Le romanesque des lettres est le tête-à-tête de la littérature et du réel – un réel qui est lui-même pénétré de littérature. À travers cette frontière poreuse se rencontrent une expérience littéraire et une idée de la vie. Œuvres, interprétations, événements de la vie des lettres, tout peut être lu comme un roman, en nous souciant de l’intérêt qui nous attache et du plaisir qui nous rétribue ; à la faveur des circonstances, tout peut être vécu comme un roman. La littérature, loin de se fermer sur son autonomie, apparaît ici comme une maison ouverte à son dehors.
La porte battante au centre du livre est un chapitre sur le roman à clés. Les fenêtres donnent sur le rapport entre création et critique, lecteurs et bibliothèques, amitié et historiographie, vie privée et vivre public. Au fil des pages s’anime le paysage d’un long romantisme, allant de Sainte-Beuve à Sartre, sous l’horizon de ce que Proust appelle un romanesque vrai.
Michel Murat, né en 1950, est professeur de littérature française à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université et ancien directeur du département Littérature et Langage (LILA) à l’École normale supérieure.