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Storytelling, journée d’études du 16 mai 2014, partie 1

28 Mai 2015

Storytelling, journée d’études du 16 mai 2014, partie 1

 

Face au storytelling : selon quels critères définir la « fiction littéraire » ?
Journée d'études du 16 mai 2014, organisée par Danielle Perrot-Corpet (Paris-Sorbonne, CRLC), première partie.

  • Jacques MIGOZZI (Université de Limoges, EHIC) : « “Fiction littéraire contre storytelling” ? Les pièges d'un vieux duel et d'un faux débat »

  • Marc MARTI (Université de Nice-Sophia Antipolis, LIRCES) : « Littérature et Histoire : antidotes au storytelling ? L’exemple de la crise immobilière espagnole »

  • Aurore PEYROLES (CRLC) : « “Mentir-vrai“ contre “mentir faux” : le combat avant-gardiste du roman engagé des années 1930, ou de la pertinence réciproque de l’anachronisme critique »

  • Chloé CHAUDET (Université de Paris-Sorbonne, CRLC/Université de la Sarre) : «De la mince frontière entre best-seller humanitariste et roman (vraiment) engagé: l’exemple de Desert flower (1998) de Waris Dirie »

 

À l’heure où « l’art de raconter des histoires » devient aussi, et à grande échelle, le moyen par excellence de vendre ou de gouverner, la question de la spécificité de la fiction littéraire doit être posée à nouveaux frais : dans le « bain narratif » qui semble devenu la condition la plus générale de notre expérience quotidienne du monde, peut-on distinguer un récit/une fiction qui soit spécifiquement littéraire ? Si oui, la littérarité d’un récit/d’une fiction tient-elle à des traits formels ou seulement à l’usage (« littéraire » ou stratégique) qui en est fait ?

Qu’est-ce que le storytelling, dans son sens restreint de « stratégie de communication narrative », emprunte exactement à cet « art de conter » (« storytelling » dans l’acception traditionnelle du terme anglais) dont relève peu ou prou (fût-ce pour s’en défendre) la fiction littéraire? Que reste-t-il en propre, à la fiction littéraire, d’irréductiblement autre et irrécupérable par cette « machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits » qui donne son sous-titre au best-seller de Christian Salmon Storytelling (La Découverte, 2007) ?

La charge passionnelle qui entoure le débat lancé en France par le livre de Salmon ne doit pas être éludée ici par l’effort de la réflexion théorique, mais au contraire prise en compte comme l’indice d’une portée éthique et politique de la « littérature », notion qui, dans sa nature même de construction historique et d’instrument axiologique, se trouve mise en demeure de définition, par la force des frictions en tout genre qui l’accolent et l’opposent aux entreprises du storytelling.