Colloque tenu à l’University de Chicago à Paris, l’Institut d’études avancées de Paris et l’Université Paris Sorbonne les 7, 8 et 9 juin 2017
Université de Chicago
Université Paris-Sorbonne,
Labex OBVIL
Organisation :
Didier Alexandre, Véronique Gély, Christophe Martin, Robert Morrissey
Qu’est-ce que la gloire littéraire, dans une société qui a fait de la gloire une valeur fondamentale et centrale sur une très longue durée ? Héritée de l’antiquité, transformée par les sociétés féodales et monarchiques, rendue plus complexe par l’apport du christianisme, elle est en France l’objet d’une poursuite constante de la part des écrivains. Cet héritage complexe connaît des mutations fortes de la Première modernité à la période contemporaine, que ce colloque a pour ambition d’analyser et de comprendre. Nous proposerons certains facteurs de mutation. Les premiers seraient politiques, par exemple, la mise en place de la monarchie absolue, la culture des Lumières, le régime napoléonien et son héritage romantique, le régime démocratique et républicain, la lente marche vers la globalisation. D’autres facteurs, eux aussi très puissants, la religion, l’économie, les normes de la sociabilité, pèsent, parfois d’un poids déterminant, sur cette évolution. Quelle est l’influence de l’essor du protestantisme et du jansénisme, en France, sur les valeurs de la gloire littéraire ? Quel effet sur cette gloire a l’émergence de la société de politesse à partir du XVIIe siècle ? Quand et comment s’effectue, dans les sociétés aristocratiques d’ancien régime, la mutation d’une gloire sociale et militaire, à une gloire littéraire ? La fusion paradoxale des valeurs révolutionnaires et impériales provoque-t-elle une redéfinition de la gloire, ou est-elle le simple prolongement des transformations déjà observables au siècle des Lumières ? Enfin, les rapports d’incompatibilité entre l’économie de la gloire et l’économie marchande constituent un élément primordial de la doxa littéraire française, dont l’histoire reste à écrire. Dans la réalité, ces rapports entre ces deux économies sont complexes, tant du mécénat au capitalisme la valeur marchande conditionne la création littéraire, sa diffusion, sa valorisation et son rayonnement.
Ce colloque pourrait s’ouvrir aussi sur les questions des genres, des postures, et des lieux à travers lesquels la gloire se manifeste. Dans ce contexte, quels sont les rapports entre histoire, mémoires, roman et fabrication d’immortalité ? quels sont les rapports entre héroïsme et victimisation littéraires ? Que reconnaît-on dans la gloire littéraire ? Le génie, le travail, l’œuvre, le style, la fonction sociale de maître à penser ou l’engagement ? Où consacre-t-on un écrivain ? Dans les institutions, les salons, les cafés, le web ? Peut-on encore parler de gloire à l’âge de la mondialisation ? C’est pourquoi le comité scientifique accueillera volontiers les interventions qui intègreront à leur démarche des données du numérique et/ou des méthodologies d’analyse qui recourent au numérique.
Ce colloque international réunira des spécialistes de l’histoire littéraire des XVI au XXIe siècles français, de l’Université de Chicago et de l’Université Paris-Sorbonne, et d’autres établissements universitaires, et des écrivains, des créateurs, des représentants du monde de la presse et des institutions de consécration. Nous alternerons séances de communication plénières et tables rondes entre les locaux de l’Université Paris Sorbonne et les locaux de l’Université de Chicago à Paris. Les intervenants seront en partie invités, en partie sélectionnés à partir des propositions faites en réponse à l’appel à communication et des évaluations faites par le comité scientifique. Nous proposerons un programme qui alternera les conférences plénières d’environ trente minutes et six séances de tables rondes regroupant des communications de jeunes chercheurs d’environ quinze minutes.