1697

Mercure galant, mai 1697 [tome 5].

2017
Source : Mercure galant, mai 1697 [tome 5].
Ont participé à cette édition électronique : Nathalie Berton-Blivet (Responsable éditorial), Anne Piéjus (Responsable éditorial), Frédéric Glorieux (Informatique éditoriale) et Vincent Jolivet (Informatique éditoriale).

Mercure galant, mai 1697 [tome 5]. §

Sonnet §

Mercure galant, mai 1697 [tome 5], p. 7-10.

Vous avez vû differens Portraits du Roy. On en fait tous les jours de nouveaux sans que la matiere se trouve épuisée. Ainsi je croy vous faire plaisir de vous en envoyer un que vous n’avez point encore vû, & qui le represente au naturel en quatorze Vers.

SONNET.

Par ses rares Vertus répondre à sa naissance ;
Faire observer les Loix, & fleurir les beaux Arts ;
Au milieu des Hivers affronter les hazards ;
Sçavoir à la valeur allier la clemence.
***
Servir d’asile aux Rois, éloigner de la France
L’Hidre qui l’infectoit jadis de toutes parts ;
De Genes & d’Alger abattre les remparts,
Mettre aux fers le Lion, l’Aigle hors de défense.
***
Parmy tous les Heros tenir le premier rang,
Egaler par l’esprit la splendeur de son sang,
Par d’immenses travaux surpasser la nature ;
***
Eteindre le poison, abolir le Duel ;
Détruire la Chicane, & condamner l’Usure,
N’est-ce pas meriter le nom d’Homme Immortel.

[Traduction en vers de l’endroit d’Homere, où Hector dit adieu à son Epouse Andromaque] §

Mercure galant, mai 1697 [tome 5], p. 10-25.

L’Adieu que fait Hector à son Epouse Andromaque, quand il la quitte pour aller combattre, est un des endroits les plus touchans qu’on remarque dans Homere. On le trouve sur la fin du sixiéme Livre de l’Iliade, & il seroit à souhaiter que celuy qui l’a mis en Vers François, voulust travailler sur d’autres endroits de cet inimitable Poëme. Il court icy beaucoup de copies de cet Adieu, & il n’est pas juste que vostre Province soit privée des beautez qu’on y admire.

A DIEU D’HECTOR
ET D’ANDROMAQUE.

Le redoutable Hector s’éloignoit à grands pas,
Enflammé du desir de signaler son bras,
Quand tout à coup auprés de la porte de Scée
Se presente à ses yeux Andromaque empressée,
Andromaque l’objet de sa pudique ardeur,
Dont l’amour & l’Himen luy soumettoient le cœur.
Sur le bruit du combat où la gloire l’appelle,
Elle arrivoit en hâte, & traînoit aprés elle
Le jeune Astianax, le fruit de leurs amours,
L’esperance de Troye, & celle de ses jours.
Hector pour un moment s’arreste à cette vûë,
Et d’un plaisir secret il sent son ame émuë.
Il sourit, il regarde & sa Femme & son Fils.
D’un silence profond ses regards sont suivis ;
Mais la triste Andromaque en proye à ses alarmes,
En marqua la rigueur par un torrent de larmes.
Elle moüilloit les mains, & repetoit le nom
Du Heros dont son coeur redoutoit l’abandon.
Ah ! luy dit-elle enfin, qu’allez-vous entreprendre ?
Vostre valeur vous trompe, elle aide à vous surprendre.
Cette même valeur, si longtemps vostre appuy,
Qui vous sauva cent fois, va vous perdre aujourd’huy.
Mille Grecs conjurez pour vous ôter la vie,
Sur vous, tout à la fois, fondront avec furie.
Seul contre tous, comment s’empescher de perir ?
Vous mourrez ; aprés vous que ne puis-je mourir !
Tout mon bonheur seroit de ne vous point survivre.
A quel affreux destin vostre trépas me livre !
Quelle foule d’ennuis ! quel amas de tourmens !
Quand finiront mes maux & mes gemissemens ?
N’avez vous point pitié d’une trop tendre Amante,
Qui deviendroit, helas ! une Veuve tremblante ?
Qui me consoleroit ? Je n’ay plus de Parens,
Achille m’en priva dés mes plus jeunes ans.
Thebes par ce cruel vit égorger mon Pere,
Dans un dur esclavage il emmena ma Mere,
Qu’à la fin de Diane accabla le couroux ;
Sept Freres que j’avois il me les ôta tous.
Vous reparez, Hector, tant de pertes ameres,
Vous m’estes & mon Pere, & ma Mere & mes Freres :
C’est peu que tous ces noms si flateurs & si doux,
Hector, mon cher Hector, vous estes mon Epoux.
Mais si vostre fierté que vainement j’attaque,
N’ose ou ne peut ceder à la seule Andromaque,
S’il faut pour vous toucher y joindre vostre Fils,
Vous voyez qu’à mes pleurs il ajoûte ses cris.
Employez vostre bras à sauver vostre Troye,
Empêchez que des Grecs elle ne soit la proye,
Mais sur tout gardez-vous de quitter ses remparts,
Et n’allez pas ailleurs mandier des hazards,
Un costé de nos murs, prés du Figuier sauvage,
Presente aux Ennemis un puissant avantage !
Il est bas, il est foible, & nostre mauvais sort
Depuis peu, leur y fait adresser leur effort.
Les deux fameux Ajax, le grand Idomenée ;
Ulisse, Merione, & le Fils de Tidée,
Qu’anime quelque Dieu, prétendent y monter.
Quels guerriers ! vous pouvez vous seul les arrester.
En remportant sur eux une noble victoire,
Daignez vous contenter, Hector, de cette gloire.
Je suis de mon devoir la rigoureuse loy,
Qu’Andromaque à son tour en use comme moy ;
Je ne vous quitte point sans une peine extrême,
Répondit le Heros, je parts, & je vous aime ;
Mais caché dans ces murs, endormi dans vos bras,
Voulez-vous que j’apprenne à quitter les combats ?
Nos Troyens sont saisis d’une vaine épouvante,
Il me faut soutenir leur valeur chancelante ;
Quand la fiere Pallas tâche à les desarmer,
C’est l’exemple d’Hector qui doit les ranimer.
Au milieu des dangers distingué dés l’enfance,
On y remarqueroit sans doute mon absence ;
J’ay d’autant plus d’honneur à conserver, qu’au mien
Mon Pere, déja vieux, veut attacher le sien.
Je ne me flate point d’une vaine défense,
Vous perirez bien tost, auteurs de ma naissance,
Vous Priam, vous Hecube, & tous ces Grecs vainqueurs,
S’assouviront icy de carnage & d’horreurs.
Vous pouvez seulement, Troupes infortunées,
Reculer, & non pas changer vos destinées.
Mais quoy que nos malheurs meritent ma pitié,
L’amour en ce moment étouffe l’amitié.
Ouy, ma chere Andromaque, un avenir si rude
Sur vous fixe ma peur & mon inquietude.
D’Hecube & de Priam je crains trop peu la mort,
Parce que je crains trop vostre rigoureux sort.
Quel coup, si quelque jour la fortune vous brave,
D’un vil Arcadien jusqu’à vous rendre esclave !
Peut-estre on vous verra, Fille de tant de Rois,
Remplir honteusement de serviles emplois.
On vous verra reduite à filer dans Micenes,
Ou bien puiser de l’eau sur le bord des fontaines.
Vous pleurerez peut estre, & peut-estre qu’encor
Un Dolope dira, c’est la Veuve d’Hector.
De cet Hector par qui Troye eust paré sa perte,
Si Neptune & Junon ne nous l’eussent ouverte.
Andromaque à ces mots, quel triste souvenir,
Il vous en coutera plus d’un nouveau soupir.
Non, je ne seray point témoin de ce supplice.
Que la terre s’entr’ouvre, & qu’elle m’engloutisse,
Ou que le Ciel à qui j’ose me confier,
M’accorde la douceur de mourir le premier.
Ainsi parloit Hector, & ce ferme courage
Laissoit voir la douleur peinte sur son visage.
Pour modérer le trouble où flotoient ses esprits,
Il voulut dans ses bras tenir son jeune Fils :
Mais cet Enfant frapé de l’éclat de ses armes,
Et du noir appareil que l’on porte aux alarmes,
Se détourne, & craignant qu’on ne veüille approcher,
Des robes de sa Mere il tâche à se cacher.
Le Heros en sourit, il ôte de sa teste
Son Casque qu’ombrageoit une sanglante creste.
Il prend Astianax, & le baisant cent fois,
Au Maistre de l’Olimpe il adresse sa voix.
Grand Jupiter, dit-il, Souverain Roy du monde,
Faites que cet Enfant à mes desirs réponde.
Sensible à son devoir qu’il marche sur mes pas,
Qu’il cherche avidement la guerre & les combats.
Qu’il ait pour sa Patrie une attache fidelle :
Toujours prest à voler, prest à mourir pour elle.
Vainqueur des Ennemis les plus audacieux,
Puisse-t-il s’élever au rang des demi-Dieux.
Qu’on dise en le voyant, il surpasse son Pere,
Mais sur tout, qu’il honore & qu’il aime sa Mere :
Que l’ardeur de luy plaire & de la contenter,
Aux grandes actions suffise à l’exciter.
Mon Ombre chez les Morts sçaura sans jalousie
Que ses faits terniront les hauts faits de ma vie.
Alors Hector pressé de finir ses adieux,
Embrasse Astianax, & l’oste de ses yeux.
Sa constance déja se trouvoit alterée.
Il le remet aux mains de sa Mere éplorée,
Qui luy lance, malgré la peine qu’elle sent,
Au travers de ses pleurs un coup d’oeil caressant.
Cet éloquent regard plein d’amour & de flâme,
Du farouche guerrier alla penetrer l’ame.
Andromaque est mourante, il ressent ses tourmens,
Et dans de longs baisers cache ses mouvemens.
Chere Epouse, calmez l’ennuy qui vous devore,
Vous pleurez des maux vains, du moins douteux encore.
N’est-ce que d’aujourd’huy que je vais au danger ?
Mon bras, ajoûta-t-il, sçaura m’en dégager.
Non, malgré les frayeurs dont vostre coeur frissonne,
Je ne periray point, si le sort ne l’ordonne.
Quoy qu’attentent sur moy tous les Grecs irritez,
Son pouvoir nous maistrise, & nos jours sont comptez.
Sous d’innocens plaisirs accablant vos alarmes,
Attendez le succés qu’il reserve à mes armes.
Je dois combattre ; Troye a besoin de soutien.
Adieu, je cours remplir le destin d’un Troyen.
A ces mots sur son front brille une fiere audace,
Et des bras d’Andromaque Hector se débarasse.
Il a remis son Casque, il s’éloigne, il la suit.
Aussi loin qu’elle peut des yeux elle le suit,
Elle pâme, & stupide en sa douleur amere,
Regagne à pas tremblans le Palais de son Pere.

[Derniere replique sur l’explication qu’on a donnée à un vers de Virgile qui regarde la Louve, qui allaita Romulus] §

Mercure galant, mai 1697 [tome 5], p. 25-55.

Il faut vous parler encore, mais pour la derniere fois, de la nouvelle explication qu’on a donnée à un Vers de Virgile, qui regarde la Louve qui allaita Romulus. Voicy une refutation de ce qui parut dans ma Lettre de Février sur cette matiere.

A MONSIEUR ***

J’Ay lû, Monsieur, vostre Réponse à la Critique que j’ay faite du nouveau sens que vous donnez à ce Vers de Virgile.

Inde Lupæ fulvo nutricis tegmine lætus
Romulus, &c.

Vous assurez que ce sens qui entend par Tegmine, la peau, couvre Romulus de la peau de la même Louve qui l’allaita, parce qu’il faut tirer le sens des termes. Sur quoy j’ay à vous dire, que pour bien commenter un Poëte, il faut estre parfaitement instruit de toutes les façons de parler poëtiques, & sur tout de celles qui sont propres à celuy dont on entreprend de rendre le sens. Avez-vous ignoré, ou avez-vous dissimulé cette licence si familiere aux Poëtes, qui est de prendre l’individu pour l’espece, à cause de quelque circonstance memorable. Cette liberté poëtique est fondée sur la parfaite ressemblance qui se trouve entre tous les individus de la même espece, qui fait qu’ils ont tous quelque part à l’avanture. Ainsi Seneque a appellé quelque part le Taureau, vector Europæ ; ainsi Virgile nomme dans la IX. Eglogue, les pigeons, Chaonias columbas.

Vous sçavez, Monsieur, que les chesnes de la forest de Dodone rendirent anciennement des oracles, & que deux pigeons qui s’estoient perdus sur ces arbres, s’envolerent, l’un au Temple de Delphes, & l’autre à celuy de Jupiter Ammon. Maintenant je vous demande, si cette circonstance marquée par le terme Chaonias, ne nous induit pas à dire que les pigeons dont parle Virgile, estoient ceux-la mêmes qui s’envolerent de dessus ces arbres, pourquoy la circonstance de Lupæ nutricis nous induira-t-elle à dire que c’estoit la peau de la même Louve qui avoit allaité Romulus ? Mais, dites vous, il y a lupæ. Il le faut bien, pour marquer la circonstance, & je ne sçache pas que jamais loup mâle ait donné à tetter. Vous vous fatiguez encore vainement à découvrir si le Loup qui estoit dans les Drapeaux Romains, estoit mâle ou femelle, ô curas hominum, vous y aurez bien de la peine, car rien au monde ne ressemble mieux à un Loup, qu’une Louve.

Quelque grande que soit la prévention où vous estes contre le Loup, il vous en faut deffaire, si vous voulez commenter les Anciens profanes, & vous accoutumer à le regarder comme eux, tantost avec plaisir, & tantost avec peine. Vous soutenez à tort qu’il estoit de mauvais augure de luy-mesme, & par sa nature. Vidit Deus cuncta quæ fecerat & erant valde bona. Est-ce à vous à établir les bons & les mauvais présages, quis te constituit judicem ? Ce n’est pas de l’opinion que vous avez du Loup qu’il s’agit icy, mais de celle qu’on en avoit à Rome au temps de la Republique. Il faut pour le sçavoir au vray remonter jusqu’a ces temps éloignez, & nous deffaire des opinions bâties sur les mœurs de nostre siecle. Les differences des temps ne causent pas moins de differentes perspectives aux objets de l’esprit, que les diverses situations en causent aux objets de la vûë. Quand on voit un objet de loin, il paroist monstrueux, il effraye ; mais à mesure qu’on va vers luy, il se développe insensiblement à nos yeux, on distingue peu à peu le different arrangement de ses parties, on se détrompe enfin agreablement, mais non pas sans quelque dépit d’avoir jugé avec trop de précipitation. Consultons Horace, il a donné au Loup l’épithete de Martial, Lupos martiales. Cette épithete le met parfaitement à couvert de vostre invective, & quelque grande que soit la haine que vous avez conçuë pour cet animal, il faut enfin vous radoucir, eussiez-vous mille brebis errantes sur les montagnes de Sicile. Ecoutez maintenant Virgile.

Ac veluti pleno Lupus insidiatus ovili
Cum fremit ad caulas ventos perpessus & imbres ;
 Ille asper & improbus ira,
Haud aliter rutulo… Æn. 9.

Selon vous, cette comparaison seroit bien injurieuse à Rutulus, & insupportable aux Romains, chers Lecteurs de ce divin Poëte, & dont il ménageoit la bien-veillance avec tant de soin. Il faut donc tomber d’accord que la figure du Loup n’estoit pas toûjours déplaisante. Sa rencontre même a souvent relevé aux Soldats leurs cœurs abbatus, non pas à la verité quand il entroit dans la Ville, ou dans le Camp, car ces circonstances le representant comme un ennemy qui protegé de Mars avoit forcé les remparts, le rendoient funeste. Mais voicy un fait que vous avez oublié, où le Loup fut un spectacle agreable. Tite-Live rapporte au 10. livre de la premiere Decade, que l’Armée Romaine & l’Armée Ennemie estant en presence, une Biche poursuivie par un Loup, passa entre ces deux Armées, & ensuite ces deux bestes s’étant écartées l’une de l’autre, la Biche prit sa course parmy les Gaulois, & le Loup du côté des Romains, qui le laissérent passer au travers de leurs rangs. L’auriez-vous crû ? mais les Gaulois tuérent la Biche. Lupo data inter ordines via, cervam Galli confixere. Sur cela vous concluriez d’abord la deffaite des Romains. Attendez. Romanus miles antesignanus, illac fuga, inquit, & cædes vertit ubi sacram Dianæ feram jacentem videtis, hinc victor martius Lupus integer & intactus gentis nos martiæ & conditoris nostri admonuit. La fuite & le carnage, dit alors un Romain de ceux qui combattoient devant les Enseignes, sera du côté où vous voyez à terre cette beste consacrée à Diane, & le Loup consacré à Mars, qui est passé comme victorieux, puisqu’il n’a point esté blessé, est venu nous faire souvenir que nous sommes sortis d’un Peuple belliqueux, & que nostre Fondateur estoit Fils de Mars. Voyez-vous, Monsieur, comme selon les circonstances, la Biche devint fatale aux Gaulois, & le Loup fut aux Romains un présage de la Victoire qu’ils gagnérent. En voilà assez sur cet Article. Je crois qu’aprés cela vous aurez vû vous-même le Loup dans les circonstances de Mœris.

 Vox quoque Mœrin
Jam fugit ipsa, Lupi Mœrin videre priores. Egl. 9.

Mœris est enroué, Mœris n’a plus de voix, les Loups l’ont apperçû les premiers. Je veux dire que vous aurez de la peine à répondre à ce que je vous oppose.

Au lieu de conclurre comme vous deviez de ce que j’établissois les deux sens, qu’ils me paroissoient tous deux bons, vous avez jugé que je ne trouvois pas mon compte dans l’un, puisque je m’attachois à l’autre. Je soutiens qu’il sont tous deux bons, Monsieur, & si bons que l’un des deux est necessairement le vray, quoy qu’on ne sçauroit le marquer, sans crainte de se tromper, à moins que Virgile ne revinst des Champs Elisées pour nous dire luy-même sa pensée, dont je le dispense volontiers. Ils sont tous deux bons, dis je, & parce que l’un & l’autre est conforme au genie de l’Auteur, & parce que les termes ont dans tous les deux toute leur force & leur justesse. Mais quel rapport, dites-vous, de Romulus sous le ventre de la Louve, avec les grandes choses qui suivent ? Il saute aux yeux. La Louve, animal de Mars, couvrant de son corps Romulus, est une vive image de la protection de ce Dieu, & je m’attens bien pour moy, que Virgile forcé par ce prodige, chante immediatement aprés que cet enfant si cheri de Mars fondera un jour la Ville Martiale, mavortia condet mœnia. L’illustre Mr de Segrais qui voit clair dans ce Poëte, y a trouvé ce rapport que vous n’y voyez pas.

Nourrisson d’une Louve & Fils d’une Vestale,
Romulus fondera la Ville martiale.

Il n’a pas eu recours, non plus que Mr de Martignac, à l’instinct de cette beste, qui est, dites-vous, de couvrir sa proye de feuïllage ; ils se sont contentez de la faire acquitter de sa fonction de nourrice, qui est d’allaiter & de couvrir de son corps son nourrisson. Virgile a heureusement exprimé ce double devoir par son lupæ nutricis tegmine ; & les deux Traducteurs que je viens de citer, ont seulement marqué le premier, parce qu’il est inseparable de l’autre.

Vous insistez que Romulus enfant tetant la Louve, estoit tout droit sous son ventre ; mais le moyen qu’à l’âge tendre où il estoit il eust pû se tenir sur ses pieds ; car à peine son Frere & luy eurent vû le jour, qu’ils furent exposez, & on ne les put pas longtemps dérober au défiant Amulius, qui eut plus d’yeux qu’Argus pour découvrir la supercherie.

Lætus ne vous plaist pas dans ce sens-la, & il ne fut jamais mieux placé. On éprouve toujours un sentiment de joye quand on se voit en seureté aprés un danger évité, & un de mes Amis m’a souvent demandé la raison d’une joye qu’il goûte ordinairement la nuit dans son lit pendant un furieux orage. Cette satisfaction secrete & sans reflexion, qui naist de la comparaison que l’ame fait en elle-même de son estat heureux, ou d’un bonheur inespéré avec des malheurs évitez, convient parfaitement à Romulus sous le ventre de la Louve aprés tant de perils qu’il avoit courus, sur tout, de ce que devant vrai-semblablement estre devoré par une beste naturellement feroce, tout tourne à son avantage. Je viens maintenant à vostre nouveau sens, sans m’amuser à refuter certaines choses que vous semez ça & là dans vostre Ecrit, ad populum Phaleras. Je m’en tiens à l’avis d’un bel esprit de l’antiquité, sçavoir, qu’on se doit bien garder de refuter des choses qui ne le meritent pas, de peur de donner par une refutation sérieuse quelque poids & quelque autorité à ce qui tombe de soy-même.

Inde lupæ fulvo nutricis tegmine lætus
Romulus, &c.

L’heureux Romulus couvert de feuïlles mortes par la Louve sa nourisse.

Si ce sens est le veritable, je vous tiens pour un grand Prophete, magnus Apollo, car c’est proprement ce qu’on appelle deviner ; il faut au moins sçavoir la vraye signification des mots pour bien traduire. J’avois insinué dans ma Critique le vray sens du mot tegmen. Il est constant qu’il ne convient qu’aux choses, qui à raison de leur tissure semblent estre faites pour couvrir ; il n’est pas formé du verbe tegere, comme vous vous l’estes persuadé, mais de texo. Subtemen est mis par Horace dans la treiziéme Epode, pour la trame ou ce filet que les Parques font passer parmy les autres filets, tantost par dessous, tantost par dessus, en ourdissant la vie des hommes, ce qui represente naïvement le haut & le bas dont elle est tissuë.

Unde tibi reditum certo subtemine Parcæ Rupêre.

Il est ordinaire à Virgile d’exprimer la couverture que les arbres fournissent avec leur feüillage, par le mot de tegmen, ou par le verbe texo.

Et lentæ texunt umbracula vites. Egl. 9.

Mais quand il s’agit de la couverture de feüilles détachées des arbres, il employe le verbe tegere, tant il est exact dans ses expressions.

Ramis tegerem ut frondentibus aras. Æn. 3.

Si les termes vous sont contraires, les convenances sont encore moins pour vous ; qui jusqu’icy aviez trouvé une couverture dans ces deux Vers de la 4. Eglogue, où il n’est fait mention que de petits presens.

At tibi prima puer nullo munuscula cultu,
Errantes ederas passim cum bacchare tellus.

Combler de presens se dit bien, mais couvrir de presens est une expression aussi monstrueuse dans nostre Langue, que tegmen pour un amas de feuïlles entassées sous les arbres dans la Latine. De plus, quel rapport du lierre verdoyant entrelassé avec l’agreable branche Ursine, que la terre produit en faveur de l’heureux Enfant de Pollion, avec des feuïlles seches, qui ne pouvant plus faire honneur au chesne, l’ornement des forests, tombent à terre. Vous voulez qu’on regarde la feuïlle dans la nature symbolique de l’arbre, mais des feuïlles mortes & separées des arbres, ne leur appartiennent plus ; & effectivement j’ay lû dans Suetone qu’une branche de chesne fonda un mauvais augure pour un Enfant, parce qu’elle s’étoit sechée le jour de sa naissance.

Comme en passant du chesne à sa feuïlle, vous ne faites point usage de vostre Logique, vous n’en faites point non plus de vostre Physique, quand vous dites que les feuïlles qu’on a recemment détachées des troncs, sont privées du caractere de vie qu’elles ont quand elles leur sont unies, puis que leur ame, s’ils en ont, est divisible, & par consequent la feuïlle separée en retient une portion par le moyen d’un suc qui en est le lien, & qui est contenu dans les petites veines, qui sont dispersées par toute la feuïlle. Aussi se faisoit-on des couronnes de feuïlles fraîchement cueillies ; mais quand elles estoient vieilles, on ne les jugeoit bonnes à autre chose, qu’à en faire un sacrifice à la saison triste & fâcheuse de l’hiver.

Læta quod pubes edera virenti
Gaudeat, pulla magis atque myrto,
Aridas frondes hyemis sodali Dedicet hebro. Hor. Od. 25. l. 1.

O qu’alors vous vous plaindrez, dit Horace, parlant à la coquette Lydie, de voir que les jeunes gens dont l’humeur est enjouée, aiment beaucoup mieux les jeunes Myrtes & le Lierre verdoyant, & qu’ils devouënt à l’Hebre, compagnon du triste hiver, les feuïlles qui sont seches.

Dans l’embarras où je vous vois sur la fin de vostre Ecrit, je me represente un homme, qui ayant fait naufrage pour s’estre embarqué sur une mer inconnuë, tâche de se sauver à la nage, & aborde où il peut ; ce qui m’oblige enfin à conclurre, que si la sensualité de l’esprit pouvoit entrer en parallele avec celle du cœur, vostre conduite seroit une image assez naïve de celle des anciens Romains, qui dégoûtez par l’abondance que les dépoüilles de tant d’Ennemis apportoient dans Rome, se fatiguoient sans raison à chercher des Mers inconnuës, & à découvrir de nouvelles Terres, qui enfermassent dans leur sein de nouveaux tresors.

 Si quis sinus abditus ultra,
Si qua foret tellus quæ fulvum mitteret aurum. Petro. Satyr.

Mais pour tout fruit de tant de fatigues ils ne rapportoient le plus souvent que du coquillage. Vostre grand dessein de trouver de nouveaux tresors dans Virgile, n’a pas eu un meilleur succés. Je sçay que la couleur vous a imposé ; mais faut-il se tant attacher au sens merveilleux d’un Poëte, qu’on en neglige le moral. Le sage avis que Coridon donne à Alexis, dans la seconde Eglogue, vous eust épargné bien de la peine si vous en eussiez profité.

Nimium ne crede colori.

Ne vous fiez pas trop à la couleur de l’or, Monsieur, elle est trompeuse. Je suis.

Bibliotheque orientale, ou Dictionnaire universel §

Mercure galant, mai 1697 [tome 5], p. 130-150.

Il paroist depuis peu un Livre nouveau, qui se vend chez la Compagnie des Libraires. Ils sont douze Associez. En voicy le titre.

BIBLIOTHEQUE
ORIENTALE,
OU
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL,

Contenant generalement tout ce qui regarde la connoissance des Peuples de l’Orient, leurs Histoires & Traditions veritables ou fabuleuses ; leurs Religions, Sectes & Politiques ; leurs Gouvernemens, Loix, Coutumes, Mœurs, Guerres, & les Révolutions de leurs Empires ; leurs Sciences & leurs Arts ; leur Theologie, Mythologie, Magie, Physique, Morale, Medecine, Mathematiques, Histoire naturelle, Chronologie, Geographie, Observations Astronomiques, Grammaire & Rhetorique ; les Vies & actions remarquables de tous leurs Saints Docteurs, Philosophes, Poëtes, Capitaines, & de tous ceux qui se sont rendus illustres parmy eux, par leur vertu & par leur sçavoir ; des Jugemens critiques, & des Extraits de tous leurs Ouvrages, de leurs Traitez, Traductions, Commentaires, Abregez, Recueils de Fables, de Sentences, de Maximes, de Proverbes, de Contes, de bons mots, & de tous leurs Livres écrits en Arabe, en Persan ou en Turc, sur toutes sortes de Sciences, d’Arts & de Professions.

Mr d’Herbelot, Auteur de ce Livre, n’a pas eu le plaisir d’en voir achever l’impression. Cependant comme il n’y a point de Lecteurs qui ne s’attendent à une Préface, parce que les uns veulent estre assurez de la bonté d’un Livre ; avant que d’en faire la lecture, & que les autres qui sont persuadez qu’il est bon par la capacité de l’Auteur, qui leur est connuë, sont bien-aises d’estre instruits en general de tous les avantages qu’ils en peuvent retirer, Mr Galant, qui aprés feu Mr d’Herbelot est celuy qui estoit le plus capable de travailler à un si difficile Ouvrage, parce qu’il a demeuré longtemps à Constantinople, a fait un Discours qu’on a imprimé au devant de cet Ouvrage, & qui luy peut servir de Préface. Mais quel extrait vous en faire, puis qu’en vingt pages in folio il n’a fait qu’un petit abregé de ce que la Bibliotheque Orientale contient ? Si je rapporte ce qu’il a dit, il ne me faudra pas moins d’étenduë, puisque, comme je viens de le dire, il n’a fait qu’un abregé, & si j’en retranche beaucoup, on croira le Livre moins considerable qu’il n’est, & on ne sera pas persuadé qu’il traite des choses dont je n’auray point parlé. Ainsi je ne diray rien autre chose, sinon que l’on doit juger de la diversité & de la beauté de ce grand Ouvrage, par les cinquante quatre titres qui sont renfermez dans le titre general. Chacun de ces titres contient une infinité de choses. Par exemple, les Vies, les Loix, les Arts, & les Sciences ne font que quatre titres. Cependant dans le corps de cette Bibliotheque ils font une infinité d’articles. Il en est de même des cinquante autres. Ce qu’il y a de particulier dans ce Livre, qui est un vray Dictionnaire où toutes les matieres sont rangées par ordre Alphabetique, c’est qu’on y peut voir l’Histoire de chaque Dynastie suivie sans interruption, si on veut profiter du soin que l’Auteur a pris de nommer le Prédecesseur & le Successeur de chacun des Princes dont il décrit les actions. Ainsi en cherchant de Prédecesseur en Prédecesseur selon l’ordre Alphabetique, on remonte jusqu’à la source de la Dynastie, & en cherchant de Successeur en Successeur selon le même ordre Alphabetique, on descend jusques au temps où cette Dynastie a finy. D’ailleurs, au commencement de chaque Dynastie, Mr d’Herbelot nomme tous les Princes dont elle a esté composée, ce qui est encore un moyen facile de lire leur Histoire tout de suite, en cherchant leurs noms selon l’ordre Alphabetique où ils sont rangez. Il est mal-aisé qu’un Ouvrage si laborieux & si utile, ne donne pour son Auteur toute l’estime que meritent les grands Hommes, & que cette estime ne vous fasse souhaiter de le connoistre autrement que par son nom. Je ne puis mieux satisfaire une si juste curiosité, qu’en vous faisant part de l’Eloge que j’ajoûte icy. Il a esté fait par Mr Cousin, President à la Cour des Monnoyes.

La douleur que la mort de Mr d’Herbelot a causée à la pluspart des gens de Lettres, a esté égale à l’opinion qu’ils avoient de son sçavoir. Il nâquit à Paris le 4. Decembre de l’année 1625. d’une Famille unie, ou de parenté ou d’alliance, à quantité des meilleures de cette Ville. Aussi tost qu’il eut achevé ses études d’Humanitez & de Philosophie, sous les plus celebres Professeurs de l’Université, il apprit les Langues Orientales, & s’appliqua principalement à l’Hebraïque, à dessein d’entrer dans l’intelligence du Texte original des Livres de l’Ancien Testament.

Aprés ce travail continuel de quelques années, il entreprit un voyage en Italie, dans la croyance que la conversation des Armeniens, & des autres Orientaux, qui abordent souvent à ses Ports, le perfectionneroit dans la connoissance de leurs Langues. A Rome, il fut particulierement estimé par les Cardinaux Barberin & Grimaldi, & contracta une étroite amitié avec Lucas Holstenius & Leo Allatius, deux des plus sçavans de ce Siecle. En 1656. le Cardinal Grimaldi, Archevêque d’Aix en Provence, avec qui il revint en France, l’envoya à Marseille au devant de la Reine de Suede, qui admira sa profonde érudition dans les Langues Orientales.

Au retour de ce voyage, qui ne dura qu’un an & demi, Mr Fouquet, Procureur General du Parlement de Paris, & Sur-Intendant des Finances, l’attira dans sa maison, & luy donna une pension de quinze cens livres.

L’attachement qu’il avoit eu à ce Ministre, n’empêcha pas qu’aprés sa disgrace il ne fust élevé à un employ, dont peu d’autres estoient aussi capables que luy, & que par Lettres verifiées en la Chambre des Comptes, il ne fust pourvû de la Charge de Secretaire & d’Interprete des Langues Orientales.

Quelques années s’estant écoulées, il fit un second voyage en Italie, & y acquit une si grande reputation, que les Personnes les plus distinguées, soit par leur science ou par leur dignité, s’empresserent à l’envie de le connoistre. Feu Monsieur le Grand Duc de Toscane, Ferdinand II. du nom, luy donna des marques ordinaires de son estime. Ce fut à Livourne qu’il eut l’honneur de voir ce Prince pour la premiere fois. Il y eut avec luy, & avec le Prince son Fils, qui est le Grand Duc d’aujourd’huy, de frequentes conversations, dont ces Princes furent si satisfaits, qu’ils luy firent promettre de les venir trouver à Florence.

Il y arriva le 2. Juillet 1666. & y fut receu par le Secretaire d’Etat, & conduit dans une maison préparée pour son logement, où il y avoit six piéces de plein pied magnifiquement meublées, une table de quatre couverts servie avec toute sorte de delicatesse, & un Carosse aux Livrées de Son A.S. On trouvera certainement peu d’exemples d’honneurs aussi grands, rendus au seul merite d’un Particulier par un Souverain. Une Bibliotheque ayant esté en ce temps-là exposée en vente dans Florence, Monsieur le Grand Duc pria Mr d’Herbelot de la voir, d’examiner les Manuscrits en Langues Orientales qui y estoient contenus, d’en mettre à part les meilleurs, & d’en marquer le prix. Dés que cela eut esté fait, ce genereux Prince les acheta, & en fit present à Mr d’Herbelot, comme de la chose qui luy estoit la plus convenable, & plus avantageuse au desir qu’il avoit d’avancer de plus en plus dans la connoissance de ces Langues, & dans celle du genie & des affaires des Peuples qui les parlent.

Un traitement aussi honorable que celuy là pouvoit paroistre un sujet de reproche à la France, qui se privoit si longtemps d’un si excellent homme. Mr Colbert le fit inviter de revenir à Paris, avec assurance qu’il y recevroit des preuves solides de l’estime qu’il avoit acquise. Le Grand Duc qui regne à present ne le laissa partir qu’aprés qu’il luy eut montré les ordres précis du Ministre qui le rappelloit.

Quand il fut de retour en France, le Roy luy fit l’honneur de l’entretenir plusieurs fois, & luy donna une pension de quinze cens livres par an. Le loisir dont il joüissoit en France ne pouvoit estre mieux employé qu’à continuer la Bibliotheque Orientale qu’il avoit commencée en Italie. D’abord il la composa en Arabe, & Mr Colbert avoit resolu qu’elle fust imprimée au Louvre, & qu’on fondist pour cet effet des caracteres en cette Langue ; mais cette resolution n’ayant pas esté executée, Mr d’Herbelot mit en François le même Ouvrage qui paroistra dans peu de mois. Alors j’en expliqueray plus au long dans un Extrait à part, le dessein & l’œconomie.

Ce qui n’a pû entrer dans cette Bibliotheque, a esté redigé par Mr d’Herbelot, sous le titre d’Anthologie, & contient ce qu’il y a de plus curieux dans l’Histoire des Turcs, & dans celle des Arabes & des Perses. Je ne dois pas omettre qu’il avoit mis la derniere main à un Dictionnaire Turc, Persan, Arabe & Latin, que Mr son Frere donnera au Public, de même que plusieurs Traitez qui meritent de voir le jour.

Ce fut en consideration de ces rares talens que Mr d’Herbelot fut pourvû il y a quelques années d’une Charge de Professeur Royal en Langue Syriaque, vacante par la mort de Mr Dauvergne. Ce qui releve extrêmement ce que j’ay dit icy de Mr d’Herbelot, c’est que sa modestie estoit encore plus grande que son érudition ; que dans les assemblées des Sçavans, où il se trouvoit souvent, & dans celles qu’il tenoit presque toujours chez luy, il ne décidoit jamais avec fierté, ne préferoit point son sentiment à celuy des autres, écoutoit leurs raisons avec patience, & leur répondoit avec douceur. Son sçavoir estoit accompagné d’une probité parfaite, d’une pieté solide, d’une tendresse extrême pour les pauvres, & des autres vertus chrestiennes qu’il pratiqua constamment dans tout le cours de sa vie. Elle fut terminée le 8. Decembre dernier, par une maladie de dix ou douze jours, pendant lesquels il fit paroistre une entiere resignation aux volontez de Dieu, & receut les Sacremens de l’Eglise avec une devotion exemplaire.

[L’Illustre Mousquetaire. Historiette]* §

Mercure galant, mai 1697 [tome 5], p. 154-155.

Le même Michel Brunet debite aussi une Historiette nouvelle, qui a pour titre, l’Illustre Mousquetaire. On y remarque des sentimens vifs & passionnez, qui font plaisir à ceux qui se piquent d’aimer tendrement & fidellement.

Air nouveau §

Mercure galant, mai 1697 [tome 5], p. 266-267.

Je vous envoye une Chanson nouvelle, dont les paroles sont de Mr Morel, & l'Air de Mr Arnoul.

AIR NOUVEAU.

Aimable objet d'une flâme innocente,
Astre brillant, beauté naissante,
Goûtez les doux attraits de ce charmant sejour ;
L'Amour qui vous forma pour aimer & pour plaire,
Vous enleve du sein de vôtre auguste Mere,
Pour vous unir au Sang qui luy donna le jour

Vous voyez bien que ces paroles ne peuvent regarder que Madame la Princesse de Savoye.

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