Mercure galant, novembre 1688 (seconde partie), Affaires du temps (tome 2).
Mercure galant novembre 1688 (seconde partie), Affaires du temps (tome 2). §
Avis §
AVIS.
La matiere des Affaires du Temps s’est trouvée si abondante, qu’elle n’a pu estre renfermée en deux Volumes. Ainsi il y en aura un troisiéme qu’on debitera le premier jour de Decembre, & qui developera toute l’intrigue qui a mis tant de Puissances en mouvement. Ce volume sera tres-curieux, & mesme plus qu’on ne le promet icy. Aprés avoir veu les effets dans les deux premiers, on verra les causes dans le troisiéme. Il n’est pas extraordinaire de voir agir sans que l’on sçache pourquoy, & de ne le découvrir que dans la suite des temps. Ce n’est pas que cette troisiéme partie doive estre denuée d’Actions, on y trouvera la suite de celles des deux premieres parties, & les actions n’y paroistront pas avec moins de détail que les intrigues.
Dans la premiere Partie page 53. en parlant d’une Ordonnance publiée à Bruxelles par le Marquis de Grana, on a mis 1685. il faut lire 1683.
Page 115. on a dit qu’il y a dans le Chapitre de Cologne dix Chanoines qu’on nomme Chanoines illustres. Il y en a seize. Il faut oster ce qui suit, qu’on appelle leurs voix les Majora. Le mot de Majora ne s’entend que pour le plus grand nombre de suffrages.
Page 134. On a dit que le Pape avoit approuvé l’élection du grand Doyen de Munster, & celle du grand Doyen de Liege, il faut mettre avant ces deux Elections, que Sa Sainteté a aussi approuvé celle du grand Doyen d’Hildesheim de sorte qu’il n’y a eu que l’Election du grand Doyen de Cologne rejettée, à l’égard des quatre Eveschez que feu M. l’Electeur de Cologne a laissez vacans, parce qu’elle regardoit M. le Cardinal de Furstemberg.
Page 146. On s’est mal expliqué en disant que le Chapitre de Cologne estoit composé de vingt-quatre Capitulaires ; ce nombre est toûjours reglé.
[Sur l’accueil réservé à la première partie des Affaires du temps]* §
L'accueil favorable que vous avez fait à la premiere Lettre que vous avez receuë de moy sur cette matiere, m’engage à vous tenir parole touchant la seconde, que je me serois dispensé de vous écrire, si en me la demandant vous ne me marquiez un empressement qui me fait croire que vous la lirez avec plaisir. Je voy par là que vous aviez attendu de moy autre chose que des Nouvelles dans cette Lettre, & mon intention a aussi esté d’aller plus loin ; autrement, comme elle finit à la traduction du Manifeste de Mr le Cardinal de Furstemberg, vous n’auriez pas lieu d’en estre contente, puis que je ne vous ay rien appris de nouveau, à l’égard des sujets que j’ay traitez, mais ces sujets estant mis en corps, & contenant, non pas les actions, mais les motifs qui ont fait agir, il y a toujours de la nouveauté dans les histoires que l’on écrit de la sorte, & ce qui s’est passé mesme dans les siecles précedens, est nouveau pour nous, lors qu’on nous en peut apprendre les causes. Sans cela on ne travailleroit jamais à l’Histoire, & la posterité ne verroit que des recueils d’évenemens écrits dans le temps qu’ils se sont passez, & faits seulement pour faire sçavoir alors au Public qu’une chose est arrivée, & non pour l’instruire des intrigues & des ressorts qui sont cause du bon ou du mauvais succés qu’elle a eu.
[Sur les écrivains en France]* §
Ainsi on n’a pas beaucoup de peine à les combattre dés qu’on le veut entreprendre, & tous les sombres nuages dont ils se sont efforcez de couvrir la verité, s’évanouissent aux moindres raisons que l’on apporte pour la mettre au jour. Ils sont persuadez en la déguisant, qu’il est aisé de decouvrir leurs suppositions, dés qu’on voudra s’en donner la peine, mais ils se reposent sur la sagesse des Ecrivains de France, qui ne sont pas accoustumez à écrire comme eux, & à faire des invectives, cela est cause que moins on répond à leurs écrits, plus ils écrivent, & font écrire, s’imaginant qu’à force de repeter des faussetez, & d’en supposer de nouvelles, on y adjoustera foy ; cela leur arrive si souvent, qu’on pourroit dire qu’ils commencent à la fin à croire eux-mesmes, ce qui ne sort point de leur imagination échauffée, à force de le vouloir persuader aux autres. Ils sçavent aussi que ce qu’ils écrivent, est indifferent au Roy, qu’il les regarde avec mépris sans se soucier qu’on y réponde, ce Prince sçachant bien qu’il n’y a que les méchantes causes qui ont besoin d’Avocats, & d’estre bien défenduës, & ne se mettant pas en peine de tout ce que la calomnie & l’envie peuvent faire dire, pourveu qu’il soit content de luy-mesme, que la justice soit de son costé, qu’il ne fasse rien contre sa gloire, & que sa conscience n’ait rien à luy reprocher. Il sçait que la malice est tost ou tard confonduë, que la verité se decouvre toujours de quelques voiles qu’on la puisse enveloper, & que le temps rend justice à tout le monde.
[Annonce du prochain volume des Affaires du temps]* §
J’ay beaucoup de citations tres-curieuses à rapporter, qui prouveront la validité de ces sortes d’Actes d’Appel ; mais je les reserve pour le commencement d’une autre Lettre, qui fera la troisiéme partie des Affaires du Temps.