1699

Mercure galant, avril 1699 [tome 4].

2017
Source : Mercure galant, avril 1699 [tome 4].
Ont participé à cette édition électronique : Nathalie Berton-Blivet (Responsable éditorial), Anne Piéjus (Responsable éditorial), Frédéric Glorieux (Informatique éditoriale) et Vincent Jolivet (Informatique éditoriale).

Mercure galant, avril 1699 [tome 4]. §

[Sonnet] §

Mercure galant, avril 1699 [tome 4], p. 1-4.

Tous les Ouvrages qui paroissent sur la Paix que sa Majesté a bien voulu procurer à toute l’Europe, sont trop à l’avantage de ce Grand Monarque, pour ne vous en pas envoyer une copie, à mesure que le hazard me les fait tomber entre les mains. C’est ce qui m’oblige à vous faire part de ce Sonnet.

Qu’à l’honneur de la Paix on ordonne des Fêtes,
Goûtons avec plaisir ce doux present des Cieux.
Loüis ne le rend pas moins grand, moins précieux,
Pour l’avoir achetté de ses propres Conquêtes.
***
Content d’avoir par là dissipé les tempétes
Qu’excita contre luy son Regne glorieux,
Content d’avoir paré les coups audacieux
Dont l’orgueil menaçoit & nos biens & nos têtes ;
***
 Comme un autre Abraham heureux, comblé d’honneur,
Ce magnanime Roy jure par le Seigneur,
Le Maître souverain du Ciel & de la terre,
***
 Que de tout le Butin il ne veut rien pour luy,
De peur d’être accusé de n’avoir fait la guerre
Qu’afin de s’enrichir des dépoüilles d’autruy.

Ce Sonnet a été presenté au Roy par M. Ranchin, Maître des Comptes à Montpellier, Auteur de la traduction en vers des 150. Pseaumes de David, dédiez à Sa Majesté.

[Visites faites par Mr l'Evesque de Poitiers] §

Mercure galant, avril 1699 [tome 4], p. 4-22.

Vous ne serez pas fâchée d'apprendre, ce qui s'est passé à la premiere visite que M. l'Evêque de Poitiers a faite en la Ville de Niort, & pendant les quinze jours qu'il y a sejourné. Ce Prelat arriva le 11. Février dernier. [...]

Le Dimanche de la Sexagesime fut destiné pour faire toutes les fonctions Episcopales dans l'Eglise de Nôtre Dame, l'une des plus belles du Royaume, & on prepara toutes choses pour cela. [...]

[M. l'Evêque] commença la grand'Messe qu'il celebra in Pontificalibus, & qui fut chantée au Choeur avec l'Orgue.

[Epistre en Vers sur le Café] §

Mercure galant, avril 1699 [tome 4], p. 35-48.

Vous aimez trop le Café pour ne pas prendre plaisir à lire l’Epistre qui suit.

A MONSIEUR DE NESDE
Medecin.

Cher ami, divin Esculape
 Au pouvoir duquel rien n’échape,
Qui gueris les langueurs du corps & de l’esprit,
Qui sçais chasser la fiévre, & donner l’appetit ;
 Toy dont la figure agréable,
Au malheureux mortel qu’une colique accable
Du plus amer breuvage oste toute l’horreur ;
Dont le doux entretien, dont la seule presence
Du mal le plus aigu calme la violence,
 Bien loin de porter la terreur
 Comme certains atrabilaires,
Qui par leur air sauvage, & leur front ténébreux,
De la dure Cloto lugubres émissaires,
Même en nous guérissant nous paroissent affreux,
Et sçavent presenter tous les maux à nos yeux
 Dans des remedes salutaires ;
Enfin toy (je te le dis sans farde)
Qui m’es plus qu’à tout autre utile,
 Et qui pour dissiper ma bile
 N’as pas besoin du secours de ton art ;
Au bout de ces douceurs que te doit mon estime,
 Et par où ma prudente rime
A voulu (comme pour dorer
La pillule) te préparer
A recevoir ici ma plainte legitime,
 Souffre que d’un ton moins flatteur
 A toy se décharge mon cœur,
 De ce qu’au Caffé dans la France
Tu vas mettre l’enchere, & tarir l’abondance
 De cette charmante liqueur.
***
 Déja la legere Déesse,
 Qui court & qui jaze sans cesse,
Au plus lointains climats, a sçû depuis huit jours
 Porter cet excellent discours,
Par où ta docte bouche, & ta plume immortelle,
 Avec son fidelle secours,
A rendu les Marchands à Brest, à la Rochelle
 Intraittables comme des Juifs
Et fera plus de mal à nôtre Republique,
Que n’en peut réparer le butin magnifique
 De quarante vaisseaux captifs,
***
Jusqu’icy l’on voyoit dans l’esprit du vulgaire,
Et même chez le noble, & l’homme accredité,
 Regner cette erreur populaire,
 Que ce Caffé si fort vanté
 Estoit pure inutilité.
 On en ignoroit l’origine,
 L’usage, l’application ;
 Et gens pleins d’indiscretion
A Damon, partisan de sa vertu divine,
 Souvent disoient avec dérision,
O l’excellent remede ! à quoy qu’on le destine,
Il est propre, pourvû qu’on ait l’intention.
Il abbat les vapeurs, soulage la Poitrine,
 Il aide à la digestion,
Pour l’Estomac, les Reins, le Poumon, & la Tête,
 N’est-il pas vrai qu’il est trés-bon ?
 Oui, sans doute ; & c’est être bête
 Que de badiner comme vous,
 Leur répondoit tout en couroux
De ce chaud défenseur la bile toûjours prête.
 Son plus ferme raisonnement,
 Appuyé de l’experience,
 Les bourroit inutilement :
Il falloit pour guerir l’indocile ignorance
 Prononcer juridiquement.
***
 Mais toy, de qui le caractere,
La réputation, la science, l’esprit,
 Pour développer avec fruit
 Quelque medicinal mistere
T’assurent un si juste, un si puissant credit ;
De ce ton toûjours seur de convaincre, & de plaire,
A peine as-tu parlé, que ta bouche a fait taire
 Tout le peuple qu’avoit séduit
 Un préjugé si témeraire.
 Fondé sur ta décision,
 De cette manne ravissante,
 Chacun fait sa provision,
 Et provision abondante.
On ne balance pas, & déja sur ta foy,
 On s’en explique comme toy.
***
Le Caffé, c’est, dit-on, cet arbre où l’innocence
 Fit un naufrage si fatal,
 Cet arbre, où du bien, ou du mal,
Jadis le Createur attacha la science,
 Et qui par nôtre décadence
Aujourd’huy moins puissant, mais bien moins séducteur,
Eclaire nôtre esprit, sans soüiller nôtre cœur.
 C’est une plante incomparable,
 C’est une boisson admirable
Bien plus que tous les vins les plus délicieux,
 Plus que ces boüillons précieux,
Où se dissout la perle, où l’or devient potable,
Comme ces merveilleux, ces rares élixirs
Propres à contenter tous les mortels desirs,
 Il encourage les timides,
 Il réveille les plus stupides,
 Les plus foibles il les rend forts.
Par son divin pouvoir reviennent à la vie,
Ceux qu’une affreuse létargie
 Rangeoit presque parmi les morts.
***
 Ce n’est pas, au reste, un langage
 Que l’on repete en simple écho ;
 Un panegyrique si beau
 Est justifié par l’usage.
De l’homme au cabinet constamment engagé,
Epuisé par l’effort d’une étude pénible,
Soudain par le Caffé le cerveau dégagé
 Trouve un soulagement sensible
Dans ce remede exquis, jusqu’alors negligé.
L’Orateur, que son feu, sa force, sa memoire
 Souvent en chaire abandonnoit,
Et qui par un discours, où (le pourroit-on croire ?)
La justesse, l’esprit, le bon sens dominoit,
Se fatiguant soy-même, ennuyoit l’auditoire,
 De ce Caffé qu’il condamnoit
Pour se mettre en haleine a toûjours soin de boire.
 Du Poëte désesperé,
Par les brûlans accés de l’ardeur qui le mine,
La frenetique soif d’une rime mutine
 Dans ce breuvage preparé,
 Trouve une source Caballine.
Enfin dans le Caffé chacun cherche aujourd’hui
 Dequoy dissiper son ennui,
Ou faire noblement briller sa politesse.
Aux amis rassemblez, il donne une allegresse
 Que permet la sobrieté ;
Du solitaire obscur il charme la tristesse ;
Pour augmenter sa cour le Grand en fait largesse,
L’Homme d’esprit s’en sert pour la societé,
 Le Courtisan par gentillesse,
 Les Dames par délicatesse,
 Et les Devots par volupté.
***
Cependant au moyen de grossir sa fortune
 Le Marchand toûjours attentif,
 D’une avidité si commune
Profite, & chaque jour augmente son tarif.
 Celuy que nagueres à Nantes
 Le sort d’abord me presenta,
 Fort adroitement debuta
Par vanter du Caffé les vertus excellentes.
Pour m’en faire approuver le prix immoderé,
Jusqu’ici, me dit-il, vous l’avez ignoré.
Ce précieux Caffé redoutable à la Parque,
 Que dans le Fleuve de l’Oubli
 Avoit long-temps enseveli
L’inflexible Nocher de la funeste Barque,
Et qu’offre maintenant au fortuné Mortel
 Un tendre & bienfaisant Genie,
 Est pour tous les maux de la vie
Preservatif certain, Remede universel.
Je loüay du Marchand le jargon Poëtique,
 Et l’esprit des plus déliez,
 Talens rarement alliez
 A la Nation Britannique.
 J’esperois sur le payement
 Par mon gracieux compliment
Adoucir un Breton si plein de politesse :
 Mais je vis bien que son métier
 Etoit d’estre habile Usurier,
 Non pas Homme à faire largesse
Peu sensible à la gloire, aspre sur l’interest,
Cet impitoiable Corsaire
Ne me dit plus qu’un mot, & ce fut un Arrest ;
On ne peut trop payer un bien si necessaire.
 Le Caffé seul rend l’Homme heureux.
Ainsi l’a prononcé ce Medecin fameux,
Dont la décision est regle plus certaine
 Que l’Ecole Salernitaine.
***
 Voila ce que nous vaut le bruit
 De ta merveilleuse éloquence ;
 Et tel en est le triste fruit,
D’avoir de ce trésor osté la joüissance
 A tes amis, gens délicats,
Qui sçavoient en user, & ne le vantoient pas.
 Mais pourquoy ma Muse alarmée
Se plaint-elle aujourd’huy de l’absolu pouvoir,
 Que donne à ton rare sçavoir
 L’officieuse Renommée ?
Et si ton zele pur qui préfera toûjours
A ton propre interêt l’utilité publique,
 Pour nous prolonger d’heureux jours,
T’oblige à découvrir la vertu spécifique
 D’un remede, que plus discret
 L’Avare auroit tenu secret,
 Par quel entestement bizarre
 Osai-je ici te reprocher
Que, graces à tes soins, le Caffé devient cher ?
 M’aperçois-je qu’il soit trop rare ?
 Et quand chez toy si largement
 Sçait l’offrir ta magnificence,
 Un si seur dédommagement
 Ne vaut-il pas bien l’abondance ?

[Suite du Journal concernant l'Ambassadeur de Maroc] §

Mercure galant, avril 1699 [tome 4], p. 58-94.Voir cet article pour le début du journal et cet article pour la fin.

Ayant esté voir Madame de S. Olon, il y trouva beaucoup de Dames qu'elle avoit fait assembler pour grossir, & orner la compagnie. Son appartement estoitmagnifique & bien éclairé. Quoique le Ramamdan de l'Ambassadeur fust passé, il ne mangeoit encore alors que le soir, parce qu'il avoit prolongé son jeune de deux mois par devotion, & comme on doit avoir besoin de manger quand le soleil est couché, & qu'on n'a rien pris de la journée, Madame de S. Olon avoit eu soin de faire tenir prest du chocolat, & du caffé, ainsi que quantité d'autres liqueurs. On dansa au son des Hautbois, & la compagnie fut nombreuse, quoique choisie. [...]

Il dit aprés avoir vû la Comedie de la Devineresse, qu'il avoit vû dans cette Piece tout ce que peut une méchante femme ; que la femme surpasse l'homme en malice comme elle le surpasse en vertu, & que la femme est Ange ou diable, n'y ayant point de milieu.

Aprés avoir vû l'Opera du Carnaval de Venise, il dit, que ce spectacle estoit Royal, & que le Roy estoit dans les jeux & dans les plaisirs, le même que dans les affaires serieuses. [...]

S'étant trouvé à un bal chez Monsieur, où estoit Madame la Princesse de Conty Doüairiere, il parut charmé de la beauté de cette Princesse & de son air doux & majestueux, & dit qu'il ne faloit que la voir pour sçavoir de qui elle estoit fille. Comme les masques avoient eu permission d'entrer à ce bal, & que rien n'estoit plus surprenant que la richesse & la diversité des habits qui representoient toutes les Nations du monde, sans compter ceux qui avoient esté inventez pour faire briller davantage les personnes qui les porteoient, l'Ambassadeur dit en sortant à M. de saint Olon, qu'il avoit vû trois choses en France qui ne pouvoient estre surpassées ny même égalées sçavoir le Roy, l'Opera, & le Bal de Monsieur. [...]

Ayant esté voir Madame le Camus Melson, l'entretien fut tres-vif, & tres-spirituel de part & d'autre. Cette Dame le regala d'un tres-beau Porte-lettres, & d'une Tabatiere d'or, garnie de Diamans & de Turquoises. Il alla ensuite à l'Opera de Thesée, où il se récria encore plus qu'il n'avoit fait la premiere, fois, toutes les parties de ce spectacle l'ayant enchanté. [...]

Il fit de grandes exclamations à Saint Denis sur la beauté des Tombeaux & sur la richesse du Tresor. Il admira le vitrage de cette Eglise, qu'il examina avec attention, & dont il ne pouvoit retirer sa vûë. Le Pere Prieur le reçut à la porte de l'Eglise, avec plusieurs de ses Religieux, & fit joüer les Orgues lorsqu'il sortit.

Air nouveau §

Mercure galant, avril 1699 [tome 4], p. 122-123.

Les Vers que vous allez lire ont esté mis en air par un fort habile Musicien.

AIR NOUVEAU.

Avis pour placer les Figures : l’Air qui commence par, L'Ingrate Iris me fuit, & ne veut plus m'entendre, doit regarder la page 122.
L'Ingrate Iris me fuit, & ne veut plus m'entendre :
Elle feint d'écouter un severe devoir ;
S'il la condamne à m'ôter tout espoir,
N'estoit-ce qu'aujourd'huy qu'il falloit me l'apprendre ?
***
Ah, dés que la cruelle eut vû naître ma flâme,
Que ne m'opposoit-elle un devoir rigoureux ?
Elle attendoit pour rebuter mes feux,
Qu'ils se fussent rendus les maistres de mon ame.
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[Relation exacte de l'Entrée de Mr le Comte de Chantilly, Ambassadeur Extraordinaire de France à Copenhague] §

Mercure galant, avril 1699 [tome 4], p. 123-166.

Je vous envoye une Relation qui vient de Copenhague, Capitale du Royaume de Danemarc. Vous la trouverez fort curieuse. Il s'y pourra trouver quelques noms propres qui ne seront pas corrects, par le peu de soin qu'on prend à les bien écrire dans les Memoires qui sont envoyez.

Mr le Comte de Chamilly, Ambassadeur Extraordinaire du Roy Tres Chestien à la Cour de Danemarc, fit son Entrée publique dans Copenhague, Samedy 28. Février dernier. Cette ceremonie avoit esté differée d'abord par l'absence de la Cour, qui a passe l'Esté & l'Automne à la campagne ; & depuis son retour en cette Ville, par l'indisposition du Roy de Danemarc, qui ne luy permet pas de se tenir debout pour l'Audience publique, à condition neanmoins que ce relâchement, qui ne regarde que la commodité du Roy de Danemarc, ne tireroit point à consequence. Quoy que le defaut de formalité eust empêché jusques à présent Mr l'Ambassadeur de paroistre avec tout l'éclat de sa magnificence & de son caractere, il n'avoit pas laissé de se communiquer, & d'établir dans son Hostel des plaisirs reglez, qui y attirent les premiers Seigneurs de la Cour. Tous les Mercredis il tient Appartement. On y trouve plusieurs tables de Jeux, on y fait des concerts, & on y sert toutes sortes de rafraichissemens. La Reine même, accompagnée de la Princesse Royale de Danemarc, de la Princesse de Hombourg, de Madame la Vice-reine de Nortwege, & d'autres Dames de la Cour, fit l'honneur à Madame l'Ambassadrice de la venir voir le Mercredy 18 Février. [...]

[Description des préparatifs pour l'entrée de l'ambassadeur, des personnes qui prennent part à la marche, ainsi que des carrosses et livrées]

S. E. entra dans la Ville par la Porte de l'Oüest, & fut salüée de vingt-sept coups de canon des ramparts. [...] Dans la premiere Place de la route, S. E. rencontra un Bataillon d'environ six cens hommes formé regulierement, à cause de la petitesse de la Place, tambours battant, Enseignes déployées, presentant les armes. [...] [Il dîne avec M. de Scorbiat, Maréchal.] Ce repas fut accompagné de Trompettes, Timbales, Violons, Flutes & Hautbois, & de quelques airs Italiens, par la Musique du Roy de Dannemarck, & par celle du Prince Royal. On y but en ceremonie debout, & au son des Trompettes & Timbales, la santé des deux Rois & des Maisons Royales, en cette sorte. Le Grand Maistre des Ceremonies se leva, & prit un Villocum, ou grand verre plein, & qu'il vuida à la santé du Roy Tres-Chrestien, & il l'apporta à S. E. qui cependant estoit debout, & tenoit le couvercle du Villocum qui luy avoit esté presenté par le Grand Maistre des Ceremonies. On apporta ensuite deux Villocum pleins, dont les deux premiers Seigneurs qui estoient à la droite, prirent chacun un couvercle. S. E. but à la santé du Roy de Dannemack, & la porta au premier & ensuite celle du Roy, qu'il porta au second. Les autres firent ainsi la ronde, pendant laquelle on se tint debout, & par les signaux qu'un Officier fit par les fenestres avec une bougie aux Trompettes & aux Timbales, les Instrumens sonnerent la charge à chaque coup, autant qu'il dura, & jusqu'à ce que la bougie fut retirée. [...]

Le 3. Mars, dernier jour du Carnaval, Son Excell. traita à dîner & à souper les Seigneurs qui l'avoient esté recevoir & complimenter, le Grand Maistre & le Maistre des Ceremonies, les trois Gentilshommes de la Cour, leurs Hautes Excellences Mrs de Guldenlew, General & Amiral ; sa haute Grace Madame la Generale, & les principaux Seigneurs & Dames de la Cour. Il y eut Bal toute la nuit, & des Appartemens extraordinairement éclairez pour le Jeu.

[Mort de Monsieur Racine]* §

Mercure galant, avril 1699 [tome 4], p. 258-261.

Nous avons perdu l’un des plus excellens hommes de ce siecle, & qui meritoit de vivre aussi longtemps que son nom, qu’il a rendu immortel par ses beaux Ouvrages. Je parle de Mr Racine, Secretaire du Roy, Gentilhomme ordinaire de la Maison de Sa Majesté, & l’un des quarante de l’Academie Françoise, mort le 21. de ce mois, âgé de cinquante-neuf ans. Ses premieres Pieces de Théatre, qui furent les Freres Ennemis, & Alexandre, firent connoistre la beauté de son genie, & attendre les Chef-d’œuvres qui les ont suivies. Andromaque & Iphigenie ont tiré des larmes d’un nombre infini de Spectateurs, par le caractere noble & tendre qui s’y trouve, & qu’il est presque impossible de pousser plus loin. Mr Racine a fini sa carriere pour le Theatre, par la Tragedie de Phedre, dont il a dépeint la honteuse passion avec des couleurs si vives, que toute criminelle qu’elle se dit elle même, il la fait paroistre digne de pitié, tant il a sçû mêler d’art à la force de ses vers, qui sont d’une grande netteté dans tous ses Ouvrages. Il n’a pas moins bien réüssi dans deux Pieces saintes qu’il nous a données avec des Chœurs, sous les noms d’Esther & d’Athalie. La place qu’il avoit dans l’Academie des Inscriptions, a esté remplie par Mr Pavillon, de l’Academie Françoise.

Air nouveau §

Mercure galant, avril 1699 [tome 4], p. 273-274.

L'Air que je vous envoye doit avoir de quoy vous plaire.

AIR NOUVEAU.

Avis pour placer les Figures : l’Air, qui commence par, Aimez, aimez, Iris, doit regarder la page 273.
Aimez, aimez, Iris, vous ne sçauriez mieux faire,
Profitez du Printemps, c'est le temps des amours :
Qu'attendez vous, puisque vous sçavez plaire,
Aimez, aimez, on ne plaist pas toûjours.
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