IMPORTANT : En raison des mesures de sécurité Vigipirate, les personnes souhaitant assister au colloque doivent impérativement s'inscrire en envoyant un courriel à oriane.morvan[at]paris-sorbonne.fr, et se munir d'une pièce d'identité.
Colloque international organisé par Olivier Bara, Georges Forestier, Florence Naugrette, Agathe Sanjuan
Université Paris-Sorbonne (CELLF, OBVIL, PRITEPS)
Comédie-Française
UMR LIRE / IHRIM
Université Lyon 2
Institut universitaire de France
L’histoire littéraire s’est longtemps plu, et se plaît parfois encore, à opposer de manière binaire et antagoniste les romantiques aux « classiques ». Ce faisant, elle épouse une longue tradition antiromantique qui, en présentant Hugo, Vigny, Dumas, Musset, Gautier, Sand et leurs camarades comme de farouches opposants au théâtre du Grand Siècle, vise à discréditer leur entreprise. On s’époumone à le répéter, les romantiques ne s’opposent pas aux auteurs classiques, bien au contraire : Stendhal refuse de choisir entre Racine et Shakespeare ; Hugo écrit une pièce dont Corneille est le héros, lui voue un culte, et sculpte son vers dramatique à son imitation ; Musset écrit « Une soirée perdue » en hommage à l’auteur du Misanthrope et George Sand lui consacre une pièce… C’est bien plutôt au classicisme que les romantiques s’en prennent, quand ce dernier, sous la plume de la critique contemporaine qui leur est hostile, érige en norme absolue du goût la séparation entre les genres, le respect des règles et la hiérarchie des registres.
À la lumière des recherches les plus récentes en histoire du théâtre des XVIIe-XIXe siècles, on fera le point sur la réception de Molière au XIXe siècle, en répondant aux questions suivantes : Quelles pièces de Molière avaient les honneurs de la programmation, tout particulièrement à la Comédie-Française, « Maison de Molière » associée à l’organisation de ce colloque ? Quels étaient les enjeux du choix de tel ou tel répertoire moliéresque sur telle scène ou à telle époque, à Paris, en province, à l’étranger (les troubles liés à la représentation de Tartuffe sous la Restauration, par exemple ; ou encore la redécouverte du Festin de pierre de Molière en prose après l’exclusivité jusqu’alors accordée à la version mise en vers par Thomas Corneille ; la part respective des pièces farcesques et des pièces considérées comme plus sérieuses, ou plus morales). Quel était l’état des textes joués, au prix de quels effacements, de quelles déformations ?
Dans quels rôles de Molière les grands acteurs se sont-ils illustrés, et pour en donner quelle interprétation (tels la Célimène de Mlle Mars ou l’Alceste de Bocage) ?
Dans quelles éditions son œuvre était-elle disponible pour la lecture, avec quel paratexte (préfaces, notes, notices, illustrations) et pour légitimer quelle tradition critique ?
Quelle vision de l’homme Molière et de son œuvre était donnée par les écrivains eux-mêmes ? Était-elle différente de l’image donnée par les critiques dramatiques dans leurs feuilletons (Geoffroy, Gautier, Janin, Sarcey, etc.) ; par les histoires littéraires ; par les biographies et les notices de dictionnaire ; par les manuels scolaires ? Quel modèle de l’art dramatique, de la langue française, de la force comique et de l’esprit français, est valorisé par cette image ? Comment célébrait-on Molière, lors de ses anniversaires, des manifestations en son honneur, dans les portraits et sculptures à son effigie ? À quelles fins (notamment idéologiques) son image publique était-elle utilisée ?