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HyperApollinaire
HyperApollinaire
Tout a été dit et écrit sur Apollinaire, semble-t-il. Ou plutôt, beaucoup a été écrit sur Alcools, un peu moins sur Calligrammes, beaucoup moins sur les écrits sur la peinture, sur la littérature, sur les proses fictionnelles, très peu sur les œuvres érotiques et le théâtre. L’HyperApollinaire vient à son heure, pour comprendre cette inflation et ce déficit, évaluer non pas les œuvres mais leurs évaluations et leurs évaluateurs. Ce projet, qui associe la numérisation des textes d’Apollinaire tombés dans le domaine public, la genèse des textes, l’annotation philologique et critique, opère donc un retour critique sur la construction de l’auteur Apollinaire et de son œuvre, et sur les phases et la cartographie de sa valorisation.
Il s’inscrit donc pleinement dans la philosophie qui mène le labex OBVIL : car il s’agit bien d’observer la vie de l’œuvre d’Apollinaire dans sa durée et ses variations, dans son rayonnement et ses éclipses. L’environnement des humanités numériques est évidemment très favorable à cette mesure de la valeur, qui ne se limite pas aux seuls textes d’Apollinaire et s’étend aux revues, celles qu’a dirigées Apollinaire, celles qui l’ont accueilli, celles qui ont fait sa renommée, qui ne se limite pas aux seuls écrits du critique mais s’étend aux essais critiques contemporains, qui ne se limite pas aux seuls commentaires des savants, mais d’étend aux commentaires des proches, des amis, des ennemis. L’HyperApollinaire est mené par une ambition encyclopédique, préalable à une compréhension des mécanismes et des choix critiques qui ont conduit à produire des Apollinaire. Seul l’informatique permet la collecte, le stockage, l’encodage et les confrontations des textes, grâce à des outils de visualisation et d’analyse nouveaux, conçus par les informaticiens et les ingénieurs du labex.
L’HyperApollinaire offre au lecteur le corpus d’Apollinaire objectivé selon un ordre chronologique. La présentation n’est ni générique, ni exclusivement soumise à une logique de recueils, authentiques ou artificiels. Le projet casse donc les recueils Il y a et Le Guetteur mélancolique, pour replacer chaque pièce, poème, critique, prose, théâtre, à sa date de publication. Cette durée de l’œuvre, non finalisée, rend par exemple accessible un poème, dans ses divers états publiés, ponctué, non ponctué, complété grâce à la magie d’un lien de son ou ses états manuscrits. Les Méditations esthétiques sont lisibles dans la suite des publications sur l’art qui débute quelque huit années avant leur publication.
L’HyperApollinaire offre aussi au lecteur, la plus large des annotations, afin de donner une dimension nouvelle à la contextualisation à la fois interne et externe des œuvres. L’objectif est, à terme, de mettre à la disposition des chercheurs sous la forme la plus extensive et la plus maniable qui se puisse, trois ensembles de documents et de références : la bibliothèque personnelle d’Apollinaire, dont le catalogue a été établi (mais dans un état certainement lacunaire) ; le corpus des périodiques dans lesquels il a publié, à commencer par les revues qu’il a créées, comme Le Festin d’Esope ; et le corpus critique, savant et auctorial, en privilégiant celui qui relève d’une « mémoire de la critique », et qui, d’André Billy à Breton ou Aragon, a construit la figure de l’écrivain et déterminé sa place dans l’histoire littéraire. Ces documents, selon les cas, seront reproduits, référencés, résumés, ou rendus accessibles par des liens.
Les données pourront être exploitées par des traitements de cartographie, de statistique, d’analyse lexicale et phraséologique (logiciels Philoline, Philomine), de manière à mettre en évidence d’une part la stratégie d’Apollinaire et son action dans le champ littéraire – déjà bien étudiée dans le livre d’Anna Boschetti, Apollinaire, homme-époque (Seuil, 2002) –, d’autre part l’évaluation de l’œuvre par la critique et les phases de sa canonisation. Mais il s’agit également de construire une ontologie critique, restituable sous forme de cartographie : de cette ontologie propre à Apollinaire, on peut dégager les notions centrales, par exemple le vrai, le faux, la tradition, le moderne, le sublime, l’héritage, et élaborer le déploiement logique. Enfin, cette ontologie fera l’objet d’un développement en ligne permettant de questionner l’œuvre et son contexte. Recroisée, comme le permet le projet, avec un large ensemble de données contemporaines, elle ouvre à une compréhension renouvelée du modernisme et de la culture du XXe siècle.
Michel Murat et Didier Alexandre
Le porteur du projet est Didier Alexandre. Le projet est coordonné par Didier Alexandre, Michel Murat, Laurence Campa. L’équipe réunit Jean-Gabriel Ganascia (UPMC), Didier Alexandre, Olivier Gallet, Laure Michel, Michel Murat, Christophe Pradeau, Emilie Frémond (Paris-Sorbonne), Laurence Campa et Carole Aurouet (Université Paris-Est Créteil), Ivanne Rialland (Université Paris-Est Marne-la-Vallée), Nathalie Froloff (Université de Tours), Eve Rabaté, Peter Read (Canterbury), Willi Jung (Bonn), Andrea Bozzi, Nilda Ruimi (CNR de Pise), Dominique Vaugeois (Pau),Vincent Jolivet, Frédéric Glorieux, Eric Thiébaud (Ingénieurs du labex OBVIL).
HyperApollinaire
Didier Alexandre
Directeur du labex OBVL
Professeur de littérature française
Université Paris-Sorbonne
Clémence Jacquot
Postdoctorante du LABEX OBVIL
Docteur en langue française de l’Université Paris-Sorbonne
Agrégée de lettres classiques
Université Paris-Sorbonne
Christophe Pradeau
MCF en littérature française (XIXe et XXe siècles)
UFR de littérature française et comparée de l’université Paris-IV-Sorbonne
Ivanne Rialland
PRAG de lettres modernes
IUT de Marne-la-Vallée
Équipe « Littérature française, XIXe-XXIe siècles » - Université Paris-Sorbonne
HyperApollinaire
Rapport ANR 2015
1. Edition numérique intégrale.
La première étape du travail consiste en l’océrisation et la numérisation conforme au cahier des charges du labex OBVIL du corpus d’Apollinaire. Il est convenu que les textes encore sous droits seront numérisés mais ne seront pas accessibles en open source. L’édition support au départ est l’édition de la Bibliothèque de la Pléiade. Mais elle n’est pas, pour les porteurs du projet, la référence pour nous. Par exemple, la très grande majorité des poèmes d’Alcools a paru en revue, avec ponctuation. Cet état des poèmes n’apparaît jamais dans aucune édition papier. De même, Le Guetteur mélancolique et Il y a sont publiés sans ponctuation, alors que les poèmes publiés du vivant d’Apollinaire l’ont été avec ponctuation. De même les articles critiques d’Apollinaire sont regroupés par revues, ou par thématique. Ces choix posthumes, des éditeurs, modifient donc l’état de l’œuvre publié par Apollinaire. Le projet est donc global : établir une édition chronologique aussi totale que possible, qui casse les recueils posthumes, reprend l’œuvre l’œuvre texte par texte, chacun entré à sa date de publication.
Chaque texte ou chaque ensemble de textes (recueil de poèmes, de récits, groupe de poèmes dans un numéro de revue etc.) fait l’objet d’ un fichier avec sa date.
Les fichiers sont presque tous prêts. Éric Thiébaud a fait l’inventaire de tous les liens vers des images en ligne des textes parus en revue. Les liens sont nombreux pour les poèmes. La moitié environ des contes sont disponibles. Ils sont moins nombreux pour les articles.
Iris Genoux, étudiante en master, et Clémence Jacquot sont allées vérifier l’original des poèmes en revue.
Quant aux manuscrits, ils sont accessibles aux chercheurs à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet et à la BNF.
Se posent les problèmes de la place donnée aux avant-textes dans la bibliothèque et l’affichage. Il est possbile de créer des liens qui permettent la visualisation du manuscrit. Faut-il l’accompagner d’ une transcription diplomatique ? L’équipe du labex OBVIL réfléchit donc actuellement au recours à un outil de philologie numérique qui permettrait cette visualisation. Un outil de ce type existe à l’Université de Grenoble pour l’édition des manuscrits de Stendhal. Le problème est financier également : les manuscrits doivent être scannés, à raison de un euro la page environ. La Bibliothèque Doucet, avec laquelle nous allons signer une convention, est en train de numériser le fonds Apollinaire. Les archives de la BnF sont bien plus considérables. Enfin, certains manuscrits font problème. Par exemple La Gloire de l’olive, manuscrit source, jamais publié, n’a pas un statut d’œuvre : le problème se pose de savoir où le placer et donc de définir son statut. Tout choix technique est conditionné par la réflexion philologique.
Une très grande partie de la siaise est actuellement effectuée. Il reste néanmoins des textes à saisir, la Bibliothèque des curieux, les romans écrits à plusieurs mains, la correzspondance, le théâtre italien, l’Enfer de la Bibliothèque nationale. Il restera à définir l’importance de l’annotation.
Celle-ci reposait initialement sur trois types de note
- des notes textuelles : lexicographiques
- des notes contextuelles : liens possibles à l’intérieur de l’œuvre (mais à ne pas multiplier car l’outil informatique permet cela), et liens à l’extérieur de l’œuvre d’Apollinaire. On place ici aussi les références historiques, encyclopédiques.
- des notes de réception : il faut résumer les commentaires ; on ne peut pas les reprendre tels quels. Cela dit, ils sont nombreux surtout pour Alcools. Mettre le titre des articles peut être suffisant et quand le titre n’est pas assez explicite, résumer brièvement. L’intérêt est bibliographique. Quand l’article est en ligne, il faut mettre le lien. On trouve beaucoup de choses sur Google Books. Il faut utiliser les données de l’index du troisième volume de la Pléiade. Il faut choisir les notices à faire : les réserver aux cas où il y a un développement d’Apollinaire. On ne peut pas faire une annotation totalement érudite. Il faut laisser de côté pour les notices les listes des catalogues de salon.
La liste s’est affinée, sur ce modèle :
- [texte] élucidation du vocabulaire (porte avant tout sur les mots, ex: "argyraspide") ;
- [contexte] uniquement pour les renvois à d'autres textes d'Apollinaire (vers réutilisés, échos thématiques, rapprochement avec d'autres textes d'Apollinaire, etc); le but est de pouvoir générer l'ensemble des rapports auto-textuels ;
- [vie littéraire et artistique] renvois à l'œuvre d'autres écrivains, artistes, etc, et aux événements de la vie littéraire et artistique ;
- [encyclopédie] éléments factuels d'ordre général (ex. la présence d'un émetteur de radio sur la Tour Eiffel, la date du tremblement de terre de Messine) ;
- [interprétation] propositions, commentaires ou hypothèses d'interprétation de l'éditeur (cette catégorie concerne surtout les poèmes) ;
- [réception]: tout ce qui relève de la réception critique, qu'il s'agisse de comptes rendus de journaux, d'opinion des amis (comme Billy) ou de la critique universitaire.
2. Ontologie
L’établissement d’une ontologie est le second objectif scientifique de l’HyperApollinaire. Dans un premier temps cette ontologie est centrée sur la question de la valeur littéraire et donc du jugement critique d’Apollinaire, qu’il s’exprime dans les poèmes, les textes narratifs en prose, les textes critiques qui recouvrent autant les questions de littérature, de peinture, de sculpture, que les questions d’actualité. Dans un premier temps, la réflexion sur les catégories du jugement critique sera menée sur un corpus de conférences et d’articles consacrés à la littérature. Le corpus d’environ quatre cents pages est réparti entre les acteurs du projet, afin qu’il fasse l’objet d’une annotation et qu’il fasse aussi l’objet d’une extraction des notions qui participent au jugement critique. Ces notions seront lassées selon une hiérarchie.
Les points qui suivent définissent l’objet ontologie, la méthode de travail suivie, l’outil qui sera utilisé :
- Définitions
On parle d’ontologie au sens informatique et non philosophique.
C’est une représentation formelle des connaissances d’un domaine, sous forme de concepts, en vue de son utilisation par un programme informatique et de son partage par une communauté de personnes.
Voir la présentation PowerPoint de Zied Sellami. - Méthodologie
Méthodologie Terminae (Aussenac et al., 2000)
Les deux premières étapes sont les plus difficiles et les plus importantes : 1. Description des besoins (utilisation de l’ontologie, connaissances à représenter…) 2. Construction du corpus.
Utilisation : on peut afficher tous les domaines sémantiques à la fois pour un chapitre du texte. C’est un affichage du contenu thématique généré automatiquement. Exemple sur le corpus « Haine du théâtre ».
Didier Alexandre demande si on peut interroger des relations entre domaines sémantiques. - Présentation du logiciel Protégé.
Existe en version web et en local (sur un ordinateur).
Le travail antérieurement mené dans le séminaire HyperApollinaire (année universitaire 2015, semestre 1, lundi 12Hà00-14H00, org. Laure Michel, Christophe Pradeau, Olivier Gallet, Didier Alexandre) a permis l’examen de notions telles que « voix », « poète », « bouche ». L’objectif était d’avoir une vue d’ensemble, à partir d’un modèle aristotélicien des quatre causes (matérielle, formelle, efficiente, finale), utilisé par exemple par Mme Nilda Ruimy à l’Institut de linguistique computationnelle de Pise. Cette première expérimentation montre que l’on pourrait réaliser une vaste ontologie centrée autour de la notion de Poète, correspondant à une anthropologie apollinarienne. Cette ambition totalisante demeure l’horizon ultime du projet. Pour des raisons méthodologiques, le projet est restreint au jugement critique et à la valeur, deux entrées qui correspondent à deux axes forts du labex OBVIL, la valeur littéraire et la vie littéraire.
3. Calendrier des activités
- Année universitaire 2013-2014 : numérisation du corpus d’Apollinaire, stylage.
- 20 février 2014 : Atelier 1 : La numérisation du corpus, présentation, enjeux.
- 22 mai 2014 : Atelier 2 : L’annotation du corpus apollinarien.
- 4 juin 2014 : Présentation de l’état du projet HyperApollinaire, workshop du labex OBVIL.
- Année universitaire 2014-2015, semestre 1 : séminaire HyperApollinaire, lundi 12H00-14H00 (org. Laure Michel, Christophe Pradeau, Olivier Gallet, Didier Alexandre) : Editer, annoter, interroger en ligne le corpus apollinarien.
- 13 février 2015 : Atelier 3 : Répartition des corpus à annoter ; annotation et ontologie dans l’HyperApollinaire.
- 17 avril 2014 : Structuration de l’ontologie du jugement critique apollinarien.