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La haine du théâtre
La haine du théâtre
Le projet « La Haine du théâtre » a pour ambition d’explorer l’histoire des controverses sur le théâtre en Europe, à travers une série de manifestations scientifiques et grâce à l’édition numérique des textes polémiques.
L’hostilité au théâtre et au spectacle, qui s’était déjà exprimée dans l’Antiquité et chez certains Pères de l’Église, s’est réveillée dans les années 1570 en Angleterre, puis dans les autres pays européens. Elle s’est manifestée à travers une série de crises, donnant lieu à la publication de traités, pamphlets, sermons, mandements épiscopaux, mémoires aux autorités, etc. Elle a suscité un discours de défense qui a pris des formes tout aussi variées. Phénomènes récurrents de la vie culturelle européenne, ces débats se sont poursuivis jusqu’au début du XIXe siècle.
La réflexion s’oriente dans deux directions :
- Un travail sur les polémiques « anciennes », du dernier tiers du XVIe siècle jusqu’au début du XIXe. Comme elles ont été très inégalement étudiées, il s’agit de scruter les zones d’ombre, pour esquisser un bilan global en s’interrogeant, non seulement sur les argumentations développées et sur les transferts d’une aire culturelle à l’autre, mais aussi sur les décalages chronologiques et sur les circonstances qui ont donné lieu à des polémiques (où, quand et comment se déclenchent-elles ?).
- Un travail diachronique qui mette en rapport les débats anciens et leurs résurgences contemporaines, afin de réfléchir sur la propension du théâtre, qui est récurrente à travers les siècles, à faire scandale et à se constituer en caisse de résonance et en lieu de débat.
La numérisation des textes des controverses (corpus français, anglais, italien et espagnol), qui représentent plusieurs dizaines de milliers de pages, sera une contribution importante à la Bibliothèque critique numérique, et permettra une exploration systématique de ce corpus polémique, notamment grâce à l’indexation d’éléments comme les autorités citées, les anecdotes récurrentes, les arguments topiques, etc.
François Lecercle et Clotilde Thouret
Le projet rassemble une équipe de plus de 70 chercheurs, en France et à l’étranger, réunit plusieurs centres de recherche de Paris-Sorbonne (CRLC, CELLF, CLEA, ELCI, REIGENN, VALE) et prévoit des collaborations avec des universités étrangères (Université de Chicago, Bucknell University, Universität Koblenz-Landau).
Membres de l’équipe
Membres intérieurs (pôle recherche) : CRLC : Anne Ducrey, Bernard Franco, François Lecercle, Judith Sarfati-Lanter, Marthe Segrestin, Clotilde Thouret ; membres associés : Laurence Marie, Guillaume Navaud, Marie Saint-Martin
CELLF : Lise Andries, Georges Forestier, Pierre Frantz, Denis Guénoun, Sophie Marchand, Florence Naugrette.
CLEA : Mercedes Blanco, Florence D’Artois
ELCI : Andrea Fabiano, Lucie Comparini
REIGENN : Marie-Thérèse Mourey, Gérard Laudin
VALE : Elisabeth Angel-Perez, Alexis Tadié
Membres intérieurs (pôle informatique, technique et bibliographique) : Frédéric Glorieux, Vincent Jolivet, Éric Thiébaud
Membres extérieurs (pôle recherche) : France : Christian Biet (Université Paris Ouest Nanterre), Yan Brailowsky (Université Paris Ouest Nanterre), Jean-Pierre Cavaillé (EHESS), Line Cottegnies (Sorbonne nouvelle), Christophe Couderc (Université Paris Ouest Nanterre), Françoise Decroisette (Université Paris 8), Pascale Drouet (Université de Poitiers), Anne Duprat (Université Jules Verne Picardie), Julia Gros de Gasquet (Sorbonne nouvelle), Carine Herzig (Université Montaigne Bordeaux 3), Jeanne-Marie Hostiou (Paris-Sorbonne/Oxford), Sylvie Humbert-Mougin (Université François Rabelais Tours), Elsa Jaubert (Université de Caen), Jeffrey Hopes (Université François Rabelais Tours), Pierre Kapitaniak (Université Paris 8), Marion Lafouge (Université de Bourgogne), Sylviane Leoni (Université de Bourgogne), Véronique Lochert (Université de Haute Alsace), Bénédicte Louvat (Université Montpellier III), Corinne Lucas-Fiorato (Sorbonne nouvelle), Hélène Merlin-Kajman (Sorbonne nouvelle), Sarah Nancy (Sorbonne nouvelle), Pierre Pasquier (Université François Rabelais Tours), Maryvonne Saison (Université Paris Ouest Nanterre), Zoé Schweitzer (Université de Saint-Etienne), Marielle Silhouette (Université Paris Ouest Nanterre), Anne Teulade (Université de Nantes-IUF), Laurent Thirouin (Université Lyon 2), Nathalie Vienne-Guerrin (Université Montpellier III, angliciste), Marc Vitse (Université de Toulouse-Le Mirail), Marc Vuillermoz (Université de Savoie), Enrica Zanin (Université de Strasbourg)
Etranger : Frédérique Aït-Touati (Oxford), Déborah Blocker (Berkeley), Claude Bourqui (Fribourg), Logan Connors (Bucknell), Kirsten Dickhaut (Koblenz-Landau), Mara Fazio (Roma I), Bruna Filippi (LUMSA-Rome), Sylvaine Guyot (Harvard), Thomas Hunkeler (Fribourg), Maurizio Melai (Bologne), Lise Michel (Lausanne), Ourida Mostefai (Boston College), Larry Norman (Chicago), Hirotaka Ogura (Université Sophia, Tokyo), Tanya Pollard (Brooklyn College), Julia Prest (Saint Andrews), Hugh Roberts (Exeter).
Post-Doctorants : Laura de Coulon (Fribourg), Chiara Mainardi (Paris-Sorbonne, OBVIL), Radovan Mirkovic (Genève), Silvia Spanu Fremder (Paris-Sorbonne)
à consulter également
- calendrier_des_activites_2018-2019.pdf(pdf 56.77 Ko)
- hdt_calendrier_des_activites_2017.pdf(pdf 62.05 Ko)
- hdt_calendrier_des_activites_2016.pdf(pdf 64.78 Ko)
- Calendrier 2015(pdf 104.37 Ko)
- Programme détaillé du séminaire 2015(pdf 297.3 Ko)
- Calendrier 2014(pdf 93.05 Ko)
- Programme scientifique(pdf 146.49 Ko)
La haine du théâtre
Elisabeth Angel-Perez
Directrice de Voix Anglophones : Littérature et Esthétique (EA4085)
Université de Paris-Sorbonne
Co-coordinatrice du Programme Interdisciplinaire pour le Théâtre et les Pratiques Scéniques (Priteps, UMS Maison de la Recherche)
Yan Brailowsky
Maître de conférences en histoire et littérature anglaise de la première modernité
Université de Paris Ouest Nanterre La Défense
CREA (EA 370 – Centre de recherches anglophones)
Logan James Connors
Associate Professor of French & Francophone Studies
Bucknell University (Pennsylvanie, USA)
Line Cottegnies
Professeur de Littérature britannique
Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
EA 4398 : Langues, Textes, Arts et Cultures du Monde anglophone (PRISMES)
Françoise Decroisette
Professeur émérite
Université de Paris 8 Vincennes à Saint-Denis
Laboratoire d’Etudes Romanes (LER, EA 4385)
Kirsten Dickhaut
Professeur en Littératures romanes / Lettres françaises et italiennes
Université de Graz
Institut de Romanistik (www.romanistik.uni-graz.at)
Anne Duprat
Professeur de Littérature comparée
Université de Picardie-Jules Verne
CERCLL-CERR (EA 4283)
Sylvaine Guyot
Associate Professor en littérature française
Harvard University
Department of Romance Languages and Literatures (RLL)
http://rll-faculty.fas.harvard.edu/sylvaineguyot
Emmanuelle Hénin
Professeur de littérature française du XVIIe siècle
Université de Reims-Champagne Ardenne
CRIMEL
Carine Herzig
Maître de conférences en Littérature espagnole du Siècle d'Or
Université Bordeaux-Montaigne
AMERIBER (EA 3656)
Jeffrey Hopes
Professeur en études anglophones à l’Université d’Orléans
LARCA (UMR 8225 - Laboratoire de recherches sur les cultures anglophones, Université Paris Diderot).
Jeanne-Marie Hostiou
Maître de conférences en Études théâtrales
Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
IRET (EA 3959 – Institut de Recherche en Études Théâtrales)
Sylvie Humbert-Mougin
Maître de conférences en littérature comparée
Université François-Rabelais, Tours
EA ICD (Interactions culturelles et discursives), Tours
Marion Lafouge
Maître de conférences en Littérature comparée
Université de Bourgogne
Laboratoire CPTC
Denis Lagae-Devoldere
Maître de conférences littérature anglaise XVIIe siècle
Université Paris-Sorbonne
HDEA EA 4086
Gérard Laudin
Université de Paris-Sorbonne
UFR d’Etudes germaniques et nordiques
EA 3556 (REIGENN)
François Lecercle
Professeur de littérature comparée
Université de Paris-Sorbonne
Centre de Recherche en Littérature Comparée (CRLC) : EA 4510
http://www.crlc.paris-sorbonne.fr
Sylviane Leoni
Professeur de Littérature française XVIIIe siècle
Université de Bourgogne
Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (EA 4178)
cptc.u-bourgogne.fr
Véronique Lochert
Maître de conférences en Littérature comparée
Université de Haute-Alsace (Mulhouse)
ILLE (EA 4363 – Institut de recherche en Langues et Littératures Européennes)
Chiara Mainardi
Fondation Maison des Sciences de l’Homme
Paris IV Sorbonne
CRLC - Labex OBVIL
Florence March
Professeur de littérature britannique XVIe-XVIIe siècles
Université Paul Valéry – Montpellier 3
Institut de Recherche sur la Renaissance, l'Age Classique et les Lumières (IRCL),
UMR 5186 CNRS – Université Montpellier 3
Laurence Marie
Attachée culturelle
Responsable du bureau du livre (Ambassade de France, Etats-Unis)
Centre de Recherche en Littérature Comparée (CRLC) : EA 4510
Marie-Thérèse Mourey
Professeur d’Histoire littéraire et culturelle du monde germanique
Université Paris-Sorbonne
Directrice de l'EA 3556 REIGENN (Représentations Et Identités. Espaces GErmanique, Nordique et Néerlandophone), ED IV.
Sarah Nancy
Maître de conférences en Littérature française
Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3
Lettres 18 (EA 174 – Formes et idées de la Renaissance aux Lumières)
Hirotaka Ogura
Professeur de littérature française
Université Sophia (Tokyo)
Département de littérature française (Faculty of Humanities)
Pierre Pasquier
Professeur de littérature française du XVIIe siècle
Université François Rabelais de Tours (Département de Français)
Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance (CESR) : UMR 7323
Tanya Pollard
Professor, English
Brooklyn College and the Graduate Center
City University of New York
François Poudevigne
Doctorant en Langue Française
Université Paris-Sorbonne
« Sens, Texte, Informatique, Histoire » (STIH) : EA 4509
Ludivine Rey
Doctorante en Littérature Française et comparée. Représentante des doctorants de l’école doctorale 3 depuis 2014, et du CELLF 16-21 (UMR8599, Paris-Sorbonne / CNRS) depuis 2010.
Université Paris-Sorbonne.
Marie Saint Martin
Docteur en Littérature comparée
Professeur agrégée de Lettres Classiques
Sorbonne Université
CRLC (EA 4510 – Centre de recherche en littérature comparée)
Université de Rouen
Cérédi
Zoé Schweitzer
Maître de conférences en Littérature comparée
Université de Saint-Étienne
Celec (EA 3069)
Marielle Silhouette
Professeur en études théâtrales
Université Paris Ouest Nanterre
EA 4414 HAR (Histoire des Arts et des Représentations)
Anne Teulade
Maître de conférences en Littérature comparée
Université de Nantes et Institut Universitaire de France
L’AMo (EA 4276 – L’Antique, le Moderne)
Clotilde Thouret
Maître de conférences en Littérature comparée
Université Paris-Sorbonne
Centre de Recherche en Littérature Comparée (CRLC) : EA 4510
Marc Vitse
Professeur émérite (Littérature espagnole)
Université de Toulouse- Jean Jaurès (Toulouse-Le Mirail)
FRAMESPA (UMR 5136 du CNRS : France Méridionale et Espagne).
Marc Vuillermoz
Maître de conférences en Littérature française
Université de Savoie
Laboratoire LLSETI
Enrica Zanin
Maître de conférences en Littérature comparée
Université de Strasbourg
Configurations littéraires (EA 1337)
La haine du théâtre
Rapport ANR 2015
I. CONSTITUTION DE L’EQUIPE.
Le projet rassemble une équipe de plus de 70 chercheurs, en France et à l’étranger, réunit plusieurs centres de recherche de Paris-Sorbonne (CRLC, CELLF, CLEA, ELCI, REIGENN, VALE) et prévoit des collaborations avec des universités étrangères (Université de Chicago, Université de Bologne, Université de Berkeley).
Membres intérieurs :
CRLC : Anne Ducrey, Bernard Franco, François Lecercle, Judith Sarfati-Lanter, Marthe Segrestin, Clotilde Thouret ; membres associés : Guillaume Navaud, Marie Saint-Martin.
CELLF : Lise Andries, Georges Forestier, Pierre Frantz, Denis Guénoun, Sophie Marchand, Florence Naugrette.
CLEA : Mercedes Blanco, Florence D’Artois.
ELCI : Andrea Fabiano, Lucie Comparini, Stéphane Miglierina.
REIGENN : Marie-Thérèse Mourey, Gérard Laudin.
VALE : Elisabeth Angel-Perez, Denis Lagae-Devoldère, Alexis Tadié.
Membres extérieurs :
France :
Christian Biet (Université Paris Ouest Nanterre), Yan Brailowsky (Université Paris Ouest Nanterre), Jean-Pierre Cavaillé (EHESS), Line Cottegnies (Sorbonne nouvelle), Christophe Couderc (Université Paris Ouest Nanterre), Françoise Decroisette (Université Paris 8), Véronique Dominguez (Université de Nantes), Pascale Drouet (Université de Poitiers), Anne Duprat (Université Jules Verne Picardie), Julia Gros de Gasquet (Sorbonne nouvelle), Carine Herzig (Université Montaigne Bordeaux 3), Jeanne-Marie Hostiou (Paris-Sorbonne/Oxford), Sylvie Humbert-Mougin (Université François Rabelais Tours), Elsa Jaubert (Université de Caen), Jeffrey Hopes (Université François Rabelais Tours), Pierre Kapitaniak (Université Paris 8), Marion Lafouge (Université de Bourgogne), Sylviane Leoni (Université de Bourgogne), Véronique Lochert (Université de Haute Alsace), Bénédicte Louvat (Université Montpellier III), Corinne Lucas-Fiorato (Sorbonne nouvelle), Hélène Merlin-Kajman (Sorbonne nouvelle), Sarah Nancy (Sorbonne nouvelle), Pierre Pasquier (Université François Rabelais Tours), Maryvonne Saison (Université Paris Ouest Nanterre), Zoé Schweitzer (Université de Saint-Etienne), Marielle Silhouette (Université Paris Ouest Nanterre), Anne Teulade (Université de Nantes-IUF), Laurent Thirouin (Université Lyon 2), Nathalie Vienne-Guerrin (Université Montpellier III, angliciste), Marc Vitse (Université de Toulouse-Le Mirail), Marc Vuillermoz (Université de Savoie), Enrica Zanin (Université de Strasbourg).
Etranger :
Frédérique Aït-Touati (Oxford, GB), Déborah Blocker (Berkeley, USA), Claude Bourqui (Fribourg, CH), Logan Connors (Bucknell, USA), Kirsten Dickhaut (Graz, AU), Mara Fazio (Roma I, IT), Bruna Filippi (LUMSA-Rome, IT), Sylvaine Guyot (Harvard, USA), Thomas Hunkeler (Fribourg, CH), Laurence Marie (New-York, USA), Maurizio Melai (Bologne, IT), Lise Michel (Lausanne, CH), Ourida Mostefai (Boston College, USA), Larry Norman (Chicago, USA), Hirotaka Ogura (Université Sophia, Tokyo, JP), Tanya Pollard (Brooklyn College, USA), Julia Prest (Saint Andrews, GB), Hugh Roberts (Exeter, GB).
Post-Doctorants, Doctorants :
Laura de Coulon (Fribourg), Celia Charpentier (Paris-Sorbonne), Brice Denoyer (Paris-Sorbonne), Marie-Hélène Goursolas (Paris-Sorbonne), James Harriman-Smith (Cambridge), Nina Hugot (Paris-Sorbonne), Chiara Mainardi (Paris-Sorbonne, OBVIL), Radovan Mirkovic (Genève), François Poudevigne (Paris-Sorbonne), Rim Reijichi, Silvia Spanu Fremder (Paris-Sorbonne), François Vassogne (Paris-Sorbonne), Elisabeth Viain (Paris-Sorbonne).
L’équipe s’est constituée majoritairement au cours de la première année du projet. Le grand nombre de participants s’explique par la nécessité de couvrir l’ensemble des domaines européens et une longue période, du XVIe au XXIe siècle. C’est en outre un atout pour la constitution du corpus numérique.
Les partenariats sont d’ores et déjà vivants et prometteurs (voir infra le calendrier des activités)
Avec l’Université de Chicago (Larry Norman) :
- workshop en avril 2015, « Theatrophobia and theatromania » ; cette rencontre à pour but de préparer un colloque conjoint en 2016.
- Larry Norman sera professeur invité en décembre 2015 à Paris-Sorbonne
- Automne 2016 : colloque Paris-Sorbonne/Univ. of Chicago in Paris.
Avec l’Université de Bologne et le théâtre de Modène (Bruna Filippi) :
- octobre 2015, à l’occasion du festival théâtral Vite (Modène) : rencontre avec des artistes sur le scandale, invités : Romeo Castellucci, Rodrigo Garcia
- octobre 2015, journée d’études à l’Université de Bologne : « Théâtre et scandale »
Avec le Festival d’Avignon et l’ANR :
Participation à la préparation des « Rencontres Recherche et Création » (Festival d’Avignon-ANR) et aux Rencontres (11-12 juillet 2015).
Avec l’Université de Berkeley :
Une action commune (modalités à débattre) devrait être conduite en 2016-2017 (en collaboration avec Déborah Blocker).
II. AXES DE RECHERCHES.
2012-2013 :
- Elaboration du programme scientifique
- Constitution de l’équipe
- Etablissement des bibliographies et évaluation de la numérisation du corpus
- Rassemblement des documents pdf
- Etablissement des règles de transcription pour le corpus
2013-2015 :
- Lancement de la numérisation du corpus français
- Exploration du premier axe de recherche : Panorama des controverses sur le théâtre en Europe (voir infra le calendrier des activités)
Un travail sur les polémiques « anciennes », du dernier tiers du XVIe siècle jusqu’au début du XIXe (en considérant également leurs sources antiques et patristiques). Ces polémiques ont été très inégalement étudiées (on s’est surtout intéressé à la France de la deuxième moitié du XVIIe s. et à l’Angleterre du début ou de la fin du XVIIe s.) et l’optique adoptée était rarement interculturelle, à quelques exceptions près (S. Leoni, T. Murray). Il est largement temps d’esquisser un bilan global et de s’interroger, non seulement sur les transferts, d’une aire culturelle à l’autre, mais sur les décalages chronologiques (l’étonnante précocité des traités polémiques anglais, par rapport au continent). Ceux-ci ne s’expliquent pas seulement, comme on peut le croire, par des différences religieuses (Rome vs les réformes) mais tiennent à des facteurs plus complexes qu’il s’agit de mettre à jour et il est nécessaire pour cela de réunir une équipe large aux compétences diversifiées.
2015-2016 :
- Poursuite de la numérisation du corpus
- Exploration du deuxième axe de recherche : La haine du théâtre, hier et aujourd’hui
Un travail diachronique qui mette en rapport les débats anciens et leurs « résurgences » contemporaines. Celles-ci prennent des formes assurément fort différentes mais elles retrouvent parfois, à l’insu des protagonistes, des arguments étrangement semblables. Un tel travail devrait permettre une réflexion sur la propension du théâtre, qui est récurrente à travers les siècles, à faire scandale et à se constituer en caisse de résonnance et en lieu de débat. Le théâtre est en effet l’un des lieux stratégiques d’articulation de la vie littéraire – et plus généralement culturelle – et de la vie de la cité.
III. LIEN AVEC LE NUMERIQUE.
1. Numérisation des corpus
Etablissement d’une bibliographie pour le domaine français (plus de 200 entrées), en ligne. Elle est mise à jour tous les trois mois (une nouvelle mouture est en attente).
La bibliographie anglaise est prête et devrait être prochainement mise en ligne.
Au mois de janvier 2015, après une année et demie de travail où nous avons fait des tests et établi un protocole de modernisation des graphies, onze textes ont fait l’objet d’une édition numérique (qui est dans certains cas une véritable édition critique, avec établissement du texte et annotation) ; ils sont disponibles sur le site de l’Obvil dans les formats html, tei, epub et txt.
Par souci d’harmonie avec les autres équipes du Labex, nous éditions essentiellement des textes français. Nous avons donné la priorité à deux sortes de textes :
- les premiers de la controverse car, peu connus et peu accessibles, ils sont pourtant particulièrement stratégiques pour dégager les causes et les enjeux de la querelle.
- les plus importants historiquement et, parmi ceux-ci, les textes rares, difficilement accessibles, ou méconnus, comme la Défense du traité de Mgr le Prince de Conti touchant la comédie et les spectacles de l’abbé Voisin (1671) qui fait plus de 500 pages.
Sont déjà accessibles au public ou prêts pour la mise en ligne, la plupart des premiers traités et documents. Certains de ces textes ne sont pas connus, voire pas même cités dans les livres sur les querelles du théâtre (le traité de Philippe Vincent, de 1647, dont il ne reste que très peu d’exemplaires). L’un – anonyme – était même totalement inconnu des spécialistes : le Traité des jeux comiques et tragiques (…) (Sedan, 1600). Retrouvé récemment à la Herzog August Bibliothek de Wolfenbüttel, par M.-T. Mourey, il a été retranscrit et sera prochainement mis en ligne. Un texte très connu des historiens du théâtre, comme les Actes du procès au Parlement de Paris contre les entrepreneurs de mystères en 1541, dans un texte revu sur les manuscrits des Archives nationales, qui corrige un certain nombre de bévues des transcriptions jusqu’ici disponibles. Certains de ces premiers textes, parce qu’ils posent de sérieux problèmes de compréhension aux lecteurs d’aujourd’hui, ont fait l’objet d’une véritable édition critique.
D’ici la fin de l’année 2015, seront transcrits et édités un nouvel ensemble de textes (une vingtaine). Nos objectifs sont :
- Réaliser un ensemble à peu près complet des premiers textes et documents de la querelle.
- Exhumer des textes peu connus mais particulièrement révélateurs, parce qu’ils ont déchaîné des réactions très vives (même si elles ont été oubliées ensuite), comme Libertés de la France contre le pouvoir arbitraire de l’Excommunication (1761) de l’avocat Huerne de La Mothe.
- Eclairer d’une façon nouvelle les textes les plus célèbres en les mettant en ligne avec la production polémique qu’ils ont suscité. Nous commençons ainsi à transcrire la dizaine de traités et opuscules publiés autour de la Lettre à d’Alembert de Rousseau. Nous poursuivrons avec la dizaine de textes qui ont suivi la célèbre affaire Caffaro, en réaction à la publication du Traité de la comédie de Bossuet (1694).
- Mettre à la disposition des lecteurs des textes connus, mais plus tardifs : Villiers, Chappuzeau, etc.
Nous avons en outre commencé la transcription d’un des plus importants traités italiens, les cinq volumes du Della Christiana Moderatione del Theatro, du jésuite Ottonelli (1646-1655). Ce traité est l’un des plus intéressants par la façon minutieuse dont il croise les points de vue et entre dans le détail concret des pratiques. Et l’édition s’impose d’autant plus que les volumes sont si éparpillés et si difficile d’accès que peu de spécialistes peuvent se flatter de l’avoir lu.
Nous avons choisi de moderniser l’orthographe pour faciliter la lecture et surtout pour permettre les recherches automatiques. Nous avons élaboré des principes de modernisation qui rendent le texte plus facilement accessible tout en préservant les particularités de l’original (restitution en note des caractéristiques les plus signifiantes).
Le corpus se prête difficilement à l’édition numérique pour plusieurs raisons :
- Le logiciel d’océrisation est assez peu performant : pdf médiocres, éditions des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, mises en page complexes (marginalia, notes, etc.).
- Pour les textes dont l’état ne permettait pas l’océrisation (pdf difficilement lisible) la double saisie par des officines spécialisées s’est avérée impossible : il faut donc transcrire, et ça ne peut être fait que par des chercheurs assez aguerris.
Nous étions, au départ, un groupe très restreint (F. Lecercle, C. Mainardi, C. Thouret) pour faire les tests et mettre au point le protocole, et nous avons beaucoup tâtonné, d’où la lenteur du traitement des textes. Mais le protocole est désormais au point et nous faisons appel aux membres du projet (chercheurs, doctorants et post-docs) et le rythme de la constitution du corpus numérique s’accélère très sensiblement.
2. Définitions des besoins et outils numériques de recherche
Outils numériques :
Pour l’océrisation des textes en format pdf, nous utilisons le logiciel ABBYY FineReader.
Pour mettre les textes en ligne (format TEI, langage XML) et les équiper de métadonnées, nous utilisons le logiciel éditeur de langage à balises Oxygen XML Editor.
Pour la mise au jour des différentes étapes du texte, nous utilisons le logiciel de gestion de versions Rapid SVN.
Gephi, le logiciel libre d'analyse et de visualisation de réseaux, nous permet d’aboutir à une visualisation immédiate et en même temps analytique de certaines données dans les textes du corpus.
Besoins :
Pour une mise en ligne efficace des textes, un logiciel de détection automatique des entités nommées serait utile. Il permettrait d’aller beaucoup plus vite dans l’ajout des métadonnées et des balises.
Analyse automatique :
Le recours au numérique permet d’examiner de façon inédite le rapport entre les auteurs théâtrophiles et théâtrophobes au sein des différentes cultures, en repérant les citations et reprises, les sources utilisées, voire en identifiant des parentés dans les modalités argumentatives.
Nous avons utilisé les logiciels :
Médite (équipe ACASA) : il permet de confronter les différentes éditions du même texte et de découvrir assez précisément les ajouts, les modifications et les suppressions apportées.
Phoebus (équipe ACASA) : il fait ressortir les citations présentes dans deux textes différents.
Iramuteq et TXM : permettent de faire sur le corpus des études de textométrie et de les visualiser.
Objectifs :
Créer une ontologie du théâtre, qui pourrait s’appliquer à n’importe quel texte du même domaine (on peut même envisager une ontologie plurilingue) et permettrait de faire ressortir les idées communes à des textes différents, à des auteurs différents ou à différentes parties d’un même texte.
Principes de la création de l’ontologie:
- Première étape (utilisation du logiciel de textométrie TXM) : liste récurrente du corpus (les autorités) ; élimination des mots non porteurs de sens ; énumération des cooccurrences relatives à la liste et leur classement par proximité et par importance. Cette première étape est déjà franchie.
- Deuxième étape (utilisation du logiciel Protégé, qui est en cours de création) : catégorisation des mots en champs sémantiques, thématiques, autorités et appréciations ; création de sous-classes.
Il s’agit d’élaborer une ontologie qui ne soit pas élaborée sur des a priori subjectifs et qui, en en s’appuyant sur la cooccurrence des termes fréquents, permette une interprétation qui se dégage des textes eux-mêmes.
Il serait efficace, également, de visualiser le classement de cette ontologie avec des « Îles de Mémoire » qui, sous forme de carte, permettent de parcourir l’ontologie elle-même.
De plus, une cartographie permettrait de mettre en valeur les rapports idéologiques entre différents auteurs impliqués dans la condamnation ou la défense du théâtre. Une carte divisée par zones géographiques et différentes périodes pourra faire comprendre l’évolution des concepts liés aux polémiques sur le théâtre selon les siècles et les pays.
Besoins :
Il serait souhaitable de créer un logiciel qui puisse trouver non pas seulement une citation ou un paragraphe identique dans des textes différents, mais des passages relevant du même champ conceptuel. Ce serait utile pour interroger le corpus afin de dégager des idées récurrentes, entre textes différents, auteurs différents ou parties différentes d’un même texte.
En outre, il serait intéressant de pouvoir localiser, dans les textes du corpus, non pas seulement des mots précis, mais des « zones notionnelles » (des associations de concepts), afin de cerner plus facilement les opinions d’un auteur sur une question et de confronter les opinions entre elles et les auteurs entre eux.
Pour y parvenir, nous envisageons de segmenter le corpus en unités, de repérer les mots porteurs de sens, de parvenir à un filtrage, en utilisant un Thesaurus et, pour des résultats plus précis, l’ontologie précédemment crée.
IV. HISTORIQUE DES ACTIVITES.
ANNEES 2013-2014
- Séminaire de recherche (mensuel) : Débats et polémiques
-
Colloque international (23-24-25 octobre 2014 – Maison de la recherche)
Edition des actes en cours
1. Séminaire de recherche : Débats et polémiques. Les controverses sur le théâtre en Europe (XVIe-XIXe siècles)
sous la responsabilité de François Lecercle et de Clotilde Thouret
le mercredi, de 17 h. à 19 h.
Maison de la recherche, 28, rue Serpente, salle D223 :
- Mercredi 13 novembre 2013 – Introduction (François Lecercle, Clotilde Thouret)
- Mercredi 4 décembre 2013 – France : Pierre Frantz (Université Paris-Sorbonne), François Lecercle, Sylviane Leoni (Université de Bourgogne), Laurent Thirouin (Université Lumière Lyon 2), Clotilde Thouret. Bibliothèque Ascoli, 17, rue de la Sorbonne, escalier C, 2e étage :
- Mercredi 19 février 2014 – Angleterre : Line Cottegnies (Université Sorbonne nouvelle), Jeffrey Hopes (Université d’Orléans), Pierre Kapitaniak (Université Paris 8), Denis Lagae-Devoldère (Université Paris-Sorbonne), François Lecercle, Clotilde Thouret, Nathalie Vienne-Guerrin (Université Montpellier 3)
- Mardi 18 mars 2014 – Italie : Lucie Comparini (Université Paris-Sorbonne), Françoise Decroisette (Université Paris 8), Elena Maiolini (Université Paris-Sorbonne), Bruna Filippi (Rome LUMSA), Marion Lafouge (Université de Bourgogne), François Lecercle, Sylviane Leoni (Université de Bourgogne), Corinne Lucas (Université Sorbonne nouvelle)
- Mercredi 9 avril 2014 – Espagne : Florence d’Artois (Université Paris-Sorbonne), Christophe Couderc (Université Paris Ouest Nanterre), Carine Herzig (Université Michel de Montaigne Bordeaux 3), Anne Teulade (Université de Nantes-IUF), Clotilde Thouret, Marc Vitse (Université de Toulouse 2 Le Mirail)
- Mercredi 14 mai 2014 – Espace germanique : Elsa Jaubert (Université de Caen), Gérard Laudin (Université Paris-Sorbonne), Marie-Thérèse Mourey (Université Paris-Sorbonne)
- Table ronde : synthèse et conclusions.
2. Colloque international, 23-24-25 octobre 2014
Maison de la recherche 28, rue Serpente, salle 035.
« La haine du théâtre : débats et polémiques (Antiquité-XIXe s.) ».
Organisé avec le soutien, outre le Labex Obvil, du Conseil Scientifique de Paris-Sorbonne, du CRLC (EA 4510), du PRITEPS, de l’UMS 3323 « Maison de la Recherche », du REIGENN, de l’Ecole Doctorale 3 0019.
Il a porté sur les débats théoriques et les polémiques sur le théâtre et s’articulait autour de trois questions :
- à quoi tient cette hostilité au théâtre : qui sont les adversaires du théâtre et à quels groupes sont-ils liés ? quels intérêts sont en jeu ? quelles sont les origines historiques de cette hostilité ? La haine du théâtre s’est surtout déployée sur des bases religieuses et morales ; il s’agit de s’interroger sur les autres facteurs possibles (sociaux, politiques, économiques).
- quels sont les arguments développés, et les déplacements de l’argumentation, d’une aire culturelle à une autre ?
- quels sont les objectifs poursuivis : interdiction du théâtre, fermeture partielle, renforcement du contrôle et de la censure ? Quelles sont les revendications explicites et les objectifs tacites ? Quels rapports entre la polémique et les procédures de contrôle déjà en place ?
Bref, il s’agit de cerner ce que ces débats disent de la vie culturelle et de l’autonomie concédée aux formes culturelles, par rapport aux instances politiques, aux normes sociales et aux contraintes idéologiques.
Programme
ANNEE 2015
1. Séminaire de recherche « La haine du théâtre »
Bibliothèque Ascoli, 17h-19h30
17, rue de la Sorbonne, escalier C, 2e étage :
Après le séminaire de 2013-2014 et colloque international « Débats et polémiques (Antiquité-XVIIIe s.) » qui s’est tenu les 23-25 octobre derniers, le séminaire de recherche reprend tout au long du second semestre.
Les séances ne porteront pas sur les aires culturelles comme c’était le cas l’année passée mais sur des questions (la place de l'acteur/actrice, le rapport aux autorités, etc.). Dans le cadre posé pour chaque question, les intervenants réfléchiront en fonction des domaines qu'ils connaissent, de façon que la séance soit entièrement consacrée à des débats.
- Mercredi 4 février : « La haine du théâtre : une question politique ».
- mercredi 11 mars : « La haine du théâtre : une question économique »
- mercredi 8 avril : « Haine du théâtre / haine du plaisir »
- mercredi 10 juin : « La place des acteurs/actrices »
2. Workshop, University of Chicago:
« Theatrophobia and theatromania », Avril 2015
Org. Larry Norman (Univ. of Chicago)
Since its early-modern rise as a major cultural, political and commercial force in Europe, theater has encountered powerful voices of resistance. Early opposition centered on moral and religious thinkers who were highly suspicious of arguments in favor of theater based on its ethical utility or its cathartic effect in subduing vice. Beyond this powerful moralizing strain, there also evolved through the following centuries an aesthetic resistance to theater, based for example upon its perceived ephemerality or subservience to audience tastes, as well as political resistance to theater, viewing it alternately as a propagandistic or subversive tool, as well as a dangerous force of social alienation.
The one-day workshop will examine these issues through a series of readings of selected primary texts illustrating the key strains of antitheatrical discourse. All selected texts will be distributed a month before the workshop and will be read by all workshop participants. Each text will be briefly presented by the participant who has selected it (15 minutes), followed by an in depth discussion and debate focusing on the work (30 minutes). The format is designed to stimulate unscripted and challenging exchange between colleagues, while also helping to build an intellectual community with shared interests that will subsist, or indeed grow in vitality and numbers, in the coming years as the project (and collaboration with the Sorbonne) continues.
Participants:
- Philippe Desan, RLL (French. 16th century, on Montaigne)
- Jan Lazardzig, Theatre Studies, University of Amsterdam
- François Lecercle, Comparative Literature, Université de Paris-Sorbonne
- Robert Morrissey, RLL (French, 17th-18th, on Rousseau w/Larry?)
- John Muse, English (TBD)
- Larry Norman, RLL (French, 17th-18th, on Rousseau w/Robert?)
- Rocco Rubini, RLL (Italian, on Commedia dell’arte and theatrophobia)
- Clotilde Thouret, Comparative Literature, Université de Paris-Sorbonne
- Christopher Wild, Germanic Studies (TBD)
3. rencontres « Recherche & Création », Avignon, 9-11 juillet 2015
ANR-Festival d’Avignon
Org. Catherine Courtet (ANR)
Participation à la préparation de ces rencontres et aux rencontres elles-mêmes.
4. journées « Théâtre et scandale », Modène et Bologne (Italie), octobre 2015
Journée de rencontre, au théâtre de Modène, entre chercheurs et metteurs en scène/acteurs, à l’occasion du Festival international de théâtre de Modène, suivie d’une journée d’étude à l’Université de Bologne).
Org. Bruna Filippi (LUMSA) (pour la journée de rencontre)
Org. Bruna Filippi, François Lecercle, Clotilde Thouret (pour la journée d’étude)
L’objectif est de comprendre pourquoi, entre toutes les manifestations culturelles, le théâtre a eu, au long des siècles en occident, une propension particulière à susciter le conflit :
- à déchaîner une hostilité qui s’est exprimée par des discours souvent violents (ce qu’on appelle les « querelles du théâtre »)
- à provoquer des réactions ponctuelles mais vives à l’occasion d’un spectacle ou même – plus rarement - d’une publication.
Cette propension est attestée depuis les débuts même du théâtre occidental (le plus ancien scandale de théâtre est suscité ca 492-490 avant notre ère par La prise de Milet (Miletou alôsis) de Phrynichos) jusqu’à nos jours (Sul concetto di volto nel figlio di Dio de Castellucci en 2011-2012 à Paris et Milan)
Les travaux prendront deux formes
- Des analyses de cas
Pour susciter la réflexion, proposer des analyses de cas, anciens et contemporains, pour analyser :
- Les circonstances : le contexte historique, idéologique, éventuellement polémique
-
Les mécanismes :
-
les facteurs déclencheurs
-
les modes de diffusion (comment se produit le scandale ?, comment est-il amplifié ?)
-
- Les protagonistes :
- qui réagit ? collection d’individus ou groupe organisé ?
- l’implication des autorités
- L’ampleur du scandale : locale, régionale, nationale, internationale. Intéressant de voir que même des scandales très localisés laissent des traces et suscitent des réactions imprimées (Bourges, 1607, Lyon 1607, etc.)
- Les effets immédiats : interdiction du spectacle (ou de la publication), répression des protestataires, fermeture du théâtre concerné, fermeture des théâtres en général (un cas à Londres en 1601
- Les effets à long terme : il peut y avoir des effets indirects, ex Saved de Bond (1965), le scandale est sans effet sur la pièce (le théâtre refuse d’obtempérer aux demandes du Board of Censors, et un an plus tard, c’est la censure théâtrale qui est abolie).
- Les raisons profondes : le scandale vient souvent d’ailleurs (p ex Castellucci : les protestataires ne se souciaient ni de Castellucci et même du théâtre, ils avaient un programme assez ouvertement politique)
Ces analyses de cas devraient déboucher sur
- Une réflexion générale sur la capacité du théâtre à susciter le scandale :
- Pourquoi spécifiquement le théâtre ? car le scandale n’est pas une exclusivité du théâtre. Réponses possibles : parce que chambre d’écho, plateforme publique, capacité à capter l’attention publique, capacité à déborder dans l’espace public, etc. On peut réfléchir là-dessus en comparant scandales de théâtre et scandales autres (surtout quand un groupe constitué a pratiqué successivement des types de scandale différents).
- Y a-t-il des formes théâtrales plus spécifiquement scandaleuses ? La hiérarchie du scandaleux n’est pas forcément ce qu’on croit : la tragédie est aussi capable de susciter le scandale qu’une comédie « lascive ».
- Quels sont les enjeux ? Pourquoi, dans un monde où l’existence même du théâtre n’est plus mise en question, le théâtre continue-t-il à provoquer des tollés ? Quel est le cœur du conflit : question politique ? économique ? religieuse ? morale ?
- Quelle est la part des enjeux secrets ? Les protestataires ne proclament pas toujours leurs motivations réelles (cf scandale Castellucci)
Ce qui devrait susciter une réflexion sur le théâtre comme exutoire : pourquoi le théâtre (au moins en France et en Espagne) doit-il payer une taxe pour les pauvres ? pourquoi est-il accusé d’être responsable de maux dont on pourrait accuser bien d’autres formes de passe-temps.
Cette double manifestation sera suivie d’un prolongement : un colloque de deux jours à Paris au printemps 2016.
5. colloque international « Haine de Shakespeare », 3-5 décembre 2015, coorganisé avec le Priteps (Paris-Sorbonne)
Maison de la recherche 28, rue Serpente, salle 035.
Org. Elisabeth Angel-Perez et François Lecercle.
Shakespeare a le rare privilège de n’avoir jamais quitté la scène, d’avoir été très vite proposé comme un modèle du théâtre universel, parlant à toutes les époques et toutes les cultures – bref d’être « notre contemporain » (Jan Kott). Mais l’admiration n’est pas sans partage. Avec des « traits sublimes », Hamlet est, pour Voltaire, sorti de « l’imagination d’un sauvage ivre ».
Entre le sauvage ivre et l’éternel contemporain, où situer Shakespeare ?
Après les célébrations du centenaire, c’est sur le revers de la médaille qu’il convient de se pencher : sur toutes les formes d’insatisfaction, voire de désaveu, qui poussent à réécrire, transformer, manipuler, massacrer le grand homme. Il ne s’agira pas de faire une histoire des réécritures, en considérant la simple transposition dans une autre aire culturelle ou la nécessaire adaptation à un contexte nouveau. Nous nous intéresserons aux réutilisations de toutes sortes en réfléchissant aux formes de refus qui leur sont inhérentes, et tenterons de cerner ce qui, jusque dans l’hommage, se glisse de réticence, de résistance, voire de rejet profond.
Les interventions porteront sur toutes les périodes, toutes les aires culturelles, tous les media, en prenant des directions très diverses.
L’hostilité déclarée (« Bard-bashing ») telle qu’elle s’exprime dans des pamphlets, des essais critiques ou des commentaires – chez les contemporains de Shakespeare (Greene, par exemple) et plus tard chez John Dryden, Thomas Rymer, Voltaire ou dans le tollé qui a accueilli les comédiens anglais à Paris en 1822 ou encore Léon Tolstoi. Au XXe siècle, le « Shakespeare trashing » est un art qui a été cultivé avec raffinement par des gens aussi différents que George Bernard Shaw, T.S. Eliot et plus récemment, sur la scène américaine, Charles Marowitz, par exemple. On pourra également penser à la critique féministe et aux approches culturelles de Shakespeare qui renvoient dos à dos élitisme et culture populaire.
Les aléas de l’œuvre, passant dans les mains d’éditeurs et de commentateurs qui cherchent à la débarrasser de scories intolérables, qui réaménagent le texte, bien avant la bowdlerization, ou qui rejettent une partie de l’œuvre comme indigne (les horreurs de Titus Andronicus), jusqu’à ce que, à partir du XIXe s., les querelles sur la paternité ne cherchent à arracher la totalité de l’œuvre à un acteur indigne d’un tel monument.
Les réécritures, traductions et adaptations, quand les modifications opérées servent non seulement à mettre l’œuvre au goût du jour (Nahum Tate et bien d’autres) ou à la rapprocher d’un public et d’une culture différents, mais impliquent une violence assumée. Il n’y a guère de réécriture qui ne soit ambivalente, puisque la réécriture implique l’inadaptation ou l’insuffisance du modèle. Dans les réécritures contemporaines (Brecht, Stoppard, Bond, Barker, Heiner Müller, Deutsch, Botho Strauss, etc.) cette ambivalence prend une forme volontiers agressive. Et les adaptations qui sciemment maltraitent la langue de Shakespeare ? L’aplatissent-elles pour la mettre à la portée d’un public d’aujourd’hui ou dans le dessin affiché de lui régler son compte ?
Quant aux réécritures de plateau (Vincent Macaigne, Jean-Michel Rabeux, Thomas Ostermeier, Angelica Liddell, etc.) avec qui règlent-elles leurs comptes ? Avec la société, avec le public, avec le théâtre ou avec Shakespeare ? Après la génération des metteurs en scène du texte, puis celle des metteurs en scène sans texte, celle des metteurs en scène qui prennent un texte pour le dynamiter. Mais on aurait tort de croire que le démembrement de Shakespeare soit une invention contemporaine : on pense aux « drolls » de la période du Commonwealth comme Bottom the Weaver (1646 ?) qui assure au Songe d’une nuit d’été une existence clandestine mais néanmoins fragmentaire ; en 1723, Charles Jonson fait jouer Love in a Forest, où As you like it fournit le cadre vaguement narratif à une fricassée de fragments de comédies et même de tragédies de Shakespeare. Après tout, en intitulant ainsi sa comédie, Shakespeare n’invitait-il pas à en faire n’importe quoi ?
Le personnage de Shakespeare n’est pas épargné. On veut bien croire que la mièvrerie est une forme d’admiration (Shakespeare in love), mais le Shakespeare dépressif et suicidaire de Bond (Bingo), l’identité mouvante développée par Mark Rylance (I am Shakespeare) ou encore par Roland Emmerich (Anonymous)?
L’enquête se poursuivra « hors les murs », dans les réutilisations non théâtrales : les réécritures narratives – et en particulier les réécritures policières –, les réutilisations cinématographiques (Looking for Richard). Il est sans doute difficile de soupçonner, dans la Boydell’s Shakespeare Gallery, les traces d’une intention sacrilège, mais on peut se poser la question pour l’abondante iconographie shakespearienne ou encore pour les propositions de plasticiens contemporains tels que Damian Hirst et ses crânes.
V. ATTRACTIVITE
Post-doc
Chiara Mainardi, post-doc sur deux années :
- 2013-2014 : bourse de la FMSH
- 2014-2015 : financement du Labex
Contrats doctoraux, thèses
- Célia Charpentier, « De la variabilité des seuils de tolérance au théâtre : Lucrèce, en France et en Angleterre, du XVIe au XXe s. » (Paris-Sorbonne)
- Brice Denoyer, « Théâtre et crise du vers : la théâtralité du vers métrique, à partir d’un essai de traduction de Sir Thomas More d'Anthony Munday et alii (ca 1590) » (Paris-Sorbonne)
- James Harriman-Smith, « La réception de Shakespeare en Angleterre au XVIIIe s. » (Cambridge University)
- Nina Hugot, « Le féminin dans la tragédie humaniste » (Paris-Sorbonne)
- François Vassogne, « Virginie. Le meurtre vertueux sur scène, entre scandale et édification (France, Italie, Angleterre, Allemagne, XVIe-XVIIIe s.) » (Paris-Sorbonne)
- Elisabeth Viain, « Crise dans le théâtre contemporain : la question de l’humour. France, Allemagne, Angleterre » (Paris-Sorbonne)
- Marie-Hélène Goursolas, « Le crépuscule des idoles : le grief d’idolâtrie dans la polémique sur le théâtre, en France et en Angleterre (XVIe-XVIIe s.) » (en cours d’inscription, Paris-Sorbonne)
Sujets de master
2012-2013 :
- E. Lacombe, « Démonisation du théâtre : la sorcière sur la scène française, anglaise et espagnole » (M1, dir. F. Lecercle)
- T. Relativo, « Comique et personnage féminin dans la comédie française et anglaise du 17e s » (M1, dir. C. Thouret)
- E. Dupuy, « Démonisation du théâtre : la magie sur les scènes française, anglaise et espagnole au XVIIe s » (M2, dir. F. Lecercle)
- M.-H. Goursolas : « Le grief d’idolâtrie dans les textes de polémiques contre le théâtre, en France et en Angleterre (XVIe-XVIIe s.) » (M2, dir. F. Lecercle).
2013-2014 :
- F. Baldi, « Stratégies de provocation: Molière, Goldoni et la réforme du théâtre » (M1, dir. F. Lecercle)
- C. Bulle, « Le scandale de théâtre : Castellucci, Kane » (M1, dir. C. Thouret)
- C. Thiebault : « L’insoutenable en scène : spectacle et paroles de mise à mort dans le théâtre sanglant en Franc et en Angleterre, fin du XVIe-début du XVIIe s » (M1, dir. F. Lecercle)
- E. Lacombe, « Démonisation du théâtre (2) : grandeur et décadence du sorcier et magicien dans le théâtre anglais, français et espagnol du XVIIe s. » (M2, dir. F. Lecercle)
- Cheynut, « L’horrible spectacle : étude sur le personnage d’ombre dans les tragédies humanistes en France et en Italie (1540-1595) » (M2, dir. F. Lecercle).
2014-2015 :
- L. Foster, « Le scandale Zucco » (M1, dir. C. Thouret)
- T. Hénot, « Polémique théâtre et politique, en France et en Angleterre, 1650-1750 » (M1, dir. F. Lecercle)
- S. Karikas, « Comédie et plaisirs de la table (16e-18e) » (M1, dir. C. Thouret)
- J. Perignon, « Entre délice et scandale : usage du travesti chez Shakespeare et Molière » (M1, dir. F. Lecercle)
- L. Perrier, « Shakespeare et Molière : scandale, obscénité et séduction féminine » (M1, dir. F. Lecercle)
- F. Rico, « Le travesti au théâtre : Shakespeare, Marivaux, Musset » (M1, dir. F. Lecercle)
- E. Maury, « Haine du théâtre et stratégies de provocation » (M2, dir. F. Lecercle)
- C. Thiebault, « L’insoutenable en scène : la mise à mort dans le théâtre sanglant, en Franc et en Angleterre, au tournant des XVIe et XVIIe s » (M2, dir. F. Lecercle)
Stagiaires et vacataires
François Poudevigne : 5 mois, février-juin 2015
Ludivine Rey : 4 mois, mars-juin 2015