s’exécute sous soi ou sur place, et que pour le brisé le corps se porte d’un côté ou d’un autre, suivant la position vers laquelle le brisé est dirigé.

Nous ne nous étendrons pas davantage sur les tems battus, qui d’ailleurs conviennent peu à la danse de ville, par la trop grande pratique et les exercices continus qu’ils exigent pour parvenir à une exécution douce, agréable et parfaite des tems qui naissent de la force ou de la vigueur. Il faut, pour que des tems battus soient agréables, bien plier pour les commencer, et bien tendre surtout les coudes-pieds, qu’il faut éloigner de terre le moins possible, en ne s’enlevant pas trop haut dans le moment de l’exécution ; bien serrer les jambes dans cette exécution qui s’opère en l’air ; ne point abandonner cette tension dans cet instant, et jusqu’à ce que l’on soit retombé, sans quoi les tems cesseraient d’entrer ou de passer, ce qu’il faut observer avec soin ; {p. 79}bien entrer chaque tems (entrechat entrer chaque tems), ne point prendre de force au-delà de la ceinture, c’est-à-dire qu’elle ne soit que dans les jambes et dans les reins, et non dans aucune autre partie du corps. Voilà la plus grande difficulté à laquelle peu de danseurs arrivent avec succès, et surtout un danseur de ville dont l’étude et les exercices pour la danse sont presque toujours insuffisans.

Leçon sur la valse. §

La valse étant basée sur de fausses positions, comme nous l’avons dit à l’article des positions, nous en donnons ici un exemple pour démontrer l’emploi de ces fausses positions, qui servent de base pour l’exécution des pas en tournant, mais qui reviennent toujours après aux positions naturelles dont elles dérivent.

La valse se compose de deux pas, chacun de trois tems pour une mesure, qui se compose aussi de trois tems, suivant les règles de la musique. Chacun de ces deux pas forme un demi-tour de valse, durant une mesure ; les deux pas forment alors un tour entier, exécuté durant deux mesures. Ces deux pas diffèrent l’un de l’autre de manière à s’emboîter l’un dans l’autre dans leur exécution, et pour éviter que les pieds du cavalier et ceux de la dame se rencontrent en {p. 80}valsant ; de façon que lorsque le cavalier exécute un de ces deux pas, la dame exécute l’autre ; et que le cavalier et la dame exécutent chacun alternativement l’un et l’autre de ces deux pas, comme on le verra à la suite par leur démonstration.

Pour exécuter un des deux pas de valse, placez vos pieds à la troisième position, le droit devant ; avancez le pied droit naturellement sans le mettre en dehors pour le poser à la quatrième position devant (premier tems) ; puis avancez de suite le pied gauche en le tournant de la pointe en dedans, pour le poser en cet état en travers à la quatrième position devant l’autre pied, que vous leverez de suite en tournant en même tems le corps pour qu’il se trouve tourné d’un demi-tour quand vous aurez posé le pied à la quatrième devant (second tems) ; et le pied que vous avez levé en posant ce dernier, posez-le alors à la troisième position devant l’autre, en le plaçant en dehors pour reprendre sa position naturelle et faire le troisième tems. Ce pas exécuté ainsi, en faisant un demi-tour, vous placera la face tournée vers le côté où vous présentiez le dos.

Pour exécuter le second pas et faire en même tems le second demi-tour pour un tour entier de valse, sortez votre pied gauche de {p. 81}côté, en tournant la pointe en dedans, et pour le poser à la seconde position en tournant en même tems le corps, suivant la direction que prend le pied (premier tems) ; mettez le pied droit derrière le pied gauche, et toujours en continuant de tourner le corps (second tems) ; ensuite passez le pied gauche devant vous en tournant la pointe en dedans et le corps en même tems, pour qu’il se trouve tourné d’un demi-tour au moment que vous poserez votre pied gauche à la seconde position, pour exécuter le troisième tems du second pas et du second demi-tour pour le tour entier de valse.

Par cet exemple, on voit qu’un tour de valse est composé de deux pas chacun de trois tems, ce qui fait six pour les deux et pour un tour entier de valse exécuté durant deux mesures ; et que lorsque l’une ou l’autre des deux personnes qui valsent avance le pied droit pour commencer le premier pas ci-dessus démontré, celle qui lui fait face écarte le pied gauche, pour commencer en même tems l’autre pas et lui faire place pour avancer son pied, et tourner tous deux en même tems pour un demi-tour ; et qu’alors l’un répète le pas qu’a fait l’autre, en exécutant le second demi-tour pour le tour entier de valse.

Lorsqu’on se met en place pour valser, pour {p. 82}bien prendre le pas et se mettre d’accord le cavalier avec la dame, si le cavalier tiens sa dame à côté de lui à sa droite il faut qu’il parte du pied gauche, en tournant en même tems devant sa dame comme s’il eût été devant elle ; et pour exécuter le second pas ci-dessus démontré, qui est toujours celui qu’exécute le valseur, qui présente le dos vers le côté où l’on va en valsant, comme l’autre qui présente la face de ce même côté dans cette position, exécute toujours le premier pas.

Pour bien valser, il faut bien détacher tous les tems des pas ; ne point tourner sur les pointes en même tems ; cette manière ne peut s’accorder pour tourner deux personnes ensemble, chaque tour de valse doit être fait entièrement, de manière qu’en le finissant, on doit toujours présenter la face vers le côté où l’on la présentait quand on a commencé, sans quoi l’on ne suivrait plus la ligne du valseur et l’on retomberait sur ceux qui viennent derrière ou au milieu du salon comme on le voit presque toujours. Il faut se garder de prendre toutes les attitudes vicieuses plus indécentes les unes que les autres qui naissent des mauvais lieux ; il faut que le cavalier tienne sa dame de la main droite, au-dessus de la taille ou des deux mains si elle a des difficultés pour valser ; autrement il convient mieux que {p. 83}le cavalier de sa main gauche soutienne la main droite de sa dame. Il faut soutenir les bras un peu arrondis, pour leur donner plus de grâces ; ne leur donner aucun mouvement, et dans cet état se tenir éloignés l’un de l’autre autant que le permet l’étendue des bras, pour éviter de se rendre incommode l’un à l’autre.

De la manière d’exécuter la contredanse suivant les règles de sa mesure et de ses principaux traits. §

A l’exécution de la contredanse, vous tiendrez le pied droit devant, avec lequel vous commencerez chaque trait de la contredanse, et qui s’y retrouvera toujours à la fin.

Trait pour aller en avant et en arrière. §

Pour remplir ce trait, vous ferez un tems levé à la quatrième position devant, le chassé aussi à la quatrième, le jeté et l’assemblé à la troisième position devant, et consécutivement l’échappé dessous à la quatrième ; le chassé en arrière, le jeté et l’assemblé dessous ou derrière à la troisième position.

Vous exécuterez cet enchaînement en avant et {p. 84}en arrière continuement, et suivant le mouvement des quatre mesures de ce trait.

Trait pour aller à droite et à gauche. §

Pour remplir ce trait, vous ferez un tems levé de côté, le chassé à la seconde position, le jeté devant du pied gauche, et successivement du droit aussi devant et à la troisième position ; puis vous sortirez le pied gauche qui est relevé derrière, pour faire deux glissades dessous : en revenant à gauche, vous développerez ensuite la jambe qui est devant pour la ramener, faisant le jeté devant, et consécutivement l’assemblé de l’autre jambe à la troisième position devant.

Vous exécuterez cet enchaînement à droite et à gauche continuement, et suivant les quatre mesures de ce trait.

Trait de traverser. §

Pour remplir ce trait, partant du pied droit, vous ferez le tems levé et le chassé à la quatrième position devant, puis de la jambe qui est derrière à la quatrième position ; vous dégagerez le pied pour faire le tems levé, passant la jambe par la première position, pour la poser à la quatrième devant, et faire un second chassé ; et du pied {p. 85}droit qui se trouve alors derrière, vous ferez le troisième tems levé et chassé à la quatrième devant, en tournant à la place vis-à-vis et opposée à la vôtre ; et de la jambe gauche vous ferez le jeté devant à la troisième position, et consécutivement de la jambe droite, l’assemblé aussi devant à la troisième position.

Vous exécuterez ces trois chassés-liés par le tems levé, et terminés par le jeté et l’assemblé continuement, suivant le mouvement des quatre mesures de ce trait.

Trait de balancer. §

Pour remplir ce trait, vous ferez une sissone du pied droit en le passant dessous, et vous le ramenerez devant, faisant l’assemblé à la troisième position, et consécutivement le changement de jambe ; continuez en répétant ce tems de la jambe gauche ; et revenant à la droite, vous terminerez par l’assemblé. Pour donner plus d’agrément à cette exécution, soutenant le genou tourné à votre côté, lorsque le pied est relevé derrière, arrondissez un peu en arrière avec ce pied, lorsqu’il passera de la position où il est relevé à la seconde, pour venir assembler devant.

Vous exécuterez cet enchaînement continuement, suivant les quatre mesures de ce trait.

{p. 86}

Du trait du tour de deux mains. §

Pour remplir ce trait, le cavalier et la dame se faisant face se donneront les deux mains, baissant un peu celle au centre de la danse, afin de découvrir l’autre bras, en observant la manière indiquée pour lever les bras ; ils enleveront en même tems le tems levé du pied droit, pour exécuter les trois chassés, jetés et assemblés, comme il est démontré pour le traversé ; et tournant sur leur place, le cavalier vers la droite de la dame, et la dame vers la droite du cavalier ; et finissant le tour de deux mains, ils reprendront le sens de la danse ; ils exécuteront ce tems continuement, suivant le mouvement des quatre mesures de ce trait.

Trait du dos-à-dos. §

Pour remplir ce trait, un cavalier et une dame de vis-à-vis se présenteront l’épaule droite, et s’avançant, ils passeront dos-à-dos, en exécutant les trois chassés comme pour traverser, et rentreront à leur place, faisant le jeté et l’assemblé.

Ils exécuteront cet enchaînement continuement, suivant le mouvement des quatre mesures de ce trait.

{p. 87}

Des traits de la chaîne anglaise. §

On exécutera cette chaîne en faisant les trois chassés, jetés et assemblés, comme pour traverser. Deux cavaliers et deux dames de vis-à-vis, partant du pied droit pour faire le tems levé et chassé, lèveront en même tems le bras qui est de ce côté, pour se donner la main droite en main droite ; et faisant le second chassé du pied gauche, les cavaliers tourneront sur leur droite, quittant la main de la dame de ce côté, pour donner la gauche à leurs dames qu’ils rencontreront, et continueront à tourner de ce côté, faisant le troisième chassé du pied droit, et le jeté et assemblé, en se plaçant au côté gauche de leurs dames, qui tourneront aussi sur leur gauche, exécutant le même pas.

Cet enchaînement, qui ne fait que la demi-chaîne anglaise, mettra les deux cavaliers et les deux dames de vis-à-vis à la place opposée à la leur, qu’ils reprendront en répétant le même pas lorsqu’il faudra faire la chaîne anglaise dans son entier.

Ce tems qui se divise en deux traits, on l’exécutera continuement pour la chaîne anglaise entière, suivant le mouvement des huit mesures des deux traits.

{p. 88}

Des traits de la chaîne des dames. §

Pour exécuter cette chaîne, deux dames de vis-à-vis exécutant les trois chassés comme pour traverser, se présenteront la main droite, puis la gauche aux cavaliers qui auront parti en même tems, exécutant aussi le même pas, en montant à leur droite pour se trouver à la rencontre des dames, où ils se donneront la main gauche en main gauche, et tourneront de ce côté en reprenant le sens de la danse ; et répétant ce trait, les dames rentreront à leur place.

On exécutera ces deux traits continuement, suivant le mouvement des huit mesures de ces traits.

Du trait appelédemi-queue du chat. §

Pour remplir ce trait, deux cavaliers de vis-à-vis donneront la main gauche à leurs dames, (on passe en dessous la main droite en main droite si l’on veut), levant les bras et les tenant arrondis, selon qu’il est indiqué pour leur tenue ; et exécutant les trois chassés, jetés et assemblés, comme pour traverser, les cavaliers feront passer leurs dames devant eux, en partant à leur droite pour descendre à la place de vis-à-vis opposée à {p. 89}la leur, où arrivant, ils se quitteront les mains et reprendront le sens de la danse.

Ils exécuteront cet enchaînement continuement, suivant les quatre mesures de ce trait.

Des traits de chassé-croisé. §

Pour remplir ces traits, deux cavaliers de vis-à-vis passant derrière leurs dames, allant à droite, feront le tems levé, le chassé à la seconde position, le jeté et l’assemblé devant à la troisième ; puis de la jambe droite qui est devant, ils enlèveront une sissone, passant la jambe derrière pour relever le pied au bas de l’autre jambe, et celle qui est passée derrière reviendra assembler devant ; et de la jambe gauche qui est derrière, ils enlèveront sissone dessous, rapportée ou relevée derrière le bas de l’autre jambe ; celle relevée viendra assembler devant à la troisième position : les cavaliers repassant derrière leurs dames, répéteront ce même enchaînement de la jambe gauche et allant de ce côté.

Les dames, pour exécuter le chassé-croisé, partant à gauche et passant devant leurs cavaliers, exécuteront une sissone dessous de la jambe gauche, et deux glissades dessous de ce côté, et l’assemblé derrière de la jambe gauche, de laquelle elles renlèveront une sissone dessous, et {p. 90}la même jambe viendra assembler devant l’autre à la troisième position, et également sissone dessous de la droite, et l’assemblé devant. Pour déchasser à droite, les dames repassant devant leurs cavaliers, exécuteront le tems levé, le chassé à droite à la seconde position, le jeté et l’assemblé à la troisième devant ; ensuite de la jambe gauche qui est derrière, elles feront une sissone dessous, et l’assemblé devant de la même jambe, et également de la droite, sissone dessous, et l’assemblé devant à la troisième position.

Les cavaliers et les dames exécuteront ce chassé-croisé en même tems, et continuement, suivant le mouvement des huit mesures de ces deux traits. Pour chasser les huit, on exécutera ce même enchaînement que l’on nomme chassé-croisé, lorsqu’il ne faut l’exécuter qu’a quatre personnes.

Du trait figuré à droite ou sur les côtés. §

Pour remplir ce trait, deux cavaliers de vis-à-vis, de la main droite, recevront celle gauche de leurs dames ; et partant à leur droite pour se mettre en face de ceux qui y sont placés, exécuteront en même tems le tems levé, le chassé, le jeté et l’assemblé devant, une sissone dessous de la jambe gauche qui viendra assembler devant, également sissone dessous de la droite, et l’assemblé devant.

{p. 91}Ensuite pour faire ce qu’on appelle chassé ouvert, exécuté à huit, les cavaliers et les dames qui se font face, se donneront les deux mains, répétant également ce même pas : chaque cavalier en même tems fera tourner et placer à sa droite la dame dont il tient les mains, ce qui mettra les quatre cavaliers et les quatre dames sur deux lignes : alors chaque cavalier et sa dame se trouveront en face l’un de l’autre.

On exécutera le trait figuré à droite en quatre mesures, lequel trait se trouvant lié avec celui de chassé ouvert, aussi de quatre mesures, forme huit mesures durant lesquelles on exécutera continuement ces deux traits.

Observation sur les règles d’exécution de la contredanse. §

Par les règles que nous venons de démontrer, on voit que l’exécution de la contredanse n’exige point un grand nombre de pas ; mais elle permet de varier et d’y placer un nombre infini d’autres pas, lesquels varient encore par la composition des enchaînement, comme nous venons d’en donner un exemple pris sur le petit nombre de ceux que nous avons démontrés, lesquels offrent encore beaucoup de variétés : ces changements s’opèrent le plus souvent dans les traits figurés à {p. 92}deux par l’inconvénient que les autres présentent ; d’abord par les mouvemens des bras qu’il faut soigner, mais encore plus par les personnes qui ne sachant pas danser, ou qui n’ayant pas d’oreille, trouvent presque toujours trop long chaque trait de contredanse, qui est composé de quatre mesures. Ils les retranchent quelquefois par la moitié, en vous en présentant un autre. C’est de quoi il faut se garantir, en les maintenant dans leur exécution par la sienne. Les règles de la danse l’exigent.

Chaque air de contredanse, dont les figures sont variées en partie sur la quantité des traits que nous avons démontrés, permet aussi de varier ces traits qui étant chacun de quatre mesures, les enchaînemens de pas sont réglés également pour quatre mesures, et par cette raison peuvent être exécutés dans l’un comme dans l’autre de ces traits.

{p. 93}

Différens enchaînemens de pas, selon la règle, et pour les principaux traits de la contredanse. §

(Afin de faciliter la compréhension, chaque Enchaînement est divisé par mesure représentant deux tems ou la valeur, lorsqu’il s’en trouve de doublé.)

Premier trait pour aller en avant et en arrière. §

1re. MESURE en avant. — Faites du pied droit un jeté à la quatrième position devant ; faites un coupé du pied gauche à la troisième dessous ou derrière le droit, que vous échapperez aussitôt, ou du même tems à la quatrième position en avant.

{p. 94}2e. — Chassé ouvert, et emboîtez le pied droit derrière le gauche, ou après le chassé alors ordinaire sans être ouvert, faites une glissade dessous à gauche.

3e. en arrière. — Lâchez ou sortez en pliant la jambe gauche de ce côté pour faire en vous relevant le pas de bourrée dessous ou derrière la droite, sortez ou alongez aussitôt la jambe droite sur le côté, pour faire également le pas de bourrée dessous ou derrière la gauche, en tournant en même tems le corps un peu sur la gauche.

4e. — Faites de la jambe ou du pied gauche une glissade dessous à gauche, et obliquement pour aller en arrière, ensuite sortez ou alongez la jambe gauche sur le côté pour faire un assemblé derrière la droite.

Pour traverser. §

1re. MESURE. — Faites du pied droit un jeté à la quatrième position en avant, et de la jambe gauche le tems de zéphir ou de cuisse à la première position.

2e. — Faites de la jambe gauche le jeté également à la quatrième position devant, et de la droite le tems de zéphir ou de cuisse à la première.

{p. 95}3e. — Faites de la jambe droite le tems levé, et de suite un chassé en avant.

4e. — Sortez la jambe gauche qui est derrière pour faire une glissade dessous en avant, et en tournant en même tems le corps sur la droite, et d’un demi-tour pour prendre le sens du traversé ; ensuite, faites du pied gauche un assemblé derrière le droit.

Pour aller à droite et à gauche. §

1re. MESURE à droite. — Faites du pied droit un jeté à la seconde position de ce côté, et un tems de cuisse ou de zéphir de la jambe gauche.

2e. — Faites du pied gauche un jeté à la troisième devant le droit, et une glissade dessous, en allant à droite ou partant du pied droit.

3e. à gauche. — Lâchez ou alongez la jambe droite sur le côté, pour faire le pas de bourrée dessous la gauche, et une glissade dessous partant du pied gauche.

4e. — Faites un jeté de la jambe gauche à la seconde position de ce côté, et un tems de cuisse ou de zéphir de la jambe droite.

Pour balancer. §

1re. MESURE. — Faites de la jambe ou du pied droit un jeté à la seconde position à droite, et {p. 96}en tournant un peu le corps de ce côté, et du pied gauche faites un coupé à la troisième dessous ou derrière le droit.

2e. — Faites du pied droit un jeté devant, et un tems de cuisse ou de zéphir de la jambe gauche.

3e. — Faites un jeté de la jambe gauche à la seconde position de ce côté, et en y retournant un peu le corps, ensuite faites un coupé du pied droit dessous ou derrière le gauche.

4e. — Faites une glissade dessous, en partant du pied gauche, lequel vous assemblerez ensuite derrière le droit.

Pour balancer. §

1re. MESURE. — Faites du pied droit un jeté à la troisième position devant le gauche, et du gauche un coupé à la troisième derrière le droit (ou jeté battu dessus et dessous).

2e. — Faites de la jambe droite un assemblé derrière la gauche et un changement de jambe.

3e. — Faites de la jambe droite une sissone dessous ou derrière la gauche, et ensuite un jeté à la quatrième en arrière.

4e. — Faites une glissade dessous en partant du pied gauche et en allant de ce côté, ensuite assemblez la jambe gauche derrière la droite.

{p. 97}

Pour aller en avant et en arrière. §

1re. MESURE. — Faites une glissade dessous en avant et en partant du pied droit que vous lâcherez ou échapperez du même tems, ou aussitôt à la quatrième position en avant, ensuite faites de la jambe gauche le demi-contre-tems dessous la droite.

2e. — Faites de la jambe gauche un jeté à la quatrième position devant, et tems de cuisse ou de zéphir de la jambe droite.

3e. en arrière. — Faites de la jambe droite un jeté ou pas tombé à la troisième devant la gauche, en échappant du même tems le pied gauche à la quatrième position en arrière, et en vous relevant faites le demi-contre-tems dessus.

4e. — Faites en partant de la jambe gauche une glissade dessous, de ce côté, et un peu obliquement pour aller en arrière, et assemblez la jambe gauche derrière la droite.

Pour aller en avant et en arrière. §

1re. MESURE en avant. — Faites une glissade dessous à la quatrième position en avant un peu obliquement à droite, et en présentant un peu l’épaule de ce côté, lâchez et posez {p. 98}aussitôt ou échappez le pied droit à la quatrième, devant et chassé.

2e. — Sortez la jambe gauche qui est derrière pour faire une glissade dessous en avant un peu obliquement à gauche, et en présentant également un peu l’épaule de ce côté ; faites du pied gauche un jeté dessus ou dessous le droit, et à la troisième position, et en tenant toujours le corps tourné dans le même sens.

3e. en arrière. — Glissade dessous à droite et obliquement de ce côté pour retourner en arrière ; lâchez la jambe droite sur le côté, et en pliant pour faire le pas de bourrée dessous la gauche, et en tournant en même tems le corps de ce côté.

4e. — Faites une glissade dessous à gauche et obliquement de ce côté pour continuer d’aller en arrière, et assemblez la jambe gauche derrière la droite.

Pour traverser. §

1re. MESURE. — Faites un tems levé et un chassé en avant.

2e. — Sortez la jambe gauche qui est derrière pour faire une glissade dessous et une dessus, et en tournant selon le sens de traverse.

3e. — Jeté du pied gauche à la troisième position {p. 99}devant le droit ; jeté de la jambe droite ou tems de brisé dessous ou derrière, et à la quatrième.

4e. — Sortez la jambe gauche qui est alors derrière, pour faire une glissade dessous, de ce côté, et assemblez la jambe gauche derrière la droite.

Pour aller a droite et a gauche. §

1re. MESURE à droite. — Faites un tems levé à droite et un chassé de ce côté.

2e. — Jeté du pied gauche à la troisième position devant le droit, et glissade dessous à droite.

3e. à gauche — Lâchez ou allongez la jambe droite sur le côté, et en pliant pour faire le pas de bourrée dessous la gauche, glissade dessus à gauche.

4e. — Glissade dessous toujours à gauche et assemblez la jambe gauche derrière la droite, ou jetez lorsque l’on continue de danser.

Pour balancer. §

1re. MESURE. — Faites une glissade dessous à droite, et un jeté à la troisième dessous ou derrière la jambe gauche.

{p. 100}2e. — Faites également une glissade dessous à gauche, et aussi un jeté du pied gauche à la troisième, dessous le droit.

3e. — Tems levé et chassé en avant, mais un peu obliquement sur la droite.

4e. — Sortez la jambe gauche qui est derrière pour faire une glissade dessous à gauche, un peu obliquement en arrière, et assemblez la jambe gauche derrière la droite.

Autre enchaînement pour aller en avant et en arrière. §

1re. MESURE en avant. — Faites de la jambe droite un jeté à la quatrième position en avant, et de la gauche un coupé dessous ou derrière la jambe droite, et à la troisième position.

2e. — Faites de la jambe droite un jeté à la quatrième position en avant, et en passant en même tems la jambe gauche qui est derrière, une glissade dessous en avant, et un peu obliquement sur la gauche.

3e. en arrière. — Faites du pied gauche un jeté à la troisième devant le droit, jeté de la jambe droite ou tems de brisé à la quatrième derrière.

4e. — Glissade dessous et obliquement en {p. 101}arrière, et assemblez la jambe gauche derrière la droite.

Pour traverser. §

1re. MESURE. — Faites un tems levé de la jambe droite et un chassé à trois tems, c’est-à-dire passez du même tems le pied gauche à la quatrième position devant.

2e. — Faites le chassé ouvert, et emboîtez la jambe gauche derrière la droite, et en tournant le corps sur la droite pour prendre le sens du traversé.

3e. — Lâchez ou sortez la jambe droite de côté pour faire en vous relevant le pas de bourrée dessous la gauche, glissade dessous à gauche.

4e. — Lâchez la jambe gauche de côté, et en pliant, pour faire en vous relevant deux emboîtés dessous ou derrière d’une jambe, et de suite assemblez la jambe gauche derrière la droite.

Pour aller à droite et à gauche. §

1re. MESURE à droite. — Faites de la jambe droite un tems levé de ce côté, et chassez à trois tems, c’est-à-dire passez aussitôt et du même tems le pied gauche à la troisième position devant le droit.

{p. 102}2e. — Glissade dessous à droite et jeté de la jambe qui est de ce côté à la troisième position derrière la gauche.

3e. à gauche. — Glissade dessous à gauche ; lâchez aussitôt le pied qui est de ce côté à la seconde position, pour faire en vous relevant le chassé à trois tems à gauche.

4e. — Encore une glissade dessous à gauche, et assemblez la jambe gauche derrière la droite.

Pour balancer. §

1re. MESURE — Faites de la jambe droite un jeté devant la gauche, et de la jambe gauche faites un jeté à la quatrième position derrière, en y passant en même tems la droite.

2e. — Glissade dessous à droite, et jeté à la troisième position derrière la jambe gauche.

3e. — Répétez cet enchaînement à gauche, jeté devant, jeté dessous ou en arrière.

4e. — Glissade dessous à gauche, et assemblez ou jetez à la troisième dessous la jambe droite.

Pour traverser. §

1re. MESURE. — Faites deux glissades dessous en avant, en présentant l’épaule droite pour que le corps soit tourné obliquement sur la gauche.

{p. 103}2e. — Lâchez ou développez la jambe droite sur le côté pour faire, en vous relevant, trois tems emboîtés dessus ou devant.

3e. — Sortez la jambe gauche, qui est derrière, pour faire une glissade dessous à la quatrième position, en avant et en tournant en même tems la gauche du corps en dedans pour qu’il soit tourné selon le sens du traversé ; lâchez la jambe gauche sur le côté pour faire le pas de bourrée dessous la droite.

4e. — Lâchez également la jambe droite sur le côté pour faire aussi le pas de bourrée dessous la gauche, que vous assemblerez ensuite derrière la droite.

Enchaînement pour aller en avant deux fois. §

1re. MESURE. — Faites de la jambe droite le jeté à la quatrième position devant, et un coupé du pied gauche à la troisième, dessous ou derrière le droit.

2e. — Tems de balonné de la jambe droite dessus le coude-pied gauche et jeté de la jambe droite à la quatrième en avant et en passant en même tems la jambe gauche qui est dessous ou derrière.

3e. — Jeté de la jambe gauche à la quatrième {p. 104}position devant, et tems de cuisse à la première ou de Zéphire, en posant aussitôt le pied droit à la quatrième devant.

4e. — Chassé ouvert et emboîtez le pied droit derrière le gauche.

5e. et en arrière. — Faites du pied gauche un jeté à la troisième position devant le droit, duquel vous ferez un jeté ou tems de brisé dessous à la quatrième en arrière.

6e. — Faites de la jambe gauche un second jeté ou brisé dessous ou en arrière, et de la jambe droite une glissade dessous de ce côté et un peu obliquement en arrière.

7e. — Faites de la jambe droite un jeté à la troisième position devant la gauche, en retournant le corps de ce côté, un jeté du pied gauche à la seconde et un peu obliquement arrière.

8e. et dernière mesure. — Faites de la jambe droite le pas de bourrée dessous ouvert, et emboîtez le pied ou la jambe gauche dessous la droite.

Autre solo, ou pour aller en avant deux fois. §

1re. MESURE. — Faites de la jambe droite un jeté à la quatrième position devant, et de la {p. 105}gauche un brisé sur une jambe qui est alors la droite, sur laquelle vous retomberez.

2e. — Faites un second brisé dessus en retombant cette fois sur les deux jambes, ensuite faites un entrechat à quatre, sur une jambe, c’est-à-dire retomber sur la droite et tenir la gauche relevée derrière.

3e. — Faites deux jetés ou tems de brisé à la quatrième en arrière.

4e. — Faites de la jambe ou du pied gauche un coupé à la troisième position dessous ou derrière le droit, et du pied droit un jeté à la quatrième position devant, en passant en même tems la jambe gauche qui est dessous ou derrière.

5e. — Répétez cet enchaînement de quatre mesures pour aller une seconde fois en avant, mais commençant cette fois de la jambe gauche, alors le jeté à la quatrième devant, et de la jambe droite un brisé sur la gauche.

6e. — Faites un second brisé de la jambe droite en retombant alors sur les deux jambes, ensuite faites un entrechat à quatre sur une jambe qui est la gauche, sur laquelle vous retomberez.

7e. — Faites deux jetés ou brisés dessous ou en arrière à la quatrième position.

8e. — Faites un brisé ou le tems à la quatrième {p. 106}en arrière, mais en retombant, cette fois, sur les deux jambes ; ensuite faites un entrechat à quatre, en retombant sur les deux jambes.

Pour faire le dos à dos. §

1re. MESURE. — Faites en partant du pied droit une glissade dessous en avant et en présentant le corps de côté, la droite en avant ; jetez le pied droit en avant à la quatrième, ou de côté à la seconde, puisque le corps est tourné.

2e. — Faites de la jambe gauche le pas de bourrée dessous la droite, emboîtez le pied droit derrière le gauche et ensuite le gauche derrière le droit et en tournant en même tems le corps sur la gauche, le côté droit vers votre place.

3e. — Répétez cet enchaînement pour retourner à votre place, alors faites une glissade dessous et un jeté devant en avançant vers votre place.

4e. — Faites le pas de bourrée du pied gauche dessous ou derrière le droit, emboîtez le pied droit derrière le gauche, ensuite le gauche derrière le droit en tournant sur la gauche pour rentrer à votre place.

{p. 107}

Autre enchaînement pour faire le dos à dos. §

1re. MESURE. — Faites de la jambe droite un tems levé, ensuite un chassé à trois pas ; c’est-à-dire passez du même tems la jambe gauche à la quatrième devant la droite.

2e. — Faites un second chassé en avant, sortez la jambe droite, qui est alors derrière, pour faire une glissade dessous en allant à droite pour vous disposer à retourner à votre place.

3e. — Faites encore de la jambe droite un tems levé et un chassé à trois pas, en passant la jambe gauche devant.

4e. — Faites de la jambe gauche, que vous avez passée devant, une glissade dessous, en rentrant à votre place, puis assemblez la jambe gauche derrière la droite.

Pour aller ou faire le dos à dos. §

1re. MESURE. — Faites du pied droit une glissade dessous en avant et lâchez aussitôt ou du même tems le pied droit en avant à la quatrième position ; le tout en présentant l’épaule droite ou en tournant le corps sur la gauche, afin de prendre le vrai sens du dos à dos, et faites un chassé.

{p. 108}2e. — Sortez la jambe gauche, qui est derrière, en tournant en même tems le corps dans le sens opposé, c’est-à-dire avancer l’épaule gauche pour faire de la jambe gauche une glissade dessous, toujours en avant, ensuite faites un jeté du pied gauche à la troisième position dessous le droit, et en présentant la droite du corps vers votre place.

3e. — Répétez cet enchaînement de deux mesures en retournant à votre place, glissade dessous, lâchez le pied droit à la seconde position et chassez.

4e. — Sortez la jambe gauche, qui est derrière, pour faire une glissade dessous en rentrant à votre place, et assemblez derrière.

{p. 109}

Description méthodique des figures de contredanse qui se dansent généralement ; suiviede variétés et de plusieurs autres contredanses nouvelles. §

Figure de la (dite du pantalon.) §

Chaîne anglaise. §

1re. Deux cavaliers et deux dames de vis-à-vis font la chaîne anglaise ; pour cet effet, les deux cavaliers et les deux dames s’avancent pour changer de place, et se donnent en passant la main droite en main droite ; chaque cavalier, après avoir donné la main droite à la dame qui {p. 110}lui fait face, tourne derrière elle en lui quittant la main, et va donner la main gauche en main gauche à sa dame qui passe à l’instant à la place de l’autre dame, et vont tous deux se placer l’un à côté de l’autre, le cavalier alors à la place de l’autre cavalier, et se quittent la main en arrivant. Ceci, qui n’est que la demi-chaîne, se répète en retournant de suite à sa place, lorsque l’on fait la chaîne anglaise entière, comme dans cette figure, et en huit mesures.

Balancé. §

2e. Chaque cavalier et sa dame se tournent l’un vers l’autre et balancent durant quatre mesures.

Un tour de deux mains. §

3e. Chaque cavalier et sa dame, aussitôt après avoir balancé, se donnent les deux mains, et font un tour sur place en partant à la droite l’un de l’autre jusqu’à chacun leur place, où ils se quittent les mains, le tout en quatre mesures.

{p. 111}

La chaîne des dames. §

4e. Deux dames de vis-à-vis changent de place et se donnent, en passant, la main droite en main droite, ensuite la main gauche en main gauche à chacun des deux cavaliers qui sont restés à leur place.

Chaque cavalier, au moment où sa dame part pour faire la chaîne avec l’autre dame, doit partir à droite en présentant la main gauche à la dame qui arrive à la place de la sienne, et tourner sur la gauche pour rentrer à sa place, où étant arrivé, il quitte la main de sa dame. Ceci, qui s’exécute durant quatre mesures, se répète pour la chaîne entière, alors en huit mesures, et chaque dame se remet à sa place.

La demi-queue du chat. §

5e. Chacun des deux cavaliers et sa dame se donnent la main gauche en gauche, et partent obliquement à droite pour changer de place, et se quittent les mains en arrivant les uns à la place des autres, durant quatre mesures.

6e. Les deux cavaliers et les deux dames font {p. 112}une demi-chaîne anglaise pour retourner à leur place. (Voyez ci-dessus au n°. 1.) Contre-partie pour les quatre autres.

{p. 113}

Figure de la (dite de l’été.) §

1re. Un cavalier et une dame de vis-à-vis vont en avant et en arrière ou en avant deux durant quatre mesures.

2e. Le même cavalier et la même dame traversent ou changent de place en passant de droite à droite en quatre mesures.

3e. Le cavalier et la dame vont chacun de côté à leur droite, et reviennent de suite à gauche durant quatre mesures.

4e. Le cavalier et la dame retournent ou retraversent chacun à leur place en quatre mesures.

5e. Le cavalier fait un balancé avec sa dame, et la dame avec son cavalier. (Voyez la figure du Pantalon au n°. 2.)

6e. Chaque cavalier et sa dame font un tour de main. (Voyez la figure du Pantalon au n°. 3.) Contre-partie pour les six autres.

Dans la figure de l’été, lorsqu’après avoir été en avant deux, l’on va à droite et à gauche, le balancé à la fin n’existe plus ; seulement l’habitude y a introduit le balancé, mais qui n’existe que pour le cavalier et la dame {p. 114}de ceux qui ont figuré ; alors ils commencent le balancé en même tems que la dame de l’un et le cavalier de l’autre commencent le traversé pour revenir à leur place, finissent également en même tems et en quatre mesures, et font ensuite le tour de main.

{p. 115}

Figure de la (dite de la poule.) §

1re. Un cavalier et une dame de vis-à-vis traversent et se donnent la main droite, et durant quatre mesures.

2e. Les mêmes traversent du même côté en se donnant alors la main gauche qu’ils ne se quittent pas, et restent de côté au milieu de la danse, en quatre mesures.

3e. Le cavalier et la dame qui se tiennent la main gauche, donnent la main droite en main droite, l’un à sa dame et l’autre à son cavalier, balancent tous les quatre en se tenant sur une seule ligne et en quatre mesures.

4e. La demi-queue du chat. (Voy. à la figure du Pantalon.)

5e. Un cavalier et une dame de vis-à-vis vont en avant et arrière en quatre mesures.

6e. Le même cavalier et la dame font le dos-à-dos ; pour cet effet, ils s’avancent en se présentant de côté l’épaule droite en avant, et passent dos-à-dos en tournant l’un autour de l’autre jusqu’à la place d’où ils sont partis, en quatre mesures.

{p. 116}7e. Quatre vont en avant et en arrière comme l’on va en avant deux.

8e. Les quatre mêmes font la demi-chaîne anglaise pour retourner à leur place. (Voyez la figure du Pantalon.) Contre-partie pour les six autres.

{p. 117}

Figure de la (dite de la trénis.) §

1re. Un cavalier et sa dame se donnent la main, et vont en avant et en arrière deux fois ; à la seconde, ils se quittent la main, la dame va se placer à la gauche du cavalier de vis-à-vis, tandis que son cavalier retourne ou va en arrière, et en huit mesures.

2e. Le cavalier traverse au milieu des deux dames qui sont alors sur la même ligne et qui traversent en même tems droit devant elles, et se croisent à l’extrémité pour répéter le même traversé, ainsi que le cavalier, et rentrer tous trois chacun à leur place, le tout en huit mesures.

3e. Balancer tous les quatre. (Voyez la figure du Pantalon.)

4e. Chacun des deux cavaliers fait un tour de deux mains avec sa dame. (Voyez la figure du Pantalon.) Contre-partie pour les six autres.

{p. 118}

Figure de la (dite de la pastourelle.) §

1re. Un cavalier et sa dame se donnent la main, vont en avant deux fois, comme à la Trénis, et la dame va également se placer à la gauche du cavalier de vis-à-vis, et en huit mesures.

2e. Le cavalier de vis-à-vis qui se trouve alors entre deux dames, donne la main à chacune d’elles, et vont tous trois deux fois en avant et arrière, en huit mesures.

3e. Le cavalier qui est resté seul à sa place va à son tour deux fois en avant ou durant huit mesures.

4e. Le même cavalier et celui de vis-à-vis avec les deux dames qui sont placées à ses côtés s’avancent, se donnent les mains pour faire un demi-tour de rond jusqu’à la place opposée à chacun la leur et où ils se séparent, chaque cavalier ayant alors sa dame placé à côté de lui, en quatre mesures.

5e. Les quatre mêmes figurans font une demi-chaîne anglaise pour rentrer à leur place. (Voyez la figure du Pantalon.) Contre-partie pour les six autres.

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Figure de la (dite final.) §

1re. Deux cavaliers vis-à-vis, et chacun leur dame, font un chassé croisé ; le cavalier fait un chassé à droite en passant derrière sa dame qui fait en même tems un chassé à gauche en passant alors devant lui, et font un demi-balancé sur place, en quatre mesures.

2e. Les mêmes cavaliers et dames déchassent, le cavalier à sa gauche en repassant derrière sa dame, et la dame à sa droite en repassant également devant son cavalier pour reprendre leurs places, et font un demi-balancé, en quatre mesures.

3e. En avant deux ou un cavalier et une dame de vis-à-vis. (Voyez la figure de l’Été.)

4e. Les deux mêmes traversent.

5e. Ils vont ensuite à droite et à gauche.

6e. Le cavalier et la dame retraversent à leur place.

7e. Les deux cavaliers de vis-à-vis balancent chacun avec leur dame. (Voyez la figure du Pantalon.)

{p. 120}8e. Ils font ensuite un tour de main.

9e. Les deux dames font la chaîne.

10e. La demi-queue du chat. (Voyez la même figure.)

11e. La demi-chaîne anglaise. Contre-partie pour les six autres, et à la fin chasser tous les huit comme on fait le chassé croisé à quatre. (Voyez ci-dessus.)

Dans une figure dite final, §

Les dames font quelquefois le moulinet au lieu de la chaîne des dames, alors elles se donnent toutes la main droite, et tournent au milieu de la danse durant quatre mesures, puis elle se quittent la main droite, et se reprennent la gauche et font un second tour de moulinet alors dans le sens opposé. Ensuite les dames, sans se quitter la main gauche, donnent chacune la main droite à leur cavalier et balancent tous en même tems, et en quatre mesures.

Après, chaque cavalier et sa dame font un tour de main en reprenant leur place.

On faisait autrefois le tems figuré à droite ou sur le côté. Chaque cavalier et sa dame se donnent la main, et vont se placer devant le cavalier et la dame qui sont placés à leur droite et font un {p. 121}demi-balancé, puis le chassé dit ouvert pour se mettre tous sur deux lignes et chaque cavalier vis-à-vis sa dame ; ensuite tous les huit vont en avant et arrière, puis chaque cavalier va au devant de sa dame, font un tour de main jusqu’à leur place. Cette figure ne se fait plus à cause de l’embarras qu’éprouveraient les danseurs, qui font à présent des contredanses ou quadrilles en nombre indéterminé au-dessus de huit.

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Figure de la §

1re. Un cavalier et une dame de vis-à-vis se donnent la main droite en main droite, et tournent au milieu de la danse comme à un moulinet, et en quatre mesures.

2e. Le cavalier et la dame se quittent la main, vont donner la main gauche en main gauche, le cavalier à sa dame et la dame à son cavalier, et font un tour sur place en partant de gauche à gauche selon le sens que présente la main, et tournent jusqu’à ce que le cavalier et la dame qui ont fait le premier tour en se donnant la main droite, se rejoignent au milieu de la danse, où ils se reprennent la main droite sans pour cela s’être quittés d’un autre côté la main gauche, ce qui met alors les deux cavaliers et les deux dames sur une seule ligne au milieu de la danse, comme dans la figure de la poule, et en quatre mesures.

3e. Balancer comme à la figure de la poule, et en quatre mesures.

4e. Le cavalier et la dame qui sont au milieu se quittent la main droite, et chaque cavalier avec sa dame se tiennent toujours par la main gauche, et tournent comme au n°. 2, ci-dessus, mais en se remettant à leur place.

{p. 123}5e. On fait la figure de la Trénis de la manière suivante : un cavalier et sa dame vont deux fois en avant, à la deuxième fois la dame va se placer à la gauche du cavalier de vis-à-vis, en huit mesures.

6e. Traverser et retraverser en huit mesures.

7e. La demi-queue du chat. (Voyez la figure du Pantalon.)

8e. La demi-chaîne anglaise. (Voyez la même figure.) Contre-partie pour les six autres.

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Figure de la §

1re. Le grand rond.

2e. En avant deux ou un cavalier et une dame de vis-à-vis.

3e. Traversez deux.

4e. A droite et à gauche.

5e. Retraversez à vos places.

6e. Balancez à vos dames.

7e. Un tour de deux mains.

8e. Chassez croisés tous les huit ou plus, c’est-à-dire tous les danseurs, selon le nombre formant la contredanse. Pour exécuter ce chassé-croisé, les dames se retournent en dedans et passent devant leurs cavaliers, qui font en même tems le chassé-croisé comme de coutume, sinon qu’ils ne s’arrêtent point pour faire un demi-balancé, ils se retournent en dedans à leur tour, comme ont fait leurs dames, qui de leur côté se retournent aussi en même tems pour retourner à leur place, en suivant la direction que les cavaliers ont prise en commençant et suivant la manière ordinaire de faire le déchassé pour les dames, lesquelles se retrouvent à leur place et les cavaliers à la {p. 125}leur ; mais la face y étant tournée, le dos alors au centre de la danse.

Ce chassé, qui se fait toujours de la jambe droite, puisque l’on tourne, s’exécute en quatre mesures.

9e. Chaque cavalier dans cette position, et la dame, qui se trouve alors à sa droite, se donnent la main droite en main droite, et font un tour entier sur place en partant de droite à droite, selon le sens que présente la main, et se retrouvent alors comme quand ils se sont pris ou donné la main qu’ils ne se quittent point, et en quatre mesures.

10e. Chaque cavalier et sa dame s’étant rejoints après le tour précédent, se donnent la main gauche en main gauche, sans, pour cela, quitter la main droite de l’autre côté, et font un balancé tous en même tems ; les cavaliers sont alors placés le dos au centre de la danse, et les dames dans le sens opposé, et suivant celui qu’elles tiennent ordinairement étant à leur place.

Ce trait, qui présente une seule chaîne de tous les danseurs, produit un meilleur effet dans les contredanses en nombre multiplié.

11e. Chaque cavalier et chaque dame se tenant toujours la main gauche et quittant de l’autre côté la main droite, font un tour sur place {p. 126}en partant de gauche à gauche, selon le sens que présente la main, et, se remettant chacun à leur place, on continue le grand rond.

Contre-partie pour les six autres, et chassé les huit à la fin.

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Figure de la (dite des grâces.) §

1er. Un cavalier et sa dame se donnent la main droite en main droite, le cavalier en même tems donne la main gauche en main gauche à la dame qui figure à sa gauche, et les deux dames se donnent l’autre main derrière le cavalier et à la taille, et vont tous trois deux fois en avant et en arrière durant huit mesures.

2e. Le cavalier se retire en arrière, en se baissant pour passer dessous les bras des dames, lesquelles se tiennent les mains ; le cavalier en se relevant de suite, fait passer et tourner les deux dames dessous chacun de ses deux bras, et fait aussitôt un salut en même tems que les deux dames font la révérence sur le point d’orgue, après les quatre mesures.

3e. Le cavalier et les deux dames font un tour de rond en se tenant les mains, puis un second tour de rond dans l’autre sens, en retournant par où ils ont fait le premier tour, et durant huit mesures.

C’est contre les règles de la danse que beaucoup de danseurs exécutent cette figure à deux {p. 128}cavaliers et une dame. Comme elle dérive de l’allemande à trois, c’est alors un cavalier et deux dames d’abord pour le plus élégant, ensuite, pour l’exécution de la passe, les dames étant presque toujours moins grandes, ont, par conséquent, plus de difficultés à lever les bras.

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De la manière de jouer les airs de contredanse. §

Pour prévenir l’inconvénient qui détruit chaque jour la bonne exécution de la danse, en lui faisant perdre tout son moelleux et son élasticité, il est nécessaire de présenter une règle pour l’exécution de la musique des contredanses.

Mouvemens à 2/4 ou 6/8. §

Ces mouvemens doivent être exécutés environ quarante mesures à la minute, dérogeant aux principes de la musique qui veut que l’on presse ou ralentise selon la qualité du chant et du mouvement de la mesure. Le vrai mouvement élastique de la danse est un ; jouer trop lentement ou trop vite gêne son exécution. On peut s’en convaincre. Voyez les traits d’exécution pour la contredanse, pour lesquels traits les {p. 130}enchaînemens sont composés de huit pas ou tems simples, exécutés chacun par un plié et un enlevé, qui fait seize tems que le danseur exécute durant quatre mesures. Ces tems se multiplient encore dans l’exécution double des pas, mais qui par cette raison se réduisent toujours à la même valeur. Par cet exemple, on voit que le danseur marque tous les tems de la mesure. C’est alors un défaut d’observer des silences dans la musique, quand ils ne sont pas remplis par des accompagnemens ; comme aussi de retrancher la valeur des notes pointées principalement à la fin d’un trait ; ce qui fait paraître en défaut le danseur qui a remplis cette valeur.

Cette difficulté provient de ce que les musiciens n’étant pas danseurs, croient que le danseur doit finir son enchaînement à l’instant où il frappe la dernière mesure du trait. Ils se trompent : le danseur observe la mesure, mais suit le chant ; ce qui fait qu’il est susceptible de se tromper dans les contredanses où les traits ne sont pas bien détachés par le chant. Ce défaut dans la composition est beaucoup multiplié maintenant.

Le musicien qui voudrait jouer la contredanse et s’assurer de son véritable mouvement, peut l’observer sans être danseur. Pour cet effet, en frappant la mesure, il doublera les coups ; ce {p. 131}qui marquera quatre tems, deux levés et deux frappés pour chaque mesure, et par conséquent seize tems pour les quatre mesures d’un trait de contredanse. Ce nombre est exact avec celui du danseur, comme nous l’avons démontré ci-dessus, et par cette raison produit le même mouvement, comme un redoublement de frappement produirait celui semblable à l’exécution double de la danse : c’est alors qu’il pourra se faire une idée de la difficulté qu’un jeu trop pressé offre à l’exécution de la danse. Cette difficulté se fait presque toujours sentir quand on danse au piano ; instrument ingrat par la vitesse de son jeu, en ce qu’il ne peut soutenir les tems simples de la mesure, qui donne l’expression à l’exécution de la danse. Un autre défaut que nous reprocherons aux musiciens ou autres personnes qui font danser, c’est de consulter leur goût pour le choix des contredanses, plutôt que le besoin pour l’exécution de la danse.

Il existe un mésaccord parmi les musiciens et les maîtres de danse, sur la qualité des contredanses : les uns veulent, pour qu’un air de contredanse soit facile à danser, que la mesure commence par le tems levé ; les autres veulent qu’elle commence au contraire par le tems frappé de la mesure ; et d’autres enfin voudraient que la mesure terminât entièrement le chant pour se {p. 132}rencontrer avec le danseur qui suit cette règle : ce qui serait extrêmement convenable, par la raison que le danseur suit le chant qui, par ce moyen, lui fait observer la mesure, dont souvent il ne pourrait en distinguer les tems de levé ou de frapper. Il importe que les musiciens soutiennent les tems de la mesure qui termine le chant, parce que c’est toujours sur le dernier tems que retombe le danseur, puisqu’il suit le chant sans avoir égard à la distinction des tems de la mesure. C’est par cette raison que le danseur se règle sur la qualité du chant, et que lui, le musicien et le maître de danse sont d’accord qu’un air de contredanse, facile à chanter, est également facile à danser. C’est par conséquent sur cette qualité qu’il faut régler son choix pour les airs de contredanses

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Des moyens de conserver le talent de la danse. §

Il ne suffit pas d’avoir enfin acquis par l’étude les principes et l’habitude de la danse ; il faut craindre toujours de perdre le fruit de tant de travaux. Si on veut le conserver, il faut s’exercer le plus souvent possible sur les principes avec soin et attention ; il faut surtout se garder de vouloir exécuter sans l’avoir appris, ce que l’on voit faire à un autre, parce que ce qui convient à la disposition de l’un, ne convient pas toujours à la disposition de l’autre, à moins que l’on ne soit assez avancé pour sentir la différence, juger de sa capacité et savoir placer les tems chacun dans leur valeur.

Sans cette connaissance on est exposé continuellement à tomber dans toutes sortes de défauts qui ne sont que trop multipliés maintenant, parce que les principes sont méconnus. L’ignorance, le mauvais goût et le mauvais ton créent tous ces défauts, que le vulgaire prend pour autant de modes et qui s’accréditent à ses yeux par la mise brillante de ceux qui les ont contractés. Il ne faut pas non plus céder aux avis de ces détracteurs des principes et du bon goûlt qui {p. 134}veulent vous persuader qu’on peut bien danser sans principes, ou en dérogeant de ceux qu’on a reçus ; qui vous assurent également que la mode est de marcher au lieu de danser, qu’il n’est plus d’usage de donner les mains en dansant. Ces défauts, insultans pour la personne devant qui l’on danse, ne peuvent être soutenus et vantés que par des gens tout-à-fait étrangers aux convenances et au ton de la bonne compagnie, qui voudraient nous faire admirer leurs prétendues innovations, et qui ne peuvent cependant se défendre d’admirer eux-mêmes une belle exécution. On doit aussi s’abstenir autant qu’il est possible de trop danser dans un bal : cette habitude est nuisible à une bonne exécution ; elle peut rompre un bon maintien et en faire prendre un mauvais. Il faut éviter encore de danser à des orchestres qui précipitent le mouvement de la danse, défaut qui vous fait contracter celui de précipiter votre danse, lui ôte tout son moelleux, rompt le maintien du corps et vous force à dévier de tous vos principes. Ce même inconvénient n’est que trop commun dans les endroits publics, où d’ailleurs on rencontre des manières vicieuses et toujours un mauvais ton capable de faire perdre les bonnes habitudes, le goût et quelquesfois plus encore.

Une autre observation qui paraîtra peut-être puérile, c’est d’éviter de danser dans des endroits {p. 135}trop petits, qui nuisent au développement des membres et à leur extension, ou au moins leur ôtent cette aisance sans laquelle le danseur n’a plus de grâce ; de danser au nombre de plus de huit personnes, ce qui est le nombre ordinaire pour former les quadrilles ou contredanses. On ne saurait croire combien cela peut nuire à une bonne exécution, par le trop d’écartement des tems auxquels l’oreille n’est pas accoutumée. Vous êtes forcés de violer les règles, en outrepassant les positions de la danse qui fixe l’étendue des pas, surtout si les danseurs qui forment l’augmentation ne sont point forts sur les principes. Cette manière de danser en nombre trop multiplié ou indéterminé, est celle qui le plus particulièrement a détruit et détruit chaque jour ce que la danse offre de beau et d’agréable ; c’est cette mauvaise habitude qui a fait renoncer les compositeurs à l’invention de nouvelles figures, par l’impossibilité qu’il y aurait de les faire comprendre à tant de danseurs à la fois, et dont le nombre indéterminé ne s’accorderait plus avec la combinaison de beaucoup de ces nouvelles figures ; c’est encore cette mauvaise habitude qui force le danseur à devier de tous les principes et l’oblige, en quelque sorte, à marcher au lieu de danser. Ce manque aux convenances est devenu une mode pour les sots et les {p. 136}ignorans, et cela leur convient à merveille ; aussi ce sont eux en partie qui s’empressent de multiplier le nombre des danseurs lorsqu’il s’agit de se mettre en place, parce que sentant eux-mêmes leur incapacité, ils aiment à se confondre dans la foule, et par ce moyen dérober aux yeux des spectateurs leurs défauts et leurs gaucheries. Nous le disons, cette manière de danser répugne aux personnes d’un bon goût ; ce n’est plus que désordre, confusion, et brutalité ; il fait beau de voir les dames exposées à recevoir à chaque instant des coups d’épaules.

C’est aussi cette confusion qui leur ôte toute aisance pour se dessiner avec cette grâce qui convient si bien à leur sexe, et qui excite l’admiration de leurs parens et de la société entière. Quoi ! la danse qui ne trouve, pour ainsi dire, que chez les demoiselles bien nées en qui elle puisse répandre ses dons, serait poursuivie jusque chez elles par la barbarie de l’exécution moderne. Il vaudrait mieux, s’il était possible, que les jeunes personnes à qui la danse est donnée comme faisant partie de leur éducation, sous le rapport du maintien, des grâces, du ton et des manières, renonçassent pour jamais à danser plutôt que de danser ainsi.

Il est cependant un moyen bien simple de mettre un frein à ce genre barbare d’exécution. {p. 137}C’est aux parens qui souvent donnent des bals pour fournir à leurs enfans l’occasion de stimuler leur amour-propre ; c’est à eux seuls qu’il appartient de mettre un terme à ce désordre et à cette confusion. Il suffit pour cela de proportionner le nombre des danseurs avec l’étendue du local ; en se réglant sur ce que, pour former une contredanse du nombre de huit danseurs, il faut au moins huit pieds carrés, et pour une contredanse à seize, douze pieds carrés au moins ; et en proportionnant le nombre des danseurs selon la distribution du salon, s’il est long et étroit, il convient de former les quadrilles ou contredanses de huit personnes, et s’il est assez large on peut les former à seize. Ce nombre peut encore s’accorder avec les règles de la danse, pourvu qu’il y ait au moins douze pieds d’étendue en carré, comme il est dit plus haut. Il serait nécessaire, pour exécuter cette règle, que les personnes qui donnent des bals prissent, à cet effet, un homme initié dans la danse, tel qu’un répétiteur ou un musicien même, ou tout autre personne qui pût remplir cette fonction.

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Des manières de civilités. §

Le talent de la danse produit des avantages précieux ; on aquiert avec facilité les dispositions nécessaires, ces manières agréables, ces mouvemens différens du corps, qui font l’agrément de la société. Il faut cultiver ce talent avec soin, et par cette culture, parvenir à ce degré de perfection qui fait l’admiration et obtient les suffrages et les applaudissemens publics : c’est pour mériter cette palme si agréable et si utile, que nous allons indiquer la manière de marcher, saluer et observer le corps dans ses principaux mouvemens.

De la manière de marcher. §

On soutiendra le corps dans le maintien, selon que nous l’avons indiqué, les pieds étant placés à la première position, un peu tournés en dehors. Pour découvrir et prêter à la jambe une bonne forme, on lâchera un genou qui se tendra aussitôt en portant le pied à la quatrième position en avant, le corps se posera ensuite dessus ; et l’autre jambe restée en arrière, on la passera à la première position, lâchant aussi le genou qui se tendra également, en portant le pied à la {p. 139}quatrième position en avant ; on posera légèrement les talons pour donner plus de légèreté et de propreté à la marche.

On exécutera cette marche continuement.

Pour marcher en arrière. §

Étant placé comme pour marcher en avant, on lâchera un genou qui se tendra en portant le pied à la quatrième position en arrière ; le corps se posera consécutivement dessus, et on ramènera la jambe restée en avant, la pointe du pied basse ; lâchant le genou, on la passera à la première position, continuant cette marche en arrière.

De la manière de saluer pour les cavaliers. §

Le cavalier, pour saluer, portera la main au chapeau, levant le bras à côté de lui selon la manière que nous avons démontrée pour porter les bras ; puis se découvrant, il descendra le chapeau de côté et jusqu’en bas, l’entrée de la forme tournée vers son côté ; il s’inclinera en pliant de l’estomac, soutenant la ceinture avancée, la tête à sa position naturelle, pour porter ses regards vers les personnes qu’il saluera, le corps étant plié : dans cette position, les épaules pencheront en avant, les bras descendront naturellement en ligne perpendiculaire, les {p. 140}soutenant sans roideur et dans la forme que nous avons indiquée ; puis le corps se relevant, les bras reprendront naturellement leur place.

Le cavalier exécutera ce salut doucement et continuement ; selon qu’il voudra se diriger pour se placer devant quelqu’un, il exécutera des dégagemens de pied à droite, à gauche ou en arrière. Pour cet effet, il dégagera un pied, le posant à la seconde position ; le corps se posant dessus, s’inclinera dans l’ordre ci-dessus, ramenant en même tems l’autre jambe, en tirant la pointe du pied à terre, pour la rentrer devant à la troisième position, où elle arrivera en même tems que le corps plié qui se relevera doucement.

Pour exécuter le salut à la quatrième position en arrière, le cavalier reculera une jambe de ce côté, et se posant dessus, il s’inclinera selon que nous l’avons démontré ci-dessus, en ramenant en même tems sur la pointe du pied l’autre jambe qui arrivera à la troisième position devant, en même tems que le corps plié, lequel se relevera doucement.

Selon que le cavalier voudra se tourner pour se placer devant les personnes qu’il voudra saluer, il dégagera le pied de côté par une fausse position, c’est-à-dire qu’il tournera le pied en dedans plus ou moins, suivant qu’il devra se {p. 141}tourner : ce pied présenté en dedans, le corps tournera en suivant la même direction, pour se trouver tourné lorsque le pied sera posé ; il ramènera aussitôt l’autre jambe devant, en saluant en même tems, comme il est démontré ci-dessus. Le cavalier exercera ce salut des deux côtés.

De la manière dont les dames doivent faire la révérence. §

Les dames, pour faire la révérence, dégageront un pied, le portant à la quatrième position en arrière, puis placeront aussitôt le corps au milieu des deux jambes, pour les plier également et bas, les genoux en dehors, afin qu’ils sortent également sur les côtés ; et se relevant droit sur la jambe qui est derrière, elle rapprocheront en même tems sur la pointe du pied l’autre jambe pour la placer devant à la troisième position.

Les dames exécuteront cette révérence doucement et continuement ; elles exécuteront egalement les dégagemens de pied à la seconde bonne ou fausse position, présentant la pointe du pied en dedans plus ou moins, selon qu’elles devront se diriger ; passant l’autre jambe à la quatrième derrière, elles exécuteront la même révérence selon que nous l’avons démontré ci-dessus.

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De la manière de marcher et se comporter dans les rues. §

L’on marchera selon que nous l’avons démontré, modérant le pas, le corps dans une bonne contenance ; si c’est un cavalier, qu’il laisse tomber les bras ; il les soutiendra dans le mouvement naturel de la marche, lequel oppose toujours le bras à la jambe du même côté ; il ne balancera point les épaules en marchant ; cela est d’un mauvais genre. Si l’on rencontre quelqu’un que l’on considère, et qu’il marche devant soi, on ne doit point le devancer pour marcher devant lui ; en pareil cas on se détournerait de son chemin. Si au contraire il venait devant vous, vous lui céderiez le passage le plus commode, qui est ordinairement le haut pavé, en vous découvrant du côté opposé à son passage, descendant le chapeau dans toute l’étendue du bras, comme signe de grande considération, s’inclinant jusqu’à ce qu’il soit passé, et ne point se retourner pour regarder ses pas. S’il vous arrête, ce que vous ne devez point faire par rapport à la supériorité, vous tiendrez le chapeau bas, à moins qu’il ne vous ordonne de vous couvrir ; ce que vous ferez aussitôt par condescendance, ou après en avoir obtenu la permission. S’il y avait {p. 143}nécessité de se couvrir, s’il était accompagné de quelqu’un, vous vous découvrirez du côté opposé à la personne qui l’accompagne ; et si vous êtes recouvert en les quittant, vous redescendrez également le chapeau en vous inclinant.

Lorsqu’on accompagne une personne à qui l’on doit des égards, on lui cède également le chemin le plus commode ; et s’il venait à propos de changer de côté, on le laisse devancer pour passer derrière et prendre celui convenable, réglant sa marche suivant la sienne, et observant les mêmes civilités qu’il pourrait employer envers les personnes qu’il rencontrerait ; et s’il s’arrêtait pour leur parler, on s’écarte un peu, n’observant point leur conversation. Si c’est une dame que l’on accompagne, on ne doit point lui offrir le bras, cela est familier, et ne pourrait être au plus que dans un cas urgent, comme la main dans un mauvais pas.

De la manière dont une dame doit se comporter dans les rues. §

Lorsqu’une dame marche dans les rues, elle doit observer une bonne contenance et décence, et s’abstenir de précipiter sa marche ni de laisser tomber les bras comme les cavaliers ; elle les tiendra près d’elle, les coudes pliés, l’avant-bras {p. 144}et la main tournes devant elle, une ou les deux, selon l’usage nécessaire dont elle pourrait en avoir besoin : elle ne doit fixer personne, ni s’arrêter pour parler, à moins qu’elle n’y soit forcée par condescendance envers quelqu’un qu’elle rencontrerait et à qui elle devrait des égards ; elle s’arrêtera alors le moins long-tems possible, en faisant une révérence ou en s’inclinant.

De monter en voiture. §

Si l’on monte en voiture avec quelqu’un, que ce soit une dame ou autre personne pour qui l’on ait des considérations, on lui cédera le pas pour monter, lui laissant occuper la première place qui est la droite du fond, descendant ainsi jusqu’à la gauche sur le devant, qui est la dernière : montant ensuite, l’on se placera sur le devant, quand même la personne serait seule. Le cavalier doit se tenir découvert. On observera une bonne contenance et condescendance ; et lorsqu’il faudra descendre, on le fera le premier et en arrière, pour laisser à la personne plus de facilité dans ses mouvemens, et se préparer d’une façon honnête à l’aider à descendre s’il était nécessaire.

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De la manière de se comporter à la promenade. §

Lorsque l’on est en société à la promenade, soit particulière ou à la campagne, on doit régler sa marche suivant celle de la société avec qui l’on est : la marche en pareil cas est ordinairement posée ; le cavalier doit se tenir découvert, à moins que quelque personne supérieure en ordonne autrement ; ou après en avoir obtenu la permission. Si l’on est plusieurs de front ; on cédera toujours la place du milieu aux supérieurs. Il ne faut point s’approcher trop près des personnes, ni s’en éloigner trop, afin de pouvoir entendre s’ils vous parlaient, et qu’ils ne soient point obligés d’élever la voix. S’il vient un à propos de saluer, le cavalier saluera, et la dame fera la révérence selon la manière que nous avons démontrée pour chacun d’eux, observant toujours une bonne contenance et condescendance.

De la manière d’entrer dans un appartement et d’en sortir. §

Lorsque l’on se présente pour entrer dans un appartement (le cavalier doit se découvrir), on se fait annoncer ou entendre ; après avoir obtenu {p. 146}la permission d’entrer, on entre posément, faisant quelques pas pour se placer devant les personnes que l’on veut saluer ; le cavalier saluera à la première position, et la dame fera la révérence à la quatrième : s’il est nécessaire d’exécuter un dégagement de pied pour se tourner devant eux, on le fera selon la manière que nous avons démontrée ; et pour sortir, le cavalier fera le salut, lâchant la jambe à la quatrième position en arrière, et continuant de marcher à cette position quelques pas pour se retirer. La dame fera la révérence aussi à la quatrième position, et continuera de marcher également pour se retirer.

Quand on se présente pour entrer dans un appartement, si l’on est avec quelqu’un à qui on doit des égards, on lui cède le pas ; s’il veut que l’on entre le premier, on le fait par condescendance : étant entré dans la première pièce, on se range de côté à son passage, et on s’incline devant lui : s’il persiste à ce que l’on continue d’entrer le premier, on le fait aussitôt ; et arrivés au lieu destiné, on se place de côté pour saluer à son passage, le cavalier saluant à la première position, et la dame faisant la révérence à la quatrième.

Pour sortir, on salue comme nous l’avons démontré ci-dessus, et on sort le premier, {p. 147}principalement si c’est le maître de la maison, devant être le dernier chez lui.

De la manière de se présenter chez quelqu’un supérieur, à l’effet d’obtenir une audience. §

Lorsque l’on se présentera pour entrer, le cavalier se découvrira de la main gauche, tenant le chapeau bas selon l’étendue du bras : s’étant fait annoncer, s’il faut attendre dans une pièce voisine de celle où est la personne à qui l’on a affaire, le cavalier se tiendra découvert, et on saluera les personnes qui pourraient s’offrir à la vue ; et lorsqu’on aura la permission d’entrer, on entrera quelques pas, on dégagera un pied selon le sens qu’il faudra prendre pour se placer en face la personne que l’on voudra saluer ; le cavalier saluera comme nous l’avons démontré ; et la dame fera la révérence pareillement et en même tems, descendra doucement les bras, les soutenant dans la forme que nous avons indiquée pour leur tenue ; se relevant, on marchera posément vers la personne devant qui l’on se présente ; et restant à la distance de quelques pas, le cavalier répétera le salut, les pieds à la première position, et la dame fera la révérence à la quatrième ; et si l’on a quelque chose à représenter, en relevant le salut on levera en même {p. 148}tems le bras droit, duquel l’on tiendra ce que l’on a à présenter, et on le présentera aussitôt, observant la manière indiquée pour lever et baisser les bras ; et après l’avoir présenté, en baissant la main, on lâchera en même tems la jambe à la quatrième position en arrière, à laquelle le cavalier saluera, et la dame fera la révérence. Si l’on n’a qu’à parler, après avoir été entendu, on fera également le salut ou révérence à la quatrième position en arrière, continuant de marcher à cette position pour se retirer, et on répétera ce salut avant de sortir.

De la manière de se présenter dans une grande assemblée. §

Lorsque l’on se présentera dans une grande assemblée, le cavalier se découvrira de la main gauche, tenant le chapeau bas selon l’étendue du bras ; on entrera en marchant posément, et selon le sens qu’il faudra prendre pour se placer premièrement devant le maître de la maison ; on dégagera un pied, et ramenant l’autre, on saluera en même tems, portant ses regards vers le chef de la maison et ceux qui l’environnent. Lorsque la dame fera la révérence, pour donner plus d’élégance et marquer plus de condescendance, elle descendra en même tems les bras, {p. 149}les soutenant dans la forme que nous avons indiquée au maintien.

Pour saluer les personnes qui se trouvent placées autour de l’endroit ou sur les côtés, sitôt que l’on sera relevé au premier salut, on fera un dégagé de seconde fausse position, pour se tourner et se placer de manière à se présenter à toutes les personnes qui sont du côté vers lequel on s’est tourné ; on saluera ou fera la révérence, promenant en même tems par un léger mouvement de tête ses regards vers tous ceux qui sont placés de ce côté ; et aussitôt que l’on aura salué de ce côté, on dégagera l’autre pied pour saluer également de l’autre côté, évitant autant qu’il sera possible de tourner le dos devant quelqu’un. Dans une assemblée où le cérémonial est moins observé, on peut abréger en faisant un seul salut ou révérence, promenant en même tems ses regards vers toute la société ; mais cette manière de saluer perd toujours du gracieux ; et en pareil cas, on fera, comme dans l’autre, quelques pas vers le maître de la maison ou la personne supérieure de la société ; on s’arrêtera à une distance de quelques pas, et l’on saluera ou fera la révérence, pour lui marquer les honneurs particuliers qu’on lui doit ; et se relevant, l’on fera quelques pas en arrière vers la place qui vous est offerte ou destinée, à laquelle étant arrivé, vous {p. 150}inclinerez vers ceux auprès, comme signe d’un rapprochement particulier, et s’asseyant doucement avec précaution, afin de n’incommoder personne. Étant assis, l’on tiendra les jambes droites, les talons joints, les pieds un peu en dehors, le corps droit, la tête haute, les bras contre soi, et pliés de façon que l’avant bras tourne en avant, et les mains posées sur soi, lesquelles on aura soin de ne point gesticuler en parlant.

L’on observera une bonne contenance et condescendance. On suivra l’exemple de la société pour les cas imprévus. On observera ce même maintien lorsqu’on sera à table, ne s’en approchant ni ne s’en éloignant trop ; tenant les bras près de soi, on posera les poignets sur la table.

On observera aussi de ne point s’empresser pour se mettre à table, et approchant de la place qui vous est désignée, on s’inclinera vers les autres convives comme signe d’un rapprochement, et envers ceux près de soi, comme celui d’un rapprochement particulier. On suivra l’exemple de la société pour les autres cas.

De la manière de se présenter et de se comporter dans un bal. §

Lorsqu’on se présente pour entrer dans un {p. 151}bal, si le bal n’est point commencé et que la société soit assemblée, l’on suivra la même règle, comme nous l’avons démontré pour une grande assemblée ; si au contraire le bal était commencé, et que son mouvement éblouissant cache votre arrivée, on se placera le mieux possible pour saluer ; et sitôt que l’on aura fait un salut ou révérence, on ira se présenter au maître de la maison ; restant à une distance, on le saluera, le cavalier faisant le salut à la quatrième position en arrière ; et la dame, à cette position, fera la révérence, et en même tems descendra les bras selon que nous l’avons démontré précédemment ; et en se relevant, l’on continuera quelques pas en arrière ; et allant vers l’endroit où l’on devra se placer, on s’inclinera devant les personnes placées où l’on passera. On observera la même règle que nous avons démontrée pour s’asseoir et se maintenir étant assis, et également une bonne contenance et condescendance.

On s’abstiendra de se promener le long du salon durant les intervalles de la danse, et principalement lorsque les quadrilles sont formées, comme de les traverser. Il ne faut point se promener autour du salon pour regarder fixement les personnes qui y sont placées ; cela est indécent et d’un mauvais genre.

Il est malhonnête et indécent de choisir les {p. 152}dames pour les faire danser, comme de danser toujours avec la même. Il est censé que dans une bonne société ceux qui la composent sont d’un mérite égal et distingué, étant invités par le maître de la maison ; et ce serait une insulte qu’on lui ferait.

Lorsque l’on invitera une jeune personne pour danser, en l’abordant, on fera un salut, lui demandant son consentement, et soumettant cette demande à l’approbation des personnes qui l’accompagneraient et paraîtraient la diriger : l’ayant obtenue, on s’inclinera en lui présentant la main droite pour recevoir sa main gauche qu’elle doit présenter, lesquelles on soutiendra levées, tenant les bras selon que nous l’avons démontré. Le cavalier se tenant un peu écarté et à côté de sa dame, la conduira à la place destinée pour danser, où ils se placeront, le cavalier à la gauche de la dame, la dame à la droite du cavalier. Le quadrille ou rond étant formé, les personnes qui le composent se salueront réciproquement ; puis chaque cavalier et sa dame se tournant en face l’un de l’autre, se salueront : le cavalier saluera, lâchant la jambe à la quatrième position en arrière ; la dame fera la révérence également à cette position ; et se relevant tous deux, ils reprendront le sens de la danse. Cet usage en tiré du menuet ; et quoiqu’il ait aussi beaucoup {p. 153}perdu, il est indispensable dans une bonne société.

Au moment de l’exécution de la danse, si l’on doit des égards à quelqu’un, on lui cédera le pas pour figurer le premier, et lorsqu’on dansera, l’on aura soin d’observer strictement les règles de la danse. Il n’est point honnête de marcher au lieu de danser, comme de regarder du côté opposé à son danseur ou sa danseuse, de ne pas donner la main quand le sens de la danse l’exige : ce sont autant de marques de mépris. On dansera décemment, et tenant la contenance indiquée par les principes que nous avons démontrés ; les cavaliers s’abstiendront principalement de trop répéter des tems de vigueur ou battus, surtout lorsque n’ayant pas assez exercé la danse pour les exécuter avec finesse et conserver le maintien, ils sont souvent susceptibles de s’enlever trop haut et avec force ; ce qui leur fait perdre le maintien, le gracieux, et les rend désagréables, indécens, et souvent incommodes aux personnes qui les entourent. Il ne faut point quitter sa place durant que les autres personnes figurent. La danse étant un amusement pratiqué en société, doit par conséquent être accompagnée des manières civiles. Lorsque la danse sera finie, on répétera le salut comme auparavant ; et chaque cavalier recevant la main gauche de sa dame, {p. 154}suivant l’ordre, également comme avant, la reconduira à sa place en s’inclinant devant elle et les personnes qui l’accompagnent. La dame fera la révérence.

On se comportera toujours avec décence et condescendance, évitant de danser toutes les contredanses ; cela devient importun, et prive souvent d’autres personnes de danser, à moins que ce ne soit par complaisance ; et si l’on ne pouvait rester jusqu’à la fin du bal, on ira se présenter aux maîtres de la maison pour les saluer, comme pour leur témoigner satisfaction, reconnaissance et regret de les quitter sitôt ; toutefois que cela n’occasionerait pas un dérangement, pour eux ou pour la société ; en pareil cas on s’en abstiendrait.

Observations sur les manières de civilité. §

Pour exécuter avec aisance les manières de civilité que nous venons d’expliquer et de démontrer, il faut s’y habituer par le travail et la pratique. Il faut surtout les observer envers ses supérieurs, que l’on ne doit jamais aborder ni quitter sans faire une profonde révérence. Il faut saluer les personnes même avec qui l’on n’a que des rapports de familiarité ; et avec les inférieurs, s’abstenir de ce ton de fierté indigne des {p. 155}personnes bien nées et qui ont de l’esprit. Un homme bien élevé ne saurait s’oublier envers ses semblables, surtout quand ils ont quelque droit à son estime. La politesse est de tous les rangs ; cependant il faut en user suivant le genre des personnes à qui l’on a affaire ou devant qui l’on se présente ; car il existe une grande différence de genre et d’habitudes entre les personnes d’un haut rang et celles d’un rang inférieur : chez les premières, la politesse s’exécute en silence ; c’est alors que vous devez avoir recours aux principes qui vous prescrivent la manière de vous présenter et d’observer le corps dans tous ses mouvemens, ce qui devient une habitude dans la nature, quand on a souvent occasion d’en faire usage. La politesse, chez les secondes, s’observe autrement : là, ce ne sont plus des manières respectueuses ou silencieuses ; c’est au contraire le plus souvent dans beaucoup de paroles et de démonstrations que consiste la politesse ; c’est alors que si vous en usiez comme chez les premières, vous courriez risque d’être tourné en ridicule ; car les usages et les habitudes de l’un sont ridicules chez les autres. En pareil cas, il est nécessaire de se rapprocher des usages des personnes à qui l’on a affaire ou devant qui l’on se présente ; mais en se réglant toujours sur les vrais principes, sans lesquels on tomberait dans tous les {p. 156}défauts du vulgaire, où l’on ne voit que corruption ou mélange de mauvaises habitudes plus ridicules les unes que les autres ; grimaces, minauderie, contorsions, tournure bizarre, guindée, triviale ou indécente, ton de fierté même envers ses égaux, quand on se croit au-dessus d’eux, soit par la différence de profession ou d’opulence, soit par le luxe de l’habillement qui est un des principaux points en ce genre. On ne néglige aucune de toutes ces prétendues modes pour parvenir à un bon ton. Il en est, en effet, pour le ton et les manières, comme pour la danse : dès que les principes sont méconnus, l’ignorance, le mauvais goût et le mauvais ton créent toutes sortes de défauts, qui se propagent chaque jour par une aveugle imitation. Il est facile de reconnaître ces espèces de caricatures ; lorsqu’ils se présentent devant quelqu’un d’un rang qui leur en impose, ils ne savent quelle contenance tenir ; s’ils saluent, c’est par un petit mouvement de tête, en la penchant de côté, sans mouvoir le corps ; et ce qui tient beaucoup de la niaiserie ou de la sottise, ils ne savent non plus que faire de leurs mains ; souvent ils les portent à leur tête ou à leurs vêtemens, comme s’ils trouvaient en cela un soulagement à leur confusion. Quand à la politesse, aux convenances, à la galanterie, il n’en faut point espérer de semblables gens.

{p. 157}Tous ces défauts qui naissent de l’ignorance et du mauvais ton, je ne les aurais pas encore signalés s’ils étaient restés où ils ont pris naissance : mais je les combats ici dans l’intérêt de la bonne société, qui les voit avec peine s’introduire chaque jour dans son sein ; c’est pour mettre les jeunes gens qui la fréquentent à portée de s’en garantir, que j’en ai tracé un long et fidèle tableau.

Nous ne terminerons point un ouvrage sur la danse sans répondre à la critique grossière de ceux pour qui un tel sujet a toujours trop d’importance, parce qu’ils jugent toujours du goût et des habitudes des autres d’après les leurs, pour qui la danse n’a aucun attrait et qui ne voient en elle qu’un plaisir brutal, frivole ou dangereux. Sans doute, la danse, considérée seulement comme moyen de récréation, n’est qu’un plaisir frivole qui se passe avec l’âge ; mais par cela même, elle n’a rien de dangereux, et peut être regardée comme un des amusemens qui conviennent le mieux à la jeunesse. Je n’ai pas bonne opinion d’un jeune homme qui n’aime pas la danse, disait un homme de beaucoup d’esprit. Son raisonnement était fondé sur ce qu’il soupçonnait un jeune homme qui n’aime pas la danse, de se livrer à d’autres genres d’amusemens qui, loin d’être passagers comme celui-là, nourrissent dans la jeunesse des vices, qui, presque toujours, {p. 158}s’accroissent avec l’âge. Il est aisé de s’en convaincre en ce moment dans les endroits où les jeunes gens ne dansent point. La danse, comme nous venons de le dire, n’offre rien de dangereux quand on la pratique en bonne société : là se forme la jeunesse par un maintien respectueux et décent, que lui inspire toujours la bonne compagnie. Et que devient-elle au contraire, quand elle est abandonnée à elle-même ? C’est aussi, nous le disons encore avant de finir, c’est des principes de la danse que naissent ceux des manières civiles et honnêtes pour saluer, se présenter et se conduire selon les usages de la bonne société. Un critique disait un jour qu’on apprenait à danser d’un maître de danse, et que pour cela on ne saluait pas comme un maître de danse : il n’en fallut pas davantage pour prouver que ce critique ignorait les usages des grands ; car un maître de danse, placé comme artisan dans la classe du vulgaire, a moins besoin de savoir saluer que les élèves à qui il l’enseigne, si ce n’est pour se présenter chez eux.

Nous n’avons point eu la prétention d’orner, par cet ouvrage, l’esprit de nos lecteurs ; mais d’orner le corps par des principes puisés dans la nature, et combinés avec les besoins de la bonne société. C’est en observant ces règles prescrites par l’usage et la politesse qu’on se rend utile et {p. 159}agréable à la société, et qu’on obtient cette estime et cette considération que l’homme doit rechercher dans tous les tems et dans toutes les occasions. L’expérience démontre que les jeunes gens bien élevés obtiennent ces égards, ces sentimens d’affection de l’ame qui sont la récompense et le prix d’une bonne éducation, tandis que l’on n’a que de l’indifférence et du mépris pour cette jeunesse volage et inconsidérée qui affecte de méconnaître les règles de civilité. N’oublions jamais que c’est dans l’exercice de la danse qu’on doit surtout observer ces principes de sagesse, ces leçons de respect, et ces manières agréables et décentes qui donnent à cet art des avantages incontestables et précieux.

Pour pratiquer cette méthode, il est nécessaire de lire plusieurs fois et avec attention chaque article ou leçon, afin de fixer les principes dans la mémoire, et par ce moyen de les avoir toujours présens à l’exécution ; et lorsque l’on voudra faire un tems qui est démontré par chaque leçon, il faudra exécuter chaque mouvement successivement, suivant qu’ils sont démontrés, afin d’arriver à l’exécution de ce tems.

FIN.

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