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L'institut OPUS de Sorbonne Université. Entretien avec Dominique Guillaud et Frédérique Andry-Cazin
L'institut OPUS de Sorbonne Université. Entretien avec Dominique Guillaud et Frédérique Andry-Cazin
Pouvez-vous présenter l’Observatoire du patrimoine (OPUS) ?
Dominique Guillaud
OPUS est un des cinq instituts thématiques de Sorbonne Université. Il fédère douze laboratoires, mais il faut considérer qu’à Sorbonne Université ce sont en réalité plus de soixante-dix centres de recherches qui sont concernés, de près ou de loin, par des actions qui concernent le patrimoine. L’idée de l’institut est apparue en 2015, au moment où les universités Paris-Sorbonne et UPMC cherchaient à définir des pôles d’excellence. La notion de patrimoine est apparue comme un puissant vecteur d’unité, au même titre que la transition écologique ou que l’ingénierie de santé. OPUS n’est pas un centre de recherche, mais un institut sans murs, qui a pour vocation de fédérer différentes approches, comme la documentation, la conservation et les questions politiques, juridiques et éthiques qui sont associées à la patrimonialisation d’un monument, d’un objet ou d’un lieu.
L’institut OPUS est également doté d’une mission de veille épistémologique. Comment la notion de patrimoine a-t-elle évolué ?
Dominique Guillaud
Un objet patrimonial n’est pas simplement un objet scientifique. C’est un objet qui est à la jonction des sciences et de la société, qui est investi d’une valeur affective ou symbolique… Pendant longtemps, en France, le patrimoine a désigné les symboles tangibles de l’histoire, autrement dit les monuments. C’était le domaine des conservateurs. Dans les années 1990, la notion a évolué avec notamment la valorisation du patrimoine dit « naturel » et celle des produits du terroir. L’Unesco a complexifié ses outils en classant les « paysages culturels » et, depuis 2003, le patrimoine « immatériel ». En même temps, patrimonialiser est un instrument politique redoutable. Le classement d’un site à l’Unesco peut avoir des conséquences dramatiques pour les populations locales. La tendance actuelle à l’hyper-patrimonialisation et à la concurrence des patrimoines représente un risque. L’institut OPUS est un lieu de réflexion sur les pratiques, les outils et les appareils institutionnels de la patrimonialisation. Parallèlement, sa mission est également de valoriser auprès des acteurs publics les savoir-faire de Sorbonne Université dans différents domaines liés au patrimoine, comme le numérique, par exemple, avec le Labex Obvil et PLEMO 3D, ou les questions de labellisation.
Comment est pensée l’interdisciplinarité au sein d’OPUS ?
Frédérique Andry-Cazin
L’idée que l’innovation naît de l’interdisciplinarité a accompagné la création des cinq instituts de Sorbonne Université. Il est important d’ouvrir d’autres spécialités aux questions patrimoniales et c’est un des objectifs d’OPUS, par le biais des séminaires et de la formation. Les séminaires OPUS existent depuis un an. Ils rassemblent des chercheurs de Sorbonne Universités et des intervenants extérieurs autour de thématiques très variées comme les techniques modernes de l’archéologie, la science de l’inventaire, les géoparcs ou les ruines, avec le souci d’alimenter une réflexion commune sur les questions patrimoniales. À ce titre, le séminaire participe à la mission de veille épistémologique. En ce qui concerne la formation, Sorbonne Université propose des parcours d’études qui permettent à des étudiants de sciences de suivre des mineures de sciences humaines comme les licences « Histoire et philosophie des sciences et des techniques », « Patrimoine, rencontres, réussites » ou « Patrimoine, sociétés, relations Nord-Sud », et les Master « Muséologie, sciences, cultures et sociétés » et « Environnement » du Muséum. Nous réfléchissons à la manière de créer un parcours d’études complet, diplômant, qui formerait des spécialistes des questions patrimoniales.
Propos recueillis par Romain Jalabert.