Université d’été | Bi-licence "Lettres – Informatique" | Ateliers
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Autorités en partage
Autorités en partage
Ce programme de recherches, comparatiste et transversal, se propose d’explorer les métamorphoses de l’autorité littéraire et leurs enjeux dans le passé autant que dans le présent. Les écritures participatives associées au numérique innovent, mais retrouvent aussi des pratiques anciennes, que le « sacre de l’écrivain » par la modernité avaient parfois fait oublier en imposant la figure d’un auteur unique et souverain. Il s’agira de voir comment la figure de l’auteur est construite et déconstruite dans ses représentations, et comment, sous quelles formes, l’autorité est ou n’est pas reçue, est ou n’est pas partagée entre les genres, que le mot soit compris au sens de genre sexué ou en référence aux formes et aux catégories de la littérature.
Ces recherches, dont la présentation est coordonnée par Véronique Gély, réunissent les comparatistes du CRLC et l’équipe angliciste VALE ; elles sont réparties en trois ensembles de travaux distincts :
1. Genre et autorité
La signature comme marque d’auctorialité est aussi inscription d’autorité – publier sous son nom, c’est assumer la responsabilité de ce qui est publié, c’est se donner pour une « autorité » et c’est aussi se donner pour celui qui peut autoriser l’usage fait de la publication. Nombreuses ont été et sont les stratégies de brouillage et de masquage de la signature, qui produisent des effets de brouillage de la figure de l’auteur et de son autorité. Qu’il s’agisse de pseudonymes, de faux noms, d’hétéronymes, ou de signatures partagées, c’est à partir de la question de la signature auctoriale, posée en termes genrés, que dans une perspective largement diachronique seront explorés ces partages et passages d’autorité, qui sont autant de mises en question du genre sexué et du statut de l’auteur. Voir le carnet de recherches http://genretautor.hypotheses.org/
Équipe :
« Genre et autorité » est coordonné par Frédéric Regard pour VALE et Anne Tomiche pour le CRLC. Participent aussi, notamment, Bernard Banoun (REIGENN, Paris-Sorbonne), Anne Berger (Paris 8), Alexandra Bourse (doctorante CRLC), Guillaume Bridet (Dijon), Thibaut Casagrande (doctorant CRLC), Anne-Isabelle François (Paris 3), Lucie Guiheneuf (doctorante, VALE), Jean-Louis Jeannelle (CELLF XVI-XXI), Martine Lambert-Charbonnier (VALE), Martine Lavaud (CELLF XVI-XXI), Johanny Moulin (Université de Provence), Timothée Picard (Rennes), Anne-Florence Quaireau (doctorante VALE), Martine Reid (Lille 3) Pierre Zoberman (Paris Nord).
2. Représentations de l’auteur
C’est d’un partage de l’autorité entre les arts, et au sein des genres et formes littéraires qu’il sera question ici, avec notamment les travaux coordonnés par Clotilde Thouret sur les mises en scène du personnage du dramaturge du XVIe au XXIe siècle, sur la figuration des relations qu'il entretient avec les acteurs, les commanditaires, le public, et, à travers ses discours, sur la pensée de la valeur du théâtre en pleine élaboration. Les travaux sur la représentation du peintre et de l'art pictural dans le roman du XVIIIe au XXIe siècle organisés par Bernard Franco chercheront les raisons d’une représentation privilégiée de l’écrivain en peintre, la conception de la littérature qu’une telle représentation induit par rapport à une littérature qui se représenterait, par exemple, à travers la figure d’un musicien, examinée, elle, par le groupe de chercheurs réunis par Stéphane Lelièvre. En retour, on verra aussi comment la bande dessinée, associée volontiers à une volonté de subversion et/ou à une valorisation de la marginalité, aborde la question de l’autorité en représentant l’auteur littéraire.
Équipe :
« Représentations de l’auteur » est coordonné par Bernard Franco au sein du CRLC, avec la participation notamment de Clotilde Thouret, Marthe Segrestin, Judith Sarfati Lanter, Stéphane Lelièvre, Véronique Gély et de nombreux doctorants et chercheurs d’autres équipes et universités.
3. Partages de l’autorité
L’histoire de la littérature, du livre et de l’édition imposent le constat que l’auteur en tant qu’individu sujet d’une œuvre singulière est loin d’avoir été le modèle unique et dominant, bien avant que le numérique et Internet ne suscitent un regain des écritures participatives et ne mettent en cause la propriété littéraire. Nombre d’œuvres sont nées d’un travail partagé, collectif ou continué, ne fût-ce que celui qui unit l’auteur et son éditeur. On s’intéressera ici aux différentes formes de création collective, d’écriture collaborative : auteurs signant à plusieurs un texte ; signatures plurielles dans les genres et formes qui impliquent la rencontre de deux arts au moins. On pensera aussi au cas des signatures « familiales », comme les frères Grimm ou Goncourt. Il s’agira encore d’explorer ce que devient la notion d’auteur dans le cas des œuvres continuées, traduites, corrigées par un ou plusieurs auteurs après une première création, dans le cas aussi des adaptations d’un art à un autre, voire de la confiscation que peut subir l’autorité entre un auteur et son traducteur, ou entre un « nègre » et celui qui signe l’œuvre. La mythographie depuis la fin du XVIIIe siècle, écriture palimpseste, en permanence continuée, aux signatures parfois effacées, parfois au contraire accumulées, sera un corpus d’étude privilégié.
Équipe :
« Partages de l’autorité » est coordonné par Véronique Gély au sein du CRLC, avec la participation de chercheurs d’autres équipes et universités, Glenn Most (SNS de Pise ; Chicago), Thomas Schmitz (Bonn), Ute Heidmann (Lausanne), José Manuel Losada Goya (Complutense de Madrid), Jean-Louis Haquette (Reims), William Marx (Paris Ouest, IUF) ; y sont associés des doctorants et étudiants : Alice Pfister, Marie-Pierre Harder, Cyril Gendry, Paule Desmoulière, Kelly Morckel, Loïse Lelevé, Caroline Dauphin, Georgios Meli, Marie-Agathe Tilliette, François Vassogne, Élodie Coutier.
à consulter également
- Activités scientifiques, calendrier 2013-2014(pdf 323.16 Ko)
- Activités scientifiques, calendrier 2014-2015(pdf 78.21 Ko)
- Activités scientifiques, calendrier 2015-2016(pdf 89.77 Ko)
Autorités en partage
Véronique Gély
- Directrice du Centre de Recherche en Littérature Comparée (CRLC) : EA 4510
- Membre du directoire du Labex OBVIL
Mathilde Labbé
Docteur en littérature française
Stéphane Lelièvre
Maître de conférences
ESPE de Paris (Université Paris-Sorbonne)
Centre de Recherche en Littérature Comparée (CRLC) : EA 4510
Frédéric Regard
Professeur des universités
Université Paris IV-Sorbonne
UFR d’études anglophones (laboratoire VALE EA 4085)
Judith Sarfati Lanter
Maître de conférences en littérature comparée
Université Paris-Sorbonne
Centre de Recherche en Littérature Comparée (CRLC) : EA 4510
Marthe Segrestin
Maître de conférences en littérature comparée
Université Paris-Sorbonne
Centre de Recherche en Littérature comparée (CRLC – EA 4510)
Clotilde Thouret
Maître de conférences en Littérature comparée
Université Paris-Sorbonne
Centre de Recherche en Littérature Comparée (CRLC) : EA 4510
Anne Tomiche
Professeure de littérature générale et comparée
Université Paris-Sorbonne
Centre de Recherche en Littérature Comparée (CRLC) : EA 4510
François Vassogne
Université Paris-Sorbonne
Autorités en partage
Rapport ANR 2015
Ce projet, coordonné par Véronique Gély, rassemble principalement des enseignants-chercheurs, doctorants et étudiants de Master du Centre de recherche en littérature comparée (EA 4510), associés notamment à l’équipe Voix Anglophones (EA 4085) de Paris-Sorbonne et à des chercheurs d’autres établissement.
Il a jusqu’à présent organisé des séminaires de recherche, journées d’étude et colloques portant sur les notions, que la numérisation des œuvres littéraires amène à réexaminer, d’autorité et d’auctorialité. Il s’articule également à plusieurs séminaires et cours généraux de Master.
Dans le cadre de l’axe 3, la numérisation, l’édition numérique et l’interrogation d’un corpus spécifique sera engagée à partir du second semestre de l’année 2015.
Les travaux collectifs de recherche se répartissent en trois axes principaux :
- Genre et autorité
- Représentations de l’auteur
- Partages de l’autorité
AXE 1 : GENRE ET AUTORITÉ
Axe coordonné par Frédéric Regard (VALE) et Anne Tomiche (CRLC)
Enseignants-chercheurs :
- Alice Braun (MCF anglais, Paris-Ouest)
- Véronique Gély (PR littérature comparée, Paris-Sorbonne)
- David Martens (PR, Université de Louvain)
- Andrea Oberhuber (PR littérature française, Université de Montréal)
- Danièle Perrot-Corpet (MCF littérature française, Paris-Sorbonne)
- Martine Reid (PR littérature française, Lille 3)
- Anne Rouhette (MCF littérature anglaise, Clermont-Ferrand)
- Pierre Zoberman (PR littérature française, Paris 13)
Doctorants et jeunes docteurs :
- Alexandra Bourse (Paris-Sorbonne)
- Thibaut Casagrande (Paris-Sorbonne)
- Chloé Chaudet (Paris-Sorbonne)
- Cyril Gendry (Paris-Sorbonne)
- Audrey Lasserre (Sorbonne nouvelle)
- Elisabetta Simonetta (Sorbonne nouvelle)
Un carnet de recherche fait le lien entre les chercheurs travaillant dans cet axe, publie les actualités et les programmes des travaux passés, en cours et à venir. On récapitule ci-dessous les principales actions menées dans les deux années écoulées.
Séminaires de recherche
Le séminaire de recherche « Genre et Autorité », mis en place le 14/02/2014 par Frédéric Regard et Anne Tomiche , réunit régulièrement un groupe important de chercheurs autour d’une conférence suivie d’une discussion. Le détail peut être consulté ici.
Internvenants : 4/04/2014 : Eric Fassin ; 14/05/2014 : Martine Reid ; 19/06/2014 : Anne Castaing; 03/10/2014: Véronique Gély ; 17/03/2015 : Xavier Garnier ; 12/05/2014 : Nathalie Saudo-Welby ; 19/06/2014 : Anne Berger ; 10/2015 : Susan Suleiman
Journées d’étude
Deux journées d’études sur « Le genre des signatures. Partages et passages genrés d’autorité » ont eu lieu.
-
le 6/11/ 2014 : « Questions de pseudonymie et d’assignations problématiques de signature, abordées en termes genrés »
Intervenants : David Martens, Elisabetta Simonetta, Chloé Chaudet, Alexandra Bourse, Anne Rouhette, Hélène Barthelmebs. Voir le détail. -
le 22/01/2015 : « Questions de signatures partagées (collaborations, passages de signature), abordées en termes genrés »
Intervenants : Audrey Lasserre, Andrea Oberhuber, Alexandra Arvisais, Bertrand Ferrier , Danielle Perrot-Corpet, Pierre Zoberman, Myriam Dufour Maitre, Alice Braun. Voir le détail.
Résumé
La signature comme marque d’auctorialité est aussi inscription d’autorité – publier sous son nom, c’est assumer la responsabilité de ce qui est publié, c’est se donner pour une « autorité » et c’est aussi se donner pour celui ou celle qui peut autoriser l’usage fait de la publication. Nombreuses ont été et sont les stratégies de brouillage et de masquage de la signature, qui produisent des effets de brouillage de la figure de l’auteur et de son autorité. Comment les questionnements sur le genre infléchissent-ils la problématique de l’auctorialité et de la signature quand celle-ci est partagée, dissimulée ou démultipliée et que ce partage ou cette dissimulation produisent des effets de passages d’un genre à l’autre, des effets d’indétermination ou de problématisation du genre ?
Qu’il s’agisse de pseudonymes, de faux noms, d’hétéronymes, ou de signatures partagées, c’est à partir de la question de la signature auctoriale, posée en termes genrés, que dans une perspective largement diachronique sont explorés ces partages et passages d’autorité, qui sont autant de mises en question du genre sexué et du statut de l’auteur.
Les interventions seront publiées (après sélection et édition des textes qui seront soumis).
Enseignements de Master
février-mai 2013
Le roman de l’artiste au féminin
Séminaire de Master M2FR489C - M4FR489C, Véronique Gély, Lundi 14:00 16:00 Maison de la Recherche salle D 116
Les modèles romantiques du roman de l’artiste n’intègrent pas la question du genre de l’artiste, ou plutôt sont centrés sur un personnage d’artiste forcément masculin. Pourtant, un certain nombre d’œuvres, écrites ou non par des femmes, choisissent comme personnage central une artiste, peintre, écrivaine ou musicienne. Peut-on, comme l’ont proposé plusieurs critiques, parler d’un « female Künstlerroman », d’un roman de l’artiste au féminin ?
sept 2014-janvier 2015
Genre et auctorialité
Séminaire de Master M1FR481C / M3FR481C, Mme Anne Tomiche, Jeudi, 12:00 - 14:00 Sorbonne, amphi Michelet
Dans le prolongement des travaux de Foucault (« Qu’est-ce qu’un auteur ? ») et de ceux de Barthes (« La mort de l’auteur »), nombreux sont les travaux récents qui ont interrogé la crise de la notion d’auteur dans ses rapports avec notre modernité littéraire (Emmanuel Bouju, Susan Suleiman, Gisèle Sapiro). C’est en termes genrés que nous voulons interroger cette « crise de la notion d’auteur », la « notion d’auteur» elle-même et celle d’ « auctorialité » en matière littéraire et artistique : qu’est-ce non pas qu’un auteur mais qu’une auteure? Quels rapports les processus de reconnaissance (ou de méconnaissance), de (dé)légitimation et d’affirmation (ou de négation) de l’auteure entretiennent-ils avec ceux de légitimation de l’auteur ? Comment s’articulent le genre, le statut d’auteur.e et l’affirmation d’autorité ? Quelles relations la crise de la notion d’auteur entretient-elle avec la mise en question des catégories binaires définissant le genre ? Textes et bibliographies seront communiqués lors de la première séance
AXE 2 : REPRÉSENTATIONS DE L’AUTEUR
Axe coordonné par Bernard Franco (PR littérature comparée, Paris-Sorbonne)
Enseignants-chercheurs :
- Véronique Gély (PR littérature comparée, Paris-Sorbonne)
- Stéphane Lelièvre (MCF littérature comparée, ESPE de Paris)
- Marthe Segrestin (MCF littérature comparée, Paris-Sorbonne)
- Judith Sarfati Lanter (MCF littérature comparée, Paris-Sorbonne)
- Clotilde Thouret (MCF littérature comparée, Paris-Sorbonne)
Doctorants et jeunes docteurs de Paris-Sorbonne :
- Mélanie Adda
- Simona Carretta
- Thibaut Casagrande
- Demetra Demetriou
- Paule Desmoulières
- Irène Gayraud
- Marie-Pierre Harder
- Alexandra Ivanovitch
- Thomas Le Colleter
- Anna Martens
- Alice Pfister
- Frédéric Weinmann
- Louis Watier
Une importante série de travaux collectifs a examiné la représentation de l’auteur sur la scène théâtrale (1), dans le roman (2) et dans la bande dessinée (3). Les travaux se continueront avec une journée d’études sur la figure du cinéaste dans le roman, organisée par Judith Sarfati Lanter et Marthe Segrestin.
1. Clotilde Thouret (dir.), Le dramaturge sur un plateau. Le personnage de l’auteur dramatique sur la scène (XVIe-XXIe s.), Paris, Classiques Garnier, à paraître.
Les Actes du colloque (21-22 mars 2013) et de la journée d’étude (6 décembre 2013) et sur ce sujet vont faire l’objet d’une publication.
Après Aristophane qui avait fait d'Eschyle, Agathon et Euripide des personnages à part entière, la figure du dramaturge disparaît des textes dramatiques ; il faut attendre la fin du XVIe et le XVIIe siècle pour le retrouver sur les scènes européennes, dans les prologues des comédiens dell'arte, les pièces satiriques élisabéthaines, certaines comédies des comédiens en France, etc. Sa réapparition sur les planches accompagne logiquement le renouveau du théâtre en Europe et son institutionnalisation, ainsi que l'émergence progressive du statut d'auteur et en particulier de poète dramatique. Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, querelles et polémiques sont propices à la création de textes dramatiques qui inscrivent dans la liste des personnages un auteur de théâtre, inventé ou réel, ridicule ou profond, dans une perspective critique ou apologétique. Plus largement, à travers le motif du théâtre dans le théâtre ou les différentes formes de métathéâtre, la réflexion théorique sous la forme dramatique conduisent parfois le dramaturge à placer un alter ego sur la scène.
Cependant les réflexions récentes sur l’autorité ou l’auctorialité ont finalement peu rencontré ce personnage, alors même que le métathéâtre et les polémiques littéraires connaissaient un regain d’intérêt, et qu’il était présent sur la scène du théâtre (post-dramatique. Ce volume comble donc un manque en constituant une étude d’ensemble sur le personnage de l’auteur dramatique au théâtre. Il présente trois ensembles de réflexions.
1. De multiples facettes
Le théâtre des XVIIe et XVIIIe s. fait surgir un personnage plus ambivalent que le poète ridicule et pédant ; la figure est plus dispersée et fragmentée qu’on ne l’avait pensé jusque-là. Par exemple, la mélancolie d’Elomire dans Elomire hypocrondre (Le Boulanger de Chalussay, 1669) permet un positionnement auctorial légitime ; le Damis de Piron dans La Métromanie est également plus ambigu. Le personnage se prête à une superposition des registres et des masques, et ses traits caractéristiques tendent à varier avec le genre : souvent fou et pédant au théâtre, il est plutôt dépassé et préoccupé par sa relation avec la cantatrice à l’opéra. Enfin, il est le support d’une construction quasi-mythique de la figure auctoriale pour des auteurs comme Molière ou Goldoni.
2. Une fonction poético-esthétique
Le personnage de l’auteur dramatique donne lieu à une incarnation de principes esthétiques et une théâtralisation de la critique (Aristophane, Molière, Le Boulanger de Chalussay) ; il est à ce titre un point d’appui dans le passage d’un régime poétique à un régime esthétique (La Critique de l’École des femmes et L’Impromptu de Versailles). En amont de la première modernité, le presenter anglais, récupère l’imaginaire de la magie pour aller vers un paradigme pleinement mimétique ; en aval, sa présence sur le plateau est essentielle à la déconstruction des cadres fictionnels du drame, et à la refondation d’un pacte avec le spectateur (Tim Crouch, Falk Richter).
3. Un personnage de polémiques
Plus généralement, il constitue un point d’articulation avec les polémiques. C’est le cas en Italie, autour de Goldoni et de l’opéra, mais le lien y est assez ténu avec les controverses sur la moralité et l’utilité du théâtre alors qu’il est bien plus net dans le théâtre français (Bruscambille, Molière, Palissot). D’un siècle à l’autre, une question revient de manière insistante, celle de la rétribution financière. Les XXe et XXIe présentent de ce point de vue de nouveaux enjeux : d’une part, le personnage dramatise le rapport avec le metteur en scène ; d’autre part, il devient un agent des rapports plus ou moins conflictuels du théâtre avec la politique, parfois sur le mode la provocation
2. Bernard Franco (dir.) La représentation du peintre et de l’art pictural dans le roman du XVIIIe au XXIe siècle : cycle de conférences et journée d’étude
Les Actes de ces deux années de conférences seront publiés dans un numéro spécial de la Revue de Littérature Comparée à l’automne 2015.
Une des relations privilégiées que le genre romanesque a entretenues avec la peinture a consisté à faire de celle-ci une matière romanesque, de faire du peintre un personnage de roman. Cela a consisté souvent à élaborer le genre – sous la forme d’un déplacement vers la peinture – en commentaire de la littérature. Et la figure du peintre, la référence à la peinture, ont souvent été utilisées dans le roman comme un détour pour commenter le travail de l’écrivain.
Telle est une des raisons de la célèbre représentation de Goethe en peintre par Tischbein, les romantiques allemands voyant en lui le plus parfait représentant de cette « poésie de la poésie » qu’ils appelaient de leurs voeux. Telle est aussi la raison pour laquelle les romantiques allemands avaient fait du roman, pour reprendre l’expression de Marc Fumaroli, le « genre des genres » : parce qu’il conjoignait création et critique (il était, selon l’expression de Friedrich Schlegel, « poésie de la poésie ») et, au-delà, parce qu’il manifestait l’unité des facultés de l’homme en rassemblant imagination et raison. Cette unité rejoint la quête romantique d’une union entre les arts et entre littérature et arts, idéal qui a été repris par la célèbre notion wagnérienne de Gesamtkunstwerk. Ces aspects – rencontre de la critique et de la création, recherche d’une unité des arts – forment sans doute deux des principaux fondements de la modernité du genre.
Mais il est important de s’interroger sur les raisons d’une représentation privilégiée de l’écrivain en peintre, sur la conception de la littérature qu’une telle représentation induit par rapport à une littérature qui se représenterait, par exemple, à travers la figure d’un musicien. La représentation de l’écrivain en peintre peut-elle se comprendre comme une expression du ut pictura poesis, va-t-elle dans le sens de l’image rimbaldienne du poète comme « voyant » ? Telles sont quelques-unes des questions qui pourront émerger à l’occasion de ce cycle de conférences.
Abordant différents aspects des relations du genre romanesque avec la peinture, celles-ci concerneront l’ensemble des littératures à partir de l’émergence du genre du roman de l’artiste, et jusqu’à nos jours.
Le cycle de conférences a couru sur une durée de deux années universitaires (2013-2015) :
- 17 décembre 2013 : Pascal Aquien, professeur de Littérature anglaise, Vice-Président du Conseil scientifique de l’université Paris-Sorbonne : « L’atelier du peintre dans The Picture of Dorian Gray d’Oscar Wilde : les mots et les choses »
- 18 février 2014 : Bernard Vouilloux, professeur de Littérature française à l’université Paris-Sorbonne : « Le roman de l’artiste au XIXe siècle »
- 30 avril 2014 : Judith Sarfati Lanter, maître de conférences en Littérature comparée à l’université Paris-Sorbonne : « Le personnage de peintre chez Peter Handke et Claude Simon : usage heuristique du détail »
- 6 mai 2014 : Françoise Sammarcelli, professeure de Littérature américaine à l’université Paris-Sorbonne : « The Book of Portraiture de Steve Tomasula : le roman américain au risque de l’image »
- 24 juin 2014 : Ingrid Streble, professeure agrégée, doctorante à l’université de la Sarre : « Le roman de l’artiste après 1945 : l’apport du peintre »
La journée d’étude se tiendra à l’hôtel de Lauzun (IEA), le 6 mai 2015 :
- Alain Muzelle, professeur de Littérature allemande à l’université de Metz : « Novalis et le roman de l’artiste »
- Véronique Gély, professeure de Littérature comparée à l’université Paris-Sorbonne : « Le roman de la femme-peintre »
- Eduardo Ramos-Izquierdo, professeur de Littérature sud-américaine à l’université Paris-Sorbonne : sujet à définir.
- Pierre Brunel, professeur émérite de Littérature comparée à l’université Paris-Sorbonne : « La représentation du peintre et de la peinture dans l’œuvre romanesque de Philippe Le Guillou » (en dialogue avec l’auteur) ;
- Romuald Fonkoua, professeur de Littératures francophones à l’université Paris-Sorbonne : « La représentation du peintre et de la peinture dans l’œuvre romanesque de Dany Laferrière » (en dialogue avec l’auteur).
3. Clotilde Thouret, avec la collaboration de J. Dürrenmatt et V. Gély (dir.), Figures de l’auteur littéraire dans la bande dessinée
Une journée d’études, le 20 novembre 2014, a été organisée dans une collaboration entre le Labex OBVIL, le CRLC et l’équipe STIH.
Résumé
La figure de l’écrivain dans la bande dessinée est bien plus présente qu’on pourrait le croire au premier abord : on la trouve dès les débuts (Les Misérables de Cham), et chez des auteurs aux styles très différents (Floch et Rivière, Goossens, Straboni, Meurisse, Ayroles, Dupuy et Berbérian, etc.). Figure stratégique de la BD franco-belge, elle est loin d’être absente des autres corpus (Adrian Tomine, Blonde Platine ; Crumb, Kafka ; Taniguchi, Au temps de Botchan).
Les usages de cette figure sont multiples : modèle ou contre-modèle ; opérateur de mise à distance (de la BD par rapport à la littérature) ou instance de légitimation ; surface de projection des angoisses, des difficultés et des bonheurs de la création, et masque de l’auteur (Louis pour Goossens par exemple) ; incarnation de principes « poético-graphiques » et moyen de la mise en cases d’une esthétique ; enfin, potentialité narrative et imaginaire éventuellement par la mise à contribution des œuvres et de l’univers d’un auteur particulier (Rimbaud évidemment, mais aussi Perec devenu Gorgs dans Une Affaire de caractères de François Ayroles).
Les interventions ont tout particulièrement exploré la manière dont la figure de l’auteur littéraire se faisait le vecteur d’une opposition ou d’une tension entre littérature et bande dessinée. Ainsi, les présentations de Jacques Dürrenmatt sur Töpffer et Cham, de François Poudevigne sur le Pinocchio de Winschluss, d’Henri Garric sur Georges et Louis romanciers de Goossens, montraient bien comment, dans ces œuvres comiques, l’autorité de l’écrivain est malmenée : impuissant, ridicule, mégalomane… Il s’agit certes d’œuvres comiques, soumises aux règles de la satire et de la caricature, mais les intervenants ont mis en évidence comment la figure de l’écrivain littéraire sert de repoussoir à l’auteur graphique. Elle a du moins une vocation polémique, et permet souvent de désacraliser ce qui demeure l’art de référence : « une façon qu’à la BD de revendiquer la tutelle de la littérature tout en s’en débarrassant » (J. Dürrenmatt). Avec Le Capitaine écarlate (David B. et E. Guibert), Benjamin Caraco présentait un autre avatar de l’auteur : le conteur.
Les deux auteurs invités, Catherine Meurisse et François Ayroles, ont plutôt montré un rapport apaisé et harmonieux entre BD et littérature. La première (Mes hommes de lettres, petit précis de littérature française, 2008 ; Le Pont des Arts, 2012, série de rencontres de peintres et d’écrivains ; Moderne Olympia, 2014) opère un travail d’humour sur le patrimoine culturel, devenu une source de fictions à tendance satirique. Le second (Les Penseurs, Les Parleurs, Les Lecteurs, Les Amis) revient régulièrement à la figure de l’auteur : Incertain silence ; Les Plumes avec Anne Baraou ; Une affaire de caractères, etc. Membre de l’Oubapo, son travail entretien avec la littérature une relation de continuité inspirée.
Enseignements de Master :
Février-mai 2015
Le genre romanesque, entre fiction et critique : La représentation de l’artiste dans le roman
Séminaire de Master M2FR486A / M4FR486A, Bernard Franco, Lundi, 11:00 - 13:00. Maison de la recherche
S’appuyant sur les théories du premier romantisme allemand et l’idéal d’une « poésie de la poésie », où critique et création se conjoignent, ce séminaire abordera la figure de l’artiste dans le roman comme un moyen privilégié d’intégrer un discours critique dans la fiction. Le point de départ sera le développement du roman de l’artiste à partir du dialogue que Novalis engage avec Goethe, et le séminaire abordera un certain nombre de textes, dans une perspective diachronique et pleinement internationale, où la représentation de l’artiste fait glisser le roman de la critique d’art au métadiscours sur le roman ou à la réflexion philosophique sur la création.
AXE 3 : PARTAGES DE L’AUTORITÉ
Le troisième axe, coordonné par Véronique Gély, est le plus récemment mis en place ; il se consacre à l’examen, d’une part, des liens entre les questions liées à l’auctorialité et à la canonicité, et de l’autre, aux genres et formes littéraires dans lesquelles l’autorité d’un auteur unique, au sens que la théorie moderne a donné au mot, est contestée, distribuée ou effacée.
L’équipe est constituée de chercheurs intervenants dans les axes 1 et 2, auxquels s’ajoutent des partenaires extérieurs à Paris-Sorbonne.
Le point de départ des travaux sur la canonicité a été un séminaire de doctorants, désormais publié en ligne sous la coordination de Marie-Pierre Harder : « (Dé)construire le canon », coord. Marie-Pierre Harder publié dans la revue en ligne Comparatismes en Sorbonne, 2013, n°3.
Une journée d’étude a eu le 5 juin 2014. Après un débat autour d’une conférence de Glenn Most (SNS Pise, Chicago University), un groupe de réflexion sur l’écriture mythographique et son rapport à l’autorité et à l’auctorialité à l’époque moderne (1800-1950) s’est mis en place.
Professeurs :
Glenn Most (ENS de Pise / U. of Chicago) ; Ute Heidmann (U. de Lausanne) ; Thomas Schmitz (U. de Bonn), Jose Manuel Losada Goya) (U. Complutense de Madrid), William Marx (U. Paris Ouest-Nanterre), Jean-Louis Haquette (U. de Reims)
Jeunes chercheurs :
Cyril Gendry (Doctorant Paris-Sorbonne), Marie-Piere Harder (Doctorante Paris-Sorbonne), Alexandra Ivanovitch (Post-doc OBVIL), Cécile Chapon (Doctorante Paris-Sorbonne), Elodie Coutier (Doctorante Paris-Sorbonne), François Vassogne (Doctorant Paris-Sorbonne), Kelly Morckel (étudiante en Master Paris-Sorbonne), Sofia Marcou (Doctorante, U. de Bonn), Alice Pfister (Doctorante Paris-Sorbonne), Marco Doudin, Paule Desmoulière (Doctorante Paris-Sorbonne)
Un corpus de manuels, dictionnaires, traités de mythographie des XIXe et XXe siècles, qui permettent d’interroger à la fois l’autorité et la canonicité sera numérisé et analysé dans cette double perspective à partir du second semestre 2015.
Durant le printemps 2015, trois conférences sont programmées :
- 24 mai 2015, 17h, amphi Guizot : Cécile Boulaire (MCF HDR, Université de Tours), « Partages de l’autorité dans l’édition de l’album pour enfants »
- 7 avril 2015, 17h, amphi Guizot : Ute Heidmann (PR, Université de Lausanne), « Autorité littéraire et scénographie des contes: Perrault, Lhéritier et les frères Grimm »
- 5 mai 2015, amphi Guizot, 17h : Matthieu Letourneux (MCF HDR, Université Paris Ouest), « Sérialité et autorité »
Enseignements de Master
Septembre 2013-janvier 2014 et septembre 2014-janvier 2015
La mythographie, d’hier à aujourd’hui
Séminaire de Master M1FR480C / M3FR480C, Véronique Gély, lundi, 13h-15h, Maison de la recherche, salle 40
On examinera, en isolant quelques exemples, les collections de récits, les manuels, les dictionnaires et les recueils qui ont constitué depuis l’antiquité jusqu’à aujourd’hui la fabrique de la mythologie. On s’interrogera notamment sur les destinataires de ces textes (les poètes, les enfants, — garçons et/ou filles…), sur leur rapport à l’auctorialité et à l’autorité, sur les modes de narration qu’ils élisent, et sur les usages qui en sont faits.
Février-mai 2015
Mythes, contes, littérature : les partages de l’autorité
Cours général de Master M2LP02MY, Véronique Gély, mardi, 17h-19h, amphi Guizot (tous les 15 jours)
On s’intéresse, dans une perspective historique et théorique, aux définitions du mythe, du conte, de la littérature “populaire” afin d’aborder les questions de l’autorité littéraire, de la réécriture et de l’intertextualité à partir de formes et genres où l’identité et la présence des auteurs sont souvent occultées, effacées ou rapportées à une instance collective ou anonyme.
Thèses de doctorat en cours
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ADDA Mélanie, « La Bible et le roman moderne (1930-1970). Enjeux de l’intertextualité biblique dans l’œuvre romanesque d’Albert Cohen, William Faulkner, Graham Greene et Augusto Roa Bastos »
Dirigée par Danièle Chauvin -
BALA, Ilona, « Frédéric Chopin et l’esthétique romantique : musique, littérature et philosophie »
Dirigée par Bernard Franco -
CASAGRANDE, Thibaut, « Figures romanesques de l’actrice en France et aux Etats-Unis, 1945-2013 »
Dirigée par Anne Tomiche -
CHAPON, Cécile, « Réécritures des classiques et oralités dans l'espace caribéen (Jacques-Stéphen Alexis, Alejo Carpentier, Edouard Glissant, Derek Walcott) »
Dirigée par Véronique Gély -
CLEREN, Marie, « De la figuration à l’abstraction, études des relations et échanges entre théâtre et peinture entre 1909 et 1933 »
Dirigée par Bernard Franco - DEMACON Sophie, « Cherchez la femme: Histoire(s) de genre(s) dans la littérature policière d'Agatha Christie à Ruth Rendell »,
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DESMOULIERE, Paule, « La consolation dans la poésie funèbre en France, en Angleterre et en Italie de la seconde moitié du seizième à la fin du dix-septième siècle »
Dirigée par Véronique Gély -
GENDRY Cyril, « Achille et Patrocle, un modèle mythique de couple masculin ? »
Dirigée par Véronique Gély -
GRENECHE Fabien, « Les écrivains britanniques, entre théorie et pratique du cinéma : H.G. Wells, Dorothy Richardson, Aldous Huxley et Graham Greene »
Dirigée par Frédéric Regard -
GUIHENEUF Lucie, « Histoire et géographie dans la construction du soi: Redécouverte de l'oeuvre de Bryher à travers ses écrits autobiographiques et fictionnels »
Dirigée par Frédéric Regard -
HARDER, Marie-Pierre, « L'apologue de Prodicos (Hercule à la croisée des chemins) dans la littérature européenne »
Dirigée par Véronique Gély -
MELI Georgios, « Fictions du moi auctorial et folie dans The Bell jar de Sylvia Plath, Les Mots pour le dire de Marie Cardinal et Nai de Margarita Karapanou »
Dirigée par Véronique Gély -
PFISTER, Alice, « De l’impression d’enfance à l’expression adulte. L’enfance poétique comme modèle implicite d’une esthétique narrative moderne chez Loti, Proust, Colette, Woolf et Mansfield »
Dirigée par Véronique Gély -
REBOUL, Marianne, « Approche numérique des traductions de l'Odyssée en langue anglaise et française aux XIXe et XXe siècles: génétique, auctorialité et reconnaissance littéraire »
Dirigée par Jean-Yves Masson -
LIEBART, Landry, « L’écrivain et le journaliste : contribution à l’étude des relations entre littérature et presse en Europe et aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle »
Dirigée par Jean-Yves Masson -
WATIER, Louis, « Les traductions fictives »
Dirigée par Jean-Yves MASSON
Mémoires de Master
2013-2014
- Leonardo Alexander do Carmo Silva (M1 littérature comparée): « Écriture féminine et écriture du féminin dans Le ravissement de Lol V. Stein(1964) de Marguerite Duras et L'Heure de l'étoile (1977) de Clarice Lispector »
- Federica Doria (M1 litt.comp): "Genre et écriture: Sylvia Plath et Marguerite Duras"
- Juliette Prost (M1 LMA) : « La figure de Natalie Clifford Barney comme muse des écrivaines féministes françaises et expatriées dans le Paris du début du XXe siècle (L'Ange et les Pervers de Lucie Delarue-Mardrus, A Woman Appeared to Me de Renée Vivien et le Ladies Almanack de Djuna Barnes) »
- Hannah Bouchelaghem (M2 litt comparée) : « Femmes et autorité masculine: Nana de Zola et The Tenant of Wildfell Hall d’ Anne Brontë »
- Sophie KARIKAS, "Le personnage de l'artisan dans les théâtres anglais et italien (16e-18e)" (M1)
2014-2015
- Pauline ANDRIANTAVY, "Fictions de Rimbaud (roman, cinéma, BD)" (M1)
- Gezhi CHENG, "CAO Yu et le théâtre occidental" (M2)
- Nolwenn GUILLEMOT, "La bande dessinée scientifique" (M2)
- Jinli WU, "l'adaptation du théâtre de l'absurde en Chine" (M2)
- William Hamlett, « Antigone en temps de guerre : Antigone de Jean Anouilh (1944) et Antigonick de Anne Carson (2013, illustré par B. Stone) » (M1)
- Lavinia MAGNANI, « Réception et traductions française et italienne des recueils de contes mythologiques de Nathaniel Hawthorne » (M2)
- Claire Laurens : « Les recueils de mythologie destinés à la jeunesse au XIXe siècle » (M2)
- Marianne Le Gagneur (M1 littérature comparée): "Genre et écriture dans A Room of one's Own de Viriginia Woolf et Journal de la création de Nancy Huston"
- Laura Lopez (Master Columbia): "Auctorialité féminine: Soledad Acosta et Georges Sand"
- Alexandre Lefebvre (M2 littérature comparée): "L’actrice fictionnelle dans Colombe de Jean Anouilh et A Star is Born de Georges Cukor: performance du genre et affirmation de l'autorité"