[Mesures prises par le Prince d’Orange concernant l’impression de récits de guerre]* §

Comme il y avoit beaucoup de gens de bien en Angleterre qui n’osoient éclater contre l’injustice. la tirannie ; & l’usurpation du pouvoir souverain, il courut beaucoup d’écrits à Londres, qui faisant voit trop clairement toutes ces choses, & les prouvant avec trop de force, donnerent beaucoup de chagrin au Prince d’Orange, non pas qu’il se piquast d’honneur là-dessus, mais parce que ces Ecrits, quand la verité s’y trouve bien exprimée, font ouvrir les yeux aux peuples, & les font rentrer dans leur devoir. Cela obligea ce Prince à faire publier ce qui suit, & il en fit mesme renouveller plusieurs fois la publication.

D’autant qu’on imprime & qu’on publie tous les jours plusieurs livres scandaleux, seditieux & remplis de faussetez, ainsi que plusieurs feuilles volantes de nouvelles & plusieurs Libelles, contenant de fausses & ridicules relations de ce qui se passe avec des reflexions malicieuses sur plusieurs Personnes, ce qui trouble la paix publique ; & ces écrits estant publiez sans aucune autorité ou permission, ce qui est contraire aux Loix faites sur ce sujet, son Altesse Monseigneur le Prince d’Orange a trouvé à propos d’ordonner & de commander aux Maistres & Gardes de la Compagnie des Libraires, & à Robert Stephens, cy-devant Messager de la Presse, de chercher exactement dans toutes les Imprimeries & autres lieux, & de s’assurer de tous Auteurs, Imprimeurs, Libraires, Colporteurs & autres qui seront trouvez imprimant, vendant ou dispersant lesdits écrits, & de les mener devant le plus prochain Juge de paix, afin qu’ils puissent estre poursuivis selon les Loix. Et pour mieux executer ce que dessus, tous Maires, Juges de paix, & autres Officiers, sont requis d’aider lesdits Maistre & Gardes de la Compagnie des Libraires & ledit Stephens, & de leur prester main-forte, selon que l’occasion le requierera.

[Annonce du prochain volume des Affaires du temps]* §

Comme j’ay enfin rejoint le Prince d’Orange malgré toute la précipitation avec laquelle il a couru vers le Trône, vous n’aurez que dans trois mois la sixiéme Partie des Affaires du temps. Cette histoire où je me permets le raisonnement, estant plutost pour remarquer ce que l’on peut dire sur les grands évenemens, que pour donner des nouvelles, je croy que vous vous contenterez jusque-là de mes Lettres ordinaires, que vous aurez toujours au commencement de chaque mois, & qui contiendront ce qui se sera passé de plus important.