1708

Mercure galant, juillet 1708 [tome 7].

2017
Source : Mercure galant, juillet 1708 [tome 7].
Ont participé à cette édition électronique : Nathalie Berton-Blivet (Responsable éditorial), Anne Piéjus (Responsable éditorial), Frédéric Glorieux (Informatique éditoriale) et Vincent Jolivet (Informatique éditoriale).

Mercure galant, juillet 1708 [tome 7]. §

[Mort de Mr Brockvis]* §

Mercure galant, juillet 1708 [tome 7], p. 70-73.

 

Mr Brockvis l’un des plus celebres Poëtes des Païs Bas y est mort, fort regreté de tous ceux qui le connoissoient. Il s’est principalement distingué par la délicatesse de ses Elegies, & il est mort presque dans le même-temps que la nouvelle Edition du Poëte Tibulle a parû. Cet ouvrage a été imprimé in quarto avec beaucoup de soins, & il y a long temps qu’on n’a eu en Hollande de plus belle impression. Le Commentaire de Mr Brockvis, est dégagé de toute l’inutilité d’érudition qu’on remarque dans tant d’autres ouvrages de cette nature, & qui ne sert souvent qu’à les défigurer. Mr Brockvis étoit fort lié avec feu Mr Filicaia Senateur de Florence, & un des plus habiles hommes de ce Siecle en tout genre de litterature. Je vous en ay parlé dans une de mes dernieres lettres, en vous apprenant sa mort, & je dois vous dire qu’on a commencé à imprimer à Florence son Cansoniero, ou son Recüeil de chansons, & que cet ouvrage qu’on a fort estimé en détail, est presque achevé. Mr Brockvis étoit aussi lié d’amitié avec Mr Olearius de Leipsic, qui vient de donner les ouvrages de Philostrate en Grec & en Latin. Enfin cet agréable Poëte avoit eu de grandes relations avec le celebre Mr Barnes Anglois, qui est fort connu par les Editions d’Euripide & d’Anacreon, & qui en fait esperer une nouvelle d’Homere, & on croit que c’est à la persuasion du même Mr Brockvis, que Mr Souly de Cambridge, à entrepris une nouvelle Edition de Lucien, & que Mr Needman de la même Ville, en prepare aussi une nouvelle du Commentaire Grec d’Hierocle, sur les Vers dorez de Pithagore où il y a des remarques critiques sur celle qui vient de paroître.

À Monseigneur le Mareschal Duc de Berwick. Ode §

Mercure galant, juillet 1708 [tome 7], p. 73-80.

 

L’Ode qui suit, regarde un grand Capitaine, dont les actions éclatantes doivent un jour immortaliser le nom. Elle est sortie de la veine du Pere Leonard Professeur de Rhetorique au College de l’Oratoire à Toulon.

À MONSEIGNEUR LE MARESCHAL DUC DE BERWICK.
ODE.

Quelle ardeur, quel feu m’anime
À publier les exploits
De ce Heros magnanime,
À qui le plus grand des Rois
Marque toûjours son estime
En luy confiant ses droits ?
Pour ce difficile ouvrage,
Prêtez-moy vostre langage,
Muses, sans vos accords, que peut ma foible voix ?
***
Dés sa plus tendre jeunesse,
Modelle des vrais Heros,
À la gloire qui le presse,
Il immole son repos :
À son tour cette Déesse
Couronne tous ses travaux,
Et l’essay de sa vaillance
Oblige déja la France
À le mettre au dessus des plus grands Generaux.
***
Nerwinde fut le theatre
Où parut son noble cœur ;
Là, sans cesser de combattre,
Oubliant qu’il est vainqueur,
D’un courage opiniâtre
Il se livre à sa valeur,
Et marchant à la poursuite
De nos ennemis en fuite,
Il veut perir, ou prendre un fier Usurpateur.
***
Arrestez, Chef indomptable,
Le Ciel propice à nos vœux,
D’un trépas inévitable
Sauve vos jours precieux,
Et vous rend invulnerable
Aux traits de ces furieux :
Une plus digne entreprise
Vous fera vanger l’Eglise,
Et reparer l’honneur des Autels & des Dieux1.
***
À vostre aspect, l’Heresie
Monstre de sang & d’horreur
D’un affreux trouble saisie
Voudroit cacher sa terreur ;
Mais bientost cette endurcie
Fuit vostre juste fureur :
Cette effroyable Mégere,
Dans une terre étrangere
Va porter les débris du crime & de l’erreur.
***
Pour dompter un Insensible
Aux bien faits du grand Loüis
Rien ne vous semble impossible ;
Par mille faits inoüis,
Sur un Roc inaccessible
On vous voit planter nos Lys ;
Au bruit que fait Nice en poudre
Victor craint que vostre foudre
N’aille d’un même coup perdre tout son pays.
***
Non, la Gloire vous appelle,
Suivez ses ordres divins ;
Cette compagne fidelle
Passe en des climats lointains,
Pour seconder vostre zéle
À ramener des mutins ;
Prince, malgré l’Allemagne
Allez delivrer l’Espagne
Et de nos Ennemis rendez les efforts vains.
***
Tels qu’au milieu de l’orage
On voit les Troupeaux épars,
Quitter plaine & pâturage
Et s’enfuir de toutes parts :
Tels, les liguez pleins de rage
Abandonnent leurs remparts,
Rien ne resiste à la France,
D’abord que Berwic s’avance,
Chacun dans ce guerrier reconnoît le Dieu Mars.
***
C’est ainsi qu’en la journée
De ce combat vigoureux 2
Qui changea la destinée
D’un peuple trop malheureux
À la ligue consternée
Parut ce Chef généreux ;
L’Aigle succombant honteuse,
Baissa sa tête orgueilleuse
Et redoubla son vol vers ses rochers affreux.
***
Magnifique Pyramide 3
Monument de ses hauts faits
Dis combien par cet Alcide
D’Ennemis furent défaits ;
Jamais Chef plus intrépide,
Ny triomphes plus parfaits
Dans une seule Campagne,
Berwic rassure l’Espagne
Et procure à Philippe une éternelle paix.

[Ouvrage présenté au Roy par Mr le Chevalier de Vertron, & discours prononcé par le même en presentant son ouvrage] §

Mercure galant, juillet 1708 [tome 7], p. 110-117.

 

Le 18. du mois dernier, Mr le Chevalier de Vertron, qui a l’honneur depuis plusieurs années d’écrire l’Histoire du Roy en Prose Latine, presenta à S.M. une Paraphrase en Vers François des Proverbes & des Paraboles de Salomon. Cet ouvrage est écrit sur du vélin, & accompagné de cartouches en miniature, ce qui le rend aussi brillant qu’il est solide. Sa Majesté luy fit un accueil favorable à son ordinaire, & Mr de Vertron eut l’honneur de luy faire le Compliment qui suit, dont la lecture vous fera connoistre que cet ouvrage est d’un veritable Academicien. Cet Auteur delicat remercia en même temps le Roy de l’Abbaye Royale de Fongaufier Ordre de saint Benoist, que sa Majesté a donnée à Me sa sœur.

SIRE,

La Paraphrase en Vers François, que j’ay l’honeur de présenter à Vostre Majesté, peut passer pour un Ouvrage nouveau, quoyqu’il soit fait sur un ancien : Le S. Esprit est l’Auteur de ce divin Original ; & Salomon l’Interpréte de ses Oracles sacrez. J’ay tâché, SIRE, pour rendre encore plus intelligible à tout le monde le sens quelque-fois mistérieux des Paraboles, de donner une explication claire aux Enigmes ; d’oster l’obscurité aux Figures, & le voile à la Verité. Les Proverbes de ce Prophete Roy sont autant de Sentences graves, que chacun devroit apprendre, pour les mettre en pratique ; & nous devons regarder ces Proverbes & ces Paraboles, comme des miroirs fidelles, qui representent au naturel les perfections & les défauts des hommes ; & comme des guides assurez pour nous bien conduire dans toutes sortes d’états. Salomon dans ce livre admirable, qui est la parfaite doctrine, que vous suivez, faisant le portrait d’un veritable Sage, fait le vostre, SIRE ; car la Justice & la Clemence sont les fermes Colonnes de vôtre Trône ; en effet, si vostre severité éclate contre les impies & les méchans, vostre douceur mêlée d’autorité paroist favorable aux bons & aux innocens. Tous vos discours sont justes, SIRE, & la Sagesse éternelle, qui vous les dicte dans le temps, vous sert uniquement de regle, comme la vostre en sert aux autres, qui aiment la vertu & la verité. C’est sur cette Sagesse incréée que vous vous appuyez ; c’est d’elle que vous attendez du secours & des recompenses ; enfin c’est à elle seule à qui vous rapportez la gloire & le succés de vos entreprises. Vôtre Majesté, SIRE, qui a la crainte du Seigneur en partage, fait tous ses efforts pour l’inspirer aux Princes de la terre habitable ; & si selon le Texte sacré cette crainte fait le commencement de la sagesse, vostre sagesse consommée, qui vient d’en-haut, vous fait admirer ici bas : heureux ceux qui écoutent vos conseils, conformes à elle ! Plus heureux ceux qui les suivent ! Quel nouveau bonheur ! Quelle nouvelle gloire la France ne doit-elle donc pas esperer, SIRE ! Vous en estes non-seulement le Roy & le Pere, mais vous en êtes aussi le Salomon : Le ciel, qui comme à luy, vous inspire de grands & pieux desseins, vous secondera comme luy dans l’execution. L’Eglise interessée pour vous, SIRE, qui êtes à juste titre son fils aîné, redouble par tout aujourd’huy ses prieres, afin qu’il plaise au Dieu des Armées vous donner la victoire sur vos ennemis jaloux de vostre grandeur, & couronner la Victoire par une Paix glorieuse & durable. Je joins les mienes à ces Prieres publiques avec le même esprit, & avec le même cœur ; & je ne cesseray jamais d’en faire en particulier, pour vous marquer mon zele sincere, ma reconnoissance extrême, & le profond respect, avec lequel je suis, le, &c.

Air nouveau §

Mercure galant, juillet 1708 [tome 7], p. 211-212.

 

On pourroit appliquer les paroles suivantes aux nouveaux époux. Elles ont esté mises en Air par Mr de Montailly.

AIR NOUVEAU.

Avis pour placer les Figures : l’Air qui commence par, Vous voyez tous les ans, doit regarder la page 212.
Vous voyez tous les ans
Le retour du Printemps :
Profitez-en, jeune Bergere !
Le vostre doit passer un jour ;
Mais helas ! vous avez beau faire
Il n’aura jamais de retour.
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[Benefices donnez par le Roy] §

Mercure galant, juillet 1708 [tome 7], p. 234-252.

 

Le Roy a donné l’Abbaye reguliere du Pin à Dom Darest ; cette Abbaye est de l’Ordre de Citeaux, & une des plus anciennes de cet Ordre ; elle a produit de grands hommes. Guillaume Religieux de cette Abbaye brilla fort dans le Concile de Pise qui fut assemblé pour finir le Schisme qui divisoit l’Eglise, & il contribua beaucoup à l’Election d’Alexandre V. cette Abbaye estoit fort considerable dés le Regne de Philippe le Long ; quoyque ce Prince n’y eut esté qu’une fois, il avoit toûjours conservé beaucoup d’estime pour cette maison. Dom Darest que le Roy vient de nommer à cette Abbaye, est tres-estimé dans son Ordre ; il est fort bon Théologien, & il aime fort les belles Lettres ; il avoit une grande liaison avec Mrs de Santeüil & Duperier deux excellens Poëtes du dernier Siécle, & il eut même la gloire de les reconcilier aprés une longue dispute à laquelle leurs ouvrages avoient donné lieu, ce qui engagea feu Mr Menage de composer le Poëme latin qu’il adressa à Mr Duperier, & qui commence par ce vers,

Pereri Aonidum decus immortale Sororum.

Dom Darest estoit aussi fort ami du feu Pere Bourdaloüe, & celuy-cy avoit en luy une confiance tres-particuliere ; il est d’une ancienne Famille originaire de Limosin, & alliée aux meilleures maisons de cette Province ; il y a eu de grands Hommes de son nom dans l’Eglise qu’ils ont enrichie par leurs ouvrages, & édifiée par leurs vertus ; plusieurs Auteurs en parlent avec éloge.

Dom Quinquet Religieux du même Ordre & Proviseur du College des Bernardins de cette Ville, & qui avoit esté nommé à l’Abbaye du Pin à la Promotion de la Pentecôte ayant remercié le Roy de cette grace, parce que Mr l’Abbé de Citeaux l’a jugé utile aux interests de son Ordre dans la place qu’il occupe au College des Bernardins ; c’est à son refus qu’on a donné cette Abbaye à Dom Darest attaché depuis long-temps à la maison de Noailles. Je dois ajoûter à ce que j’ay déja dit de ce nouvel Abbé, qu’il a le talent de la direction, que personne n’entend mieux que luy les voyes spirituelles, qu’il s’est attaché depuis sa plus grande jeunesse à la conduite des âmes, & qu’il dirige par ses conseils & par ses soins une celebre Communauté de filles.

Le Roy a donné l’Abbaye de Saint Pierre de Lion, Ordre de Saint Benoît à Me de Cossé Religieuse à Chelles ; elle est sœur d’Artus Timoleon de Cossé grand Pannetier de France, Brigadier des Armées du Roy, & ensuite Duc de Brissac : il a épousé N… de Bechameil fille de Loüis de Bechameil Secretaire du Conseil, Surintendant de la maison de feuë S.A.R. Monsieur, & sœur de Mr de Nointel Conseiller d’Etat & de Me Desmarests. La nouvelle Abbesse, est fille de feu Timoleon Comte de Cossé & de Château-Giron, Chevalier des Ordres du Roy, Lieutenant General de ses Armées, Gouverneur de Mezieres, & grand Pannetier de France ; & de Dame Elisabeth Charon fille de feu Mr Charron Seigneur d’Ormeille, & Gouverneur d’Abbeville. Feu Mr le Comte de Cossé estoit second fils de François de Cossé Duc de Brissac, Pair & grand Pannetier de France, & Lieutenant General au Gouvernement de Bretagne & de Guienne, de Ruelan fille de Gilles, Seigneur de Rocheportail. Loüis Duc de Brissac pere de Mr le Maréchal de Villeroy, & du dernier Duc de Brissac, fut l’aîné. François Duc de Brissac estoit sorti du mariage de Charles second du nom, Duc de Brissac, & de Judith Dame d’Acigné ; ce Charles estoit fils du fameux Maréchal de Brissac (Charles de Cossé) & de Charlote d’Esquetot, fille & heritiere de Jean, Seigneur d’Esquetot ; & de Madelaine le Picart Dame d’Estelan. Le Maréchal de Brissac joignit à cette qualité celle de Chevalier de l’Ordre de saint Michel, qui estoit en ce temps là l’Ordre du Roy ; il avoit esté élevé auprés de François, Dauphin de Viennois & Duc de Valois, dont René de Cossé Seigneur de Brissac en Anjou estoit Gouverneur. Le chagrin qu’il eut de la mort funeste de ce Prince l’obligea de s’attacher uniquement aux Armes ; & c’est par là qu’il s’éleva si glorieusement dans la suite ; il fut Colonel General de la Cavalerie Legere de France, & les premiers Gentilhommes du Royaume se faisoient honneur de venir apprendre sous luy le mêtier des Armes ; lorsqu’en 1543. Charle-quint vint attaquer Landrecy, il y jetta du secours, & ayant esté trois fois enveloppé, il se tira d’affaires & vint joindre le Roy François I. à Vitry ; il fut aussi grand Maistre de l’Artillerie ; son pere joignit à la qualité de premier Pannetier du Roy, celle de grand Fauconnier de France ; il eut le Maréchal de Brissac de Charlote Gouffier fille de Guillaume, Seigneur de Boissi, grand Maître de France. Le Maréchal de Brissac estoit frere aîné de Philippe Evêque de Coutance, & grand Aumônier de France. Artus de Cossé aussi Maréchal de France, Comte de Segondigny & Seigneur de Gonnor, Chevalier des Ordres du Roy, Gouverneur des Pays d’Anjou, de Touraine & d’Orleans ; il deffendit la Ville de Metz contre Charle-quint en 1552. il fut ensuite grand Pannetier de France & Surintendant des Finances ; il se trouva aux Batailles de saint Denis & de Montcontour ; quelques troubles arrivez dans la Famille Royale, causerent sa disgrace ; il fut mis à la Bastille pour s’estre trop attaché au Duc d’Anjou, qui regna depuis sous le nom de Henry III. Son zele le rendit cher à ce Prince qui l’honora du Collier de ses Ordres peu aprés l’Institution ; il ne laissa que des filles qui porterent sa succession dans les maisons de Goufier Roüannez, Silli-Rochepot & Lhôpital-Choisi ; Brantôme parle avantageusement de ce Maréchal ; la maison de Cossé vient des Cossa de Naples, & paroissoit déja en France sous le regne de Philippe Auguste. Loüis Chevalier de Cossé est le second frere de Me l’Abbesse de S. Pierre de Lyon.

Le Roy donna en même temps l’Abbaye de Voisins à Me de Villelongue sur la presentation de Mr le Duc d’Orleans. Cette Dame estoit Religieuse dans l’Abbaye d’Ennebon proche le Port Loüis en Bretagne ; elle est d’une tres-ancienne maison de Champagne, & fille de feu Mr de Villelongue Gouverneur de Mezieres dans la même Province. Ce Gentilhomme laissa en mourant une tres grande Famille, & Mr le Duc de Mazarin dont la pieté est connuë, & qui avoit pour luy un attachement tres sincere, prit soin de tous ses enfans. On mit par ses soins Mlle de Ville-longue dans un Convent de Port-Louis, dont il est Gouverneur, & cette Dlle ayant marqué de l’inclination pour la vie religieuse, elle prit l’habit dans l’Abbaye d’Ennebon ; & ce Duc à qui la memoire de Mr de Ville-longue son amy estoit chere, fit tous les honneurs de cette Ceremonie ; & enfin cette Dame vient d’estre tirée de cette Abbaye pour estre mise à la teste de celle de Voisins, qui est à quatre lieuës d’Orleans, & par consequent dans l’appanage de S.A.R. Cette Dame a un frere Chanoine de la Sainte Chapelle de Vincennes qui a beaucoup de merite, & qui est fort estimé dans sa Compagnie. Feu Mr le Chevalier de Villelongue son frere mort dans le service, y avoit aussi acquis beaucoup de reputation. Il est mort Colonel d’un Regiment d’Infanterie, & il passoit pour un tres-honneste homme parmi les Troupes. La nouvelle Abbesse a beaucoup de merite ; les emplois qu’elle a eus dans la Communauté d’Ennebon, & le succés avec lequel elle les a remplis, font foy de tout ce que j’en viens de dire. Le Roy accorda son agrément à la presentation de Mr le Duc d’Orleans en des termesI avantageux, lorsqu’il sçut que c’estoit pour une personne d’un nom qui est fort connu dans ses Troupes, & plus recommandable encore par sa vertu & par son merite.

J’oubliay de vous dire dans ma derniere Lettre, que Mr le Curé de Vassenobre dans le Diocese d’Alais, obtint dans la nomination de la Pentecôte une pension de 500. livres, sur l’Abbaye de Liessis qui vaquoit dans le Hainaut ; ce Curé dont la Famille est considerable, & qui est né dans le Diocese de Montauban, est frere du Procureur du Roy de la même Ville ; il a merité cette grace de S.M. à cause de la persecution qu’il a soufferte des Fanatiques pendant les derniers troubles du Languedoc & des Cevenes. Une troupe de ces malheureux étant venuë autour de la Cure de Vassenobre, fit appeller le Curé, qui ne se doutant de rien descendit & ouvrit sa porte. Ils se jetterent alors sur luy, ils luy donnerent plusieurs coups d’épée, & aprés avoir pillé sa maison, ils s’en retournerent croyant l’avoir tué ; ce Curé qui ne mourut pas de ses blessures en est resté si incommodé, qu’il n’est presque pas sorti de son lit depuis ce temps-là. Mr l’Evêque de Montauban dans le Diocese duquel il est né, compâtissant à son malheur & à ses infirmités, les répresenta au Pere de la Chaise, qui en ayant fait rapport au Roy, ce Prince accorda cette pension, d’autant plus volontiers, que la Cure de Vassenobre est de peu de revenu. Ce Curé meritoit aussi cette grace, à cause des services qu’il a rendus aux Eglises voisines pendant les troubles qui ont agité les Eglises du bas Languedoc, & qu’il s’est souvent exposé à la fureur des Rebelles.

[Journal du siège de Tortose] §

Mercure galant, juillet 1708 [tome 7], p. 343-351.

 

Je crois vous avoir tenu parole, & qu’il seroit impossible de faire un Journal plus détaillé que celuy que je vous envoye. Aussi est-il tiré de dix ou douze Relations faites par des personnes qui doivent estre bien informées de ce qu’elles ont écrit. Vous aurez pû faire une remarque qui merite de l’attention, puisqu’il s’agit d’une chose dont il ne me paroist pas qu’il y ait encore eu d’exemple. S.A.R. est tellement aimée dans les Troupes, que toutes les personnes les plus distinguées, & qui se trouvoient en estat de servir d’Aides de Camp à ce Prince, tant pour luy marquer leur zele que pour avoir l’honneur d’approcher de sa personne & de l’entretenir souvent, ayant brigué l’honneur de cet employ, & ce Prince estant embarassé du choix qu’il devoit faire, les a nommez les uns aprés les autres ; de maniere que pour peu que l’on y fasse de reflexion, on remarquera qu’il y avoit un Aide Camp nouveau chaque jour de tranchée, ce qui a continué pendant tout le Siege, excepté un seul qui a eu deux fois cet honneur.

Lorsque Mr le Marquis de Lambert arriva à la Cour, il alla chez Mr de Chamillart, qui dans le moment même le mena chez le Roy. Ce Ministre crut qu’il feroit plaisir à Madame de luy envoyer dire la grande & heureuse nouvelle qu’il venoit de recevoir. C’est pour quoy dans le même temps qu’il sortit pour aller mener Mr le Marquis de Lambert au Roy, il envoya un Ecuyer à Madame pour luy apprendre la nouvelle que Mr de Lambert venoit d’apporter, & cet Ecuyer eut ordre en même temps de dire à cette Princesse que lorsque ce Marquis sortiroit de chez le Roy, il auroit l’honneur de le conduire chez Elle, afin qu’il luy rendist un compte exact de tout ce qui s’estoit passé, & qu’il l’assurast luy-même de la santé du Prince son fils. S.A.R. Madame se sentit si penetrée de joye dans le moment que l’Ecuyer luy annonça la nouvelle dont Mr le Marquis de Lambert rendoit compte au Roy dans le même temps qu’il luy en faisoit part, qu’ayant au doigt une bague de deux cent Louis, Elle luy en fit present, en luy disant que si elle s’estoit trouvée d’un plus grand prix, Elle la luy auroit donnée avec encore plus de plaisir.

Je ne vous dis rien de la joye que reçut toute la Cour en apprenant cette nouvelle. Il est aisé de se l’imaginer, non-seulement à cause des avantages que peut produire la prise d’une Place aussi importante que celle de Tortose ; mais aussi parce que le Prince qui vient de faire cette conqueste est generalement aimé.

On ne tarda pas long-temps à rendre graces à Dieu à la Cour d’une Conqueste dont les fuites doivent estre aussi avantageuses que glorieuses, à cause des difficultez qu’il y a de transporter dans des lieux si éloignez & de si difficile accés, toutes les choses necessaires pour de pareilles expeditions, & le Te-Deum fut chanté le 22. de ce mois à la messe de Sa Majesté qui ordonna par la lettre suivante adressée à Mr le Cardinal de Noailles de faire chanter le Te Deum à Paris le Mercredy 25.

MON COUSIN,

Je viens d’apprendre que mon Neveu le Duc d’Orleans s’est rendu maistre de Tortose, dont la prise est d’autant plus importante, qu’elle oste aux Ennemis toute communication avec le Royaume de Valence, & les resserre dans un Pays fort étroit aux environs de Barcelone. Mon Neveu aprés avoir surmonté plusieurs obstacles qui sembloient devoir empêcher l’execution de cette entreprise, fit investir la Place le 20. du mois dernier, quoyqu’elle fût déffenduë par une nombreuse Garnison. Le Comte d’Effren qui y commandoit a esté obligé de remettre la Ville & les Châteaux, aprés 18. jours de tranchée ouverte. Cet heureux succés qui est dû à la valeur de mes Troupes, & à celles de mon Petit-Fils le Roy d’Espagne, l’est encore plus à la sage conduite, aux soins & à la vigilance du Duc d’Orleans ; & c’est pour en rendre graces à Dieu que je vous écris cette lettre ; mon intention estant que vous fassiez chanter le Te Deum dans l’Eglise Metropolitaine de ma bonne Ville de Paris, au jour & à l’heure que le Grand Maistre, ou le Maistre des Ceremonies vous dira de ma part. Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait, Mon Cousin, en sa sainte & digne garde.

Le canon de l’Arsenal qui avoit tiré dés le matin, & celuy que l’on avoit placé dans la place de l’Hôtel de Ville, recommença le soir, & servit de prélude au feu de joye que l’on fit devant l’Hôtel de Ville, & à ceux qui furent allumez le même soir dans toutes les ruës de Paris, où les rejoüissances ne furent pas moins grandes à cause de l’importante conqueste qui venoit d’estre faite, qu’à cause de l’amour que tous les Peuples ont pour le Vainqueur.

Le même jour Mr Gervais Surintendant de la Musique de S.A.R. Monsieur le Duc d’Orleans fit chanter dans la Chapelle du Palais Royal, un Te Deum en Musique, en action de graces de la prise de Tortose. Ce Te Deum qu’il avoit composé, fut chanté par les meilleurs Musiciens de Paris, & fut trouvé fort beau, ayant été accompagné de tout ce qui pouvoit faire plaisir aux oreilles les plus delicates ; l’Assemblée estoit composée de plusieurs personnes de distinction qui ne loüerent pas moins le zele du Musicien que son ouvrage.

[Article des Enigmes] §

Mercure galant, juillet 1708 [tome 7], p. 351-356.

 

Le mot de l’Enigme du mois dernier estoit la suye de cheminée ; il a esté trouvé par Mrs de Vaufourant, l’Abbé Mama ; de la Grolliere ; de Luce de la ruë St. Honoré ; de Beauregard, l’Ange de la ruë Geoffroy l’Anier ; le President & le Conseiller qui dinerent ensemble le Mardy 10. Juillet ; Mr Grégré ; Michel Ange ; Mathieu & sa vieille ; le Mary gracieux & sa femme ; le Solitaire du cul de sacq de saint Landry ; le Partisan de Mr R.… les quatre bons amis de la ruë de la huchette, le grand Devineur de la ruë des Foureurs, l’incomparable Pere du Breüil de la ruë des petits Champs, & sa charmante blonde ; le Mechanicien de Cour Cheverny, le simbole de la Paix en vers, Henri Charles Huguier.

Mlles des Pontis la cadette de la ruë du Colombier ; de l’Aigle & sa belle sœur ; la jeune Muse renaissante G.O. la Nimphe de la Fossée ; la belle Dondon de la ruë de la Bucherie ; l’aimable brune du bureau des Indes Orientales M.L.N. la Dame solitaire de la ruë de la harpe, & Charlot son parent ; la colombe de Merignac ; la belle fleur ; la Solitaire de la ruë aux féves ; brunette & son R…. Gertrude en gronde ; Nannette en colere ; la solitaire Blandy d’auprés du Pere noir.

Un Cavalier des plus galants s’étant trouvé dans une maison où l’on se divertissoit à chercher le mot de l’Enigme s’aprocha d’une des plus belles personnes de la Compagnie, & luy dit à l’oreille l’impromptu suivant.

Je sçai quels sont ces lieux d’un accés difficile ;
Sans chercher fort long-temps j’en trouveray chez vous.
Et Paris est pavé, de l’Etranger habile
Dont le nom nous occupe tous.
S’il ressemble à l’amour, c’est en fort peu de choses.
Son teint n’est pas du moins de la couleur des roses.
Un art tout different vous occupe tous deux.
Vous embrasez les cœurs, il garentit des feux.
Fort sale de luy même il rend les choses nettes.
Il travaille toûjours dedans l’obscurité.
Et sitôt qu’il voit la clarté
Il finit son travail par quelques chansonettes.

Aprés cette explication la Dame dont l’esprit est penetrant, dit d’abord, que le lieu d’un accés difficile étoit la cheminée, que le Savoyar estoit l’Etranger habile, & que le veritable mot de l’énigme étoit la suye.

Je vous envoye une Enigme nouvelle ; elle est de Mr Daubicourt.

ENIGME.

Nous sommes nombre impair de gaillardes femelles
Propres sœurs & jumelles,
Qu’à toute heure on peut voir
Changer du blanc au noir.
***
Nostre mere, ou maistresse est docte & sans cervelle,
Elle est sage & folle souvent ;
Nous faisant prendre en l’air un vol hardi sans aîle,
Et giroüetter à tout vent.
***
Dans une union mutuelle
Nous nous marions entre nous,
Nos compagnes sont nos épous,
Et chacune de nous peut passer pour Pucelle.
Si depuis quatre ou cinq mille ans,
L’on nous entend chanter de ruelle en ruelles
Le doux martyre des Amans
C’est qu’ils n’ont point cessé de nous estre fidelles.

Chanson §

Mercure galant, juillet 1708 [tome 7], p. 356-358.

Je vous envoye un Air nouveau, dont vous trouverez les paroles assez divertissantes.

CHANSON.

Avis pour placer les Figures : [l’Air] qui commence par, Au Printemps la Vigne gelée, doit regarder la page 357.
Au Printemps la Vigne gelée
Par une Bise reculée
Ne nous doit faire aucun chagrin
Du Pain, de l’Eau, quelque Sylvie :
Sont le necessaire à la vie :
Ne peut-on se passer de Vin ?
***
Pourveu qu’à Paris comme à Rome
Chaque femme ait du moins son homme
Pour conserver le genre humain.
Du Pain, de l’Eau, quelque Sylvie
Sont le necessaire à la vie
Ne peut-on se passer de Vin ?
***
Vive l’Amour, meurent les Vignes,
Disoient les deux Filles insignes
De Lot, amateur du Raisin,
Du Pain, de l’Eau, &c.
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[Avertissement qu’il est necessaire de lire pour sçavoir les Affaires de Flandre] §

Mercure galant, juillet 1708 [tome 7], p. 386-396.

 

AVERTISSEMENT
Touchant les Affaires de Flandre dont on n’a point parlé dans ce Volume.

Le sieur Brunet donne avis que le Mercure s’estant trouvé trop remply, & le Journal du Siége de Tortose fort étendu, parce que l’on n’y a rien obmis de tout ce qui regarde ce Siége, & que l’on y a marqué jour par jour, & nuit par nuit jusqu’aux moindres circonstances de tout ce qui s’y est passé ; ce Volume dis-je, se trouvant si remply qu’il auroit esté impossible d’y bien mettre dans leur jour les Affaires de Flandre qui seules pouvoient remplir un Volume, il a esté resolu d’en donner un au Public qui a pour titre Supplément du Mercure du mois de Juillet, contenant tout ce qui s’est passé en Flandre depuis le 20, de Juin, jusqu’au commencement du mois d’Aoust.

Quoyque toute la matiere qui remplit ce volume soit de suite, on auroit pû neanmoins la diviser en trois parties, puisqu’effectivement elle en contient trois qui sont tres-curieuses & dignes de l’attention de toute l’Europe, tant tout ce qu’il les regarde est remply de circonstances curieuses & de faits nouveaux qui ne sont point encore venus à la connoissance du Public, du moins par l’Impression.

On voit dans la premiere, un Journal de ce qui s’est passé en Flandre depuis le 20. de Juin jusqu’au jour du combat donné prés d’Oudenarde, & tout ce qui s’y trouve jusqu’à l’entrée des Troupes du Roy dans le Fort de Plassendal, & dans les Villes de Gand & de Bruges y prepare insensiblement cette entrée. On y voit la veritable maniere de faire la guerre, le change donné aux Ennemis en leur donnant souvent lieu de croire qu’on alloit décamper, quoique l’on n’allât qu’à des fourages, ce qui leur donnoit lieu de faire souvent marcher leur Armée, & de fatiguer leurs Troupes. On y voit enfin la belle Manœuvre faite par l’Armée de Monseigneur le Duc de Bourgogne pour marcher vers Gand, en dérobant des marches aux Ennemis, & en leur faisant toûjours croire qu’on avoit dessein d’aller d’un autre côté, ce qui a fait heureusement réüssir l’entreprise concertée depuis long-temps, & que l’on doit en partie aux fatigues que s’est donné Monseigneur le Duc de Bourgogne dans ces marches, dans lesquelles on a remarqué qu’il y en a eu de 22 heures de suitte.

On voit encore dans ce qu’on peut appeller la premiere partie de ce volume, tout ce qui s’est passé à l’entrée des Troupes du Roy dans les Places que l’on vient de nommer, ce qui est tres-bien circonstancié dans plusieurs Relations tres dignes de la curiosité du Public, & faites par des personnes tres-intelligentes dans le metier de la Guerre, & dont la plûpart ont esté témoins des choses qu’elles avancent. Voila ce qui regarde ce que l’on pourroit appeller la premiere partie du volume intitulé, Supplément du Mercure, &c.

Quant à ce qu’on pourroit nommer seconde partie, on y voit tout ce qui s’est passé dans le combat donné prés d’Oudenarde, & dans les actions qui ont suivi ce combat, & outre ce que l’Auteur en dit, & qu’il a tiré d’un grand nombre de lettres ; on y trouve cinq ou six Relations telles qu’elles ont été envoyées par des personnes qui ont joüé les premiers rôlles dans ce combat, & l’on peut assurer qu’il y en a qui ont esté faites par des Officiers generaux des plus distinguez, & même par de simples Officiers, parce qu’il faut entendre parler tous ceux qui ont part dans une affaire. Ces relations sont separées par beaucoup de choses qui doivent faire plaisir au Lecteur.

On voit ensuite dans la même seconde Partie que tout ce que les Alliez ont rapporté touchant ce combat, est presqu’entierement faux ; que plusieurs Lettres & Relations qu’ils ont fait imprimer n’ont point esté envoyées aux Etats d’Hollande, ainsi qu’ils l’ont supposé ; que les exagerations qu’ils ont faites de nos pertes ; le nombre des prisonniers qu’ils disent avoir & le grand nombre de Drapeaux & d’Etendars pris, sont autant de Fables inventées pour ébloüir les peuples, & pour faire croire, du moins pendant un temps, en Angleterre, en Italie, en Catalogne, en Allemagne, & en Hongrie même, que les Alliez ont remporté une victoire complette, ce qui fait du bien à leurs affaires dans tous ces lieux là jusqu’à ce que la verité y soit parvenuë. On voit dans la même partie de ce Volume que ces exagerations ont néanmoins nui aux Alliez dans quelques Etats où elles ont produit des effets tout contraires à ce qu’ils en attendoient. Enfin on détruit dans cette seconde Partie toutes les Fables publiées & imprimées chez les Alliez, & l’on ne se sert point de raisonnemens pour cela, quoy qu’ils pussent suffire pour des personnes éclairées ; mais ce que l’on rapporte ne peut estre contredit puisqu’il est tiré de plusieurs Lettres écrites par des Ministres des Alliez mêmes, & par des Officiers de leurs Troupes.

On voit dans la troisiéme partie du Volume que le Public doit attendre avec impatience tout ce qui s’est passé depuis le combat donné prés d’Oudenarde jusqu’au jour que le Volume finit, & quand on n’auroit pas détruit dans la partie precedente toutes les Fables publiées par les ennemis, ce qui s’est passé depuis le combat feroit voir que tout ce que l’on en a publié chez les Alliez est faux, puisque s’il avoit esté veritable ils auroient bien-tost aprés repris les Places qu’on venoit de leur enlever, au lieu que l’on a fait des Conquestes sur eux. Le reste de cette troisiéme partie est remply d’un grand nombre de faits curieux, & souvent accompagnez de preuves qui font voir la verité de ce que l’on avance.

Ce Volume aussi gros que le Mercure, & même plus, sera par une espece de liberalité, donné au public pour cette fois, pour 26. sols en veau ; 22. sols en parchemin ; 21. sols en brochure, & 20. sols en blanc, afin qu’il puisse se répandre plus aisément dans toute l’Europe, pour détromper les peuples des fausses impressions qu’on a voulu leur donner, & que les familles de ceux qui ont eu part à tout ce qui s’est passé en Flandre depuis l’ouverture de la Campagne, puissent le montrer un jour à leurs neveux. On doit demeurer d’accord que les recherches qu’il y a à faire pour un pareil ouvrage, sont immenses, & que le public en l’achetant ne payera pas les ports de Lettres qu’il a coûtez. Ainsi l’on peut dire avec verité que c’est une liberalité qu’on luy fait.

On trouvera à la fin de ce Volume, qui se vendra le 9e. jour d’Aoust, les noms & les actions éclatantes de ceux qui se sont personnellement distinguez ; j’entens indépendemment de ce que leurs Corps ont fait.